Les vitesses supersoniques ont-elles sonné le glas de l'aviation de chasse? Autor(en): Objekttyp: Hybre, René Article Zeitschrift: Revue Militaire Suisse Band (Jahr): 96 (1951) Heft 11 PDF erstellt am: 27.05.2016 Persistenter Link: http://dx.doi.org/10.5169/seals-348455 Nutzungsbedingungen Die ETH-Bibliothek ist Anbieterin der digitalisierten Zeitschriften. Sie besitzt keine Urheberrechte an den Inhalten der Zeitschriften. Die Rechte liegen in der Regel bei den Herausgebern. Die auf der Plattform e-periodica veröffentlichten Dokumente stehen für nicht-kommerzielle Zwecke in Lehre und Forschung sowie für die private Nutzung frei zur Verfügung. Einzelne Dateien oder Ausdrucke aus diesem Angebot können zusammen mit diesen Nutzungsbedingungen und den korrekten Herkunftsbezeichnungen weitergegeben werden. Das Veröffentlichen von Bildern in Print- und Online-Publikationen ist nur mit vorheriger Genehmigung der Rechteinhaber erlaubt. Die systematische Speicherung von Teilen des elektronischen Angebots auf anderen Servern bedarf ebenfalls des schriftlichen Einverständnisses der Rechteinhaber. Haftungsausschluss Alle Angaben erfolgen ohne Gewähr für Vollständigkeit oder Richtigkeit. Es wird keine Haftung übernommen für Schäden durch die Verwendung von Informationen aus diesem Online-Angebot oder durch das Fehlen von Informationen. Dies gilt auch für Inhalte Dritter, die über dieses Angebot zugänglich sind. Ein Dienst der ETH-Bibliothek ETH Zürich, Rämistrasse 101, 8092 Zürich, Schweiz, www.library.ethz.ch http://www.e-periodica.ch
528 REVUE MILITAIRE SUISSE Les vitesses supersoniques ont-elles sonné le glas de l'aviation de chasse? Les déclarations du général Mac Arthur sur la situation mililaire en Corée ont attiré l'attention des Américains stil les conditions nouvelles qui président aux combats aériens. La très grande vitesse réalisée par tous les avions en présence, même par les bombardiers, a complètement bouleversé la tactique de combal telle que l'avaient pratiquée les as des deux dernières guerres, les Fonck, les Nungesser, comme les CJostermann. Quel sera demain l'aspect des nouvelles rencontres entre bolides du ciel L'avion de chasse modèle 1916 Les soldats de la première guerre mondiale se souviennent de l'époque où l'avion de chasse, monoplace leger à moteur en étoile, évoluait gracieusement par mille mètres d'altitude ; montant parfois jusqu'à trois mille mètres, il cherchait son adver saire dans l'azur clair ou au débouché d'une mer de nuages. Le combat n'était alors qu'un impressionnant duel où la vir tuosité du pilote constituait la qualité dominante et déter minante. Le canon tirait dans l'axe de l'hélice ; la mitrailleuse envoyait des rafales à travers les pales. Virages sur l'aile, plongées impressionnantes, feuille-morte, acrobaties aériennes, ascensions crépitantes à plein gaz ; tout cela pour se placer entre le soleil et l'adversaire et lui envoyer un chargeur de balles ou quelques obus de 37.
