Méningites bactériennes. Le point sur les recommandations de 2008

Documents pareils
Syndromes méningés de l'adulte

A C T I V Méningites à pneumocoque de l Enfant en 2007

L ANGINE. A Epidémiologie :

Céphalées vues aux Urgences. Dominique VALADE Centre d Urgence des Céphalées Hôpital Lariboisière PARIS

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

Faq 1 - Mener l interrogatoire et l examen clinique d un enfant fébrile

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Don d organes et mort cérébrale. Drs JL Frances & F Hervé Praticiens hospitaliers en réanimation polyvalente Hôpital Laennec, Quimper

Mise au point sur le bon usage des aminosides administrés par voie injectable : gentamicine, tobramycine, nétilmicine, amikacine

neurogénétique Structures sensibles du crâne 11/02/10 Classification internationale des céphalées:2004

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

LA TUBERCULOSE Docteur ALAIN BERAUD

Fièvre sans foyer chez l enfant de moins de 3 mois

Guide des vaccinations Édition Direction générale de la santé Comité technique des vaccinations

Ministère du travail, de l emploi et de la santé

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

UTILISATION DES C.C.P DANS LES HEMORRAGIES SOUS AVK ET SOUS NACO : RECOMMANDATIONS DE L HAS COPACAMU 2014

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

Otite Moyenne Aiguë. Origine bactérienne dans 70 % des cas. Première infection bactérienne tous âges confondus

Item 95 Maladies sexuellement transmissibles : infections urogénitales à gonocoque et Chlamydia trachomatis (en dehors de la maladie de Nicolas-Favre)

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

Céphalées. 1- Mise au point sur la migraine 2- Quand s inquiéter face à une céphalée. APP du DENAISIS

Accidents des anticoagulants

Existe t il des effets pervers à l identification du portage de BMR?

Infiltrats pulmonaires chez l immunodéprimé. Stanislas FAGUER DESC Réanimation médicale septembre 2009

Traitement des Pseudarthroses des Os Longs par Greffe Percutanée de Moelle Osseuse Autologue Concentrée

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 3 septembre 2008

Carte de soins et d urgence

Pseudotumor cerebri. Anatomie Le cerveau et la moelle épinière baignent dans un liquide clair, appelé le liquide céphalo-rachidien (LCR).

4eme réunion régionale des référents en antibiothérapie des établissements de Haute-Normandie

Référentiel Officine

Tuberculose bovine. Situation actuelle

Les Arbres décisionnels

Traitement antibiotique probabiliste des urétrites et cervicites non compliquées

Mise en place du contrôle du bon usage des carbapénèmes: expérience d une équipe pluridisciplinaire

CONCOURS DE L INTERNAT EN PHARMACIE

Item 182 : Accidents des anticoagulants

ÉVALUATION DE LA PERSONNE ATTEINTE D HYPERTENSION ARTÉRIELLE

Migraine et Abus de Médicaments

Vivre en santé après le traitement pour un cancer pédiatrique

Laurence LEGOUT, Michel VALETTE, Henri MIGAUD, Luc DUBREUIL, Yazdan YAZDANPANAH et Eric SENNEVILLE

Le problème de la première ou nouvelle. céphalée. Il faudra avant tout :

Le diagnostic de Spondylarthrite Ankylosante? Pr Erick Legrand, Service de Rhumatologie, CHU Angers

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

Les anticoagulants. PM Garcia Sam Hamati. sofomec 2008

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

Définition de l Infectiologie

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

ANNEXE IIIB NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR

Docteur, j ai pris froid!

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

Gestion périopératoire et des évènements hémorragiques sous nouveaux anticoagulants oraux

LES CEPHALEES I- INTRODUCTION

CONVULSIONS DE L ENFANT Item 190 JP. CARRIERE

Conduite à tenir devant une morsure de chien (213b) Professeur Jacques LEBEAU Novembre 2003 (Mise à jour mars 2005)

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

Recommandations de la Société de Pneumologie de Langue Française sur la prise en charge de la tuberculose en France

Diagnostic des infections bactériennes : quelle place pour la biologie moléculaire?

