Actualité de la dette publique dans les pays du Nord D après un document d ONG (CADTM) qui se veut porteuse d un point de vue citoyen sur l endettement du sud et du nord
présentation 1. La crise n est pas finie, loin s en faut, elle reste mondiale et systémique. 2. Les Etats sont venus au secours des banques et assurances mais aucune régulation, aucune prise de contrôle, aucun changement structurel n est intervenu. 3. L Europe est au cœur de la crise 4. Les «solutions» du capital mènent la société dans le mur et confirme la crise de civilisation.
1. La crise n est pas finie, loin s en faut, elle reste mondiale et systémique
2. Les Etats sont venus au secours des banques et assurances mais aucune régulation, aucune prise de contrôle, aucun changement structurel n est intervenu Les banques centrales ont abaissé leurs taux directeurs pour offrir des liquidités aux banques en panne de liquidité. (2008 et début 2009) Les Etats ont déversé des Mds d, de et de $ pour venir au secours des banques en risque de faillite (700 milliards de dollars aux Etats Unis, 500 milliards de livres au Royaume Uni et 1700 milliards d euros dans la zone euro ) Certaines banques ont été nationalisées (prise de participation allant jusqu à 90% du K comme pour RBS au Royaume Uni). Le plan UE/ FMI est un plan d aide aux banques, pas aux pays!
3. L Europe est au cœur de la crise De l UE àla ZE, de la périphérie vers le centre Depuis le début de 2010 (au moins) nous assistons àla multiplication des pays en difficultés : Ex pays de l Est: Hongrie, Bulgarie, Roumanie, Ukraine, Lettonie, Serbie, Belarus, Bosnie, Moldavie; Irlande, Islande, Grèce puis l Espagne, le Portugal, l Italie? puis la Grande Bretagne, la Belgique, l Italie, la France?
On y est! Sont aujourd hui touchés le Royaume Uni et l Irlande (pour la 2 ème fois) Déjà, du fait de son exposition àla dette irlandaise (à hauteur de 5% de son PIB), la Belgique est dans le collimateur (protégée pour l instant par l absence de gouvernement) Le RU est aujourd hui en proie àun plan d austérité inédit. Les spéculations sur les notes du Portugal et de l Espagne s amplifient.
UE ZE Allemagne France Royaume Uni Italie Grèce Portugal Espagne Irlande Dettes et déficits publics (communiqué Eurostat 170/2010 du 15/11/2010) 2007 2009 variation Mds 7292 8 720 1428 % 58,8 74, O 15,2 Déficit/excédent O, 9 6,8 5,7 Mds 5967 7 092 1 125 % 66,2 79,2 13 Déficit/excédent 0, 6 6, 3 5,7 Mds 1578 1 760 182 % 64,9 73,4 8,5 Déficit/excédent 0,3 3, O 2,7 Mds 1208 1 489 281 % 63,8 78,1 14,3 Déficit/excédent 2, 7 7,5 4,8 Mds 624 949 325 % 44,5 68,2 23, 7 Déficit/excédent 2, 7 11,4 8, 7 Mds 1602 1 763 161 % 103,6 116,0 12, 4 Déficit /excédent+ 1,5 5, 3 3, 8 Mds 238 298 60 % 105,0 126,8 21,8 Déficit/excédent 6,4 15,4 9 Mds 105 127 22 % 62,7 76,1 13,4 Déficit/excédent 2, 8 9,3 6, 5 Mds 380 560 180 % 36,1 53,2 17,1 Déficit/excédent 1,9 11,1 9,2 Mds 47,3 104,6 57,3 % 25,0 65,5 40,5 Déficit/excédent O, O 14,4 14,4
Irlande, l échec d un modèle libéral de développement On l avait nommé le «tigre celtique» Un taux d IS (impôt sur les bénéfices des sociétés) à 12,5% (hors niches fiscales) ; taux d IS réellement payé = entre 3 et 4% Entreprises transnationales (Google, Apple, etc.) Irlande = plateforme d exportation (91% PIB en 2009) Une dérèglementation financière qui encourage les prêts aux ménages sans produits financiers d assurance (endettement des ménages = 190% du PIB) (les difficultés de Hypo Reale Estate et la faillite de Bear Sterns proviennent des problèmes de leurs fonds spéculatifs dont les sièges étaient à Dublin) Un boom immobilier qui booste l économie (constructions, activités financières, etc.) Un secteur bancaire surdimensionné (total des capitalisations boursières, des émissions d obligations et des actifs des banques = 14 fois le PIB du pays)
IS, immobilier, CDS/ titres de la dette.
Irlande, le revers de la médaille! Bulle financière et bulle immobilière Baisse des recettes et montée du déficit Restructurations et montée du chômage (0% en 2008, 14% début 2010). Faillite des ménages, affaiblissement des banques. Nationalisation de AIB, principal financier du BTP (injection de 48,5 Mds d ) ( PIB 2009 = 168 Mds d ). Ralentissement des exportations. Le gouvernement garantit l ensemble du système bancaire, soit 480 Mds d. Le déficit bondit de 14 à32% en 2010 ( ce dernier chiffre mélange l endettement public (notamment aides aux banques AIB) et le déficit budgétaire (baisse des impôts).
