Le risque. Le risque fait partie de toute activite humaine, a fortiori dans un domaine complexe et en constante e volution comme celui de la sante :



Documents pareils
Soins infirmiers et gestion des risques

RAPPORT QUINQUENNAL D APPLICATION DE LA LOI SUR LE COURTAGE IMMOBILIER

Gestion des risques et protocoles de coopération (Article 51 Loi HPST) Document d aide pour les professionnels de santé

Réduire les risques en santé

troubles comportementaux aigus et/ou cognitifs tous les intervenants de l entreprise Prise en charge immédiate sur le lieu de travail.

Guide utilisation Manuel 1 Dernière mise à jour: 2015/04/20 Trendoo

Journal officiel des Communaut s europ ennes

Cours de Droit Commercial. Anné e DROIT DES SOCIETES

TRAIT D AMSTERDAM MODIFIANT LE TRAIT SUR L UNION EUROP ENNE, LES TRAIT S INSTITUANT LES COMMUNAUT S EUROP ENNES ET CERTAINS ACTES CONNEXES

Le guide du bon usage des médicaments

CONDITIONS GENERALES D'UTILISATION CONDITIONS GENERALES D'UTILISATION DE L'APPLICATION CRYSTAL Z (Android et ios)

Marketing Efficiency Cloud : All-in-One, End-to-End

Livre I. Le droit patrimonial luxembourgeois (civil et fiscal)... 7

Notes sur la consolidation de la paix

LES TAUX REMONTENT? L injection massive de liquidite s par les banques centrales et ses conse quences

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

STATUT CATHOLIQUE D'ÉTABLISSEMENT DU CHEF DU PREMIER DEGRÉ DE L ENSEIGNEMENT. Hors-série - Juillet

NOTICE D INFORMATION

Docteur José LABARERE

La responsabilité des infirmiers et des établissements de santé

FORMATIONS De ploiement des PKI dans les entreprises Technologie VPN IPSEC Se curiser un syste me Unix ou Linux

«Tout le monde devrait faire une psychothérapie.»

Gestion des risques : Principes et méthodes d analyse d accidents thérapeutiques

Résidence MBV Les FIGUERES -Capendu-

Page1 LE DROIT AU RESPECT DE LA DIGNITE

Rapport de stage, SARL Alligator Communication

Dossier de Candidature Sélection des Agents

PLAQ OUVRIERS modif tel :layout 4 17/05/11 11:35 Page 1.

Responsabilité professionnelle des Infirmiers

Document e galement disponible en anglais sous le titre : Quebec First Nations Regional Health Survey Home care.

curité du patient 19 mai 2009 Aurore MAYEUX Guy CLYNCK LIE

Calendrier des formations INTER en 2011

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Peut-on faire confiance à une personne démente?

Stratégie d intervention auprès des élèves présentant des comportements et attitudes scolaires inappropriés

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Démence et fin de vie chez la personne âgée

PROGRAMME VI-SA-VI VIvre SAns VIolence. Justice alternative Lac-Saint-Jean

Introduction au droit La responsabilité professionnelle

Le référentiel RIFVEH La sécurité des personnes ayant des incapacités : un enjeu de concertation. Septembre 2008

HARCÈLEMENT CRIMINEL. Poursuivre quelqu un, ce n est pas l aimer!

Droits des malades en fin de vie. Connaître la loi Leonetti et l appliquer

Repérage de la perte d autonomie

CAHIER DES CHARGES INFIRMIER-ÈRE DIPLÔMÉ-E

A - Nomenclature des préjudices de la victime directe

Modulowatt : description d un système innovant de recharge de véhicule électrique

Assurance Maladie Obligatoire /Assurance Maladie Complémentaire : guichet unique et reste à charge

LA RESPONSABILITE PROFESSIONNELLE DE L INFIRMIER(E) Laurence VENCHIARUTTI, Infirmière Libérale, Expert infirmier, Nantes

Politique Institutionnelle. Politique de protection de l enfance. Direction Générale Fédérale 2007 PI 01

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

Télé-expertise et surveillance médicale à domicile au service de la médecine générale :

CONVENTION COLLECTIVE MUTUALITÉ

«LE SOIN, LE DROIT ET L ISOLEMENT»

La gestion des risques dans les établissements de soins

La cartographie des risques outil fédérateur de pilotage: exemple d'application dans un groupement d'établissements. Marc MOULAIRE

LE DOCUMENT UNIQUE DE DELEGATION

REGLEMENT COMPLET «JEU BONS PLANS ETUDIANTS EN PARTENARIAT AVEC NRJ Mobile»

Rapport de stage. Développement d un logiciel de vidéoconférence : Enjeux 3. Guillaume DOTT 2009

Epilepsies : Parents, enseignants, comment accompagner l enfant pour éviter l échec scolaire?

