Atelier n 4 : La voiture autrement Compte-rendu de réunion du 08/06/2012 Président : LANGRAND, Pierre, Président de l association Mouvable Rapporteur : RUIZ, Julien, CGT Référent a'urbien : DIAZ, Valérie Equipe projet a urba : CHADANSON, Jean-Christophe et LURCIN, Thibaut Secrétaire Ausone Conseil : MAHE, Anne-Laure Participants - CASTEVERT, Guillaume, Autocool - DABADIE, Sébastien, CUB - LE ROUSIC, Anthony, DIRA - LEGAY, Anne, DREAL - MARTIN, Odile, Mairie de Gradignan - MONTEIL, Olivier, APF - ONATE, Enrique, Mille Pattes - RIETHER, Francis, EDF- DCL Objectif Même si la part des transports collectifs a augmenté depuis dix ans, la voiture reste de loin le mode dominant. La cinquième et dernière réunion de cet atelier se fixe pour objectif de débattre collectivement de la teneur du rapport final. Ordre du jour - Mot de bienvenue et introduction par le président de l atelier ; - Présentation de la version zéro du rapport final ; - Débat collectif Grenelle des Mobilités Atelier La voiture Autrement Réunion n 5 du 08-07-12 1
Introduction du Président et du Rapporteur Une liste exhaustive des actions proposées au sein des six ateliers du Grenelle des mobilités a été établie autour de seize grandes thématiques. Les actions recensées sont extrêmement nombreuses puisque, les grenellistes ont formulé collectivement une centaine d actions. Il s agit, à présent, d'identifier les priorités parmi toutes ces actions afin que le rapport final donne des orientations précises aux différents acteurs économiques, institutionnels et aux collectivités locales. Par ailleurs, a été envoyé aux grenellistes le sommaire de la version zéro du rapport final afin de l affiner et le discuter en groupe. Une présentation des principales lignes du rapport final sera proposée aux participants de l atelier. Ils seront alors amenés à émettre des objections, approbations ou commentaires éventuels. Il s agit pour les grenellistes de débattre et réagir afin de valider ou non les propositions de la synthèse. Étant donné qu il s agit de la cinquième et dernière réunion de l atelier avant l'atelier de synthèse, il convient d étudier la cohérence, la faisabilité, et l urgence des actions et orientations formulées. Grenelle des Mobilités Atelier La voiture Autrement Réunion n 5 du 08-07-12 2
1. Présentation de la version zéro du rapport du Grenelle 1.1. Pourquoi un Grenelle des mobilités? Une actualité préoccupante p - Des raisons de mécontentement variées, liées à la congestion automobile et au sentiment de dégradation des conditions de déplacement au quotidien, qui mettent à mal le droit à la mobilité ; - Des politiques publiques dynamiques mais insuffisantes au regard des résultats relativement décevants de l enquête-ménage concernant les TC, de l usage limité des outils de régulation (le stationnement en particulier) et du manque de stratégie claire portant sur la place de l'automobile. Des interrogations ns légitimes face à l'avenir - Un modèle de mobilité peu durable : le secteur des transports est le premier émetteur de gaz à effet de serre devant l'agriculture/sylviculture et le résidentiel/tertiaire (tendances nationales et régionales) ; - Quels défis pour la métropole millionnaire et comment y faire face : il peut s agir d une opportunité d améliorer le réseau, qui ne pourra pas supporter l accroissement des déplacements dans son état actuel, et de modifier les comportements. De nouveaux instruments d'action publique - L'essoufflement des modes d'interventions traditionnels : trop faible capacité de mutation des nouvelles infrastructures et manque d articulation entre principes, stratégies, actions et mises en œuvre ; - La promotion de formes d actions diversifiées : passer des actions mono-institutionnelles aux interventions partenariales. 1.2. Des diagnostics partagés : une mobilité parfois difficile Des conditions de déplacements qui ne sont pas «extra-ordinaires» - Des budgets-temps «régulés», comparables aux autres grandes agglomérations françaises. Ces budgets-temps sont équivalents à l intérieur et à l extérieur de la rocade. Cela montre que la vitesse ne sert, non pas à aller plus vite, mais surtout à «gagner des territoires» ; - Des difficultés segmentées et localisées. Une géographie facteur de difficultés spécifiques - De faibles densités et un étalement urbain producteurs d une «culture automobile» ; - Une rocade à usages multiples servant de «boulevard urbain multifonctionnel» ; - Une armature urbaine girondine peu structurée, manquant de radiales. Une offre d infrastructures et de services en partie inadaptée - Un réseau viaire trop radioconcentrique et trop vulnérable ; - Un réseau de TC trop lent et insuffisamment maillé ; - Des périphéries mal desservies ; - Un stationnement trop peu régulé. Grenelle des Mobilités Atelier La voiture Autrement Réunion n 5 du 08-07-12 3
