EFFET D EVICTION ET STRATEGIE DE CHOIX DE PORTEFEUILLE



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Transcription:

CENTRE DE RECHERCHES, D ETUDES ET D APPUI A L ANALYSE ECONOMIQUE À MADAGASCAR EFFET D EVICTION ET STRATEGIE DE CHOIX DE PORTEFEUILLE Cahier de recherches en Analyse Economique N 10/2007 Auteur Version date RAMILISON Eric Norbert Chercheur Economiste RAKOTOARISOA Maholy Assistant - Chercheur Economiste RAJAMARISON Lazanoe Assistant - Chercheur Economiste RASOLOFO Adamson Andrianirina Assistant - Chercheur Economiste finale Juin 2007 Critère de diffusion : Publique The African Capacity Building Foundation

Sommaire Sommaire Résumé... I... III Acronyme et Sigle... IV Liste des illustrations... VI Liste des tableaux... VI Introduction...7 CHAPITRE 1 - L IMPORTANCE DU RECOURS EN BONS DE TRESOR PAR ADJUDICATION...11 1.1 Généralités...11 1.2 Concept et définition...11 1.3 Evolution de l encours du BTA...13 1.3.1 L évolution de l encours total du BTA... 14 1.3.2 L évolution de l encours du BTA selon les maturités... 14 1.3.3 L encours du BTA par rapport aux recettes... 15 1.3.4 Evolution des remboursements et souscriptions en BTA... 15 CHAPITRE 2 - LA POLITIQUE DE PLACEMENT DES ACTIFS...17 2.1 Le placement en crédits à court, moyen et long terme...17 2.1.1 Les politiques de crédits... 17 2.1.2 Arbitrage entre crédit Court, Moyen et Long terme crédit d investissement ou crédit de consommation... 18 2.1.3 L évolution des crédits à court, moyen et long terme... 19 2.2 Les placements en avoirs extérieurs des Banques Commerciales...20 2.2.1 Les placements en avoirs extérieurs propres des Banques... 20 2.2.2 Les placements en avoirs extérieurs de la clientèle... 21 2.2.3 Evolution des avoirs extérieurs des Banques de dépôt... 22 2.3 Le placement en BTA...23 2.3.1 De l arbitrage des banques entre crédit à l économie et placement en BTA... 24 2.3.2 L évolution du placement en BTA... 24 a.1 Evolution annuelle... 24 a.2 Evolution en glissement d une fin de période à une autre... 25 CHAPITRE 3 - ANALYSE DU CHOIX DE PORTEFEUILLE DES BANQUES...27 3.1 Test de causalité entre les ifs et leur taux de rendement respectif...27 3.2 Estimation des parts de cinq ifs dans le choix de portefeuille des banques...29 3.2.1 La part du crédit à court terme... 31 3.2.2 La part du crédit à moyen terme... 31 3.2.3 La part du crédit à long terme... 31 3.2.4 La part du placement en BTA... 32 II

3.2.5 La part du placement en avoir extérieur... 33 3.3 Estimation des parts de quatre ifs dans le choix de portefeuille des banques...33 3.3.1 La part du crédit à court terme... 34 3.3.2 Part des crédits à moyen et long terme... 35 3.3.3 La part du placement en BTA... 35 CHAPITRE 4 - SYNTHESE...37 Annexes 39 BIBLIOGRAPHIE...41 III

Résumé L objet de la présente étude est d analyser l effet d éviction. Toutefois, l approche retenue ne se restreint pas à l effet négatif d un emprunt public. Elle considère la créance sur l Etat comme une forme de placement parmi tant d autres à l image des crédits à court, moyen et long terme dont le secteur productif a besoin, ou encore le placement en avoir extérieur. Deux approches différentes ont été adoptées pour le besoin de l étude. La première est faite d entretien et a pour but de comprendre le comportement des banques en matière d octroi de crédit, de collecte d épargne et de placement. Elle permet de se faire une meilleure idée sur les interions possibles entre d une part les emprunts publics, les demandes de financement du secteur privé ou des prêts des banques, et enfin de mieux comprendre les mécanismes qui régissent les placements des banques. La seconde approche est faite à partir d analyse économétrique des parts des placements. Elle a pour objectif de faire ressortir les interions entre emprunt public, prêts au secteur privé et placement en avoir extérieur. Il ressort de l analyse que l effet d éviction existe bel et bien, surtout lorsque le portefeuille des banques est réparti en quatre ifs. Il se carérise par un effet négatif du rendement du placement en BTA ou en avoir extérieur sur les crédits à moyen et long terme. Par ailleurs, l analyse montre aussi que l espérance d un gain meilleur sur les crédits à moyen et long terme agit aussi négativement sur le placement en BTA et en avoir extérieur. IV

