Etude économique sur la filière de traitement des véhicules hors d usage

Documents pareils
LE DÉMONTAGE ET LE RECYCLAGE AUTOMOBILE

LES FONDAMENTAUX DE L AUDIT DES COMPTES CONSOLIDES

Chapitre IV. La certification des comptes

Associations Dossiers pratiques

DIAGNOSTIQUEUR IMMOBILIER

SIMULER ET CONCEVOIR LE TRAVAIL FUTUR

Quand les métaux arrivent en ville. Enjeux et stratégies pour les matières premières critiques.

MegaStore Manager ... Simulation de gestion d un hypermarché. Manuel du Participant

Harmonisation comptable et mondialisation Alain B urlaud, Professeur au Conservatoire national des arts et metiers

I-1 : Principes clés de la consolidation des comptes I-2 : Périmètre et méthodes de consolidation

SEMINAIRES SPECIFIQUES

Chapitre II: VARIATIONS DU BILAN NOTION DE RESULTAT

DOSSIER DE PRESSE. Services de change et de gestion des paiements internationaux

Note de présentation générale. Secrétariat général du Conseil d orientation des retraites

La valorisation des terres excavées

ETUDE DE MARCHE DEPARTEMENTALE DIAGNOSTIC IMMOBILIER

A-QU EST-CE QUE L ORIE? Intervention ADI

COMMUNICATION DE LA COMMISSION RELATIVE A LA METHODOLOGIE D ANALYSE DES AIDES D ETAT LIEES A DES COUTS ECHOUES

L examen des recettes lors du contrôle budgétaire d une collectivité territoriale en France. Séminaire Eurorai Alicante 23 avril

DEMANDE D INFORMATION RFI (Request for information)

Marché : N DAF/AUDIT COMPT FINANCIER/18-08

UE 4 Comptabilité et Audit. Le programme

Société BIS RECYCLAGE Saint-Jory (31) Audit de conformité réglementaire de la gestion des DEEE

VEOLIA ENVIRONNEMENT - Etats financiers consolidés au 31 décembre 2013 Etats financiers consolidés Au 31 décembre 2013

SYSTEME INFORMATIQUE DES DECHETS INDUSTRIELS ET DANGEREUX «SIDID «Sommaire

Du résultat social au résultat consolidé Novembre 2011

AUDIT FINANCIER ET FISCAL DE LA COMMUNE COMMUNE DE SAINT-JULIEN EN GENEVOIS

2 nd vie des produits technologiques. Ecocitoyenneté et nouveaux modèles économiques dans la téléphonie mobile

Potentiel de valorisation d un déchet en filière métallurgique

MINISTÈRE DE L ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE L ÉNERGIE MINISTÈRE DE L ÉGALITÉ DES TERRITOIRES ET DU LOGEMENT

Les projets d investissement en PME

Guide d auto-évaluation

PAPIER OU SUPPORT NUMÉRIQUE, QUEL EST LE BON CHOIX ÉCOLOGIQUE?

Solution logicielle pour le pilotage et l ERM. Journées d études IARD 26 mars mars 2010

Piloter le contrôle permanent

Améliorer l efficacité de votre fonction RH

Transposition de l article 8 de la directive européenne 2012/27 relative à l efficacité énergétique

Tests de sensibilité des projections aux hypothèses démographiques et économiques : variantes de chômage et de solde migratoire

Atelier «Innovation et Société»

BROCHURE DESTINÉE A ACCOMPAGNER LA MISE EN OEUVRE DE LA PART INCITATIVE DE LA TAXE D ENLEVEMENT DES ORDURES MENAGERES

III.2 Rapport du Président du Conseil

Le logiciel de gestion intégré conçu pour les Promoteurs Immobilier

ANALYSE FINANCIÈRE ET COMPTABILITÉ DE GESTION DUT - GEA

TOULOUSE : ZAC de Garonne - Chemin de Chantelle Tél :

sous réserve de validation des modifications DROIT ECONOMIE GESTION SCIENCES DU MANAGEMENT FINANCE

Régime des Entreprises Totalement Exportatrices (Articles 10 à 20)

REGLEMENTS FINANCIERS DE L AGIRC ET DE L ARRCO. (avril 2014)

Eléments pour un choix du mode de gestion du service public de transport. Synthèse de l étude menée par le cabinet Trans I.

