BURKINA FASO. Chiffres clés. Contexte



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Transcription:

BURKINA FASO Chiffres clés Taux de change : 1$ US Principales villes Population Taux de croissance de la population (2006-2010) Population urbaine (%du total 2010) PNB par habitant Croissance du PIB (réal 2010) IDH Taux de chômage Population avec moins de 2$ par jours (2003) Population en dessous du seuil national de pauvreté (2009) Guichets de banque pour 100 000 habitants (2005) Exclusion financière (FinScope) Taux d intérêts sur prêts Taux de rémunération de l épargne Crédit par PIB Hypothèque par PIB Coût d un sac de ciment Coût d une feuille standard de tôle ondulée Prix le plus abordable d une nouvelle maison proposée par les agences immobilières La plus petite taille de maison décente 517 FCFA Ouagadougou (capitale), Bobo-Dioulasso 14 017 262 (2006) ; 16 248 558 (estimé 2011) 3,21% 24% 1 141 $ 7,9% 0,331 (181) 0,77 81,2% 43,9% 0,68 ND 9% - 13% 3,5% 13,6% ND 6 250 FCFA 12,08 $ US 4 500 FCFA 8,70 $ US 9,5 millions F CFA 18 375 $ US 28,01 m² à 69,41 m² Contexte Le poids respectif des secteurs économiques dans l économie du Burkina Faso est le suivant : secteur primaire ; 30% du PIB ; secteur secondaire : 25% du PIB ; secteur tertiaire : 44% du PIB. Le secteur primaire reste le secteur dominant en termes d impact sur la croissance et d occupation de la population : 80% à 85% des burkinabè y tirent leurs revenus. Entre 2000 et 2009 la croissance de l économie a évolué en dents de scie se situant en moyenne à 5,2% l an. Cette croissance a été essentiellement tirée par les investissements dans les secteurs des télécommunications et des mines. La production d or a été multipliée par 6 en quelques années, passant de 5,8 tonnes en 2008 à plus de 32 tonnes en 2011, et faisant de cette ressource le premier produit d exportation du pays devant le coton. L économie burkinabè est cependant peu diversifiée et faiblement ouverte au monde. En effet, au niveau de la demande extérieure, les exportations ont évolué en moyenne de 8,3% l an avec un taux d exportation qui est passé de 7,8% en 2000 à 10,8% en 2009. L économie est d autre part minée par les coûts des facteurs de production et une importante vulnérabilité aux aléas climatiques. Le niveau de l inflation est resté maitrisé et se situe sur la dernière décennie à une moyenne de 2,7%. Les résultats macroéconomiques se situent globalement dans une dynamique d amélioration en dépit d importants chocs exogènes et la détérioration des termes de l échange. L indice de pauvreté est passé de 45,3% en 1998 à 46,4% en 2003 avant de baisser à 43,9% en 2009. Avec un taux de croissance du PIB de 5,2% en moyenne sur la décennie 2000-2009, un taux démographique en hausse estimé à 3,1% en 2006 et un PIB par habitant de 2%, la réduction de la pauvreté reste à un niveau médiocre. 1

Accès aux services financiers Le secteur financier du Burkina Faso est dominé en 2011 par 12 Banques commerciales, 5 établissements financiers, 10 compagnies d assurance, une compagnie postale (services financiers postaux), 2 institutions de sécurité sociale, 50 bureaux de change, 122 bureaux de transfert de fonds, 13 fonds nationaux de financement et 489 points de services des institutions de micro finance. Au 31 décembre 2010, les 12 banques commerciales actives au Burkina Faso ont collecté plus de 1 174 658 millions de Francs CFA et l ensemble du secteur bancaire (établissements financiers compris) ont octroyé sur la même période environ 844 437 millions de Francs CFA en crédit à l économie Burkinabè (rapport annuel 2010 de la Commission Bancaire). Cette activité des banques commerciales porte sur les 671 131 comptes détenus par les entreprises, les institutions publiques et les particuliers à travers les 188 guichets des 12 banques commerciales et 05 établissements financiers dénombrés en fin 2010. La revue du secteur financier réalisée par la Banque Mondiale en novembre 2007 et portant sur les données 2005, mettait en évidence une proportion