Une prise en compte encore insuffisante des questions économiques Un certain nombre d obstacles liés à la mobilité entravent l efficacité économique du territoire : - Les dysfonctionnements du bassin d'emplois métropolitain ; - La pénalisation des déplacements professionnels ; - Les accès difficiles aux équipements métropolitains et aux grandes zones d'emplois ; - La mobilité contrainte des populations fragiles et des salariés précaires ; - Le manque d'anticipation de la croissance du fret urbain ; - Un dialogue lacunaire entre instances publiques et monde du travail. Une hausse des coûts de mobilité individuels et collectifs - Un constat qui touche tous les acteurs : ménages, entreprises et collectivités publiques. 1.3. Des divergences et contradictions à dépasser Des divergences apparentes - Le rapprochement entre domicile et travail est souhaitable mais reste insuffisant et difficile à mettre en œuvre ; - L augmentation de la vitesse automobile pour accroître les capacités de déplacement demeure une fausse croyance ; - La gratuité des transports publics est à double tranchant : il est sans doute préférable que l usager participe au financement des TC. Des divergences réelles mais sans conséquence - L avenir de l'automobile doit être envisagé selon plusieurs scénarii. Une chose est sûre : elle ne disparaîtra pas demain ; - Le numérique doit permettre de limiter les déplacements contraints, et non les déplacements voulus. Des compromis à construire - L utilisation des infrastructures existantes doit être optimisée avant d en construire de nouvelles ; - Les possibilités de stationnement au travail doivent être limitées pour inciter les usagers à se reporter sur les TC, sans toutefois nuire à l accès à l emploi. Des contradictions actuellement irréductibles - Faut-il favoriser des modes de TC efficaces, adaptés à chaque territoire (logique d équité fonctionnelle) plutôt que des moyens de transport coûteux (le tramway) répondant aux demandes de chaque commune (logique d égalité communale)? - Est-il pertinent de focaliser le débat sur le «grand contournement» routier et ferroviaire alors qu il faudrait avant tout obéir à une logique de performance économique, en améliorant les composantes de la logistique régionale (infrastructures multimodales, etc.)? Des contradictions à dépasser - Il est nécessaire d envisager de nouvelles solutions pour surmonter les antagonismes de doctrines et dépasser les divergences d'objectifs. Grenelle des Mobilités Atelier La voiture Autrement Réunion n 5 du 08-07-12 4
2. Présentation du schéma n 1 : la doctrine 2.1. Premier point de conflit identifié : urbanité/mobilité Il est difficile de trouver des solutions consensuelles dès lors qu il ne s agit plus de créer de nouveaux «tuyaux» de circulation, mais d optimiser l utilisation de ceux qui existent déjà. Il n existe à ce jour qu un seul mode de régulation, la congestion, qui est un mode de régulation aveugle. La solution n est pas tant d accélérer la vitesse de tous les déplacements, mais plutôt de faire cohabiter différents tempos qui seront stables. Il faudra garantir à la fois une «fluidité rapide» pour certains déplacements et «une fluidité lente» pour d autres (aller à l école ). 2.2. Second point de conflit identifié : mobilité/durabilité Les déplacements en voiture ont un impact important sur l environnement. La production kilométrique tend à augmenter avec les déplacements en général. Il faudrait passer d un droit au transport à un droit d accès à certains moments et à certains endroits. Une mobilité «raisonnée» est donc nécessaire : il s agit d encourager le recours aux modes de transport les plus efficaces selon le type de déplacements, en sécurisant des voies piétonnières pour les déplacements courts ou en réservant des pistes cyclables pour les déplacements un peu plus longs. Résoudre ces points de conflits passe par des politiques d offre et de demande différenciées. 3. Présentation du schéma n 2 : stratégie et actions 3.1. Les objectifs (le losange central) - Améliorer les fluidités à fois pour les déplacements lents et les déplacements rapides ; - Développer une mobilité raisonnée, via une régulation par la demande et une régulation par l offre. 3.2. Les principaux programmes de partenariat (les carrés) - La mobilité piétonne universelle ; - Le réseau de transport collectif métropolitain : nécessité d un double réseau express, à l image du métro et du RER parisiens ; - Le réseau logistique régional ; - Le réseau d avenues métropolitaines : identifier un réseau primaire de voiries (fluidité rapide) aménagé stratégiquement par rapport aux réseaux secondaires (fluidité lente) ; - L optimisation / la régulation de la rocade et du réseau routier rapide, via une mise à 2x3 voies, l émergence d un grand site de covoiturage, etc ; - Les contrats employeurs - salariés - collectivités. Grenelle des Mobilités Atelier La voiture Autrement Réunion n 5 du 08-07-12 5