Déficit du budget (en % du PIB) 2007 = 0% 2008= 7,3% 2009 = 14, 4% 2010 = 32% dont 17,7% = 77Mds d de soutien aux banques (46 Mds de fonds propres et de 31 Mds de rachat d actifs risqués).
Les «solutions» 1/ un plan d austérité drastique qui pèse sur le pouvoir d achat des ménages Avec le risque certain de sous consommation et de baisses prévisibles des recettes fiscales D où hausse prévisible des impôts 2/ Un plan européen d aide de 85 Mds d de prêts qui sera insuffisant (le montant des défaillances de crédit augmente chaque jour)
Un plan d austérité inefficace (En fait, quatre depuis le début de la crise) 15 Mds d sur 4 ans (10 de réduction des dépenses publiques et 5 de hausse d impôt) Réduction des dépenses = 24 750 postes de fonctionnaires (8% de l effectif= 350 000 en France) Les nouveaux embauchés le seront avec un salaire inférieur de 10% Baisse des transferts sociaux avec: diminutions des allocations chômages et familiales baisse importante du budget de la santé Gel des pensions Augmentation des impôts: TVA de 21 à 23% en 2014. Création d une taxe immobilière (concerne la moitié des ménages jusque là non imposables) Salaire horaire minimum baissé de 1 (de 8,65 à 7,65 += 11%)
LE RISQUE DE CONTAGION Exposition des banques britanniques = 109Mds d de créances publiques et privées Suivies de près par les banques allemandes et françaises (les banques belges ont une exposition de 22 Mds d, soit l équivalent de 6% du PIB)
4. Les «solutions»qui n en sont pas Deux types cumulatifs de «solutions» : 1. Les plans d austérité 2. La restructuration de la dette devenue publique
1) Les plans d austérité ont deux caractéristiques essentielles a) La même matrice : faire payer la crise aux peuples b) Ils ont la forme et le contenu des plans d ajustement structurels inspirés du consensus de Washington
a) La même matrice = faire porter par les citoyens la charge du désendettement des Etats qui ont sauvé fauteurs de crise Baisse des salaires Suppressions d emplois publics Hausse des impôts (TVA, taxes indirectes) Destruction de la protection sociale (retraite, santé) Des garanties collectives (droit du travail) Privatisations Contrôle sur le budget de l Etat (Gouvernance) Ce sont de véritables plans d ajustement structurels!
b) LE CONSENSUS DE WASHINGTON Une stricte discipline budgétaire ; Réorientation des dépenses publiques vers des secteurs offrant àla fois un fort retour économique sur les investissements et la possibilité d'améliorer les inégalités de revenu (soins médicaux de base, éducation primaire, dépenses d'infrastructure) ; La réforme fiscale (élargissement de l'assiette fiscale, diminution des taux marginaux) ; La libéralisation des taux d intérêt; Un taux de change compétitif ; La libéralisation du commerce extérieur ; La libéralisation des IDE ; Privatisations des monopoles ou participations de l'état, qu il soit idéologiquement considéré comme un mauvais actionnaire ou pragmatiquement dans une optique de désendettement ; La dérèglementation des marchés (par l'abolition des barrières douanières àl'entrée ou àla sortie) ; La protection de la propriété privée, dont la propriété intellectuelle.
mais ces plans ne résolvent rien! Hausse du chômage; Creusement des inégalités sociales; Baisse de la consommation, de la production; Suppression des amortisseurs sociaux Écart grandissant entre les montants de la spéculation et la production réelle de biens et de services; Les ingrédients sont réunis pour de nouvelles bulles financières et la récession économique.
2) La restructuration de la dette, devenue publique, en 3 épisodes : a) les dettes privées sont absorbées par l Etat Les Etats prennent à leur compte les dettes des banques nationales (directement ou par participation). Se portent garants de dernier ressort en cas de défaillance (lignes de crédit). Augmentent leurs encours de dettes publiques.
La restructuration de la dette devenue publique en 3 épisodes : b) Les «marchés financiers» ne sont pas satisfaits! Les agences de notation en remettent une couche et dégradent les notations des Etats. Les fonds de placement (banques souvent) spéculent sur les garanties des obligations d Etat (CDS). Les taux d emprunt montent. Les IDE se retirent du pays.
La restructuration de la dette devenue publique en 3 épisodes. c) le bouquet final Le pays peine à emprunter et connait un effet «boule de neige» (il emprunte pour rembourser ses emprunts). Négociation contrainte avec les représentants des créanciers (le FMI souvent) pour étaler les paiements. 2 ème vague, d austérité. Restructuration de la dette (échéancier et conditionnalités). et nouvelle vague d austérité.
Réactions sociales Des mobilisations nationales sans précédent ont lieu dans tous les pays d Europe contre tout ou partie des plans d austérité. Mais pays par pays avec parfois des divisions internes ; Absence de réponses alternatives àla crise de la dette. Un FSE affaibli qui ne donne que peu de perspectives. Une seule manifestation européenne le 29/09/2010 à l initiative de la CES (la 1 ère depuis le début de la crise) et en même temps que la grève générale espagnole. La grève générale portugaise de 24/11/2010