LA QUALITÉ DE L ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR AU QUÉBEC. Rencontre thématique



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Transcription:

LA QUALITÉ DE L ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR AU QUÉBEC Rencontre thématique Contribution de la Fédération des cégeps Le 30 novembre 2012

LES CÉGEPS PARTICIPENT À LA CONSTRUCTION DE LA SOCIÉTÉ DU SAVOIR Au Québec, les collèges constituent le premier palier de l enseignement supérieur. Les collèges participent à la construction de la société du savoir : en assurant la transmission des connaissances et le développement de compétences de haut niveau; en permettant le développement de la recherche et de l innovation; en favorisant l internationalisation de la formation. Les collèges offrent neuf programmes préuniversitaires et plus de 130 programmes techniques fréquentés annuellement par près de 175 000 étudiants dans des établissements où ceux-ci ont accès à des équipements de pointe. Les collèges préparent leurs étudiants à la poursuite d études universitaires ou à intégrer le marché du travail dans tous les secteurs clés de l économie du savoir et du développement social. Les cégeps sont des acteurs importants de la vie socioéconomique de leur milieu; ils offrent notamment des services de soutien technologique et de la formation aux entreprises et assurent le recyclage et le perfectionnement de la main-d œuvre. En outre, les collèges font de la recherche dans le domaine des sciences naturelles et du génie, des sciences humaines et sociales, et de la santé. Aujourd hui, on compte six chaires de recherche industrielle dans le réseau collégial public. Les collèges sont considérés comme des acteurs à part entière du système d innovation québécois et canadien, et les fonds subventionnaires leur ont largement ouvert leurs portes. À travers les 46 centres collégiaux de transfert de technologie qu ils ont créés, chacun dans un secteur clé de l économie québécoise, les cégeps réalisent aussi des activités de recherche appliquée et de soutien technique aux entreprises, en particulier pour les PME. Enfin, la mobilité étudiante et le recrutement d étudiants étrangers sont des priorités de développement pour les cégeps. Il en est de même pour l internationalisation des programmes dont les retombées sont majeures sur la formation des étudiants. 2

Question 1 De quelle façon les mécanismes existants d assurance de la qualité au niveau collégial pourraient-ils contribuer à la qualité de l enseignement supérieur en général et alimenter le développement de nouveaux mécanismes d assurance de la qualité au niveau universitaire? 1. L ENSEIGNEMENT COLLÉGIAL CONTRIBUE À L ÉVOLUTION DES PRATIQUES D ASSURANCE QUALITÉ EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR Au cours des 20 dernières années, les cégeps ont développé une expertise et un savoirfaire incontestables en matière d évaluation. Accompagnés par la Commission d évaluation de l enseignement collégial (CEEC), ils ont mené, au fil des années, 17 opérations d évaluation qui ont contribué au développement d une culture institutionnelle de l évaluation dans les collèges. Des analyses systématiques ont été faites de leurs politiques de même que de l application et de l efficacité de celles-ci. En outre, une évaluation formelle de plusieurs programmes d études a été réalisée. Rappelons que la CEEC est mandatée pour porter un jugement de qualité sur la manière dont les collèges remplissent leurs responsabilités académiques; de plus, elle témoigne publiquement de la qualité de l enseignement collégial. Ainsi, les collèges ont développé et mis en œuvre une série de mécanismes pour assurer la qualité de l enseignement : politique institutionnelle d évaluation des apprentissages, politique institutionnelle d évaluation des programmes, politique de gestion des ressources humaines dont les politiques d évaluation de l enseignement, règlement sur la réussite, règlement sur l admission et la poursuite des études, etc. S ajoutent à cette liste des mécanismes pour assurer la gestion de leur plan stratégique et de leur plan de réussite. Ces mécanismes étant maintenant bien implantés, c est le système d assurance qualité de chaque établissement qui fera désormais l objet du regard externe de la CEEC. En effet, au cours des derniers mois, des travaux s inspirant des meilleures pratiques internationales ont été menés conjointement par les collèges et la CEEC pour définir ce nouvel exercice qui sera consacré à l évaluation du système d assurance qualité de chacun des collèges. Un audit sera mené tous les cinq ans par un comité d experts encadrés par la CEEC. 3

