Dossier «Quand les cultures dialoguent» : témoignages et références documentaires. p. 2 Semaine de la solidarité internationale



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Transcription:

Bulletin de liaison n 31 - novembre 2012 Bulletin spécial publié dans le cadre des 12 es Rencontres de la coopération internationale en région Centre, le 17 novembre 2012 Infos p. 2 Semaine de la solidarité internationale Dossier «Quand les cultures dialoguent» : témoignages et références documentaires p. 3 Témoignage : Jean-Luc Raharimanana, parrain de Plumes d Afrique p. 4 Le festival Plumes d Afrique p. 7 Association de danse tchadienne traditionnelle en Indre-et-Loire p. 9 Portrait : Expérience interculturelle d une Lettone en France p. 10 Préparer les jeunes à la rencontre interculturelle : Ceméa et Kurioz p. 12 «Le tourisme, vecteur d échanges culturels» - La Saharienne p. 14 «Art et solidarité avec la Colombie» - CALIPAS International p. 17 «Culture et traditions orales» - Graines d espérance Bénin p. 18-19 «Se rencontrer cinématographiquement» - Bandia-Monnet p. 20 «La danse des ciseaux porteuse d une identité» - Yachachi p. 23 «Une nourriture bonne, propre et juste pour tous» - Ville de Tours p. 24 «Se nourrir, une histoire de l humanité» - Parfum Culture p. 25 «La culture enrichit nos cultures» - Culture Sud Vie du réseau p. 27 Coopération décentralisée : actions en cours p. 28-29 Coordination régionale d une aide alimentaire pour le Mali p. 30-31 Informations diverses Karine GLOANEC MAURIN, vice-présidente du Conseil régional du Centre, en charge des Relations internationales, de l Europe, des Politiques européennes et de la Coopération interrégionale Les Rencontres régionales rassemblent les acteurs du territoire autour d un sujet d intérêt commun afin de l éclairer et de le mettre en débat. Or, quelle expérience plus enrichissante pour nous acteurs de la coopération internationale que de vivre la diversité culturelle, que de se forger une «intelligence de l autre»? Si le dialogue des cultures a tant d importance c est qu il se situe aujourd hui plus que jamais au centre de tout projet de société. La mondialisation qui a su se défaire des distances, facilitant ainsi la communication entre les personnes et la circulation des idées, ne gomme en rien la diversité des cultures et leur saine confrontation. Qui plus est, dans un présent où les interactions sont de plus en plus fortes et complexes, le dialogue interculturel est une exigence absolue pour peu que nous appréhendions la construction du monde de demain comme une entreprise commune. Toutefois, la voie peut sembler étroite. Le «choc des civilisations» est un horizon heureusement dépassable, mais il demeure un danger permanent comme la menace du repli identitaire, qui puise ses racines au gré des crises que nous traversons. Cette édition du bulletin de Centraider a pour objet de valoriser les différents projets conduits par les acteurs régionaux de la solidarité internationale en faveur du dialogue interculturel. C est le fruit d un travail collectif et les témoignages recueillis sont le reflet de la très grande diversité des expériences. Ils soulignent la richesse de la contribution des acteurs du territoire à la construction d une citoyenneté du Grand Large. Ce florilège d initiatives aussi intéressantes les unes que les autres constitue une précieuse source d inspiration pour qui voit dans le dialogue des cultures une pratique pouvant répondre aux enjeux du moment.

