NEOVAISSEAUX CHOROIDIENS IDIOPATHIQUES DU SUJET JEUNE



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NEOVAISSEAUX CHOROIDIENS IDIOPATHIQUES DU SUJET JEUNE *Assistante hospitalo-universitaire Z. BEN ZINA*, D. ABID, M. DERBEL, H. BEN AYED, F.ABBES, M. CHAABOUNI RESUME La survenue de néo-vaisseaux choroïdiens chez des sujets jeunes sans antécédents généraux et ophtalmologi q u e s est ra re. Nous rap p o rtons l observation de deux sujets jeunes âgés respectivement de 35 ans et de 29 ans qui ont consulté pour un syndrome maculaire et dont l ex a m e n clinique et angi ographique a montré des néo-va i s s e a u x choroïdiens maculaires. Le bilan biologique et radiologique étaient normaux. Une corticothérapie par voie générale était instaurée chez les deux patients pendant deux semaines à raison de 1 mg/kg/j avec régression progressive. Une photo-coagulation au laser krypton était réalisée chez le premier patient ayant entraîné une cicatrisation de la membrane néo-vasculaire et une remontée de l acuité visuelle à 4/10. Une ch i ru rgie de la membra n e n é o - va s c u l a i re était env i s agée chez le deuxième pat i e n t, mais elle n a pas était réalisée faute de moyens. A la lumière de ces deux observations, nous soulevons les problèmes nosologiques en distinguant entre deux entités cliniques qui sont la pseudo-histoplasmose et la ch o ro ï d o - p athie maculaire hémorragique du sujet jeune. Nous discutons également les pro blèmes étiopat h ogéniques et thérapeutiques de ces deux affections. M o t s - clés : Néo-va s c u l a ri s ation ch o ro ï d i e n n e, pseudohistoplasmose, choroïdopathie maculaire hémorragique, sujet jeune, laser. SUMMARY We rep o rt two cases of subretinal neova s c u l a ri z at i o n o c c u rring on two young adults under 35 ye a rs of age. We underline the nosology of this pathology and distinguish two syndromes consisting on presumed histoplasmosis and hemorragic macular ch o ro i d o p at hy occurring in young adults. We also discuss the aetiology, evolution and treatment of this pathology. Key wo rds : Subretinal neova s c u l a ri z ation, pre s u m e d histoplasmosis, hemorragic macular ch o ro i d o p at hy, young adults, laser. INTRODUCTION L apparition de néo-vaisseaux choroïdiens maculaires chez les sujets jeunes sans antécédents généraux ou ophtalmol ogiques est ra re (1). L é t i o - p at h ogénie de ces néo-va i s - seaux choroïdiens reste encore non étiquetée. Les possibilités thérapeutiques sont limitées. Elles consistent à la photocoagulation au laser krypton et à l ablation chirurgicale de la membrane néo-vasculaire. Observation n 1 MATERIEL ET METHODE Un jeune homme, âgé de 35 ans, sans antécédents ophtalmologiques ni généraux a consulté en mars 1995 pour une baisse brutale de l acuité visuelle de l œil gauche accompagnée de métamorphopsies et de perc eption d un scotome central. L acuité visuelle était de 10/10 P2 à droite avec un examen du segment antérieur et du fond d œil sans anomalie. A gauche, l acuité visuelle était limitée à 2/10 P14. L examen du segment antérieur était normal. L ex a m e n b i o m i c roscopique du fond d œil a montré une membra n e néo-vasculaire maculaire avec un décollement séreux rétinien (DSR) et une couronne d hémorragie. L examen de la périphérie rétinienne était parfaitement normal. L angiographie a montré à l œil gauche, une hyperfluorescence précoce et intense avec une diffusion tard ive du c o l o rant dans l aire maculaire correspondant à des néovaisseaux choroïdiens juxta-fovéaux (fig. n 1). L e n s e m ble du bilan étiologique cl i n i q u e, biologique et radiologique était normal. Une corticothérapie à la dose de 1 mg/kg/jour de prednisone était instaurée pendant deux semaines avec une régression progre s s ive. Une photoc o ag u l ation au laser krypton de la membrane néovasculaire a été réalisée. Après trois mois, l acuité visuelle a remonté à 4 /10 avec cicatrisation de la membrane néovasculaire. Service d Ophtalmologie, C.H.U. Habib Bourguiba - Sfax- Tunisie.

