Le tourisme urbain peut-il être durable? Études synthétisées



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Le tourisme urbain peut-il être durable? Études synthétisées

Sommaire Le tourisme urbain en Europe Préambule Le segment MICE, moteur du développement durable Tourisme adapté Ecolabels et démarches collectives Marketing développement durable, une mise en valeur encore modérée Offres combinées transports + activités, un outil de développement durable pour une destination? Des professionnels de plus en plus concernés Conclusion Liens utiles Tour d horizon des bonnes pratiques de développement durable du tourisme en France Premier aperçu L interprétation de l approche développement durable Les points faibles observés L identité territoriale : l une des clefs de l approche Première action privilégiée : le soutien aux écolabels Subventions régionales et accompagnement des professionnels du tourisme dans leur démarche Une approche développement durable très axée nature Focus sur le développement durable du tourisme dans un contexte urbain Conclusion 2

Préambule Tourisme urbain et développement durable. Ces deux problématiques sont rarement associées. Alors que le développement durable a largement imprégné l ensemble du secteur du tourisme depuis le début des années 2000, il semble que les initiatives les plus abouties dans ce domaine concernent essentiellement des zones touristiques rurales, littorales ou de montagne. En réalisant l étude, synthétisée dans ce document, le Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de-France a souhaité observer les pratiques en matière de développement durable sur une dizaine de grandes destinations touristiques européennes comparables à Paris Ile-de-France (destinations touristiques d envergure internationale). Sans prétention d exhaustivité, l attention s est portée sur les initiatives les plus visibles et/ou les plus répandues à l échelle des régions observées, toutes caractérisées par la présence d une grande agglomération urbaine. En premier lieu, il ressort de cette analyse que les résultats des actions observées sur ces territoires sont encore relativement modestes, comme s il était contradictoire de vouloir conférer au tourisme une dimension durable lorsqu il concerne des espaces fortement urbanisés. Pourtant, ces 11 régions touristiques qui ne représentent en moyenne que 3 % de la superficie nationale, concentraient en 2009, selon Eurostat : 12 % de l offre hôtelière nationale (chambres) ; 15 % de la fréquentation hôtelière nationale (nuitées). Ainsi, ces grandes régions touristiques représentent des leviers majeurs pour accroître la durabilité du tourisme, a fortiori l Ile-de-France, région qui totalise 23% des chambres d hôtels au niveau national et près d un tiers des nuitées. Destinations comparées Destination Région 1 Superficie régionale 2 (km²) Population en 2007 (millions d hab.) PIB régional / habitant en 2007 ( ) 2 Agglo. urbaine 3 Région 2 Densité régionale 2 (hab. / km²) Région Paris Ile-de-France 12 002 9,9 11,7 969 46 200 Londres Grand Londres 1 574 8,6 7,64 4 810 56 600 Madrid Communauté de Madrid 8 028 5,6 6,2 747 30 600 Barcelone Catalogne 32 114 4,9 7,2 218 27 500 Berlin Région de Berlin 892 3,4 3,4 3 827 24 900 Rome Latium 17 236 3,3 5,6 327 30 800 Milan Lombardie 23 863 2,9 9,6 421 33 900 Vienne Région de Vienne 415 2,3 1,74 4 107 43 300 Bruxelles Bruxelles Capitale 161 1,7 1,04 6 459 60 200 Stockholm Région de Stockholm 6 789 1,3 1,9 297 48 500 Amsterdam Hollande du Nord 4 092 1,0 2,6 981 39 400 1 Région classée NUTS2 au sens d Eurostat 2 Source : Eurostat 3 Agglomération urbaine au sens de l INSEE, sources : INSEE / ONU 4 Population régionale inférieure à celle de l agglomération urbaine, cette dernière dépassant les frontières administratives de la région 3

Préambule Poids national des régions observées Ile-de-France Grand Londres Communauté de Madrid Catalogne Région de Berlin Latium Lombardie Région de Vienne Bruxelles Capitale Région de Stockholm Hollande du Nord Chambres 24 % Nuitées 32 % Superficie 2 % Chambres 14 % Nuitées 25 % Superficie 1 % Chambres 6 % Nuitées 7 % Superficie 2 % Chambres 17 % Nuitées 16 % Superficie 6 % Chambres 5 % Nuitées 7 % Superficie 0 % Chambres 7 % Nuitées 11 % Superficie 6 % Chambres 9 % Nuitées 9 % Superficie 8 % Chambres 9 % Nuitées 11 % Superficie 0 % Chambres 26 % Nuitées 31 % Superficie 1 % Chambres 24 % Nuitées 31 % Superficie 2 % Chambres 33 % Nuitées 40 % Superficie 10 % Région Reste du pays Source : Eurostat - Nuitées 2009 sauf pour la Lombardie (2008), le Latium (2008) et le Grand Londres (2007) Offre de chambres d hôtels et établissements assimilés en 2009 4

Le segment MICE 1, moteur du développement durable Les acteurs du marché des congrès, salons et autres événements professionnels observent depuis déjà plusieurs années un intérêt croissant de leurs clients et prescripteurs pour le développement durable, bien que cet aspect soit encore loin d être le premier critère prévalant dans la décision finale. Néanmoins, l absence de dimension développement durable, à l échelle d un grand équipement de congrès / d expositions ou au niveau d une destination, pourrait devenir un facteur discriminant pour les grands donneurs d ordres. Or, quand on sait l importance économique du marché MICE pour la plupart des destinations européennes observées, l enjeu se révèle stratégique. Ces considérations font du développement durable non seulement une forte valeur ajoutée, mais aussi et surtout un atout économique majeur, ce qui rend le segment MICE particulièrement intéressant du point de vue de la présente investigation. Classement international des destinations observées sur le marché congrès Classement international 2009 ICCA Classement international 2009 UIA Paris 3 ème 3 ème Londres 16 ème 14 ème Madrid 13 ème NC (>20 ème ) Barcelone 2 ème 10 ème Berlin 4 ème 6 ème Rome 23 ème 17 ème Milan 39 ème NC (>20 ème ) Vienne 1 er 4 ème Bruxelles 21 ème 2 ème Stockholm 7 ème 8 ème Amsterdam 8 ème 13 ème Sources : ICCA (International Congress and Convention Association), UIA (Union of International Associations) Le centre de congrès et d expositions d Amsterdam (Amsterdam RAI) a fait cette analyse depuis plusieurs années, affichant une politique de développement durable volontariste et l ambition de devenir à l horizon 2013 le leader européen de l organisation d événements dans une démarche durable. Ainsi, l infrastructure consacre une partie de son site Internet à la mise en avant d actions telles que : l élaboration et la mise en ligne, chaque année, d un rapport développement durable («RAI Sustainability Report») : très détaillé, il présente les ambitions d Amsterdam RAI, son plan d actions ainsi que les résultats obtenus (voire les objectifs non atteints) dans le champ du développement durable au sens large (consommations énergétique et d eau, gestion des déchets, mobilité, politique sociale ) ; l élaboration et la mise en ligne d un document ( Steps to eco-friendly events ), mémento à l attention des organisateurs, permettant de réfléchir à la façon de renforcer la dimension développement durable des événements ; l élaboration, en partenariat avec Greenbalance, d un outil en ligne permettant à ces mêmes organisateurs de calculer l empreinte carbone des événements, et, s ils le souhaitent, de compenser en investissant dans des réductions d émissions vérifiées (VER) ; l obtention de certifications de notoriété internationale : Earthcheck (statut silver) et Green Key-La Clef Verte (statut gold) ; la mise en place d un partenariat avec l Organisation Non Gouvernementale AMREF Flying Doctors. Amsterdam RAI peut ainsi se prévaloir de résultats concrets qui en font incontestablement une des références en Europe en matière de politique de développement durable sur le marché MICE. 1 MICE : Meetings, Incentives, Conventions & Exhibitions (réunions, séminaires, congrès et salons) 5

