La macroéconomie étudie l'économie à l échelle d un pays à travers les relations entre les grands agrégats économiques, tels que par exemple le revenu, l investissement, la consommation, le taux de chômage, l'inflation, Elle tend à expliciter ces relations et à prédire leur évolution face à une modification des conditions (par exemple l augmentation du prix du pétrole). Les modèles macroéconomiques constituent une simplification de la réalité, dont ils étudient un aspect particulier, comme par exemple l'effet de l éducation sur la croissance. 1
Mesure de l apport de l éducation à la croissance économique à travers la théorie du capital humain L'explication traditionnelle de la croissance économique repose sur deux facteurs de production : le travail et le capital. Or dans les années 60 plusieurs économistes nord américains, parmi lesquels Schultz et Denison démontrent que l'éducation contribue aussi à l'augmentation du produit national, c est-à-dire à la création de l ensemble des biens et des services produits annuellement. Démarche macroéconomique de DENISON («facteur résiduel») visant à mesurer l apport de l éducation à la croissance économique des Etats-Unis de 1929 à 1957. 2
Critiques à l égard de la démarche de Denison q Hypothèse que les gains des différents groupes de travailleurs = mesure de leur contribution à la production. Quelle relation entre productivité du travail et salaire? q «Influence du progrès des connaissances» = valeur résiduelle comprenant aussi des erreurs statistiques? q Qualité des données utilisées? Cf. études ultérieures avec d autres résultats. 3
De nouvelles théories et de nouveaux modèles de la croissance économique Les liens entre croissance économique et investissements en formation ont fait l objet d une vaste littérature dans le prolongement de la théorie du capital humain. Les nouvelles théories de la croissance économique d inspiration néoclassique - parmi lesquelles nous pouvons citer les modèles de Lucas (1988) et de Romer (1986) - tendent à expliquer le processus de croissance économique, en mettant un accent particulier sur le rôle du capital humain dans l innovation, et en conséquence la croissance à long terme. Tant les travaux de Lucas que ceux de Romer, se situent dans le prolongement de la théorie du capital humain (cf. Denison (1962), et appartiennent aux modèles dits de 4 croissance endogène.
Dans ces modèles, on évoque une croissance endogène fondée sur l innovation, car la croissance dépend du comportement des acteurs et du développement des compétences des acteurs (individus et entreprises). Pour les tenants des modèles de croissance endogène, la capacité d innover, et en conséquence le niveau de production d une économie dépendent fortement de l évolution du stock de capital humain. 5
Les modèles de croissance endogène fondés sur l analyse de travaux de recherche et développement, notamment la contribution de Romer ( ), donnent pour résultat qu une croissance à taux constant dépend en partie du niveau de capital humain. L hypothèse de base est que le capital humain est un élément essentiel dans la production d idées nouvelles.» (Temple, 2001, p. 62). Les modèles de croissance endogène mettent donc en évidence le besoin d'une population bien formée pour générer de la croissance économique. L'impact positif du niveau de formation intervient de deux manières : d'une part, un niveau de formation élevé permet des innovations technologiques, d'autre part ces innovations peuvent être utilisées par les actifs. 6
Le modèle de Lucas La fonction de production d une économie est composée de trois éléments : le capital, le travail et l efficacité du travail qui reflète la qualité du capital humain. Le niveau de production d une économie dépend du stock de capital humain. A long terme, une croissance durable n est envisageable que si le capital humain augmente de manière permanente. Ce modèle se réfère à un ensemble de connaissances disponibles dans la population. On peut aussi comprendre que le modèle se réfère à une amélioration qualitative de la formation dans le temps. 7
Le modèle de Lucas «suppose, d une part, que l accumulation du capital humain s effectue par les individus eux-mêmes. Il suppose, d autre part, que l efficacité de chaque individu dans la production du bien final est d autant plus grande que le niveau moyen de capital humain est élevé - chacun bénéficiant du savoir déjà accumulé par l ensemble de la société sans en avoir soi-même payé le prix. Cet enchaînement constitue dès lors un effet externe positif induit par l accumulation individuelle du capital humain.» (Liechti, 2007, p. 15) Pour Lucas, «A long terme, la croissance ne peut être durable que si le capital humain peut se développer sans limites» (Temple, 2001, p. 62) 8
Le modèle de Romer Pour Romer (1988), ce n est plus l évolution du niveau de formation qui est l élément prépondérant, mais le niveau de formation dans une économie à un moment donné qui stimulera la R & D, source de la croissance économique. Le stock de capital humain doit dépasser un certain seuil pour que l innovation ait lieu. «Même un accroissement ponctuel du stock de capital humain entraîne une accélération indéfinie du taux de croissance.» (Temple, 2001, p. 62). Romer a aussi mis en évidence que l innovation accroît le stock de connaissances et cet accroissement aura un effet bénéfique non seulement pour l entreprise à son oirgine mais pour l ensemble des firmes (externalité 9 positive), ce qui stimulera la croissance.
Modèles de croissance endogène : une croissance qualitative du niveau de formation de la population «Pour rattacher le modèle Uzawa-Lucas aux données, on peut par exemple laisser entendre que la qualité de l éducation peut s améliorer avec le temps (Bils et Klenow, 2000). L idée en l occurrence est que les savoirs transmis aux enfants en classe en l an 2000 sont supérieurs à ceux qui l ont été en 1950 ou 1900, ce qui creusera les écarts de productivité entre chacune de ces générations dans leurs emplois futurs. Même si le niveau d études moyen est constant au fil des ans, le stock de capital humain pourrait s accroître au point d induire une progression des niveaux de production.» (Temple, 2001, p. 62). 10
Références bibliographiques Bils, M.et Klenow, P. J. (2000). Does schooling cause growth? American Economic Review, 90(5), 1160-1183. Denison, E. F. (1962). The sources of economic growth in the United States and the alternatives before us. Committee for Economic Development. Supplementary Paper 13. New York : Committee for Economic Development. ch. 7, pp. 77-80. Liechti, V. (2007). Du capital humain au droit à l éducation. Analyse théorique et empirique d une capacité (thèse de doctorat, Université de Fribourg, Suisse). Consulté le 5 décembre 2014 dans http:// ethesis.unifr.ch/theses/downloads.php?file=liechtiv.pdf Lucas, R.E. (1988). On the mechanics of economic development. Journal of Monetary Economics, 22, 3-42. Romer P. M. (1986). Increasing returns and long-run growth. Journal of Political Economy, 94(5), 1002-1037. Temple, J. (2001). Effets de l éducation et du capital social sur la croissance économique dans les pays de l OCDE. Revue économique de l OCDE, 33(2), 59-109. 11