TABLE DE MATIERES 0. LISTE DES ABBREVIATIONS 2 1. RESUME 3 2. CONTEXTE 6 4. METHODOLOGIE 12 5. CONSTATATIONS ET DISCUSSION 14

Documents pareils
Programme du Forum National sur la Nutrition et l Alimentation à l Hôtel KEMPINSKI N Djamena avril 2015

REPUBLIQUE TOGOLAISE. Travail Liberate Patria MINISTERE DE L AGRICULTURE, DE L ELEVAGE ET DE LA PECHE -PNIASA - PLAN D ACTION DU VOLET NUTRITION

DOCUMENT DE REFERENCE SUR LES PROGRAMMES DE TRANSFERT MONETAIRE EN MAURITANIE

COTE D IVOIRE. FICHE TECHNIQUE Ouest Côte d Ivoire. Monitoring d un projet cash : étapes, enjeux. Introduction. Les fondamentaux du monitoring

Evaluation Multisectorielle RRM dans le Groupement de Minime, Bouar, Nana-Mambéré Rapport préliminaire

Republique Islamic de Mauritanie Honneur Fraternite Justice

Transfert Monétaire par téléphone mobile (programme en partenariat avec le PAM et MTN)

Etude des effets des transferts monétaires Projet TES. Commune de Tikwobra - Moughataa de M bout - Wilaya du Gorgol République Islamique de Mauritanie

Evaluation du projet Fonds pour la consolidation de la paix, Welthungerhilfe Butembo République Démocratique du Congo

Médecin Responsable volet hospitalier - Koulikouro - MALI

Enquête sur la Sécurité Alimentaire des Ménages en Mauritanie (ESAM) Page 2

Comité des produits Discours du Directeur général. 29 mai DISCOURS D OUVERTURE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL AU COMITÉ DES PRODUITS.

PLAN R E V A RETOUR VERS L AGRICULTURE

Kayes, le 09 Avril 2013

Le système de protection sociale en santé en RDC

Bulletin humanitaire Haïti. La campagne de vaccination orale contre le choléra en Haïti atteint ses objectifs. Au sommaire FAITS SAILLANTS

Les stocks de proximité : enjeux, opportunités et limites. Le cas des pays du Sahel

ACTED. Bien que les guerres soient officiellement terminées, il persiste des conflits localisés à l Est du territoire.

Bureau Régional pour l Afrique de l Ouest et du Centre Bulletin d Information Humanitaire Février 2012 CONTEXTE. Evénements clés:

INTERVENTIONS D AIDE ALIMENTAIRE (IAAs)

CONGRES INTERNATIONAL SUR L ASSURANCE ET LA RÉASSURANCE DES RISQUES AGRICOLES. Partenariat Public Privé dans l Assurance Agricole

2. Bailleurs de fonds internationaux majeurs, coordination et possibilité de division du travail, exercices d évaluation conjointe (harmonization)

République de Côte d Ivoire NOTE D INFORMATION UN INSTRUMENT PROFESSIONNEL AU CŒUR DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET DES FILIERES DE PRODUCTION

Santé Maternelle et Infantile (SMI) à Abéché, Tchad

L Assurance agricole au Sénégal

SOMMAIRE PARTIE 1 : POURQUOI «DONNER DU CREDIT AUX FEMMES RURALES»?... 3 PARTIE 2 : EPARGNE/CREDIT DU SYSTEME FINANCIER INFORMEL...

Qu est-ce que l adaptation au changement climatique?

Comment les pauvres gèrent-ils le risque?

Ministère des Mines, de l Industrie et des PME PROGRAMME NATIONAL «PLATE-FORME MULTIFONCTIONNELLE POUR LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE (PN-PTFM)

Plateforme d informations climatiques au Niger Présentation de l opportunité

TITRE DU PROJET Construction d un complexe de santé pour le compte de l ONG Education Pour la Santé et la Promotion de l Emploi (EPSPE)

Burundi. Rapport national intermédiaire du suivi de la mise en oeuvre du Cadre d'action de Hyogo. Nom du point focal : Mr SERVILIEN Nitunga

Partie II Données, indicateurs et sources d information

Integrating Nutrition and food security programming. Sharing Good practices Tchad / 2014

J'Ai TELLEMENT FAiM QUE JE POURRAiS MANGER UN ARBRE!

Thème 2 : Le rôle du «secteur informel» dans l intégration régionale

Agricultures paysannes, mondialisation et développement agricole durable

Alliance Globale pour la Résilience AGIR Sahel et Afrique de l Ouest

L AIDE AU DÉVELOPPEMENT FRANÇAISE

DONNER NAISSANCE NE DOIT PAS ÊTRE UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT

BETTERTHANCASH. La mise en œuvre d une aide alimentaire sous forme de paiements électroniques au Kenya : Étude de cas : le Kenya HIGHLIGHTS

Réduire la pauvreté : comment les collectivités territoriales peuvent-elles être des catalyseurs du développement économique pro-pauvre?

Titre du projet : Contribution à la réhabilitation et à la sauvegarde de

La FAFEC «Gnèna-Yèter», la «Banque» des Femmes rurales du Nord de la Côte d Ivoire

SYNTHESE DE PRESENTATION DU PPILDA

PLACE DE L ASSURANCE PRIVEE DANS LA MISE EN ŒUVRE D UNE ASSURANCE MALADIE DITE UNIVERSELLE

Conception et mise en œuvre de l Alerte Précoce par FEWS NET

ANNULATION DE LA DETTE EXTÉRIEURE POUR LES PAYS TOUCHÉS PAR LA MALADIE À VIRUS EBOLA

Proposition de projet pour le soutien à l occasion des 100 ans d ecobeton water technologies

Présentation du plan national multirisques de préparation paration et de réponse aux catastrophes Burkina Faso

CaLP ARGENT CONTRE TRAVAIL. Travailler avec les banques Guide pratique de négociation dans le cadre des transferts monétaires en situations d urgence

FACTSHEET HAITI DEUX ANS APRES

BANQUE ALIMENT BETAIL Présenté par Seidi Mohamed Abdourahmane

VACANCES DE POSTES. I. Lieu d affectation : La préfecture de la KEMO avec des déplacements ponctuels dans la province (République centrafricaine).

MARS rapport d analyse. étude de la situation nutritionnelle des enfants vus par Médecins du Monde à Mayotte

Bureau Régional pour l Afrique de l Ouest et du Centre Bulletin d Information Humanitaire Mars 2012 CONTEXTE. Evènements clés:

Couverture du risque maladie dans les pays en développement: qui doit payer? (Paris, 7 mai 2008)

Agricultural Policies in OECD Countries: Monitoring and Evaluation Les politiques agricoles des pays de l OCDE: Suivi et évaluation 2005.