1.1 Les conditions de succès de la mise en place d un système d assurance qualité Différentes conditions ont favorisé une évolution positive de la culture d évaluation qui s est développée dans les collèges au fil des dernières décennies. Ces conditions de succès, au nombre de quatre, ont permis la mise en place du système d assurance qualité actuel. Une approche intégrée et systémique L élaboration, la mise en œuvre et l évaluation de l efficacité des politiques institutionnelles d évaluation des programmes et d évaluation des apprentissages ont eu un effet structurant sur les pratiques des collèges en matière d évaluation. L évaluation institutionnelle qu a mené chacun des collèges leur a de plus permis d avoir une vision globale des forces et faiblesses de leur établissement et a favorisé le choix de stratégies de développement bien arrimées aux réalités de chacun ainsi qu à leurs environnements interne et externe. Parallèlement, l élaboration et l évaluation de plans stratégiques et de plans de réussite ont, à leur tour, contribué au développement de savoir-faire des collèges en matière d évaluation. Bref, cette approche intégrée et systémique a été l un des facteurs qui a permis une évolution positive de la culture d évaluation. Un regard externe combiné à une approche réflexive interne Le regard externe porté par la Commission d évaluation de l enseignement collégial qui a accompagné les collèges dans les différentes opérations d évaluation, combiné à une approche réflexive interne, a également été l une des conditions de succès de la mise en place du modèle d assurance qualité. Les collèges ont procédé à des autoévaluations de leurs programmes d études ainsi que des différentes composantes des mécanismes qui font maintenant partie de leur système d assurance qualité; la Commission d évaluation a analysé les résultats de ces différentes opérations et a fait, au besoin, des suggestions et recommandations aux collèges. Le développement d une instrumentation Pour mener à bien les différentes opérations d évaluation, les collèges ont dû élaborer des processus et des outils rigoureux et diversifiés de collectes de données et de suivi. Le personnel des collèges a ainsi développé une expertise de pointe et un savoir-faire en la matière. Soulignons ici que ce savoir-faire a fait l objet de partage entre les différents collèges du réseau à différents moments. 4

La contribution de nombreux acteurs du collège Enfin, l une des conditions de succès les plus importantes du développement d une culture institutionnelle est sans contredit la contribution de nombreux acteurs du collège à l ensemble des opérations d évaluation. En effet, les façons de faire mises en œuvre par les collèges ont fait en sorte que de nombreuses personnes dans les collèges personnel enseignant, professionnels et cadres ont participé aux différentes étapes du processus d évaluation, y compris à l établissement des jugements et au suivi des plans d amélioration. En outre, les étudiants ainsi que les membres des commissions des études des collèges et des conseils d administration ont pris une part active à ces opérations. 1.2 Les mécanismes d assurance qualité permettent l amélioration continue de la formation Au-delà du respect de critères prédéterminés, les mécanismes d assurance qualité visent avant tout à permettre l amélioration continue de la formation, une priorité pour une société du savoir, comme nous le rappelle le cahier thématique préparé pour cette rencontre. Ainsi, les programmes offerts au niveau collégial sont en évolution constante de façon à offrir une formation pertinente et de qualité. Une formation pertinente Avec le Renouveau de l enseignement collégial, l ensemble des programmes de niveau collégial ont été révisés selon l approche par compétence 1. Depuis ce moment, les collèges ont la responsabilité d élaborer leurs programmes d études à partir de devis de formation définis par le ministère de l Éducation, qui en précise les objectifs et les standards. Dès lors, les collèges se sont donné des mécanismes d élaboration et de mise en œuvre de leurs programmes d études. Cette approche a favorisé une participation plus grande des représentants du marché du travail et des partenaires du milieu universitaire, pour préciser les besoins et les attentes de la société face à une formation pertinente et qualifiante qui prenne en compte l évolution des professions. En outre, l application des diverses dispositions de leur politique institutionnelle d évaluation de programmes permet aux collèges de porter un regard critique sur leurs programmes d études de manière à s assurer que les choix faits au moment de l élaboration d un programme sont toujours pertinents et que la mise en œuvre a permis l atteinte des objectifs poursuivis. Selon les observations faites, les programmes sont par la suite actualisés ou révisés afin qu ils demeurent pertinents. Divers témoignages viennent corroborer cet état de fait. 1 L expertise développée dans ce domaine par les collèges a été exportée dans de nombreux pays et a été source d inspiration dans plusieurs facultés universitaires dont certains programmes sont maintenant définis par compétences. 5

