Rapport d activités ÉduTablettes-86



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CENTRE NATIONAL DE DOCUMENTATION PÉDAGOGIQUE PROJET ÉDUTABLETTES Rapport d activités ÉduTablettes-86 Bilan annuel de l expérimentation SEPTEMBRE 2013

Responsable du projet : Jean-Michel Perron, directeur DRDUNE CNDP Auteurs du rapport : Roxane Saint-Bauzel et Jean-Michel Perron Suivi éditorial : Sophie Roué Direction artistique : Samuel Baluret Création graphique et mise en page : Isabelle Guicheteau Remerciements : école Marcel-Pagnol de Thuré, école Tony-Lainé de Poitiers, collège Maurice-Bedel de Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, collège Pierre-de-Ronsard de Poitiers, université de Poitiers, mairie de Poitiers et conseil général de la Vienne. Impression : CNDP CNDP, janvier 2014

ommaire 05 Présentation du rapport 06 INTRODUCTION La démarche projet 06 Le contexte 06 La définition du projet dans le cadre d un living lab 07 Le développement de l innovation ascendante 07 Un nouvel objet technologique, la tablette tactile 08 Un projet répondant aux priorités du Socle commun et des parcours personnalisés 08 Objectifs du projet 10 09 Partenariats et missions dans le cadre d EduTablettes-86 BILAN TECHNIQUE Équipement et déploiement de tablettes tactiles et contenus pédagogiques 10 Choix des équipements 10 Caractéristiques techniques des tablettes 11 Matériels complémentaires 12 Conclusion 12 Les contraintes techniques et matérielles 12 Connexions internet et bornes WIFI 14 Stockage des tablettes 14 Configuration des tablettes 15 Matériel supplémentaire 15 La question de la sécurité 15 Assurances 16 Sécurité dans et en dehors des établissements scolaires 16 Bilan autour du déploiement d applications 19 17 Solution Mobile Device Management (MDM) 17 Solution du Programme VPP éducation («Volume Purchase Program») 18 Accompagnement du déploiement BILAN PÉDAGOGIQUE Exemples d usages de tablettes tactiles à des fins pédagogiques, avantages et difficultés rencontrées 19 Retours sur les exerciseurs fournis par le CNDP 19 Deux partenariats en cours 20 Les applications itooch 21 Les applications myblee 21 Exemple d une étude intégrant l usage d un module de mathématiques de l application myblee 23 Exemples d usages pédagogiques des tablettes tactiles en classe 23 Lire et annoter du texte facilement. Exemple de travaux réalisés en français à l école Marcel-Pagnol 24 Les tablettes hors de la classe. Exemples d utilisations pendant des sorties scolaires 25 Utilisations multiples de la tablette en biologie : création de tutoriels vidéo d aide pour les élèves, réalisations de croquis et de synthèses illustrées 25 Remplacer le cahier par la tablette. Essai de passage au tout numérique en technologie 26 Exemples d utilisation de la tablette en arts visuels et en musique 26 Quelques autres applications utilisées cette année par les enseignants

ommaire 27 Organisations développées autour de l outil, avantages et difficultés 30 27 Le partage de documents, un inconvénient majeur 28 L organisation dans et hors la classe 29 Aspects cognitifs et motivationnels des usages de la tablette CONCLUSION Perspectives pour la reconduction du projet 30 Nouveaux partenariats 30 Organisation du comité des usagers 31 Problèmes techniques 31 Nouvelles formes d expérimentations? annexes 34 ANNEXE 1 Cahier des charges 37 ANNEXE 2 Guide sur la sécurité à l usage des parents et des élèves 45 ANNEXE 3 Liste des applications proposées 46 ANNEXE 4 Document de synthèse du test VPP 50 ANNEXE 5 Document d accompagnement aux applications itooch

Présentation du rapport Le présent rapport est le résultat d une année de travail concerté entre les partenaires du projet EduTablettes-86. Ce projet porte sur l utilisation de tablettes tactiles dans trois classes de CM2 et deux classes de sixième, réparties dans quatre établissements du département de la Vienne (deux écoles primaires et deux collèges ont participé au projet). Ce document présente le cadre des premières utilisations de tablettes tactiles implantées dans les établissements concernés, depuis l achat de matériel jusqu à son utilisation effective en classe. Afin d être comparable à d autres documents de ce type, il suit une présentation classique du projet en identifiant les principales conditions ayant permis la mise en œuvre, les changements dans le mode de travail des élèves et des enseignants lorsqu ils se sont manifestés, et fait état d un ensemble de contraintes posées soit par les environnements techniques, soit par les considérations de contexte 1. Plusieurs exemples d usages en classe sont proposés dans la partie «Bilan pédagogique». 05 Ce document n a pas vocation à traiter une problématique scientifique, mais à relater ce qu il s est passé pendant toute la durée du projet. Il est basé sur l ensemble des comptes rendus des comités des usagers, des retours d usages par questionnaires, des entretiens téléphoniques, ainsi que sur l enregistrement audio de la journée-bilan du projet. Notre principal objectif n a pas été d imposer aux usagers une méthodologie empirique qui aurait pu restreindre leur propension à s exprimer et à adopter une posture d explorateur, mais plutôt de favoriser une innovation ascendante et un partage d expérience qui en sont d autant plus riches. Par ce document, nous souhaitons partager la première année d expérimentation EduTablettes-86 avec les lecteurs. 1. Villemonteix F. et Khaneboubi M., Utilisation de tablettes numériques (ipads) dans les établissements primaires et secondaires de l académie de Créteil. Rapport final. Laboratoire École, Mutations et Apprentissages (EMA EA 4507), Université de Cergy- Pontoise, 2012.

