Monsieur le Maire, mes Chers collègues, Mesdames, Messieurs, Nous venons d assister à la présentation du cabinet d architecte urbaniste LIN Finn Geipel que je remercie pour son travail d analyse et de prospective. Les propositions qui sont versées au débat méritent donc que nous nous y penchions avec attention. S agissant d une première restitution au public, il me semble opportun de pouvoir à l issue de ce conseil municipal versé ces éléments aux débats démocratiques dans les différents conseils de quartier. Quelques exemples de l étude nécessitent débat : un centre culturel dans l ancienne usine d Idéal Standard, des surfaces d agriculture urbaine, Ces propositions pour le moins novatrices et stimulantes doivent aujourd hui être enrichies de l expertise d usage des aulnaysiens. Par exemple, la reconversion des halles d Idéal Standard en équipements culturels ne pose-telle pas la question de la place du commerce et du tissu industriel dans ce secteur? La proposition de surface d agriculture urbaine ne nous renvoie-t-elle pas à l aménagement public, à la densité urbaine et aux usages des lieux collectifs sur notre territoire ainsi qu à l agenda 21 local. Mais ces études ne peuvent se déconnecter des projets qui voient le jour autour du débat public sur les tracés du Grand Paris et de Arc express. 1/9
Nous considérons que tant Arc Express que le réseau de transports du Grand Paris auront un rôle structurant et détermineront pour des décennies l'avenir social, économique et environnemental de notre ville. Toutefois, nous ne pouvons feindre de ne pas comprendre les intérêts premiers qui ont conduit au projet du Grand Paris proposé par Nicolas Sarkozy. Le «Grand Paris» pose la question : de l avenir de la métropole Ile-de-France? Faire de l Ile-de-France une cité globale dans la mondialisation en concurrence avec des autres capitales et places financières, fer de lance du remodelage de la société française est un projet déjà ancien. La poussée des libéraux, du MEDEF, des chambres économiques et de la droite dans notre région va trouver un prolongement et un écho dans les discours de Nicolas Sarkozy. Le fil conducteur est l enjeu de la compétitivité et de l attractivité capitaliste de la région capitale. L Ile-de-France est la vitrine de la France, ses territoires sont le véritable charbon du 21 ème siècle. Les territoires sont de plus en plus considérés comme des éléments majeurs dans la concurrence que se livre les multinationales au plan européen et mondial pour capter les capitaux et part de marchés. L aménagement et la structuration des territoires visent à concentrer tous les atouts d un environnement favorisant, avec les subventions d état et publiques, des niveaux de rentabilités financières élevés. Car derrière l optimisation des territoires en matière d industrie, de service, d habitat, de culture, de formation, de technologie de la communication, ce sont des marchandises diverses et multiples. Elles sont autant de profits à réaliser et pas seulement un plaisir pour les beaux yeux des citoyens(nes). 2/9
Oublier ce contexte c est faire croire que le débat se résume à un simple choix de tracé entre les différentes propositions d aménagement. Néanmoins, il faut aborder aussi la question des transports préoccupation majeure des franciliens. En ce sens, les projets proposés doivent participer au désenclavement des territoires et au désengorgement des réseaux existants, permettent des liaisons de banlieue à banlieue en raccourcissant les distances et en créant un maillage efficace. La dimension écologique ne doit pas être oubliée en proposant une vraie alternative à l'usage de la voiture pour des milliers de Séquano-Dionysiens. Les projets doivent renforcer le droit à la mobilité. Il nous faut sortir de l'opposition dramatique entre le centre parisien et sa banlieue, qui a marqué les projets structurants de transports des dernières décennies. Pour toutes ces raisons, nous soutenons les deux projets, nécessaires et complémentaires et souhaitons que leur réalisation se fasse de manière concomitante et prioritaire. Nous avons besoin des deux projets pour déployer notre potentiel de développement et favoriser l'accès à l'emploi, au logement, à la culture, aux loisirs ou à l'éducation, à Aulnay et dans notre département. Ils répondent à des objectifs différents mais complémentaires. Arc Express, favorise mieux les départements en petite couronne, améliore le transport au quotidien, profite à tous et à toutes car il se lie mieux avec le maillage actuel. 3/9