de prêts en cours à moyen terme plus élevée que dans l ensemble de l UMOA (34% pour le Burkina Faso, 27,6% pour l UMOA). Les prêts à court terme représentent 61,6% du total des prêts au Burkina, à comparer avec 46,96% pour l UMOA. La part des concours bancaires à l habitat (logement) était d environ 27,022 milliards de FCFA en 2010 (Banque de l Habitat), soit 3,2% des crédits bancaires à l économie. Le sous secteur de l assurance présentait un actif total au 31 décembre 2008 de 71,5 milliards de FCFA pour des primes estimées à la même période à 26,5 milliards soit un taux de pénétration (primes/pib) de 0,77%. Il y avait sur cette période 11 courtiers et 34 agents généraux pour une profession considérée comme mal régulée et globalement défaillante. Le service de la poste à travers ses 84 bureaux, présentaient presentait en décembre 2008, 86 milliards d encours d épargne répartis sur 419 658 comptes d épargne représentant 70,46% des dépôts et 5 534 comptes courants représentant 29,54% de l encours d épargne de la SONAPOST. Au Burkina Faso, 14 Fonds Nationaux de Financement mis en place par l État sont actifs dans le financement de l économie à hauteur de 20 milliards de FCFA environ par année et présentent des taux de remboursement médiocres (entre 40% et 50%). La prévoyance sociale est couverte par deux régimes de sécurité sociale offrant des services limités a à peine 5% de la population. Le secteur de la micro finance est représenté par 81 institutions de micro finance (IMF) ayant 489 points de services. La clientèle des IMF représentaient au 31 décembre 2010 1 149 099 personnes avec 51,82% d hommes, 25,84% de femmes et 22,35% de groupement ou personnes morales (source : Diagnostic approfondi et opérationnel du secteur de la micro finance burkinabè, Juillet 2011). Par rapport à la population active, ces structures présentaient un taux de pénétration national de 14,21%. Elles font état au 31/12/2010 d un encours d épargne de 83 289,7 millions FCFA dont 84% de dépôts à vue. Le secteur a pu octroyer à la même période un encours de crédit de 79 378,4 millions de FCFA. Le secteur de la micro finance du Burkina est largement dominé par le Réseau des Caisses Populaires du Burkina (RCPB) qui représente à lui seul 63,47% de la clientèle, 81,76% des dépôts du secteur et 81,31% des encours de crédit octroyés par le secteur au cours de l année 2010. Le RCPB est la seule IMF du Burkina à avoir développé une offre structurée de crédit à l habitat. Avec l appui technique de Développement International Desjardins, cette institution a en effet développé une offre de crédit à l habitat à partir de 2008. Cette offre prend la forme d un crédit d un montant supérieur à 5 millions FCFA avec prise d hypothèque ferme. Elle porte également sur des montants compris entre 3 et 5 millions sur la base de promesse d hypothèque et sans prise de garantie sur titre pour des montants inférieurs à 3 millions de FCFA. Un apport personnel de 15% est demandé et le taux d intérêt est de 14% sur une durée maximum de 10 ans pour les salariés et de 5 ans pour les non salariés. Jusqu en mars 2

2010 le RCPB avait octroyé 205 prêts pour un montant d environ 770 millions de FCFA. Le montant moyen des prêts est de 3 780 000 FCFA. Accessibilité Selon les résultats de l Enquête Intégrale sur les Conditions de viedes Ménages menages de 2009 (EICVM 2009), le Burkina Faso est un pays pauvre, avec 43,9% des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté (108 454 FCFA par an). Avec cette proportion élevée de la population vivant sous le seuil de pauvreté, l accessibilité au logement doit être analysée à partir d une certaine catégorisation de la population dépendamment du niveau des revenus. En effet, pour 14,5% des ménages représentant la population la plus nantie justifiant d un revenu annuel supérieur à 1 800 000 FCFA, l accès à la propriété foncière et immobilière se fait dans les principales villes généralement sans grandes difficultés. L offre de crédits immobiliers bancaires et des promoteurs