INTRODUCTION La démarche projet Le contexte 06 En 2012, le CNDP a proposé à la Cité des savoirs, groupement d intérêt public des grands établissements publics (Cned, Ésen, Cnam, université de Poitiers, CNDP) du technopôle du Futuroscope et des collectivités territoriales (CG86-Grand Poitiers), le projet EduTablettes-86. Plusieurs rencontres entre les partenaires intéressés par ce projet ont eu lieu à partir de janvier 2012 et ont permis de décider ceux qui souhaitaient s engager, de préparer un premier cahier des charges du projet (cf. annexe 1, p. 34), d intégrer les services déconcentrés de l Éducation nationale et d identifier des établissements scolaires et des enseignants volontaires pour participer à cette expérimentation. Le projet a été lancé officiellement au CNDP en présence de tous les partenaires engagés, et en particulier les enseignants des établissements, le 30 mai 2012. Depuis ce lancement, les partenaires engagés se sont réunis à sept reprises durant l année scolaire. Il est à noter que le groupement d intérêt public, la Cité des savoirs, a stoppé ses activités en avril 2013. Le CNDP a repris les activités de prise en charge, d organisation et de suivi du projet et poursuivra l animation du projet en 2013-2014. La définition du projet dans le cadre d un living lab La Cité des savoirs avait créé un living lab, laboratoire de réflexion et d expérimentation qui intègre l usager dans le processus d innovation : WOLF (Way Of Learning for the Future). Un élément important du concept de living lab est l idée de sortir les processus d innovation des laboratoires de recherche et de mettre en œuvre des méthodes moins classiques que les prototypages ou les maquettages conçus et réalisés par des ingénieurs. C est dans cette dynamique que s est inscrit le projet EduTablettes-86. Le concept novateur consiste donc à réunir l ensemble des acteurs concernés par l usage éducatif des tablettes dans le cadre des temps scolaires, périscolaires et familiaux (enseignants, parents d élèves, services académiques et départementaux de l Éducation nationale, services des collectivités territoriales, universitaires, etc.). Au sein d un comité des usagers, ils tentent d identifier ensemble les problématiques de chacun et trouver les conditions d un déploiement optimal des tablettes numériques. La première des expérimentations de ce projet est donc bien de mettre en place une organisation alternative au traditionnel comité de pilotage qui se base plus sur une innovation descendante. Il s agit de réunir tous les acteurs autour du même projet, d organiser le débat sur les différentes problématiques qui apparaissent au fil de la vie du projet. En effet, tout projet est ponctué de problèmes techniques, organisationnels, relationnels, hiérarchiques, juridiques et financiers. Les compétences de chaque partenaire sont connues et souvent liées à leur statut et fonction. Les enseignants ont à leur charge les aspects pédagogiques, en cela soutenus par les services déconcen-

trés (rectorat, direction académique) ; les collectivités gèrent les achats, les déploiements techniques, la maintenance des matériels, etc. Dans les organisations plus classiques, chaque partenaire est cantonné dans quelques actions seulement et a tendance à relever les difficultés rencontrées par l autre. Il y a peu d interactions et chaque partenaire n a qu une vision partielle du déroulé du projet. Les connaissances construites autour de l expérimentation sont le fait d observateurs éclairés (services déconcentrés, chercheurs) et apparaissent sous forme de rapport de recherche ou d évaluation (d inspection). Les professeurs ont, dans ce cas, surtout un rôle opérationnel réduit à leur pratique d enseignant, et plusieurs facteurs de l innovation (risques, imprévus, essais-erreurs, hypothèse à valider ou à infirmer, etc.) sont peu pris en compte, peu formalisés et, lorsqu ils apparaissent, il est souvent trop tard pour y remédier. Avec la création du comité des usagers et l organisation de ce projet, l attendu est l apparition de stratégies où chacun s implique plus, est plus actif et participe à la définition, au suivi et à l évaluation du projet. De plus, une base de connaissances commune aux différents acteurs se construit et permet d engager la réflexion prospective sur les évolutions souhaitées dans l éducation à l ère du numérique au plus près des usagers eux-mêmes. LE DÉVELOPPEMENT DE L INNOVATION ASCENDANTE L observation du développement des technologies de l information et de la communication met en évidence que les usagers de ces technologies sont de plus en plus acteurs de l innovation. En effet, de nombreuses innovations sont apparues, voire ont été créées, par les usagers eux-mêmes pour répondre à leurs propres besoins. C est ce que l on appelle des innovations «ascendantes», qui proviennent d une coopération entre usagers devenant alors concepteurs. Elles ne sont pas nées de laboratoires de recherche ou d industries mais de l usage par la coopération, souvent bénévole, à l intérieur de réseaux d usagers. Ce processus d innovation se distingue du schéma classique allant des concepteurs vers les usagers. On parle ainsi d «innovations ascendantes», d «innovations par l usage», ou encore d «innovations horizontales» 2. Dans cette perspective, l usager participe de manière essentielle, de façon directe ou indirecte d ailleurs, à l innovation. À la différence de l utilisateur, l usager n obéit pas à une utilisation unique et attendue par les concepteurs 3. On différenciera donc la terminologie d «utilisateur», qui renvoie à une dimension fonctionnelle des outils dont l utilisation est prévue par les ingénieurs, de la terminologie d «usager», qui, avec la généralisation des innovations ascendantes, fait plus que de remanier ou de détourner des usages prescrits en fonction de ses besoins et devient potentiellement un «usager-innovateur». Suivant cette dynamique, il s agira dans le projet EduTablettes-86 de favoriser l innovation ascendante dans les domaines des déploiements technologiques d outils innovants, de la cocréation de ressources pédagogiques et de la réflexion sur la pédagogie qui visent une individualisation des savoirs. L innovation ascendante, même si elle ne met pas au même niveau les compétences apportées par chaque partenaire, vise à favoriser le partage et la collaboration. 07 UN NOUVEL OBJET TECHNOLOGIQUE, LA TABLETTE TACTILE En 2010, le lancement de l ipad a marqué l arrivée sur le marché des premières véritables tablettes tactiles grand public pouvant être utilisées dans un cadre éducatif. Depuis cette date, 2. Dauphin F., «Les enjeux de l innovation ascendante dans les TIC», 17 e Congrès de la Société française des sciences de l information et de la communication, Dijon, 2010. 3. Certeau M. de, L Invention du quotidien, t. 1 : Arts de faire, Paris, UGE, 1980 ; Jouët J., «Retour critique sur la sociologie des usages», Réseaux, n 100, 2000, p. 489-521.