s infos Infos infos Infos infos Infos infos Infos infos Infos infos Infos 2 Centraider est CORAS Depuis 1998, et comme tous les ans, la 3 e semaine de novembre est consacrée à la solidarité internationale. La Semaine est un événement national qui se répercute localement en régions. Pour la région Centre, Centraider assure, depuis 6 ans, le rôle de Coordination régionale pour l animation de la Semaine (CORAS). À ce titre, sa mission est de favoriser «le déploiement de la Semaine de la solidarité internationale et de ses orientations nationales sur le territoire de la région Centre». En d autres termes, Centraider, en tant que CORAS, a pour objectif d augmenter la notoriété et la visibilité de la solidarité internationale en région Centre et plus spécifiquement, de contribuer à la structuration du réseau régional dans le domaine de l EAD-SI (éducation au développement et à la solidarité internationale) au travers de la Semaine. Des formations en région Centraider accompagne les acteurs locaux en proposant des formations spécifiques. Cette année, la formation proposée, réalisée en partenariat avec le CCFD-Terre Solidaire, présentait des outils de sensibilisation du grand public aux notions de solidarité et d interculturalité. Par ailleurs, Centraider coordonne la communication et le programme des animations, notamment auprès des médias. Solisphère de Saint Jean-de-Braye, novembre 2011. Mobilisations des collectifs locaux Dans le cadre de cette 15 e édition de la Semaine, huit collectifs se mobilisent autour de l accroche-thème national «DroitS à l essentiel». Outre les «anciens» collectifs (Blois, Tours, Saint Jean-de-Braye, Châlette-sur-Loing, collectif en Boischaut-Sud et collectif Monde solidaire de Bourges), deux nouveaux collectifs ont vu le jour en région Centre cette année, accentuant l ouverture vers des territoires plus ruraux : le collectif solidaire vendômois (41) et le collectif de la MELI d Issoudun (36). Les temps forts régionaux Cette année, pour rester dans la thématique nationale des droits fondamentaux, les différents acteurs régionaux ont décidé de mettre en avant deux thèmes conducteurs : le droit à l éducation et la coopération culturelle/dialogue interculturel. La Semaine de la solidarité internationale en région Centre s inscrit dans une dynamique transversale avec de nombreux partenariats : Mois de l économie social et solidaire, festival Plumes d Afrique, festival de films ALIMENTERRE, FRADAC (Fédération des radios associatives du Centre) et Rencontres régionales de la coopération internationale, qui auront lieu le jour du lancement de la Semaine, le 17 novembre à Tours. Animations phares Châlette-sur-Loing, le 16 novembre Soirée festive à la Maison des associations avec création d un «village de la solidarité». Saint Jean-de-Braye, du 10 au 28 novembre Exposition «Abraysiens du monde», portraits d habitants réalisés par Tony Aubry, au château des Longues-Allées. Blois, le 21 novembre Soirée jeux solidaires et coopératifs autour du dialogue interculturel animée par les ludothécaires de Blois et les bénévoles du collectif. Collectif en Boischaut-Sud, le 21 novembre Projection du film Le Parc, suivie d une discussion avec Momar Kane (artiste et cinéaste d origine bukinabo-sénégalaise) à la Maison des jeunes et de la culture. Collectif solidaire vendômois, le 21 novembre Course d orientation solidaire dans les rues de Vendôme de 14 h à 17 h. Collectif monde solidaire de Bourges, le 22 novembre Forum des associations de solidarité internationale du Conseil général à la Pyramide. Collectif CID-MAHT de Tours, le 22 novembre Soirée au CNP sur le thème «éducation bafouée, les enfants soldats en Afrique» avec la diffusion du film Johnny Mad Dog de Jean Stéphane Sauvaire suivi d un débat avec Serge Amisi, ancien enfant soldat. Collectif de la MELI d Issoudun, les 22 et 23 novembre Animations scolaires et ateliers avec des intervenants ayant eu une expérience de résistance dans leur pays. Programme en région sur www.lasemaine.org www.centraider.org > Corentin Cesbron, 02 54 80 23 09 corentin.cesbron@centraider.org Solisphère, une action symbolique nationale Pour le lancement de cette 15 e édition de la Semaine, venez retrouver l action symbolique «Solisphère» dans plus de 50 villes de France. Elle consiste à réaliser collectivement et simultanément, dans plusieurs espaces publics en France, une création visuelle inspirée du mandala, pour symboliser les valeurs de la solidarité internationale et permettre une meilleure visibilité de la Semaine. Pendant les Rencontres de la coopération internationale du 17 novembre à Tours, une Solisphère sera mise en place devant le Vinci avec les bénévoles présents au forum associatif. Les collectifs régionaux organiseront une Solisphère dans leur ville le dimanche 18 novembre. Jean-Luc Raharimanana Cet espace concerne souvent les arts et la littérature, un espace qui transcende les différends et les malentendus, un espace où l individu se débarrasse des enjeux de la collectivité pour rencontrer un autre individu comme lui, c est la question de l humanité qui importe le plus. Mais le