Pour ce qui concerne la formation technique, donnons en exemple les résultats d un sondage effectué par l Ordre des conseillers en ressources humaines agréés auprès de ses membres, en juin 2009. 87,3 % des conseillers en ressources humaines agréés sont plutôt ou totalement d accord pour dire que la formation des diplômés de la formation technique est adaptée à la pratique de leur secteur d activité. 91,2 % estiment que les compétences techniques de base des diplômés sont conformes, supérieures ou très supérieures à leurs attentes. Le taux élevé de placement des détenteurs du diplôme d études collégiales techniques (DEC) est un autre indice de la pertinence de la formation offerte. Celui-ci était de 94,3 % en 2011. Les mécanismes d assurance qualité ont également un impact au niveau préuniversitaire, notamment en assurant la mise en œuvre de programmes cohérents qui préparent adéquatement les finissants à la poursuite d études universitaires. Selon le témoignage de professeurs d universités, «les détenteurs d un DEC préuniversitaire ont, par rapport aux étudiants admis dans les universités québécoises sur d autres bases, plus de connaissances et d habiletés intellectuelles, mais aussi une motivation accrue pour les études, plus de maturité intellectuelle, plus d autonomie, plus de tolérance et d ouverture sur le monde, un choix d orientation plus sûr» 2. Enfin, l obtention d un DEC préuniversitaire est également identifiée comme une des conditions favorisant la persévérance aux études et la réussite à l université. Notamment, les taux de réinscription des diplômés du collégial en deuxième année de baccalauréat sont très élevés. Pour les cohortes de 2007 à 2009, les taux de réinscription oscillent entre 89 et 90 % 3. Une formation de qualité L évaluation des apprentissages au collégial est encadrée par une politique institutionnelle. L application des dispositions de cette politique vient garantir la qualité des apprentissages réalisés en lien avec les objectifs du programme. Elle assure la qualité des évaluations, au plan de la rigueur et de l équité. La valeur des méthodes pédagogiques et de l encadrement est l un des critères utilisés par les collèges et la CEEC pour juger de la qualité de la formation. Des méthodes pédagogiques adaptées aux objectifs du programme et aux caractéristiques des étudiants constituent un élément important de la qualité de la formation. Il faut ajouter l encadrement offert aux étudiants qui viendra souvent faire la différence entre le succès et l échec. La mise en œuvre de plans de réussite structurés dans les collèges, avec des 2 Fédération des cégeps, Les cégeps, une réussite québécoise, mémoire présenté au Forum sur l avenir de l enseignement collégial, printemps 2004. 3 MELS, Cheminement universitaire des personnes diplômées des collèges, Sphère informationnelle, 2011. 6

mesures diversifiées adaptées aux différents besoins des étudiants, constitue l un des éléments clés de cet encadrement. Enfin, il convient de mettre en perspective l innovation pédagogique dont le niveau collégial a su et sait faire montre en matière de formation à l enseignement supérieur. La recherche pédagogique sur les stratégies d enseignement et d apprentissage, sur le développement des habiletés langagières, intellectuelles et méthodologiques ainsi que les actions visant à soutenir la réussite ont d abord été développées, expérimentées et implantées par des enseignants et des professionnels des collèges. Ces approches et actions ont par la suite inspiré les universités et font maintenant partie de leurs objets de recherche et de perfectionnement tout comme de leurs préoccupations quotidiennes. 7

Question 2 Par ailleurs, deux ans après la durée prévue de leur programme d études, 65,6 % des élèves (cohorte de 2005) ont obtenu une sanction d études collégiales. Quelles actions permettraient d améliorer ces résultats? 2. LA DIPLOMATION AU COLLÉGIAL Le taux de diplomation au collégial a augmenté de façon substantielle au cours des dernières années. Les collèges ont toujours été soucieux de soutenir la réussite de leurs étudiants et ont traditionnellement été très actifs en matière de promotion de la réussite. Depuis 12 ans, cette approche est devenue plus systémique avec l instauration de plans institutionnels de la réussite dans chacun des collèges. De nombreuses actions ont été mises en œuvre et plusieurs mesures, mettant à contribution tout le personnel des collèges, ont été mises en place de manière à améliorer la réussite et la diplomation des étudiants. On constate ainsi une augmentation substantielle du taux de diplomation au cours de la dernière décennie. Le taux d obtention d un diplôme, si l on ajoute deux ans à la durée prévue d un programme, est passé de 57,7 % pour la cohorte ayant débuté ses études en 1995 à 65,6 % pour la cohorte de 2005 4. 2.1 Des diplômes aux nombreuses exigences Il est important de rappeler que la formation collégiale est une formation exigeante. Les conditions de sanction, nombreuses, sont définies dans un règlement adopté par le gouvernement. Il ne suffit pas de cumuler un certain nombre de crédits pour obtenir son diplôme. En effet, l étudiant doit non seulement avoir réussi tous les cours de son programme d études, dont l ensemble des cours de la formation générale, mais aussi une épreuve synthèse de programme et une épreuve ministérielle en langue d enseignement. 2.2 Une population étudiante moins homogène L amélioration des taux de diplomation au collégial est d autant plus importante qu elle s est produite dans un contexte où la population étudiante s est considérablement diversifiée et où les «obstacles» à la diplomation se sont accrus. En effet, la rareté de la main-d œuvre dans plusieurs secteurs d activité fait souvent en sorte que les étudiants ne complètent pas leur parcours, préférant joindre le marché du travail. La population étudiante est aussi moins homogène en termes d âge, de préparation scolaire, d origine géographique et ethnique. Par ailleurs, la conception de la réussite a beaucoup évolué au cours des dernières décennies chez les jeunes; pour plusieurs, réussir ses études ne signifie plus obtenir 4 MELS, Direction générale des affaires universitaires et collégiales, Direction de l enseignement collégial, CSE Indicateurs Cheminement collégial, version 2011. 8