LA RESPONSABILITÉ DU RADIOLOGUE Point de vue de l avocat

Classification internationale des céphalées, 2 édition (d après l Internationial Headache Society,

Rappel : le système nerveux

infections néonatales, marqueurs biologiques, CRP, PCT, IL-6 KEYWORDS Neonatal infections, biological marker, CRP, PCT, IL-6

Actualités IRM dans la SEP Thomas Tourdias 1, 2

REFERENTIEL D AUTO-EVALUATION DES PRATIQUES EN ODONTOLOGIE

CRITERES DE REMPLACEMENT

admission aux urgences

Les facteurs de croissance lignée blanche Polynucléaires neutrophiles Grastims

Prise en charge de l embolie pulmonaire

Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports. Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins

FIPROTEC, PIPETTES CONTRE PUCES ET TIQUES :

I Identification du bénéficiaire (nom, prénom, N d affiliation à l O.A.) : II Eléments à attester par un médecin spécialiste en rhumatologie :

A. Bourgeois SMIT. CHRU de Montpellier

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

URGENCES MEDICO- CHIRURGICALES. Dr Aline SANTIN S.A.U. Henri Mondor

Hémorragies cérébrales et nouveaux anticoagulants

BERTHIER E, CHRISTIANO M, PHILIPPE M O, IEHL J, TATARU N, DECAVEL P, VUILLIER F, ELISEEF A, MOULIN T. Introduction (1). Contexte de l étude

Unité d enseignement 4 : Perception/système nerveux/revêtement cutané

Bienvenue aux Soins Intensifs Pédiatriques

Observation. Merci à l équipe de pharmaciens FormUtip iatro pour ce cas

SECTION II RELATIVE AU PRÉLEVEUR

Etat des lieux du prélèvement et de la greffe d organes, de tissus et de cellules MAROC

Streptocoque B :apports des tests en fin de grossesse, nouvelles propositions.

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

Les définitions des saignements ACS/PCI

PSDP et usage des pénicillines - ESAC

Hémostase et Endocardite Surveillance des anticoagulants. Docteur Christine BOITEUX

Fièvre chez un patient immunodéprimé.

Anatomie. Le bassin inflammatoire. 3 grands cadres. 4 tableaux. Spondylarthrite ankylosante. Spondylarthrite ankylosante 26/10/13

Recommandation Pour La Pratique Clinique

«Les antibiotiques c est pas automatique», 12 ans après, quels sont les changements laissés par ce slogan percutant?

Annales du Contrôle National de Qualité des Analyses de Biologie Médicale

Traitement de l hépatite C: données récentes

Transcription:

Chapitre 63 Méningites bactériennes. Le point sur les recommandations de 2008 G. POTEL 1, 2, C. GRAS-LE GUEN 1, 2, J. CAILLON 2, E. BATARD 1, 2 La prise en charge d une suspicion de méningite bactérienne aux urgences ne doit subir aucun retard. Elle suppose de la part du praticien des connaissances cliniques, mais aussi une bonne connaissance de l interprétation des examens complémentaires, de leurs indications respectives, et une collaboration étroite avec le laboratoire de bactériologie. Parmi les 4 questions posées à la conférence de consensus de 2008, les 3 premières concernent directement la prise en charge par l urgentiste : prise en charge diagnostique initiale, antibiothérapie initiale, thérapeutique initiale en dehors de l antibiothérapie. 1. Prise en charge diagnostique initiale d un patient suspect de méningite bactérienne 1.1. Les situations diagnostiques C est chez l enfant que le diagnostic, la simple suspicion de méningite bactérienne, est le plus difficile, et tt particulièrement chez le nrrisson de moins de 3 mois. Chez ces derniers, c est devant la constatation de signes septiques et de trbles du comportement dans un contexte fébrile qu il faudra rechercher les arguments conduisant à la ponction lombaire : trbles du comportement, anomalies neurologiques, trbles hémodynamiques, purpura. Entre 3 mois et 2 ans, les signes classiques sont plus fréquents (bombement de la fontanelle, 1. Service des Urgences. CHU Nantes, Hôtel-Dieu, Place A. Ricordeau, 44000 Nantes. 2. Équipe d Accueil, EA 3826, «Thérapeutiques Cliniques et Expérimentales des Infections», Faculté de Médecine, 1, rue G. Veil 44035 Nantes. MÉNINGITES BACTÉRIENNES. LE POINT SUR LES RECOMMANDATIONS DE 2008 713