NEOVAISSEAUX CHOROIDIENS 31 Figure n 1 : Aspects angiographiques après injection : membrane néo-vasculaire juxta-fovéale. (a) : temps précoce, hyperfluorescence de la lésion néo-vasculaire re flet brillant annu l a i re. Ce DSR est centré par une plage grisâtre légèrement saillante, à bords irréguliers faisant 1/2 diamètre papillaire et il est entouré par une couronne d hémorragie sous-rétinienne donnant à la lésion un aspect en cocarde. Par ailleurs, nous avons noté une atrophie choriorétinienne péri-papillaire (Photo n 2). Photo n 2 : OD : membrane néo-vasculaire grisâtre centro-maculaire entourée d une frange hémorragique avec un décollement séreux rétinien sus-jacent. Altération péri-papillaire de l épithélium pigmentaire. (b) : temps tardif : diffusion du colorant entraînant un aspect flou des bords de la lésion L examen du fond d œil à ga u che a montré trois petites lésions bl a n ches at rophiques cicat ricielles péri m a c u l a i re s temporales inférieures (Photo n 3). Photo n 3 : OG : trois petites lésions blanches atrophiques cicatricielles en foyers périmaculaires temporales inférieures Observation n 2 Jeune femme âgée de 29 ans, sans antécédents oculaires ou généraux particuliers ; a consulté en janvier 1998 pour une baisse brutale de l acuité visuelle de l œil droit accompagnée de métamorphopsies et de la perception d un scotome c e n t ral. L acuité visuelle était de 1/10 P20 à droite et de 10/10 P2 à ga u ch e. L examen du segment antérieur était n o rmal aux deux yeux. L examen biomicroscopique du fond d œil a montré à droite un décollement séreux, bu l - leux de la rétine sensorielle maculaire, délimité par un

32 Z. BEN ZINA, D. ABID, M. DERBEL, H. BEN AYED, F.ABBES, M. CHAABOUNI L a n gi ographie rétinienne mettait en évidence sur les cl i - chés avant injection, une zone de dépigmentation de l épithélium pigmentaire maculaire entourée d une couro n n e h é m o rragi q u e. Après injection, nous avons noté, dès les temps précoces, une imprégnation d un lacis va s c u l a i re p ro fond maculaire rétro - fovéale (fi g. n 4a). Cette hy p e r- fl u o rescence augmente en intensité et diffuse donnant un aspect flou et étalé des bords de la lésion (fig. n 4b). Photo n 5 : OG : Aspect angiographique : temps tardif : cicatrices choriorétiniennes atrophiques temporo-maculaires inférieures Photo n 4a : OD : aspect angiographique après injection : temps précoce : imprégnation du lacis néo-vasculaire profond Photo n 4b : Temps tardif : diffusion du colorant entraînant un aspect flou des bords de la membrane néo-vasculaire Un bilan clinique (examen stomatologique, examen ORL) ainsi que biologique (NFS, VS, fi b ri n é m i e, intra d e rm o - réaction à la tuberculine, BW, sérologie toxoplasmique) ; et ra d i o l ogique (ra d i ographie du thorax) étaient pratiqués et ils étaient normaux. La malade a été mise sous prednisone à la dose de 1 mg/kg/j pendant deux semaines avec régression progre s s ive. Les examens de contrôle pratiqués en juillet 1998 puis en décembre 1998 ont montré une accentuation du syndrome maculaire avec élargissement du scotome central. L acuité visuelle était ch i ffrée à 1/10 fa i bl e P28. L examen du fond d œil droit ainsi que l angiographie ont montré une extension de la membrane néo-va s c u l a i re dont la taille atteignait un diamètre pap i l l a i re avec augmentation du décollement séreux rétinien et de la couronne hémorragique (fig. n 6). Photo n 6 : Extension de la membrane néo-vasculaire avec augmentation de la couronne hémorragique et du décollement séreux rétinien Au niveau de l œil ga u ch e, l angi ographie a montré un e ffet masque-fe n ê t re au niveau des cicat rices ch o ri o - r é t i - niennes at rophiques en foye rs temporo m a c u l a i res inférieurs. (fig. n 5).

