La prise en charge des brûlures de l enfant dans les 48 premières heures



Documents pareils
Contenu de la formation PSE1et PSE2 (Horaires à titre indicatif)

Soins Inrmiers aux brûlés

Vous intervenez en équipage SMUR sur un accident de la voie publique : à votre arrivée sur les lieux, vous trouvez un homme d environ 30 ans au sol à

Après l intervention des varices. Informations et conseils sur les suites du traitement. Réponses aux questions fréquemment posées

L ACCÈS VEINEUX DE COURTE DURÉE CHEZ L ENFANT ET LE NOUVEAU-NÉ

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

Le psoriasis est une maladie qui touche environ 2 à 3 % de la population et qui se

L eau dans le corps. Fig. 6 L eau dans le corps. Cerveau 85 % Dents 10 % Cœur 77 % Poumons 80 % Foie 73 % Reins 80 % Peau 71 % Muscles 73 %

TECHNIQUES D AVENIR LASER DOPPLER IMAGING LASER DOPPLER IMAGING LASER DOPPLER IMAGING

PREPARATION DU PATIENT POUR UNE CHIRURGIE. Marcelle Haddad

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Collection Soins infirmiers

QUE SAVOIR SUR LA CHIRURGIE de FISTULE ANALE A LA CLINIQUE SAINT-PIERRE?

LES ACCIDENTS DUS A L ELECTRICITE. Comité pédagogique SAP SDIS 43

Attention vague. de très grand froid

Cette intervention aura donc été décidée par votre chirurgien pour une indication bien précise.

L arthrose, ses maux si on en parlait!

Equipe de Direction : -Docteur Christine BOURDEAU Responsable médical. - Annie PAPON Cadre responsable

LA PERTE DE CONSCIENCE

URGENCES MEDICO- CHIRURGICALES. Dr Aline SANTIN S.A.U. Henri Mondor

Complément à la circulaire DH/EO 2 n du 30 mai 2000 relative à l'hospitalisation à domicile

Ablation de sutures. Module soins infirmiers

La version électronique fait foi

Le don de moelle osseuse :

Le test de dépistage qui a été pratiqué à la

Le Don de Moelle Ça fait pas d mal!

DEFINITION OBJECTIFS PRINCIPES

Conseils aux patients* Lutter activement. *pour les patients ayant subi une opération de remplacement de la hanche ou du genou

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

Comment faire disparaître une Cicatrice de façon Naturelle. Une Peau au Naturel

REHABILITATION DE LA FRICHE INDUSTRIELLE DE L ESTAQUE. Surveillance médico-professionnelle des entreprises intervenantes

Symposium des Société Française d Angéiologie (SFA) et Société Francophone de Médecine Sexuelle (SFMS), Paris, Journées internationales Francophones

Carte de soins et d urgence

Que savoir sur la chirurgie de LA HERNIE DE LA LIGNE BLANCHE A LA CLINIQUE SAINT-PIERRE en hospitalisation AMBULATOIRE?

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

LE POINT TOX. N 7 - Juillet Bulletin du réseau de toxicovigilance de La Réunion L ÉVOLUTION TEMPORELLE DU NOMBRE D INTOXICATIONS

L INSUFFISANCE CARDIAQUE

Qu est-ce qu un sarcome?

La prise en charge de votre maladie, l accident vasculaire cérébral

La drépanocytose. Sikkelcelziekte (Frans)

Traitement des plaies par pression négative (TPN) : des utilisations spécifiques et limitées

Prépration cutanée de l opéré

Recommandations pour la chirurgie de la CATARACTE en ambulatoire

Le don de moelle osseuse

La prise en charge de votre polyarthrite rhumatoïde

L hygiène buccale et dentaire chez la personne âgée

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

Développement d un système de monitoring du bien-être des veaux en élevage

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

LASER DOPPLER. Cependant elle n est pas encore utilisée en routine mais reste du domaine de la recherche et de l évaluation.

o Anxiété o Dépression o Trouble de stress post-traumatique (TSPT) o Autre

Traitements topiques. Utiliser conformément aux instructions figurant sur l emballage. Aident à éliminer les squames. Soulagent les démangeaisons.