son diplôme dans un temps donné. Le nombre d étudiants dont le projet de formation est moins bien défini est aussi en augmentation. Notons que la proportion des étudiants inscrits à la session d Accueil et d intégration est passée de 8 % à 10 % de 2005 à 2011 5. Enfin, les cégeps ont intégré au cours des dernières années une population considérée «à risque» : les étudiants présentant des handicaps autres que physiques dont le nombre est en augmentation constante. Au fil des ans, les cégeps ont mis en place un éventail de services pour répondre aux besoins des étudiants présentant des chances de réussite moins élevées que ce soit en raison d un dossier scolaire plus faible, d un projet de formation moins bien défini ou de difficultés d apprentissage liées à des handicaps autres que physiques. S il est important de bien desservir cette population dans une perspective d égalité des chances, on comprendra aisément cependant qu elle ait un impact sur le taux global de diplomation au collégial. Ce qui nous amène à distinguer les taux de diplomation selon le secteur d enseignement. 2.3 Les taux de diplomation aux secteurs préuniversitaire et technique Pour mieux apprécier le taux de diplomation au collégial, il convient d aborder distinctement le taux d obtention d un diplôme au secteur préuniversitaire et au secteur technique. Le taux d obtention du diplôme des étudiants de la dernière cohorte dont on peut observer les résultats au secteur préuniversitaire, la cohorte ayant débuté ses études en 2006, se situe à 71 %. En 1995, ce taux s élevait à 63,8 %. C est donc maintenant plus de 7 étudiants sur 10 qui obtiennent leur diplôme 6. À la formation technique, le taux d obtention d un diplôme est légèrement inférieur. En effet, il se situe pour la cohorte ayant débuté ses études en 2005 à 60,8 % alors qu il était de 52,4 % pour la cohorte de 1995. Rappelons toutefois que ces programmes qui sont d une durée de trois ans comportent ainsi plus d exigences. Ces programmes sont relativement «lourds»; ils contiennent un très grand nombre d heures d enseignement et de laboratoires. De plus, bien que son importance soit largement reconnue, la réussite de la formation générale, telle qu elle est offerte actuellement, représente un défi supplémentaire pour les étudiants de la formation technique. Il est sans doute opportun de rappeler également que le collégial conserve toujours une mission d orientation des élèves ce qui peut contribuer à expliquer qu un certain nombre d étudiants n obtiennent pas leur diplôme du collégial. Au fil du temps, la mission d orientation du réseau collégial s est accentuée. Les cégeps reçoivent un nombre croissant de jeunes de 16 ou 17 ans qui n ont pas forcément arrêté leur choix de carrière et qui doivent trouver leur voie au cégep. Certains étudiants sont amenés à faire d autres choix en cours de route. Une proportion significative se réorientent vers la formation professionnelle au secondaire. Bon an, mal an de 5 à 8 % des étudiants initialement inscrits en formation technique obtiennent un diplôme d études professionnelles. 5 Fédération des cégeps, Les indicateurs de l enseignement collégial, Tableau de bord 2011-2012 6 Idem. 9

