La production d hydrocarbures au Ghana Le Ghana est depuis fin 2010 un pays producteur de pétrole. Le début de l exploitation de nouveaux champs devrait entraîner un doublement sa production d ici la fin de la décennie (de 100 000 à 200 000 bpj). L ouverture de l usine de traitement d Atuobo permet désormais au pays d approvisionner ses centrales thermiques avec le gaz domestique. Le gouvernement ghanéen s est engagé dans une gestion transparente des recettes liées aux hydrocarbures et impose des contraintes en matière de contenu local sur ces activités. Avec la place prise par le pétrole dans l économie ghanéenne, la baisse durable des cours sur les marchés mondiaux aura un impact fort pour le pays. I/ Un nouveau producteur de pétrole en Afrique de l ouest. 1. La production actuelle au Ghana Le Ghana s est récemment imposé comme un pays producteur de pétrole. La première découverte d un gisement date de 2007 sur le champ pétrolifère offshore de Jubilee. L exploitation a pu démarrer en un temps record dès la fin 2010, soit dans un délai de 42 mois. La production au Ghana s élèvait en 2014 à 104 000 barils par jour (bpj) contre 99 000 en 2013. C est désormais le 4ème producteur de pétrole sur le Golfe de Guinée derrière le Nigéria, la Guinée Equatoriale et le Gabon. Le champ de Jubilee est aujourd hui le principal lieu de production. C est un champ offshore situé à 60 kms des côtes ghanéennes à une profondeur moyenne de 1,5 kms, à cheval sur les blocs Deepwater Tano et West Cape Three Points. Tullow Ghana Limited (UK, 35,5% des parts) est l opérateur principal pour le compte d une joint-venture également composée de Kosmos Energy (USA, 24,1%), Anardarko (USA, 24,1%), Ghana National Petroleum Corporation (13,6%) et PetroSA (AfSud 2,7%). L exploitation se fait par une unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO). Technip a obtenu plusieurs importants contrats pour le développement de ce champ. Le pétrole produit est de bonne qualité, léger, peu soufré et riche en gaz associés. Il se négocie quasiment aux prix du brent sur les marchés internationaux. Les réserves seraient comprises entre 800 M et 1,2 Mds de barils, 1/5ème aurait déjà été exploité à ce jour. 2. De nouveaux projets en cours de développement La production sur le champ de Tweneboa Enyenra et Ntomme (TEN) situé à l ouest de Jubilee sur le bloc Deep Water Tano, plus près de la frontière avec la Côte d ivoire, devrait démarrer en 2016. Son plan de développement a été approuvé par le Ministère de l Energie en 2013. Tullow en sera l opérateur principal pour le compte de Kosmos Energy, Anadarko, GNPC et PetroSA. En pic la production devrait se situer entre 70 000 et 80 000 bpj. L exploitation se fera également par FPSO. L Américain General Electric a remporté un contrat de 850 M USD pour la fourniture de machineries et d équipements sous-marins sur le site. Début 2015, l Italien Eni, Vitol et la GNPC ont trouvé un accord avec le gouvernement ghanéen sur le développement du champ de Sankofa situé dans le bloc Offshore Cape Three Point (voir carte jointe). Le montant prévisionnel de l investissement s élève à 7 Mds USD pour un projet d exploitation jointe de pétrole et de gaz. La production devrait démarrer en 2017 pour atteindre entre 40 000 et 80 000 bpj selon les différentes estimations. Eni Ghana sera opérateur principal sur le projet (47,2% des parts) en partenariat avec Vitol (37,8%) et GNPC (15%). L objectif fixé du gouvernement ghanéen est d atteindre un niveau de production de 250 000 bpj d ici 2021. Cet objectif est réaliste compte tenu du développement des projets. D autres projets d exploration sont en cours impliquant notamment Hess Corporation (USA), Vanco (USA) et Lukoil (Russie). Le Ghana ne sera 1
cependant jamais un grand pays producteur comme le Nigéria (2 M bpj). Les experts estiment que le pic de production sera atteint autour de 2020/2025. II/ Le Ghana a ouvert en 2014 sa première usine de traitement du gaz En novembre 2014 a eu lieu l inauguration de l usine à gaz d Atuabo qui a permis au Ghana de devenir producteur de gaz transformé. A plein régime, entre 120 et 150 M de pieds cubes standards pourront être produits quotidiennement. Le complexe qui comprend l usine de production et un pipeline d acheminement (Western Corridor Gas Infrastructure Project), est opéré par la Ghana National Gas Company (GNGC) et prévoit la livraison de gaz pour la centrale de production de la Volta River Authority (VRA) à Aboadze. L usine d Atuabo est approvisionnée par Tullow avec le gaz du champ de Jubilee. Ce projet de production gazière a pour l instant rencontré de nombreuses difficultés : quantité de gaz