ATTITUDES DES INTERVENANTS EN SOINS DE LONGUE DURÉE À L ÉGARD DE LA MORT, DES SOINS PALLIATIFS ET DE LA PRATIQUE INTERDISCIPLINAIRE



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ATTITUDES DES INTERVENANTS EN SOINS DE LONGUE DURÉE À L ÉGARD DE LA MORT, DES SOINS PALLIATIFS ET DE LA PRATIQUE INTERDISCIPLINAIRE Bernard-Simon Leclerc et Sabrina Lessard Midi InterActions, 23 avril 2014

Équipe de réalisation Bernard-Simon Leclerc 1-3, Sabrina Lessard 1, Coralie Bechennec 4, Emma Le Gal 4, Sylvie Benoit 5, Lyne Bellerose 5 1 Centre de recherche, Centre de santé et de services sociaux de Bordeaux-Cartierville Saint-Laurent, centre affilié universitaire, Montréal 2 Centre de recherche, Institut universitaire de gériatrie de Montréal, Montréal 3 Département de médecine sociale et préventive, Faculté de médecine, Université de Montréal, Montréal 4 Département de politiques sociales et de santé publique, Université de Bretagne-Sud, France 5 Centre d hébergement Saint-Joseph-de-la-Providence, Centre de santé et de services sociaux de Bordeaux-Cartierville Saint-Laurent, centre affilié universitaire, Montréal

Présentation de l étude Objectifs du sondage Connaître les attitudes et croyances des intervenants envers les soins de fin de vie et de la pratique interdisciplinaire en contexte de soins de longue durée Explorer l état actuel dans nos CHSLD pour souligner le besoin en formation Comparer les croyances et attitudes selon la catégorie professionnelle et le lieu de travail Développer une culture organisationnelle en soins de fin de vie en contexte de soins de longue durée

Présentation de l étude Sondage Tous les professionnels (jour/nuit) + bénévoles, 5 CHSLD Participation sur une base volontaire, anonyme et sans compensation Questionnaire auto-administré sur le temps de travail (~15 min.) Version papier Version électronique pour les professionnels ayant une adresse institutionnelle (via Lime Survey) Administration du sondage du 15 mai au 15 juin 2013

Questionnaire

Analyse 3 catégories Réponses polarisées (75 % des répondants en accord ou en désaccord, 50% totalement en accord ou en désaccord) Réponses à fort consensus ( 75% en accord ou en désaccord) Réponses partagées ( 20% dans au moins 3 catégories de réponse) 5 sous-catégories d énoncés Interdisciplinarité Soins aux proches Mort et soins de fin de vie Détresse psychologique Sentiments des professionnels («feelings»)

Résultats 629 répondants sur 1170 professionnels sollicités (54%) Version papier = 580/1050 Version électronique = 49/120 Répondants 11% 4% 23% 52% PAB Infirmières auxillaires Infirmières Autres

Résultats De façon générale Réponses diversifiées (polarisées, fort consensus, controversées) Attitudes généralement positives Pratique interdisciplinaire valeur intégrée mais : 15 % communication fait défaut 25 % pas confortable de partager les difficultés du résident avec leurs collègues Soins aux proches 72 % proches interfèrent dans les soins au résident

Résultats Mort et soins de fin de vie 82 % responsabilité de préparer les résidents et leurs proches à la fin de vie 32 % parler de la mort tend à décourager les résidents et leurs proches 61 % + facile d aborder le sujet de la mort avec une personne partageant les mêmes croyances ou origines culturelles 83 % aviser le résident et ses proches lorsque la mort est imminente (17 % = non) Fort consensus sur l administration de médicaments pour soulager la douleur même si ces médicaments hâtent la mort.

Résultats Détresse psychologique 63 % dépression est normale en fin de vie 73 % dépression est traitable 30 % soins de fin de vie sont déprimants Et 22 % d entre eux, rapportent être en deuil lorsqu un résident décède

Résultats Différence selon la catégorie de professionnels Infirmières, médecins, professionnels de réadaptation et chef d unité Infirmières auxiliaires PAB et bénévoles Temps passé avec résident vs niveau de scolarité/responsabilité

Limites de l étude Plusieurs variables nonconsidérées pouvant influencer les attitudes Éducation Genre Âge Origine ethnique Expérience Polarisation simpliste Positif vs négatif Situation complexe Nécessiterait d explorer plus en profondeur

Enjeux Besoins en formation Accompagnement en fin de vie Aborder la mort Implication du proche Aspects culturelles de l accompagnement Travail interdisciplinaire Organisation Communication Groupes de soutien, de discussion Approche, programme de soins de fin de vie

Discussion! Merci de votre attention!!!

Annexe Réponses polarisées 5. La souffrance psychologique peut être aussi sévère que la souffrance physique. 22. Le travail d équipe apporte un réel bénéfice aux résidents en fin de vie. 16. Une vision claire des objectifs de l équipe contribue à assurer une meilleure prestation de soins et de services. 15. Je me sens coupable après le décès d un résident. 11. Le fonctionnement en équipe permet de clarifier et de mieux cibler les différents besoins du résident et/ou de sa famille. 3. Le plan d intervention doit se construire en ralliant tous les intervenants. 21. Quand un résident décède, je me sens comme si j avais échoué en tant qu intervenant. 24. L équipe de soins est dans l obligation d informer le résident et/ou ses proches lorsque la mort est imminente. 6. À la demande du résident et/ou des proches, les résidents en fin de vie devraient pouvoir recevoir la médication nécessaire pour soulager la douleur, et ce, même si cette médication hâte la mort.

Annexe Réponses à fort consensus 7. La communication entre les membres de l équipe de soins est assez présente pour permettre un vrai travail d équipe. 2. L équipe de soins a la responsabilité d offrir un soutien aux proches à la suite de la perte d un être cher. 12. L équipe de soins a la responsabilité d aider le résident à se préparer pour la mort. 18. Lorsqu un des résidents dont je m occupe décède, je pleure en pensant à lui. 19. Je me sens à l aise de partager les difficultés que rencontre le résident et/ou ses proches en fin de vie avec mes collègues OU d inscrire des notes au dossier à cet effet.

Annexe Réponses partagées 14. La prise en charge des résidents en fin de vie est déprimante. 1. Il y a peu d interventions qui peuvent être faites pour soulager la souffrance du deuil. 8. Parler de la mort avec les résidents en fin de vie et/ou les proches tend à les décourager. 17. Je redoute d avoir à gérer avec la détresse émotionnelle des proches. 4. Il est impossible de faire sentir qu il y a de l espoir au résident et/ou à ses proches lorsqu on les informe du pronostic terminal. 13. Il est plus facile de discuter de la mort avec une personne partageant les mêmes origines culturelles ou croyances que soi. 23. La dépression est normale chez un résident en fin de vie. 10. Les proches ont tendance à interférer dans les soins offerts au résident en fin de vie. 9. La dépression n est pas traitable chez un résident en fin de vie.