Connaissances du personnel en radioprotection Etude multicentrique dans les blocs opératoires sur le grand Tunis



Documents pareils
DIVISION DE LILLE Lille, le 29 décembre 2011

DON ET GREFFE D ORGANES EN TUNISIE. Dr Mylène Ben Hamida Centre National pour la Promotion de la Transplantation d Organes

MODULE NATIONAL D ENSEIGNEMENT DE RADIOPROTECTION DU DES DE RADIOLOGIE

CONTRAINTES PSYCHOLOGIQUES ET ORGANISATIONNELLES AU TRAVAIL ET SANTE CHEZ LE PERSONNEL SOIGNANT DES CENTRES HOSPITALIERS:

SURVEILLANCE EPIDEMIOLOGIQUE DES TMS EN ENTREPRISES : LES RESULTATS DU SUIVI A TROIS ANS DE LA COHORTE COSALI

LA RECHERCHE INFIRMIERE: une exigence professionnelle / cas concret. La recherche infirmière. Cas concret : où se déroule-t-il?

LA FIN DE VIE AUX URGENCES: LES LIMITATIONS ET ARRÊTS DES THÉRAPEUTIQUES ACTIVES. Dr Marion DOUPLAT SAMU- Urgences Timone

Exposition de la population française aux rayonnements ionisants liée aux actes de diagnostic médical en 2012

QUALITÉ DE L APPRENTISSAGE DE L INTUBATION ORO-TRACHÉALE EN LABORATOIRE DE SIMULATION, SON INTÉRÊT POUR LES PATIENTS.

Le but de la radioprotection est d empêcher ou de réduire les LES PRINCIPES DE LA RADIOPROTECTION

Visite test de certification V2014 Retour du CHU de Rennes GCS CAPPS Vendredi 12 juin 2015

Réseau National de Laboratoires * * * * * * * * * *

Publication des liens

ROYAUME DU MAROC. Ministère de l Eductaion Nationale, de l Enseignement Supérieur de la Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique

Déclarations européennes de la pharmacie hospitalière

CHARTE POUR L ACCUEIL DES INTERNES

N/Réf. : CODEP-PRS Espace dentaire FOCH 2 bis avenue Foch ST MANDE

COMPTE RENDU D ACCREDITATION DE L'HOPITAL ET INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS CROIX-ROUGE FRANÇAISE

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève décrète ce qui suit :

LISTE DES ETABLISSEMENTS PUBLICS A CARACTERE NON ADMINISTRATIF CONSIDERES COMME ENTREPRISES PUBLIQUES. (Décret n du 2 octobre 2006)

ASSURANCE RESPONSABILITE CIVILE MEDICALE CHIRURGIE PLASTIQUE RECONSTRUCTRICE ET ESTHETIQUE

Evaluation des stages hospitaliers par les étudiants en médecine

La surveillance biologique des salariés Surveiller pour prévenir

La communication engageante dans la campagne de vaccination contre la grippe

Le point de vue d une administration hospitalière Inka Moritz, Secrétaire générale

Liège, le 8 juillet 2014 APPEL EXTERNE AUX CANDIDATURES N

Code emploi statutaire de la fonction publique hospitalière (NEH) Emplois non-médicaux

MODELE DE GESTION DU RISQUE HOSPITALIER A PROPOS D UNE ENQUETE REALISEE A L E.P.S DE MONASTIR

Surveillance des troubles musculo-squelettiques dans les Bouches-du-Rhône

ATELIERS DE FORMATION PROFESSIONNELLE A LA PRISON LOCALE DE SALE RISQUES ET CONSEQUENCES. Présenté par Dr Mouna REGRAGUI Dr Mohammed Abdalilah NEJJAR

Marketing social. PPA Mars 2007

J ai l honneur de vous communiquer ci-dessous la synthèse de l inspection ainsi que les principales demandes et observations qui en résultent.

Depuis l'an 2000, le Ministère de la Santé Publique (MSP) a mis en place une procédure d accréditation pour améliorer la qualité des services

LA DOULEUR INDUITE C EST PAS SOIGNANT!

Vaccinations pour les professionnels : actualités

EVALUER LA MAITRISE DU RISQUE INFECTIEUX EN EHPAD

Allocution d ouverture de Jean DEBEAUPUIS, Directeur Général de l Offre de soins

Suivi ADOM. Claude Boiron Oncologie Médicale

L INSTITUT DE RADIOPROTECTION ET DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE (IRSN)

Après un an d enquête, 1176 femmes travaillant au C.H.U avaient répondu à notre questionnaire.