Le segment MICE, moteur du développement durable A Londres, la communication autour du développement durable sur le marché MICE est portée à l échelle de la destination. Sur le site de l Office de tourisme de Londres, au chapitre dédié aux organisateurs d événements, l aspect développement durable est mis en avant comme une valeur ajoutée ( Going Green: London for ethical and sustainable events ), s appuyant sur des actions concrètes, notamment : la politique de la ville dans la limitation des émissions de gaz carbonique ( Climate Change Action Plan et le dispositif de péage au centre ville), la création, par la British Standards Institution, d une norme (BS 8901) dédiée aux professionnels impliqués dans l organisation d événements (organi sateurs, réceptifs, prestataires). BS8901 est le tout premier standard à spécifier un système de management soutenable. Il a été conçu spécifiquement pour le secteur événementiel, notamment dans la perspective de l organisation des Jeux Olympiques de Londres 2012. Cette norme sert de référence dans l élaboration de la future norme ISO 20121. la démarche collective Green Tourism for London (voir plus loin), dans laquelle sont engagés une quinzaine de centres de congrès et de lieux d organisation d événements, ainsi que 85 hôtels. Le Palais des Congrès de Barcelone (CCIB), exploité par GL Events, a également initié en 2009 une démarche mise en avant dans sa communication. Certifié ISO 14001, le CCIB a calculé l empreinte carbone dérivée de sa propre activité et en a compensé les émissions par l achat de crédits carbone (CER), contribuant ainsi à la réalisation d un projet au Nicaragua certifié par l ONU. Le CCIB, en collaboration avec Factor CO2, propose également à ses clients de calculer l empreinte carbone des événements qu ils organisent afin de les compenser. Enfin, la politique environnementale du CCIB est exposée dans un document mis en ligne et précisant une série d objectifs (toutefois non chiffrés). A Vienne, le site Internet du Vienna Convention Bureau (VCB) met en avant une rubrique Green Meetings dans laquelle est présentée la démarche EcoBusiness Plan Vienna (voir plus loin), la politique de développement durable de la capitale autrichienne ou encore les initiatives des acteurs impliqués directement ou indirectement dans le secteur MICE (compagnies aériennes, chaînes hôtelières ). Le principal centre de congrès de Vienne (Austria Center Vienna) est ainsi particulièrement mis en avant : utilisation d énergies renouvelables et économies d énergie, isolation des infrastructures, prise en compte du développement durable dans les prestations de restauration Sur les autres destinations, le développement durable apparait moins mis en avant dans la communication sur le marché MICE. Cela ne signifie pas pour autant que rien ne soit entrepris dans ce domaine, que ce soit en matière d infrastructures (les extensions, rénovations ou nouvelles constructions intègrent quasi-systématiquement des normes environnementales sur le marché MICE) ou d exploitation. Sur la destination Paris Ile-de-France, alors que le parc des expositions de Villepinte vient de se doter d un nouveau hall aux normes HQE, Viparis (qui exploite les principaux équipements franciliens de congrès et d expositions) élabore sa stratégie de développement durable : réflexion sur la gestion des déchets, suivi des consommations d eau et d énergie, production d énergie renouvelable, mise en place d une charte environ nementale pour les fournisseurs Depuis le printemps 2010, Viparis propose également à ses clients un calculateur d empreinte carbone pour leurs événements. Le développement durable est en passe de devenir un élément incontournable dans la stratégie des acteurs du marché MICE, lesquels ont compris qu il faut en premier lieu être crédible dans ce domaine pour communiquer efficacement. A l échelle des grandes destinations urbaines, cette tendance peut devenir un véritable moteur du développement durable, les grands équipements réceptifs ayant intérêt à s appuyer sur des prestataires écocertifiés/écolabellisés (prestataires techniques, transports, hébergement...). 6

Tourisme adapté Dans le champ de la responsabilité sociétale des entreprises, la question du tourisme adapté est la plus visible sur les destinations observées. L accessi bilité des infrastructures aux personnes handicapées (hébergements touristiques, sites culturels, visites guidées adaptées, services ) fait en effet souvent l objet d une rubrique dédiée sur les sites Internet des organismes de promotion, plus ou moins complète ou claire selon les destinations. Dans certains cas, un site Internet est totalement consacré à la question, comme en Catalogne. Ainsi, Turismeperatothom.com (tourisme pour tous) permet de sélectionner un hébergement ou une activité touristique à l échelle régionale ou par destination, en fonction d un handicap (fauteuil roulant, mobilité réduite, surdité, déficience visuelle). Cette question de l accessibilité du tourisme est importante en termes d image pour les destinations, et elle apparaît souvent déconnectée de la politique globale de développement durable. Ainsi, les régions les moins avancées en matière de développement durable du tourisme peuvent être en revanche très volontaristes sur la question du tourisme pour tous. C est notamment le cas de Madrid, où se distinguent plusieurs actions parmi lesquelles : la mise en place du programme El Paseo del Arte (Promenade de l Art), à travers lequel trois grands musées de la ville (Le Prado, Thyssen- Bornemisza et le centre d art Reina Sofia) se sont mobilisés et adaptés pour accueillir les personnes à mobilité réduite, ainsi que les touristes souffrant de déficience auditive ou mentale. Le centre d art de Reina Sofia propose également trois visites guidées tactiles à travers sa collection de sculptures contem poraines, permettant aux malvoyants de découvrir des œuvres exposées ; la création en 1992 du musée Tiflológico, par la ONCE 1, dans le but de faire découvrir l art aux malvoyants. Les visiteurs peuvent y toucher tout ce qui est exposé, notamment les modèles réduits de 40 monuments nationaux et internationaux ; le développement de l outil TurAcces, par l Instituto Tecnológico Hotelero (ITH), l Instituto de Biomecánica de Valencia (IBV) et la Communauté de Madrid. Il s agit d un logiciel informatique permettant aux hôteliers d auto-évaluer le degré d accessibilité de leur établissement et de prendre les mesures nécessaires à leur amélioration dans ce domaine. Le dispositif est complété par un volet formation. Ce projet s inscrit plus globalement dans le Plan d Accessibilité Touristique de Madrid, qui consiste à référencer sur une base volontaire les entreprises touristiques accessibles et à initier une démarche collective sur ce sujet (échanges de bonnes pratiques, animation d un club tourisme pour tous ). A Madrid, les infrastructures accessibles pour les personnes handicapées ne sont pas seulement énumérées : elles font également l objet de fiches très détaillées sur leurs caractéristiques, présentées dans un guide (pour ce qui concerne les transports, musées, théâtres, restaurants, centres de congrès et d expositions ou monuments) ou sur le site Internet de l Office de tourisme, dans les fiches disponibles pour une centaine de lieux d hébergement. Le recensement et la qualification/certification de l offre d infrastructures accessibles reposent souvent sur le travail d organismes ou d associations. A Paris Ile-de- France, ces derniers ont accompagné la labellisation de 210 établissements, dont 80 lieux d hébergement, rassemblés dans une guide disponible sur le site Internet du Comité Régional du Tourisme Paris Ile-de- France. Dans sa rubrique Paris pratique, l Office du Tourisme et des Congrès de Paris recense tous les services utiles relatifs à cette thématique. 1 Organización Nacional de Ciegos Españoles (Organisation nationale des aveugles espagnols) 7