dialogue suppose avant toute chose une égalité, sinon un équilibre, des paroles à partager. Il est évident que la parole africaine ne pèse pas autant que la parole européenne. Il y eut d abord l histoire, une histoire de domination, de l esclavage à la colonisation, jusqu à aujourd hui la domination économique et politique. Cela déplaît à certains de le rappeler, mais c est encore la réalité d aujourd hui, la parole africaine a toute cette charge de l histoire à porter, ou plutôt à déposer au sol, à décortiquer, et à alléger des douleurs. L aujourd hui n est pas assez libre encore pour pouvoir s exprimer sereinement, d autant plus que le même aujourd hui affronte encore d autres iniquités. Il y eut ensuite le racisme, nous n allons pas ici revenir sur tout cela, mais juste pour faire le tour de cette difficulté de dialogue, l homme noir ne fut-il pas, il n y a pas si longtemps que cela, dénié d intelligence, classé en bas de l échelle humaine? Quand les cultures dialoguent Dialogue des cultures, l expression a le mérite de la clarté et suppose immédiatement la possibilité pour les uns et les autres de parler et de s écouter (à défaut de s entendre). Mais dialogue implique aussi un espace où se déroule l échange, implique aussi les présences, et d une manière ou d une autre les face-à-face, non comme un affrontement mais comme une rencontre directe. Parfois, l homme noir se trouve devant des situations qui l interpellent et qui faussent le dialogue, des riens, des petites choses mais qui rappellent cruellement que la couleur vous ramène toujours à cette quête de légitimité à dire. Les situations politiques, pas toujours reluisantes, des pays africains, diminuent également cette légitimité de la parole africaine. Comment parler de soi quand tout va si mal au pays? Comment se montrer devant l autre et discuter? La parole africaine a tendance à se justifier d abord avant de s ouvrir à l autre. Les situations de pauvreté ou de turbulence politique amènent à une presque nudité où tous vos défauts sont étalés devant tous, sur la place publique. Parler de culture s avère presque incongru, ou au mieux forcé, car il faut bien surmonter d abord cette réalité qui saute aux yeux, surmonter cette phrase terrible, «il n y a pas que la pauvreté en Afrique». En vérité, les politiques africaines n aident pas l expression africaine. De leurs côtés, les politiques occidentales, en globalité, font peu d effort, pour aller dans le sens de l équilibre. Pratiquement aucune reconnaissance de l histoire qui s est passée entre l Afrique et l Occident, un déni de l esclavage, de la colonisation, des dominations actuelles. Au contraire, l Occident ne vient-il pas à l aide de l Afrique? Allant jusqu à dénommer «dons» et «aides internationales» les dettes allouées aux pays africains? Si la culture concerne aussi l histoire, alors la culture africaine est amputée d une large partie de son corps. Comment dialoguer avec celui qui ne veut pas entendre votre histoire? Comment dialoguer avec celui qui affirme avec force que tout cela, c est du passé, et que votre souffrance, c est plus de la paranoïa et de la haine? Qu il faut oublier, tourner la page, pardonner Comment faire dialoguer le dominant et le dominé? ou l ex-dominant et l ex-dominé? Comment arriver à une plate-forme où ce rapport de force disparaît? C est cette question que Plumes d Afrique s efforce de creuser et d incarner, être une plate-forme où circulent les paroles et les expressions. L œuvre de l artiste, en restant libre, permet d asseoir cette plateforme, tout comme cette plate-forme permet à l artiste d ouvrir un espace, la lecture est l exploration de ce monde qui se crée sous l œil du lecteur. Il est ainsi important d avoir une entrée dans le monde de l autre pour mieux le comprendre, même si dans l absolu, les cultures s interpénètrent nécessairement. La difficulté est de faire prendre conscience aux gens que la frontière entre les cultures n est pas si opaque que cela d autant plus que nous vivons maintenant dans un monde global où les informations et les langues circulent à la vitesse grand V. Mais qu en est-il du livre africain, de son art, de ses expressions? Quel défi nous attend réellement si on veut installer un véritable dialogue? Face à l histoire. Face à l économie. Face à la politique. Parfois face aux guerres? Jean-Luc Raharimanana, écrivain, parrain du festival Plumes d Afrique 3

dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier 4 Quand les cultures dialoguent Le festival Plumes d Afrique Ce sont des rencontres multiples organisées par le Réseau Afrique 37 (collectif départemental des associations de coopération avec l Afrique) autour des expressions littéraires et artistiques d Afrique francophone en Touraine, parrainées par l écrivain malgache Jean-Luc Raharimanana. Pendant tout le mois de novembre 2012, écrivains, conteurs, plasticiens, cinéastes, photographes, historiens, musiciens, chanteurs, danseurs, comédiens participent à des débats, tables rondes, conférences, expositions, projections, spectacles, ainsi qu à de nombreux projets scolaires de la maternelle au lycée, proposant une réflexion sur la culture africaine francophone. Ainsi, le festival Plumes d Afrique permet de découvrir des «expressions d ailleurs», peu connues, malgré leur richesse et leur appartenance à la communauté francophone, loin des évocations nostalgiques ou exotiques d une certaine Afrique révolue. la connaissance de l autre efface les craintes Ce festival, créé en 2002, répond à la volonté du réseau Afrique 37 de : modifier la vision à sens unique et trop souvent misérabiliste des relations Nord-Sud ; organiser des actions citoyennes au Nord afin de sensibiliser l opinion publique au respect d autres réalités, d autres cultures ; éduquer au développement, à la prise de conscience par l art et la culture, condition du dialogue avec autrui, base d un «développement humain durable». Les Grandes Personnes de Boromo En effet, nous sommes convaincus que c est la connaissance de l autre qui efface les craintes, les appréhensions et les rejets. La découverte d une autre culture est source d enrichissement mutuel, de compréhension et de tolérance. Elle doit être à la base de la réflexion sur nos actions de coopération. Cette réflexion est vitale en période de fortes tensions, de crise économique et de stigmatisation de l autre. De par sa programmation, le festival a l ambition de contribuer à changer le regard sur l Afrique, regard trop souvent condescendant, trop souvent basé sur une image stéréotypée et erronée. La qualité de la programmation du festival est donc un point d honneur pour ses organisateurs. sensibiliser pour créer du lien social Cette sensibilisation à une autre culture se doit d être le plus vaste possible pour toucher tout type de public. Tout d abord les jeunes par le biais d ateliers d écriture, de pratiques artistiques, de rencontres avec des écrivains dans différents établissements scolaires, du lycée à la maternelle. Toute intervention est inscrite dans le projet pédagogique de la classe afin que ce moment ne soit pas anecdotique. Ensuite, le grand public touché, quant à lui, par des spectacles, des débats, des expositions, des rencontres avec des artistes dans différents lieux pour favoriser la découverte d un univers. Cette sensibilisation vise aussi à créer du lien social en liaison avec les centres sociaux, engager des débats, des actions, montrer que le Festival n est pas réservé à une élite. Cet engagement s appuie sur des échanges multiculturels et multi générationnels. Il crée du lien social entre les communautés et engendre une meilleure connaissance réciproque des différentes cultures. Parce que la coopération culturelle se doit aussi d être équitable, il nous semble essentiel d associer nos partenaires du Sud au festival. Bien évidemment en leur permettant de participer ici, mais aussi en développant le festival là-bas comme cela s est fait en 2010 au Burkina Faso et à Madagascar. Nous souhaitons pouvoir étendre ces actions à d autres pays partenaires. La dynamique mise en place entre les différents acteurs de ce festival permet Tours une pérennisation des relations, un développement et le renforcement de partenariats Nord-Sud. Depuis 2002, le festival a pris de l ampleur. Ampleur géographique, puisqu il est devenu une manifestation départementale, ampleur par la variété des publics concernés, par le nombre important de collectivités et de structures culturelles impliquées, et par le nombre de personnes touchées. Ainsi, pour l édition 2010, plus de 5 300 élèves et plus de 10 000 personnes tous publics ont participé au Festival en divers lieux du département d Indre-et-Loire. Plumes d Afrique est devenu un incontournable de l interculturalité, base de la solidarité internationale. Cette année, la sixième édition du Festival aura pour fil conducteur les Grandes Personnes de Boromo, grandes marionnettes venues du Burkina Faso, qui déambuleront ici et là dans le département. Pour découvrir l importante programmation de l édition 2012, vous pouvez consulter le site plumesdafrique37.fr sur lequel vous trouverez toutes les informations nécessaires. Marie-Claude Bolzon, présidente du réseau Afrique 37 Emily Louyot, coordinatrice du festival Plumes d Afrique 2012 02 47 34 99 47 / 09 61 59 32 73 coordination.plumes2012@centraider.org http://plumesdafrique37.fr On ne peut réduire la culture à l offre de pratiques et de services culturels dans les sociétés modernes, et en particulier dans le domaine des arts et des lettres. Dans son premier sens, le mot «culture» évoque une étendue de terre travaillée par l homme. À partir du XVI e siècle, le sens évolue pour désigner l action de cultiver. La philosophie des Lumières définit la «culture» en opposition à la nature, dans un sens proche de celui de «civilisation» Quelques références pour comprendre la notion de «culture» Article Centre d apprentissage interculturel Institut canadien du service extérieur «L Iceberg comme modèle de la culture» Le sociologue canadien Guy Rocher représente les différentes composantes de la culture comme un iceberg, la partie émergée correspondant à la «perception immédiate» (arts, cuisine, musique ) tandis que la partie immergée, beaucoup