près de cent autres modèles de tablettes tactiles avec des caractéristiques comparables sont arrivés sur le marché ou ont été annoncés. Les ventes des tablettes tactiles, objet technologique mobile, progressent rapidement dans tous les secteurs d activités. De nombreuses expérimentations sont déjà en cours dans le domaine éducatif 4. Au vu de son succès et des particularités de ses fonctionnalités, cet objet, couplé à des services d accès à Internet et à des applications dites «mobiles», semble constituer une technologie de rupture aussi dans le domaine éducatif. À ce titre, il convient d en mesurer l impact dans le cadre scolaire, dans le temps des apprentissages en classe comme hors les murs de l établissement, dans les temps formels (cours, accompagnement scolaire) mais aussi plus informels et plus personnels de l élève. Grâce à la mobilité des tablettes, les ressources pédagogiques sont disponibles pour l élève à l école ou au collège, au centre social ou à la garderie, chez les amis et à son domicile Il s agit donc d évaluer les potentialités de ce nouveau couple outil/ressources, qui paraît prometteur, pour favoriser les apprentissages. UN PROJET RÉPONDANT AUX PRIORITÉS DU SOCLE COMMUN ET DES PARCOURS PERSONNALISÉS 08 Le ministère de l Éducation nationale a engagé ses personnels dans la mise en œuvre de l école du Socle commun. Dans ce cadre, la circulaire de rentrée de l année scolaire 2012-2013 précise certaines actions. Au collège, la personnalisation des parcours se poursuit dans la liaison école-collège, en favorisant la continuité des apprentissages et le travail en commun des professeurs. Le bilan établi en élémentaire, à travers notamment les évaluations nationales de CM2, permet de mettre en place, dès l entrée au collège, les moyens les mieux adaptés pour aider les élèves (PPRE passerelle, accompagnement personnalisé, etc.). Personnaliser au collège, c est ouvrir la voie à un collège des intelligences multiples qui propose différents parcours, mais aussi différentes approches pédagogiques, pour mener tous les élèves à la réussite. Objectifs du projet L intégration des technologies est traditionnellement plus lente dans l éducation que pour le grand public. Si l on ne veut pas que la transition vers les tablettes tactiles laisse de côté des enseignants ou des élèves, elle doit être établie de façon accessible à tous, par exemple en proposant, dans un premier temps, des ressources simples avec des applications de type «exerciseurs», ressources pédagogiques les plus utilisées actuellement sur ordinateurs, à la fois dans les classes, dans l accompagnement à la scolarité ou même à domicile. Enfin, ce nouveau support personnel qu est la tablette tactile amène à s interroger sur les frontières entre apprentissage scolaire en classe et travail personnel à la maison, d autant qu il permet non seulement un usage individuel mais également en groupe, et surtout des interactions intéressantes à fort potentiel liées à l intégration des différents réseaux de l élève. Ainsi, le projet EduTablettes-86 est défini autour de cinq objectifs principaux, partiellement atteints après un an de vie du projet. 1 Expérimenter et appréhender les spécificités et les contraintes techniques, organisationnelles, politiques et stratégiques du déploiement de nouveaux objets et services technologiques sur un territoire (tablettes tactiles et exerciseurs). Pour ce faire, des observations et analyses des conditions de déploiement dans les différents établissements ont été menées. Les données recueillies ont permis l identification des facteurs de réussite ainsi que des freins rencontrés. 4. Pour une synthèse sur les tablettes tactiles dans l enseignement, on se reportera au dossier documentaire publié en mars 2011 par la Dgesco du ministère de l Éducation nationale, qui propose un panorama complet sur le sujet : eduscol.education.fr/numerique/ dossier/apprendre/tablette-tactile.

2 Évaluer les exerciseurs et leurs usages dans le cadre des objectifs d apprentissage du CM2 et de la 6 e, pour entrer dans une dynamique de coamélioration des produits mis à disposition. Une coanalyse des ressources a été proposée lors des comités des usagers notamment. Le recueil des avis des utilisateurs, leurs retours d usages sur l acceptabilité de ces ressources et leurs propositions d améliorations ont permis une première évaluation des exerciseurs proposés dans le cadre du projet EduTablettes-86. 3 Mieux connaître l activité des professeurs et leur appropriation des différents outils, analyser avec eux les situations rencontrées. La coanalyse de l activité des enseignants et de leurs usages des ressources proposées a permis d obtenir, à la suite des différents comités des usagers, un point de vue sur l ensemble du système. 4 Mieux connaître l activité des élèves hors et dans la classe dans les moments formels d apprentissage scolaire mais aussi dans les moments informels d accompagnement scolaire ou familial. Un premier recueil de données, réalisé à la fin de l année scolaire 2012-2013 par l université de Poitiers, a permis une analyse de l activité des élèves dans les temps de l apprentissage scolaire (observations/entretiens en classe). 5 Identifier les conditions de réussite, apprécier les apports, les difficultés et les limites de ces nouveaux objets : quelles fonctions? Pour quels usages? Le dispositif technologique gagnera à être interrogé d un point de vue plus large pour répondre à cet objectif. PARTENARIATS ET MISSIONS DANS LE CADRE D EDUTABLETTES-86 Établissements partenaires. Au cours du premier semestre 2012, environ cent dix élèves répartis dans trois classes de CM2 et deux classes de 6 e du département de la Vienne ont reçu des tablettes numériques. Les établissements volontaires avaient été choisis sur une condition liée au projet : constituer des binômes composés d une école primaire et d un collège du même secteur. Ce sont les les écoles élémentaires Tony-Lainé (Poitiers, deux classes de CM2) et Marcel-Pagnol (Thuré, une classe de CM2), ainsi que les collèges Pierrede-Ronsard (Poitiers, une classe de 6 e ) et Maurice-Bedel (Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, une classe de 6 e ) qui ont accepté de participer au projet. Durant l année scolaire 2012-2013, vingt-cinq enseignants de ces établissements, intervenant dans ces classes, ont pris part au comité des usagers. 09 Réunions du comité des usagers. Sept réunions du comité des usagers ont eu lieu pendant l année 2012-2013, dont une journée de formation dispensée par un enseignant et un ingénieur commandités par Apple (octobre 2012), et une journée-bilan de l année scolaire (juillet 2013). Ces réunions ont permis de rassembler l ensemble des acteurs du projet : enseignants du premier et second degré, dont les chefs d établissements et directeurs d école, inspecteurs de l Éducation nationale, conseillers pédagogiques départementaux Tice, animateurs informatiques, conseiller Tice du recteur, directeur des systèmes d information de l académie de Poitiers, personnels de la mission académique aux Tice, personnels du centre régional de documentation pédagogique, maire et conseillers généraux, chefs de projet, enseignantschercheurs, parents d élèves, etc. Pendant des séances de deux heures environ, chacun a pu faire part de ses avancées dans le projet, partager ses découvertes et les difficultés rencontrées, échanger autour de pratiques pédagogiques, de choix d applications, exprimer les doutes et les craintes relatifs aux usages du nouvel outil qu était la tablette. Au fil des mois, le projet a permis à soixante-sept personnes de statuts et niveaux hiérarchiques variés des différentes institutions représentées, d échanger, de réfléchir ensemble, de construire des solutions communes.