Acronyme et Sigle APB : Association Professionnelle des Banques BFV SG : Banky Fampandrosoana ny Varotra Société Générale BCM BIS : Banque Centrale de Madagascar : Bulletin d Information Statistiques BNI CA : Bankin ny Indostria Crédit Agricole BOA BTA CSBF DGT FPD MEFB MGA MID PME OGT UCB : Bank Of Africa : Bon de Trésor par Adjudication : Commission de Supervision Bancaire et Financière : Direction Générale du Trésor : Fonds Propre Disponible : Ministère de l Economie des Finances et du Budget : Malagasy Ariary : Marché Interbancaire de Devises : Petites et Moyennes Entreprises : Opérations Générales du Trésor : Union Commercial Bank V

Liste des illustrations Graphique 1-1 : Evolution des encours total par maturité (en millions d Ariary)... 14 Graphique 2-1 : Evolution des crédits accordés par les Banques (Juin 1998 Décembre 2005)... 19 Graphique 2-2 : Part des Avoirs extérieurs des Banques de Dépôts dans le total des Actifs des Banques... 23 Graphique 2-3 : Evolution de l encours total annuel du BTA pour le secteur bancaire et le secteur non bancaire... 25 Graphique 3-1 : Répartition des ifs dans le portefeuille des banques malagasy.. 28 Liste des tableaux Tableau 1-1 : Evolution de l encours du BTA par rapports aux recettes totales (en milliard MGA)... 15 Tableau 1-2 : Evolution des remboursements et souscription en BTA (en milliards MGA)... 16 Tableau 2-1 : Croissance moyenne annuelle des avoirs extérieurs des Banques Commerciales.... 22 Tableau 2-2 : Evolution comparée des crédits bancaires et encours BTA (en milliards de MGA)... 26 Tableau 3-1 : Modélisation du choix de portefeuille à cinq ifs par la méthode des triples moindres carrés (sur des données mensuelles de Juin 1998 à Décembre 2005)... 32 Tableau 3-2 : Modélisation du choix de portefeuille à quatre ifs par la méthode des triples moindres carrés (sur des données mensuelles de Juin 1998 à Décembre 2005)... 35 VI

Introduction Motivation de l étude Pour un pays qui a connu sur une longue période un faible niveau de croissance, instaurer un climat propice à l investissement constitue une étape indispensable à toute stratégie de développement. A ce sujet, si l attrion des investissements étrangers est la plus évoquée, l épargne locale restant faible, l encouragement de l investissement domestique n est pas pour autant négligeable. D où l intérêt de cerner la question de l effet d éviction. L effet d éviction dont il est question ici est la conséquence néfaste d un endettement intérieur public sur le financement du secteur productif. Toutefois, contrairement à l approche théorique sur le cas de l économie fermée selon laquelle, une hausse de l emprunt public a pour effet d augmenter le taux d intérêt bancaire, et limitant du coup le financement pour le secteur privé, celle qui est retenue est plus générale. Elle considère la créance sur l Etat comme une forme de placement parmi tant d autres à l image des crédits à court, moyen et long terme dont le secteur a besoin, ou encore le placement en avoir extérieur. Ainsi, si d habitude, la cherté du crédit, sinon l élaboration des dossiers pour rendre un projet acceptable par les banques sont souvent pointées du doigt pour expliquer la difficulté d accès au financement, l approche retenue dans la présente étude est différente. Il s agit d analyser l effet d éviction sous l aspect d un choix de portefeuille des Banques. A cet effet, quoique depuis le second semestre 2005, l Etat a facilité la souscription des particuliers au Bon du Trésor par Adjudication (BTA), les banques jouent toujours un rôle de premier plan dans la souscription au BTA, aussi ramène-t-on l arbitrage entre octroi de crédit, placement en avoir extérieur ou en BTA à un choix de portefeuille. Méthodologie de l étude Deux approches différentes ont été retenues pour le besoin de l étude. La première est un recueil d information auprès de la Direction Générale du Trésor, des différentes banques commerciales, de la Commission de la Supervision Bancaire et Financière (CSBF), de la Banque Centrale de Madagascar (BCM). A cette occasion, des entretiens ont été faits auprès d interlocuteurs privilégiés comme les cambistes, les chargés d études connaissant la politique commerciale de leur banque d appartenance, les personnalités publiques en charge de la confection des statistiques sur les opérations globales du Trésor (OGT). Le but de ces entretiens est multiple : Dans un premier temps, il parait nécessaire de comprendre le comportement des banques en matière d octroi de crédit, de collecte d épargne et de placement ; ensuite, il va falloir chercher une meilleure idée sur les interions possibles entre d une part les emprunts publics, les demandes de financement du secteur privé ou des prêts des banques (un recoupement est de fo réalisé dès lors que les personnalités interviewées appartiennent à 7

