Manque de personnel: qui former et à quelle tâches? Prof. Francis A. WALDVOGEL Genf



Documents pareils
LA COLLABORATION INTERPROFESSIONNELLE

Aide kinésithérapeute : une réalité?

CAHIER DES CHARGES Pour la mise en œuvre d une maison de santé pluridisciplinaire En Lot-et-Garonne

les télésoins à domicile

Information aux patients et à leurs proches. Espace médiation. Lieu d écoute et de dialogue pour les patients et leurs proches

Vincent Péters. Président du GT TICS du SNITEM. Directeur Affaires Réglementaires de BIOTRONIK France

Première prise de position du Conseil d Etat sur le rapport final de la Commission d enquête parlementaire sur le Réseau Santé Valais (CEP-RSV)

Secrétariat général de la cshep, Thunstr. 43a, 3005 Berne, tél.: , fax:

Pandémie grippale et réorganisation des soins primaires. Le travail de la Maison Médicale de Garde d Ambérieu

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

L INSUFFISANCE CARDIAQUE

La prise en charge des lombalgiques

Denis Gobeille, M.Sc. R.I., CRHA Conseiller en régime d assurance collective

Combien gagne un internistegénéraliste?

RECENSEMENT DES USAGES EXPRIMÉS. De nombreux usages potentiels exprimés par les adhérents avec des degrés de maturité et de faisabilité variables

Futur bâtiment des lits (Bdl 2) vision Plan stratégique

Les HUG en bref. Chiffres-clés basés sur l exercice 2013

SYSTEMES D INFORMATION EN SANTE Journée régionale du 12 janvier Blois

Nouveau plan greffe : Axes stratégiques pour l avenir

EXPOSE DES MOTIFS ET PROJET DE DECRET

Lifecyclecosting à la clinique romande de réadaptation - Un retour d expérience d une installation de chauffage par CCF et PAC

PROGRESSEZ EN SPORT ET EN SANTÉ. Mieux vivre avec ma maladie chronique, Me soigner par l activité physique Programmes Santé

L exercice pluriprofessionnel des soins primaires en Maison et Pôle de Santé

SADIR assistance, Prestataire de Santé à Domicile (PSAD)

1 ère partie Amont de l'hôpital : organiser la permanence des soins une obligation médicale!

Profil professionnel

FINANCEMENT DE L OFFRE DE SOINS EN AFRIQUE. Prof DIE-KAKOU

Séminaire du Pôle Santé

PROTEGER SON DOS ex. Cliniques St Luc

CAHIER DES CHARGES Bourse «Avenir Recherche & Soins»

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

Ministère de la Santé et des Services sociaux

Swiss Ice Hockey Federation, Hagenholzstrasse 81, P.O. Box, CH-8050 Zürich Page 1 de 6

Nouvelles échelles salariales Incluant le PIB

Nouveau concept de formation

Réingénierie du Diplôme de Masseur Kinésithérapeute. Point d étape Organisations professionnelles COPIL Journée UIPARM 3 octobre 2014

Pascal LACHAISE Paul TORNER. Matthieu PICARD

DÉFINITION ET INSCRIPTION DE LA PRATIQUE AVANCÉE DANS LE PAYSAGE SUISSE DES SOINS INFIRMIERS

Catégorie/N o de politique Politique du Fonds n o 9. Approuvée en Janvier 2008 TITRE DE LA POLITIQUE. Tous les offices régionaux de la santé

Vous êtes frontalier, comment être soigné(e) aux HUG?

Information pour le patient

Nouveaux rôles infirmiers : une nécessité pour la santé publique et la sécurité des soins, un avenir pour la profession

Conditions supplémentaires d assurance (CSA) Assurance complémentaire d hospitalisation HOSPITAL CLASSICA

Construction d une collaboration entre une inf spécialisée en plaie et cicatrisation et deux ICLS, une transition réussie pour OZE Le

L évolution des rôles en soins infirmiers. Un changement à s approprier

Association La vie pour Christie Section «On devient moins petit» Les chemins de L Isle Lagnes

MASTER OF SCIENCE EN SCIENCES DE L ÉDUCATION PÉDAGOGIE / PSYCHOLOGIE

Doit-on craindre une dévalorisation de la formation technique en soins infirmiers pour l avenir?

Télésurveillance à domicile de patients chroniques et pratiques collaboratives : arrêt sur image vu d un Industriel

Controverse UDM télésurveillée Pour. P. Simon Association Nationale de Télémédecine

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

ANNEXE I REFERENTIEL PROFESSIONNEL AUXILIAIRE DE VIE SOCIALE CONTEXTE DE L INTERVENTION

Danielle D Amour, inf. Ph.D. IUFRS 24 février 2011

la désignation du titre de «technicien diplômé ES»

Un poste à votre mesure!