Nations Unies. La Mauritanie à l aube du 21ème siècle. Bilan commun de pays (CCA)

Volet thématique «Prévention des crises et consolidation de la paix»

Page 02 Page 05 Page 08 Page 11 Page 13 Page 15 Page 17 Page 20 Page 28 Page 32 Page 34 Page 36 Page 37

Conférence mondiale sur les déterminants sociaux de la santé. Déclaration politique de Rio sur les déterminants sociaux de la santé

Note sur l extension de la couverture d assurance maladie au Rwanda

SCHEMA POUR LE RAPPORT FINAL DU (CO-)FINANCEMENT

RÉUNION DES MINISTRES DE L'ALIMENTATION, DE L'AGRICULTURE ET DE LA PÊCHE DES PAYS MEMBRES DU CIHEAM 9ÈME DECLARATION FINALE

PLAN NATIONAL D ACTION POUR LA NUTRITION

Recommandation de RECOMMANDATION DU CONSEIL. concernant le programme national de réforme du Luxembourg pour 2015

Les étudiants dans le rouge : l impact de l endettement étudiant

La malnutrition en terre d abondance

Coordination du Cluster Nutrition - Mali Compte-Rendu de la Réunion du 07 Novembre 2012

Title: OED Précis no Gestion de la production animale au Botswana: les précieuses leçons des expériences précédentes Job number: 98F0708

Migration: un plus pour la Suisse Relations entre État social et migration: la position de Caritas

Deuxième Conférence internationale sur la nutrition. Rome, novembre Document final de la Conférence: Déclaration de Rome sur la nutrition

PJ 28/12. 7 février 2012 Original : anglais. Comité des projets/ Conseil international du Café 5 8 mars 2012 Londres, Royaume Uni

Présentation de la réforme de la PAC

diffusion externe les services d'orange pour l agriculture en Afrique

Organisation des Nations Unies pour le développement industriel

PLAN STRATEGIQUE DE DEVELOPPEMENT DE LA

Plan de l exposé L assurance maladie obligatoire pour tous: Cas particulier de la république du Rwanda

asdf Deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement Madrid (Espagne) 8-12 avril 2002 madrid

Présentation des 6 projets financés sur le FED via le PESCC

Asie centrale. Environnement opérationnel. Kazakhstan. Kirghizistan. Ouzbékistan. Tadjikistan. Turkménistan

Foire aux Savoirs CONSOLIDER LA RESILIENCE A L INSECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE AU SAHEL ET EN AFRIQUE DE L OUEST

Comment évaluer la sécurité alimentaire? Guide pratique pour les Sociétés nationales africaines

EVALUATION D OPERATION

résumé un développement riche en emplois

Comment va la vie en France?

Analyse des Performances Sociales de CREDI - Togo Centre de Recherche-action pour l Environnement et le Développement Intégré

au concept de «développement durable» Pour une éducation ouverte sur le monde

Plan d Action de Ouagadougou contre la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, tel qu adopté par la Conférence

demain Aujourd hui ACDIC A. PRESENTATION DE L ACDIC B. 10 ANS D ACTIONS. Des actes concrets, des effets, des impacts C. DES ACQUIS ET ATOUTS CERTAINS

Assurance Arrêt de Travail

LES SOINS DE SANTÉ POUR LES MIGRANTS SANS PAPIERS EN SUISSE SERVICES

S engager pour la survie de l enfant: Une promesse renouvelée

Nations Unies et des Instituticns SpicialTsÉpç à Genève saisit cette occasion Pour renouveler au Bureau du Haut-Com

RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES EUROPEENNES ELEMENTS DE CONTEXTE

Recrutement d un consultant. Appui à la mutuelle Harena et à la plateforme Zina. PlaNet Finance Madagascar

Coordination du Cluster Nutrition - Mali Compte-Rendu de la Réunion du 10 JUILLET 2013

R y o aume aume du du Maroc Mar Mai 2009

LES OMD EN CHIFFRES. Par Raulin Lincifort CADET INTRODUCTION

Transcription:

evaluation EXTERNE Juillet 2013 Projet de lutte contre la malnutrition et de rechercheaction en filets de sécurité au Guidimakha en Mauritanie Financée par Europe Aid Par Barbara Mineo, GCI Rapport fait à la demande de Action Contre la Faim ACF International. Les conclusions contenues dans le présent rapport reflètent seulement l avis de l évaluateur.

TABLE DE MATIERES 0. LISTE DES ABBREVIATIONS 2 1. RESUME 3 2. CONTEXTE 6 LE LIEN ENTRE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LA MALNUTRITION 10 LE CASH TRANSFERT ET LE FILET SECURITE 10 4. METHODOLOGIE 12 LIMITATIONS 13 5. CONSTATATIONS ET DISCUSSION 14 5.1 PERTINENCE 14 COHERENCE 16 5.2 EFFICACITE 17 ANALYSE DES INDICATEURS ATTEINTS 18 L ANALYSE ET SUIVI DES MARCHES 21 5.3 EFFICIENCE 25 5.4 IMPACT 28 5.5 COUVERTURE 32 5.6 GENRE 344 5.7 DURABILITÉ 35 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS. 37 1

0. LISTE DES ABBREVIATIONS ACF-E AGR ANED CAP CSA DFID DRAS C o D CRENI CRENAS CRENAM CSLP EHA EPCV ESSAM FAO HEA FANTA IDH IEC MRO MAG MAM MAS MDR Moughataa MUAC SCA SAVS SMART Action Contre la Faim-Espagne Activité Génératrice de Revenus Association Nutrition et Développement Connaissances, Attitudes et Pratiques Commissariat à la Sécurité Alimentaire Department for International Development Direction Régionale de l Action Sanitaire Cost Of Diet (Coût d un régime alimentaire nutritif) Centre de Réhabilitation Nutritionnelle en Interne Centre de Récupération Nutritionnelle en Ambulatoire pour les malnutris Sévères Centre de Récupération Nutritionnelle en Ambulatoire pour les malnutris Modérés. Cadre Stratégique de Lutte Contre la Pauvreté Eau, Hygiène et Assainissement Enquête Permanente sur les Conditions de Vie des ménages Etude sur le suivi de la sécurité alimentaire en Mauritanie Food and Agriculture Organization Household Economic Approach Food And Nutrition Technical Assistance Indice de Développement Humain Information Education Communication Mauritania Ouguiya Malnutrition aiguë Globale Malnutrition aiguë Modérée Malnutrition aiguë Sévère Ministère de Développement Rural Entité administrative anciennement appelé Département Mid Upper Arm Circumference (périmètre brachial ou PB) Score de Consommation Alimentaire Stock Alimentaire Villageois de Sécurité Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transitions 2

1. RESUMÉ Action Contre la Faim - Espagne (ACF-E) est présente dans la région de Guidimakha depuis le 2009 et développe un programme nutritionnel. Le programme de sécurité alimentaire dans la même région a débuté en 2010 et finalisé en 2013 grâce aux financements d Europe-Aid. À partir du 2012, et principalement du à la crise alimentaire mentionnée, le programme de SA a été élargie à d autres communes de la willaya. Le projet évalué avait pour objectif l amélioration de l état nutritionnel des ménages vulnérables dans le département de Sélibabi à travers un appui économique et alimentaire ainsi que l identification des apports des filets de sécurité sur la malnutrition à travers une approche de recherche-action. L intervention visait donc à aborder deux questions qui font l objet de plusieurs études: le lien entre la sécurité alimentaire et la malnutrition ainsi que la pertinence de l utilisation du cash transfert dans l approche de la stratégie de filets sécurité en vue d améliorer de façon durable la situation socio-économique des familles les plus vulnérables face aux situations de crises récurrentes. Le projet visait 400 bénéficiaires (200 pour la première année et 200 autres pendant la deuxième année) qui ont reçu des distributions des vivres mensuelles pendant la période de soudure ainsi que des transferts monétaires soit pour compléter leur besoins primaires, soit pour permettre aux bénéficiaires d entreprendre des investissements productifs. L évaluation a porté une appréciation sur le projet selon les critères du CAD (efficience, efficacité, cohérence, couverture, impact et durabilité). Les conclusions et recommandations principales se résument à continuation. Le projet a contribué à améliorer la sécurité alimentaire des ménages vulnérables pendant la période de soudure car les distributions alimentaires mensuelles et les transferts monétaires distribués ont permis aux ménages de garantir l accès aux denrées de base. Le projet a répondu aux besoins de la population bénéficiaire, parmi les principaux besoins l alimentation et l augmentation des revenues étaient les plus évoqués. La modalité des transferts monétaires utilisée dans le cadre du projet est cohérente car elle est en ligne avec la stratégie de l ACF-E et aussi avec celle de l Union Européenne pour ce qui concerne la stratégie de sécurité alimentaire en Mauritanie. Egalement l approche s est révélée cohérente avec les priorités du gouvernement. Vu le contexte, la forte dépendance des facteurs externes et le niveau de vulnérabilité des populations ciblés, il semble justifié appliquer l approche filets de sécurité. Pour ce faire, l ACF-E doit disposer des ressources nécessaires pour la mis en place de cette modalité (stratégie, ressources économiques, ressources humaines, système de suivi et évaluation et une projection temporelle sur plusieurs années). Différentes options, qui ne sont pas nécessairement exclusives entre elles mais qui dépendront du moment et de la conjointure politique, sont envisageables (intervention 3