LE SPORT POUR CHACUN! Docteur CASCUA Stéphane Médecin du sport

Principales causes de décès selon le groupe d âge et plus

Le guide. pour tout comprendre. Agence relevant du ministère de la santé

L INFIRMIER (ERE) DIPLOME(E) D ETAT SEUL DEVANT UNE

SOINS DE PRATIQUE COURANTE. Prélèvement aseptique cutané ou de sécrétions muqueuses, prélèvement de selles

LES ORTHESES DE COMPRESSION CONTENTION

& BONNES POSTURES TMS TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES. Le guide. Guide offert par la MNT

Les fractures de l extrémité inférieure du radius (238) Professeur Dominique SARAGAGLIA Mars 2003

Nouveau plan greffe : Axes stratégiques pour l avenir

AMAMI Anaïs 3 C LORDEL Maryne. Les dons de cellules & de tissus.

Don de moelle osseuse. pour. la vie. Agence relevant du ministère de la santé. Agence relevant du ministère de la santé

Arrêté royal du 27 mars 1998 relatif à la politique du bien-être des travailleurs lors de l exécution de leur travail (M.B

Information au patient

QUESTIONNAIRE MÈRE AYANT UN BÉBÉ MOINS DE 6 MOIS

Bienvenue aux Soins Intensifs Pédiatriques

La Greffe de Cellules Souches Hématopoïétiques

La rééducation dans le parcours de soins

PROFIL DE POSTE DU CONDUCTEUR AMBULANCIER SMUR :

L infirmier exerce son métier dans le respect des articles R à R et R à du code de la santé publique.

L opération de la cataracte. Des réponses à vos questions

Don d organes et mort cérébrale. Drs JL Frances & F Hervé Praticiens hospitaliers en réanimation polyvalente Hôpital Laennec, Quimper

QUI PEUT CONTRACTER LA FA?

Insuffisance cardiaque

prise en charge paramédicale dans une unité de soins

SOIXANTE-SEPTIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ A67/18 Point 13.5 de l ordre du jour provisoire 21 mars Psoriasis. Rapport du Secrétariat

AUDIT ISO SUR CESARIENNE CH MACON

LA PROTHESE TOTALE DE GENOU


Ce document est destiné à vous permettre de découvrir l offre de formation du Centre d enseignement des soins d urgence du Bas-Rhin (CESU 67).

Maladies neuromusculaires

Surveillance des troubles musculo-squelettiques dans les Bouches-du-Rhône

Prise en charge des fractures du fémur par enclouage intra-médullaire

Questionnaire Médical

droits des malades et fin de vie

LIVRET D ACCUEIL DES ETUDIANTS EN SOINS INFIRMIERS

BRICOLAGE. Les précautions à prendre

PARTIE II : RISQUE INFECTIEUX ET PROTECTION DE L ORGANISME. Chapitre 1 : L Homme confronté aux microbes de son environnement

le guide DON D ORGANES : DONNEUR OU PAS, je sais pour mes proches, ils savent pour moi L Agence de la biomédecine

DON DE SANG. Label Don de Soi

Actualité sur la prise en charge de l arrêt cardiaque

Aspects juridiques de la transplantation hépatique. Pr. Ass. F. Ait boughima Médecin Légiste CHU Ibn Sina, Rabat

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

direct Pansement électronique pour le traitement antidouleurs de blocages douloureux sans médicaments MODE D EMPLOI

Ischémie myocardique silencieuse (IMS) et Diabète.

La prise en charge de votre artérite des membres inférieurs

FICHE DE DONNÉES DE SECURITÉ Demand CS

LE CONTRÔLE DU FACTEUR BACTERIEN 3-POUR LE TRAITEMENT DES PARODONTITES

Prise en charge de l embolie pulmonaire

Transcription:

La prise en charge des brûlures de l enfant dans les 48 premières heures Dr Erpicum Céline Debouche 4 ème pédiatrie 2005-2006