2.4 Des pistes d amélioration Les collèges travaillent sans relâche pour favoriser la réussite des études de leurs étudiants et amener un plus grand nombre d entre eux à se qualifier pour accéder au marché du travail ou à la poursuite d études universitaires. Au fil des années, de nombreuses mesures ont été mises en place pour favoriser l atteinte de cet objectif. Tout comme ils adaptent leurs programmes d études afin qu ils demeurent pertinents, les collèges ont le souci d évaluer et d adapter les mesures qu ils mettent en œuvre pour soutenir les étudiants. Ainsi, pour qu elles demeurent efficientes, ces mesures font l objet d évaluation et sont redéfinies au besoin de manière à prendre en compte les nouvelles caractéristiques des étudiants et leurs difficultés particulières. De plus, afin que les taux de diplomation continuent de croître, il demeurera important de poursuivre le développement de bonnes habitudes de travail chez les élèves dès l ordre d enseignement secondaire. En effet, des études démontrent que l acquisition de bonnes habitudes au secondaire favorise la réussite au collégial. Il importe également que les employeurs encouragent les étudiants à obtenir leur diplôme en ne les embauchant pas avant qu ils ne l aient obtenu. Enfin, des programmes dont les parcours seraient plus flexibles et plus souples permettraient de mieux répondre à une population de plus en plus hétérogène, qui évolue dans un contexte en constante transformation. En effet, les besoins des jeunes se transforment au même rythme que ceux de la société et des organisations. En conséquence, les collèges doivent avoir les marges de manœuvre nécessaires pour adapter leur offre de formation. En plus d offrir une réponse plus adéquate aux besoins du marché du travail, ce changement aurait un impact positif sur le taux de diplomation et permettrait aux étudiants d atteindre différents niveaux de qualification. 10

3. LES TROIS GRANDS CONSTATS 3.1 Des programmes de qualité contribuent à augmenter l accès à l enseignement supérieur Au cours des 20 dernières années, les collèges ont développé une culture institutionnelle de l évaluation et ont mis en œuvre des mécanismes d assurance qualité s inspirant des meilleures pratiques internationales. Ces mécanismes leur permettent de conduire les diplômés à une sanction des études garantissant un haut niveau de compétences, reconnu tant par les employeurs que par les universités. Les cégeps ont contribué à hausser le niveau de scolarisation de la société québécoise en améliorant l accès à l enseignement supérieur. Leurs programmes de grande qualité ont constitué, pour reprendre une expression de Pierre Fortin dans une étude réalisée pour la Fédération des cégeps, un antidote au décrochage du secondaire observé dans les autres provinces canadiennes. Alors que le Québec se démarque au Canada par un taux de décrochage particulièrement important au niveau secondaire, il se distingue, paradoxalement, par un taux d obtention d un diplôme d études postsecondaire largement supérieur à celui des autres provinces canadiennes. 7 3.2 En offrant des parcours plus flexibles, les cégeps répondraient encore mieux aux besoins des étudiants et de la société La population qu accueillent les collèges est de plus en plus hétérogène au sein d un même collège, mais aussi d un collège à l autre et d une région à l autre. Âge, préparation scolaire, origine ethnique, conception de la réussite, motivation à poursuivre des études : plusieurs facteurs différencient les étudiants d une même cohorte au collégial. Par ailleurs, les plus récentes perspectives du marché du travail indiquent que plus de 85 % des nouveaux emplois professionnels et techniques, soit près de 90 000 postes, demanderont une formation technique de niveau collégial. 8 Pour combler les besoins du marché du travail et augmenter l attraction des étudiants pour les programmes techniques et leur persévérance aux études, il faut pouvoir leur offrir des parcours de formation différenciés et plus souples, qui correspondent mieux à leur réalité et qui puissent mieux s ajuster, en termes de format et de cheminements, à leurs besoins. En plus d offrir une meilleure réponse aux besoins, ces changements auront un impact positif sur le taux d obtention d un diplôme et sur la qualification. 7 Fortin, Pierre ; Havet, Nathalie et Marc Van Audenrode, L apport des cégeps à la société québécoise, Montréal, Avril 2004, 8 Emploi-Québec, Le marché du travail au Québec, Perspectives à long terme 2012-2021, Juin 2012. 11

3.3 En consolidant leurs mécanismes d arrimage, les cégeps et les universités amélioreraient la qualité de l enseignement supérieur Les cégeps et les universités sont des partenaires du savoir. Ce partenariat doit se manifester par la fluidité des parcours académiques de manière à accroître la qualité de l enseignement supérieur au Québec. Des mécanismes de concertation directe entre les universités et les cégeps doivent être développés et consolidés. Des mécanismes d arrimage entre les programmes préuniversitaires et universitaires pourraient permettre d harmoniser les continuums de formation. De tels mécanismes sont déjà présents dans plusieurs collèges et certaines universités; ils se traduisent notamment par des ententes DEC-BAC dans plusieurs programmes d études. Ceux-ci répondent aux besoins des étudiants qui souhaitent poursuivre leurs études après une formation technique; l expertise de ces derniers semble très appréciée des employeurs. Après plus de 40 ans d existence, le réseau collégial a atteint une maturité certaine. Une collaboration accrue et une plus grande complémentarité des deux ordres d enseignement supérieur contribueraient au développement de l économie du savoir et ne pourraient que mieux servir les besoins et les intérêts des étudiants et de la société dans son ensemble. 12