pilote ; interventions complémentaires aux programmes publiques existantes ; actions de plaidoyer). L intégration des différentes activités conçues par le projet, notamment la sécurité alimentaire, la nutrition et la WASH, a été mis en place ; cependant ni les résultats des entretiens réalisées pendant l évaluation, ni les données du projet disponibles nous permettent de dire que cette intégration a engendrée des effets positives en faveur de la lutte contre la malnutrition. Pour des interventions futures, il est recommandé de choisir des outils de suivi des indicateurs qui peuvent facilement être développées par les équipes d intervention, sans trop déléguer à des tiers le suivi. On a observé que l application d une CAP et d une ligne de base auraient pu aider à mesurer certains indicateurs des résultats attendus. Les critères de sélection choisis dans le projet ont permis de toucher les plus vulnérables face à la malnutrition et à l insécurité alimentaire des deux communes sélectionnées. Donc le ciblage des bénéficiaires du projet est considéré approprié. Les bénéficiaires ont manifesté plusieurs fois leur conformité et satisfaction par rapport aux activités exécutées dans le cadre du projet : le fait d avoir une aide alimentaire et monétaire pendant les moments les plus critiques leur a permis de payer les dettes sans forcement devoir vendre leur moyens d existence. La stratégie des AGR employée, bien qu elle doive être révisée, est une approche valable à continuer pour diminuer la vulnérabilité des ménages les plus pauvres. Cependant doit être envisagée une stratégie sur 3-5 ans afin de pouvoir assurer l impact recherché. Egalement il faudra analyser les capacités et les ressources des bénéficiaires ciblés et en fonction de cela il faudra bien évaluer s il est plus approprié de proposer des AGR individuelles ou au contraire des AGR collectives. L ACF-E doit aussi disposer d un plan de contingence pour faire face aux situations d urgence survenues et d une stratégie de sortie à la fin de chaque phase. La relation entre l ACF-E et le MDR et les autres autorités locales s est renforcée pendant l exécution de cette intervention. Pour les futures interventions il est vivement recommandé d impliquer le MDR depuis le début de la conception du projet. Le projet a produit plusieurs effets positifs sur les bénéficiaires, les communautés et les acteurs locaux. Parmi les points forts du projet on mentionne : la réactivation du marché local ; la pertinence de la distribution cash plus vivres comme moyen de protection sociale pour les ménages vulnérables pendant la période de soudure ; la flexibilité de l équipe ainsi que de l approche choisi pour adapter le projet au changement de contexte en 2012. Parmi les points faibles du projet on mentionne : les difficultés pour l implémentation de l approche recherche-action ainsi que le problème éthique; le manque de recherche d alternatives face aux problèmes et les conséquences rencontrées avec ANED ; la perception des bénéficiaires de l obligation d investir l argent reçu en 2011 ; et l absence d analyse en profondeur sur la viabilité des AGR développées. 4

La durabilité est évaluée insuffisante car d une part ACF-E n a pas prévu dans le cadre du projet la mise en place de mécanismes ou un guide pour permettre aux institutions de continuer toutes seules dans la mise en place des systèmes de filets sociaux. D autre part, il est évident qu il s agit d une stratégie complexe qui demande du temps, plusieurs ressources et des décisions politiques. On a aussi constaté qu aucune stratégie de sortie n a été prévue dans le cadre du projet. 5

2. CONTEXTE La république islamique de la Mauritanie avec une population de 3.541.540 est un pays riche en ressources naturelles du sous-sol et maritimes, cependant elle est structurellement déficitaire ayant une production nationale ne couvrant qu environ 30% de ses besoins alimentaires durant les années de bonne production. L indice du développement humain (IDH), parmi les plus bas, était de 0,467 pour l année 2012 ; celui de l éducation 0,366 et de la santé 0,614. La place que la Mauritanie occupe dans la liste des pays développés selon l IDH est de 155 sur 187, étant un des moins développés. La pauvreté se concentre en milieu rural. Le sud, où l agriculture pluviale est pratiquée, est la région la plus touchée. Dans cinq régions (wilaya), plus de la moitié de la population est classée dans la catégorie des pauvres: 51% dans le Trarza, 62% dans le Guidimaka, 64% dans le Brakna, 67% dans le Gorgol et 69% dans le Tagant. De manière générale, en Mauritanie, la personne pauvre est une femme qui vit en milieu rural, dans le sud du pays et pratique la culture pluviale. Elle est particulièrement vulnérable et subit les conséquences de la sécheresse, des invasions acridiennes et de la désertification. Son revenu est très variable. Elle vit dans l insécurité alimentaire et ses enfants souffrent de malnutrition, souvent chronique. Très souvent, son mari est en quête d un emploi pendant au moins six mois par an. Cette femme n accède que très difficilement aux soins de santé, à l eau et à l assainissement. Elle est illettrée, tout comme ses enfants. Lorsqu elle a de la chance, elle peut vivre jusqu à l âge de 57 ans 1. Les districts où les taux d alphabétisation sont les plus faibles sont également ceux où les pauvres sont les plus nombreux. Les agriculteurs pratiquant une agriculture de subsistance sont le groupe d actifs dont le taux d alphabétisation, estimé à 32%, est le plus faible 2. Par ailleurs, il existe un lien étroit entre pauvreté rurale et migrations. Ainsi dans environ 42% des ménages ruraux pauvres, deux membres de la famille ont migré vers les centres urbains. Les mutations économiques et sociales des trois dernières décennies ont entraîné l exode massif des chefs de famille, avec pour conséquence l accroissement de la vulnérabilité des femmes assumant dès lors la gestion des ménages. En Mauritanie, il existe une forte disparité entre les sexes. Les difficultés de la femme se traduisent par l inégalité de l accès à l éducation et aux soins de santé, par un faible taux de scolarisation, par des mariages précoces et par l inégalité de l accès à la formation et au crédit. Le pays est confronté à des cycles répétés de sécheresse et à une dégradation des ressources naturelles affectant structurellement et profondément les capacités productives et les sources de revenus des populations. La sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations rurales et urbaines est grandement tributaire de la situation pastorale, des sources de revenus non agricoles et des fluctuations des prix mondiaux des produits de base (Enquête FSMS 3 ). 1 Etude sur l Évaluation stratégique des enjeux en matière de genre en Mauritanie (ESG) Banque Mondiale 2 IFAD : Country profile 3 Enquête FSMS (Système de Suivi de la Sécurité Alimentaire) de suivi de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages (déc 2012-jan 2013) publiée par le Commissariat á la Sécurité Alimentaire (CSA) et 6