Registre de donneurs vivants jumelés par échange de bénéficiaires. Qu est-ce qu une greffe de rein par échange de bénéficiaires?

Qui sont les enseignants?

Le case management de transition (CMT) Une illustration de pratique avancée en soins infirmiers

N.-B. 18 à 34 24,3 28,1 20,1 24,4. 35 à 54 36,7 23,0 31,6 49,3 55 à 64 18,7 18,7 21,3 16,9 65 et plus 20,3 30,2 26,9 9,4

Greffe de moelle osseuse: Guérir ou se soigner?

CALENDRIER DES STAGES 2014/2015

Hospitalisation à Temps Partiel Soins de Suite et Réadaptation Affections cardio-vasculaires et Affections respiratoires Livret de séjour

assurance collective Denis Gobeille, M.Sc. R.I., CRHA Conseiller en assurance collective

Conditions supplémentaires d assurance (CSA) des prestations complémentaires d accidents OPTIMA selon la LCA. Edition

Dossier Patient Informatisé : L expérience Valaisanne

Rapport du DFE «Formation aux professions des soins»

Rapport d évaluation de la licence professionnelle

Création d une plateforme mutualisée de soins associée à une offre touristique

Argumentaire Pour Dokumentation Documentation Documentazione. Oui à la médecine de famille. Initative popuplaire / contre-projet direct

«Les actions publiques en faveur de l action aux soins de proximité»

De meilleurs soins :


Domaine Santé. Plan d études cadre Modules complémentaires santé. HES-SO, les 5 et 6 mai PEC Modules complémentaires santé

PROGRAMME RÉGIONAL DE RÉADAPTATION POUR LA PERSONNE ATTEINTE DE MALADIES CHRONIQUES. Sommaire de la démarche de réorganisation

Avis relatif au projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2014

Le DMP en Bretagne. Assemblée générale ANIORH. Vendredi 7 Décembre 2012

Cluster I care Rhône Alpes propose une rencontre professionnel / industrie en mode Living Lab

Information à un nouveau donneur de cellules souches du sang

La santé. Les établissements de l entité Mutualité Santé Services

Décret n du 19 octobre

INNOVATION De la rééducation au sport santé. LPG crée le Neuro

Les technologies de l information, support de la réorganisation territoriale

[LA PLUS-VALUE DES MUTUELLES DANS LE CADRE DE LA CMU] Abidjan, le 02 Février MUGEFCI - TOURE Laciné. MUTREPCI - SERY Jean-Pierre

PROJET DE MEDECINE A. HISTOIRE ET PROJET DE L ETABLISSEMENT ET DU SERVICE

DON DE SANG. Label Don de Soi

Compliance (syn. Adhérence - Observance) IFMT-MS-Sémin.Médict.Nov.05 1

Charte des Maîtres de Stage des Universités (MSU), en médecine générale

Proyecto Telemedicina

Insuffisance cardiaque et télémédecine: Exemple du Projet E care : prise en charge à domicile des insuffisants cardiaques en stade III

ÉNERGISER L AVENIR Étude d information sur le marché du travail 2008

RECOMMANDATIONS COMMISSION

Dossier de suivi de stage d observation en entreprise en classe de 3 ème

Projet de santé. Nom du site : N Finess : (Sera prochainement attribué par les services de l ARS) Statut juridique : Raison Sociale :

Section narrative du plan d'amélioration de la qualité (PAQ) pour les organismes de soins de santé de l'ontario

medical vision group

Les Applications industrielles et commerciales des cellules souches. Inserm Transfert Pôle Création d Entreprises

Endettement des jeunes adultes

LUTTER POUR UNE MEILLEURE SANTÉ : QUE PEUT-ON FAIRE DANS NOTRE QUARTIER?

INSUFFISANCE HÉPATIQUE

Les assurances de personnes pour votre entreprise Un seul prestataire pour les solutions de prévoyance et d assurance

Transcription:

Manque de personnel: qui former et à quelle tâches? Prof. Francis A. WALDVOGEL Genf

QUELQUES CONSTATATIONS GENERALES I. Système de santé CH : très bon, mais trop cher environ 60 MIA de CHF/an, 480 000 personnes Pénurie de médecins CH Hôpitaux ++ Ambulatoire «généralistes» ++ Ambulatoire «spécialistes» Pénurie de personnel soignant CH Hôpitaux ++ (GE, BS) Ambulatoire +

QUELQUES CONSTATATIONS GENERALES II. Transformation démographique de la profession médicale Féminisation (> 50% étudiants) Temps partiels «Domaines-niches» et «domaines à mettre en priorité» Réorganisation des pratiques ambulatoires Moyens technologiques Groupes médicaux Analogie avec les périodes pré- et post-industrielles