RAPPORT ANNUEL FMFF 2011

CRM ET LA FILIÈRE DE RECYCLAGE DES PNEUMATIQUES USAGÉS Dossier résumé

Audit financier & budgétaire de la Ville de Clamart

Baromètre de la Certification Environnementale

Pôle Performance Industrielle Durable. Page 1 Rencontre SEE Le 20/05/2014 Lille. Innover

UE 4 Comptabilité et audit 2 Identification du candidat (prénom, nom) :

GESTION DES INVESTISSEMENTS RENTABILITE ECONOMIQUE

Etude relative aux rapports des présidents sur les procédures de contrôle interne et de gestion des risques pour l exercice 2011

Stratégie de rémunération

LE DEVENIR DES DIPLOMÉS

LE BUDGET DES VENTES

1. faire l'objet d'une inscription à l'ordre du jour de la plus proche réunion de l'assemblée délibérante ;

Gestion budgétaire et financière

Quels outils pour prévoir?

Appel à projets Economie Circulaire en Bretagne Année 2015

CONSULTANT EN MOA ET ORGANISATION ASSURANCE Compétences : Audit stratégique/organisationnel / Assurance (Prévoyance / Santé / IARD)

Consulting SEO Mis à jour en juin 2012 ETUDE MOTS CLES CEQUAMI

RAPPORT DE TRANSPARENCE ORCOM SCC

QUESTIONNAIRE DE PRE-AUDIT. Rubrique n 1 : Présentation de l entreprise

PASCAL DECARY DIRECTEUR ACHATS GROUPE REDACTEUR : BENJAMIN HULOT VERSION - DATE : V1 : DATE D APPLICATION :

Une entreprise innovante

Norme internationale d information financière 1 Première application des Normes internationales d information financière

Statistiques Exercice 2011

Comité réglementation et simplification du conseil national de l industrie 16 mai 2014

Les devoirs du Détenteur d équipements

20 novembre 2014 Le Taillan-Médoc Analyse organisationnelle RH et financière Rapport Final

Le pilotage et les outils du développement durable

La Commission Permanente du Régime Local d'assurance Maladie s'est réunie le Jeudi 29 avril 2010 sous la présidence de M. Daniel LORTHIOIS, Président

L injection de biométhane dans le réseau de gaz naturel

RAPPORT D EXAMEN LIMITE SUR LES ETATS FINANCIERS INTERMEDIAIRES ARRETES AU 30 JUIN 2015

NORME COMPTABLE RELATIVE AUX OPERATIONS EN DEVISES DANS LES ETABLISSEMENTS BANCAIRES NC 23

Avis relatif au projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2014

Des formations personnalisées.

Mise en place d un Système de Management Environnemental sur la base de la Norme ISO SARRAMAGNAN Viviane

«L année 2013 a été marquée par le lancement du FALCON 5X, qui enrichit la gamme FALCON, et par la consolidation du socle France du RAFALE.

OBJECTIFS : SAVOIR. - Appréhender les principes de base concernant les autres moyens de paiement. TEMPS PREVU : 2 h 00

Comptes et plans d épargne-logement

Emis le : 5/08/2011 Mis à jour : 10/2014

Ville de Schiltigheim. Audit financier version définitive

Intervenant. Patrick MORGENSTERN. Expert-comptable, Chargé d enseignement fiscal à l Université de Bourgogne

UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE

EXPERT FINANCIER POSITIONNEMENT DU POSTE DANS LA STRUCTURE. Poste de rattachement hiérarchique : Chef de service Conseil et Expertise Financière

Formation Excel. Introduction Les Bases du Logiciel Le comportement des cellules. Calculs élaborés. Les feuilles de calculs élaborées

BACHELIER EN MARKETING

La comptabilité analytique : un outil indispensable pour la gestion et le suivi des projets.

