Cancer du sein métastatique

Documents pareils
Qu est-ce que le cancer du sein?

Cas clinique 2. Florence JOLY, Caen François IBORRA, Montpellier

Les renseignements suivants sont destinés uniquement aux personnes qui ont reçu un diagnostic de cancer

Qu est-ce qu un sarcome?

Actualités s cancérologiques : pneumologie

XVème Journées de Sénologie Interactive

Peut-on ne pas reprendre des marges «insuffisantes» en cas de Carcinome canalaire infiltrant

Les plateformes de génétique

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 23 mai 2007

Chimiothérapie des cancers bronchiques non à petites cellules. Dr Aloulou Samir Médenine le 13 Juin 2015

Lymphome non hodgkinien

Cancer du rein métastatique Nouvelles approches thérapeutiques. Sophie Abadie-Lacourtoisie 20 mai 2006

ALK et cancers broncho-pulmonaires. Laurence Bigay-Gamé Unité d oncologie thoracique Hôpital Larrey, Toulouse

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Quels sont les facteurs qui font augmenter les risques de cancer du rein?

Maladie de Hodgkin ou lymphome de Hodgkin

UE2 CANCEROLOGIE Place de la Médecine Nucléaire

ESMO 14. L oncogériatrie d un coup d éventail! Dr Elisabeth Carola UCOG Picardie

THERANOSTIC. Pr. C. BOHUON Conférence CORATA Namur 08 juin 2011

Prise en charge de l embolie pulmonaire

NAVELBINE voie orale

GUIDE PATIENT - AFFECTION DE LONGUE DURÉE. La prise en charge du cancer du rein

GUIDE - AFFECTION LONGUE DURÉE. Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique. Cancer du sein

Pierre OLIVIER - Médecine Nucléaire

Les soins infirmiers en oncologie : une carrière faite pour vous! Nom de la Présentatrice et section de l'acio

Second cancers après cancer du sein. M. Espié Centre des maladies du sein

Principales causes de décès selon le groupe d âge et plus

Les grandes voies de transmission du signal en cancérologie : où en sommes-nous?

Maurene McQuestion, IA, BScN, MSc, CON(C) John Waldron, MD, FRCPC

G U I D E P A T I E N T - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge du cancer du foie

CHIMIOTHERAPIE DES CANCERS DU POUMON DES SUJETS AGES

Cancer du sein métastatique

OBJECTIFS LE TRAITEMENT DU CANCER DU POUMON DE STADE AVANCÉ: " OÙ EN SOMMES-NOUS " EN 2013?

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la scintigraphie osseuse et le TEP-SCAN

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

Pemetrexed, pionnier de la chimiothérapie histoguidée. Dr Olivier CASTELNAU Institut Arnault TZANCK ST Laurent du Var

Insuffisance cardiaque

Y a-t-il une place pour un vaccin thérapeutique contre l hépatite B? H. Fontaine, Unité d Hépatologie Médicale, Hôpital Cochin

Evaluation de critères res de substitution de la survie globale dans les cancers bronchiques localement avancés

ONCOLOGIE PÉDIATRIQUE

Recommandations Prise en charge des patients adultes atteints d un mélanome cutané MO

À PROPOS DU. cancer colorectal. Les choix de traitement du cancer colorectal : guide du patient

Essais précoces non comparatifs : principes et calcul du nombre de sujets nécessaire

Le RIVAROXABAN (XARELTO ) dans l embolie pulmonaire

Quel apport de l imagerie dans les traitements anti-angiogéniques?

PLACE DE L IRM DANS LE BILAN D EXTENSION DU CANCER DU RECTUM. Professeur Paul LEGMANN Radiologie A - Cochin Paris

Comprendre. le Cancer du sein. Mise à jour. Guide d information et de dialogue à l usage des personnes malades et de leurs proches

INTERFERON Traitement adjuvant du mélanome à haut risque de récidive. Dr Ingrid KUPFER-BESSAGUET Dermatologue CH de quimper

Déclaration médicale Prise d effet le 1 er octobre 2012

COMPARAISON DE QUATRE PROTOCOLES DE CHIMIOTHERAPIE POUR DES CANCERS DU POUMON NON A PETITES CELLULES (CBP NAPC) AVANCES

Prévention osseuse dans le traitement du cancer de la prostate

Le dépistage du cancer de la prostate. une décision qui VOUS appartient!