des institutions différentes) ; et enfin, il parait capital de comprendre les mécanismes qui régissent les placements des banques. La collecte d informations statistiques constitue un aspect capital car la seconde approche de l étude est faite d analyse empirique des données. Ainsi, dans cette seconde approche méthodologique, on peut mettre en évidence d une part, la dépendance de l Etat à l emprunt intérieur sous forme de bon de Trésor ; et d autre part, l importance relative du crédit à court terme par rapport aux crédits à moyen ou long terme, qui sont les types de financement des investissements couramment utilisés. Une analyse économétrique des parts des placements a été aussi réalisée pour faire ressortir les interions entre emprunt public, prêts au secteur privé et placement en avoir extérieur. Plan de l Etude L étude se subdivise en quatre parties distinctes. Le premier chapitre, intitulé «l importance du recours en BTA» a pour objectif de montrer combien le recours au BTA est incontournable pour l Etat. Il s agit d observer l évolution d indicateurs comme l encours total du BTA, l encours du BTA selon les maturités, l encours du BTA par rapport aux recettes publiques, ou encore le montant des remboursements et souscriptions en BTA. L analyse montre pourquoi le BTA se présente comme un if dont la rémunération est certaine et attrayante. Le second chapitre, ayant comme titre «la politique de placement des ifs», brosse la stratégie adoptée par les banques pour mieux rentabiliser leurs ressources, dans les respects des règles prudentielles qui régissent leur ivité. L essentiel de l analyse ici découle des entretiens menés auprès des cambistes, chargés d étude dans les banques commerciales, à la CSBF, à la BCM et de la Direction Générale du Trésor Public (DGT). Mais à part le résultat des interviews, une analyse de l évolution des différents ifs est aussi faite pour corroborer ce qui a été avancé en matière de stratégie de placement des banques. Le troisième chapitre, intitulé «analyse du choix de portefeuille des banques», tente à partir d estimation économétrique d aller en profondeur dans l analyse de la stratégie de placement en mettant en évidence les interions possibles entre les ifs et leurs rendements attendus. La dernière partie synthétise les faits saillants qui ressortent tant des interviews menées auprès des eurs du système financier et bancaire que des analyses empiriques basées sur les informations statistiques utilisées. C est aussi dans cette partie que les éléments de réponse aux questions posées sur la problématique de l effet d éviction et le choix de portefeuille sont donnés. Remerciements Nous tenons à exprimer notre gratitude à l endroit des institutions suivantes : la DGT, la BCM, la CSBF, les Banques Commerciales BFV-SG, la BNI-CA, la BOA, l UCB, pour avoir bien voulu nous fournir les informations statistiques nécessaires pour la réalisation de cette étude, et pour les indications qu elles nous ont prodiguées. Ces indications nous ont été d une grande utilité : elles nous ont permis de gagner du temps dans notre travail, en nous 8

mettant vite au cœur de la problématique du financement du secteur productif, et de l endettement public intérieur. Notre humble souhait est que la réussite de la présente étude soit le reflet de leur prompte et franche coopération. Avertissement Les propos et interprétations avancés dans le présent document sont propres à ses auteurs mentionnés ci-dessous, et ne sauraient refléter les positions du CREAM, de la Direction Générale du Trésor Public, de la Banque Centrale, de la CSBF et des différentes Banques Commerciales de la Place. Les auteurs du présent rapport M. RAMILISON Eric Norbert Chercheur Economiste au CREAM Mlle RAKOTOARISOA Maholy Assistant Chercheur Economiste au CREAM M. RAJAMARISON Lazanoe Assistant Chercheur Economiste au CREAM M. RASOLOFO Adamson Andrianirina Assistant Chercheur Economiste au CREAM 9

10

CHAPITRE 1 - L IMPORTANCE DU RECOURS EN BONS DU TRESOR PAR ADJUDICATION 1.1 Généralités L émission de Bons du Trésor par Adjudication (ou BTA) constitue un instrument à la charge de l Etat pour contrer un emprunt. Elle est soumise à un régime bien déterminé qui fixe le montant minimum de la souscription, les maturités (ou délais) à la fin desquelles les emprunts contrés seront remboursés par l Etat, et les places où les émissions sont faites. Le recours au BTA représente donc une forme d endettement intérieur de l Etat. Au besoin, l Etat peut recourir à l emprunt public par émission de BTA, pour financer le déficit des finances publiques, c est-à-dire quand les recettes publiques (fiscales et non fiscales) n arrivent pas à couvrir toutes les dépenses que l Etat doit engager. La faiblesse de la pression fiscale dans le pays explique également le carère chronique du déficit budgétaire de Madagascar. Aussi l emprunt est incontournable ; le BTA est pour cela devenu un instrument privilégié pour l endettement public intérieur. A ce sujet, il y a lieu de se demander si le procédé ne crée pas un effet d éviction dans le financement de l économie dans la mesure où : - les taux de rémunération des BTA sont très attrayants ; - l emprunt public présente moins de risque de non solvabilité que les prêts contrés par les particuliers et surtout les entreprises ; - les institutions financières, en l occurrence les banques sont généralement les principaux intervenants sur le marché du BTA. Mais au-delà de notre souci primordial de vérifier l existence ou non de cet effet d éviction, il est toujours intéressant de savoir : - pourquoi l Etat dépend de plus en plus du BTA ; - comment la dépendance au BTA peut être mise en évidence. La dépendance de l Etat vis-à-vis du BTA qui l emmène à recourir de plus en plus à cet instrument peut être analysée d une part par l évolution des dépenses et des recettes publiques, d autre part à travers les modalités de remboursement de l endettement intérieur ou encore l importance relative de l endettement intérieur par rapport aux recettes publiques ou le poids du remboursement des BTA dans les dépenses publiques. 1.2 Concept et définition Plusieurs références peuvent être faites sur le concept d «Effet d éviction». L on doit l une d elles à Milton Friedman 1, dans une critique de la thèse de Keynes. En effet, au sortir de la 1 In : A Program for Monetary Stability, 1959 11