A l instar de l ensemble des pays du Sahel, la Mauritanie a été affectée en 2011/2012 par un déficit pluviométrique et hydrique qui s est traduit par une baisse de la production agricole, des pertes de bétail dues à la raréfaction des pâturages et à l assèchement des points d eau. La conséquence sur le plan humain a été un important accroissement des taux d insécurité alimentaire, atteignant 32% de la population au mois de juillet 2012. Ces taux sont les plus élevés constatés depuis la mise en place du système de suivi de la sécurité alimentaire en Mauritanie en 2006. L insécurité alimentaire dans la région du Guidimakha, avait passé de 26.5% en Juillet 2011 à 51% en 2012 selon l enquête FSMS 3. FEWNET - Prévisions pour Avril Juin 2012 Calendrier saisonnier et moments critiques Le système de santé et l état sanitaire du pays souffrent du manque d investissement. La Mauritanie a souscrit, à l'instar de la communauté internationale, aux engagements des OMD, traduits dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) adopté en 2001. le Programme Alimentaire Mondiale (PAM). Disponible le 04/06/2013 á http://home.wfp.org/stellent/groups/public/documents/newsroom/wfp257510.pdf 7

La région du Guidimakha a une population estimée de 273.445 habitants 4, avec 16,03% d enfants de 6 à 59 mois (43.833 enfants). Elle comprend différentes ethnies, dont les plus importantes sont: les Maures, les Soninkés et les Peuls. La région Sanitaire de Guidimakha compte un hôpital Régional de Sélibaby, 5 Centres de Santé (CS) et 40 Postes de Santé (PS), dont tous sont des structures publiques. Les prévalences de la malnutrition dans la région du Guidimakha selon l indice Poids/Taille étaient estimées en janvier 2013 à 7,5% pour la Malnutrition Aigue Globale (MAG) et à 0,6% pour la Malnutrition Aigue Sévère (MAS). Cependant en juin-juillet 2012 les prévalences de MAG étaient de 14,5% et la MAS de 2,5%.Cette différence, qui se rencontre de façon cyclique, est principalement du à la période de soudure, la plus critique pour les populations les plus vulnérables Sur le plan nutritionnel, selon la dernière enquête SMART nationale 5 faite sur les treize régions de Mauritanie par le Ministère de la Santé en collaboration avec UNICEF et qui date de janvier 2013, la Malnutrition Aigüe Globale (MAG) au niveau national était de 5,6% et la Malnutrition Aigüe Sévère (MAS) de 0,6%. Action Contre la Faim - Espagne (ACF-E) est présente dans la région de Guidimakha depuis 2009 et développe un programme nutritionnel qui vise le renforcement des institutions sanitaires dans la Prise en Charge Intégrée de la Malnutrition Aiguë Sévère (PCIMAS). Le programme de Sécurité Alimentaire (SA) dans la même région a débuté en 2011 grâce aux financements d Europ-Aid. A partir du 2012, et principalement du à la crise alimentaire mentionnée, le programme de SA a été élargie à d autres communes de la willaya. Le projet évalué, financé par Europ-Aid et avec une durée de 32 mois couvrant 2011 à 2013, avait deux objectifs spécifiques, le premier qui visait l amélioration de l état nutritionnel des ménages vulnérables dans le département de Sélibabi à travers un appui économique et alimentaire. Le deuxième qui cherchait à renverser la tendance à la hausse de la malnutrition, de la faim et de la pauvreté en testant une approche de cash transfert permettant d améliorer le niveau de satisfaction des besoins de base des ménages les plus pauvres pouvant avoir un effet sur le niveau nutritionnel des enfants de ces ménages. Dansa ce cadre, il s agissait de la mise en œuvre d un projet de recherche action. 4 Projections officielles de l Organisation National de Statistique, 2012. République Islamique de Mauritanie. 5 Normes OMS 2006 8

Les résultats à atteindre se décrivent à continuation : R. 1. Les ménages cibles ont amélioré leurs pratiques alimentaires et nutritionnelles. Pour atteindre ce résultat, des séances d information, d éducation et de communication ont été organisées par ACF-E au profit de mères sélectionnées afin de promouvoir les bonnes pratiques alimentaires et de nutrition. R.2. Le niveau économique des ménages est amélioré grâce au cash transfert et permet un renforcement des moyens d existence.. L'approche visait la mitigation des causes de la malnutrition aiguë chez les enfants de 6 mois à 5 ans, durant la période de soudure notamment dû à un faible pouvoir d achat des populations vulnérables et à leurs comportements alimentaires déficients. R. 3. Les connaissances et l expertise sur les activités de filet de sécurité dans le Guidimakha sont capitalisées, validées et diffusées. Le projet s est développé dans deux communes du Guidimakha : la commune de Wompou et la Commune d ARR. L opération visait 400 bénéficiaires (200 pour la première année et 200 autres pendant la deuxième année) qui recevaient des distributions des vivres mensuelles pendant la période de soudure ainsi que des transferts monétaires. Ces derniers devaient permettre aux bénéficiaires de satisfaire les autres besoins primaires mais aussi entreprendre des investissements productifs. Pour l exécution du projet l ACF avait identifié un seul partenaire local : l Association Nutrition et Développement - ANED. Il s agit d une association d experts de profils divers et intervenant entre autres dans le secteur de la sécurité alimentaire, de la nutrition et notamment dans la réalisation des études dans ces deux domaines. ACF-E et ANED collaboraient depuis 2010 sur les aspects liés aux enquêtes et à la collecte de données sur des projets développés dans la région du Gorgol (Mauritanie). Dans le cadre du projet ANED était chargée de la réalisation de la ligne de base ainsi que de l élaboration des instruments de suivi selon les indicateurs à atteindre. De plus, ANED le partenaire national d ACF, allait accompagner la totalité du processus marqué par le projet et devait être en mesure de mettre en œuvre ce type de programme dans l avenir. Toutefois, pendant les premiers mois du projet, l ACF a jugé que la qualité du premier produit élaboré n était pas adéquate et que les accords établis n avaient pas été respectés donc le partenariat entre les deux organisations a été suspendu. Malheureusement l évaluateur n a pas eu l opportunité de rencontrer les membres de l ANED et non plus les personnes de l équipe de l ACF qui connaissaient plus en profondeur les raisons du manque d accord. De toutes les façons, l ACF a décidé de continuer le projet sans la participation d un partenaire local. L intervention évaluée vise donc à aborder deux questions qui font l objet de plusieurs études: le lien entre l insécurité alimentaire et la malnutrition ainsi que la pertinence de l utilisation du cash transferts dans l approche de filets de sécurité en vue d améliorer de 9