Rédaction du Plan d Organisation de la Physique Médicale (POPM)

Parcours de visite, lycée Exposition: LA RADIOACTIVITÉ De Homer à oppenheimer

Information aux patients et à leurs proches. Espace médiation. Lieu d écoute et de dialogue pour les patients et leurs proches

MODULE D EXERCICE PROFESSIONNEL NOTION MÉDICO-ÉCONOMIQUE DES DE RADIOLOGIE ET IMAGERIE MÉDICALE. Dr F Lefèvre (1-2), Pr M Claudon (2)

Nouveau plan greffe : Axes stratégiques pour l avenir

Certification des coordinations hospitalières de prélèvement d organes et de tissus

Etude Harris Interactive pour la Chambre Nationale des Services d Ambulances (CNSA)

PARTIE I - Données de cadrage. Sous-indicateur n 9-1 : Nombre de consultations de médecins par habitant, perspective internationale

N/Réf. : CODEP-PRS Hôpital d'instruction des Armées du Val de Grâce 74 boulevard de Port Royal PARIS

Clinique CRM-F Projet Clinique Croissant Rouge Marocain de Figuig (CRM-F)

Surveillance dosimétrique Note législative

Complément: Sources naturelles de rayonnement

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

L ORGANISATION GENERALE DE LA FONCTION PUBLIQUE

Nouveaux rôles infirmiers : une nécessité pour la santé publique et la sécurité des soins, un avenir pour la profession

Hôpital performant et soins de qualité. La rencontre des extrêmes estelle

Causes d insatisfactions du patient pris en charge en ambulatoire

Une protection d assurance de premier choix et de qualité suisse. Notre offre pour les expatriés

Z I G U I N C H O R SITUATION ECONOMIQUE ET SOCIALE REGIONALE Service Régional de la Statistique et de la Démographie de Ziguinchor

DOSSIER D INSCRIPTION ANNÉE UNIVERSITAIRE MASTER Risque sanitaire NRBC-E DU NR B C (Dossier rejeté si les cases ne sont pas renseignées)

L hôpital dans la société. L expérience du CHU de Paris, l AP HP. Pierre Lombrail, Jean-Yves Fagon

Les Troubles Musculo-Squelettiques et Lombalgies chez le Personnel Soignant en Milieu Hospitalier

Relier l apprentissage à la pratique Comment faire un exercice de réflexion sur la pratique pour obtenir des crédits MAINPRO-C

30 MAI 1 er JUIN 2011 PARIS

Référentiel métier de Directeur des Soins en établissement et en institut de formation mars 2010

Besoins des intervenants en santé publique concernant la prévention des TMS

Réseau "Santé-Algérie"

Danielle D Amour, inf. Ph.D. IUFRS 24 février 2011

OUTIL D'EVALUATION DU TEMPS ARC / CHEF DE PROJET PROMOTEUR REQUIS POUR UNE RECHERCHE BIOMEDICALE V 2.3 DE L OUTIL NOTICE D UTILISATION

Place des mutuelles dans le système de santé français Poids des services de soins et d accompagnement mutualistes

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

Institut de FORMATION

PRÉVENIR LES RISQUES PROFESSIONNELS

TABLE DES MATIERES PREFACE. CHAPITRE PREMIER : PROTECTION GENERALE DE LA SANTÉ PUBLIQUE

dossier de presse nouvelle activité au CHU de Tours p a r t e n a r i a t T o u r s - P o i t i e r s - O r l é a n s

squelettique Importance pressentie des troubles de santé psychologique Sollicitation par les centres d urgence d

ASSURANCE RESPONSABILITE CIVILE MEDICALE QUESTIONNAIRE GENERAL

Quels sont, pour le soignant, les enjeux soulevés lorsqu il donne un soin à un allophone? Enjeu de communication

Précarité sociale et recours aux soins dans les établissements de soins du Tarn-et-Garonne

Présentation générale du Programme

Ligue Algérienne pour la Défense des droits de l Homme الرابطة الجزائرية للدفاع عن حقوق السنسان. Le calvaire sans fin des malades du cancer