Cancer de l ovaire. traitements, soins et innovation. traitements adjuvants et de consolidation. juin 2009

Le dropéridol n est pas un traitement à considérer pour le traitement de la migraine à l urgence

G U I D E - A F F E C T I O N D E L O N G U E D U R É E. La prise en charge de votre mélanome cutané

Cancer du sein. Du CA15-3 à la tomographie à émission de positons.

Implantologie et Bisphosphonates

Cancer de l'œsophage. Comprendre le diagnostic. Le cancer : une lutte à finir

Validation clinique des marqueurs prédictifs le point de vue du méthodologiste. Michel Cucherat UMR CNRS Lyon

Myélome Multiple. Guide essentiel pour les patients, leurs familles et leurs amis. Français

Cancer Bronchique «Sujet Agé» Etat de la litterature

Cancer bronchique primitif: données épidémiologiques récentes

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

ACTUALITES THERAPEUTIQUES. Dr Sophie PITTION (CHU Nancy) Metz, le 2 Juin 2012

Le don de moelle osseuse :

Présenté par Mélanie Dessureault, inf. clin. et Caroline Fortin, AIC radio-oncologie

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 4 novembre 2009

EXERCICE N 10 : Modifier le protocole d'un essai pour mieux réussir ; mais réussir quoi?

Surveillance des troubles musculo-squelettiques dans les Bouches-du-Rhône

Le cancer du poumon 2/18/2015. Radio-oncologue CSSS Gatineau. Stéphanie Ferland B.pharm, MD, MSc, FRCPC

Cancer du sein in situ

UTILISATION DU FICHIER DES PAIEMENTS

Adapter et apprivoiser sa chimiothérapie Une application smartphone au service des patients

La formation comme levier de changement des pratiques

INAUGURATION LABORATOIRE DE THERAPIE CELLULAIRE 16 FEVRIER 2012 DOSSIER DE PRESSE

Sujets présentés par le Professeur Olivier CUSSENOT

Métastase unique d un NPC: Une question singulière? Jean Louis Pujol - Xavier Quantin Mohammad Chakra Fabrice Barlési

L'œsophage L'œsophage est un tube musculaire qui traverse de la bouche à l'estomac. Causes

DOSSIER DE PRÉSENTATION

Transplantation pulmonaire et mucoviscidose. Optimiser la prise en charge médicale

Le don de cellules souches. M.Lambermont Pascale Van Muylder

CANCERS ET RAYONNEMENTS IONISANTS Fortes doses: seconds cancers après radiothérapie

Les tumeurs bénignes ne sont pas cancéreuses. Elles ne se propagent pas à d autres parties du corps.

Essai Inter-groupe : FFCD UNICANCER FRENCH - GERCOR

LE CANCER DE LA PROSTATE l avenir

Montréal, 24 mars David Levine Président et chef de la direction DL Strategic Consulting. DL Consulting Strategies in Healthcare

Médecine Nucléaire : PET-scan et imagerie hybride

1 of 5 02/11/ :03

Anticorps et tumeurs solides Cibles établies et pistes prometteuses

Comprendre la chimiothérapie

Actualisation de référentiels. Boussen Hamouda Saber Boutayeb Axe Sud-Méditerranéen Tunis-Rabat

Ordonnance collective

Le traitement conservateur des tumeurs malignes des membres a largement remplacé les amputations

Projet aquitain de surveillance alternée des cancers du sein localisés traités

Infection à CMV et allogreffe de cellules souches hématopoïétiques : Expérience du Centre National de Greffe de Moelle Osseuse, Tunis.

Cancer de l œsophage. Comprendre le diagnostic

Traitements néoadjuvants des cancers du rectum. Pr. G. Portier CHU Purpan - Toulouse

La raison d être des systèmes d information

Marchés des groupes à affinités

Transcription:

Cancer du sein métastatique Catherine Doyle Hémato-oncologue,CHU de Québec Journée Mise à jour 2012 Centre des congrès de Québec 26 octobre 2012

particularités Environ 30% des femmes ayant eu un diagnostic de cancer du sein vont éventuellement développer des métastases (6% ont d emblée des métastases au diagnostic initial) Maladie hétérogène RH+ : métastases osseuses jusqu à 10-15 ans après le diagnostic RH- : dans les 5 premières années,moins fréquemment après 5 ans Her2-neu + : affinité pour viscères et SNC Cancers lobulaires : affinité pour séreuses Survies courtes vs prolongées Plusieurs traitements possibles