façon durable la situation socio-économique des familles les plus vulnérables face aux situations de crises récurrentes. Le lien entre la sécurité alimentaire et la malnutrition Les populations rurales dans les régions éloignées de la Mauritanie subissent des périodes de pénurie de cinq à six mois et cela constitue un facteur aggravant de la malnutrition particulièrement liée à des régimes alimentaires pauvres. Une des causes principales de la malnutrition est l'insécurité alimentaire, un problème majeur en Mauritanie. Une étude effectuée conjointement par le PAM et le gouvernement mauritanien 6 révélait qu en Mars 2010 la prévalence de l insécurité alimentaire sévère attentait 4,5% de la population et celle de l insécurité alimentaire modérée était de 7%. Toujours selon l étude ESAM du PAM menée en Mars 2010, la pauvreté des ménages se traduit entre autres par l affectation de plus de 70% de leurs revenus aux dépenses alimentaires. Ces ménages sont contraints de réduire leurs dépenses de santé et d éducation et de vendre leurs biens. Il en résulte une diminution de leur consommation de viande et de produits laitiers et une dépendance accrue en céréales importées. En effet, plus de 70 % des besoins de consommation alimentaire de la Mauritanie sont couverts par les aliments importés. De plus, près de la moitié des ménages n'ont pas d accès sécurisé à l eau potable. Le plan d action intersectoriel de Nutrition (2012-2015) en fonction des ressources disponibles, établi cinq domaines d intervention qui visent les causes directes et sousjacentes de la malnutrition. Parmi les 5 critères, l amélioration de la sécurité alimentaire des foyers en est un 7. Le cash transfert et le filet sécurité Il peut y avoir des occasions de lier des projets de cash transferts d urgence au support à long terme de transferts sociaux dans le cadre des stratégies de protection sociale. Là où des transferts sociaux sont déjà en place, il pourrait être possible d'adapter les activités en cours pour répondre à l urgence, utilisant par exemple un mécanisme de livraison existant, fournissant des ressources supplémentaires aux gens recevant déjà le support par des allocations familiales ou des subventions ou étendant la couverture des bénéficiaires du programme. Par exemple, en réponse à la hausse des prix des denrées alimentaires en 2007 et 2008, le Mexique et le Brésil ont élargis la population leur programme social de cash transfert conditionnel (programme Oportunidades au Mexique et Bolsa Familia au Brésil). Dans des contextes où des transferts sociaux ne sont pas en place, mais sont nécessaires, des projets de cash transferts d urgence pourraient fournir un point de départ pour une transition aux approches de protection sociales à plus long terme. La protection sociale se réfère généralement aux mesures mises en place par les gouvernements pour aborder le problème de la vulnérabilité. On voit de plus en plus des filets de sécurité basé sur les transferts monétaires comme une option viable même dans des pays pauvres en Afrique Subsaharienne. Les bailleurs voient de plus en plus les 6 ESAM - PAM 2010 7 Les autres domaines sont: améliorer l allaitement et l amélioration en compléments ; augmenter la prise de micro nutriments ; améliorer le contrôle de la diarrhée et des parasites ; traiter la malnutrition aigue sévère et modérée. 10

investissements dans des filets de sécurité en partie comme une façon de réduire le volume élevé d aide humanitaire qui de façon récurrente doit être proportionné. On voit les filets de sécurité à plus long terme comme une meilleure façon de traiter la pauvreté chronique, l'insécurité alimentaire et la misère que les programmes humanitaires récurrents. Il peut aussi y avoir des occasions de lier des programmes de transferts monétaires avec la prévention de désastre et des approches de gestion des risques de désastre. L'objectif du transfert monétaire dans ce contexte peut être considéré comme un «amortisseur» pour permettre aux ménages de répondre aux besoins de base en rétablissant leurs moyens de subsistance. Quelques ménages, cependant, n'ont pas la capacité, ou elle est limitée, pour émerger de la pauvreté, même avec l'aide extérieure. Pour ces destinataires, le gouvernement demeure responsable de fournir des transferts sociaux à long terme. Dans les contextes fragiles dans lesquelles l'action humanitaire a souvent lieu, des tels programmes gouvernementaux sont limités ou inexistant et dans certains contextes, l'aide peut continuer à long terme. 11

4. METHODOLOGIE L approche méthodologique choisie pour cette étude est de type qualitatif et participatif. Le travail a été divisé en 3 phases afin de pouvoir donner des réponses aux questions clés posées par l institution qui a commissionné l étude. Pendant la première phase on a procédé à l élaboration d une matrice d évaluation sur la base des hypothèses formulées à partir des documents à disposition et l entretien avec les responsables de Nutrition de l ACF-E à Madrid. Pendant la deuxième phase, celle de terrain, de façon conjointe avec l équipe technique de l ACF-E à Sélibabi on a défini le nombre des ménages et la typologie des AGRs à visiter, les acteurs à interviewer et la modalité de la réalisation du travail de camp. Planning de visite des bénéficiaires du projet cash transfert UE Date Communes Villages Activités Types AGR 21/06/2013 Wompou Sagné diéri Vente des Individuel 2011 habits Vente des Individuel 2011 bananes Élevage des Individuel + 2011 petits ruminants Groupe des 16 femmes Tagoutallah Embouche Individuel 2011 et produits variès 22/06/2013 Arr Tabal 2 Élevage N/A 2012 Tabal 1 Élevage N/A 2012 Arr centre Petit Groupé 2011 commerce 23/06/2013 Tabal 3 Boucherie et petit commerce divers (15) Groupé (7) 2011 Hel Mamoury Élevage Individuel 2011 Hassi Embouche Individuel 2011 Bagara 24/06/2013 Diegui Élevage Individuel 2011 Acteurs interviewés : Bénéficiaires du 2011 et du 2012 (en total 56 sur 400 c est-à-dire le 14% environ) Personne-clés des villages (4 sur 9 villages visités) MDR Ministère du développement Rural au niveau régional DRAS Direction Régionale à l Action Sanitaire 12

Personnel ACF-E 8 Le travail de terrain a été réalisé grâce à la collaboration de l équipe de la base de Sélibabi. Les instruments utilisés 9 pour le travail de terrain afin de confronter les hypothèses formulées initialement et en partie appuyées sur la documentation secondaire sont : des entretiens avec la technique du focus group et des entretiens semi- structurés avec les acteurs impliqués dans le projet. (Voir les instruments utilisés dans les Annexes III et IV) Avant de finaliser la deuxième phase une séance de restitution des premiers constats rencontrés a eu lieu à Sélibabi et Nouakchott avec les équipes respectives de l ACF-E. La troisième phase a consisté dans la recompilation et analyse de toute l information primaire et secondaire récoltée et l élaboration du présent rapport d évaluation. Limitations Une des limitations rencontrées pendant la deuxième phase a été la conséquence de l utilisation de l équipe du projet comme traducteur pendant les entretiens avec les acteurs et les bénéficiaires. Une autre limitation qui mérite d être mentionné se réfère à la précision des réponses apportées par les bénéficiaires due en partie aux difficultés de compréhension pour leur part et aussi aux restitutions inexactes, travers propres à toute traduction. Cependant la personne de l équipe de SA qui a effectué la traduction a été très méticuleuse dans ce travail et il a été le plus neutre possible. La disponibilité et la flexibilité des équipes de la base de Selibaby ont été totales. Les résultats des données collectées et analysées ne prétendent pas avoir un niveau de représentativité sur l ensemble des bénéficiaires, le but principal a été d extraire information depuis les bénéficiaires et les acteurs-clés et de confronter les différents discours avec les informations préalablement disponibles. 8 CDM, Coordinateur Technique, Responsable National SA ; CDB, Chef de Projet SA ; responsables volet ; administration 9 La matrice d évaluation et le guion des entretiens avec les bénéficiaires sont disponibles dans les annexes III et IV. 13

