Comment faciliter l'utilisation de l'appel public à l'épargne pour les coopératives et ASBL? (3/3)



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Transcription:

Comment faciliter l'utilisation de l'appel public à l'épargne pour les coopératives et ASBL? (3/3)

Malgré un régime légal favorable et des atouts non négligeables, l'appel public à l'épargne reste un outil relativement peu utilisé par les coopératives et les ASBL. En cause, une série de barrières qu'il convient de surmonter. Après avoir identifié les freins éventuels, cette analyse cherche à développer des pistes pour accroître l'attractivité de cet outil, à la fois aux yeux des coopératives et du public. En quelques mots : L'appel public à l'épargne recèle de nombreux avantages, mais également des freins qu'il convient de surmonter. Tour d'horizon des solutions envisageables pour lever ces freins et faciliter ainsi le financement des coopératives et ASBL. Mots clés liés à cette analyse : investissement direct, coopérative, ASBL, produits financiers, financement participatif. 1 Quels sont les freins liés à l'appel public à l'épargne? Pour rappel, l'appel public à l'épargne consiste, pour une coopérative ou une ASBL, à se procurer des sources de financement auprès du public. Les coopératives peuvent se financer auprès du public en émettant des parts de coopérateurs. Les fonds collectés viennent renforcer les fonds propres de la coopérative. Les ASBL peuvent se financer par emprunt auprès du public en émettant des obligations. Malgré un régime légal favorable 1, l'appel public à l'épargne reste une stratégie de financement faiblement utilisée. Pourtant, les avantages de ce mode de financement sont multiples : implication et sensibilisation du public, facilité de mise en place, moindre dépendance vis-à-vis des banques, diversification des sources de financement, etc. La question, dès lors, mérite d'être posée : au-delà de la méconnaissance qu'en ont les responsables de coopératives et d'asbl, quels sont les freins liés à cet outil de financement? La réponse à cette question se base sur les résultats d'une enquête menée par le Réseau Financité en janvier 2014 auprès de 50 coopératives et ASBL. 1 Les coopératives agréées sont exemptées de publication d'un prospectus sous certaines conditions lorsqu'elles lancent un appel à la souscription de parts de coopérateur. Similairement, les ASBL sont exemptées de prospectus en cas d'émission d'obligations. 2/8

1.1 Coopératives En premier lieu, une coopérative peut souhaiter concentrer le pouvoir entre les mains de certains décisionnaires (des sociétés, des agriculteurs, les travailleurs d'une SCOP 2 ), éviter une complication du processus de décision en cas de multiplication des coopérateurs, ou encore émettre la volonté de ne laisser «rentrer» que les personnes adhérant pleinement à la philosophie du projet. Le coût de réalisation d'un prospectus est un second frein. C'est évidemment le cas des coopératives non agréées, mais également de certaines coopératives agréées qui, malgré l'exemption de prospectus, souhaitent fournir aux potentiels investisseurs un gage de sérieux en publiant un document similaire. Dans ce cas, il est parfois fait appel à un avocat, un consultant ou un expert pour finaliser l'appel public à l'épargne. Nonobstant les éventuels arguments liés aux coûts, le principal inconvénient concerne la charge de travail supplémentaire qui résulte, assez logiquement, de la recherche et de la gestion des coopérateurs notamment le fait de tenir les coopérateurs informés. A fortiori lorsque ce travail de prospection est généralement réalisé de manière bénévole. Dans la plupart des cas, aucun budget spécifique n'est affecté à la campagne de promotion. La gestion du «back office» (ouverture d'un compte, réception des fonds, communication avec les membres et investisseurs, etc.) en cas d'appel public à l'épargne implique aussi une charge de travail supplémentaire pour l'entreprise. Par ailleurs, l'une ou l'autre entreprise ayant participé à l'enquête du Réseau Financité pointe des lacunes internes sur le plan des compétences informatiques. Enfin, le manque d'attrait du secteur d'activité de la coopérative pour les investisseurs potentiels et/ou la mauvaise perception de ce secteur peut constituer un élément dissuasif, comme l'a indiqué une coopérative active dans la mise à l'emploi des chômeurs. 1.2 ASBL La crainte de la surcharge de travail est également évoquée par les ASBL, bien que les rares ASBL ayant émis des obligations n aient pas mentionné cette barrière. Le manque de connaissances financières et le besoin d'expertise des membres de l'asbl sont également cités comme un frein récurrent. 2 Une SCOP (société coopérative et participative) est une coopérative dont les associés sont, majoritairement, les salariés. 3/8