La prise en charge des brûlures de l enfant dans les 48 premières heures. 1. Introduction / Epidémiologie Les brûlures de l enfant sont différentes de celles de l adulte à trois niveaux : - Dans ¾ des cas, la brûlure survient à l occasion d une négligence ou d une faute d attention de l entourage et le plus souvent au domicile (accident domestique). - A surface atteinte et à profondeur identique, les brûlures mettent plus rapidement en jeu le pronostic vital de l enfant. - Leurs cicatrices nécessitent une surveillance continue tout au long de la croissance car les régions brûlées ne grandissent pas comme une peau saine. Quelques chiffres : Profil type de l enfant brûlé : 1 - Jeune enfant de moins de trois ans (59%) - Plutôt un garçon (62%) - Famille d immigrés (11%) - Famille de plus de trois enfants et victime d un accident domestique (87%), dans la cuisine (53%) ou dans la salle de bain (11%) et en présence de la mère. - La brûlure est occasionnée par un liquide chaud : eau de cuisson (21%) ou aliments (24%), immersion dans l eau chaude sanitaire (12%), contact avec un objet chaud (9%). Les flammes sont la deuxième cause de brûlures (17%) et sont plus graves. - Plus d un enfant sur deux est brûlé sur une surface inférieure à 10% mais 23% le sont à 20% et 14% à plus de 30%. Dans la région de Charleroi : - Les patients brûlés représentent 0,5% des admissions au service des urgences. - 21% des ces patients sont des enfants âgés de 0 à 10 ans. - Dans la tranche d âge de 11 à 20 ans, le sexe masculin est trois fois plus représenté que le sexe féminin. Au centre des brûlés de Loverval (IMTR) : - 1/3 des patients sont des enfants. Beaucoup sont admis suite à un transfert d un autre hôpital. - La tranche d âge 0-5 ans est la plus représentée. 1 Données épidémiologiques en France en 1991-1992, enquête menée par le Professeur C. Mercier de Tours

2. Qu est ce qu une brûlure? = Lésion cutanée provoquée par un agent causal (thermique, électrique, physique, chimique) dont la gravité dépend du temps d'exposition à celui-ci. 3. Quelles sont les causes de brûlures? - Agents thermiques o par liquides chauds aspersion : eau chaude, potage, thé, café (l enfant qui veut boire quelque chose de chaud et le renverse, l enfant qui renverse une casserole d eau bouillante ). Immersion : moins fréquente mais les lésions sont plus profondes. o par flamme : entraîne souvent des brûlures des 2 ème et 3 ème degrés. (barbecue, feu de vêtements ou incendie ). o par contact : fer à repasser, porte du four, plaque de cuisson, poêle à bois pot d échappement o par frictions : enfant traîné sur la route, chute de moto - Electricité : brûlures graves avec séquelles esthétiques et fonctionnelles. (accès trop facile à l électricité) - Agents chimiques acides ou alcalins : souvent du 3 ème degré (décapant pour meuble ). - Rayonnements radiation (soleil, banc solaire ) 4. Profondeur de la brûlure - 1 er degré : Lésion superficielle de l épiderme. Elle se traduit par un érythème douloureux et cicatrise en moins de quatre jours après desquamation. - 2 ème degré : o Superficiel : Se traduit par des phlyctènes. Il cicatrise spontanément en 10 à 12 jours sans cicatrice. o Profond : Se traduit par des placards rouges-violacés ne décolorant pas à la pression. Il est peu sensible. Il peut évoluer spontanément en trois semaines avec des séquelles esthétiques et fonctionnelles soit nécessiter une greffe. - 3 ème degré : Destruction complète de la peau. Il se traduit par des placards blanchâtres, bruns ou noirs indurés ou cartonnés ne décolorant pas à la pression. Il est insensible. Il ne peu cicatriser spontanément que par la périphérie si la surface est peu importante. Il doit être greffé.

- 4 ème degré : Atteinte des structures sous-cutanées (os, muscles). Cette situation est grave et ne peut être améliorée que par une intervention chirurgicale. La peau est carbonisée et présente un aspect cartonné. 5. Comment calculer la surface brûlée? La surface corporelle brûlée est exprimée en pourcentage de la surface corporelle totale. La règle de Wallace n est applicable que chez l adulte. Pour l enfant, on utilise les tables de Lund et Browder car elles tiennent compte des variations de surface de la tête et des membres inférieurs au cours de la croissance. Lorsque les brûlures sont disséminées, il est possible d évaluer en utilisant la paume de la main de l enfant qui, quel que soit son âge, représente 1% de sa surface corporelle.