5. CONSTATATIONS ET DISCUSSION 5.1 PERTINENCE L un des deux objectifs spécifiques visait à déterminer les apports des filets sécurité sur la malnutrition en testant une approche de cash transfert permettant d améliorer le niveau de satisfaction des besoins de base des ménages les plus pauvres pouvant avoir un effet sur l état nutritionnel des enfants de ces ménages. Pour ce faire le projet prévoyait une composante de recherche-action qui visait la comparaison de trois groupes de ménages : le groupe A qui allait recevoir des distributions alimentaires, des transferts monétaires ainsi qu'un appui pour améliorer les conditions hygiène et d assainissement (paquet WASH). Le groupe B qui allait recevoir des vouchers alimentaires et le cash transfert uniquement. L enjeu était d évaluer dans quelle mesure l amélioration des conditions d hygiène pourrait influencer le statut nutritionnel. Un troisième groupe C allait être identifié comme groupe «témoin» et il allait être composé par des ménages ayant les mêmes caractéristiques que les groups A et B mais sans recevoir aucun appui du projet. Les communes choisies par chaque groupe étaient respectivement : ARR, Wompou et Souvi. Malheureusement cette approche recherche-action n a pas pu être mise en place tout au long du projet, car les conditions de base pour une recherche-action n étaient pas avérées, pour plusieurs raisons : - Dans la sélection des ménages des 3 groupes l existence d autres projets, n a pas été pris en compte. Par conséquent, il était impossible d attribuer les éventuels changements exclusivement aux activités promues par le projet. - Le fait de ne pas offrir de l aide aux ménages du groupe C posait un problème éthique lorsqu on considère qu il s agit de ménages très vulnérables. L ONG aurait au moins dû essayer de leurs aider à travers d autres programmes et acteurs. D ailleurs dans la deuxième année la commune de Souvi a bénéficié du projet de Cash transferts d ACF-E financé par DFID. - L approche prévoyait 200 ménages la première année et 200 autres ménages la deuxième année ; la période était trop courte pour pouvoir évaluer les effets produits par les activités et les changements éventuels dans les comportements des bénéficiaires. - La plupart des outils du suivi des indicateurs initialement prévu n ont pas été mis en place. Par conséquent, il n a pas été possible de comparer les résultats obtenus par rapport au composant WASH dans les trois groupes. 14

Dans le cadre du projet et pendant 3 mois, les bénéficiaires ont reçu des distributions alimentaires gérées directement par l ACF-E à travers du service d un fournisseur identifié à Sélibabi qui était chargé du transport des vivres depuis Sélibabi et des magasins de Stock Alimentaire Communautaire de Sécurité (SACS) vers les sites de distribution. L idée initiale d utiliser des vouchers alimentaires n a pas pu être mise en place car ACF E n a pas trouvé des intermédiaires dans la zone qui pouvaient se charger des distributions. Par ailleurs, les mêmes bénéficiaires ont reçu de l argent (39.500 MRO) une seule fois pendant la première année avec deux finalités: compléter les besoins primaires non couverts et faire des investissements pour améliorer leurs moyens d existences. En 2012, à cause de la crise alimentaire survenue, l ACF a décidé de changer les critères de sélection des nouveaux 200 ménages. Au lieu d appliquer les critères liés principalement à la malnutrition, l ACF a utilisé les critères de vulnérabilité socioéconomique et d insécurité alimentaire des ménages pour la sélection. 3 distributions d argent de 18.000 MRO chacune ont été effectuées mensuellement en même temps que les distributions alimentaires. On a constaté que pendant la première année la plupart des bénéficiaires ont investi l argent dans des Activités Génératrice de Revenu (AGR), alors qu en 2012 presque la totalité des bénéficiaires du 2012 a utilisé l argent pour compléter les besoins primaires notamment l alimentation et la santé. Cela a principalement été dû à la crise alimentaire qui a frappée le pays. Parmi les principaux besoins mentionnés par les femmes et les ménages bénéficiaires du projet pendant les entretiens, l alimentation et l augmentation des revenues étaient les plus évoquées, ainsi le projet a répondu aux besoins de la population bénéficiaire du projet. Egalement on retrouvent ces besoins dans l analyse des enquêtes Post distribution réalisées par l ACF-E. Le projet a su répondre aux besoins primaires des bénéficiaires sélectionnés en 2012 à cause de la crise alimentaire survenue. En général les activités développées dans le projet ont été en accord avec les habitudes et les coutumes des bénéficiaires et l appréciation des bénéficiaires interviewés a été positive. Une fois le projet approuvé, les villages, notamment les chefs de villages et les personnes ressources et notables, ont participé au processus de sélection des bénéficiaires sur la base des critères avancés par les acteurs clés des communes d interventions et les participants aux focus group au niveau des villages. Ces critères étaient directement liés à la présence de la malnutrition aigüe dans les ménages, le nombre d enfants et au niveau de vulnérabilité élevée. Une fois la première sélection réalisée par les personnes du village, l équipe de l ACF-E a visité ménage par ménage pour vérifier si les critères avaient été prises en compte sur la base de la liste élaborée par ACF-E. Au total, 400 ménages ont bénéficié du projet : 15

Commune Nombre de ménages bénéficiaire Nombre d enfants de moins de 5 ans Nombre de village Wompou 169 253 15 Arr 231 348 20 Total 400 601 35 On peut donc affirmer qu en général l approche globale du projet répond aux besoins des populations, notamment des bénéficiaires sélectionnés en 2012 à cause de la crise alimentaire survenue. Cohérence La mise en place des AGR est complémentaire avec les priorités fixées par la Direction Régionale du Développement Rural (MDR) qui promeut l amélioration des capacités des producteurs les plus vulnérables pour faire face aux situations de crise. Encore la Direction Régional promeut les coopératives, notamment celles féminines, dans le but d augmenter la production des cultures du maraîchage. La modalité des transferts monétaires utilisée dans le cadre du projet est cohérente avec la stratégie de l ACF-E et aussi avec celle de l Union Européenne pour ce qui concerne la sécurité alimentaire en Mauritanie. Egalement l approche s est révélée cohérente avec les priorités du gouvernement, notamment avec le plan d urgence du gouvernement EMEL face à la crise alimentaire de 2012 qui contemple aussi des approches similaires. Donc l approche du transfert monétaire est cohérent avec les priorités des acteurs principales. 16