Par ailleurs, les ASBL se questionnent sur les moyens d'attirer l'investisseur une certaine expérience n'est-elle pas nécessaire avant de susciter la confiance auprès du public? et de garantir financièrement son investissement. 2 Comment lever ces freins? Les freins évoqués ci-dessus appellent des réponses. Quelles sont les pistes d'amélioration envisageables? Certaines des pistes qui seront abordées dans cette section ont été évoquées directement par les entreprises interpellées au cours de l'enquête, d'autres constituent des pistes de réflexion propres au Réseau Financité. Quelles que soient les solutions mises en place, il convient de remarquer que l'appel public à l'épargne restera un outil non utilisé par bon nombre d'entreprises. En effet, l'appel public à l'épargne répond souvent à un besoin idéologique. Dans le cas des coopératives, cet outil revêt en outre une dimension participative (et souvent démocratique) qui n'est pas souhaitée par toutes les entreprises. 2.1 Au niveau des entreprises Soutien et expertise Si on se base sur l'enquête menée en janvier 2014 auprès d'une sélection de coopératives et d'asbl, il existe au sein de ces entreprises une forte demande d'expertise et de conseils financiers. C'est particulièrement le cas des ASBL, qui s'estiment souvent insuffisamment compétentes en matière financière pour mettre en place elles-mêmes un outil de financement direct. Pour lever les barrières liées aux outils de financement considérés, il apparaît nécessaire d'améliorer la compréhension globale de ces outils, mais aussi, dans certains cas, de fournir un accompagnement ou des conseils adaptés aux coopératives et ASBL qui entreprennent la démarche de faire appel public à l'épargne. Des conseils pourraient notamment être apportés lors de la rédaction d'un prospectus préalable à un appel public à l'épargne ou une émission obligataire 3. Prospection et outils de communication Le travail de prospection se fait sur base de bénévolat et implique une grosse charge de travail. Par conséquent, tout outil de communication permettant de simplifier la recherche de financement est le bienvenu. 3 Il existe plusieurs agences-conseils en économie sociale, telles que SAW-B et Febecoop. Ces agences apportent des conseils à la création et à l accompagnement d entreprises d économie sociale. 4/8

Une première étape consiste à encourager l'utilisation des différents outils de communication disponibles. Dans ce cadre, on remarque que les jeunes entreprises ont rapidement compris l'intérêt de s'appuyer sur la diversité des outils de communication à leur disposition pour prospecter de manière active. Contrairement à la majorité de leurs aînées, ces entreprises n'hésitent pas, par exemple, à assurer leur présence sur les réseaux sociaux. Pour améliorer la communication, une mutualisation des outils de prospection pourrait également être envisagée. Il faudrait encourager une diffusion plus large, en s'appuyant sur des relais tels que d'autres organisations ou des plate-formes. Dans ce cadre, il convient de mentionner la plate-forme développée par le Réseau Financité (voir encadré). De telles plate-formes sont susceptibles d'accroître le sentiment de professionnalisme et de sécurité, contribuant ainsi à contrer certains préjugés portant sur l'économie sociale. Une plate-forme internet pour encourager l'appel public à l'épargne Afin de faciliter la recherche de financement auprès du public des coopératives et ASBL, le Réseau Financité développe actuellement une plate-forme internet qui référence l'ensemble des investissements possibles dans ces entreprises 4. Disponible depuis septembre 2014, www.cestfinancepresdechezvous.be permet de mettre en relation les investisseurs potentiels et les entreprises sociales proposant un instrument d'investissement direct (des parts de coopérateur ou des obligations). En outre, afin fournir une information complète et transparente aux investisseurs potentiels, ces derniers auront accès à une fiche standardisée reprenant les informations financières et extra-financières relatives à chaque produit d'investissement proposé. Par ailleurs, il apparaît que certaines entreprises ressentent le besoin d'améliorer leur communication. Cela pourrait se faire via une aide extérieure (sous-traitance) assurant une communication professionnelle et attractive pour les potentiels investisseurs. De façon générale, il est également important de mieux promouvoir la réussite des projets coopératifs et de montrer que l'économie sociale s'intègre dans le tissu économique. 4 www.cestfinancepresdechezvous.be 5/8

2.2 Au niveau du public Augmenter la confiance du public et limiter les risques La prise de risque associée à certains investissements peut constituer un frein aux investissements directs. En particulier, pour que le recours à l'emprunt à travers l'émission d'obligations soit un succès, l'asbl doit susciter la confiance du public. Cela requiert sans doute quelques années d'expérience. Un bon moyen de rassurer les citoyens désireux d'investir dans de tels projets serait de leur offrir la possibilité d'une «assurance solidaire» entre investisseurs, un risque partagé en quelque sorte. En cas de faillite d'une entreprise, cette assurance permettrait à l'investisseur de récupérer tout ou partie de l'argent mis à disposition. Cela nécessiterait probablement la mise sur pied d'une structure juridique de type assuranciel. Une autre manière de réduire le risque des instruments de financement, et d'attirer ainsi les investisseurs potentiels, serait de créer des fonds éthiques reprenant en leur sein des parts de plusieurs coopératives. En plus de limiter partiellement les risques, un tel fonds octroierait la possibilité d'investir réellement dans l'économie sociale. Cette idée se heurte cependant à des obstacles. Parmi ceux-ci, le fait que les parts de coopérateurs sont généralement nominatives. D'autre part, un tel fonds risquerait de diminuer la dimension participative des investisseurs dans les coopératives (l'implication personnelle de l'investisseur dans chaque projet sera moindre), avec une perte d'idéologie à la clé. Faciliter la gestion administrative Inciter les citoyens à investir directement dans des entreprises sociales aurait pour conséquence d'augmenter la charge liée à la gestion administrative de leur patrimoine. Dans ce cadre, le développement d'un outil permettant au citoyen de suivre aisément et de façon harmonisée ses investissements est à envisager. Dès lors, pourquoi ne pas créer une plate-forme informatique de gestion rassemblant l'ensemble des informations disponibles sur ce type d'investissements? Cela offrirait notamment la possibilité de garder à l'esprit quelle part le citoyen possède dans quelle coopérative, ou encore de regrouper les dividendes afin de s'assurer que ces montants ne dépassent pas le plafond des 190 euros qui sont exonérés de précompte mobilier. Une telle plate-forme pourrait également constituer un avantage aux yeux des entreprises en assurant une partie de leur «back office». 6/8