immobiliers sous la forme actuelle leur est principalement destinée. Pour les autres catégories de ménages, l accessibilité à un logement décent est extrêmement difficile et ils ne peuvent bénéficier d aucun mécanisme d aide au financement du logement. Pour la catégorie de ménages dont les revenus sont inférieurs à 50 000 FCFA par mois, le logement notamment en milieu urbain n est pas une aspiration réaliste de leur vie qui est marquée par une précarité et une instabilité totale. Cette population qui vit en dessous du seuil de pauvreté représentait plus de 46% de la population en décembre 2010. A partir d un certain nombre de critères de définition du logement social par arrêté ministériel, le coût de ce logement oscille entre 5 millions FCFA et 7 millions FCFA. A ce coût les ménages à faibles revenus, ne peuvent pas accéder aux dits logements. En référence à l étude sur les revenus médians des ménages, seulement 15,4% des ménages ayant un revenu mensuel médian compris entre 75 000 FCFA et 150 000 FCFA sont éligibles. Pour les autres types de logement proposés notamment par les agences immobilières de la place, les coûts des maisons varient entre 9,5 millions FCFA et 18,5 millions de FCFA pour les villas situées dans la zone périphérique de TAMPUY à Ouagadougou et de 19 millions FCFA à 500 millions FCFA pour les villas sises dans la cité résidentielle d OUAGA 2000. L offre de logement Au Burkina Faso, les trois dernières décennies ont été marquées, notamment pendant la période révolutionnaire (1983-1987), par une volonté politique de faciliter, à travers l exécution de vastes programmes, l accès à un logement décent au plus grand nombre des burkinabé. La période a aussi été caractérisée par l absence de promoteurs privés et d un véritable mécanisme de financement de logements. L État a longtemps été l acteur clé appuyé par la SOCOGIB 1 dans la promotion immobilière, le Fonds de l Habitat pour le financement des différentes opérations, et par le CEGECI 2 pour la gestion des cités issues des programmes. Cette intervention directe de l État a permis la réalisation de plusieurs cités avec plus de 4 200 logements. Mais à partir de 1996, l Etat, dans le cadre des politiques de libéralisation des secteurs économiques, a privatisé les institutions clefs qui, jusqu à présent, avaient joué les premiers rôles dans la production des logements économiques. La promotion immobilière privée apparaît avec la création de la société AZIMMO 3 en 1997 avec le soutien des pouvoirs publics. Cette société qui a racheté la SOCOGIB a réalisé deux cent cinq (205) logements à Ouaga 2000 pour des ménages plus fortunés et au secteur 21 de Ouagadougou, trois cent soixante cinq (365) logements dits économiques. Dès lors la production de logements par l Etat s est arrêté et le secteur privé qui a prit la relève se 1 Société de Construction et de Gestion Immobilière du Burkina 2 Centre de Gestion des Cités 3 AliZ IMMObilier 3

concentre sur les objectifs de rentabilité économique, n intervenant que faiblement dans l habitat social. Face au problème récurrent d accès au logement posé notamment par la société civile et le syndicat des travailleurs, l Etat initiera et financera à partir de 2008 à travers les guichets de la nouvelle Banque de l Habitat, un programme de 10 000 logements sociaux et économiques sur le court, moyen et long terme. Le programme de 10 000 logements entrepris par le Ministère de l Habitat et de l Urbanisme prévoit une production de logements à grande échelle. Il a pour finalité, la maîtrise de la problématique du logement aussi bien dans les centres urbains que ruraux. Droits de propriété Selon le rapport Doing Business 2011 le Burkina Faso se classe parmi les pays les le plus performants performant en Afrique dans la délivrance des permis de construire. Il se classe à la 59 e position sur les 183 économies évaluées dans ce domaine. En effet, 98 jours à travers 12 procédures sont nécessaires pour accéder à un permis de construire. Des efforts sont entrepris à travers