Eco-Fiche BILAN DE L ANNEE 2012 QUELLES PERSPECTIVES POUR 2013? 1

N 2564 ASSEMBLÉE NATIONALE PROPOSITION DE LOI

Infor HCM Anael Risques Professionnels. Infor HCM. Infor HCM Anael Risques Professionnels

Décret n XXX du XX relatif aux effacements de consommation d électricité

Autorisation pour le négoce ou le courtage de déchets. Informations pour remplir le formulaire de demande

BENOIST BUSSON Cabinet d Avocats 250 bis, boulevard Saint-Germain PARIS

HSE MONITOR GESTION DU SYSTÈME DE MANAGEMENT. 8 modules de management intégrés.

Transcription:

Etude économique sur la filière de traitement des véhicules hors d usage SYNTHÈSE Direction Industrie Département Prévention & Valorisation des Déchets Responsable du suivi ADEME : Eric Lecointre 1

Contexte et objectifs La publication de la directive n 2000/53/CE du Parlement européen et du Conseil du 18 septembre 2000 relative aux véhicules hors d usage modifie le cadre actuel de la gestion des véhicules hors d usage (VHU) au niveau européen, notamment en imposant des objectifs chiffrés pour la réutilisation et la valorisation des VHU (article 7) : taux de réutilisation et de valorisation : 85% au 1 er janvier 2006, 95% au 1 er janvier 2015 ; taux de réutilisation et de recyclage : 80% au 1 er janvier 2006, 85% au 1 er janvier 2015. En France, on estime qu environ 80% du poids moyen des VHU est actuellement valorisé, par des acteurs dont l activité est auto-financée : Les démolisseurs : entre 2000 et 3000 opérateurs, dont 900 à 1200 sont autorisés au titre des ICPE. Les réseaux de gestionnaires-distributeurs. Les broyeurs : environ 40 sites appartenant à une vingtaine de sociétés, la plus importante (CFF Recycling) détenant les deux tiers des capacités nationales de broyage. En France, la publication du décret relatif à la construction des véhicules et à l élimination des VHU, prévoyant en particulier la remise des VHU à des démolisseurs agréés, à des broyeurs agréés, ou à des centres de regroupement créés par les producteurs (article 4), ainsi que la reprise des VHU par les opérateurs, sans frais pour le dernier détenteur (article 5), pourrait entraîner une remise en cause de l équilibre économique de la filière. Dans ce contexte, l ADEME a souhaité disposer d une analyse objective de la situation économique de la filière en France et de son évolution prévisible à court et moyen termes. Présentation de l étude Cette étude a été commandée et financée par l'ademe. Elle a été confiée, après un appel d'offre, au cabinet ERNST & YOUNG. L'orientation, la progression et la finalisation de l'étude ont été assurées par un Comité de Pilotage composé de représentants des professionnels de la filière, du Ministère de l Écologie et du Développement Durable, du Ministère chargé de l Industrie et de l ADEME. Le Comité de Pilotage s'est réuni six fois entre septembre 2002 et avril 2003. De nombreux échanges ont eu lieu entre ses membres et les responsables ADEME et ERNST & YOUNG de l'étude. Les membres du Comité de Pilotage ont été invités à exprimer leurs remarques et opinions sur le rapport final. Ces avis, sous la responsabilité entière des organismes concernés, sont réunis en annexe du rapport. 2