6. Quels sont les facteurs aggravants? 6.1. Terrain - Age : Les brûlures sont plus graves chez l enfant de moins de trois ans. - Topographie des brûlures o Les brûlures profondes du cou par compression veineuse, de la face par œdème des voies respiratoires supérieures ou du thorax par rigidité thoracique peuvent mettre en jeu le pronostic vital de l enfant. o Les brûlures des extrémités (mains doigts et pieds) et des articulations peuvent mettre en jeu le pronostic fonctionnel. o Une brûlure circulaire profonde peut avoir un effet garrot et être responsable d une ischémie distale. 6.2. Lésions associées Elles sont à rechercher systématiquement : - Intoxication au CO - Fractures diverses - Traumatismes crâniens - Traumatismes thoraciques - Lésion pulmonaire par blast et perforation tympanique en cas d explosion. 7. Traitement des brûlures bénignes = La surface corporelle brûlée au 2 ème degré est inférieure à 5% en dehors des brûlures de la face et des mains, chez un patient ne présentant pas de lésions associées. - Le traitement d une brûlure du premier degré consiste à appliquer régulièrement une crème hydratante associée à un traitement antalgique et antipyrétique (paracétamol). - Une brûlure du deuxième degré superficiel nécessite un nettoyage et une désinfection des lésions avec des antiseptiques dermiques non agressifs (chlorexidine) et l excision des phlyctènes. Le pansement est réalisé avec des hydrocolloides. En l absence de vaccination antitétanique ou si elle est supérieure à 10 ans, il convient d administrer des gamma-globulines anti-tétanique et vacciner. Toute brûlure non cicatrisée en 10 12 jours doit être vue par un spécialiste. - Une brûlure du deuxième degré profond et du troisième degré doit, compte tenu du risque de séquelles esthétiques et fonctionnelles, faire l objet d un avis spécialiste. - Il ne faut jamais appliquer un colorant sur une brûlure (éosine) car il est difficile ensuite d évaluer la gravité. - Pour tous les types de brûlures, un traitement antalgique DOIT être prescrit. - Il est important de réévaluer une brûlure après 24 heures.

Les principaux médicaments locaux utilisés sont : - FLAMMAZINE = Sulfadiazine d argent à 1% Pouvoir antibactérien contre les gram + et les gram et sur les levures Bonne pénétration Application non douloureuse (effet de froid) Utilisation possible avec des pansements qui n adhèrent pas Etaler la pommade sur les pansements et les appliquer ou appliquer la pommade de manière à couvrir complètement la plaie. Fermer les pansements avec une bande (jamais de sparadrap) et mettre éventuellement un filet pour consolider. - FLAMMACERIUM (Hôpital militaire) = Association de nitrate de cérum et de sulfadiazine d argent. Permet la formation d une croûte au niveau des brûlures renforçant l action microbienne. - FURACINE Utilisé dans le traitement du deuxième degré chez l enfant - SULFAMYLON = Contre les gram - TERRACORTRIL = pour le visage - BACTROBAN - TULLE GRAS - BACITRACINE sur le méat urinaire lors de brûlures périnéales. Ces pansements sont réalisés minimum une fois par jour

8. Traitement des brûlures graves 8.1. Qu est ce qu une brûlure grave? Elle se définit en fonction de l âge de l enfant, de la profondeur, de son étendue, de la localisation, des lésions associées et de la présence éventuelle d une maladie chronique. Chez le nourrisson de moins d un an, une brûlure de plus de 5% doit être considérée comme grave, au-delà d un an, une superficie de 10%. Les brûlures du 2 ème degré profond et du 3 ème degré et circonférentielles faisant garrot sont graves : - En ce qui concerne la localisation, si elles comprennent la face, le cuir chevelu, le cou, le périnée, les organes génitaux externes, les pieds et les mains. - Pour les maladies chroniques : le diabète, l insuffisance rénale chronique et les pathologies cardiaques. - Les lésions associées ne doivent pas être oubliées car elles aggravent le pronostic de l accidenté. Ces brûlés nécessitent d être conduits et traités dans un centre spécifique de traitement des brûlés. 8.2. Prise en charge pré-hospitalière Intervention du SMUR : trois grandes étapes : 8.2.1 Intervention sur place et prise en charge initiale de la victime brûlée - Sécuriser le lieu d intervention. - Dresser un bilan circonstanciel, fonctionnel et lésionnel de l enfant afin d évaluer les facteurs de gravité. - Veiller à l arrêt du processus de brûlure : ôter les vêtements s ils n adhèrent pas à la peau, les bijoux et les chaussures, refroidir la brûlure par un cooling et des compresses humides pendant le transport. Cela permet de diminuer la profondeur de la brûlure, l histamino-libération, l œdème et la douleur. Il doit être arrêté en cas de sensation de froid et utilisé avec prudence chez le jeune enfant. - Protéger les plaies le mieux possible et le plus proprement possible : asepsie, éviter les pansements collants - Mise en condition pour le transport : o Veiller à une ventilation et à une oxygénation adéquate : oxygène, position semi-assise o Intubation si difficultés respiratoires, brûlures de la face et du cou car un œdème va se développer et entraîner une asphyxie, par la suite il sera impossible d intuber le patient, si on suspecte des brûlures pulmonaires sévères (suie à l entrée des narines), inhalation de fumée, blast pulmonaire. o Surveillance monitoring complet. ATTENTION, le saturomètre ne détecte pas l hypoxie due à une intoxication au CO!!