Tourisme adapté Parmi les démarches observées, citons «l indice Passe- Partout» développé en Belgique depuis 2001 par le Gamah (Groupe d Action pour une Meilleure Accessibilité aux personnes Handicapées). Sur son principe, cet outil de présentation des caractéristiques d accessibilité des bâtiments ressemble à ceux observés dans d autres destinations. Cependant, il s en distingue par un plus grand degré de précision dans les informations fournies. En effet, une note de 0 à 8 ou 9 est attribuée en fonction du niveau d accessibilité associé à 6 critères : personne en fauteuil roulant, personne en fauteuil roulant et assistée, personne marchant difficilement, non-voyant/ malvoyant, sourd/malentendant, personne avec des difficultés de compréhension. Cette démarche permet d apporter un niveau d information élevé aux publics concernés à travers un visuel simple à lire, une fois le principe compris. L indice Passe-Partout s applique à une quarantaine de catégories de bâtiments, qu ils soient directement liés au tourisme (musées, cinémas, hôtels, restaurants, commerces, sites touristiques, salles de spectacles ) ou non (administrations, écoles, crèches, hôpitaux, pharmacies, piscines ). Au total, près de 900 bâtiments sont référencés (à fin 2010), dont une vingtaine seulement à ce stade dans la province de Bruxelles. La question de l accessibilité pourrait faire l objet d une étude à part entière tant les initiatives sont nombreuses. Qu elles soient portées par les collectivités ou par des associations, elles vont d ailleurs souvent bien au-delà du seul secteur touristique et s inscrivent dans une politique urbaine globale. Sur ce plan, Stockholm a initié une démarche ambitieuse, la ville ayant le souhait de devenir la capitale la plus accessible du monde. A cet effet, de nombreuses actions sont menées pour rendre accessibles tous les espaces publics et les bâtiments à usage collectif. Sur un modèle proche de celui observé en Belgique (mais sans visuel synthétisant le degré d accessibilité), une base de données des bâtiments de la ville est progressivement constituée. Appelée Entrée Stockholm et uniquement disponible en suédois, elle rassemble (à fin 2010) près de 70 hôtels ou encore 65 musées, chacun étant décrit dans une fiche détaillée (dimension des portes et des ascenseurs, accessibilité des sanitaires ). Notons également la politique exemplaire en la matière menée depuis de longues années par la chaîne hôtelière Scandic. Des actions similaires sont déployées sur Berlin (base de données mobidat.net, concernant tous types de bâtiments) ou encore à l échelle de l Autriche dans le secteur touristique ( Infoplatform accessible Tourism in Austria ; ibft.at). 8

Ecolabels et démarches collectives Les écolabels constituent l un des points de repère permettant de mesurer l engagement concret de certains acteurs touristiques d une destination en matière de développement durable. L analyse de l offre hôtelière écolabellisée dans les destinations européennes étudiées fait ressortir des écarts significatifs quant au déploiement de ces labels. Sur les 11 destinations comparées, pas moins de 9 écolabels sont représentés : Nombre d hôtels écolabellisés par destination fin 2010 Ecolabel européen Clef Verte Green Key Nordic Swan Green Globe / Earthcheck Ecolabels régionaux / nationaux TOTAL Paris Ile-de-France 7 35-1 - 43 Grand Londres - - - 8 85 93 Communauté de Madrid - - - - - 0 Barcelone - Catalogne 4 - - - 35 39 Région de Berlin - - - 2-2 Rome - Latium - - - - 6 6 Milan - Lombardie - - - 2 18 20 Région de Vienne 1 - - - 33 34 Bruxelles Capitale 1 - - - 18 19 Région de Stockholm - 13 87 - - 100 Amsterdam - Hollande du Nord - 44 - - - 44 TOTAL 13 92 87 13 195 400 Sources : sites Internet des écolabels, Deloitte Conseil 9

Ecolabels et démarches collectives Proportion d hôtels écolabellisés par destination Paris Ile-de-France 43 (1,8 %) Grand Londres 93 (6,9 %) Communauté de Madrid 0 Barcelone - Catalogne 39 (1,4 %) Région de Berlin 2 (0,3 %) Rome - Latium 6 (0,3 %) Milan - Lombardie 20 (0,7 %) Région de Vienne 34 (8,5 %) Bruxelles Capitale 19 (11,5 %) Région de Stockholm 100 (36,5 %) Amsterdam - Hollande du Nord 44 (6,1 %) 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500 3 000 3 500 Hôtels écolabellisés (% du parc total) Sources : sites internet des écolabels, Deloitte Conseil Reste de l offre (hôtels) Sur l ensemble des régions observées, totalisant près de 15 000 hôtels, seuls 400 établissements affichent un écolabel fin 2010 (2,7 % de l offre). Cette moyenne dissimule de grandes disparités entre les destinations : Stockholm leader : conformément à l image d une ville à la pointe dans le domaine du développement durable, l hôtellerie de Stockholm affiche une nette avance. Une centaine d hôtels y sont écolabellisés, la plupart sous la bannière Nordic Swan. Créé en 1989 par le Conseil des Ministres Scandinaves, cet écolabel généraliste (une soixantaine de groupes de produits/services) est souvent cité en référence. Limité aux pays scandinaves, il bénéficie d une grande crédibilité grâce à des procédures de vérifications régulières et à un degré d exigence croissant : lorsque 30 % des entreprises labellisées remplissent la totalité des critères, ces derniers sont renforcés. L essor du Nordic Swan tire également profit de sa notoriété auprès des consommateurs, favorisée par des actions de marketing et de sensibilisation, notamment auprès des plus jeunes, dans les écoles. Ainsi en 2009, 91 % des consommateurs scandinaves interrogés au cours d une enquête reconnaissaient le logo Nordic Swan. 10

Ecolabels et démarches collectives Amsterdam, Bruxelles, Londres et Vienne en ordre de marche : sur ces destinations, seuls de 6,1 % à 11,5 % des hôtels sont écolabellisés à fin 2010. Néanmoins, des démarches collectives ont été initiées et portent progressivement leurs fruits : - entre 1998 et 2005, les établissements touristiques néerlandais se sont appuyés sur un écolabel national (Milieubarometer), qui s est ensuite rapproché de Green Key 1. Cet écolabel prévaut aujourd hui sur le marché hôtelier d Amsterdam, avec 44 hôtels engagés dans la démarche au niveau régional. Ce résultat a été favorisé par plusieurs actions de sensibilisation des profes sionnels, mettant notamment en avant les économies de charges pouvant être réalisées ; - l Institut Bruxellois pour la Gestion de l Environnement (IBGE) a créé en 1999 le label entreprise écodynamique, reconnaissance officielle en Région de Bruxelles-Capitale des bonnes pratiques de gestion environnementale mises en œuvre dans les entreprises. Fin 2010, 18 hôtels de la région de Bruxelles ont obtenu le label, dont la diffusion est favorisée par sa gratuité pour les professionnels, mais aussi par des actions de sensibilisation auprès des professionnels. A cet égard, l IBGE a ciblé en 2009 le secteur hôtelier au travers d un projet pilote qui a permis de faire passer le nombre d hôtels bruxellois écolabellisés de 4 à 17 ; - à Londres, dans le prolongement du plan d actions London CO2 initié par l ancien maire de la Ville, Ken Livingston, le dispositif Green Tourism for London structure des actions visant à renforcer la durabilité du tourisme, avec pour point de mire l organisation des Jeux Olympiques 2012, qui se veut exemplaire dans ce domaine. Dérivé du Green Tourism Business Scheme national, le Green Tourism for London regroupe 132 établissements (lieux d hébergement, centres de conférences, sites touristiques) dans un système d écolabellisation progressif selon le nombre de critères respectés. A l échelle de Londres, les établissements engagés représentent un volume d offres modéré mais néanmoins suffisant pour permettre de communiquer largement autour du tourisme durable et créer un cercle vertueux. Pilote de ce dispositif, La London Development Agency propose également un support financier et technique aux professionnels ; - à Vienne, c est l EcoBusiness Plan qui fait référence, démarche initiée en 1998 par le département de la protection de l environnement de la municipalité, avec le soutien de l Union Européenne. Elle concerne tous les domaines d activités et permet aux entreprises 1 L association FEE Netherlands a d ailleurs été désignée pour assurer la coordination internationale du programme Green Key sur la période 2009-2012. 11