Le Modèle Conceptuel de Virginia Henderson. P. Bordieu (2007)

ANNEXE 3 ASSISTANCE MÉDICALE

La prise en charge. de votre affection de longue durée

Règlement : Compétition du Film d Entreprise du Festival des Étoiles & des Ailes.

Arrêté royal du 27 mars 1998 relatif à la politique du bien-être des travailleurs lors de l exécution de leur travail (M.B

La responsabilité juridique des soignants

LA FIN DE VIE AUX URGENCES: LES LIMITATIONS ET ARRÊTS DES THÉRAPEUTIQUES ACTIVES. Dr Marion DOUPLAT SAMU- Urgences Timone

Attirez-vous les Manipulateurs? 5 Indices

Les prérogatives du mineur sur sa santé

Bienvenue à la conférence en ligne Violence au travail : présentation des résultats du sondage mené auprès de trois secteurs professionnels

Gestion des erreurs. Introduction :

Analyse des incidents

SOMMAIRE COMMUNIQUÉ DE PRESSE. p. 3. p. 4 LE CESU. p. 5. Les outils. p. 6. Le centre de simulation. Quelques chiffres

ETUDE DE MARCHE : LES ANTIVIRUS

Centre Régional de soins Psychiatriques «Les Marronniers» MSP

Infirmieres libérales

Une infirmière re clinicienne en et soins de. Stomathérapie. fonction? L infirmière. re «clinicienne?» Rôle de l infirmil. ressource?

L approche de collaboration: une voie de contournement des facteurs entraînant les troubles graves de comportement.

Aide kinésithérapeute : une réalité?

Contrôle difficile non prévu des voies aériennes: photographie des pratiques

A.PERRIER, Directeur Soins Infirmiers A. GAUDILLERE, Resp. Assurance Qualité

Annexe : Tableau récapitulatif des actions

Une forte dynamique des prescriptions de ces nouveaux anti-coagulants oraux

La gestion des risques en hygiène hospitalière

Les responsabilités à l hôpital

LA SIMULATION: INTERETS EN FORMATIION MEDICALE CONTINUE. C Assouline

La Responsabilité Médicale de l Hépatogastroentérologue

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

LA RESPONSABILITÉ DU RADIOLOGUE Point de vue de l avocat

La responsabilité civile et pénale. Francis Meyer -Institut du travail Université R. Schuman

L adhésion au traitement: les clés du succès

DOMAINE 7 RELATIONS ET RÔLES

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L EMPLOI ET DE LA SANTÉ MINISTÈRE DES SOLIDARITÉS ET DE LA COHÉSION SOCIALE SANTÉ ETABLISSEMENTS DE SANTÉ.

REFLEXIONS POUR LE DEVELOPPEMENT D UNE PRATIQUE DE CONCERTATION PROFESSIONNELLE ENTRE MEDECINS ET PHARMACIENS DANS L INTERET DES MALADES

Une échelle d évaluation semistructurée. B. Gravier

TNS Behaviour Change. Accompagner les changements de comportement TNS 2014 TNS

Doit on et peut on utiliser un placebo dans la prise en charge de la douleur?

RISQUE SPORTIF, RESPONSABILITES ET ASSURANCE. Montpellier - 13 novembre 2012

LES PROFESSIONNELS DE LA SANTE

PROFIL DE POSTE DU CONDUCTEUR AMBULANCIER SMUR :

Brochure technique. Garde-corps. bpa Bureau de prévention des accidents

Transcription:

Gestion des risques

Le risque Le risque fait partie de toute activite humaine, a fortiori dans un domaine complexe et en constante e volution comme celui de la sante : Vie privé Vie collective: Scolaire Professionnelle Loisirs Institution

Quelques définitions La vulne rabilite : incapacite a prote ger ses propres inte re ts entrai nant une menace sur l autonomie, la dignite, l inte grite physique et/ou psychique (OMS) Le risque : contingence inde sirable, appre hende e, pluto t anodine (diffe rence avec danger) et statistiquement peu probable La perception du risque : phe nome ne subjectif, voire irrationnel, de perception d une situation donne e dans un environnement donne

Le risque en santé Pour faire face a la maladie, les professionnels de sante mettent en œuvre diffe rentes actions (pre ventives, diagnostiques, the rapeutiques) et diffe rentes organisations, souvent innovantes, dont l objectif est d apporter un be ne fice aux patients. Cependant ces actions et ces organisations peuvent avoir des conse quences ne gatives, appele es e ve nements inde sirables, expressions possibles de risques insuffisamment maitrise s.