o Poser plusieurs voies veineuses si possible hors de la surface brûlée, un cathéter intra osseux peut être placé en cas de besoin et réaliser des prélèvements sanguins. o Remplissage : Nature des solutés perfusés : Cristalloïdes isotoniques (le Ringer lactate) Albumine humaine à 4% (utiliser qu après la 8 ème heure mais elle est associée aux cristalloïdes en cas de brûlure grave ou d état de choc). Cristalloïdes hypertoniques (permettent de réduire les volumes perfusés, diminuer la formation des oedèmes, favoriser la micro-circulation et diminuer la translocation bactérienne). Colloïdes de synthèse (pouvoir d expansion rapide chez un patient en collapsus. Le sang ne peut JAMAIS être utilisé en phase initiale!!! Quantités : Elles sont calculées soit en fonction du poids (règle d Evans : 2ml/Kg/% de surface corporelle brûlée + besoins de base de 80ml/Kg) ; soit à partir de la surface corporelle. 50% dans les huit premières heures. Cependant, chez l enfant, la surface corporelle est plus importante que chez l adulte. On peut donc sous estimer les besoins d ou l utilisation de la règle de Carvajal : 5000ml/m²/% de surface corporelle brûlée = 2000ml/m² de surface corporelle totale les 24 premières heures. 50% de ce volume doit être perfusé dans les 8 premières heures. En pratique : chez le nourrisson : Hartman glucose : 2 4ml x poids de l enfant x %de surface brûlée + besoins de base chez l enfant :Hartman : 2 4ml x poids de l enfant x %de surface brûlée +besoins de base chez l adolescent : Hartman 2 4ml x poids de l enfant x %de surface brûlée o Incisions de décharge si nécessaire o Mise en place d une sonde vésicale surtout en cas de brûlures des parties génitales et du périnée. Surveillance du débit urinaire (minimum 1ml/kg/h) o Mise en place d une sonde gastrique - Veiller au maintien de la température corporelle : risque important d hypothermie! - Calmer la douleur par voie IV. (JAMAIS IM) - Veiller au confort et à l immobilisation en cas de traumatismes. - Veiller à lutter contre le stress. - Veiller à prévenir toute complication. 8.2.2 Organisation du transport, surveillance et accompagnement de l enfant - Rendre l enfant le plus stable possible pour le transport - Contrôler ses fonctions vitales : mise en condition pour le transfert - L accompagner psychologiquement

8.2.3 Orientation vers un centre hospitalier spécialisé ou non Transférer l enfant vers le centre le plus adapté en tenant compte de la gravité de ses brûlures et de l existence ou non de traumatismes associés, de la disponibilité immédiate d une place hospitalière adaptée et de la distance à parcourir (proche de la famille). Critères d hospitalisation dans un centre spécialisé : - Brûlures > 10% chez l enfant de moins de 10 ans et >20% chez le plus de 10 ans - Brûlures du 3 ème degré de plus de 5% de la surface corporelle - Brûlures de la face, des mains, des pieds, des organes génitaux, du périnée, des articulations. - Brûlures avec suspicion d inhalation de fumée - Brûlure chimique avec risque d intoxication systémique - Brûlures électriques - Brûlures avec lésions associées (fractures, trauma crânien) 8.3. Prise en charge au service des urgences / centre des brûlés - Accueillir l enfant dans un milieu réchauffé - Examen initial - Assurer les fonctions vitales - Monitoring complet (TA, ECG, fréquence respiratoire, saturation, PVC ) et surveillance des signes cliniques (agitation, délire, coloration ) - Peser l enfant - Réaliser un examen secondaire de la tête aux pieds et déshabiller complètement l enfant. Si les vêtements collent à la peau, il faut les ôter dans un bain. Bien regarder sous les cheveux. Localiser les brûlures et les répertorier sur un schéma en fonction de leur degré et estimer le pourcentage de surface atteinte. REM : Certaines localisations demandent un traitement immédiat : - La face et le cou : intubation car risque d œdème important - Organes génitaux et périnée : sonde vésicale à mettre rapidement car risque infectieux et risque d œdèmes. - Faire une anamnèse complète (circonstances de l accident, antécédents, traitement particulier, dernier repas, vaccination antitétanique ) - Evaluer la gravité - Réaliser les soins locaux o Bain de chlorexidine (douchette ou bain complet) sous anesthésie générale ou sous MEOPA. Il faut nettoyer, exciser les fragments de vêtements, débrider, réaliser un épluchage avec des compresses, ôter les corps étrangers et les phlyctènes. o Raser les zones brûlées o Incisions de décharges si nécessaire si la brûlure est circulaire et profonde, l épiderme et le derme perdent de leur élasticité, se raidissent et font garrot. On pratique alors des incisions longitudinales au bistouris en évitant les gros troncs veineux et les tendons et en allant jusqu aux tissus sains. Lorsqu elles sont nécessaires au niveau thoracique, elles doivent être réalisées rapidement pour permettre la ventilation.