3.3. Les plans coordonnés des autorités publiques (les ovales) - Coordonner les plans vélo qui existent à différentes échelles territoriales en harmonisant la signalétique par exemple ; - Développer une réelle stratégie en matière de stationnement ; - Mettre en place une stratégie de promotion des TC renouvelée ; - Relancer les plans de livraisons urbaines. 3.4. Les innovations de ruptures stratégiques (les nuages) Il s agit de projets qui ont peu d effets à court terme mais peuvent avoir un effet d entraînement : - Mettre en place une autorité organisatrice des voiries, chargée de l exploitation et de la coordination de l usage de la voirie ; - Faire contribuer les automobilistes au financement des TC ; - Créer un «bureau des temps» ; - Favoriser les déplacements à pied entre le domicile et l école en élaborant un plan d aménagement et en développant le système pédibus ; - Développer de nouveaux quartiers à systèmes de mobilité mutualisés avec par exemple un partage des places de parking afin de limiter la consommation d espaces par la voiture ; - Favoriser l'essor des vélos électriques. 4. Débats 4. 1. Les infrastructures Le stationnement : Les grenellistes s accordent sur le besoin d innover mais mettent en avant la nécessité de faire appliquer les règles qui existent déjà. L idée d une utilisation mixte des infrastructures a été avancée, avec par exemple la mutualisation des parkings des grands équipements (universités, centre commerciaux...). Le réseau d avenues métropolitaines : L idée d un réseau d avenues métropolitaines qui constitueraient un réseau rapide permettant d effectuer de plus grandes distances fait débat notamment au niveau de l impact de ces avenues sur la qualité de vie des quartiers traversés. Certains participants pensent qu il faut davantage parler de «ville à 30 km/h» plutôt que de «réseau d avenues métropolitaines». Grenelle des Mobilités Atelier La voiture Autrement Réunion n 5 du 08-07-12 6
4. 2. Le temps de trajet Il existe un consensus sur le fait que l accroissement des vitesses n entraîne pas un rapprochement des territoires ni une diminution des temps de trajet. Les grenellistes insistent par conséquent sur la nécessité de réfléchir à un temps acceptable et stabilisé pour les usagers des différents modes de transport. 4.3 La mobilité raisonnée Il faut inciter les usagers à réfléchir à la manière dont ils se déplacent afin que chacun fasse un choix optimal parmi les modes disponibles et pour éviter des usages de confort qui participent à la congestion des infrastructures routières et des transports collectifs. Cette mobilité raisonnée est à la fois une question d éducation et d incitation. Au niveau des incitations, il est nécessaire de réfléchir à un arbitrage entre les modes afin d optimiser leur efficacité dans des zones spécifiques, avec par exemple la mise en place de bus en sites propres sur certains trajets. Les grenellistes sont en accord sur la nécessité de développer le covoiturage en mettant en place des infrastructures spécifiques qui permettront d aller plus vite avec ce mode. Il est cependant difficile de percevoir si cela aura un effet réel, étant donné qu il existe une véritable méfiance des usagers envers cette pratique qui est moins causée par un manque d informations que par la peur de l autre. La mise en place de ces infrastructures est par ailleurs problématique puisqu il faudra avoir les moyens de contrôler et sanctionner leur usage. 4.4. Le territoire Il est nécessaire de bien définir le territoire d application des différentes actions. Pour certains participants, la réflexion du Grenelle s est trop centrée sur la CUB alors que beaucoup de trajets ne démarrent ni ne se terminent en sein. La congestion ne pourra par conséquent être évitée que si on prend en compte ce qui se passe avant l entrée des usagers sur la CUB. 4.5. Les PDE Les résultats des PDE sont très inégaux car déterminés en grande partie par la motivation des commanditaires qui mettront ou non en place des instances de suivi des PDE. Les PDE au niveau des PME sont difficiles à mettre en œuvre dans la mesure où ils ne touchent que peu de personnes et suscitent très peu d investissement de la part des collectivités locales. L une des solutions à ce problème est d élaborer des PDE par zones. Il convient alors de réunir des entreprises partageant les mêmes problématiques et infrastructures. Grenelle des Mobilités Atelier La voiture Autrement Réunion n 5 du 08-07-12 7
5. Pour aller plus loin Verbatim - On parle souvent des exemples de la Suisse et de l Allemagne en matière de mobilité, ils n ont rien inventé. Ils ont fait appliquer les règles. - Ce qui est important c est d accepter la longueur du temps, d avoir une stabilité du temps. - Ls gens seuls dans une voiture devraient avoir mauvaise conscience. Description du climat Cette dernière réunion s est déroulée dans une ambiance agréable relativement peu conflictuelle. Les participants ont réellement rebondi sur les propositions du rapport et notamment sur ses formulations. Grenelle des Mobilités Atelier La voiture Autrement Réunion n 5 du 08-07-12 8