vomissements, raideur hypotonie de la nuque, trbles de conscience). Les convulsions en contexte fébrile imposent la ponction lombaire chez l enfant de moins de 9 mois. Chez l adulte, le «syndrome méningé» classique (fièvre, céphalées trbles de conscience, raideur de nuque), n est retrvé dans sa forme complète que chez 45 % des malades (donc avec une faible sensibilité), mais 95 % des malades en ont au moins 2. Un purpura n est présent que dans 26 % des cas, et les signes neurologiques focaux dans 33 % des cas. La prise en charge préhospitalière est centrée sur 2 repères essentiels : l acheminement du patient vers l hôpital constitue une urgence absolue dans les délais les plus brefs dès lors que le diagnostic est évoqué à la régulation ; l antibiothérapie préhospitalière s impose dès lors que le diagnostic de purpura fulminans est évoqué sur la constatation d au moins un élément purpurique nécrotique d un diamètre supérieur égal à 3 mm. 1.2. Les examens biologiques indispensables La ponction lombaire demeure au centre de la prise en charge initiale des méningites. Les résultats d une ponction lombaire doivent être connus dans l heure qui suit le prélèvement. Cette exigence suppose que le laboratoire de biologie soit organisé pr répondre à cette exigence. 2 à 5 ml (soit 40 à 100 gttes) chez l adulte et 2 ml chez l enfant sont nécessaires pr une analyse correcte. 1.2.1. La cytologie Un LCR normal comporte moins de 5 éléments figurés par mm 3. Une PL traumatique est ininterprétable sur le plan cytologique. En vue de la réalisation d une PCR, 10 gttes doivent être congelées à 20 C avant tte manipulation. Si 99 % des patients porteurs de méningite bactérienne ont plus de 100 éléments par mm 3, il faut savoir qu exceptionnellement, surtt si la PL est réalisée très précocement après le début des symptômes, la cytologie peut être normale. La formule est typiquement à prédominance de polynucléaires, mais une formule lymphocytaire est possible à la phase initiale, voire une formule panachée en cas d antibiothérapie préalable. Les méningites virales sont habituellement lymphocytaires. 1.2.2. L examen microbiologique direct Réalisé après cytocentrifugation, son résultat dépend beaucp de l inoculum bactérien présent (c est-à-dire de la densité de la population bactérienne), mais aussi de l expérience du biologiste, et de l existence non d une antibiothérapie préalable. En l absence d antibiothérapie préalable, et selon les séries, sa sensibilité varie entre 65 et 97 %, mais elle chute au-desss de 40 % dans le cas contraire. En revanche, la spécificité est de 100 % (= la présence d une bactérie visible à l examen direct signe l existence d une méningite. Il n y a pas de faux positifs). 714 SESSION COMMUNE SFMU/SRLF : SEPSIS GRAVE

