Economie Générale Initiation Ecole des Ponts - ParisTech Stéphane Gallon Caisse des Dépôts stephane.gallon@caissedesdepots.fr https://educnet.enpc.fr/course/view.php?id=2 1
Macroéconomie : croissance à moyen terme Grandeurs (agrégation) Long terme : croissance de la richesse des pays Court terme : fluctuations de la croissance, lutte contre le chômage conjoncturel Moyen terme : inflation et chômage 2
Hypothèses du court terme : Rappel PIB = demande à court terme Y = C + G + I dy dg > 0 A moyen terme : Les prix sont fixes. Les entreprises peuvent (techniquement) produire plus. Les entreprises voudraient vendre plus. Les prix sont variables. Il y a des contraintes techniques. Cela dépend du prix. Extension du modèle de court terme 3
A moyen terme PIB déterminé par offre et demande Demande Agrégée Offre Agrégée Hausse des prix (inflation) * p Y * Hausse du chômage Malgré les noms, nature différente de la notion de demande et d offre en microéconomie. 4
Plan Croissance économique à moyen terme 1. Le modèle Demande Agrégée Offre Agrégée (DA-OA) 2. L impact de moyen terme des relances keynésiennes 3. Le triptyque croissance / chômage / inflation 4. Bilan des politiques budgétaire et monétaire 5
1. Le modèle DA-OA (1) Rappel sur IS-LM ( ) p Y IS ( ) ( ) ( ) r I C T C G I C Y C r r R R + + + + = ' ' ' ' 1 0 0 LM r M Y M p M r Y + = ' ' Les prix jouent (uniquement) via LM. g o B M T G,,, w p, Deux équations pour trouver deux inconnues (Y et r) Variables exogènes : Y 6
1. Le modèle DA-OA (2) Impact du prix sur LM M p = M ( Y, r) M p = M ' Y Y + M ' r r Exemple : hausse de prix < 0 7
1. Le modèle DA-OA (3) Impact des prix sur le PIB dans ISLM Exemple : hausse de prix ( p p > p ) Y < Y : la hausse des prix a un effet récessif. Y' Y ( ) ( ) A chaque prix p correspond un niveau de PIB Y via ISLM : Y p = DA p DA = Demande Agrégée Fonction décroissante de p DA traduit l équilibre simultané du marché des biens (IS) et du marché de la monnaie (LM). Rien à voir avec la demande au sens microéconomique... 8
1. Le modèle DA-OA (4) Demande agrégée p (DA) Y La demande agrégée décroît avec le prix. 9
1. Le modèle DA-OA (5) Déplacement de la demande agrégée L Etat peut changer mais en respectant sa contrainte de budget p G, T, o M, B (DA) g M + B Exemple : hausse des dépenses publiques (dg>0) financées par impôt, emprunt ou émission de monnaie o g + pt = pg ISLM : à prix p fixé, Y augmente Y 10
1. Le modèle DA-OA (6) Négociation salariale W p a = F ( u) Lorsqu ils négocient leur rémunération W (Wage) les salariés anticipent le niveau futur des prix p a (pouvoir d achat W/ p a ). Plus il y a de chômage (u grand), moins les salariés peuvent être exigeants dans leur négociation : F est décroissante. 11
1. Le modèle DA-OA (7) Tarification par les entreprises p = W 1 ( + µ ) µ: taux de marge des entreprises p a = p 1 µ ( + ) F( u) Lien entre le chômage (u) et l activité (Y)? 12
1. Le modèle DA-OA (8) Lien chômage - production Fonction de production Y = F, ( K AN) N [ Population ( u) ] [ ] = 1 active Temps travail Ici hypothèse simplificatrice : Capital constant Pas de progrès technique Population active stable dy dt LT = 0 Pas de changement du temps de travail Y ( u) = ϕ ϕ fonction décroissante 13
1. Le modèle DA-OA (9) Fonction d offre agrégée p Avec l hypothèse simplificatrice : p = p 1 µ a a = p 1 µ ( + ) F( u) Y = ϕ ( u) ( + ) H ( Y ) Y = OA( p) H est croissante. OA = Offre Agrégée Fonction croissante de p OA traduit le résultat de la négociation salariale et de la politique de prix des entreprises. Rien à voir avec l offre au sens microéconomique... 14
1. Le modèle DA-OA (10) PIB et chômage naturels p a = p 1 µ ( + ) H ( Y ) Anticipations parfaites lorsque p = a p 1 = u ( ) ( ) 1 1 1+ µ H Y Y = H = ϕ 1 1+ µ 1 1 F 1+ µ ( ) 1 Y = F ( H ( Y )) = n n = Y n (PIB naturel) = u n (chômage naturel) u = Sans l hypothèse simplificatrice : et sur son rythme de long terme (progrès technique...) u n Y 15
1. Le modèle DA-OA (11) Courbe d offre agrégée Fonction dépendant du paramètre p a A l équilibre (p=p a ), le PIB vaut Y n 16
2. L impact des relances keynésiennes (1) Equilibre Demande Agrégée - Offre Agrégée 17