Évènement indésirable Un e ve nement inde sirable est un e ve nement de favorable survenant chez un patient ou dans le processus de soin, quelles qu en soient la gravite ou la nature, conse cutif aux strate gies et actes de pre vention, de diagnostic, de traitement, de soins, ou de re habilitation. Il s agit d un e ve nement qui s e carte des re sultats escompte s ou des attentes du soin et qui n est pas lie a l e volution naturelle de la maladie.

Évènement indésirable Un e ve nement inde sirable peut e tre grave (EIG) comme un de ce s inattendu, une complication grave mettant en jeu le pronostic vital ou la perte permanente d une fonction qui ne re sulte pas de l e volution naturelle de la maladie. Il peut aussi e tre sans conse quence s il est de tecte et re cupe re a temps. On parle alors de «near-miss» ou d e ve nement porteur de risque (EPR) (au Que bec on parle d «e chappe e belle») dont l analyse est aussi riche d enseignements qu un EIG.

Importance des évènements indésirables De nombreuses publications rappellent l importance des risques associe s a la prise en charge des patients et le fait qu ils ne sont pas aujourd hui correctement maitrise s. Le premier rapport e tablissant ce fait date de 1999 et de montrait que les de ce s dus aux e ve nements inde sirables e taient plus fre quents que les morts par accidents de la route aux USA. En France, l enque te sur les e ve nements inde sirables graves associe s aux soins (ENEIS) en 2009 montre que : La fre quence des e ve nements inde sirables graves (EIG) survenus pendant l hospitalisation est de 6,2 EIG pour 1000 jours d hospitalisation Soit environ un EIG tous les cinq jours dans un service de 30 lits.

On appelle se curite des patients l e tat dans lequel le risque d e ve nement inde sirable est re duit au minimum.

Causes syste miques ou latentes Les travaux consacre s a la gestion du risque ont montre que les accidents survenus dans les milieux industriels complexes (par exemple les catastrophes de Fukushima ou de Bhopal) ne re sultent jamais des seules erreurs humaines mais de l imbrication en chaine de nombreuses causes ou facteurs favorisants. On comprend ainsi que: la mauvaise organisation du travail, l ambition excessive du rendement, un personnel mal forme ou en nombre insuffisant, des coordinations mal pense es, une gouvernance locale instable et peu pre sente, sont la source principale des catastrophes observe es, bien avant les questions de manque de compe tences techniques de chaque acteur implique.

Quelles sont les causes ne cessaires pour que cet e ve nement inde sirable, ou cette de faillance se produise?

La gestion de la sécurité dans le secteur aéronautique Human error : models and management, James Reason, BMJ, 2000

Le problème des «erreurs humaines» peut être considéré de 2 manières Approche individuelle Approche collective Chaque approche : - a son propre modèle pour expliquer l origine des erreurs, - aboutit à des philosophies de gestion des erreurs différentes.

Approche individuelle Approche collective Vision Les actes dangereux sont liés à des erreurs de procédures commises par les individus : - oublis, - inattention, - manque de motivation, - négligences, - imprudences => responsabilité de l individu Vision L individu est faillible, les erreurs sont inévitables, même dans les meilleures organisations. Les erreurs sont des conséquences et non des causes. Les accidents ne sont pas dus à la «perversité» humaine => imperfections du système en amont

Approche individuelle Approche collective Objectif Réduire les variabilités comportementales indésirables Méthode Campagnes sur «le sens du devoir», réécriture des procédures voire introduction de nouvelles procédures, mesures disciplinaires, gestion des litiges, blâmes «Traitement des erreurs comme des problèmes moraux : les mauvais évènements arrivent aux mauvais professionnels» Objectif Il est difficile de changer l individu, mais plus facile de changer les conditions dans lesquelles il travaille. Méthode Agir sur les systèmes de défense et d alerte et les conditions d exercice professionnel. «Si un accident se produit, l essentiel n est pas de savoir qui a fait une faute, mais d identifier pourquoi et comment le système de défense a failli».