- Lutter contre l infection - Après les 24 premières heures, il faut veiller à l apparition de signes d œdème pulmonaire et cérébral par surcharge volémique. REM : au niveau de la biologie, on aura : - Hc par l hémoconcentration - Acidose par hypoxie et état de choc - Urée par catabolisme - K par lésions cellulaires et libération du K cellulaire - Na par fuite d eau - Hémoglobinurie par crush syndrome myoglobinurie - Fibrinogène par anomalies protidiques - Facteur de coagulation 8.4. Les 48 premières heures d une brûlure = FUITE DE LIQUIDES - La brûlure est une porte ouverte vers l extérieur, fuite d eau, d électrolytes et de protéines. - Dans les espaces interstitiels en regard de la brûlure, il y a formation d œdème à cause de la réaction inflammatoire, destruction des cellules et fuite d ions qui appellent l eau. - Il se crée un troisième secteur hydrique centré sur la brûlure vers laquelle la circulation de l eau se fait en sens unique et cette eau est perdue pour la circulation générale. - On assiste donc à une HYPOVOLEMIE massive et à une HEMOCONCENTRATION. Non compensé, ce déséquilibre entraîne le collapsus cardio-vasculaire, l anurie et la mort. - Cette perte d eau est la conséquence d un trou capillaire, il y a destruction de cellules, libération de bradikinine qui donne une vasodilatation capillaire. Or, en temps normal, au niveau capillaire, 10% du plasma seulement peut être filtré. En cas de brûlure, 60% peut être filtré! - La gravité de ce choc est proportionnel à la surface brûlée et donc à la quantité d eau extravasée. - Après 24 36h, le trou capillaire s obstrue spontanément. Un deuxième risque surgit ensuite, la surcharge volémique. En effet, en plus de la fermeture du trou capillaire, on à une résorption de l œdème, le rétablissement du secteur extra-cellulaire. Or ce secteur a été compensé par les remplissages de la première phase. Si le rein ne fonctionne pas bien, s il ne réalise pas la crise diurétique il y a risque de surcharge volémique avec œdème cérébral et pulmonaire. - Dans les heures qui suivent, le risque principal est l agression microbienne. - Dès que possible, une alimentation per os ou par gavage. Si ce n est pas possible, une alimentation parentérale doit être administrée. - Il est important de lutter contre le stress Zantac - Encadrer psychologiquement l enfant et ses parents!!!

9. Conclusion Les brûlures de l enfant sont très fréquentes. La prise en charge des premières 24 48h donne le pronostic de guérison. Une prise en charge correcte et précoce doit être effectuée. Compte tenu de la croissance et du développement de l enfant, elles peuvent avoir des conséquences importantes. Le traitement des brûlures même bénignes doit être effectué avec beaucoup de rigueur. Le suivi de ces brûlures doit être régulier. La plupart des brûlures sont des accidents domestiques. Le meilleur traitement reste donc la prévention et la sensibilisation des parents. 10. Bibliographie Mme Deridder, Les brûlures de l enfant, 2005-2006, 4 ème pédiatrie, EPNAM Mme Bauvin, Les brûlures, 2003-2004, 3 IG, Henac M. Rousselot, Les brûlures de l enfant, de la prévention au traitement en urgence, urgences pratique, n 59, 2003, p 7 16