Ecolabels et démarches collectives d être accompagnées dans la structuration d un plan d actions développement durable (surtout orienté vers des mesures environnementales). Une première phase consiste à réaliser un diagnostic permettant d identifier les sources d économie et les points faibles environnementaux de la structure. Ensuite, l entreprise peut choisir parmi 8 modules la voie qui semble la plus appropriée (écocertifications ISO 14001 ou EMAS, module Ecoprofit destiné aux entreprises indus trielles, module écolabel touristique autrichien ). Enfin, l entreprise peut être accompagnée dans la mise en œuvre de son plan d actions et est encouragée à contribuer au rayonnement de la démarche (Ecobusiness Club, suivi des résultats obtenus ) L EcoBusiness Plan a largement favorisé le développement de l écolabel autrichien, porté par 33 hôtels de la région de Vienne fin 2010. Ce dispositif national créé en 1990 est fondé sur le même principe que la plupart des écolabels (référentiel à respecter), avec des critères obligatoires et des critères cibles. Il offre également la possibilité aux professionnels de suggérer des idées innovantes pouvant par la suite être reprises dans l évolution de la grille d analyse. les autres destinations apparaissent nettement moins avancées en matière d écolabellisation de l offre hôtelière. Cela correspond à une réalité qui doit toutefois être tempérée : - certains hôtels initient parfois des actions dans le champ du développement durable, de façon plus ou moins empirique ou structurée, sans pour autant entrer dans une démarche d écolabellisation ; - le recensement présenté n inclut pas les hôtels écocertifiés (démarches telles qu ISO 14001 ou EMAS). Sur ce point, il convient de noter par exemple la politique volontariste du groupe Accor, avec la généralisation de la certification ISO 14001 au sein des hôtels sous enseigne Ibis (une quarantaine à Paris Ile-de-France). Cette analyse met en évidence les marges de progression importantes de l écolabellisation sur les grandes destinations urbaines européennes. Dans le secteur hôtelier, un grand travail reste à faire pour convaincre les hôteliers car : d une part, ces démarches sont souvent vécues comme une contrainte supplémentaire dans un secteur où la majorité des acteurs sont de petites entreprises, avec des dirigeants fortement impliqués dans l exploitation. A juste titre ou non, les procédures liées à l écolabellisation sont souvent jugées complexes, chronophages et coûteuses. d autre part, les professionnels ont du mal à percevoir le bénéfice qu un tel engagement peut apporter, la plupart des écolabels restant peu connus des consommateurs et souvent relayés a minima par les organismes de promotion. Comme l illustre la comparaison européenne, les destinations les plus avancées en la matière sont celles qui ont initié des démarches collectives intégrant des actions de sensibilisation, d accompagnement (technique, financier), voire de promotion. Sur ce point, l Italie offre un exemple frappant : l écolabel européen est totalement absent de l offre hôtelière en Lombardie et dans le Latium, donnant l image d un pays en retard dans le domaine du tourisme durable. Pourtant, la région alpine du Trentin (nord de l Italie) a initié il y a plusieurs années une démarche collective de promotion de l écolabel européen (dynamisée par un dispositif de subvention) qui lui permet aujourd hui de mettre en avant plus d une centaine d hébergements écolabellisés. En l absence de telles démarches, l écolabellisation des hôtels se développe moins rapidement, au gré des initiatives individuelles ou grâce à la politique de groupes particulièrement volontaristes, dans le champ de l hôtellerie (Accor, B&B, Best Western, Rezidor ) ou de la parahôtellerie (Ethic Etapes, Rêvalis Ever ). Enfin, il convient de noter que parmi les 9 écolabels répertoriés dans l hôtellerie des grandes métropoles européennes observées, seuls 3 ont des ambitions de déploiement véritablement internationales (Ecolabel Européen, Green Key-La Clef Verte et Green Globe/ Earth Check). Les autres s inscrivent dans une démarche circonscrite à la Scandinavie pour Nordic Swan, à l échelle nationale, voire régionale (label entreprise écodynamique à Bruxelles Capitale ou l EcoBusiness Plan à Vienne), ou à travers la déclinaison locale d une dynamique nationale (Green Tourism for London). 12

Marketing développement durable, une mise en valeur encore modérée La promotion d une offre touristique durable est extrêmement variable d une destination à une autre, mais globalement, elle reste faible sur la majorité des destinations observées, pour plusieurs raisons : l offre en question est souvent insuffisante pour un faire un axe stratégique du marketing touristique (avec une offre écolabellisée atteignant difficilement les 2 % de l offre totale, la masse critique est loin d être atteinte) ; les démarches de développement durable initiées négligent parfois le volet marketing et de ce fait sont peu relayées par les organismes de promotion touristique ; dans certains cas, le tourisme durable n est qu une des composantes d une politique globale de développement durable. Sur les sites Internet des organismes de promotion touristique, lorsqu elle est mise en avant : l offre développement durable reste cantonnée à un chapitre spécifique ( Eco-labeled Living à Stockholm, Brussels Green, People like you/green à Londres, etc.), renvoyant parfois en revanche vers un site spécifiquement dédié à la thématique «durable ( Green Tourism for London ou Catalunya ès Qualitat ). les critères de recherche proposés par les centrales d information et de réservation intègrent rarement les principes du développement durable. Toutefois, les stratégies marketing en matière de développement durable tendent à s affirmer : Londres souhaite en particulier faire du tourisme durable un véritable levier économique pour le secteur, ambition que la destination affiche très clairement à travers le dispositif Green Tourism Business Scheme. Deux catalyseurs : le marché MICE et les grands événements sur le segment du tourisme d affaires, la clientèle et les prescripteurs sont de plus en plus demandeurs de prestations intégrant une approche développement durable. l organisation de grands événements internationaux s accompagne désormais d actions en matière de développement durable, permettant à la destination concernée de se montrer exemplaire, dans ce domaine, sur la scène internationale. Londres, ville organisatrice des Jeux Olympiques 2012, en est le meilleur exemple. Milan, qui s apprête à accueillir l Exposition Universelle en 2015, est également concernée. Bonnes pratiques en matière de marketing développement durable Grand Londres Barcelone, Catalogne Berlin Amsterdam, Noord-Holland Stockholm Vienne Bruxelles Capitale portail «vert» accessible depuis la page d accueil de Visit London promotion de l offre touristique développement durable auprès des futurs visiteurs des JO 2012 Catalunya és Qualitat, site Internet développé par Turisme de Catalunya : interface de recherche des hébergements et équipements touristiques en fonction de leurs labels/certifications. Outil associant écolabel (Distintiu), certifications environnementales (ISO14001 et EMAS) et labels qualité (Q de Qualitat, ISO9001) site Internet Berlin Green Meetings, mettant en avant les aspects développement durable de la destination et les équipements écoresponsables sur la filière MICE (hôtels, infrastructures de congrès, réceptifs ) mise en avant, sur le site de l Office de tourisme, d une journée type orientée autour du tourisme durable (A Green Day) : déplacements, restauration, activités et visites référencement et mise en avant des prestataires restauration ayant une démarche durable sur le marché MICE, mise en place d un Event Carbon Calculator et d un système de compensation pour les clients (facultatif) chapitre Eco-labeled Living sur le site Internet de l Office de tourisme élaboration d une brochure eco-cool in Stockholm, recensant les possibilités pour les visiteurs d organiser un séjour vert Swan Club, club rassemblant des entreprises et les incitant à consommer des produits/services Nordic Swan campagne marketing How much of a Swan are you? : sensibilisation des consommateurs au Nordic Swan le moteur de recherche hébergement sur le site de l Office de tourisme intègre un critère écolabel autrichien (visible cependant uniquement en dévelop pant le formulaire de requête) création par le Convention Bureau de Vienne (VCB) d un site Internet dédié au tourisme durable dans l organisation de manifestations d affaires : présentation de la politique environnementale des principaux acteurs sur le marché, référencement d hôtels écolabellisés, soutien à diverses initiatives en matière de développement durable, charte pour l organisation d événements responsables le VCB a pour projet de mettre en œuvre un système de mesure de l impact carbone des événements promotion de l offre touristique développement durable, via un chapitre Brussels Green accessible depuis la page d accueil du site de l Office de tourisme 13