LES SOINS DE SANTÉ POUR LES MIGRANTS SANS PAPIERS EN SUISSE SERVICES

Dr L Verzaux Pr Elisabeth Schouman-Claeys

Evaluation des risques professionnels dans les établissements de santé (dr.l.sctrick)

MINISTERE DES AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTE

LE NOUVEL ESPACE STATUTAIRE DE LA CATEGORIE B. Mode d emploi Questions/réponses

OBSAqim médias. Fréquence d utilisation, intérêt et qualité perçus par les médecins des différents canaux d information sur les médicaments

Devenir des soignants non-répondeurs à la vaccination anti-vhb. Dominique Abiteboul - GERES Jean-François Gehanno Michel Branger

Le Rôle de la Télémédicine en Allemagne Une Vue d Ensemble

GESTION PARTICIPATIVE: DES GAINS GARANTIS POUR TOUS!

L enjeu de la reconnaissance des pharmaciens comme éducateur de santé

Formulaire de candidature Bachelor Soins Infirmiers Sion

partenaire(s) Novembre 2013

Réf. : Code de l environnement, notamment ses articles L et L Code de la santé publique, notamment ses articles L et R.

QUALIFICATION PROFESSIONNELLE. Audition du 21 février 2011 Consultation publique Bruxelles. La perspective des Médecins. Professeur Robert NICODEME

Attestation de Formation Universitaire «Organisation et gestion d une unité de chirurgie ambulatoire»

Ligne Dentaire. Système Dentaire Panoramique et 3D

SPECIFICATION "E" DU CEFRI CONCERNANT LES ENTREPRISES EMPLOYANT DU PERSONNEL DE CATEGORIE A OU B TRAVAILLANT DANS LES INSTALLATIONS NUCLEAIRES

Traitement des Pseudarthroses des Os Longs par Greffe Percutanée de Moelle Osseuse Autologue Concentrée

PROCEDURE ENREGISTREMENT

Transcription:

Connaissances du personnel en radioprotection Etude multicentrique dans les blocs opératoires sur le grand Tunis H.Kamoun, D.Abbes, A.Hammou Centre National de Radioprotection, Tunis, Tunisie.

INTRODUCTION Depuis la découverte des rayons X, Leur utilisation en milieu médical ne cesse d augmenter. En chirurgie orthopédique, le recours à l amplificateur de brillance présente plusieurs avantages réduisant le temps opératoire, favorisant les techniques mini-invasives à la chirurgie à ciel ouvert et minimisant le risque infectieux.

INTRODUCTION Certes avantageux, ces amplificateurs de brillance exposent l opérateur à proximité du patient à une dose non négligeable de RX. Cette exposition professionnelle a été objectivée et quantifiée dans plusieurs études dosimétriques. Des effets radio induits ont aussi été rapportés dans la littérature.

INTRODUCTION L application des principes de radioprotection par l ensemble du personnel du bloc opératoire d orthopédie est une obligation réglementaire, Ce personnel est un des principaux acteurs dans un programme de radioprotection, Afin qu il puisse assurer ce rôle, la formation continue et la sensibilisation constituent un des piliers principaux en radioprotection.

OBJECTIF DE L ETUDE Evaluer les connaissances du personnel sur les rayonnements ionisants, leurs effets sanitaires et les moyens de s en protéger. Proposer une formation ciblant les éventuelles insuffisances.

METHODE Etude transversale, descriptive et multicentrique. 6 services de chirurgie orthopédique des CHU du Grand Tunis sur une durée allant du mois de Mars 2010 jusqu au mois de Mars 2014: 1. L hôpital Charles Nicolle, 2. L Institut Mohamed Kassab, 3. L hôpital d enfants «Béchir Hamza», 4. La Rabta, 5. L Hôpital Militaire d Instruction de Tunis, 6. Le Centre de Traumatologie et des Grands Brulés à Ben Arous.

METHODE Nous avons évalué les connaissances du personnel des blocs opératoires d orthopédie en utilisant un autoquestionnaire préétabli, Notre étude était exhaustive, incluant tout le personnel médical et paramédical affecté aux blocs opératoires d orthopédie et acceptant de participer à notre étude.

METHODE Critères de jugement: Chaque réponse au questionnaire a été notée: 1 pour une réponse correcte 0 pour une réponse fausse ou «je ne sais pas» ou pas de réponse. Un Score Global de Connaissance (SGC) noté sur 17 a été attribué pour chaque personne ayant répondu au questionnaire.