BILAN TECHNIQUE Équipement et déploiement de tablettes tactiles et contenus pédagogiques Choix des équipements CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES DES TABLETTES 10 La tablette tactile choisie par le comité des usagers est de marque Apple, modèle ipad 2, avec une capacité de stockage de 16 Go (H = 241,2 mm x L = 185,7 mm x P = 8,8 mm). Son poids est de 601 grammes. Ces premières caractéristiques permettent aux usagers d avoir une mobilité très large. Les élèves ont par exemple pu emporter facilement leurs tablettes en sorties scolaires. L écran fait 9,7 pouces (diagonale) avec une résolution de 1 024 x 768 pixels à 132 pixels par pouce, et possède un système de rétroéclairage par led. Ainsi, le contraste et la lisibilité de l écran sont optimums afin d utiliser la tablette en extérieur dans de bonnes conditions. L autonomie de la batterie proposée avec cette tablette permet un usage en continu dans la classe et à la maison durant une journée de 8 à 10 heures. Aucun problème d autonomie n a été rapporté pendant l année d expérimentation. La tablette dispose d une fonction d allumage et d extinction simple et rapide, et sort rapidement de la veille. Cette facilité d utilisation, qui favorise un travail le plus immédiat qui soit, a beaucoup satisfait les enseignants et les élèves, et a souvent été citée comme un des points pour lesquels l outil tablette est plus efficace en classe qu un ordinateur. On trouve dans les composants natifs un haut-parleur intégré de bonne qualité, ainsi qu un micro et des caméras, pour filmer ou photographier. Ces fonctions ont souvent été utilisées au cours de l année d expérimentation, principalement le haut-parleur pour écouter individuellement (avec des casques) des consignes ; et le micro et les caméras pour enregistrer des séquences pédagogiques, des sorties scolaires, etc. La simplicité de ces fonctions a motivé les enseignants à les utiliser, et fait également partie des arguments qu ils émettent en faveur d une tablette tactile plutôt que d un ordinateur. La tablette permet la consultation des différents formats bureautique (.doc et.docx Microsoft Word ;.key Keynote ;.numbers Numbers ;.pages Pages ;.pdf Aperçu et Adobe Acrobat ;.ppt et.pptx Microsoft PowerPoint ;.txt texte ;.rtf texte enrichi ;.vcf coordonnées ;.xls et.xlsx Microsoft Excel), mais aussi de formats web (.htm et.html pages

web) et multimédia (.jpg,.tiff,.gif images). Ces possibilités ont largement été utilisées par les enseignants durant l expérimentation. Ils rapportent cependant quelques freins quant aux possibilités de modifications de ces documents. Par exemple, un fichier créé grâce à l application payante Keynote, achetée par le collège de Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, a pu seulement être lu par la classe de CM2. Les élèves de primaire n ont en effet pas pu ouvrir le fichier et travailler dessus comme initialement prévu, car ils n avaient pas accès à l application Keynote. Certaines applications, au-delà de problèmes de compatibilité, permettent l enregistrement des productions sous forme d image, en.jpg par exemple (comme le fait l application Educreator). Or, une fois un document produit et enregistré, il n est donc plus modifiable : il faut recommencer la création du document dès le départ si l on veut y effectuer des modifications. Les enseignants ont également relevé un problème de visualisation de contenus ne pouvant pas être lus au format flash (problème de compatibilité Apple). La tablette embarque les applications généralistes suivantes : un navigateur et un logiciel de messagerie (applications Safari, Mail, Messages) ; un outil de capture et de prise de photo et de vidéo (applications Photos, Photo Booth, Appareil photo, Vidéos) ; une application de géolocalisation (application Plans) ; un outil d annotation (application Notes) ; un outil de stockage et de consultation des différentes bibliothèques de médias sons, vidéos, livres (applications itunes, Musique, Kiosque) ; un agenda (applications Calendrier et Rappels) ; et enfin un répertoire (application Contacts). Comme décrit ci-après (voir le bilan pédagogique p. 19), ce sont les quatre premiers types d application qui ont essentiellement été utilisés pendant l expérimentation. Très rapidement, l ensemble de ces applications n a plus suffi aux enseignants qui en ont demandé d autres plus centrées sur les apprentissages scolaires, par exemple disciplinaires, ou utilisées par d autres enseignants à des fins pédagogiques. Un des collèges a fait le choix d acheter sur ses crédits la suite bureautique Apple pour tablette tactile (8,99 euros par application sur l Apple Store, consulté le 5 septembre 2013). 11 MATÉRIELS COMPLÉMENTAIRES Il avait été décidé en comité des usagers que la protection livrée avec la tablette devrait être suffisamment résistante et protectrice contre les chutes au sol ou contre les chutes d objets. Elle pourrait également servir, le cas échéant, de support d inclinaison de la tablette pour faciliter la lecture de livres ou écrits numériques, ainsi que la prise de notes. L ensemble des partenaires ayant financé les achats de matériels complémentaires ont respecté ces engagements, les deux collectivités ayant acheté la même couverture. Néanmoins, il avait également été préconisé que la protection livrée devait couvrir à la fois la coque et l écran (étui de protection). Or les tablettes prêtées par le CNDP à l école primaire de Thuré ne sont équipées que de couverture de protection de l écran («smart cover» ne protégeant pas la coque de la tablette). D après l enseignante, cette nuance n a pas posé de problème d usage. Cette dernière a malgré tout fait part au comité de son inquiétude quant à l état de la coque de la tablette sur le long terme. Des casques audio accompagnant les tablettes ont permis de favoriser les activités multimédias individuelles des élèves en autonomie. Ils ont principalement été utilisés pour l utilisation des applications donnant des consignes et indications de façon verbale, ainsi que pour prendre connaissance de tutoriels filmés réalisés par les enseignants. L ensemble des enseignants ont également remarqué que l utilisation des casques permet aux élèves de se concentrer davantage sur leurs tâches et de rester focalisés sur leur travail. Lors des premiers achats, les tablettes des enseignants n ont pas toutes été accompagnées d un câble qui permette leur connexion à un vidéoprojecteur ou à un écran d ordinateur via un port VGA. C est pourquoi le partage d éléments produits avec les tablettes a longtemps été un frein à leur utilisation au sein du projet pour certains enseignants. Il est apparu au cours de l année d expérimentation que le moyen le plus simple de diffuser le contenu de