1.2.3. La recherche des antigènes solubles Seul le test en immunochromatographie est retenu par la conférence de consensus. La sensibilité de ce test est de 95 à 100 %, et la spécificité de 100 %. Il n est utile que dans les cas de forte suspicion clinique, dès lors que l examen direct est négatif. 1.2.4. La culture Lorsqu elle est positive, elle permet d affirmer le diagnostic, mais elle peut être prise en défaut si l inoculum bactérien est trop faible, si les conditions d acheminement ont été défaillantes, en cas d antibiothérapie préalable. Un antibiogramme avec détermination des CMI (vis-à-vis de l amoxicilline, le céfotaxime et la ceftriaxone) doit alors être réalisé en conformité avec les recommandations du Comité Français de l Antibiogramme. 1.2.5. La détection par PCR Les tests (dirigés vers le méningocoque le pneumocoque, «universelle») n ont d intérêt qu en cas de négativité des recherches classiques (y compris la recherche d antigènes solubles) et si la probabilité d une méningite bactérienne est forte. Dans un contexte de suspicion de méningite virale, il existe également un test de PCR pr l identification des entérovirus. 1.2.6. Les autres examens bactériologiques Au moins une hémoculture doit être réalisée (et si possible 2) qui ne doit pas retarder la mise en rte de l antibiothérapie. La biopsie cutanée d un élément purpurique est recommandée en cas d antibiothérapie préalable et si l examen direct du LCR est négatif, car le méningocoque reste présent dans ces lésions jusqu à 24 h après le début de l antibiothérapie. La réalisation pratique de cette recommandation dans un service d urgence la rend néanmoins difficile à envisager dans la majorité des cas (note personnelle). 1.2.7. Les examens biochimiques La recherche d une hypoglycorachie (inférieure à 40 % de la glycémie contemporaine) demeure un examen ayant une haute spécificité (98 %), à condition que la PL ne soit pas traumatique. L hyperprotéinorachie (avec un seuil variant entre 0,4 et 1,20 g/l) reste significativement associée aux méningites bactériennes. La mesure des lactates dans le LCR est désormais recommandée. Facile et peu coûteux, cet examen permet d éliminer une méningite bactérienne s il révèle un résultat inférieur à 3,2 mmol/l. Dans le sang, la mesure de la Procalcitonine doit être préférée au dosage de la CRP. Au seuil de 0,5 ng/ml, ce test a une sensibilité de 99 % et une spécificité de 83 %. La combinaison des tests a abti à recommander l utilisation de règles de décision clinique. La plus simple, disponible sur le web ss forme d un calcul automatique MÉNINGITES BACTÉRIENNES. LE POINT SUR LES RECOMMANDATIONS DE 2008 715

de la probabilité diagnostique est celle de B Hoen (http://www.chu-besancon.fr/meningite/). Cette combinaison s applique à l adulte. Chez l enfant, les tables de décisions adaptées sont le Bacterial Meningitis Score et le Meningitest (2), qui permet d écarter le diagnostic si la réponse est «non» à chacun des items suivants présence d un germe à l examen direct ; polynucléaires neutrophiles dans le LCR > 1 000/mm 3 ; protéinorachie > 0,80 g/l ; polynucléaires neutrophiles dans le sang > 10 000/mm 3 ; convulsions avant l hospitalisation au moment de l examen. 1.2.8. Les indications du scanner avant PL La pratique d une TDM cérébrale avant la PL est une habitude trop fréquente en France. Pratiquée dans le but de rechercher une contre-indication à la PL (œdème cérébral, effet de masse), elle donne encore lieu à des débats passionnés qui ne sont pas encore clos, et ce d autant plus qu un scanner normal n élimine pas le risque (très faible) d engagement cérébral. À ce jr, le consensus ne recommande la pratique d un scanner que dans les situations suivantes : signes de localisation neurologiques ; trbles de vigilance (Glasgow < 11) ; les crises convulsives récentes en crs, focales généralisées après l âge de 5 ans, seulement si hémicorporelles avant cet âge. Les signes d engagement (mydriase unilatérale, trbles ventilatoires, mvements d enrlement, hoquet, instabilité hémodynamique) constituent une contre-indication à la PL, quel que soit le résultat du scanner, et que celui-ci ait été réalisé non. En cas d effet de masse de signes d engagement à la TDM, la PL est également contre-indiquée. Le classique fond d œil avant PL n est plus indispensable (voire inutile, note personnelle). 2. Antibiothérapie initiale d un patient suspect de méningite bactérienne L antibiothérapie d une méningite bactérienne ( supposée bactérienne) doit être entreprise aux urgences sitôt les prélèvements effectués. Un délai d une heure entre l admission et l administration de la première dose constitue un objectif réaliste et shaitable. Plusieurs études ont établi la relation entre un pronostic défavorable et le retard à la mise ss traitement, aussi bien pr la mortalité que pr la morbidité (séquelles). Le tableau 1 rassemble les propositions thérapeutiques relatives à l antibiothérapie de première intention, en fonction des diverses situations microbiologiques. 716 SESSION COMMUNE SFMU/SRLF : SEPSIS GRAVE

