LE RISQUE CARDIO-VASCULAIRE CHEZ LA FEMME Pourquoi sont-elles plus à risque? Jean-Philippe BRETTES Hôpitaux Universitaires de Strasbourg Mourad DERGUINI Hôpital de Kouba - Alger SAERM, Alger 2015
Le risque augmente chez la femme Le nombre d accidents cardiaques baisse chez l homme Il explose chez la femme par ses fragilités cardiaques Constatations de découverte récente
Une urgence épidémiologique - alerte donnée aux Etats-Unis en 2011 - franchit l Atlantique - confirmée par les registres européens : Les femmes sont de plus en plus sujettes aux problèmes de cœur
Les pathologies et accidents cardio-vasculaires tuent huit fois plus que le cancer du sein Ils représentent 42% des causes de décès chez les femmes de moins de 75 ans : - infarctus =22% de décès - AVC = 15% - chiffres en augmentation Les femmes : les grandes oubliées en matière d information et de prévention Fédération française de cardiologie C. Mounier-Vehier Fig/santé n 3, mars 2015
A cause des artères plus fines : - le tabagisme = 1 ère cause d infarctus féminin avant 40 ans - le surpoids, la sédentarité et leur conséquence - le diabète qui augmente 3 à 7 fois le risque CV et seulement 2 à 3 fois chez l homme - le stress deviennent des facteurs de risque plus graves que chez les hommes Toutes les tranches d âge sont concernés
Rôle des variations hormonales De la pilule contraceptive à la ménopause Pilule contraceptive : hormones de synthèse (patch et implants) associée au tabac = facteur de risque explosif Après 35 ans : pilule et tabac = contre-indiquée La grossesse : révélatrice de facteur de risques ultérieurs Diabète gestationnel, hypertension artérielle, 2 risques majeurs ultérieurs
Avant la ménopause (source : Institut de Veille Sanitaire InVS 2014) Le syndrome coronarien a augmenté 18% ces dernières années chez les femmes de moins de 50 ans alors qu il diminue de 8% chez l homme L action protectrice des estrogènes devient insuffisante face aux habitudes de la vie adoptées par les femmes Le syndrome métabolique surexpose au risque d obstruction artérielle : les dépôts début adolescence se développe sur des décennies surcharge pondérale, HTA, LDL, Cholestérol artériosclérose - plaque d athérome IMC : bon indicateur du risque
Après la ménopause La protection oestrogénique naturelle diminue : mise au repos des ovaires plus ou moins brutale Elévation du risque cardio-vasculaire avec les années Majorée avec facteurs qui augmentent avec l âge - prise de poids abdominale ; obésité viscérale - HTA nocturne ignorée (gravité chez la femme) - cholestérol, LDL et triglycérides - dépression parfois latente Favorisent syndrome coronarien aigu
Le stress 3 ème cause d infarctus chez la femme de moins de 40 ans Effet physiopathologique plus marqué chez la femme Par vasoconstriction artérielle plus marquée Etude américaine 2013 : compare hommes/femmes Réactions non identiques au stress H = TA rythme cardiaque F = exposée infarctus myocarde (processus inflammatoire ; spasmes artériels) F = risque augmenté de 23% En France : le stress à l origine de 3000 à 4000/an = accidents cardiaque
Leurs impacts sur les vaisseaux sont plus délétères chez la femme que chez l homme Artères plus fines - plus sensibles aux spasmes - plus aptes à former des caillots Réseaux veineux différents - grossesses ; ectasies veineuses - thromboses embolies (membres inférieurs, pelviennes) - stases veineuses ; œdèmes
Le dépistage, le diagnostic : autre point noir chez la femme Mauvaise qualité de dépistage des troubles cardiaques Le médecin reste persuadé que les femmes AVANT 50 ans sont à l abri Les examens du diagnostic ne sont pas toujours adaptés : le test à l effort : moins fiable chez la femme car non conçue pour elles Les symptômes des accidents cardiaques moins bien repérés : - plus fréquemment atypiques et/ou négligés - troubles digestifs ; douleurs à l estomac - fatigue, palpitations, sueurs Signes discrets d infarctus chez la femme passe parfois inaperçu
Une succession de perte de chances Les femmes sont souvent moins bien orientées dans les services d urgence et traitées plus tardivement Elles sont traitées moins «fortement» après accidents vasculaire ou cérébral Les thérapeutiques sont moins agressives Les traitements au long cours moins prescrits ou sous dosés Elles-mêmes : négligent plus souvent leur rééducation - essentielles pour réduire : *les séquelles *les risques de récidives - reprise plus rapide des obligations familiales