Le projet de transport de réseau du Grand Paris, permet un accès facilité au secteur important d emplois, désenclave le secteur sacrifié de Clichy- Montfermeil et amène aux portes des grands ensembles Aulnaysiens un mode de transport lourd. Pris l'un sans l'autre ces deux projets ne seraient plus en phase avec notre conception de la métropole parisienne et ne viendraient pas renforcer notre vision d une région de cohésion sociale et territoriale. Nous refusons la logique concentrique qui a repoussé toujours plus loin les populations les plus modestes a été facteur d exclusion. Par la complémentarité de ces deux projets, la Seine-Saint-Denis, longtemps mise à l'écart, doit être enfin considérée comme un territoire porteur et structurant pour l Ile-de-France. Les projets de transports mis en débat aujourd hui sont déterminants pour l avenir de notre ville et du département. Ils auront une influence indiscutable sur le quotidien des habitants. Pour autant cela favorisera-t-il l accès à l emploi? Le Grand Paris avec le développement des pôles de compétitivité va exclusivement contribuer à l extension du tertiaire grâce à la présence d entreprises leaders mondiaux dans les secteurs porteurs. Cette croissance conçue en terme de concurrence, de compétitivité avec des taux de marge élevés favorise une précarisation de l emploi et des centaines de milliers de salariés sous payés et sans garanties, alors qu il faudrait s appuyer sur les atouts de l Ile-de-France en développant les filières industrielles un emploi industriel induit en moyenne trois autres emplois. 4/9
Cela confirme notre exigence déjà exprimée au conseil municipal du maintien de Citroën à Aulnay sous Bois avec la nécessité d un deuxième modèle. Sociale et économique, l'ambition est aussi écologique et populaire quand on sait que le transport est avec le logement les secteurs le plus énergivores et que la saturation du trafic routier est source de pollution majeure et de nuisances pour les habitants. En attendant l arrivée des grands projets, la situation ne peut rester en l état, le débat qui nous réunit porte sur des projets à moyen terme. Or, les habitants, les salariés, les associations d'usagers de transports, des élus locaux de toutes tendances politiques demandent dès aujourd'hui l'amélioration des conditions de transports et la mise en place d'une tarification plus juste et plus équitable. Malgré la présence en certains endroits de nombreux moyens de transports, le réseau est souvent saturé et perturbé entraînant des conditions de transports indignes pour les usagers. Les aulnaysiens et les usagers de la ligne B le savent que trop. Le débat qui s'est ouvert doit donc permettre aussi de faire grandir des exigences majeures : La réalisation rapide des opérations est d'ores et déjà financée par le plan de mobilisation pour les transports de la région Ile-de-France ou par les contrats de plan Etat/Région ou Département/Région. Prolongement des lignes de métro ou de tramway existantes lorsqu'elles permettent de mieux accompagner les développements urbains des collectivités. Notre ville ne peut être oubliée dans ses opérations. Articulation fine avec le maillage plus dense des lignes de bus ou de tramway. Le T4 ou l aménagement futur de la RN3 pour Aulnay par exemple. 5/9
L atténuation des fractures urbaines et sociales. Notre ville souffre d ailleurs de cette fracture due à l Autoroute A3 qui chaque jour apporte son lot de nuisances sonores et autres. Il est temps de prendre en compte cette ancienne revendication d un mur antibruit et de la création de l échangeur de l A3 à la limite Bondy/Aulnay. Et si les projets Arc Express et du Grand Paris devaient se faire au détriment de ces engagements, pour des raisons financières, ils n emporteraient certainement pas l adhésion des habitants de notre ville. Cela me permet d attirer votre vigilance sur le mode de financement des projets alors que le Conseil des Ministres a d'annoncé que le projet de transport du Grand Paris serait financé pour partie par une taxe spéciale additionnelle à la taxe d