crise de 1929, Keynes proposa la relance de l économie par une hausse des dépenses publiques. Pendant un certain temps, cette thèse a été largement recourue. Elle a été à l origine de la politique de grands travaux qui a été adoptée par les Etats-Unis avant la seconde guerre mondiale. Par la suite, elle a connu plusieurs critiques. Aux dires de Friedman, au delà d un certain seuil, une augmentation de l investissement public se fait toujours au détriment de l investissement privé. Cet éminent économiste a basé pour cela son argumentation sur le lien entre déficit budgétaire et taux d intérêt : une augmentation du déficit budgétaire fait augmenter le taux d intérêt sur le marché financier, ce qui tend à faire diminuer l investissement privé. Ce fait est communément connu sous le concept d effet d éviction indirect. Dans le même ordre d idée, il a été avancé que lorsque l Etat dégage un excédent budgétaire et que ses recours aux marchés financiers sont moins fréquents, alors l épargne privée, au lieu d être mobilisée par les dépenses liées au déficit de l Etat, retourne vers l investissement productif. Cet effet s appelle l effet d éviction inversé. Barro de son côté, stipule que lorsque l Etat s endette pour financer son déficit budgétaire, les agents savent qu à terme les taux d imposition vont augmenter (pour rembourser les dettes contrées). Ils augmentent alors leur épargne et non leur consommation comme le voudrait le gouvernement qui procède à la relance. Cette thèse est celle de l effet d éviction direct. Toutefois, dans notre analyse, nous ne chercherons à vérifier ni l effet d éviction direct, ni l effet d éviction inversé. Cela requiert pour le premier une connaissance du comportement des agents économiques. Les informations disponibles ne permettent pas cependant une telle entreprise : le comportement de consommation des ménages ne peut être suivi mensuellement comme on connaît l endettement intérieur de l Etat. L effet d éviction inversé pour sa part ne peut être vérifié car Madagascar n a jamais connu d excédent budgétaire. Par ailleurs ce qu a avancé Milton Friedman a aussi fait l objet de critique. Les travaux empiriques entrepris et relatés par la littérature n ont pas permis de vérifier d une façon nette le lien entre le déficit budgétaire et le taux d intérêt. Aussi dans notre étude, notre approche ne fera pas référence à cette influence sur le taux d intérêt. Par la suite, l effet d éviction que nous retenons réfère à «un détournement de fonds qui autrement seraient disponibles pour la dépense privée». En d autres termes, l effet d éviction se produit lorsque les emprunts publics destinés à couvrir un fort déficit budgétaire viennent concurrencer la demande de fonds prêtables des agents privés. Le rôle accordé à l endettement public pour financer le déficit budgétaire rapproche cette conception de celle de Friedman. Aussi dans notre étude, un chapitre sera réservé pour analyser ces deux faits. Historique du financement du déficit public Depuis que le pays s est mis sur la voie du libéralisme, deux possibilités sont recourues par l Etat pour son endettement intérieur. Il y a l avance statutaire auprès de la Banque Centrale et l endettement par l émission de Bons du Trésor. En 2002, l avance statutaire a été fortement utilisée par l Etat. Son montant a été estimé à 454 350 millions Fmg (l équivalent de 90 870 millions Ariary ou MGA) à l époque contre 107 855 millions Fmg (soit 21 571 millions Ariary) quatre années plutôt. Après le retour à la normale des ivités 12