Méthodologie Les premières phases de l étude ont été consacrées à l analyse fonctionnelle des postes de charges et de produits de chaque sous-système de la filière VHU, à savoir la démolition et le broyage. Les travaux ont porté sur l élaboration d un outil, utilisé par la suite pour le recueil des données collectées sur site auprès d un échantillon de 25 démolisseurs et de 5 broyeurs. Les critères de sélection de ces échantillons ont été définis avec le Comité de Pilotage de l étude. Les phases ultérieures de l étude ont porté dans un premier temps sur l analyse des données recueillies, la détermination des facteurs-clés d évolution de la filière de traitement des VHU, puis la constitution d un outil de simulation permettant de réaliser des projections aux horizons de 5 et 10 ans en tenant compte de l évolution prévisible des facteurs-clés retenus. Cet outil a fait l'objet d'une exploitation sous la forme de scénarios. Analyse des charges et des produits liés à l activité de démolition des VHU L analyse des éléments ou des constats obtenus pour les démolisseurs doit tenir compte des éléments suivants : Le suivi de l économie de la filière est complexe étant donné que la majorité des acteurs ne disposent pas d une comptabilité analytique permettant un pilotage de la seule activité VHU (à savoir la collecte, la dépollution et le démontage des VHU, la vente de pièces d occasion démontées et la vente de carcasses au broyeur). Or de nombreuses activités annexes coexistent avec l activité VHU pour toutes les entreprises auditées (ventes de véhicules accidentés en l état aux professionnels, ventes de pièces neuves ). Dans la majorité des cas, l absence de référentiel de prix de vente ou de systèmes de traçabilité ne permet pas de rattacher précisément les ventes de pièces d occasion aux VHU traités en cours d exercice. Pour ces mêmes raisons, la valorisation des stocks reste complexe. Les données obtenues sur les temps de démontage des véhicules sont fortement variables. DEMOLITION Echantillon audité Charges d'exploitation ( /VHU) Moyennes % charges Minima Maxima Frais de transports sur achats (charges internes et externes) 54,4 10% 18,8 97,5 Achat des VHU 154,7 28% 55,6 257,5 Frais de personnel 212,2 39% 64,6 435,3 Frais généraux 97,5 18% 22,4 184,5 Amortissements et provisions 27,3 5% 4,7 50,5 TOTAL CHARGES D'EXPLOITATION 546,0 286,8 913,1 Produits d'exploitation ( /VHU) % produits Ventes de biens 512,3 256,3 844,6 - dont revente des pièces d'occasion 489,4 95% 243,8 827,7 - dont revente des carcasses 23,1 4% 4,9 36,0 Ventes de services 5,2 1% 0,0 31,0 TOTAL PRODUITS D'EXPLOITATION 517,4 256,3 844,6 Résultat d'exploitation pour la démolition ( /VHU) -28,6-131,9 38,4 3

Les données obtenues auprès de 25 démolisseurs en France (voir tableau ci-dessus) permettent de formuler les observations suivantes : Le résultat de l activité de démolition des VHU est parfois déficitaire. Le constat de déficit est rarement immédiat sur la base des comptes d exploitation communiqués, et a souvent été obtenu suite au retraitement des différents postes de charges et de produits, en vue de distinguer la part «VHU». Les ventes de carcasses de VHU au broyeur (ou au ferrailleur) représentent rarement plus de 5% du total des produits d exploitation. Par ailleurs, les analyses effectuées en fonction de la capacité (nombre de VHU traités annuellement), de la part des VHU en provenance des assurances et de la part du chiffre d affaires liée à l activité VHU, appellent les commentaires suivants : Les entreprises de petite taille (traitant moins de 1000 VHU par an) présentent en moyenne un résultat d exploitation positif sur l activité VHU, alors que les entreprises de capacité plus importante présentent un déficit sur cette activité. La part de VHU en provenance des assurances est le critère principal déterminant le prix d achat moyen du VHU. Les frais de personnel croissent significativement avec la proportion de VHU en provenance des assurances. Cette augmentation reflète une augmentation du temps nécessaire au suivi administratif des VHU, ainsi qu une augmentation du temps de démontage par VHU, plus important dans le cas des «VHU assurances» que dans les autres cas en moyenne. Analyse des charges et des produits liés à l activité de broyage des VHU Pour les broyeurs, les difficultés pour l analyse économique de la filière proviennent du fait qu il n est pas possible aujourd hui d identifier avec précision les charges et les produits du broyage des VHU : D une part, les tonnages broyés sont un mélange de déchets métalliques, dont les VHU représentent une part variable selon les entreprises. Les outils de suivi disponibles ne permettent pas systématiquement un suivi précis des tonnages entrants par provenance. Le suivi des tonnages «produits» (en sortie de broyeur) ne permet pas de rapprocher les ventes de ferrailles et de «non ferrous mix» (concentré de métaux non ferreux) des quantités de VHU broyés au cours de l exercice. D autre part, le broyage n est généralement pas l unique activité des entreprises auditées, mais est complémentaire d autres activités (négoce, en particulier), ce qui nécessite des retraitements à partir des données comptables. 4