Offres combinées transports + activités, un outil de développement durable pour une destination? Les cartes (les Pass) combinant transports et activités touristiques peuvent contribuer, à la marge, à une politique de développement durable. Les visiteurs se déplaçant majoritairement en transports en commun, l impact est cependant limité. Ces offres peuvent toutefois inspirer un modèle similaire qui valoriserait l offre développement durable (hébergement, commerces ) en la combinant avec les transports en commun. Des formules très variées Toutes les destinations observées proposent des cartes, souvent appelées Pass, qui combinent prestations gratuites et prestations à tarif réduit. En premier lieu, la carte propose très souvent la gratuité des transports en commun. Ensuite, le nombre et le type de prestations gratuites varient fortement d une destination à l autre. Madrid et Londres sont les seules destinations pour lesquelles la carte touristique n inclut pas les transports en commun. Il est cependant possible d acheter séparément un Pass transports en commun. La situation est similaire sur Paris, où les visiteurs peuvent acheter séparément : le Paris Museum Pass : accès illimité à 60 musées partenaires le pass transports Paris Visite : accès illimité aux transports RATP (plusieurs zones) + livret de réductions. Notons que la zone 1-3 ne couvrent ni les aéroports ni certains sites touristiques structurants (Disneyland Paris, Versailles). 14

Des professionnels de plus en plus concernés La présente enquête intègre également le point de vue de professionnels du tourisme, prioritairement celui des opérateurs franciliens, afin de mieux connaître leurs attentes et besoins en matière de développement durable. Les entretiens, menés auprès d une trentaine de professionnels ayant pour la plupart d ores et déjà mis en œuvre une démarche développement durable dans leur établissement, ont notamment porté sur : la structuration du développement durable au sein de l entité interrogée ; les actions et bonnes pratiques mises en œuvre ; les projets à l étude dans le domaine du développement durable ; les freins rencontrés ; les attentes relatives à cette thématique, en particulier en termes d accompagnement et de soutien. Aux côtés des acteurs directs du tourisme (hôteliers, sites touristiques, organismes de promotion touristique), des professionnels intervenant dans des activités connexes au tourisme ont également été interrogés (transports, promoteurs immobiliers, organismes certificateurs ou exploitant un écolabel). Des professionnels dans l attente de soutien Le secteur francilien des hôtels et restaurants est caractérisé par la forte proportion de petites entreprises : selon la chambre de commerce et d industrie de Paris (CCIP), sur les 44 000 établissements de moins de 250 salariés recensés en Ile-de- France dans le secteur des CHR (Cafés, Hôtels et Restaurants), 88 % ont moins de 10 salariés. Pour cette étude, le CROCIS a demandé à Médiamétrie de sonder 1 700 entreprises franciliennes du secteur des CHR. Parmi les chefs d entreprise interrogés, 33 % ont déclaré être freinés dans leur volonté de mettre en œuvre une démarche de développement durable. Les principaux freins relevés (plusieurs réponses possibles) concernent le manque : de moyens financiers (59 %); d information sur le développement durable (35 %); de temps (26 %). Dans cette même enquête, les professionnels ont été interrogés sur les principales raisons qui les incitent ou les inciteraient à mettre en œuvre une politique de développement durable dans leur entreprise. Les réponses ont été les suivantes (plusieurs réponses possibles) : conformité avec la réglementation environnementale (61 %) ; engagement citoyen du chef d entreprise (54 %) ; moyen de valoriser l image de l entreprise (49 %) ; atout sur le plan économique (34 %) ; moyen de limiter les risques (33 %) ; moyen de motiver vos salariés (17 %) ; exigence imposée par les clients et partenaires financiers (13 %). Dans une étude publiée en février 2009, le Centre Régional d Observation du Commerce, de l Industrie et ses Services (CROCIS) constate que les entreprises de l hôtellerie/ restauration se sentent souvent peu concernées par le développement durable. 15

Des professionnels de plus en plus concernés Hébergement marchand Ce constat rejoint les observations effectuées dans le secteur de l hébergement marchand francilien. Malgré une prise de conscience récente des enjeux environnementaux (début 2010), peu d établissements ont initié une démarche développement durable structurée autour d un écolabel : Ecolabel européen : 7 hébergements, dont 5 hôtels Clef Verte : 35 hébergements, dont 25 hôtels (17 sous enseigne B&B) Green Globe : 1 hôtel. Ramenée au total des 2 360 hôtels classés à Paris Ile-de-France, dont 1 476 établissements à Paris, totalisant 150 000 chambres, l offre d hébergement écolabellisée représente à peine 1 %. Ce constat doit néanmoins être tempéré car : de nombreux professionnels initient, souvent de façon empirique, quelques actions sans pour autant les inscrire dans le cadre d une certification / labellisation ; les principaux groupes hôteliers déploient leur propre politique de développement durable, notamment au travers de chartes, et s appuient parfois sur des certifications existantes (ISO14001 pour le groupe Accor en particulier). Malgré une prise de conscience relativement récente des enjeux environnementaux, en 2010, peu d établissements adoptent une démarche structurée : beaucoup d hôteliers indépendants initient des actions de façon instinctive/empirique, mais elles se limitent souvent à la sensibilisation de la clientèle sur le changement du linge de toilette, à l utilisation d ampoules économes en énergie ou encore au tri sélectif des déchets ; dans quelques cas (peu visibles sur le marché), des professionnels mettent en œuvre une politique de développement durable sans pour autant faire labelliser leur établissement. Dès les années 90, les groupes hôteliers ont commencé à élaborer des chartes relatives au développement durable. Aujourd hui, la plupart d entre eux mettent en avant des programmes déployés globalement ou par enseigne. Cette tendance s est accélérée depuis que les sociétés cotées sont soumises à l obligation d émettre un rapport annuel sur leur politique de développement durable. Aujourd hui, les chaînes hôtelières tendent à s appuyer sur des labels ou certifications existants, en les différenciant : par enseigne (groupe Accor par exemple, avec une cinquantaine d hôtels Ibis certifiés ISO14001 en Ilede-France) ; par secteur géographique (le groupe Rezidor a par exemple choisi de privilégier, dans les pays où ses hôtels sont présents, le label le plus répandu). La chaîne d hôtels économiques B&B a adopté une politique d écolabellisation volontariste ces derniers mois, totalisant (début 2011) 21 hôtels Clef Verte en Ile-de-France pour un parc de 25 établissements. Ces 17 hôtels représentent les deux-tiers de l offre hôtelière Clef Verte au niveau régional. En matière de développement durable, les groupes hôteliers bénéficient de moyens qui leur permettent : d élaborer des plans d actions structurés et d en assurer le suivi au même titre que les performances commerciales ou de gestion de leurs hôtels ; d intégrer à ces plans d actions une véritable dimension RSE (recrutement, formation, promotion interne ) ; d établir des partenariats avec des associations pour apporter une contribution humanitaire, sociale ou environnementale au-delà du cadre même de l entreprise ; de conduire des projets expérimentaux ambitieux, notamment dans la conception de nouveaux hôtels (HQE, bâtiments basse consommation, production d énergies renouvelables ). A Paris Ile-de-France, seuls quelques hôteliers indépendants se sont dotés d une véritable politique de développement durable, et en premier lieu par conviction personnelle. Pour ces professionnels fortement engagés, les labels environnementaux constituent un guide pour structurer leur démarche et un signal à destination de la clientèle, même si le déficit de notoriété des principaux labels est souvent mentionné comme une faiblesse. 16