Survie moyenne À partir de la manifestation de la métastase: 2 à 3 ans 25% survivront > 5 ans Tout dépend du site et du nombre de sites

Impact sur la survie des nouveaux traitements Chia SK,, Cancer, 2007

Cas clinique Patiente de 65 ans traitée en 2008 pour carcinome canalaire infiltrant sein gauche T2 N1 M0. Récepteurs estrogène et progestérone positifs à > 90% et her2 nég. Traitée par mastectomie partielle, chimio (FEC-D 6 cycles) radiothérapie puis inhibiteur de l aromatase. Elle se dit fatiguée et présente depuis environ 2 mois des douleurs au dos et aux épaules. Vous demandez une scintigraphie osseuse et l examen est compatible avec la présence de multiples métastases osseuses. Que faites-vous?

plan Bilan initial But du traitement Comment choisir le traitement Les différents traitements nouveautés

Os 49-60% Poumons 15-20% Plèvre 10-18% Tissus mous 7-15% Foie 5-15% Cerveau 3% Cancer du sein métastatique

Bilan initial Bilan d extension TDM thorax, abdomen, pelvien Scintigraphie osseuse TDM cérébral si symptômes TEP scan si doute Biopsie si possible

But du traitement Pallier les symptômes reliés à ces métastases Préserver une qualité de vie satisfaisante le plus longtemps possible

Questions à se poser Y a-t-il une urgence? Tamponade cardiaque Hypercalcémie maligne Métastase oculaire Compression neurologique Doit-on traiter maintenant? Quels sont les symptômes que l on veut améliorer? Un traitement local est-il plus indiqué qu un traitement systémique? Radiothérapie chirurgie

Le choix du traitement On doit tenir compte de: Traitement adjuvant précédant Nécessité d un contrôle rapide de la maladie Intervalle TM Récepteurs hormonaux Statut Her2 Nombre de sites et quels sites Âge biologique Statut ménopausique Co-morbidités Classe fonctionnelle Facteurs socio-économiques et psycho Etc.

Par conséquent Le traitement du cancer du sein métastatique est complexe et nécessite la concertation de plusieurs spécialités travaillant en équipe interdisciplinaire Ex: Oncologues, chirurgiens, radio-oncologues, omnipraticiens, équipes de soins palliatifs, pharmaciens, infirmières

traitements Hormonal Chimiothérapie Biologique Radiothérapie Chirurgie

Traitement hormonal Un traitement hormonal devrait être l option favorisée chez les patientes avec récepteurs positifs, à moins qu il y ait une preuve de résistance ou que la condition de la patiente ne le permette pas

avantages Aussi bon que la chimio si patiente bien choisie Moins d effets secondaires Prise orale Moins de visites et de contrôles sanguins

Pour qui? Récepteurs hormonaux positifs Maladie indolente (os, tissus mous) Intervalle TM long Post-ménopausée> pré-ménopausée Patientes âgées Réponse à un traitement hormonal antérieur Refus de chimio

Taux de réponse En première ligne: 60 à 80% À chaque nouvelle utilisation, les chances de réponse sont environ 50% moins bonnes qu avec la précédente Durée de la rémission raccourcit avec les lignes subséquentes

Quelle hormothérapie? Pré-ménopausée tamoxifène Agoniste-LhRh ovariectomie Agoniste-LhRh + IA Post-ménopausée Inhibiteur aromatase (anastrozole, létrozole, exemestane) tamoxifène mégace fulvestrant mégace

chimiothérapie Indications: Réfractaire au traitement hormonal Récepteurs hormonaux négatifs intervalle TM court (< 6 mois) Maladie rapidement progressive Atteinte viscérale (foie, poumons)

principes La survie globale est équivalente lorsque les traitements sont donnés de façon séquentielle (monothérapie) ou combinée (polychimio) Il peut être parfois avantageux d utiliser une polychimiothérapie si on a besoin d obtenir une réponse rapide (ex: atteinte hépatique rapidement progressive) On augmente la toxicité avec la polychimiothérapie vs monochimio

Traitements plus actifs Anthracyclines taxanes Première ligne Si a déjà reçu anthracycline: taxane Si non: anthracycline Deuxième ligne Taxane Xéloda Vinorelbine Carboplatin/gemzar Troisième ligne chimiothérapie

chimiothérapie Rémission avec la première ligne: 45 à 75% Durée moyenne: 6-10 mois

Thérapies ciblées Trastuzumab (Herceptin) Lapatinib Pertuzumab T-DM1

Trastuzumab

Étude comparative H0648g Overall Survival 1.0 Probability Alive 0.8 0.6 0.4 0.2 0 Herceptin + CT CT 20.3 mo 25.1 mo 5 15 25 35 45 Months RR =.80 p =.046 65 % of CT group crossed over to Herceptin Slamon et al. N Eng J Med, 2001.