Assurer la «liquidité» du marché À l'heure actuelle, il existe des contraintes de sortie pour les coopérateurs qui veulent démissionner ou se défaire d'une partie de leurs parts 5. En effet, ce droit ne peut être exercé que dans les six premiers mois de l'année sociale. Toutefois, il est possible de revendre ses parts à tout moment à un associé ou à un tiers 6. Par conséquent, une solution envisageable pour remédier aux contraintes de sortie serait d'organiser un marché secondaire pour les coopérateurs souhaitant se défaire de leurs parts. Cela permettrait d'augmenter la liquidé du marché. Incitation fiscale Enfin, une piste d'amélioration évoquée pour faciliter ce mode de financement serait de créer un cadre juridique fiscal plus favorable pour les ASBL et les coopératives agréées (à travers une diminution du précompte mobilier ou des déductions fiscales), comme c'est actuellement le cas pour certaines coopératives actives dans le développement des pays du Sud 7. Au vu de l'objectif sociétal poursuivi et des rendements limités de tels investissements, cette requête porte tout son sens. 3 Au-delà de ces pistes, quelle place pour le financement direct à l'avenir? Un certain nombre de pistes existent pour accroître l'efficacité de la recherche de financement des coopératives et ASBL, et faciliter la rencontre de ces entreprises avec le public. Les options évoquées dans cette analyse mériteraient sans aucun doute une réflexion plus aboutie. Parallèlement à ces pistes, une démarche primordiale et applicable directement consiste à répondre au besoin d'information général des coopératives et ASBL en matière de financement direct. Il est nécessaire d'assurer une meilleure publicité de ces instruments financiers qui bénéficient d'une législation plus souple. Il conviendra dans le futur de faciliter la mise en place de ce type de financement, et de développer des outils de communication susceptibles de toucher un large public. 5 Sauf disposition statutaire contraire. 6 Sous respect des conditions d'admission. 7 La loi du 1 er juin 2008 instaure une réduction d'impôt pour les participations sous la forme d'actions dans des fonds de développement du microfinancement dans les pays en développement. La réduction d impôt correspond à 5 % du total des versements réalisés dans l année vers des fonds de développement agréés (la coopérative Alterfin par exemple). 7/8

Les pistes évoquées seront-elles de nature à accroître l'investissement du public dans des projets d'économie sociale? Après la crise financière, de nombreux citoyens, dépités par les agissements du secteur bancaire classique, se sont tournés vers ce type d'investissements alternatifs. Ce processus est-il voué à se poursuivre dans les années à venir, ou le taux d'intérêt des instruments financiers redeviendra-t-il bientôt le seul argument valable aux yeux des investisseurs? Arnaud Marchand Octobre 2014 Si vous le souhaitez, vous pouvez nous contacter pour organiser avec votre groupe ou organisation une animation autour d'une ou plusieurs de ces analyses. Cette analyse s'intègre dans une des 3 thématiques traitées par le Réseau Financité, à savoir : Finance et société : Cette thématique s'intéresse à la finance comme moyen pour atteindre des objectifs d'intérêt général plutôt que la satisfaction d'intérêts particuliers et notamment rencontrer ainsi les défis sociaux et environnementaux de l'heure. Finance et individu : Cette thématique analyse la manière dont la finance peut atteindre l objectif d assurer à chacun, par l'intermédiaire de prestataires «classiques», l'accès et l'utilisation de services et produits financiers adaptés à ses besoins pour mener une vie sociale normale dans la société à laquelle il appartient. Finance et proximité : Cette thématique se penche sur la finance comme moyen de favoriser la création de réseaux d échanges locaux, de resserrer les liens entre producteurs et consommateurs et de soutenir financièrement les initiatives au niveau local. Depuis 1987, des associations, des citoyens et des acteurs sociaux se rassemblent au sein du Réseau Financité pour développer et promouvoir la finance responsable et solidaire. Le Réseau Financité est reconnu par la Communauté française pour son travail d éducation permanente. 8/8