Chez la femme : observation d une succession de perte de chance - elles se croient protégées, à tort - milieu médical encore trop peu impliqué - certaines en payent le prix fort D où aujourd hui : - donner aux femmes toutes les cartes utiles de prévention - faire vaste campagne d information et de communication à leur intention - réduire leur perte de chance face à la maladie
Que peut faire le gynécologue? Réduire le risque vasculaire artériel et veineux pour protéger le cœur et les artères Utilisation d hormones naturelles et non synthétiques : - pilule, THS - mais risque de décès sous pilule inférieur à celles sans - prudence si pilule et autres facteurs de risque - avant prescription : enquête policière et check-list précise Tabac et cœur : liaison dangereuse - l arrêt du tabac est bénéfique rapidement - tabac et pilule : contre-indiqué - les substituts du tabac sont sans danger : vapotage
Que peut faire le gynécologue? - Faire les bons choix pilule-ths - Surveiller biologie sanguine glycémie, lipides etc *péri et post-ménopause *femmes jeunes sous pilule à chaque prescription +++ médico-légal - Collaboration multidisciplinaire : *cardiologue, diabétologue, nutritionniste *cancérologues (cardio-toxicité des CT ; risque vasculaire anti-estrogènes ou inhibiteurs aromatase) - Détecter apnée du sommeil : hypoxie *appareillage nocturne
Lutter contre le surpoids Mesures hygiéno-diététiques : lutter contre surpoids Nutrition : - régime méditerranéen (dit crétois) - limiter consommation de sel - boissons énergisantes déconseillées - fibres, anti-oxydants, oméga 3, phytostérols - vit D : lien possible ; pathologie cardiaque (mais non établie) Activité physique : - idéal = exercice tous les jours - 30mn sport/3x semaine - pratique de la marche - salle de sport utile pour le cœur Régimes alimentaires anti-cholestérol et anti HTA ; efficacité réelle validée scientifiquement
Conseils particuliers : haut risque veineux d altitude Vol aérien supérieur à 6 heures : prévention phlébites embolies - injection sous-cutanée anti-xa - bas de contention - somnifères contre-indiquées ; vol de nuit = facteur de phlébite - hydratation : boire beaucoup Informer, communiquer avec les patients Le gynécologue s occupe aussi du cœur et des vaisseaux périphériques Mais il ne remplace pas le cardiologue
Le problème et la solution pour le gynécologue L interrogatoire +++
Risque cardio-vasculaire de la femme : TABAC, ANESTHESIE et CHIRURGIE Pourquoi arrêter de fumer avant une intervention? Société Française d Anesthésie Réanimation, Avril 2015
En France (hommes et femmes) : - 11 millions de patients anesthésiés (chirurgie) - 30% de fumeurs - 3 millions de fumeurs opérés Données S.F.A.R.
Tabac et risques post-opératoires Le tabac augmente de 70% le risque de complications postopératoires - respiratoires : *infection pulmonaire *défaillance respiratoire - cardiaques : *infarctus du myocarde *risque x 3 - risque de transfert en réanimation x 3
Tabac et cicatrisation - excessivement néfaste aux mécanismes de réparation tissulaire - nicotine inhibe processus de réparation tissulaire : *rapidité et solidité, cicatrisation ralentie *infection cicatrice opératoire : risque x 6 tous types de chirurgie *chirurgie osseuse : consolidation ralentie parfois incomplète Complications liées aux procédures chirurgicales considérablement majorées
Consultation pré-chirurgicale - détecter tabagisme - aide à l arrêt immédiat doit être proposé - substituts : patchs, gomme à mâcher, cigarettes électroniques Plus l arrêt du tabac s effectue à distance de l intervention, meilleur sera le bénéfice observé
Comparaison d un groupe carencé en vitamine D (D3) - carence en Vit D : taux sériques < 10 ng/ml - si taux à 32 ng/ml risque IM 50% 35 HTA 78% 50 diabète 50% 65 ca sein 83% 70 ca colon 80% Vit D > 30 : Normal 29-11 : insuffisance < 10 : carence D* Action : 2 cohortes panel d instituts scientifiques USA carole@grassrootshealth.org
Les femmes portent la moitié du ciel Proverbe chinois