Sur 1 000 000 de décollages Accident (1 vol) Technologie, Météorologie Incidents (1 000 vols) Erreur humaine, Communication Pas d incident (999 000 vols) En 2004 il y a eu 475 morts morts lie s a l aviation civile dans le monde en 2004, versus 1,2 millions de morts et 50 millions de blesse s pour les voitures

Le «SWISS CHEESE MODEL» Un accident se produit à partir du moment ou des faiblesses («trous») dans les défenses et les barrières de sécurités sont en perspective. - défenses technologiques, - sécurités liées aux acteurs eux-mêmes, - barrières correspondant aux procédures, - contrôles administratifs

Le «SWISS CHEESE MODEL» défenses technologiques, sécurités liées aux acteurs eux-mêmes, A partir du moment ou l on améliore la sécurité à 1 seul des niveaux, l accident ne se produit pas

Transposition du modèle à l univers de la gestion des risques chez les personnes âgées

CHAQUE PROFESSIONNEL : Une relation spécifique, Une connaissance particulière de la vie des malades âgés et de leurs comportements Une connaissance particulière de la structure et de ces limites Médecins spécialistes Médecin généraliste Malade âgé Prescripteurs Hôpital Chir. Dentiste Pharmacien? Infirmière Kinésithérapeute Entourage Savoir accepter les remarques des autres professionnels sur sa propre pratique

Gestion des risques Le risque lie aux soins La gestion des risques est une obligation pour les e tablissements de sante (loi HPST, de cret 12 nov 2010) EIAS = effet inde sirable associe aux soins Tout incident pre judiciable a un patient hospitalise, survenu lors de la re alisation d un acte de pre vention, d investigation ou de traitement

Plusieurs facteurs intriqués

Trois facteurs intriqués Le patient: -Personnalité -Pathologie chronique -Pathologie aigue La pathologie : -Se ve rite de l affection -Type d affection -Comportements Environnement: -locaux, procédures, professionnels, -Identification et gestion des risques, Événement indésirables

Risque lié à la maladie Les troubles du comportement : agitation,+/- anxie te, +/- de ambulation +/- intrusions violence physique : he te ro-agressivite sur les autres malades, les soignants et auto-agressivite (avec contagion de la violence) fugues avec risques d accident, de chute, de de shydratation cris-agitation des autres malades attouchements, abus sexuel... Anosognosie Troubles cognitifs Les complications lie es a la maladie : chutes, troubles de la de glutition, constipation...

Risque lie à l environnement Attitudes inadapte es des soignants, parfois inductrices d angoisse, d agressivite... ou attitudes manquant de cohe rence Prise de risque des soignants : Ex : soins ne cessitant la pre sence de 2 soignants Formation insuffisante des soignants Effectifs insuffisants = surveillance insuffisante Environnement non adapte : se curite insuffisante des fene tres, salle de bain, mate riel de contention

Risque lié au patient Difficultés de faire la part entre des troubles lie s a la maladie et lie s a l individu. Prise de risque du sujet Comorbidite (Anticoagulant, ) Vulnérabilité

Conflit éthique: Balance bénéfice/risque

Fil directeur éthique De marche e thique inte gre e dans la de marche soignante : Se poser des questions sur les risques Analyser la situation en e quipe De terminer ensemble une ou des solution(s) et tracer les de cisions Rester cohe rent au niveau de l e quipe Evaluer les effets Rectifier si ne cessaire Toutes les situations ne sont pas ame liorables

Conclusion Notre socie te accepte mal le risque Il faut se pre munir du fantasme de pouvoir tout mai triser La complexite des situations et la modestie de nos possibilite s nous invitent a la vigilance mais aussi a l humilite Elle nous confronte a nos limites soignantes

Approche sche matique des grandes cate gories de risques en e tablissement de sante

Pre vention des risques Enjeu : prote ger les malades et les soignants en re duisant les risques par une de marche collective: Protection des malades Protection des soignants Protection des familles

Pourquoi combiner une approche a priori et une approche a posteriori? La se curite ne peut pas e tre garantie en analysant uniquement le passe (approche a posteriori). Il est e galement important d identifier des risques potentiels (approche a priori) afin de les maitriser. C est pour cela que l on combine les deux approches : une approche dite a priori (ou proactive), qui permet d anticiper au maximum la survenue d e ve nements inde sirables e ventuels, en se demandant ce qui pourrait mal se passer. et une approche dite a posteriori (ou re active), qui, en pre sence d e ve nements inde sirables qui sont survenus, permet de s interroger sur ce qu il s est passe.

On appelle se curite des patients l e tat dans lequel le risque d e ve nement inde sirable est re duit au minimum.