Des immobilisations importantes Comme dans toute industrie capitalistique, les investissements corporels revêtent une importance particulière, puisqu ils alimentent les immobilisations ; ces dépenses s avèrent nécessaires pour moderniser ou renouveler des installations parfois très lourdes. Dans le cas des matériaux, elles permettent aussi de maintenir durablement les niveaux élevés de productivité. Le choix d investir va en partie dépendre des perspectives de développement dans le bâtiment, et le retour sur investissement est déterminé par l activité finalement réalisée. La visibilité sur les différents marchés de la construction est donc essentielle, alors que les fluctuations de ces marchés sont parfois importantes et pas toujours prévisibles À cela s ajoute une réglementation de plus en plus exigeante en matière environnementale (cf. chapitre La protection de l environnement), laquelle est prévisible et inscrite dans la durée. Entre 1997 et 24, à l exception de l année 23, les investissements du secteur n ont cessé d augmenter, dans un contexte favorable de taux d intérêt bas. Deux périodes se dégagent : 1996-21 : l investissement augmente moins vite que dans l ensemble de l industrie. Les entreprises du secteur se désendettent : la part des charges financières dans l EBE passe de 18 à 1 ; 21-24 : la tendance est à la hausse de l investissement, encouragée par de très bonnes perspectives de croissance dans la construction, à l exception de 23, année correspondant au point le plus bas des perspectives d activité prévues par les entrepreneurs du bâtiment. Au contraire, confrontées à l incertitude de la reprise, les entreprises industrielles dans leur ensemble diffèrent leurs investissements. 14 18 12 15 12 1 9 8 Indices, base 1 en 1996 1996 1997 1998 1999 2 21 22 23 24 1996 1997 1998 1999 2 21 22 23 24 Matériaux Industrie manufacturière * (Investissements corporels + crédit-bail) / (Valeur ajoutée hors taxes + redevances de crédit-bail) Les entreprises de la filière béton concentrent 7 de l investissement des matériaux en moyenne sur ces cinq dernières années - la production de sables et granulats en premier lieu.
Des entreprises artisanales aux groupes 4 3 2 1 Sables et granulats Ciment * y compris le crédit-bail, moyenne 2-24 Éléments en béton Béton prêt à l'emploi 18 16 14 12 1 8 6 Indices, base 1 en 1996 4 1996 1997 1998 1999 2 21 22 23 24 Sables et granulats Éléments en béton Ciment Béton prêt à l'emploi À l exception de la production de ciment, ces secteurs sont majoritairement composés de petites et moyennes entreprises. Avec des variations positives et souvent de grande ampleur de leurs dépenses - à champ constant -, ces PMI expliquent en grande partie la progression des investissements de la filière entre 1997 et 22. Ce constat peut d ailleurs être étendu à l ensemble du secteur. Sur la même période, le bilan des grandes entreprises est plus mitigé. Les entreprises cimentières, qui réalisent la moitié de l activité de ces grandes structures et ont connu une baisse de leurs investissements corporels, en sont à l origine. 3 25 2 15 1 5-5 - 1-15 1997-1998 1998-1999 1999-2 2-21 21-22 22-23 PMI Grandes entreprises * y compris le crédit-bail
Des immobilisations importantes Le crédit-bail pour financer l investissement Un contrat de crédit-bail est un contrat au terme duquel l usage d un bien est octroyé à un locataire par le propriétaire en échange de loyers d un montant spécifié, étalés sur une période donnée. Le crédit-bail est donc une sorte de leasing financier, réglementé par la loi du 2 juillet 1966 puis étendu aux biens incorporels par la loi du 6 janvier 1986. Sur les cinq dernières années en moyenne, la proportion d entreprises du secteur ayant eu recours à ce financement est la même que dans l ensemble de l industrie (15,9 ). Cependant, le montant des contrats de créditbail restant à payer en fin d exercice - 4 millions d euros en moyenne chaque année - est proportionnellement moins élevé dans les matériaux que dans l ensemble de l industrie (respectivement 4,7 et 5,6 en moyenne entre 2 et 24, rapportés à l ensemble des investissements * ). De manière générale, cette forme de financement est plus répandue parmi les petites entreprises, dont l accès à l emprunt est plus difficile et la capacité d autofinancement moins élevée que dans les grandes structures. Cela se vérifie dans les matériaux : les 3 activités concentrant 86 des montants des contrats de crédit-bail du secteur sont celles qui regroupent le plus de petites entreprises : la production de sables et granulats (58 ), celle d éléments en béton et le travail de la pierre (14 chacune). * soit la somme des montants de contrats de crédit-bail et des investissements corporels