BROYAGE Echantillon audité Charges d'exploitation ( / tonne entrante) Moyennes % charges Minima Maxima Transport amont 4,9 5% 1,8 8,4 Achat matière 37,8 42% 21,0 51,3 Salaires et traitements 6,3 7% 3,9 8,6 Elimination des résidus (RB) 9,6 11% 6,7 16,0 Frais généraux 20,4 23% 13,3 29,4 Amortissements et provisions 10,9 12% 3,4 27,4 TOTAL CHARGES D'EXPLOITATION 89,9 81,9 101,6 Produits d'exploitation ( / tonne entrante) % produits Ventes de matériaux - dont revente des pièces d'occasion 72,2 78% 66,3 78,7 - dont revente des carcasses 20,2 22% 13,1 26,7 TOTAL PRODUITS D'EXPLOITATION 92,4 86,1 95,7 Résultat d'exploitation pour le broyage ( / tonne entrante) 2,5-6,6 11,6 Ces résultats obtenus sur les 5 broyeurs audités permettent de constater que : Le résultat de l activité broyage est déficitaire pour deux broyeurs. Pour l un des broyeurs, le déficit est imputable aux retraitements comptables effectués sur la dotation aux amortissements. La part des ventes de métaux non ferreux est très significative (en moyenne 22% du total des ventes, mais cette part peut atteindre 28%). Les structures de coûts obtenues sont homogènes pour la majorité des broyeurs audités, et les résultats obtenus en valeur absolue présentent peu de différences d un broyeur à l autre. Les travaux effectués ont montré que le résultat d exploitation du broyage dépend pour une grande partie du coût d achat unitaire de la tonne entrante, qui représente entre 25 à 50% de l ensemble des charges du broyage. Les facteurs influençant le coût d achat sont principalement : Les conditions locales de concurrence entre broyeurs, qui peuvent entraîner une hausse des prix de marché locaux, en particulier lorsque les capacités installées sont importantes. Au contraire, la présence limitée de sites de broyage dans certaines zones peut permettre aux broyeurs de limiter le prix d achat de la tonne livrée. Les cours de la ferraille, dont l évolution se répercute sur les prix d achat du platin et des vieux métaux. Les négociations entre le broyeur (en fonction de ses besoins du moment) et le démolisseur (en fonction de son stock de VHU). 5

Résultat des simulations Afin d effectuer des projections aux horizons de 5 et 10 ans de l équilibre économique de la filière, des simulations ont été réalisées sur l évolution des facteurs considérés comme déterminants par les professionnels. Pour la démolition, quatre facteurs clés ont été retenus : le temps supplémentaire de dépollution et de démontage, les frais d élimination des matériaux démontés, les recettes supplémentaires dont la valorisation des pots catalytiques, l évolution du marché de la pièce de réemploi. Les simulations effectuées (et comparées à un scénario de référence) ont montré que : Le résultat d exploitation des démolisseurs se dégrade, malgré les recettes supplémentaires liées à la vente des pots catalytiques, dans un contexte de stagnation / réduction du marché de la pièce de réemploi (scénario de référence). L application des exigences de la «directive VHU» engendre une augmentation significative des charges des démolisseurs correspondant à l accroissement des temps de dépollution/démontage par VHU et aux frais d élimination des déchets pour le retrait du verre et des pneus. Le rétablissement de l équilibre du résultat d exploitation des démolisseurs passe par une augmentation de la part des VHU pour lesquels le transport est facturé et/ou une diminution significative des prix d achat moyens des VHU. Pour le broyage, les facteurs clés d évolution retenus sont les suivants : les caractéristiques des VHU complets, les caractéristiques des carcasses de VHU en sortie des démolisseurs, la dépollution des VHU par les broyeurs, les frais d élimination ou de valorisation des résidus de broyage, l évolution des cours de la ferraille et des métaux non ferreux. L évolution de ces facteurs aura une répercussion sur la principale variable d ajustement, à savoir le prix d achat des carcasses de VHU en sortie des démolisseurs. 6