des institutions publiques, l endettement public sous forme d émission de bon du trésor lui sera préféré. En effet, d abord, à travers la mobilisation de l épargne privée, en l occurrence des ménages avec le «fanambina», l Etat a émis des bons du trésor classiques, puis a de nouveau fait appel à la souscription publique à travers les bons du trésor par adjudication ou BTA. La différence entre les deux types de bons du trésor réside dans la maturité et dans le montant minimum de la souscription. La maturité, ou délai à la fin duquel l Etat s engage à rembourser la dette contrée, a été fixée à 2 ou 3 ans pour le Fanambina. Pour le BTA par contre, il y a plusieurs maturités, à savoir, 4 semaines, puis 12 et 24. Plus récemment, c est-à-dire à partir de 2005, une maturité de 52 semaines a été introduite. En ce qui concerne le montant, le minimum de souscription a été de 200 000 Ariary (ou anciennement 1 millions Fmg) pour le Fanambina, alors que pour le BTA, il a été ramené à 20 millions Ariary en 2005, contre 100 millions Ariary auparavant. Comme il l indique dans le MAP ou «Madagascar Action Plan», l Etat ambitionne de se départir de l avance statutaire pour contrer ses dettes intérieures uniquement à partir des bons de trésor. L expérience de 2003 montre cependant que les bons de trésor classiques ne pourront jamais se substituer aux bons du trésor par adjudication. Le premier recours, en faisant jouer la fibre patriotique, cherche à mobiliser l épargne thésaurisée. Il ratisse large car les bons du trésor classique comme le Fanambina, de par un faible montant du minimum de souscription, est largement accessible aux ménages. Ce qui joue aussi en sa défaveur : les institutions financières, lui préfèrent le placement en bon du trésor par adjudication BTA, plus rentable et à délai de remboursement plus court. Or l apport des institutions financières, mais aussi des grandes entreprises est crucial dans l endettement public intérieur. Parallèlement à cela, depuis le retour à la normale des ivités économiques, l Etat n a cessé de contrer des dettes intérieures à partir d émission de BTA. Ce type d endettement public constitue désormais un mode de placement continuel comme l est pour les banques les crédits à court, moyen et long terme, ou le placement des avoirs extérieurs dans leur banque mère à l étranger. C est donc l importance relative en terme de volume des BTA comparés aux bons du trésor classiques, mais aussi le carère continu de l appel à souscription en BTA qui nous amènent à se focaliser sur ce type d endettement pour analyser l effet d éviction. Par ailleurs, dans notre analyse empirique, notre approche basée sur le choix de portefeuille des banques ne nous permet pas non plus de tenir compte de l imp de l avance statutaire auprès de la Banque Centrale. Tout notre raisonnement est basé sur l utilisation de la masse monétaire hors avance statutaire pour l Etat. 1.3 Evolution de l encours du BTA L évolution de l encours du BTA sera vue ici sous divers angle : l évolution de l encours total du BTA, son évolution selon la maturité, son évolution par rapport aux recettes et l évolution des remboursements et souscriptions. 13

1.3.1 L évolution de l encours total du BTA L évolution de l encours total du BTA montre une hausse continuelle entre 1999 et 2004. L on note en effet une variation relative positive de l emprunt public sous forme de BTA d une année à l autre, sur la période sus mentionnée. Evalué à 129,84 milliards MGA en 1999, l encours du BTA n a cessé d augmenter pour atteindre 640,10 milliards MGA en 2004. En terme de variation relative annuelle, l encours du BTA a augmenté de 46,4% de 1999 à 2000, de 65,5% une année plus tard. Il y a toutefois une rupture dans le rythme de croissance de l encours du BTA. Si d une année à l autre, entre 1999 et 2002, l encours du BTA augmentait en moyenne de 46,2%, la croissance allait ralentir entre 2002 et 2004 car le taux de croissance annuelle moyen de l encours tombait à 3,8%. 1.3.2 L évolution de l encours du BTA selon les maturités L évolution de l encours du BTA peut aussi être analysée en fonction de la maturité, ce qui donne des renseignements forts intéressants (graphique 1-1). Avant 2003, l Etat contrait ses dettes intérieures par BTA selon trois maturités, la maturité de 4 semaines, puis celle de 12 semaines et enfin la maturité de 24 semaines. La tendance pour l encours du BTA selon les trois maturités est en hausse continuelle entre 1999 et 2002. Cette tendance allait perdurer ensuite pour la maturité à 4 semaines jusqu en 2005, alors que pour les maturités à 12 et 24 semaines, on note un repli (vérifié annuellement) de l encours entre 2002 et 2004. Chaque année, l encours le plus important du BTA se voit avec le délai de remboursement le plus long. Ce fait est observé de 1999 à 2002, avec la domination de l encours correspondant à la maturité de 24 semaines. A partir de 2003, où désormais l Etat a émis des bons à remboursement annuel, cette place a été ravie par l encours de BTA de maturité de 52 semaines : le montant de l encours du BTA avec la maturité de 52 semaines serait de loin supérieur à celui des autres maturités. Pour chacune des années suivantes 2003, 2004 et 2005, en moyenne l encours du BTA de maturité de 52 semaines est de 418 273 millions MGA, alors que la moyenne correspondante pour les trois autres maturités confondues (4, 12 et 24 semaines) est de 197 713 millions MGA. Graphique 1-1 : Evolution des encours total par maturité (en millions d Ariary) 500000 450000 400000 en millions d'ariary 350000 300000 250000 200000 150000 100000 50000 0 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 4 semaines 12 semaines 24 semaines 52 semaines Source : MEFB/DGT, nos propres calculs. 14