habitation et payée notamment par les ménages. Le matraquage financier des couches populaires et moyennes se poursuit alors que le gouvernement fait des cadeaux royaux aux employeurs et aux plus riches. La réforme liée à la loi de finance 2010 va accroître les inégalités et impacteront les ressources des collectivités locales. Pour financer ce gigantesque chantier du Grand Huit 21 milliards d euros dont quatre seulement seraient payés par l Etat. Le reste emprunté et remboursé en 40 ans. Qui paiera la note? Augmentation de la fiscalité locale, départementale, régionale, taxe spéciale d équipement du «Grand Paris», spéculations financières et immobilières en hausses tant à l achat qu à la location ; hausse des transports (A quand le Pass-Navigo à tarif unique) ; taxations diverses et multiples (rapport CAREZ parle de six taxes nouvelles) c est toujours et encore le citoyen usager que l on taxera. 6/9
Pour en revenir aux différentes propositions il en est une dernièrement qui attire notre intérêt. Le président de la Région Ile-de-France a fait état de ses dernières propositions. Celles-ci conservent le projet Arc Express auquel il rajoute la branche Est du Grand Huit, desservant le plateau de Clichy Montfermeil et de notre ville. Par ailleurs, il supprime la liaison Roissy La Défense et relance en contrepartie la ligne C. Il abandonne le projet de gare TGV à Pleyel. Ces propositions appellent plusieurs inquiétudes. Réapparaît le projet qui fut tant décrié par les habitants de Seine-Saint-Denis et particulièrement d Aulnay ainsi que de Seine-et-Marne, le CDG Express. Ce projet tant décrié car il relève tout simplement d'un scandale. Un projet aux tarifs prohibitifs qui fait fi des territoires qu il traverse et qui va dans la lignée des aménagements de ségrégation spatiale qui ont prévalu par le passé en termes de transports et dont souffre tant encore la Seine-Saint-Denis! Que deviennent les gares de Sevran qui disparaissent sur la branche Est? Cellesci proches du territoire aulnaysien intéressent particulièrement les habitants du Gros Saule et de Savigny Mitry Quel lien entre nos territoires et deux zones d activités majeures que sont Roissy et La Défense? Quelle tarification quand CDG Express est annoncé en zone 5? Bien des questions auxquelles le débat ouvert par la proposition régionale devra répondre. Cela pose de façon plus cruciale la question du débat démocratique. L Etat veut imposer un passage en force avec la mise en place d un régime d exception sur l Ile-de-France. 7/9
Sous prétexte d efficacité le gouvernement se dote de moyens pour s opposer avec ce qu il nomme avec mépris le mille-feuille territorial. La réforme des collectivités locales (Loi Balladur) va restructurer la région en faisant disparaître les départements au profit d élus territoriaux. C est une réforme grave pour la démocratie. La création de la «société du Grand Paris», sans débat, non négociable est constituée et représentée par l Etat et les collectivités territoriales à hauteur de leur contribution financière. On ne prête qu aux riches. La société dispose d un droit de préemption et d expropriation, retire aux élus et citoyens toutes possibilités d interventions en matière d aménagement des territoires sur plus de 25 % de l Ile-de-France mais 40 % en Val de Marne et organise un urbanisme opérationnel dérogatoire. Les aménagements futurs se feront dans le cadre de contrat de développement territorial sous l œil préfectoral. Il s agit par l apport de fonds privés sur les parcelles autour des gares notamment de procédé à l aménagement du territoire planifier entre les collectivités territoriales et les promoteurs. Dans ce cadre quelle citoyenneté pourra s exercer? Dans ces conditions quelle place pour les opérations de logement alors que la demande est croissante et que le projet grand Paris projette la construction de 70000 logements/an? Quel avenir pour les services publics et leur déploiement dans les nouveaux secteurs aménagés? Je ne développerai pas ces deux derniers aspects car le temps est trop court. 8/9
Les débats à venir devront appréhender toutes ces dimensions. Nous comptons sur la mobilisation des aulnaysiennes et des aulnaysiens dans les prochaines semaines pour amplifier et faire vivre ce débat démocratique à Aulnay. Je vous remercie. 9/9