Déficit quantitatif ANALYSE DE LA PENURIE DES PROFESSIONS DE LA SANTE I. 5 000 personnes/an : effet domino Déficit qualitatif 2 500 niveau tertiaire * 2 100 niveau secondaire** 500 niveau auxiliaire * Universités, HES, formation professionnelle supérieure ** Formation post-obligatoire professionnelle

ANALYSE DE LA PENURIE DES PROFESSIONS DE LA SANTE II. Déficit d organisation «lost in transition» (hôpital-ambulatoire) «shared data» (dossier commun) Déficit de répartition Compétences trop élevées en fonction des prestations Respect du principe de la subsidiarité Spécialiste MPR X personnel soignant auxiliaire patient

QUELQUES CONTRAINTES SUISSES 1. Demande: >5000 professionnels de la santé/an 200 000 étudiants 40 000 diplômés/an Donc 12% pour marché de 8%! Marché nécessite a) immigration et/ou b) rationnalisation 2. «Pipeline médical» 6 + 5 ans Système de formation nécessite flexibilité (niveau pré- et postgradué) 3. La pénurie ne touche que la santé (système MINR!)

6 GROUPES DE MESURES CONTRE LA PENURIE DES PROFESSIONS DE LA SANTE

1. MOTIVATION PROFESSIONNELLE DU PERSONNEL Repenser formation en maladies chroniques De la gériatrie au chronic care model Interprofessionnalisme Sciences naturelles-sociales-humaines Nouvelles technologies : aides techniques, robotique : «un nouveau futur»

2. REDUIRE LES BESOINS Santé des personnes âgées meilleure qu autrefois (limite 65 ans un leurre) La prévention garde son importance Favoriser autonomie Ageing workforce à utiliser Transfert vers l ambulatoire et semi-ambulatoire Empowerment des patients Medical homes Integrated care

3. RECRUTEMENT DU PERSONNEL DE SANTÉ Importation : mesure insuffisante et injuste (actuellement 30%) Recrutement médical (+ 20%?) Programme ASSC excellent, succès depuis 2002 Plus de demandes que d offres de place Potentiel 5-10% inexploité Nouveaux métiers

4. MAINTIEN DU PERSONNEL DE SANTÉ Durée d activité professionnelle trop courte par rapport à la durée de formation Sera aussi vrai pour les médecins (féminisation) A introduire rapidement: Temps partiels comme norme Shared activities Périodes sabbatiques, réintégration pofessionnelle Dynamique de promotion

5. AUTRES APPROCHES Clarifier les priorités de recherche pour maintenir l autonomie Appareil locomoteur, musculaire cellules souches Appareils sensitifs : vue, ouïe rétine artificielle Aide à la mémoire, contact avec société miniordinateurs interactifs Dossier médical commun, informatisé Informal care givers* Prise en charge par famille* * Avec allègement fiscal

6. MESURES ENVERS PENURIE DES MEDECINS I. Augmentation des étudiants de 20%, proposé par CSST : effet à long terme Mieux exploiter le système «3 + 2» de Bologne Modifier le BA en «formation médicale de base» Augmenter «workforce système de santé» par passerelles non médicales dès le BA (économie, droit etc.) Permettre sortie avec BA médecine vers une formation HES de case manager

6. MESURES ENVERS PENURIE DES MEDECINS II. Formation pré- et postgraduée (3+3) «médecins de premier recours» Médecine clinique sciences sociales et humaines Interprofesionnalisme Temps partiel, cabinet de groupe, chronic care model, réseaux de soins Assouplissement du «pipeline» éducationnel, afin d ajuster demande et offre Case manager ou formation analogue : entre médecin et soignant, assurant continuité-coordination-subsidiarité (HES-Uni, programme commun)

EXEMPLE : ASSOCIATION PRISM I. Principe : projet réseau intégré soins aux malades Recentrer relation MPR-malade L itinéraire clinique est prioritaire, les institutions suivent : chronic care model Partenariat avec HUG et Réseau Delta Groupe interprofessionnel, case manager Objectif Améliorer satisfaction, réduire coûts

ASSOCIATION PRISM II. Itinéraires cliniques : insuffisance cardiaque, diabète, asthme, dépression Itinéraire à moyen terme : patients complexes Théorie des systèmes complexes : émergence d une singularité : l individualisation, l approche holistique du patient 5-10% patients Différence : malades compliqués malades complexes Financé par Fondation Hans Wilsdorf (5 ans)

CONCLUSIONS 1. Pénurie des PS : oui, mais quantitative-qualitative-distributive 2. Pénurie des PS : oui, mais par déséquilibre demande de prestations offre des PS 3. Augmentation des postes PS (y compris médecins) n est pas une solution 4. Rationalisation-réorganisation des prestations indispensable : modèles existent 5. Création de nouveaux métiers : exploitation du système Bologne, coordination Universités-HES