Cette importance de l endettement avec les délais de plus en plus long de remboursement indique ainsi la dépendance de plus en plus accrue à l emprunt par BTA, mais aussi une certaine difficulté de l Etat à apurer les dettes intérieures contrées antérieurement sans recourir à de nouveaux emprunts. 1.3.3 L encours du BTA par rapport aux recettes Une autre façon de mesurer l ampleur du recours au BTA consiste à analyser comment le ratio «encours aux BTA par rapport aux recettes totales (hors dons)» évolue dans le temps (tableau 1-1). En 1998, l encours du BTA représentait 156,3% des recettes totales hors dons. Ce ratio n allait pas cesser de croitre jusqu en 2002, année pour laquelle il a atteint le niveau de 617,6%. En d autres termes, en 2002 l encours du BTA représentait plus de 7 fois la valeur des recettes totales hors dons. Par la suite, le ratio a baissé et se situait à 325,8% en 2004, c est à dire à un niveau comparable à celui de 2001, pour lequel il a atteint 337,8%. L évolution du déficit budgétaire (la différence entre les dépenses publiques et les recettes totales hors don) n explique pas entièrement la tendance à la hausse de l ampleur du recours au BTA, comme l indique le ratio encours du BTA par rapport aux recettes totales hors dons. En effet, le déficit budgétaire, qui se situait à un niveau relativement faible de 1998 à 2000, n a cessé de croitre entre 2002 et 2004, alors que le ratio encours du BTA par rapport aux recettes totales hors don baissait pendant cette sous période. Le moyen alternatif d expliquer l évolution de ce ratio est de se référer aux trends des dépenses publiques et des recettes totales hors dons. Ces deux agrégats macroéconomiques observent une tendance à la hausse continuelle entre 1998 et 2004, (une rupture de la tendance est observée en 2002. Elle est due à la crise politico-économique). Toutefois, le rythme de croissance de ces deux variables n est pas le même. Les recettes totales de 2004 sont 2,3 fois supérieures à leur niveau de 1998, alors que pour les dépenses publiques totales, l échelle équivalente va de 1 à 2,7 entre 1998 et 2004. Les dépenses publiques ont donc augmenté plus vite que les recettes totales hors dons. Tableau 1-1 : Evolution de l encours du BTA par rapports aux recettes totales (en milliard MGA) Année Recettes dons et Recettes totales Dépenses publiques Déficit budgétaire Ratio encours du BTA / recettes totales (%) Total encours du BTA 1998 114,90 83,07 152,77 69,69 156,29 129,84 1999 140,39 106,69 151,63 44,93 178,20 190,14 2000 160,57 122,70 174,28 51,57 278,43 341,66 2001 161,30 121,16 204,26 83,10 337,85 409,34 2002 115,80 96,12 176,59 80,47 617,58 593,60 2003 201,33 139,78 257,50 117,72 439,43 614,20 2004 330,69 196,47 409,05 212,58 325,80 640,10 Source : MEFB/DGT. 1.3.4 Evolution des remboursements et souscriptions en BTA La lecture du tableau 1-2 sur les remboursements et souscriptions en BTA met en évidence les points saillants suivants : - les remboursements et les nouvelles souscriptions augmentent entre 2004 et 2005 ; 15

- chaque année, le montant total des nouvelles souscriptions reste toujours supérieur à celui des remboursements ; - la différence entre le montant des souscriptions et celui des remboursements s accroit aussi dans le temps. Ainsi, ces faits révèlent une obligation de l Etat à recourir de plus en plus aux BTA, pour financer ses dépenses mais aussi pour rembourser ses dettes contrées sous forme de BTA. N étant pas figée, la dépendance vis-à-vis du BTA s avère de plus en plus imposante comme en témoigne la croissance de la différence entre le montant des nouvelles souscriptions et celui des remboursements. Tableau 1-2 : Evolution des remboursements et souscription en BTA (en milliards MGA) Année Remboursement Souscription Différence entre souscription et remboursement 2004 1 582 839,6 1 603 459,6 20 620 2005 2 214 599 2 240 459 25 860 Source : MEFB/DGT. Dans cette partie, c est l aspect «émissions du BTA» en tant qu endettement intérieur public qui a été débattu, et ce dans le but d expliquer pourquoi cet instrument est indispensable à l Etat. Par la suite, elle sera analysée sous une autre facette ; c est-à-dire, en tant que forme de placement des banques (ou de milieu hors banque) comme tout autre ifs à l instar des prêts octroyés au secteur productif. 16