le Centre de Facilités des Actes de Construire (CEFAC) pour ramener ce délai à 21 jours. Le processus engendre un coût d environ 345% du revenu moyen par habitant pour l obtention du permis de construire. L enregistrement du titre foncier coûte également cher : 13,2% de la valeur du terrain (contre une moyenne de 9,9% en Afrique Sub Saharienne). Politique et règlementation Pour réduire les inégalités et rendre le logement plus accessible aux ménages qui consacraient plus de 30% de leurs revenus à la satisfaction de ce besoin, l Etat avait mis en place une politique d aménagement foncier et d accès au logement à partir de la période révolutionnaire (dès 1984). L Etat a consenti à cette époque de grands efforts par la réalisation de lotissements massifs, les rénovations urbaines à Ouagadougou, le contrôle des prix des logements et la production de logements. Avec la libéralisation de l économie à partir de 1996, l absence d une stratégie des pouvoirs publics dans l accompagnement des ménages pour la production de leur habitat se pose avec acuité. La production de parcelles par les communes telle qu elle se passe actuellement est favorable aux ménages nantis qui peuvent spéculer alors que les couches moyennes et pauvres ont de moins en moins de chance d accéder au foncier. La promotion immobilière développée par les sociétés privées n est pas encadrée, et les logements proposés ne sont accessibles qu aux ménages riches. Avec la création du Ministère de l Habitat et de l Urbanisme, la Banque de l Habitat, dépositaire de la subvention de l État pour la production de logements sociaux, a finalement vu le jour en juillet 2005. Elle a commencé ses opérations environ un an plus tard. Ses activités demeurent cependant limitées. A la fin 2008, elle avait un actif de 9,5 milliards de FCFA, des crédits au logement de 413 millions de FCFA, dont 56 millions FCFA sur le fonds de l habitat social 4. L adoption de la loi sur la promotion immobilière en novembre 2008, a favorisé le développement des sociétés immobilières qui ont augmenté leurs activités avec le financement de la Banque de l Habitat. En outre, l Etat a adopté en juillet 2008 une politique nationale de l habitat et du développement urbain assorti d un plan d actions pour l habitat et le développement urbain pour la période 2009-2018. L axe III de cette politique vise à assurer l accès à un logement décent pour tous. A cette fin, la politique vise, entre autres à: (i) responsabiliser le secteur privé dans la mobilisation des ressources et (ii) assister l auto construction par les ménages. 4 La BHBF a connu une croissance rapide au premier semestre 2009 avec, au 30 juin 2009, un encours de crédit au logement de 1,3 milliards de FCFA dont 693 millions de FCFA sur le fonds de l habitat social 4

Opportunités La mise en place d un Ministère de l Habitat et de l Urbanisme d une part et conséquemment de la Banque de l Habitat du Burkina Faso d autre part traduise la volonté de l Etat burkinabé d apporter un encadrement au secteur de l habitat et de remédier à l échec du marché pour qui devait mobiliser les moyens de financement du logement à une échelle correspondant à la demande. Aussi, le programme 10 000 logements sociaux promus par le gouvernement vise à résorber la demande explosive de logement dans les villes du Burkina Faso. Dans la même lancée, l adoption d une Stratégie Nationale pour le Financement de l Habitat Social (SNFHS) est censée favoriser la mise en place de mécanismes financiers, notamment un fonds de logement social et une garantie hypothécaire qui devraient contribuer à améliorer l offre de logements. De même, au plan sous régional, la mise en place de la Caisse Régionale de Refinancement Hypothécaire des pays de l UEMOA (CRRH-UEMOA), par la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) et le Conseil Régional de l Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF), vise le développement d un marché hypothécaire dans l espace UEMOA, pour un financement plus conséquent du logement. 5