ces tablettes à l ensemble de la classe était un périphérique spécifique : l Apple TV. Cet appareil permet la communication sans fil entre n importe quelle tablette à proximité et sur un système de visualisation collective (téléviseur, tableau blanc interactif, écran LCD ). Il communique par WIFI, permettant ainsi de diffuser le contenu vidéo et audio présent sur une tablette sur l écran. Il devient alors très simple de connecter une tablette à un écran sans utiliser de vidéoprojecteur. Les collèges ont reçu dix Apple TV chacun pour équiper l ensemble des salles de classe occupées par les élèves de 6 e concernés par l expérimentation. Des problèmes liés aux connectiques (HDMI nécessaire pour brancher les Apple TV) restent cependant à régler. Chaque école primaire dispose également d une Apple TV. L ensemble des enseignants ayant testé l utilisation de cet appareil est unanime sur son utilité, voire sa nécessité au sein d une classe équipée en tablettes tactiles. Nombre d entre eux n imaginent plus travailler sur tablettes sans cet outil. CONCLUSION 12 Au moment où ce choix matériel a été conduit sur proposition du comité des usagers, dans le courant du deuxième trimestre 2012, près de deux tiers des tablettes vendues dans le monde étaient des ipad, la domination d Apple sur le marché s étant consolidée chaque année depuis les débuts des tablettes tactiles. Selon IDC 5, la part de marché du leader a progressé pour atteindre 68,2 % en juin 2012, alors que dans le même temps, le marché global des tablettes a connu une croissance de 66 %. IDC souligne que les autres marques comme Samsung, Amazon ou Google/Asus Nexus n ont impacté le marché qu à partir du troisième trimestre 2012, lorsque les tablettes étaient déjà livrées pour le projet EduTablettes-86 dans les établissements scolaires 6. Le comité des usagers a choisi des modèles ipad avec système d exploitation IOS, en l absence d alternative lors de la préparation du projet. De plus, les autres marques, moins développées, possédaient des magasins d applications beaucoup moins étendus que celui alors proposé par Apple. En effet, le choix des éditeurs pour le développement de ressources se faisait en priorité sur le système d exploitation IOS, plus simple, plus stable et moins coûteux que les autres systèmes. Les retours des usagers que nous avons récoltés vont dans le sens d un matériel de qualité. Aucun problème de casse ou de dysfonctionnement important n a été rapporté. Seule une tablette a nécessité une courte intervention de la part d un informaticien du CNDP (mise à jour) et une autre qui ne se rechargeait pas bien a été remplacée par le service après-vente d Apple. Un grand nombre d applications ont été découvertes par les professeurs eux-mêmes, en fonction de leurs besoins et des usages qu ils envisageaient. Après avoir cherché pendant plusieurs mois des applications plutôt disciplinaires, les enseignants se sont tournés vers des applications généralistes leur permettant de construire les ressources qui leur étaient finalement nécessaires. Pour une grande partie des usages constatés, la diversité du magasin d applications (Apple Store) a donc été indispensable. Les contraintes techniques et matérielles CONNEXIONS INTERNET ET BORNES WIFI Les tablettes tactiles nécessitent une connexion, comme un téléphone portable type Smartphone, en WIFI ou en 3G (via un réseau téléphonique). Ce dernier point est essentiel lorsqu il s agit de déployer des tablettes tactiles dans des établissements scolaires. En effet, le bon 5. IDC est un acteur majeur de la recherche, du conseil et de l événementiel sur les marchés des technologies de l information, des télécommunications et des technologies grand public. IDC est une filiale de la société IDG, leader mondial du marché de l information dédiée aux technologies de l information. 6. http://www.idc.com/getdoc.jsp?containerid=prus23632512 ; http://scenari-platform.org/mobile/co/marchetablettes.html.

fonctionnement du WIFI dans l établissement et/ou les classes concernés est une condition préalable indispensable qui a été mise en évidence dès les débuts de notre expérimentation. Les établissements scolaires impliqués dans le projet disposaient déjà d arrivées ADSL qui supportent les parcs informatiques des salles informatiques. Mais les capacités de ces arrivées ne se sont pas avérées suffisantes dans les écoles primaires pour supporter en plus de cela des connexions WIFI massives. Cette constatation a concerné notamment l établissement situé à Poitiers. Deux questions se sont alors posées aux services techniques : celle de l éligibilité à un débit supérieur à celui qui équipe déjà les établissements, ainsi que celle du câblage en interne souvent de catégorie 3, nous ont signalé les techniciens et pas forcément en bon état à cause de l ancienneté des bâtiments. La première contrainte technique à résoudre a donc été l obtention d un débit internet suffisant (1 à 2 Mo selon les écoles primaires) pour qu une flotte d une trentaine de tablettes puisse fonctionner correctement au sein d un établissement. Cette première nécessité peut entraîner des travaux au sein des établissements. Cependant, après constatations, il aurait fallu un débit bien plus élevé, idéalement supérieur à 10 Mo, pour un fonctionnement optimal des tablettes. Afin d éviter tout problème de réseau dans l établissement dont elle s occupait, la mairie de Poitiers a par exemple dédié un support de ligne téléphonique spécialement pour le fonctionnement des tablettes tactiles, ce qui a pris un mois à un mois et demi de délai. Dans les collèges, le conseil général disposait déjà d un débit de 15 Mo dans chacun des établissements partenaires du projet. Le réseau n a donc pas demandé de modification de débit. De plus, le projet Amon, finalisé en juin 2013, a permis l optimisation de ce débit qui arrive maintenant directement dans les établissements sans passer par le rectorat. Une fois la question du débit internet abordée, la seconde contrainte technique a consisté à acheter et placer des bornes WIFI pouvant supporter chacune environ trente à quarante connexions simultanées. En l absence d éléments scientifiques mettant en évidence la nocivité du WIFI, il convient, en application du principe de précaution, de respecter les six recommandations de l étude Supélec, afin de limiter au maximum l exposition au rayonnement électromagnétique 7 : limiter les durées d exposition au temps nécessaire pour les usages, ne pas laisser la borne active en dehors des plages d utilisation ; maîtriser la puissance des bornes et la couverture lorsque le gestionnaire WIFI le permet ; se situer à bonne distance de la borne. L étude préconise 2,1 m entre la borne et une personne. La distance de sécurité est de 20 cm (plus la puissance rayonnée est importante, plus la «distance de sécurité» augmente) ; écarter au mieux les postes de travail les uns des autres (il faut noter qu il n y a pas d effet cumulatif des rayonnements provenant des divers équipements portables pour peu que leurs distances respectives soient de l ordre de 1 m ou plus) ; positionner les points d accès en hauteur (plus haut que la tête) de façon à ne pas faire obstacle à la liaison ; éviter d approcher des objets métalliques d une antenne WIFI, ce qui peut perturber la liaison et induire localement une concentration du champ électromagnétique. 13 Ces recommandations ont été respectées au mieux dans les établissements de l expérimentation, où les bornes ont été placées toujours en hauteur, à bonne distance des usagers. Concernant les écoles primaires, deux bornes ont été installées dans l établissement primaire Tony-Lainé de Poitiers et une dans l école primaire Marcel-Pagnol de Thuré (marque Netgear, modèle N150, capacité 1 Mo, type ON/OFF). Ces installations correspondent aux salles de classe des CM2. Ces bornes WIFI ont toutes été paramétrées en filtrant les connexions par adresse WAP, puis testées. Une sécurisation supplémentaire de la connexion internet a été assurée en effectuant les connexions via le proxy du rectorat. Plusieurs usagers, 7. Préconisations de l étude «RLAN et Champs électromagnétiques» : synthèse des études conduites par Supélec décembre 2006 : http://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/synth-etudesupelec-wifi-dec06.pdf.