CHAPITRE 2 - LA POLITIQUE DE PLACEMENT DES ACTIFS 2.1 Le placement en crédits à court, moyen et long terme Par rapport au financement de l économie et de la production, les instruments dont disposent les banques sont les types de financements classiques que sont les crédits : - d investissement, c'est-à-dire à moyen (jusqu à 7 ans) et/ou à long terme (au-delà de 7 ans) ; - d exploitation, c est-à-dire les crédits courants de fonctionnement qui peuvent être en monnaie locale ou en devises ; - de consommation, le plus développé depuis ces deux dernières années. D une manière générale, les banques interviennent dans le financement de toutes ivités, exceptées celles qui requièrent un faible montant, où l exercice se rapproche plus de celui du secteur non structuré ou informel. Le soutien de la micro-finance est plus adapté à ces ivités non structurées et informelles. Chaque banque décide des mérites propres du dossier de demande de financement qui lui est soumis quelle que soit la catégorie du bénéficiaire (entreprise, particulier, artisans, PME ou grandes entreprises). 2.1.1 Les politiques de crédits En général, la politique commerciale, notamment la politique de crédit des banques, relève en grande partie des stratégies tirées de leur maison mère, (qui est étrangère depuis la restructuration du système financier ou privatisation). L orientation donnée par la maison mère cible les besoins spécifiques de la clientèle à Madagascar en matière de crédit, selon les catégories sociales des particuliers, l importance des entreprises et des créneaux porteurs, tout en tenant compte du comportement local d épargne, du pouvoir d achat des ménages, du contexte économique. Ainsi, à titre d illustration, ces derniers temps, les banques se sont rivalisées pour proposer des produits attrayants aux particuliers comme le crédit immobilier, le crédit à la consommation, le crédit de soutien à la rentrée scolaire, etc... L optique uelle des banques a donc donné de l élan à la distribution de crédit à la «petite clientèle», notamment en matière de crédit de consommation remboursable à court terme et également une politique de crédit vers des secteurs porteurs tels que l immobilier 2. Par contre, auparavant, des banques commerciales ont favorisé l octroi de crédit haut de gamme, dont l accès est soumis à d exigeants critères de sélection. A ce sujet, une grande banque favorise une catégorie particulière de clients (constituée de grandes sociétés et de gros clients). Parallèlement à une étude de risques d un dossier de demande de crédit, elle n octroie pas de crédit sans une garantie importante (matériel, ou notoriété de la clientèle) et sans une assurance de la capacité à rembourser de ses clients. Une autre applique depuis ces 5 dernières années une politique de crédit plus expansionniste. Elle accorde des crédits aussi bien aux PME, qu aux grandes entreprises ; tant aux particuliers qu aux entreprises localisées en province et quel que soit le secteur d ivité, voire les 2 Interview avec un inspecteur de la banque centrale (CSBF) 17

associations, les projets ministériels. La seule condition est que le prêt demandé ne soit pas trop important. La gamme de crédit proposée par cette banque couvre donc les crédits à court terme pour les entreprises, les crédits aux particuliers, comme les crédits immobiliers, les crédits à la consommation. L approche de cette banque «orientée vers les petits», mais aussi l accès à ses prêts est facilité par son réseau le plus étendu dans tout Madagascar, par la proximité de ses agences. Ce qui favorise aussi d ailleurs la collecte de l épargne sous toutes ses formes (dépôts à vue, épargne retraite et prévoyance). En conclusion, l illustration faite sur le comportement de deux banques, l une ayant privilégié jusqu alors sa grosse clientèle, mais compte tenu de la concurrence commence a donné de l élan aux prêts à la petite clientèle, et l autre qui a été toujours «orientée vers les petits», montre que les banques commerciales ont opté ces dernières années pour les crédits à court et très court terme, tout en cherchant à élargir la clientèle. Ce dernier fait a pour objet de favoriser la collecte de l épargne, qui elle même se présente comme un palliatif à l augmentation imposée de la réserve obligatoire par la banque centrale. Si telles sont les politiques générales de crédits des Banques, comment s effectue l arbitrage entre les différents types de crédits? 2.1.2 Arbitrage entre crédit à Court, Moyen et Long terme crédit d investissement ou crédit de consommation Les crédits à court terme, en l occurrence les crédits à la consommation, ont été développés pour répondre au besoin d achat à crédit offert par les grands magasins. Tandis que la demande de crédit d investissement se fait surtout en période de croissance de l économie. Les banques répondent à ces demandes en fonction des créneaux qu elles jugent porteurs ainsi que leurs ressources disponibles. Pour ce faire, les crédits à court terme peuvent être préférés à ceux des moyen et long terme. Les premiers offrent l avantage d être facilement réutilisables, en revanche les seconds ont un autre atout : leur fort taux de rémunération. La perception du risque influe aussi dans l arbitrage que doivent faire les banques, et ce à l instar de la stabilité macroéconomique. Mais le risque n est pas inhérent uniquement à un type de crédit, comme en témoigne l importance des prêts arrivés à terme mais non recouvrés et évalués à 98,1 milliards en 2005 3. Au-delà de la question du risque, des ressources disponibles, de la rentabilité attendue dans une filière donnée ; il y a aussi une donne qui influe sur l arbitrage des banques : la relation privilégiée qu elles entretiennent avec les grandes sociétés, leurs gros clients. Cette relation les engage à répondre favorablement à une demande de prêts d investissement. Ainsi, si la somme demandée est importante, à défaut de refuser, les banques exigent des garanties matérielles (hypothèque de biens immobiliers, mobiliers) pour se prémunir du risque de non remboursement. Comme il a été mentionné auparavant, et ce relativement aux entretiens effectués auprès des banques commerciales, la tendance uelle est à l octroi de crédit de consommation et de trésorerie plus que les crédits d investissement immobilisant les liquidités à moyen ou à long terme, qui nécessitent des ressources importantes pour les banques. Mais qu en est-il de la réalité? Cette assertion est elle vérifiée empiriquement? 3 In : note CSBF sur l évolution des banques et établissement financier en date du 15 février 2006 18