2. L impact des relances keynésiennes (2) Premier impact d une hausse des dépenses publiques p (DA) Y ISLM : à prix p fixé, Y augmente 18
2. L impact des relances keynésiennes (3) Premier impact d une hausse des dépenses publiques p (DA) (OA) Y Le prix p augmente (inflation). Y croît mais moins fort que ce que laissait croire ISLM. 19
2. L impact des relances keynésiennes (4) Second impact Le prix p a augmenté (salariés surpris % anticipations) Les anticipations de prix augmentent (p a > p a ) OA monte (OA OA ) 20
2. L impact des relances keynésiennes (5) Second impact (suite) Le prix p augmente (inflation). Y diminue (le chômage augmente). 21
2. L impact des relances keynésiennes (6) Troisième impact Le prix p a augmenté (salariés surpris % anticipations) Les anticipations de prix augmentent (p a > p a ) OA monte (OA OA ) Le prix p augmente (inflation). Y diminue (le chômage augmente). 22
2. L impact des relances keynésiennes (7) Retour au niveau de chômage naturel p (DA) (OA) (OA) Y n Le chômage et le PIB sont revenus à leur valeur initiale. Les prix ont augmenté (inflation). La hausse des dépenses de l Etat n a eu aucun effet réel à moyen terme. Y 23
2. L impact des relances keynésiennes (8) Sans l hypothèse simplificatrice Le chômage revient à sa valeur initiale. Le PIB se remet à croître à son rythme de long terme (progrès technique...) après avoir crû plus vite (première étape) puis moins vite (années suivantes, jusqu à retrouver l équilibre). Les prix ont augmenté (inflation). La hausse des dépenses de l Etat n a eu aucun effet réel à moyen terme. Mais la relance peut être justifiée, par exemple si le point initial de l économie était avec une croissance sous le potentiel et qu il y avait peu d inflation. 24
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (1) PIB (croissance g) Loi d Okun Politique monétaire Taux de chômage (u) Courbe de Phillips Inflation (Π) 25
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (2) Loi d Okun (empirique) Evolution du chômage en France selon la croissance économique u selon g Exemple : en 1981, le PIB a augmenté de 1,2 % et le chômage est passé de 6,4 % à 7,4 %. g=1,2 % et u = +1 Variation du taux de chômage (point de pourcentage) 1,5 1 0,5 0-0,5-1 -1,5-2 -1 0 1 2 3 4 5 Croissance du PIB en volume (%) 26
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (3) Loi d Okun (empirique) De 1981 à 2005 Variation du taux de chômage Variation du taux de chômage (point de pourcentage) (point de pourcentage) 1,5 1 0,5 0,5 0 0-1 -0,5 0 1 2 3 4 5-0,5-1 -1,5-1 -2 1,5 1-1,5 y = -0,3965x + 0,9433 R 2 = 0,4076-1 0 1-22 3 4 5 Croissance Croissance du du PIB PIB en en volume volume (%) (%) A chômage stable, on produit plus : l hypothèse simplificatrice n est pas vérifiée... 27
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (4) Loi d Okun (interprétation) u = -0,3965 g + 0,9433 A l équilibre ( u=0), la croissance vaut g*= 0,9433/0,3965 2,4 % Taux de croissance «normal» sur 1981-2005 : 2,4 % Pour réduire le chômage ( u<0), il faut une croissance supérieure à g* Quand la croissance augmente d un point, le chômage ne diminue que de 0,40 point. Explications : - gains de productivité ; - évolution de la population active - comportement d embauche des entreprises. 28
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (5) Loi d Okun (cas des Etats-Unis) 29
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (6) Courbe de Phillips (empirique) Evolution de l inflation en France selon le chômage Π selon u Exemple : en 1991, le chômage valait 9 % et l inflation est passée de 3,6 % à 3,4 %. u = 9 % et Π = -0,2 Variation du taux d'inflation (point de pourcentage) 1,5 1 0,5 0-0,5-1 -1,5 7 8 9 10 11 12 13 Taux de chômage (%) 30
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (7) Courbe de Phillips (empirique) De 1991 à 2005 1,5 1 1,5 1,5 1 1 y = -0,147x + 1,4396 R 2 = 0,1063 0,5 0,5 0,5 0 0 0-0,5 7 8 8 9 9 10-0,5 10 11 11 12 12 13 13-0,5-1 -1-1,5-1 7 8 9-1,5 10 11 12 13-1,5 Taux Taux de de chômage (%) (%) Taux de chômage (%) Variation du du du taux taux d'inflation (point (point de de de pourcentage) 31