Des professionnels de plus en plus concernés En revanche : le déploiement de la politique développement durable des chaînes hôtelières au sein des unités qui la composent est relativement lent, soumis aux contraintes organisationnelles de grands groupes ; la mise en œuvre de la politique développement durable des groupes hôteliers est soumise à la motivation des directeurs d hôtels. Or, leur implication peut se révéler inférieure à celle d un exploitant propriétaire de son outil de travail. En ce qui concerne le secteur des transports, constituant une composante indissociable de la consommation touristique et celle qui a l impact le plus prononcé d un point de vue environnemental, peu d actions ont été mises en œuvre à l intention des visiteurs (à l exception de l offre de transport de la RATP Paris Visite ). Globalement, les grands acteurs franciliens des transports affichent une volonté de progression constante en matière de développement durable. Toutefois, l usager-visiteur fait encore peu l objet de réflexions spécifiques, notamment en raison d un déficit d échanges entre les acteurs des transports et les acteurs du tourisme, problématique soulignée par la plupart des interlocuteurs. Quant aux sites touristiques, la question du développement durable est principalement traitée sous 3 angles : l accessibilité pour tous : handicapés, tarifs adaptés pour les publics à moindre revenus et offre dédiée à la clientèle locale ; la limitation : des consommations d énergie, des consommations de papier, des déchets (+ collecte sélective) ; la sensibilisation des visiteurs, en profitant des espaces disponibles dans les musées, souvent importants, pour renforcer les messages de sensibilisation sur le développement durable, mettre à disposition ces espaces pour les semaines à thèmes La plupart des interlocuteurs interrogés soulignent le manque de coordination des actions entre sites touristiques et avec les organismes de promotion, et émettent le fort souhait de participer à un réseau (francilien et/ou international) permettant des échanges de bonnes pratiques, une mutualisation des actions, l identification d aides financières possibles 17

Conclusion A l exception de Stockholm, qui se distingue parmi les territoires observés, les grandes destinations touristiques urbaines européennes n en sont encore qu aux prémices de la mise en œuvre de politiques de tourisme durable. Au-delà de l aspect citoyen, le développement durable reste pourtant un enjeu incontournable : le déficit de prise en compte de cette problématique (ou pire : le green washing ) va devenir de plus en plus préjudiciable à l image d une destination pour les visiteurs internationaux ; la mise en œuvre de politiques de développement durable devient indispensable pour préserver les parts de marché des destinations sur le segment MICE, où cette démarche constitue, pour un nombre croissant de prescripteurs, une véritable valeur ajoutée. A court ou moyen terme, cette tendance s étendra probablement à la clientèle d affaires individuelle, qui se verra encouragée par des procédures internes aux entreprises favorisant les consommations de services écolabellisés ou écocertifiés. Pour communiquer de façon crédible sur la question du développement durable, une destination doit en premier lieu pouvoir s appuyer sur une masse critique d offres d équipements et de services à promouvoir. Or, ce point fait défaut à la plupart des destinations européennes observées : le déploiement des écolabels et écocertifications reste souvent insuffisant. Grâce à la mise en œuvre de démarches collectives auprès des hébergements touristiques, ou plus largement vis-àvis des entreprises touristiques, plusieurs grandes villes sont parvenues à initier une dynamique. Qu il s agisse du Green Tourism for London ou encore de l Ecobusiness Plan Vienna, la stratégie ne peut s envisager que sur un moyen terme et ne peut être vertueuse qu en permettant aux professionnels de tirer profit de leur implication (appui technique voire financier, économie de charges avérée, mise en avant par les organismes de promotion ). Il est également important de noter que la notion de développement durable est souvent réduite à sa composante environnementale. Or, la dimension sociétale constitue un point tout aussi important dans le champ du tourisme. En particulier, l accessibilité du tourisme aux personnes souffrant d un handicap est une question qui génère de nombreuses initiatives sur chaque destination observée, souvent portées par des organismes ou associations et relayées par les organismes de promotion touristique. Moins mise en avant, la question de l accessibilité du tourisme pour tous les budgets va également prendre de l importance dans les années à venir, l hôtellerie bon marché tendent à disparaître des grandes destinations européennes. Sur ce point, les pratiques notables relèvent aujourd hui surtout d initiatives privées ou portées par de petits groupes spécialisés (Ethic Etapes par exemple). En définitive, cette analyse illustre la grande variété des stratégies et des initiatives en matière de développement durable sur les destinations européennes observées. Elle permet aussi de constater l importante marge de progression nécessitant d une part de mieux fédérer les acteurs et les actions existantes, et d autre part, d encourager autant que possible un maximum de professionnels du tourisme à s engager dans le développement durable. C est seulement en y parvenant que les destinations touristiques pourront mettre en avant leurs composantes durables de façon crédible sur un marché de plus en plus compétitif. 18

Liens utiles MICE Amsterdam RAI Londres CCIB VCB Tourisme pour tous Barcelone (région Catalogne) Madrid Musée Tiflológico Italie Belgique Scandic Hotels Berlin Autriche Ecolabels Ecolabel européen Green Key Nordic Swan Green Globe Earth Check Entreprise Ecodynamique Green Tourism for London Distintiu Legambiente Turismo Vienna ecobusiness Plan 19

Tour d horizon des bonnes pratiques de développement durable du tourisme en France