LES VITESSES SUPERSONIQUES 529 Vous souvenez-vous de ces chargeurs plats et ronds comme des galettes où une balle traçante alternait avec 4 perforantes? Sur son chemin de retour, le vainqueur surveillait ses flancs, mais ne pouvait guère s'attarder au-dessus du territoire ennemi, car sa provision d'essence limitait son rayon d'action. Mur du son et barrage de flak De 200 km/h., la vitesse des avions de combat est passée à 500 km/h. pour atteindre actuellement les 800 et 900 km/h. On notera que les avions qui évoluent dans le ciel de Corée ne sont pas encore des avions supersoniques. On avait pour tant annoncé des combats réalisés entre de tels engins. La nouvelle semble prématurée pour des raisons d'ordre physique dont nous allons parler. Pour franchir le mur du son, il faut que l'avion dépasse les 1200 km/h. Or il serait absurde de vouloir simplement atteindre ce «point critique» pour le simple plaisir de battre un record. Ou bien l'avion doit se contenter des 900 km/h. qu'il n'a aucun intérêt à dépasser, ou bien il lui faut réaliser les 1400 km/h. lui permettant de franchir la zone si dangereuse des perturbations pour atteindre la nouvelle région, que l'on estime plus calme, au-delà de cette limite. Les Nord-Coréens disposent de trois types d'appareils dépassant les 800 km/h., deux bombardiers et un chasseur ; les premiers sont à double réaction fortement armés ; les chasseurs sont des mono-réacteurs équipés de deux canons de 20 mm. et de deux mitrailleuses de 12,7 mm. Les forces alliées disposent d'une gamme plus étendue répondant mieux aux.divers besoins de la tactique moderne : tous ces appareils ont une vitesse maxima de 900 km/h. environ. Les tirs de D.C.A. et Flak forment un barrage de feu qui atteint 8000 à 10 000 mètres d'altitude. Seuls peuvent donc franchir cet obstacle, les avions plafonnant vers 13 000 mètres. 37 1951
530 REVUE MILITAIRE suisse Le DUEL AÉRIEN DEVIENT IMPOSSIBLE Un chasseur à turbo-réacteur se lance à l'attaque d'un bombardier mi-lourd. Ils ont tous deux une vitesse limite atteignant les 900 km h. Mais le bombardier moderne a deux gros avantages sur son adversaire : il dépasse facilement les 10 000 mètres d'altitude, région ou le chasseur le suit pénible ment et où il évolue plus difficilement ; il possède un arme ment formidable et des appareils de pointage dont est privé son adversaire. Si au débouché d'une mer de nuages, le chasseur s'élance à la poursuite du bombardier, il pique la tête la première à 900 km h. dans les rafales de mitraille que lui décoche son adversaire ; alors que le poursuivi s'enfuit devant les pro jectiles qui l'encadrent. Evoluer ou manœuvrer pour une attaque de liane... A ces vitesses énormes tout virage sur l'aile, toute manœu vre brusque devient plus dangereuse que les rafales de D.C.A. : le pilote est pris entre ces tourbillons susceptibles de disloquer son appareil ou le manque de sustentation dans un air raréfié : dans les deux cas il risque de s'écraser au sol les ailes brisées. L'attaque a-t-elle lieu de front, les deux adversaires fonçant run vers l'autre Dans ce cas les deux bolides s'affrontent à la vitesse de 1700 km/h. (résultante de 900 + 800) Deux avions disloqués par leur souffle La légende des avions supersoniques dans le ciel de Corée repose sur un fait exact qui illustre d'une façon dramatique l'aspect de ces futurs combats aériens. Un avion de chasse allié, crevant un plafond de nuages débouche sur une formation de bombardiers ennemis... seuls les réflexes commandent. Il fonce sur le plus proche qui se
LES VITESSES SUPERSONIQUES 531 trouve à l'extrême droite de l'escadrille ennemie. En une fraction de seconde il est sur l'adversaire... mais ni l'un ni l'autre des pilotes n'ont eu le temps de tirer, tant la surprise a été grande et leur vitesse foudroyante. Foudroyante, elle le fut ; car entre ces deux bolides se frôlant à moins de cinquante mètres de distance s'est créé un mur de l'air... Ailes arrachées, carcasses éclatées, pilotes et navigateurs écrasés sur leurs sièges, les deux antagonistes ont été pulvérisés sans avoir pu même soupçonner la cause de ce drame du mur de l'air. (Copyright) Bené Hybre