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (8) Courbe de Phillips (interprétation) Π = -0,147u + 1,4396 A l équilibre ( Π=0), le chômage vaut u n = 1,4396/0,147 9,8 % Taux de chômage «naturel» de 1991 à 2005 : 9,8 % Un chômage plus faible se traduit par une hausse de l inflation... et n est que temporaire. Un chômage plus élevé se traduit par une baisse de l inflation... et n est que temporaire. Explications? 32
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (9) Courbe de Phillips (explication) Négociation salariale Lorsqu ils négocient leur rémunération W (Wage) les salariés anticipent le niveau futur des prix P a (pouvoir d achat W/ P a ). W P a = F ( u) Prix effectivement pratiqués P = W ( 1+ µ ) P = P 1 µ a ( + ) F( u) Plus il y a de chômage, moins les salariés peuvent être exigeants dans leur négociation : F est décroissante. µ: taux de marge des entreprises 33
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (10) Courbe de Phillips (explication) Equilibre quand les anticipations de prix correspondent aux réalisations a P = P Comme F est décroissante 1 u = F 1 = 1+ µ a P > P u < u n u n chômage naturel inflation réelle > inflation anticipée inflation de l année précédente 34
3. Le triptyque croissance / chômage / inflation (11) Récapitulatif sur la France avant la crise PIB Croissance g* = 2,4 % Taux de chômage u n = 9,8 % Loi d Okun Courbe de Phillips m : croissance du stock de monnaie (fixé par la politique monétaire) Inflation Π = m - g* 35
222,2 221,7 221,2 220,7 220,2 219,7 219,2 218,7 218,2 PIB (volume) français 2001q1 2001q2 2001q3 2001q4 2002q1 2002q2 2002q3 2002q4 A court terme g g*, u u n Le moyen terme actuel et ses limites Politiques conjoncturelles G, T, o M, B g PIB : croissance g* = 1,0 1,5 % Taux de chômage : u n = 8,5-9,0 % 240 220 200 180 160 140 120 100 A long terme g* et u n peuvent bouger 1970q1 1972q1 1974q1 1976q1 1978q1 1980q1 PIB (volume) français 1982q1 1984q1 1986q1 1988q1 1990q1 1992q1 1994q1 1996q1 1998q1 2000q1 2002q1 2004q1 Politiques structurelles R&D (innovation, concurrence), marché du travail,... 36
4. Bilan des politiques budgétaire et monétaire (1) Le partage des rôles avant la crise Politique budgétaire (G, T, B g ) Politique monétaire ( M o ) (en fait taux d intérêt) Partage des objectifs Stabilisation du cycle économique national Relancer en bas de cycle (si u > u n ) Ralentir en haut de cycle (si u < u n ) Contrôle de l inflation européenne (éventuellement stabilisation du cycle européen) 37
4. Bilan des politiques budgétaire et monétaire (2) Problèmes rencontrés - On ne connaît pas (bien ) u n u n = 9,8 %? Risque d attribuer au cycle des difficultés structurelles (u n est en réalité élevé) - Annoncer l objectif sur le PIB rend peu crédible la lutte contre l inflation. - Une seule politique monétaire est-elle adaptée à des pays différents? Oui si : Non (réunification allemande, immobilier les pays subissent les mêmes chocs ; espagnol ou irlandais...) ou les facteurs de production sont très mobiles entre pays. Non (travailleurs se déplacent peu d Espagne en Allemagne...) Questions à approfondir en levant l hypothèse d autarcie 38
4. Bilan des politiques budgétaire et monétaire (3) Limites de l action publique à retenir Les réactions de l économie ne sont pas (totalement) prévisibles. Le rôle des anticipations est crucial. Exemple : aucune réaction à des dépenses publiques supplémentaires financées par endettement si les ménages anticipent les hausses d impôt à venir pour la financer (Ricardo). Les politiques (surtout budgétaires) agissent avec des délais : risque d accentuer les cycles au lieu de les atténuer. La politique monétaire est un outil potentiellement puissant, mais avec beaucoup d effets secondaires (inflation, bulles ). Il faut essayer d amortir les récessions fortes et les booms trop violents, ce qui nécessite -pour la politique budgétaire- d engranger des excédents publics dans les bonnes périodes, pour pouvoir faire de la relance dans les mauvaises 39
Prochaine séance Economie ouverte 40
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