Premier aperçu Le tourisme en France se positionne par rapport à la thématique du développement durable Destinations touristiques phares comme destinations moins fréquentées, en France, tous les territoires se positionnent par rapport à la thématique du développement durable. Considérée comme une forte valeur ajoutée, notamment en termes d image axée sur la qualité, la démarche durable est systématiquement mise en avant par les nombreux acteurs qui s engagent en sa faveur dans les territoires observés. L argument marketing que peut véhiculer une démarche durable appliquée au secteur touristique est fortement utilisé par les acteurs institutionnels intervenant dans ce domaine. Aussi, depuis quelques années, on peut noter la volonté clairement affichée des acteurs touristiques engagés dans la démarche de passer à l action, représentant l application concrète des discours relatifs au développement durable cultivés depuis longtemps. Cette ambition de traduire en action le vocable institutionnel caractérise un certain nombre de destinations françaises désireuses d inscrire leur offre touristique dans un registre durable. Clairement identifié comme étant le fil conducteur de la plupart des stratégies touristiques, le développement durable représente depuis quelques années un axe majeur dans les politiques territoriales relatives au secteur du tourisme. En France, de nombreux acteurs touristiques, représentant le secteur public comme privé, interviennent sur la thématique: les organismes publics et parapublics (collectivités territoriales et leurs organismes associés en charge du tourisme) se positionnent vis-à-vis des professionnels comme accompagnateurs dans la démarche entreprise par ces derniers en faveur du développement durable, et valorisent l offre touristique relevant de la thématique vis-à-vis du grand public ; les acteurs privés se lancent et s organisent également autour de la thématique : leurs actions sont le plus souvent encadrées par une démarche permettant l obtention d un écolabel, ou dans le cadre d un réseau (par exemple club des hôteliers), dont le leadership est souvent assuré par le secteur public. Parmi les nombreux acteurs intervenant dans le secteur du tourisme, ceux représentant des territoires plus petits, notamment certains Comités Départementaux du Tourisme et certaines villes (à titre d exemple : la municipalité, l OT et le Club des hôteliers de Nantes, le CDT de la Somme, le Conseil général du Nord, la ville de Lyon, la CRCI du Pays de la Loire ) sont souvent particulièrement dynamiques. Par ailleurs, les Chambres de commerce et d industrie se distinguent par leur volontarisme en la matière. La démarche RESPECT l engagement tourisme durable (Responsabilité Environnementale et Sociale Pour des Entreprises Compétitives du Tourisme), l accompagnement et la prise en charge des écolabels (Ecolabel européen, la Clef Verte) par de nombreuses chambres consulaires témoignent bien de ce dynamisme (ex. Pays de la Loire). 21

L interprétation de l approche développement durable Une analyse relative aux problématiques phares interprétées par les différents acteurs représentant divers territoires comme étant les clefs de cette thématique permet de constater, qu au sein de la démarche durable, les préoccupations environnementales arrivent nettement en tête, dominant ainsi l approche durable qui se veut être basée également sur les piliers économique et social/ sociétal. De nombreuses raisons peuvent expliquer ce positionnement quasi exclusif attribuant une place privilégiée à la préoccupation environnementale au sein de la démarche de développement durable : le pilier environnemental représente un point de repère facilement identifiable par tout le monde, des opérateurs touristiques au grand public; l environnement, interprété au sens large du terme, représente le cadre même de l offre touristique. Sa préservation est par conséquent indispensable pour la survie de l activité elle-même; considéré comme étant le domaine nécessitant une «intervention de sauvetage» en priorité et en urgence, la gestion environnementale est souvent traduite par des outils pratiques et devient ainsi le volet le plus facile à concrétiser. La thématique du tourisme social et associatif est quasi systématiquement présentée comme faisant partie du dossier développement durable. Les questions liées à l accessibilité des personnes souffrant d un handicap sont en revanche traitées par la plupart des structures séparément, comme étant une problématique à part entière. Quant aux considérations relatives à la qualité, aucune destination française n affiche à l heure actuelle une stratégie conjointe, intégrant à la fois la problématique Qualité et celle du développement durable (à l exception de la Picardie, qui engage une démarche d excellence regroupant les questions liées au développement durable, à la qualité et à l accessibilité). Pour la plupart des destinations, la démarche Qualité est assurée par la promotion apportée au label Qualité France. Les écolabels, dont les critères d attribution sont axés à 90 % sur ces mêmes considérations environ nementales, témoignent également de cette prédominance. Il convient néanmoins de noter, bien qu elle soit plus difficile à cerner et à décrypter, que la question relative à la responsabilité sociale/sociétale des entreprises touristiques représente également une préoccupation grandissante des collectivités territoriales, soucieuses de voir leurs entreprises touristiques évoluer dans ce domaine. 22

Les points faibles observés Les quelques faiblesses concernant la prise en compte de la thématique du développement durable du tourisme en France sont liées au manque de concertation et de travail en réseau des acteurs intervenant dans ce domaine et à l interprétation réductrice de la démarche durable, privilégiant les considérations environnementales, limitant ainsi la thématique aux seuls aspects éco-touristiques. L identité territoriale : l une des clefs de l approche durable Dans la majorité des cas, la démarche développement durable est basée sur une approche identitaire fortement ancrée sur le territoire. Cette approche permet, en plus d une meilleure gestion écologique et sociale/sociétale des entreprises, une forte valorisation des spécificités du territoire concerné. En positionnant les habitants au centre du processus, l approche développement durable permet aux collectivités concernées de valoriser, à travers la promotion touristique, l identité propre de ces destinations. http://reinventonsletourisme.picardie.fr/ La Picardie met en avant l identité picarde dans son approche marketing touristique axée sur le développement durable. Partant sur une méthodologie de concertation, entreprises, habitants, associations et partenaires régionaux sont étroitement associés à chaque étape de la réalisation de l Agenda 21 et du Schéma Régional d aménagement et de développement durable du territoire. L expérience et l expertise des participants ont permis de fixer les orientations stratégiques pour l aménagement et le développement durable de la Picardie. C est ce même type de démarche participative qui a été initiée dans le cadre de l élaboration du Schéma Régional du Développement Durable du Tourisme et des Loisirs : à travers une plateforme citoyenne collaborative, les habitants contribuent ainsi à la stratégie touristique de leur propre territoire. 23

Première action privilégiée : le soutien aux écolabels Contrairement à la tendance observée en Europe à travers l enquête de Benchmarking effectuée dans 11 destinations (dont la plupart ont développé un référentiel local), les collectivités françaises semblent privilégier le soutien aux écolabels existants, assurant une visibilité européenne ou internationale (l Ecolabel européen, la Clef Verte et Green Globe). 3 types d actions sont déployés en ce sens : un soutien institutionnel aux écolabels, sous forme de convention et/ou d accords de subventions soumis à éco-conditionnalité ; des démarches d accompagnement des professionnels du tourisme vers une meilleure connaissance des labels en question : formations, accompagnement technique vers la labellisation par un cabinet spécialisé, ou encore sous forme d écoguide technique à destination des opérateurs touristiques ; promotion des offres s inscrivant dans la gestion durable. Les acteurs touristiques ayant pris des engagements en faveur d un ou de plusieurs éco labels considèrent que cette stratégie de soutien a fait ses preuves. Dans les régions qui soutiennent une telle démarche, une étude comparative chiffrée permet de constater une évidente et forte corrélation entre la mise en place des politiques volontaristes en faveur des écolabels et le nombre d établissements labellisés : Ainsi arrivent en tête les régions Aquitaine et Bretagne, toutes deux menant une politique de soutien forte auprès de ces labels : en Aquitaine, 80 hébergements labellisés (tous écolabels confondus), grâce au dispositif d accompagnement des professionnels vers l Ecolabel européen initié par le Conseil régional, l UMIHRA et l ADEME, et 59 en Bretagne. Ecolabel Clef verte Ecogîte Gîte Panda Chouette Nature Green Globe Hotels au naturel TOTAL Alsace 1 11 - - - - 3 15 Aquitaine 15 53 9 1 1 1-80 Auvergne 1 13 - - - 1-15 Basse Normandie 1 17 - - 2 - - 20 Bourgogne 1 17 - - - - - 18 Bretagne 2 50 - - 5-2 59 Centre - 19 - - - - - 19 Champagne-Ardenne 1 4 - - - - - 5 Corse - 1 - - - - - 1 Franche-Comte 1 4 - - 3 - - 8 Haute Normandie - 8 - - - - - 8 Ile-de-France 7 28 - - - - 1 36 Languedoc Roussillon 2 42 - - 5 - - 49 Limousin 9 10 - - - 1-20 Lorraine 1 13 - - 3-8 25 Midi Pyrenees 2 23 - - 5 1 3 34 Picardie 2 29 - - - - - 31 Poitou Charentes 9 25 - - 2 1-37 Paca 7 38 - - 4 2 5 56 Rhone Alpes - 42 - - 9 1-52 Dom Tom - 3 - - - - - 3 Sources : CRT Paris Ile-de-France 24

