Physiopathologie du diabète

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Transcription:

Physiopathologie du diabète Diabète de type I Le diabète de type I est dû à une destruction auto-immune des cellules insulino-sécrétrices les cellules Bêta de Langerhans du pancréas endocrine. L hyperglycémie apparaît lorsqu il ne reste plus que 10 à 20 % de ces cellules fonctionnelles. Le processus auto-immun responsable d une «insulite» pancréatique se déroule sur de nombreuses années (5 à 10 ans voire plus) avant l apparition du diabète. La classification de l American Diabetes Association (ADA) fait référence à deux sous-types : Le diabète de type I auto-immun, le plus fréquent (il représente plus de 90% des cas), incluant le type I lent ou LADA qui est défini comme un diabète initialement non insulinodépendant diagnostiqué chez des personnes âgées de 30 à 50 ans porteuses d anticorps anti-gad (anti-glutamate décarboxylase). Le diabète de type I idiopathique, caractérisé par l absence d auto-anticorps, Il s agit d un cadre nosologique mal défini. La génétique intervient de façon quasi-déterminante dans l apparition et l évolution du diabète de type I, Il s agit d une susceptibilité pluri génique avec au moins 10 gènes en cause, dont le premier qui est le principal, se situe sur le chromosome 6 au niveau des gènes du système HLA de classe II, lorsqu il existe un antigène HLA DR3 ou DR4, le risque relatif atteint 20 à 40 % lorsque les deux antigènes DR3 et DR4 sont associés. Le deuxième gène étant celui de l insuline. Le rôle des virus dans la pathogénie du diabète de type I est de plus en plus présent (rubéole, virus coxsackie B4), par la sécrétion de cytokines, en particulier d interféron γ,

favorisant par différents mécanismes le développement de la réaction auto-immune au niveau pancréatique. La destruction de la cellule Bêta est essentiellement due à une infiltration des îlots par des lymphocytes T, ce processus se déroule à bas bruit pendant plusieurs années. Au cours de cette réaction sont produits des auto-anticorps dirigés contre certains antigènes pancréatiques. Ces autoanticorps n ont pas en eux-même de rôle pathogène mais sont des marqueurs fiables du déroulement du processus auto-immun pathologique : Les Anti corps anti-îlots (Islet Cell Antibody : ICA) présents chez 75 à 90 % des diabétiques de type I au moment du diagnostic mais ont tendance à diminuer voir disparaitre quelques mois après le début du traitement. Les anticorps anti-gad (glutamate acide décarboxylase). La GAD est une enzyme présente dans les neurones et les ilots du pancréas, elle existe en 2 isoformes : GAD 65, GAD 67, seule la GAD 65 qui s exprime au niveau pancréatique constitue la cible des auto anticorps. Les auto-anticorps anti-insuline, retrouvés surtout chez l enfant. L anticorps anti-ia2 (Insulinoma Associated Proteine) appartient à la famille des tyrosine phosphatases transmembranaires, c est un anticorps dirigé contre une phosphatase membranaire des cellules Bêta. Les Anti-IA2, Anti- GAD, Anti-insuline sont déterminés par une technique de radio marquage, ELISA, immunoprécipitation en milieu liquide. Anticorps Intérêt de dosage Inconvénients

Anti-ilots Anti- GAD Antiinsuline Anti-IA2 Son principal avantage est de détecter plusieurs types d autoanticorps longtemps présents avant l apparition du diabète. La valeur prédictive augmente avec leur titre. Bon marqueur de dépistage (prévalence : 80% des diabétiques de type I), permet la différenciation entre le LADA, et le diabète de type2. Généralement utilisés chez l enfant de moins de 4ans. Marqueur d évolution rapide vers le diabète. La détection par IFD sur coupe de pancréas humain est une technique lourde et non automatisable. Valeur prédictive d évolution faible. Prévalence inversement proportionnelle à l âge du patient. Prévalence faible ( 50%). Diabète de type II Le diabète de type II est une maladie métabolique caractérisée par une hyperglycémie chronique dont les éléments physiopathologiques comprennent : Une résistance accrue des tissus périphériques (foie, muscles) à l action de l insuline et une sécrétion insuffisante d insuline par les cellules β du pancréas. Durant de nombreuses années, le patient présente un hyperinsulinisme conséquent à une résistance périphérique à

l insuline, toutefois insuffisante pour maintenir une glycémie normale, au cours de son évolution l insulinémie diminue de manière progressive conduisant à une insulinopénie sévère nécessitant un traitement par l insuline. La non-freination de la lipolyse en raison de l insulinopénie et de l insulinorésistance des adipocytes est responsable d une augmentation des acides gras libres, cette augmentation des acides gras libres augmente le «seuil sensor» de l insulinosécrétion et aggrave la diminution de l insulinosécrétion. Elle augmente également l utilisation du glucose stimulée par l insuline. Les symptômes liés à une hyperglycémie chronique sont : fatigue, polyurie, polydipsie, parfois polyphagie, vision trouble, ainsi qu une susceptibilité accrue aux infections. La fréquence de cette affection est en nette augmentation associée avec un rajeunissement de l âge d apparition, d où un diagnostic tardif souvent réalisé lors du diagnostic d une de ces complications. Ces complications sont dues à l hyperglycémie chronique, qui entraîne à long terme des atteintes micro et macro-vasculaires due l effet délétère du glucose. Le diabète de type II est étroitement lié au syndrome métabolique (syndrome X), qui se caractérise par une constellation d anomalies physiologiques et biochimiques, asymptomatiques, qui peuvent coexister avec des facteurs génétiques et acquis. Il désigne plutôt la présence d un ensemble de signes physiologiques qui accroissent le risque de diabète de type 2, de maladies cardiaques et d accident vasculaire cérébral (AVC). La résistance à l insuline, longtemps considérée comme le dénominateur commun, laisse progressivement l obésité

viscérale ou centrale occuper une place prépondérante. Un groupe d experts sous l égide de l IFD (Fédération Internationale du Diabète) s est réuni afin de proposer une définition claire et précise de ce syndrome, reposant sur des données chiffrées, définissent les règles d inclusion d un patient dans le syndrome métabolique : Obésité viscérale : IMC > 30 kg/m 2 ou tour de taille > 94 cm et 80 cm chez la femme pour des sujets d origine européenne (ces seuils varient avec l origine ethnique). Au moins deux autres des paramètres suivants : Triglycérides (TG) > 1,5 g/l. Cholestérol HDL (HDL-CT) < 0,4 g/l chez l homme ou 0,5 g/l chez la femme. Tension artérielle > 130 /85 mm Hg ou la personne est déjà traitée d une HTA. Glycémie à jeun > 1g/L ou la personne est déjà traitée d un diabète de type II.