livrées insuffisantes et irrgulières, problèmes techniques chez la GNGC, incapacité de VRA à absorber le gaz livré depuis Atuabo. Début 2015, le débit de gaz envoyé depuis Atuabo ne représentait que la moitié de sa charge maximale. La production de plein régime pourrait être atteinte dans le courant de l année. La production domestique de gaz est très importante pour le Ghana puisque le pays dépendait jusqu alors essentiellement du Nigéria pour l approvisionnement de ses centrales thermiques. La livraison dépendait du West African Gas Pipeline et était devenue très erratique depuis 2012. Le pipeline était resté hors d usage en 2012/2013. Pour l instant la capacité de production ne permet qu un approvisionnement aux centrales de VRA. Le début de l extraction du gaz sur les champs de TEN en 2017 (potentiel de 80 M pieds cube standards/jour) et Sankofa (150 M/jour) en 2018 devrait permettre d étendre l alimentation à d autres centrales thermiques dans le pays et assurer l indépendance du Ghana. III/ Contexte institutionnel et impact sur l économie ghanéenne Le gouvernement ghanéen a adopté en 2011 le «Petroleum Revenue Management Act» qui fixe les règles pour l utilisation des revenus pétroliers par le gouvernement. Ce cadre législatif est inspiré de celui mis en place par le gouvernement norvégien. Les recettes liées aux hydrocarbures sont ainsi réparties entre un fond destiné à alimenter le budget de l Etat pour des projets d investissement (Annual Budget Funding Amount), un fond de stabilisation pour compenser les fluctuations dans les rentrées financières (Ghana Stabilization Fund), un fond destiné aux générations futures (Ghana Heritage Fund) et la GNPC. En 2014 est entrée en vigueur la loi «Petroleum Regulation on Local Content and Participation» qui prévoit de donner la priorité aux entreprises locales pour l obtention de licences dans le secteur des hydrocarbures. Cette loi demande également aux compagnies étrangères de donner la priorité aux fournisseurs locaux et à la main d œuvre ghanéenne dans le cadre de leur activité. Les entreprises étrangères sont tenues de remettre chaque année un rapport sur leurs actions en matière de contenu local. La Petroleum Commission encadre les activités d exploration et la GNPC est l entreprise ghanéenne qui a le statut de partenaire associé sur les différents projets en cours de développement. Son objectif, à moyen terme, est de devenir un opérateur indépendant. La Petroleum Commission est l entité en charge de la régulation du secteur «upstream» dans les hydrocarbures. Elle délivre notamment les licences dans le secteur et fait respecter les lois et normes en vigueur. La production de pétrole brut représente 6% du PIB en 2014 (7,9% en 2013). Le pétrole a permis au Ghana de connaître une très forte croissance de son PIB : 13.5% en 2011 elle est restée soutenue les années suivantes (9,3% en 2012, 7,3% en 2013). C est désormais le deuxième poste d exportation du pays derrière l or et devant le cacao. En 2013, les exportations de pétrole brut se sont élevées à 3,9 Mds $ soit 28,3% du total des exportations ghanéennes. 2
IV/ Des enjeux cruciaux pour les années à venir En 2013, les recettes pétrolières collectées par le gouvernement ont représenté 800 M USD en 2014, soit 2,1% du PIB. La forte chute du cours du pétrole durant le dernier semestre 2014 et la perspective d un prix du baril de brut se maintenant sur une période prolongée autour de 50$ impactent fortement l économie ghanéenne. L exploitation pétrolière au Ghana se fait dans de l offshore profond avec des coûts de production très élevés. Un prix du baril durablement bas menace grandement le modèle économique d une entreprise spécialiste de l offshore profond comme Tullow qui ne peut atteindre son seuil de rentabilité. La cotation boursière de Tullow a fortement baissé en réaction à cette nouvelle donne sur le marché du pétrole. Le gouvernement ghanéen a revu à la baisse ses prévisions de recettes liées aux hydrocarbures pour 2015. Il a présenté un budget rectificatif prenant en compte manque à gagner pour les finances de l Etat estimé à près de 700 M USD. Les organes compétents des nations unies ont été saisis d un contentieux sur les frontières maritimes entre le Ghana et la Côte d Ivoire par le Ghana en fin 2014. A son tour, la Côte d Ivoire déposait une requête devant le tribunal international du droit de la mer afin que toute activité d exploration et d exploitation soit stoppée sur cette zone offshore. 3
Annexes Activités de Tullow Oil au Ghana Source : Tullow Oil Cartographie des différents blocs offshore Source : Offshore mag 4
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