des services techniques de la mairie de Poitiers, ainsi que de la mission académique aux Tice soulignent que prévoir des solutions de sécurité supplémentaires serait trop lourd et risquerait de ralentir considérablement la connexion. Concernant les collèges, trois bornes ont été installées dans chacun des établissements (marque Cisco, compter 350 euros par borne). En raison des géographies particulières des collèges, le conseil général a choisi des bornes fonctionnant en continu, placées dans les faux plafonds, afin d optimiser la couverture réseau, et non en fonction de salles spécifiques. Les connexions internet des collèges passant forcément par le proxy du rectorat, les connexions ont simplement été sécurisées sur simple identification de l adresse de la tablette par les bornes WIFI (qui ne distribuent donc pas de réseau si elles ne sont pas en mesure d identifier la tablette). Rajouter un filtre par adresse WAP aurait considérablement complexifié les connexions à Internet, et cette solution n a donc pas été rajoutée. Ces questions de sécurité n ont pas essentiellement concerné la santé des usagers, mais bien la prévention des élèves quant aux dangers d Internet ou aux contenus inappropriés que l on peut y trouver. Nous y reviendrons dans la suite de notre compte rendu. STOCKAGE DES TABLETTES 14 Une troisième contrainte technique est celle du stockage des tablettes tactiles au sein de l établissement, lorsque les élèves ne sont pas autorisés à les ramener chez eux pour des questions de sécurité. Dans notre expérimentation, seuls les élèves du village de Saint- Gervais-les-Trois-Clochers ont pu bénéficier des tablettes hors temps scolaires. Dans les autres établissements, le corps enseignant comme les parents n ont pas souhaité que les élèves sortent avec leur tablette, non seulement parce qu ils avaient peur que les enfants se les fassent voler, mais également parce que les assurances ne prennent pas en charge les trajets entre les établissements et les domiciles. Comment stocker les tablettes en toute sécurité dans les écoles et collèges? Trois des établissements concernés ont opté pour l acquisition ou la construction d armoires sécurisées disposant de systèmes de ventilation pour le stockage des tablettes tactiles. Seules quelques personnes en ont la clé. Dans les établissements primaires, les professeurs peuvent ainsi emprunter les tablettes dans la journée et les remettre en place dans l armoire, en les branchant pour que leurs batteries se rechargent, le soir après utilisation. Une des écoles, faute de moyens, a construit elle-même l armoire de sécurité. Au collège de Poitiers, les tablettes sont également stockées dans une armoire sécurisée, mais les professeurs vont souvent les chercher avec les élèves à qui la clé est confiée, et s organisent pour se transmettre les tablettes en fonction des emplois du temps de chacun. Les ramener systématiquement dans l armoire fait perdre beaucoup de temps sur une heure de cours au collège, aussi les enseignants se sont-ils débrouillés pour n avoir qu un aller-retour à faire à l armoire dans la journée, autant que faire se peut. En revanche, au collège de Saint- Gervaisles-Trois-Clochers, l option de l achat d un caisson roulant spécifique pour tablettes Apple a été adoptée. Ainsi, les enseignants transportent plus facilement les tablettes entre les cours, et ces dernières restent toujours sécurisées. Pendant les temps hors cours, le caisson est au secrétariat. Aucun problème de stockage ou de sécurité d usages liés au stockage n a été rapporté cette année. Toutefois, la solution du caisson roulant semble faciliter les usages des enseignants dans les collèges où les élèves changent régulièrement de lieux physiques. CONFIGURATION DES TABLETTES Chaque tablette achetée a été livrée «vide» de toute configuration. C est à chaque utilisateur de définir les paramètres qui seront pertinents pour l usage qu il en fera. Dans le cas du déploiement de flotte de tablettes dans les établissements scolaires du projet, des

techniciens de la mairie et de la mission Tice du rectorat mais aussi des enseignants (notamment en technologie) ont configuré une à une les tablettes reçues à différents niveaux : WIFI, accès internet, restrictions et installation d applications pédagogiques. Pour les choix des configurations, ils se sont basés sur les discussions et prises de positions du comité des usagers. Pour effectuer les configurations et le déploiement des applications, des comptes génériques itunes ont été installés sur chaque tablette. Dans un premier temps, cinq tablettes étaient configurées avec le même compte itunes, ce qui limitait le nombre de manipulations à effectuer. Mais cela s est avéré être un problème lorsque nous avons souhaité livrer des applications en grand nombre sur les tablettes des élèves. Nous savons donc maintenant qu il est important qu à chaque tablette soit associé un compte itunes et une adresse électronique. Pour exemple, l ensemble de ces opérations de configuration, pour une soixantaine de tablettes, a pris environ deux semaines de travail aux personnels de la mairie de Poitiers. Ce temps considérablement lent est imputable au fait que les configurations ont dû être effectuées au sein de l établissement possédant une connexion internet de 1 Mo seulement. Ainsi, il est très difficile de connecter en même temps plusieurs tablettes pour les mettre à jour : il faut les configurer une par une, les temps de chargement des configurations et des applications pouvant parfois prendre plusieurs dizaines de minutes. Dans les collèges où les débits internet étaient meilleurs, ce sont les enseignants porteurs de projets qui ont configuré les tablettes tactiles, après une journée de formation «installation et prise en main des tablettes» dispensée par Apple au CNDP en octobre 2012. MATÉRIEL SUPPLÉMENTAIRE Des coûts supplémentaires viennent souvent s ajouter à l achat des tablettes en ellesmêmes. Outre les dépenses techniques qui sont indispensables (débit internet suffisant, bornes WIFI, chariot de transport et/ou armoire sécurisée), viennent s ajouter des dépenses d outils annexes tels que des casques audio ou des boîtiers Apple TV (qui permettent d afficher l écran d une tablette sur un tableau blanc interactif par exemple et de projeter des contenus). Ces outils apparaissent comme indispensables aux enseignants. Certains préconisent également de réserver une part du budget de l établissement à l achat d applications pédagogiques, mais posent alors la question du devenir de cet investissement, puisque les tablettes sont la propriété de la mairie et du CNDP pour les écoles primaires du projet, et du conseil général pour les collèges. 15 Cette question, toujours en débat au sein du comité des usagers, a amené les écoles primaires, par exemple, à n acheter aucune application sur leur budget et à ne fonctionner qu avec des applications gratuites. Les collèges ont quant à eux reçu mille euros chacun, dans le cadre de la subvention du conseil général, pour acheter des ressources numériques. La question de la sécurité ASSURANCES Très rapidement, le comité des usagers a été en demande d une assurance qui accepterait de prendre en charge le matériel lorsque les élèves sont autorisés à le ramener à la maison. Voici présenté un cas parmi l offre d assurance disponible. L assurance MAE propose une option qui peut être souscrite même si un élève n est pas assuré par la MAE et pour du matériel qui est prêté par l établissement à chaque élève. Ce contrat nommé «Dommages aux biens» assure le matériel utilisé dans le cadre des études en cas de vol ou de dommages accidentels, en tous lieux et 24 heures/24 heures.