5.2 EFFICACITE La matrice du cadre logique est cohérente avec les besoins et le problème principal abordé par le projet, exception faite de l approche recherche-action comme déjà mentionné. Cependant le projet permet de tirer des conclusions sur les apports des filets de sécurité liées plutôt à la situation de la sécurité alimentaire des ménages les plus vulnérables. La logique interne entre l objectif spécifique 1 et les 3 résultats est adéquate ; Les indicateurs choisis sont mesurables mais la plupart des sources de vérification initialement prévues n ont pas été développées, pourtant on a eu des difficultés pour mesurer certains indicateurs. Afin de pouvoir évaluer si les résultats sont atteints, on procédera à l analyse des indicateurs. Objectives Specifiques Indicateurs prévus Indicateurs atteints 1 Améliorer l état nutritionnel des ménages vulnérables dans le département de Sélibabi à travers un appui économique et alimentaire. 2 Déterminer les apports des filets de sécurité sur la malnutrition à travers une approche de recherche-action. Les indicateurs nutritionnels des enfants de moins de 5 ans suivis se sont améliorés pour 30% d entre eux. Le nombre de ménages ayant augmenté leurs ressources économiques et leur sécurité alimentaire grâce au cash transfert. Un rapport d analyse et de capitalisation est élaboré à partir des bases de données scientifiques. Les indicateurs nutritionnels des enfants de moins de 5 ans suivis se sont améliorés pour plus du 30% d entre eux. Le nombre de ménages ayant augmenté leurs ressources économiques et leur sécurité alimentaire grâce au cash transfert est de 400 environ. Un rapport d analyse est élaboré sur les AGR à partir des bases de données récoltées. RESULTATS Indicateurs prévus Indicateurs atteints 1 Les ménages ciblés ont Les pratiques liées à amélioré leur sécurité l alimentation des alimentaire ainsi que leurs enfants de moins de 5 pratiques de soin et de ans se sont améliorées nutrition. pour 30% des ménages bénéficiaires. 2 Le niveau économique des ménages s est amélioré grâce au cash transfert et permet un renforcement des moyens d existence. Le taux de diversité alimentaire des ménages bénéficiaires s est amélioré de 20% Les revenus annuels des ménages bénéficiaires vulnérables ont augmenté d au moins Les deux indicateurs sont difficiles à mesurer car on ne dispose pas de ligne de base ; ni de CAP ni de rapport d analyse de la sécurité alimentaire (FANTA) Les revenus annuels des ménages bénéficiaires vulnérables ont augmenté d au Sources de verification Rapports de dépistages actifs et de suivi nutritionnel. Rapports d enquêtes nationales SMART (UNICEF, MS). Rapports d évaluation. Enquête de base (NON REALISEE) et rapports de monitoring (APR) Rapports mensuels d activités, Compte rendus des sessions de sensibilisation, Rapport d analyse de la sécurité alimentaire (FANTA) (NON DISPONIBLE) au démarrage et à la fin du projet Rapport d analyse d enquête CAP au démarrage et à la fin du projet (NON DISPONIBLE) Rapport de distributions du Cash, Analyse des revenus des 17

Objectives Specifiques Indicateurs prévus Indicateurs atteints 15% moins 15% 10% des plus du 50% des bénéficiaires ont bénéficiaires de la investi première année ont productivement une investi partie du Cash alloué. productivement une partie du Cash alloué. 3 Les connaissances et l expertise sur les activités de filet de sécurité dans la région du Guidimakha sont capitalisées, validées et diffusées. L analyse de l utilisation du cash et du niveau économique des ménages est réalisée pour au moins 10% des bénéficiaires Deux rapports d évaluation intermédiaire et finale du projet sont rédigés et diffusés Trois ateliers de concertation avec des acteurs régionaux sont organisés durant le projet (cadre de consultation régionale). -L analyse de l utilisation du cash est réalisée à traves des PDM -Les rapports d évaluation ne sont pas disponibles sur les deux ans - Des ateliers avec les acteurs régionaux et nationaux ont été effectués. Sources de verification ménages en début et en fin de projet Rapport d activités, Rapport de suivi de l utilisation du Cash et du niveau économique des ménages (non COMPLET) Rapport d analyse du suivi des indicateurs nutritionnels. Rapport d analyse Cost of Diet (NON DISPONIBLE) Compte rendus d ateliers et réunions, Liste d émargement, Rapport d évaluation intermédiaire et finale, Rapports d analyse d impact ( NON DISPONIBLE) Analyse des indicateurs atteints Un rapport d analyse et de capitalisation sur l expérience des AGR a été élaboré à partir des bases de données récoltées. L ACF-E n a pas élaboré un rapport de capitalisation visant la stratégie du cash transfert comme moyen de protection des ménages les plus vulnérables face à des situations de stress. On considère que les AGRs sont une composante d une stratégie plus large qui n a pas pu être dûment capitalisée. Par exemple, on n est pas en mesure de déterminer l amélioration des pratiques liées à l alimentation de l enfant de moins de 5 ans et l attribuer exclusivement au projet, car comme déjà indiqué, une ligne de base complète et un suivi régulier et méthodique, prenant en compte les autres facteurs, n ont pas été effectués. De plus, on n est pas en mesure de déterminer le taux de diversité alimentaire des ménages bénéficiaires (augmentation du 20%). Par rapport aux revenus annuels des ménages bénéficiaires vulnérables, on peut assumer qu ils ont eu une augmentation d au moins 15% grâce aux transferts d argent fournis par le projet. Lorsqu on estime le revenu mensuel du ménage entre 20.000 et 25.000 MRO, le revenu annuel serait entre 240.000 et 300.000 MRO. Le 15% se situerait entre 36.000 et 45.000.. L augmentation du revenu se situe entre 15 et 20% 10. 10 Le cash reçu pendant la première année par ménage était de 39.500 MRO. Le cash reçu pendant la deuxième année était de 54.000 MRO. 18

Cependant on ne sait pas si les bénéficiaires ont renoncé au travail journalier et au petit commerce vu que le projet leur a fourni de l aide monétaire. Ces données n ont pas été recompilées pendant la vie du projet. L autre indicateur concerne le pourcentage de bénéficiaires qui ont investi de façon productive une partie du cash alloué. Le pourcentage à atteindre était de 10% alors que selon les enquêtes réalisées par l ACF-E 11 le pourcentage atteint a été supérieur à 50% 12. Cela a dépassé largement l indicateur marqué. Sur les 158 AGR suivies, en moyenne 76% sont individuelles et 24% collectives (groupement). La distribution par commune et la typologie des AGRs réalisées est la suivante : On apprécie clairement que les AGR d élevage et embuche ont été les plus nombreux. Cela s explique par la prédominance du groupe ethnique Peulh, agropastoral à dominante d élevage. Par contre, à Arr, la prédominance du groupe Maure, agropastoral à dominante agricole est favorable à la mise en place de l embouche, car la taille réduite du cheptel et l abondance des sous-produits agricoles chez ce groupe font que les conditions d engraissement des animaux sont plus propices. 11 Document: Rapport suivi évaluation AGR 2011- Version finale 12 Pour l année 2011, 158 bénéficiaires sur 202 ont développé des AGRs 19