Des entreprises artisanales aux groupes Immobilisations, amortissement, dotations : l utilisation du capital dans les matériaux de construction Les immobilisations corporelles constituent la substance d une entreprise, son outil industriel et commercial. Dans les matériaux, les immobilisations corporelles brutes - c est-à-dire avant leur amortissement - des entreprises de 2 salariés et plus s élèvent à 11,8 milliards d euros, soit 4,6 de celles de l industrie manufacturière. Les principales immobilisations corporelles sont les terrains, les constructions, les immobilisations techniques et les matériels et outillages industriels. Les matériaux se distinguent du reste de l industrie par la part élevée des terrains dans les immobilisations brutes (9, contre 2 dans l industrie). C est le volet «extraction» des matériaux qui en est à l origine : pour les sables et granulats, la part des terrains dans les immobilisations s élève à 15. Avec l extraction de sables et granulats (24 des immobilisations corporelles brutes du secteur), la fabrication de ciment et d éléments en béton (respectivement 23 et 13 ) sont les principaux secteurs contributeurs des matériaux. 8 8 6 6 4 4 2 2 Terrains Constructions Matériel Autres Terrains Constructions Matériel Autres Industrie manufacturière Matériaux Sables et granulats Ciment Éléments en béton le matériel représente 67 des immobilisations corporelles brutes des entreprises industrielles de 2 salariés et plus Insee, Suse, 23 - La dépréciation de ces immobilisations est constatée par la technique de l amortissement et de la provision. L amortissement est la constatation comptable de la perte de valeur subie par un bien du fait de son utilisation ou de sa détention par l entreprise. Il recouvre deux phénomènes distincts : l usure due à l utilisation d un bien (machines, agencements, carrières, véhicules, immeubles, etc.) et l obsolescence, due au fait que les actifs de production utilisés par l entreprise peuvent devenir désuets compte tenu de l évolution technologique du secteur d activité. La dotation aux amortissements est donc la constatation comptable de la dépréciation d un actif, due à son utilisation par l entreprise. Les dotations aux
Des immobilisations importantes provisions pour dépréciation d actifs immobilisés ont pour objet de constater la perte de valeur d un actif non liée à son utilisation courante, c est-à-dire, a priori, non prévisible. En fin 23, dans les matériaux, la valeur des amortissements et provisions sur immobilisations s établissait à 8,2 milliards d euros (entreprises de 2 salariés et plus uniquement). Sans surprise, ce sont les secteurs aux plus fortes immobilisations brutes qui font le plus l objet d amortissement, les carrières en particulier. Concernant les terrains, le niveau élevé des amortissements des entreprises exerçant dans l extraction de sables et granulats explique l écart observé entre les matériaux et l industrie manufacturière. 6 5 4 3 2 1 Terrains Constructions Matériel Autres Industrie manufacturière Matériaux Extraction de sables et granulats L impact des amortissements sur les performances du secteur Insee, Suse, 23 - L excédent brut d exploitation (EBE), variable-clé de l analyse du compte de résultat, ne prend pas en compte les dotations aux amortissements et provisions pour dépréciation d actif. Au contraire, l excédent net d exploitation (ENE), obtenu après déduction des dotations aux amortissements de l EBE, prend en compte la politique d amortissement des entreprises. Dans les matériaux de construction, l évolution de l ENE avec le temps conforte celle de l EBE. L excédent net d exploitation a ainsi plus que doublé dans le secteur entre 1996 et 24. En 24, il s élève à 2 milliards d euros, soit 9 du total de l industrie manufacturière.
Des entreprises artisanales aux groupes 4 3 2 1 1996 1997 1998 1999 2 21 22 23 24 Matériaux Industrie manufacturière L analyse des immobilisations, amortissements et dotations permet d appréhender la politique d amortissement des entreprises. Dans l ensemble du secteur en moyenne, la durée de vie théorique du capital - terrains, constructions et matériel confondus - est de 16 ans. En fin 23, l âge moyen de ce parc d équipement était de 11 ans environ. La part du capital amorti, proche de 7 donc, est un peu plus élevée que dans l industrie manufacturière (68,2 ). L analyse sur la période 1996-23 révèle une tendance à l allongement de la durée de vie de leur capital par les entreprises du secteur. Immobilisations brutes milliards d euros Amortissements et provisions milliards d euros Immobilisations nettes milliards d euros Amortissements et provisions / immobilisations brutes Matériaux 11,8 8,2 3,6 69,5 Industrie manufacturière 255 174 81 68,2 Insee, Suse, 23 - Cette analyse se fonde sur les ratios suivants : Durée de vie totale du capital = Immobilisations brutes en fin d exercice / Dotations aux amortissements Pourcentage du capital amorti = Amortissements en fin d exercice / Immobilisations brutes en fin d exercice Ancienneté du capital = Amortissements en fin d exercice / Dotations aux ammortissements