NEOVAISSEAUX CHOROIDIENS 33 A gauche, l aspect du fond d œil restait inchangé. L ablation ch i ru rgicale de la membrane néo-va s c u l a i re était envisagée, mais faute de moyens, elle n a pas été réalisée. DISCUSSION L ap p a rition de néo-vaisseaux ch o roïdiens chez un sujet jeune sans antécédents ophtalmologiques ni généraux pose un double pro blème nosologique et thérap e u t i q u e. De n o m b reux auteurs ont analysé les cas de néo-va s c u l a ri s a - tion choroïdienne apparaissant chez les sujets jeunes (2, 3, 4, 5,1). Cependant, une confusion demeure entre deux entités distinctes : la pseudo-histoplasmose et la choroïdopathie maculaire hémorragique du sujet jeune. Selon SOUBRANE (1), le syndrome de pseudo-histoplasmose o c u l a i re est la forme présumée de l histoplasmose oculaire décrite par les auteurs américains. Il associe une lésion disciforme hémorragique du pôle postérieur, une altération péri-papillaire de l épithélium pigmentaire, des foye rs de ch o roïdite cicat ri - c i e l l e, bilat é raux, péri p h é riques et au pôle postérieur évo - luant en l absence de tous signes infl a m m at o i res (6, 7). Aux Etats-Unis, cette affection est cara c t é risée par l ex i s - tence d une cuti-réaction positive à l histoplasmine liée à une infection à histoplasma capsulatum (6, 8). L o b s e rvation n 2 semble s intégrer dans cette entité. La ch o ro ï d o p athie maculaire hémorragique du sujet jeune est c a ra c t é risée par une lésion néo-va s c u l a i re isolée et longtemps unilat é ra l e. CLEASBY (9) en 1976 a diff é re n c i é cette entité de la pseudo-histoplasmose et lui a attribué le nom de néo-va s c u l a ri s ation sous rétinienne focale idiopathique. L observation n 1 semble correspondre à cette forme clinique. Ces deux affections sont proches par le terrain ( femme jeune) et le mode évolutif ; mais il semble ex i s t e r une différence dans l âge moyen de survenue. En effet, dans la pseudo-histoplasmose, il est de 36 ans pour SHAGEL et WEBER (10) et de 41 ans pour GASS et WILKINSON (11). Par contre, dans la ch o ro ï d o p athie m a c u l a i re hémorragi q u e du sujet jeune, l âge moyen de survenue est plus précoce. Il est de 26 a ns pour BONNET ( 12), de 35 ans pour FRANÇOIS (13) et de 34,2 ans pour SOUBRANE et coll. (1). En fait, la différence essentielle entre les deux affections est le cara c t è re mu l t i - focal et bilat é ral des atteintes de l épithélium pigmentaire dans la pseudo-histoplasmose et le caractère isolé de la lésion néo-vasculaire dans la choroïdopathie maculaire hémorragique du sujet jeune. L étiopathogénie de ces deux affections reste encore mal élucidée. Cependant, dans la pseudo-histoplasmose, on a proposé la possibilité d une dissémination par voie artérielle d un matériel pathologique (agent infectieux), devant l aspect multifocal des atteintes de l épithélium pigmentaire (14). L évolution spontanée dans la pseudo-histoplasmose se fait soit ve rs la stab i l i s ation des lésions avec ap p a rition d un bl o c fibro-glial maculaire, soit vers l extension de la membrane. E n fin, de nouvelles lésions de l épithélium pigmentaire peuvent apparaître après un délai plus long sur le même œil ou l œil adelphe. La bilat é ra l i s ation est notée dans 12 % des cas dans dix ans selon GASS (11). Dans la choroïdopathie maculaire hémorragique du sujet jeune, l évolution est la même que dans la pseudo-histoplasmose avec quelques d i ff é rences près. En effet, le pouvoir d extension de la m e m b rane néo-va s c u l a i re est limité, les hémorragies sont peu sévères et la bilatéralisation se fait dans 10 à 15 % des cas. Les possibilités thérapeutiques dans ces deux affe c - tions sont limitées. La cort i c o t h é rapie par voie généra l e t ro u ve son indication dans la fo rme maculaire, mais son e fficacité est discutée (15). La photocoag u l ation au laser k rypton a pour but de détru i re électivement les néo-va i s - seaux choroïdiens et d améliorer l acuité visuelle. En effet, selon SOUBRANE (1), la photocoag u l ation a permis de remonter l acuité visuelle et de détruire la membrane néovasculaire dans 85 % des cas. Les principaux écueils rencontrés sont la localisation juxta et subfovéale et la diffi - culté à obtenir la destruction effective de la membrane néova s c u l a i re (1). Pour éviter la perte de la vision centra l e résultant de la photocoag u l ation au laser, certains auteurs ont proposé l abl ation ch i ru rgicale de la membrane néovasculaire subfovéale. L abord se fait par une petite rétinotomie après vitrectomie (15, 16). Les résultats de cette ch i ru rgie sont encourageants, mais la stabilité de l effe t bénéfique de cette chirurgie n est pas encore prouvée (16). Les patients qui ont pu conserver une vision centrale utilis able doivent être préve nus de l intérêt de l utilisat i o n régulière et fréquente d une grille d Amsler et des tests de vision de près ainsi que de l importance d un examen clinique rapide à l ap p a rition de la moindre modifi c ation. Le contrôle angiographique deux fois par an s impose pour le deuxième œil, surtout en présence de cicat rices at ro p h i - ques maculaire qui pourraient se compliquer de néo-va i s - seaux choroïdiens.