2.1.3 L évolution des crédits à court, moyen et long terme Comme le montre le graphique 2-1, sur une longue période, c est-à-dire de juin 1998 à décembre 2005, parmi les trois types de prêts, les crédits accordés par les banques ont toujours été dominés par celui du court terme. La tendance à la hausse est évidente pour le crédit à court terme et celui du moyen terme surtout à partir de décembre 2002, alors qu on assiste à une relative stagnation du crédit à long terme. Celui-ci avait d ailleurs baissé de 17% de décembre 2004 à décembre 2005. Toutefois, le rythme de croissance du crédit à moyen terme est nettement supérieur à celui du crédit à court terme. Ce fait est expliqué par la politique de détaxation en vigueur à cette période 4. La détaxation a rabaissé le prix de certains biens à l importation. Ce qui a incité le secteur privé à s en procurer, et à contrer des prêts à moyen terme auprès des banques commerciales pour financer leur achat. La demande de financement a été donc relativement plus importante en crédit à moyen terme qu à court terme, d où la croissance relativement plus forte du crédit à moyen terme par rapport au crédit à court terme entre décembre 2002 et décembre 2005. A titre illustratif, de août 2003 à août 2005, le crédit à court terme a augmenté de 57,7%, tandis que celui du moyen terme a crû de 135%. Si la stagnation du crédit à long terme stigmatise la frilosité de l investissement local, la dépréciation de la monnaie malgache à partir du deuxième trimestre 2004 a elle même quelque peu freinée l investissement local. Graphique 2-1 : Evolution des crédits accordés par les Banques (Juin 1998 Décembre 2005) 800 000,0 700 000,0 600 000,0 En millions d'ariary 500 000,0 400 000,0 300 000,0 200 000,0 100 000,0 - juin-98 sept-98 déc-98 mars-99 juin-99 sept-99 déc-99 mars-00 juin-00 sept-00 déc-00 mars-01 juin-01 sept-01 déc-01 mars-02 juin-02 sept-02 déc-02 mars-03 juin-03 sept-03 déc-03 mars-04 juin-04 sept-04 déc-04 mars-05 juin-05 sept-05 déc-05 Crédit à CT Crédit à MT Crédit LT Source : Bulletin d information Statistique de la Banque Centrale de Madagascar 4 La détaxation consiste à exempter de tous droits et taxes, à leur entrée sur le sol malgaches, certains produits importés comme les machines outils, les matériels roulants ou informatiques, ou qui sont assimilés à de la consommation intermédiaire, entre septembre 2003 et août 2005. 19

A titre de récapitulation, ce qu on peut avancer est que, depuis l année 1998, le crédit à court terme et à moyen terme qui représentent la majorité du financement du secteur privé auprès des Banques ont connu une évolution grandissante, cela notamment depuis juin 2003. Cependant, le crédit à moyen terme a connu une croissance avec un rythme beaucoup plus rapide que le crédit à court terme pendant cette période carérisée par l application de la détaxation. Par la suite, il s avère nécessaire d observer l évolution des placements en avoirs extérieurs des Banques qui est un des choix de portefeuille des banques. 2.2 Les placements en avoirs extérieurs des Banques Commerciales Les placements en devises à l extérieur d une Banque Commerciale sont en général libellés soit en EURO soit en DOLLAR Américain, les devises de références dans les transions commerciales de Madagascar avec ses partenaires. Les placements sont en général exécutés dans le compte principal de la maison mère de la Banque Commerciale, et se répartissent comme suit : 1) les placements en avoirs extérieurs à partir du compte propre de la Banque. Ils sont toutefois limités à cause de l obligation pour les Banques Commerciale de respecter la règle prudentielle de position de change fixée à 10% du fonds propre disponible (toutes devises confondues) ; 2) les placements en avoirs extérieurs de la clientèle à partir du propre compte de celle-ci, qui constituent la plus grande partie des transions en matière de placements à l extérieur. En règle générale, après toutes les opérations de décaissements de la clientèle, si un excédent de trésorerie a été dégagé, systématiquement les banques les rentabilisent. Si l excédent de trésorerie est en monnaie locale, alors il peut être placé sous forme de BTA ou sous les différentes formules de crédits. En revanche, s il est en devise étrangère alors l option appropriée est le placement à l extérieur à très court terme (ne dépassant pas une semaine en général). 2.2.1 Les placements en avoirs extérieurs propres des Banques Les Banques commerciales peuvent effectuer des placements à l extérieur soit pour régulariser leur position de change, soit pour profiter d un excédent de trésorerie en devises qui peut générer un profit à très court terme pour ne pas laisser leurs ifs oisifs. Pour le premier cas, étant donné que les Banques commerciales ne peuvent détenir de devises dans leurs comptes propres qu à concurrence de 10% de leur Fonds Propre Disponible (FPD), leurs marges de manœuvre en matière de mobilisation et de placement de leurs avoirs extérieurs sont extrêmement limitées. En effet, étant donné que chaque banque est tenue de donner une comptabilisation au jour le jour de sa position de change à la CSBF, ses ions seraient purement limitées à des opérations d arbitrage d achats et de ventes de devises (avec ses correspondants étrangers, ou sur le MID local) pour ramener ses positions de changes au seuil fixé par la réglementation (une position de change supérieure à 10% de ses FPD incite la Banque à vendre des devises 20