Tableau 1 Traitement de 1 re intention des méningites bactériennes aiguës en fonction de l examen direct du LCR Examen direct positif Antibiotique Dose* Suspicion de pneumocoque (cocci Gram +) Suspicion de méningocoque (cocci Gram ) Suspicion de listériose (Bacille Gram +) Suspicion de H. influenzae (Bacille Gram ) Suspicion d E. coli (Bacille Gram ) Si enfant de moins de 3 mois Examen direct négatif Sans arguments en faveur d une listériose Si enfant de moins de 3 mois ceftriaxone ceftriaxone Amoxicilline + gentamicine ceftriaxone Ceftriaxone + gentamicine Ceftriaxone + gentamicine 300 mg/kg/jr IV, soit en 4 perfusions, soit 100 mg/kg/jr IV, en 1 2 perfusions 200 mg/kg/jr IV, soit en 4 perfusions, soit 75 mg/kg/jr IV, en 1 2 perfusions 200 mg/kg/jr IV, soit en 4 perfusions, soit en administration continue 3 à 5 mg/kg/jr IV, en 1 perfusion unique jrnalière 200 mg/kg/jr IV, soit en 4 perfusions, soit 75 mg/kg/jr IV, en 1 2 perfusions 200 mg/kg/jr IV, soit en 4 perfusions, soit 75 mg/kg/jr IV, en 1 2 perfusions 3 à 5 mg/kg/jr IV, en 1 perfusion unique jrnalière 300 mg/kg/jr IV, soit en 4 perfusions, soit 100 mg/kg/jr IV, en 1 2 perfusions 3 à 5 mg/kg/jr IV, en 1 perfusion unique jrnalière * Dose jrnalière maximale chez l enfant : céfotaxime = 12 g/jr, ceftriaxone = 4 g/jr. ** La perfusion jrnalière continue et la dose de charge doivent être mises en rte de façon concomitante. *** Terrain, apparition progressive de la symptomatologie, atteinte rhombencéphalique (atteinte des paires crâniennes et/ syndrome cérébelleux). MÉNINGITES BACTÉRIENNES. LE POINT SUR LES RECOMMANDATIONS DE 2008 717

Tableau 1 Traitement de 1 re intention des méningites bactériennes aiguës en fonction de l examen direct du LCR (suite) Examen direct positif Antibiotique Dose* Avec arguments en faveur d une listériose*** Ceftriaxone + amoxicilline + gentamicine 300 mg/kg/jr IV, soit en 4 perfusions, soit 100 mg/kg/jr IV, en 1 2 perfusions 200 mg/kg/jr IV, soit en 4 perfusions, soit en administration continue 3 à 5 mg/kg/jr IV, en 1 perfusion unique jrnalière * Dose jrnalière maximale chez l enfant : céfotaxime = 12 g/jr, ceftriaxone = 4 g/jr. ** La perfusion jrnalière continue et la dose de charge doivent être mises en rte de façon concomitante. *** Terrain, apparition progressive de la symptomatologie, atteinte rhombencéphalique (atteinte des paires crâniennes et/ syndrome cérébelleux). La ponction lombaire (et son résultat rapide!) est au centre du diagnostic. Néanmoins, dans 3 situations, l antibiothérapie ne doit pas attendre la réalisation de cet examen : le purpura fulminans ; l impossibilité d une prise en charge hospitalière avant 90 minutes ; la contre-indication à la PL (trble aigu de l hémostase, engagement, instabilité hémodynamique). La grande prédominance du pneumocoque et du méningocoque (80 % des méningites) met les céphalosporines de 3 e génération injectables (céfotaxime et ceftriaxone) au centre du dispositif. Contrairement au consensus de 1996, l indication de la vancomycine en association avec la céphalosporine dans les formes graves de méningites à pneumocoque n est plus indiquée. Elle demeure néanmoins une possibilité en pédiatrie. Les doses jrnalières recommandées concernant céfotaxime (200 à 300 mg/kg) et ceftriaxone (75 à 100 mg/kg) sont très élevées : Aucune posologie «plafond» n a été retenue, laissant craindre un risque de surdosage chez les grands obèses (note personnelle). Néanmoins, ce risque (principalement l encéphalopathie aux bêtalactamines) n existe pas à la phase initiale du traitement aux urgences. Finalement, la seule indication pr l amoxicilline à fortes doses en première intention aux urgences est relative à la suspicion de listériose (terrain, rhombencéphalite avec atteinte des paires crâniennes et/ syndrome cérebelleux). Dans ces cas, si l examen direct révèle un bacille à gram positif, c est l association amoxicilline + gentamicine qui doit être utilisée. En cas d examen direct négatif 718 SESSION COMMUNE SFMU/SRLF : SEPSIS GRAVE