RESULTATS 1. Description de la population d étude: Notre étude a porté sur 259 travailleurs dont 194 ont répondu au questionnaire Taux de réponse de 75%

RESULTATS 2. Répartition de la population étudiée selon l hôpital d'origine: 43 15 22 Hopital d'enfants Hopital la Rabta Centre de Traumatologie 40 52 Hopital militaire Institut Mohamed Kassab 22 Hopital Charles Nicolle

RESULTATS 3. Répartition de la population d étude selon le genre: La population étudiée dans les blocs d orthopédie du Grand Tunis était formée de: 128 hommes (66%) 66 femmes (34%) avec un sexe ratio de 0,52.

RESULTATS 4. Répartition de la population d étude selon le grade hospitalier : Seniors Résidents Techniciens supérieurs 41 médecins seniors (21%), 33 résidents (17%), 62 techniciens supérieurs (32%) 58 infirmiers (30%) Infirmiers 30% 32% 21% 17%

RESULTATS 5. Répartition de la population d étude en fonction du genre et du grade: Dans le groupe des médecins il y avait 1 seule femme. Dans le groupe des paramédicaux il y avait 55 hommes et 65 femmes. 73 55 65 Hommes Femmes 1 Médecins Paramédicaux

RESULTATS 6. Description du (SGC) Score Global de Connaissance du personnel en radioprotection: La moyenne du SGC était de 10 + 3 / 17 avec des limites allant de 0 à 17.

RESULTATS 7. Description du SGC en fonction du service: Hôpital Moyenne du SGC Centre de Traumatologie de Ben Arous 11+ 2 Hôpital Militaire 10 + 2 Institut Kassab 10 + 3 Hôpital Charles Nicolle 10 + 2 Hôpital Rabta 9 + 3 Hôpital d enfants 9 + 3 Les connaissances du personnel variait en fonction des services, avec une différence significative (p=0,044).

RESULTATS 8. Description du SGC en fonction du grade: Le score était plus élevé dans le groupe des médecins comparé au groupe des paramédicaux : SGC 12 / SCG 9 Différence significative: p=0,0001

RESULTATS 9. Principales insuffisances des connaissances du personnel des blocs opératoires d orthopédie en radioprotection: 21% ne savaient pas que les rayons X sont des rayonnements ionisants. 22% ne connaissaient pas le sigle indiquant la présence de radioactivité..

RESULTATS 47% ne savaient pas que la distance réduit considérablement l exposition du personnel du bloc aux RX. 16% ignorait que la dose reçue par le travailleur varie avec la durée d exposition.

RESULTATS 22% ne connaissaient pas les moyens de protection individuelle plombés contre les rayonnements ionisants. Lunettes plombées Blouses plombées Cache thyroïde

RESULTATS 90% ignoraient que la limite annuelle corps entier à ne pas dépasser pour les travailleurs exposés était 20 msv/an. 25% ignoraient les effets sanitaires des faibles doses de rayonnements ionisants. Beaucoup d insuffisances!

DISCUSSION Cette insuffisance a été mise en évidence dans plusieurs études: Khan et al ont montré que les connaissances des résidents en chirurgie orthopédique sur les rayonnements ionisants étaient insuffisantes; Zewdneh et al ont montré que les scores de connaissances étaient meilleurs dans le groupe du personnel ayant reçu une formation en radioprotection durant leur cursus universitaire.

DISCUSSION Selon notre enquête plusieurs facteurs semblent influencer ce niveau de connaissances. La catégorie professionnelle Le grade hospitalier Le service d origine.

DISCUSSION Dans tous les services de chirurgie orthopédique concernés par notre enquête, une séance de formation en radioprotection a été proposée et effectuée. Nous avons surtout ciblé ceux qui avaient un score le plus faible : les hôpitaux (score faible), le personnel paramédical et les médecins en cours de spécialisation.

RECOMMANDATION Une bon niveau de connaissance du personnel sur les rayonnements ionisants, leurs effets délétères sur la santé et sur les moyens de s en protéger Optimiser les pratiques et Travailler dans des conditions sécuritaires.

PERSPECTIVES Il serait intéressant dans un futur travail d évaluer l impact de ces formations sur le niveau de connaissances en radioprotection. Des études dosimétriques permettraient aussi d en objectiver l impact sur les pratiques et les niveaux de doses reçues par les travailleurs.

Merci pour votre attention