Par ailleurs, les établissements ont pris de leur côté des assurances couvrant le bris et le vol de tablettes dans les locaux. Les parents d élèves du collège de Saint-Gervais-les-Trois- Clochers ont pris des assurances personnelles garantissant les tablettes en dehors des locaux de l établissement. Dans les autres établissements, la plupart des parents ont refusé de prendre ces assurances, et donc refusé que leurs enfants ramènent les tablettes à leur domicile. La principale du collège Pierre-de-Ronsard a d ailleurs signalé que certains parents avaient pris ces assurances et d autres non. Comment alors justifier auprès de ceux qui se sont assurés que leurs enfants n aient pas le droit d emporter les tablettes chez eux? La question des assurances est loin d être réglée. L expérience de cette année conduira certainement les établissements à reconsidérer les besoins en assurances et les demandes à effectuer auprès des parents lors d une seconde année d expérimentation. SÉCURITÉ DANS ET EN DEHORS DES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES 16 Une école primaire a connu des problèmes de sécurité (tentatives d intrusion dans l établissement et de cambriolages par quatre fois). Les parents d un collège ont exprimé leurs craintes. Dans ces établissements, il a été décidé que les élèves ne pourraient pas emporter les tablettes chez eux. Ces problématiques de sécurité émanent des parents autant que du corps enseignant. Est-ce le fait qu il n y ait qu une classe de chaque établissement concerné qui soit équipée en tablettes? La peur viendrait alors du fait que des élèves d un même établissement ne sont pas tous égaux, et que certains ont ce qui est perçu comme des «privilèges» par les autres. Serait-ce différent si tout l établissement était équipé? Ce serait alors des personnes extérieures à l établissement qui pourraient convoiter les tablettes. Le comité des usagers s est interrogé sur la possibilité, par exemple, de «faire graver» les tablettes pour diminuer leur attractivité auprès des personnes extérieures aux établissements, option qui a été choisie en Corrèze. Cependant, cette solution onéreuse n a pas été retenue, car elle n apparaissait pas pertinente au comité des usagers. Pour que les tablettes soient utilisées en sécurité par les élèves, ainsi que pour informer les parents des moyens qu ils ont de participer à cette sécurité, le comité des usagers a coconstruit un document à l intention des parents et des élèves (cf. annexe 2, p. 37). Ce document, éditorialisé au CNDP, peut être modifié en fonction des contextes inhérents à chaque établissement (primaire ou secondaire, possibilité ou non laissée aux élèves d emporter les tablettes à leurs domiciles, etc.) et selon les besoins. En plus de la sécurité matérielle et physique, le document aborde le thème de la sécurité des données et des dangers d Internet. Il propose également aux parents des pistes pour filtrer les contenus ou les temps d utilisation des tablettes hors temps scolaires. Bilan autour du déploiement d applications Les enseignants ont besoin de contenus adaptés aux programmes scolaires qui leur permettent de valider les compétences attendues. Très rapidement, en plus des applications généralistes fournies d emblée sur les tablettes, les enseignants ont demandé des applications pédagogiques disciplinaires. Après une séance de présentation de différentes applications par un enseignant commandité par Apple (cf. annexe 3, p. 45) à notre demande et d échanges de listes de ressources disponibles sur Internet (comme les blogs de différents CRDP par exemple), le CNDP a proposé au comité des usagers de leur fournir pour l année scolaire 2012-2013 deux applications pédagogiques différentes, basées sur le concept d exerciseur : les applications itooch, dont une partie est réalisée en coédition avec le CNDP, et les applications myblee.

Ces dernières générant des licences d essai (génération de codes qui permettent le téléchargement gratuit de contenus), leur déploiement a été plus facile que pour les autres applications. Cependant, ces licences d essai n apparaissent pas comme une solution pérenne, car elles risquent de ne plus être acceptées dans les applications soumises à la validation d Apple. D autres solutions doivent donc être envisagées. SOLUTION MOBILE DEVICE MANAGEMENT (MDM) L usage croissant de terminaux mobiles personnels dans un cadre professionnel, et dans le cas qui nous intéresse, à l école, nécessite la mise en place de solutions dédiées pour assurer notamment la sécurité des données et le déploiement des applications. Pour ce faire, des solutions de Mobile Device Management (MDM) existent mais restent, à l heure actuelle, très onéreuses pour des établissements publics (compter 150 000 à 200 000 euros). Les trois principaux besoins gérés par les solutions MDM sont le parc matériel, le parc logiciel et la sécurité, celle-ci concernant tant le système d informations vis-à-vis du terminal (contrôle des accès, etc.) que le terminal lui-même (authentification locale par exemple). Même si ces solutions restent très attirantes, nous ne les avons pas exploitées plus avant à cause de leur coût, et à cause d un problème technique qui les a rendues difficilement opérationnelles dans notre expérimentation. En effet, la validation de disponibilité d une application à l utilisateur final repose sur un lien fléché attribué par celui qui a acheté et payé l application. Si c est un organisme tel que le CNDP qui s engage à fournir les applications, par exemple, sur des tablettes tactiles achetées par une collectivité, le processus n est plus réalisable et le système de distribution MDM n est plus utilisable. Le cas décrit ici, que nous avons vécu, rend bien compte de la complexité des situations qui peuvent être rencontrées. 17 SOLUTION DU PROGRAMME VPP ÉDUCATION («VOLUME PURCHASE PROGRAM») Après plusieurs tests réalisés avec la division des services informatiques (DSI), le CNDP a souscrit à une solution Apple qui permet l achat de plusieurs copies d une même application de façon groupée, et non plus une à une. Cette solution créée spécialement pour les établissements éducatifs s appelle le «Volume Purchase Program» (VPP éducation). Comme ces applications sont achetées à des fins pédagogiques par quantités supérieures à vingt, une réduction supplémentaire de 50 % est applicable au prix minimum que fixe notre partenaire. Après l achat des applications par le programme VPP éducation, nous recevons des codes de licences des applications achetées permettant leur téléchargement. Le nombre de codes reçus correspond au nombre de licences (applications) achetées. Ces codes se présentent sous forme de liens internet (des URL) renvoyant vers le magasin d applications (Apple Store). Chacun de ces codes (donc chaque URL) doit être envoyé sur une adresse électronique liée à une tablette et à un compte itunes spécifique. Lorsque l on clique sur ce code, une page du magasin d applications s ouvre et les identifiants et mots de passe itunes sont demandés. Après avoir renseigné ces informations, l application se charge sur la tablette. Afin de faciliter l envoi des codes achetés sur les tablettes concernées, la DSI a développé un programme permettant l automatisation de cette procédure. Nous pouvons ainsi finaliser le déploiement des applications. C est de cette façon-là que le CNDP a pu étendre les applications itooch à l ensemble des usagers de l expérimentation. Le détail d un test effectué au CNDP avec captures d écran est en annexe 4 (cf. p. 46).