Par ailleurs, le fait d avoir du cheptel, même petit, est toujours une ressource additionnelle à disposition en cas de besoin ; sans compter l aspect socioculturel que cela signifie pour les populations agropastorales, notamment les Peulh. Toutefois, des doutes émergent par rapport à la contribution des AGRs à la prévention de la malnutrition. D une part, la rentabilité à moyen-long terme des AGR n est pas envisageable dans le cadre de ce projet. Selon la littérature, une évaluation de la rentabilité des AGRs doit se faire au moins 2-3 ans après sa mise en place, c est le temps estimé pour mesurer l évolution et l impact de l activité. D autre part, il n a pas été possible de construire une relation directe entre la possible rentabilité des AGR et l effet que cela aurait sur la prévention de la malnutrition. Pendant les entretiens, on a constaté que l investissement de l argent reçu était aperçu par les bénéficiaires presque comme une conditionnalité du projet 13. Bien que l équipe de l ACF-E ait dit à plusieurs reprises que l utilisation du cash était libre, probablement l interprétation faite par les bénéficiaires de son utilisation a été erronée. On a pu constater que les bases pour la création des capacités entrepreneuriales et techniques des bénéficiaires sont encore très faibles. Les formations réalisées n ont pas été suffisantes et probablement n ont pas vraiment été adaptées au public qui les a reçues. Il s agit principalement de femmes avec très peu d expérience préalable dans les AGRs des groupes et avec un taux d analphabétisme plutôt élevé. L appui technique fourni pour les AGRs de l élevage et de l embuche s est également révélé insuffisant face à une série de problèmes liés à l alimentation et aux soins des animaux que les femmes ne maitrisaient pas. Il s agissait de : - Formation de 6 AGR groupées exerçant le petit commerce à raison de 3 participants par AGR en gestion organisationnelle pendant deux jours par un technicien de la Délégation Régionale du Guidimakha, - Vaccination (contre la Peste de Petits Ruminants (PPR), la Pasteurellose et Clavelé) et déparasitage de 685 têtes de petits ruminants. Un point de vente de 3 m x 3 m avec une dalle en béton armé (abattoir) reliée à une fosse perdue par un canal de drainage sont en cours de construction pour la boucherie communautaire de Tabal 3 dans la commune de Arr au profit de 8 bénéficiaires. La construction de la dalle et la fosse perdue est faite dans le souci d attirer l attention de la communauté sur l intérêt d assurer l hygiène et l assainissement de l environnement. L autre aspect des AGR à étudier est l option AGR individuel et AGR de groupe. On a vu que les AGR individuelles prévalent sur les AGR de groupe, ce qui est logique selon 13 «quelqu un m a dit d utiliser l argent pour acheter du cheptel; j ai eu peur et donc j ai acheté que ça avec les 40.000» ; «je ne sais pas très bien quoi faire avec l argent de cette caisse c est l ACF que nous donnent les indications à suivre»; «l équipe ACF nous a conseillé de faire des AGR de groupe, alors nous nous sommes réunis 4 femmes et on a commencé à penser» (en plus dans la réunion il y avait l Iman et le chef du village). 20

l approche originale du projet et c est également ce qui ont indiqué les femmes interviewées. Pour certaines femmes les AGRs de groupes ont été une opportunité pour renforcer la solidarité entre les membres du group. La possibilité d utiliser un petit fond de roulement pour subvenir aux besoins urgents leur permettait d éviter la vente des ses biens ou l endettement vers tiers. Le dernier aspect lié aux AGR à prendre en compte est «l expérience préalable» des bénéficiaires dans le développement de ce type d activité. On a remarqué pendant l évaluation que les femmes qui avaient déjà l expérience et l habitude de faire du «petit commerce» ont mieux profité de l investissement par rapport à celles qui n avaient pas une expérience préalable. C est aussi une autre raison pour laquelle la plupart des femmes ont opté pour l élevage et/ou l embouche, considérés plutôt comme une façon de rétablir leurs moyens d existence. L analyse et suivi des marchés Comme tout programme de transfert monétaire, l existence d un marché fonctionnel est indispensable pour la mise en œuvre des actions de transfert, d où la nécessité d identifier les marchés pour lesquels le projet a profité plus. Depuis le 2010 dans le Guidimakha, ont assiste à une augmentation des prix des principales denrées importées sur le marché. Le mode opératoire envisagé par ACF-E pour la distribution des aliments a été celui de permettre aux bénéficiaires de s approvisionner directement dans les petits commerces ou les SAVS14 villageois. Vu le faible niveau de développement du commerce dans certains villages, l'équipe du projet a établis des accords avec certains SAVS ainsi que les boutiques des villages, après avoir fait l inventaire des denrées de base existantes. Finalement, vu l impossibilité d utiliser la modalité des vouchers, en 2011 l ACF-E s est chargé de l'achat des denrées et des distributions. De plus, les bénéficiaires ont utilisé une partie du cash reçu pour acheter le reste des aliments et autres biens dans le marché local. Par rapport à la disponibilité des articles sur le marché, l information recherchée était de savoir quelle était l offre du marché. 14 % des personnes enquêtées déclaraient ne pas toujours trouver ce qu elles désiraient sur le marché. Les articles non disponibles sur le marché étaient des équipements de ménage et certains modèles de chaussures. Le rapport de suivi après les distributions de vivres et de l argent en 2011 montre que le marché du village était le lieu le plus fréquenté pour les achats (67%), suivi de celui du chef lieu de la wilaya avec (13%) et de celui de la localité la le plus proche (12%), comme représenté dans le graphique 13. 14 SAVS: Stock Alimentaire Villageois de Sécurité 21

Lieu d achat des bénéficiaires Les raisons du choix des marchés sont détaillées dans le tableau ci-dessous. En effet, 56% des achats sur le marché du village sont justifiés par la disponibilité des produits à des prix abordables. Raisons de choix des marchés Les raisons de l'achat dans ces lieux Nbre % Certains Produit ne se trouvent qu'à Selibaby avec des prix abordables 4 9,8 Ici les produits sont disponibles à des prix abordables 23 56,1 Les produits ne sont pas disponibles ici et le bétail est moins cher 2 4,9 Parce que je ne peux pas aller ailleurs 5 12,2 Parce que j'ai payé du bétail avec mon frère à un prix abordable 4 9,8 Parce que je ne paie pas de transport en achetant ici 1 2,4 Parce que les boutiques d'ici n'acceptent pas de donner du crédit 2 4,9 Total 41 100,0 Cette stratégie a eu des effets positives sur le marché local car a permis aux petits commerçants de vendre leur stock de vivres, que différemment n aurait pas pu être évacué vu le faible pouvoir d achat des villageois. Le marché local semble tirer profit de cette opération. En effet, 67% des achats faits proviennent de l argent distribué. Un suivi de la situation nutritionnelle des enfants bénéficiaires du projet a été effectué tout au long du projet. Les résultats du suivi montrent une amélioration des conditions nutritionnelles de ces enfants. Cependant saut aux yeux le pourcentage d enfants avec malnutrition aigüe globale si élevé au début de la première année ainsi que la grande différence entre le mois d octobre et le mois de novembre de 2011. L analyse des bases de données de l année 2011 ne semble pas être très exacte. 22

Évolution de la situation nutritionnelle des enfants du programme Il ne faut non plus oublier que d autres interventions nutritionnelles étaient en place pendant la vie du projet, de ce fait le changement n est pas attribuable exclusivement à ce projet. Une ligne de base et plusieurs enquêtes étaient prévues dans le cadre de ce projet justement pour pouvoir mesurer les effets de l intégration des 3 aspects. Malheureusement le manque d accords et la mauvaise qualité de l enquête de base réalisée par l ONG partenaire ANED a fait désister l équipe de L ACF-E à poursuivre cette méthodologie. Aucune enquête CAP, Cost of Diet et FANTA ont été réalisées pendant le projet. Par rapport aux activités de sensibilisation en général, selon les réponses reçues par les bénéficiaires interviewés (2011 et 2012) on peut affirmer que: - Les thèmes de sensibilisations les plus mentionnés sont: l hygiène (lavage de mains), parfois le traitement de l eau; les démonstrations culinaires (bouillie et plats familiaux), l allaitement maternelle et les pratiques appropriées. - Peu de bénéficiaires ont mentionné les causes et les conséquences ou les signes de la malnutrition. - Pour les bénéficiaires de 2011 en général les souvenirs sur les thèmes abordés pendant les séances de sensibilisation sont plutôt faibles. - Personne n a fait mention de «l obligation» d assister aux séances avant de recevoir les vivres et le cash En total 55 séances de sensibilisation ont pu être réalisées dans 31 villages sur 35 d intervention. Les séances portaient sur plusieurs thèmes (voir tableau III), dont le volet hygiène et assainissement était spécifiquement réservé à la commune de Arr. 23