[TITLE]

Lapatinib : mode d action 27 Activation normale par l ATP Activation bloquée par le lapatinib ErbB1 ErbB2 ErbB1 ErbB2 ATP Shc Grb2 Sos Ras Lapatinib PI3K Raf Akt P MAPK Akt MAPK Voie de survie Voie de prolifération Voie de survie Voie de prolifération Xia W. Oncogene 2002;21:6255 Rusnak D. Mol Cancer Ther 2001;1:85

Taux cumulatif de non-progression (%) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Essai de phase III capécitabine ± 28 lapatinib dans le cancer du sein métastatique : délai de progression* RR = 0,57 (IC à 95 % : 0,43-0,77; p = 0,00013) Délai médian de progression = 6,2 mois (lapatinib plus capécitabine) 4,3 mois (capécitabine seule) Lapatinib 1250 mg + capécitabine 2000 mg/m 2 Capécitabine 2500 mg/m 2 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Temps (semaines) Taux de réponse (%): 24 vs 14.p =0.017 Survie (mois): 18.2 vs 16.1 HR 0.87 ; p 0.206 Cameron D. Breast Cancer Res Treat 2008

29 Pertuzumab : mode d action HRG Pertuzumab ErbB3 ErbB2 ErbB3 ErbB2 HRG P PI3K K P Shc Grb 2 Sos K Ras P Akt Raf MAPKK Akt MAPK P GSK-3 P MAPK Transcription génique GSK-3 Croissance et prolifération cellulaires Inhibition de l apoptose Augmentation de la mobilité cellulaire Baselga J. Cancer Cell 2002;2:93

Amélioration de la survie avec l ajout de Pertuzumab Baselga J, N Engl J Med janvier 2012

T-DM1: Mécanisme d action HER2 T-DM1 Emtansine release Inhibition of microtubule polymerization Lysosome P P P Internalization Nucleus Adapted from LoRusso PM, et al. Clin Cancer Res 2011. Blackwell et al. ASCO 2012; Oral Abstract #LBA1 32

Survie sans progression Proportion progression-free 1.0 0.8 0.6 0.4 0.2 Median (mos) No. events Cap + Lap 6.4 304 T-DM1 9.6 265 Stratified HR=0.650 (95% CI, 0.55, 0.77) P<0.0001 0.0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 Time (mos) No. at risk by independent review: Cap + Lap 496 404 310 176 129 73 53 35 25 14 9 8 5 1 0 0 T-DM1 495 419 341 236 183 130 101 72 54 44 30 18 9 3 1 0 Unstratified HR=0.66 (P<0.0001). Blackwell et al. ASCO 2012; Oral Abstract #LBA1

N Engl J med Février 2012

Étude BOLERO 2 Everolimus: inhibiteur m-tor Everolimus + inhibiteur de l aromatase (Exemestane) Chez patientes ayant progressé après au moins une ligne d hormonothérapie incluant un inhibiteur de l aromatase. Baselga J, N Engl J Med, fév. 2012

Métastases osseuses Biphosphonates Pamidronate (Arédia) et Zolédronate (Zométa) Inhibiteurs de l activité ostéoclastique Inhibent la résorption osseuse sans inhiber la minéralisation et la formation de l os Diminuent significativement: Hypercalcémie maligne Fractures vertébrales Besoins de radiothérapie palliative Douleurs osseuses Hospitalisations pour des fractures

Denozumab Ac monoclonal humain contre le RANK (médiateur clef de la formation et de la survie des ostéoclates) Injection s.c. aux 4 sem. Stopeck AT, J Clin oncol 2010

Métastases osseuses Biphosphonates recommandés chez les patientes présentant au moins une lésion lytique (dénozumab est aussi une option) 1 fois par mois Surveiller la créatinine car peut donner de l insuffisance rénale (pas avec le dénozumab) Attention ostéonécrose de la mâchoire

conclusion Maladie hétérogène Longue survie possible Plusieurs formes de traitement Savoir utiliser le bon traitement pour la bonne patiente au bon moment Savoir s arrêter

QUESTIONS