Subventions régionales et accompagnement des professionnels du tourisme dans leur démarche de développement durable De plus en plus de collectivités territoriales introduisent dans leurs critères d attribution des subventions relevant des principes du développement durable. Certaines d entre elles vont également plus loin, mettant en place des dispositifs spécifiquement dédiés au développement durable du tourisme : Le Conseil régional d Auvergne a ainsi initié le Fonds Régional d Intervention Touristique (F.R.I.T.), avec pour objectif principal d encourager les structures et les territoires à créer ou à développer un projet de développement global dans le cadre des Contrats régionaux de développement durable du territoire (C.R.D.D.T.). Le Contrat d Entreprise Touristique en Bretagne (CETB) cible les projets d envergure régionale intégrant une dynamique touristique et qui s inscrivent dans une démarche de développement durable. Pour développer ces produits, la Région peut accorder des aides pour la conception et la consolidation de projets, mobilisant des fonds conséquents. En outre, les collectivités territoriales et les organismes associés en charge du tourisme se positionnent de plus en plus en tant qu accompagnateurs des opérateurs touristiques en matière de développement durable. En 2003, Rhône-Alpes Tourisme a mis en place une plateforme spécifiquement dédiée aux questions du tourisme durable et de l écotourisme. Cette base de données documentaire rassemble des éléments relatifs aux définitions et concepts, aux méthodologies et outils, ainsi qu aux stratégies et initiatives relevant de la thématique du développement durable du tourisme, dans l objectif d accompagner les opérateurs touristiques dans leur démarche. Le Comité Régional de Développement Touristique d Auvergne (CRDTA) a édité en 2007 un manuel de gestion environnementale à destination des entreprises touristiques de la destination. Cet Écoguide a pour objet de proposer une méthode de travail pour guider et soutenir une démarche environnementale dans un hôtel, un restaurant, un camping, un gîte, une résidence de tourisme ou une autre structure d accueil touristique. Il se présente comme une boîte à outils recensant les bonnes pratiques, les gestes simples et les méthodes d organisation quotidienne. Le programme environnemental d accompagnement des professionnels du tourisme Itinéraire éco3 (+ d économie, + d écologie, + d écolabels), initié par la Chambre de Commerce et d Industrie du Var et cofinancé par la CRCI et l ADEME de Provence- Alpes Côte d Azur, s adresse aux responsables d hébergement, dans la perspective de l obtention d un écolabel. Toujours en PACA, le Manuel de Gestion Environnementale et Sociale MAGESTOUR représente un dispositif d accompagnement des opérateurs touristiques vers la pratique concrète de la Responsabilité Sociale et Environnementale (RSE). L objectif de ce dispositif, composé de 3 guides thématiques, est de démarrer la démarche et de la pérenniser à travers des actions et gestes simples. 25

Une approche développement durable très axée nature Compte tenu des caractéristiques générales de la France, l offre touristique durable se structure essentiellement autour de la thématique nature, vert, éco-tourisme. Cette tendance est confirmée dans les enquêtes qualitatives et quantitatives relatives à la potentialité des éco-clientèles, initiées par Atout France en 2010, et selon lesquelle la quasi-totalité des personnes interrogées situent la thématique durable en milieu exclusivement rural. De nombreuses destinations axent ainsi leur offre touristique durable quasi exclusivement sur une approche nature. En Auvergne, le dispositif NATTITUDE ambitionne de promouvoir une identité commune de l offre d hébergement touristique à l échelle régionale, s inscrivant dans une nature attitude. L objectif de cette démarche de qualification locale consiste à promouvoir de nouvelles propositions d hébergements intégrant les grandes tendances européennes en termes de consommation touristiques, en parfaite harmonie avec l image de naturalité de la destination. Si de mettre en avant l approche éco-touristique est une démarche naturelle, elle reste néanmoins réductrice, le milieu urbain représentant de véritables défis, pour le moment très peu explorés. 26

Focus sur le développement durable du tourisme dans un contexte urbain Compte tenu du fait qu en France il n existe pas de destination touristique ou de zone métropolitaine comparable à Paris Ile-de-France, notamment en termes de fréquentation et du nombre d habitants, les stratégies de développement durable ciblant spécifiquement un contexte touristique urbain se font rares. Néanmoins, un certain nombre d agglomérations se distinguent par leur politique touristique durable exemplaire : Lauréate des Rubans du développement durable, notamment pour sa charte de l Ecologie, son Agenda 21, la ville de Bordeaux applique la politique de développement durable dans chacun des secteurs économiques. Le guide des éco-manifestations et l événement écotours permettent de visiter le patrimoine bordelais grâce aux moyens de transports doux. Angers Loire Tourisme (ALT), en tant qu acteur touristique, agit en cohérence avec la politique de développement durable de la ville d Angers et d Angers Loire Métropole. Parmi les actions de sensibilisation, il convient de relever celles mises à disposition des visiteurs et des habitants (commercialisation de produits développement durable, week-end éco-citoyen, et celles développées en termes d accompagnement des prestataires touristiques (guide de sensibilisation au tourisme durable, boîte à outils). Le club hôtelier de Nantes métropole, élue capitale verte européenne pour 2013, s est fixé en 2008 l objectif de porter Nantes comme la première destination française (voire européenne) ayant une démarche globale d éco-certification de ses hôtels (soit une centaine d établissements). Signataire de la charte d Aalborg des villes durables, l agglomération de Lille métropole se positionne également sur la thématique du développement durable, notamment sur le segment de tourisme d affaires. Lille Grand Palais est ainsi le premier palais des congrès en France d avoir réalisé un bilan carbone selon la méthode de l ADEME. Avec le label Lyon Ville équitable et durable, la ville de Lyon affiche son ambition de distinguer les lieux de consommation engagés dans une démarche responsable et équitable vis-à-vis de l environnement et des citoyens. Applicable sur un grand nombre de secteurs d activité (hôtellerie restauration, transport, alimentation, services financiers, activités touristiques ), les critères du label sont soumis à un comité des sages composé d organismes indépendants et reconnus (Max Haavelar, AFNOR, ADEME..). 27

Conclusion La quasi-totalité des territoires français s engagent en faveur d un développement durable quant à leur activité touristique, voire en font un axe stratégique privilégié. Les organismes chargés de l application de la politique touristique des collectivités territoriales se positionnent, pour la plupart, en accompagnateurs des opérateurs touristiques en matière de développement durable, mettant notamment en avant les arguments marketing et les considérations économiques. La thématique du développement durable du tourisme dans un contexte urbain reste à explorer d une manière plus approfondie. La destination Paris Ile-de-France, de par sa situation unique, peut potentiellement se positionner en tant que leader sur cette thématique, prouvant ainsi que non seulement le tourisme urbain peut être durable, mais qu il doit l être afin de garantir sa pérennité. Contact : Réka Csepeli, rcsepeli@nouveau-paris-idf.com 28