avec suspicion de listériose, il faut adjoindre à ce traitement une céphalosporine injectable à forte dose (céfotaxime ceftriaxone). Les antécédents d allergie grave (œdème de Quincke choc anaphylactique) aux bêta-lactamines sont exceptionnels. Dans ces situations, il n existe pas d antibiothérapie alternative qui soit validée par des essais cliniques. Le recrs à un avis spécialisé est alors indispensable, qui prra alors conduire à des associations comme vancomycine + fosfomycine ± rifampicine (pneumocoque), levofloxacine rifampicine (méningocoque), levofloxacine (listeria), triméthoprimesulfaméthoxazole (Haemophilus influenzae E. coli). 3. Traitement initial en dehors des antibiotiques La corticothérapie par dexaméthasone fait désormais partie du traitement initial crant des méningites présumées bactériennes, compte-tenu de son effet bénéfique global sur la morbi-mortalité des méningites. Elle doit précéder immédiatement l administration des antibiotiques. Les indications en sont les suivantes : méningite à pneumocoque à méningocoque de l adulte ; méningite à pneumocoque à haemophilus chez l enfant le nrrisson de 3 à 12 mois ; la simple suspicion de méningite bactérienne sur les mêmes terrains doit également conduire à la corticothérapie : quand la PL est retardée par l attente de l imagerie, quand le LCR est trble purulent, quand l examen direct est négatif, mais que les autres examens conduisent à retenir le diagnostic. La posologie est de 10 mg/6 h chez l adulte, et de 0,15 mg/kg/6 h chez l enfant, et ceci pendant 4 jrs. La corticothérapie n est pas indiquée chez l immunodéprimé, si le patient a déjà reçu des antibiotiques. Elle doit être interrompue : chez l enfant si un méningocoque est finalement identifié ; dans ts les cas si le diagnostic de méningite virale est retenu. Les 24 premières heures doivent faire l objet d une surveillance attentive (au moins horaire), et la concertation avec une équipe de réanimation est shaitable pr décider de l orientation. 4. Conclusion La prise en charge d une suspicion de méningite est avant tt l affaire des urgences. Un diagnostic précoce et une prise en charge thérapeutique adaptée MÉNINGITES BACTÉRIENNES. LE POINT SUR LES RECOMMANDATIONS DE 2008 719

sont les conditions incontrnables d un pronostic favorable. La corticothérapie fait désormais partie de l arsenal indispensable. Bibliographie 1. 17 e conférence de consensus en Thérapeutique Anti-Infectieuse. Prise en charge des méningites communautaires aiguës communautaires (nveau-né exclu). 19 novembre 2008. http://www.infectiologie.com 2. Nigrovic LE, Kuppermann N, Macias CG et al. Clinical prediction rule for identifying children with cerebrospinal fluid pleocytosis at very low risk of bacterial meningitis. JAMA, 2007 ; 297 : 52-60. 720 SESSION COMMUNE SFMU/SRLF : SEPSIS GRAVE