Par ailleurs, le modèle de simulation concerne uniquement l activité «broyage» et ne porte pas sur les activités de post-broyage telles que la flottation (séparation par liqueur dense). Ce périmètre correspond aux activités auditées chez les 5 broyeurs de l échantillon. Les simulations réalisées pour l activité de broyage indiquent que : L évolution de la composition des VHU et notamment l augmentation du poids moyen des véhicules en sortie des démolisseurs permettent aux broyeurs d atteindre l équilibre du compte d exploitation, avec ou sans baisse du prix d'achat des carcasses, de l activité broyage à l horizon 10 ans (scénario de référence). L application des exigences de la «directive VHU» engendre une augmentation importante des charges des broyeurs (frais d élimination ou de valorisation des résidus de broyage pour l essentiel). Une diminution significative du prix moyen d achat des carcasses VHU aux démolisseurs est ainsi nécessaire pour compenser le déficit. La dépollution et le broyage d'un volume suffisant de VHU complets repris gratuitement et dans des proportions importantes permettent aux broyeurs de dégager des recettes supplémentaires et de parvenir à l'équilibre économique à l horizon 10 ans. Enseignements et réflexions pour le suivi de la filière Les principales problématiques du suivi de l équilibre économique de la filière VHU sont les suivantes : La notion "d'activité de traitement des VHU" doit être précisée. En effet, il n existe pas de filière exclusivement dédiée au traitement des VHU, les acteurs concernés exerçant généralement des activités complémentaires. - Chez les démolisseurs, le traitement des VHU est imbriqué dans d autres activités telles que la vente de pièces neuves, de véhicules accidentés, de véhicules d occasion, etc. - Chez les broyeurs, le broyage des VHU est réalisé simultanément avec le broyage d autres ferrailles. Une comptabilité analytique ainsi qu un minimum de traçabilité permettant d isoler le traitement des VHU des autres activités devraient être mis en place chez les acteurs de la filière pour améliorer la connaissance des coûts spécifiques à l'activité de traitement des VHU. Pour les broyeurs, des règles de séparation comptable des diverses activités qui peuvent être exercées par les broyeurs feront l'objet d'un arrêté d'application du décret sur l'élimination des VHU. Les broyeurs devront donc selon toute vraisemblance être contraints par la réglementation de se doter d'une comptabilité analytique. 7

Les modalités de calcul du constat de déficit chez les broyeurs doivent être précisées : - Le déficit sera-t-il constaté sur la base d un compte d exploitation intégrant les coûts d achat ou uniquement basé sur le coût de traitement des VHU? Par ailleurs, doit-on intégrer dans le calcul du déficit le coût du transport entre centres de regroupement et sites de broyage? - En cas de déficit constaté chez un broyeur, il est possible que le broyeur compense l augmentation de ses charges en diminuant le prix d achat des carcasses de VHU aux démolisseurs. Dans ce cas, une baisse des prix d achat des carcasses de VHU par les broyeurs pourrait inciter les démolisseurs à exporter davantage les carcasses de VHU. Par ailleurs, la prise en compte des possibilités de «transfert» du déficit d un acteur à l autre devrait impliquer la nécessité d un calcul du déficit global au niveau de l ensemble de la filière. 8