ACCOMPAGNEMENT DU DÉPLOIEMENT En ce qui concerne les procédures d accompagnement mises en œuvre pour le déploiement et pour favoriser l appropriation par les enseignants des applications fournies (itooch et myblee) lors de leurs premières utilisations, le CNDP a mis au point un guide pour l usage des applications itooch, décrivant à la fois leurs différentes fonctionnalités, mais aussi leurs contenus. Ce guide, disponible en version papier ou en version numérique, est à disposition de tous les membres du comité utilisateurs (cf. annexe 5, p. 50). Ce type de document existait déjà pour les applications myblee. Le CNDP a également proposé de passer dans les établissements pour présenter les applications et leurs différentes fonctionnalités, leurs contenus, et pour former les enseignants à leur utilisation. De plus, une adresse électronique a été créée afin de répondre aux éventuels problèmes rencontrés par les utilisateurs. Pour renforcer cette assistance, un numéro de téléphone au CNDP permet de répondre de façon personnalisée aux questions des usagers. Ces services n ont cependant que peu été sollicités. 18

BILAN PÉDAGOGIQUE Exemples d usages de tablettes tactiles à des fins pédagogiques, avantages et difficultés rencontrées Les premières expérimentations menées dans les collèges français montrent d ores et déjà le fort potentiel des tablettes tactiles, l attractivité de ce support pour les élèves et sa praticité pour un usage dans une salle de classe non informatisée. Outre leur intérêt pour la recherche et la consultation de données en ligne ou sur le réseau de l établissement, les tablettes sont également un instrument qui peut être mis à profit pour mener des activités sur des contenus préprogrammés et conformes aux programmes scolaires français 8. Dans cette veine, notre expérimentation a permis d observer une richesse d usages nés de l innovation ascendante que nous présenterons ci-après. 19 L ensemble des retours d usages qui sont proposés ici sont le bilan d entretiens collectifs réalisés lors de plusieurs comités des usagers et de la journée de fin d année organisée autour du projet. Ils ne reflètent pas une réalité objective, mais bien la réalité des acteurs du projet et des usagers des tablettes, la réalité dont nous devons donc tenir compte. Ce sont les discours des usagers qui sont repris ici. Retours sur les exerciseurs fournis par le CNDP DEUX PARTENARIATS EN COURS Afin de concevoir et produire une première gamme d applications sur ipad pour le collège, le CNDP a engagé un partenariat avec une jeune société française, edupad. Ce partenariat de coédition a permis au CNDP de disposer d une masse de quinze titres interactifs, soit un titre par niveau de collège en français, anglais, mathématiques et physique-chimie pour expérimenter. Dans le cadre du projet EduTablettes, des exerciseurs en mathématiques (CM2 et 6 e ), en français (CM2 et 6 e ) et en anglais (6 e ) ont donc pu être fournis à l ensemble des acteurs du projet : les applications itooch. 8. Cf. «Tablette tactile et enseignement», janvier 2012 : http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/apprendre/tablette-tactile.

De plus, à la suite des ateliers numériques mis en place au CNDP depuis janvier 2013, un partenariat s est développé avec la société myblee Éducation. Cette société a créé myblee, une application éducative innovante pour les enfants de six à quinze ans. Cette solution inédite de contenu éducatif digital a pour vocation de permettre aux professeurs de faire découvrir aux élèves des notions de manière interactive et concrète. MyBlee est un exerciseur contenant des exercices interactifs et conformes aux programmes de l Éducation nationale. Les corrections, à la fois visuelles et auditives, sont adaptées au type d erreur commise. Un des objectifs du projet est d évaluer les applications itooch et myblee et leurs usages dans le cadre des objectifs d apprentissage du CM2 et de la 6 e (liaison école-collège), et d entrer dans une dynamique de coamélioration des produits proposés (cf. «Objectifs du projet», p. 8). De plus, le CNDP cherche à mieux connaître l activité des professeurs et leur appropriation des différents outils, coanalyser les situations rencontrées avec eux. Des actions d expérimentations ont donc été programmées dès 2013, visant à obtenir des retours d usages à propos de ces applications. LES APPLICATIONS ITOOCH 20 L ensemble des membres du comité des usagers a testé les applications itooch de niveau CM2 et collège pendant près de six mois. De manière générale, les explications et résumés de cours sont jugés un peu trop denses et trop longs. Davantage d aide pour la résolution des exercices est nécessaire selon les enseignants. Au niveau des exercices, un problème d ordre a été identifié, car la progression n est pas claire. Cela est dû au parti pris de l application de présenter les exercices de manière aléatoire. Il y a également des difficultés pour les professeurs à évaluer clairement des compétences au sein des modules d exercices. Il est en effet compliqué de cibler les compétences travaillées au sein de chaque activité, car elles sont très variées. Cela rend les exercices très difficiles à cibler pour les professeurs, qui ont, du coup, beaucoup de mal à intégrer l utilisation des applications itooch au sein de leurs séances de cours. Les élèves trouvent, quant à eux, que le mode entraînement n a pas beaucoup d intérêt et préfèrent passer directement au mode test : ils estiment en effet que les exercices sont de toute façon les mêmes. Du coup, ils font difficilement la différence entre les deux modes. En passant par le mode entraînement, ils ont l impression de tourner en rond, alors que le mode test leur permet d accéder directement aux systèmes de récompenses (médailles, etc.). Par ailleurs, les élèves trouvent les questions trop répétitives dans leurs énoncés, modes de réponses et habillages, et se lassent assez rapidement. La possibilité de choisir les thèmes et sous-thèmes dans les applications est un point positif. Les enseignants trouvent les applications globalement bien présentées, avec le côté interactif très sympathique. Ils voient un avantage à faire travailler les enfants en difficulté avec ces applications, car le fait qu ils se voient progresser et monter «dans le vert» est positif pour eux. Les élèves ont bien aimé travailler avec les applications en anglais, ils ont apprécié de voir leur progression. En raison des problèmes d évaluation des compétences travaillées dans chaque activité, les applications itooch ont peu été utilisées en cours. Elles ont plutôt servi de moteur de motivation en remédiation ou soutien pour réinvestir une petite notion à la fin des cours, si les élèves avaient fini leurs autres tâches. C est principalement en anglais au collège que les applications ont été utilisées, en fin de séance, pour la motivation des élèves. Il n y a cependant pas eu de suivi particulier de la part du professeur, qui ne peut pas observer la progression des élèves. itooch «donne l impression de gérer» contrairement aux modules de myblee devant lesquels l enfant pourrait être autonome, et qui demandent à l enseignant de «lâcher le contrôle». En lâchant prise sur la démarche d apprentissage, un enseignant indique que «ça se passe en dehors de lui-même», qu il n a plus l impression de maîtriser les apprentissages de l élève.