34 Z. BEN ZINA, D. ABID, M. DERBEL, H. BEN AYED, F.ABBES, M. CHAABOUNI CONCLUSION Le pronostic fonctionnel des néo-vaisseaux ch o ro ï d i e n s reste réservé dans les formes maculaires subfovéales car la p h o t o c o ag u l ation au laser krypton tro u ve ses indicat i o n s s u rtout dans les fo rmes ex t ra fovéales. L e fficacité de la corticothérapie reste discutée. La chirurgie des membranes néo-vasculaires subfovéales semble être prometteuse. Nous insistons sur l intérêt de la surveillance régulière biomic roscopique et angi ographique de l œil atteint et de l œil adelphe vu le taux élevé de bilatéralisation. BIBLIOGRAPHIE 1 - SOUBRANE G., KOERING F., QUIGUIM A. Choroïdopathie maculaire hémorragique du sujet jeune. J. Fr. Ophthalmol., 1983 ; 6, 1 : 25-34. 2 - JUNIUS P. Erscheinungsformen und ablauf juvenilen retinitis exsudativa macularis. Augenheilk, 1930 ; 70, 129-148. 3 - VERHOEFF F.M., GROSSMAN H.P. Pathogenesis of disciform degeneration of the macula. Arch. Ophthalmol. Soc., 1959 ; 40, 139-160. 4 - GASS J.D.M. Pat h ogenesis of discifo rm detachement of the neuro epithelieum : Disciformacular degeneration secondary to focal choroiditis. Am. J. Ophthalmol., 1976 ; 63, 661-687. 5 - SARAUX H., LE FRANÇOIS A., OFFRET H. La ch o ro l i d o p athie maculaire hémorragique du sujet jeune ou pseudohistoplasmose. J. Fr. Ophtalmol., 1979 ; 2, (5), 349-354. 6 - SCHAEGEL T.F., WEBER J.C., HEBBESTON E. Presumed ocular histoplasmosis. Am. J. Ophthalmol., 1967 ; 63 : 919-25. 7 - SCHEFFER A., GREEN W.R., FINE S.L., KNICAID M. Presumed ocular histoplasmosis syndrom a clinico-pathologic correlation of a treated case. Arch. Ophthalmol, 1980 ; 98 ; 335-40. 8 - GRANLEY J.P. Epidemiology of presumed ocular histoplasmosis. Arch. Ophthalmol, 1982 ; 102 : 1754-56. 9 - CLEASBY G.W. Idiopathic focal subretinal neovascularization (2). Am. J. Ophthalmol, 1976 ; 81 : 590-96. 10 - SCHEAGEL T.F., WEBER J.C. Follow up study of presumed histoplasmic. Am. J. Ophthalmol, 1971 ; 1192-95. 11 - GASS J.D.M., WILKINSON C.P. Follow up study of presumed ocular histoplasmosis. Trans. Am. Acad. Ophthalmol. Otolaryngol, 1972 ; 76, 3 : 672-94. 12 - BONNET M., DUBOST-PERET P., GRANGE G.D. Etude de 29 cas de néovaisseaux choroïdiens idiopathique du sujet jeune (syndrome de pseudohistoplasmose) suivis depuis 6 mois à 11 ans. Bull. Soc. Ophtalmol. Fr. 1981 ; 11: 1059-61. 13 - FRANCOIS J., DELAEY J.J., DALAIN M. Choroïdopathie maculaire hémorragique chez les sujets jeunes. Bull. Soc. Beige Ophtalmol, 1979 ; 167 : 664-78. 14 - SARAUX H., PELOSSE B., QUINGUIRN A. C h o roïdite mu l t i focale interne : pseudohistoplasmose fo rme euro p é e n n e de l histoplasmose présumée américaine. J. Fr. Ophtalmol, 1986 ; 9, 10 : 645-51. 15 - BERGER A.S., KAPLAN H.J. Clinical ex p e rience with the surgical re m oval of subfoveal neova s c u l a r membranes. Short terrn postoperative results. Ophthalmology, 1992 ; 99, 6 : 969-76. 16 - NANCY M.HOLEKAMP, MD, MATTHEW A. THOMAS, MD, JOHN D, DICKINSON MD,SHAILAJA VELLURI, MD S u rgical re m ovel of subfoveal ch o roidol neova s c u l a ri z ation in pre s u m e d ocular histoplasmosis. Stability of early visual results. Ophthalmology, 1997 ; 104 : 22-26. Retrouvez «Médecine du Maghreb» sur Internet WWW.santetropicale.com ainsi que Médecine d Afrique Noire, Le Pharmacien d Afrique et Odonto-Stomatologie Tropicale