plus importante, renvoie à des aspects plus difficiles à appréhender (normes, valeurs, rapports au temps, à la nature, etc.) > www.international.gc.ca/cfsi-icse/ cil-cai/magazine/v02n01/doc3-fra.pdf s Denis Cuche, La Notion de culture dans les sciences sociales, Repères, La Découverte, 2001. Pour affiner la compréhension du terme «culture» à travers un rappel sur la construction historique de la notion et ses différentes acceptions dans les sciences sociales. Chaque référence est présentée en quelques lignes ou à travers une citation. La lecture des documents vous permettra d approfondir la question et de trouver d autres ressources bibliographiques. Afin de vous faciliter l accès aux documents, nous avons privilégié les ressources accessibles sur Internet. Anthologie Marie-Josée Beaud-Gambier, Joseph Ki-Zerbo, Anthologie des grands textes de l humanité sur les rapports entre l Homme et la nature, Compagnons du Soleil, 1992, 688 p. Des hymnes égyptiens au soleil et au Nil aux cosmogonies indiennes ou scandinaves, des mythes des Pygmées aux panthéons amérindiens, une anthologie ambitieuse, non exhaustive et ouvertement subjective. Un travail considérable a été fait pour rassembler ces textes par l historien et philosophe africain J. Ki-Zerbo qui présente et analyse ces textes fondateurs ou fondamentaux. Articles Jacques Demorgon, «Culture, une pluralité de sens» dans l article Un modèle global dynamique des cultures et de l interculturel (référence complète p. 15) «La culture se définit comme un ensemble de systèmes de significations propres à un groupe ou à un sous-groupe, ensemble de significations prépondérantes qui apparaissent comme valeurs et donnent naissance à des règles et à des normes que le groupe conserve et s efforce de transmettre et par lesquelles il se particularise, se différencie des groupes voisins». Les ressources proposées dans ce dossier documentaire, références scientifiques, institutionnelles ou pratiques, quelques-unes parmi beaucoup d autres, vous permettront d approfondir les termes de la thématique abordée, d entrevoir diverses interprétations possibles, de lire avec recul les témoignages concrets des acteurs de la coopération internationale en région Centre engagés activement dans le dialogue des cultures. Vidéo Conférence Sabine Rabourdin, Les sociétés traditionnelles, une autre approche culturelle de la nature, conférence donnée lors des rencontres européennes «Nature et Cultures». Au Ladakh, les animaux sauvages n ont pas peur à l approche des hommes. Les hommes vivent en symbiose avec la nature. C est par cette observation que Sabine Rabourdin illustre la rupture de l homme moderne avec la nature. A l aide de quelques images elle présente les visions que des peuples indigènes ont de la nature et la culture, et du rapport de l homme à la nature. > http://reseauecoleetnature.org/ fiche-ressource/les-soci-t-straditionnelles-au-secours-des-soci-t-smodernes-01-12-2010.html «La culture au sens sociologique est l ensemble des valeurs et des normes qui orientent les actions des individus» (A. Rahal Support pédagogique CNFPT «Agir en situation interculturelle : le Maghreb») De la culture à l interculturalité 5

penser l interaction des cultures La culture est un objet complexe et mouvant, en constante évolution. La cantonner à une définition revient à le réduire ou à le figer. Toute définition est nécessairement partielle, et partiale, dans le sens où celui qui la définit parle «depuis» sa propre culture. S intéresser à la culture exige donc de se pencher sur l interaction des cultures. Le cadre de la coopération internationale rend d autant plus évident cette nécessité de penser non «la culture», mais «les cultures» et de réfléchir à la manière dont celles-ci se rencontrent et interagissent. Article Michel Sauquet, «Vigilance et curiosité», Altermondes n 16, décembre 2008, p. 16-17 L auteur souligne la dimension multiple et mouvante de la culture : «La culture n est pas que couleurs, sons et saveurs, mais aussi et surtout modes de faire, modes de pensée. Mais ces modes de pensée-là sont en perpétuelle évolution. On ne peut plus considérer une culture en dehors de ses relations aves les autres cultures, de sa propre évolution, de son hybridation.» > http://altermondes.org/ spip.php?article452 émission radio Culturesmonde, sur France Culture du lundi au vendredi de 11h à 11 h 50. Qu elles soient sociales, sociétales, environnementales, ou économiques ; les problématiques contemporaines se forment et s appréhendent différemment selon les pays, les régions et les cultures du monde. L émission CulturesMonde tente de saisir les différences entre ces cultures qui s entrechoquent, se frictionnent, dans le grand maelström de la mondialisation Que pouvons-nous apprendre de cette diversité culturelle? Que disent les expériences étrangères? Et surtout, que nous révèlent-elles de l esprit des hommes et des peuples > www.franceculture.fr/ emission-culturesmonde Essai Amin Maalouf, Les Identités meurtrières, Grasset, 1998. Une réflexion sur l identité, l appartenance, mais aussi l échange, la réciprocité, l humanisme Tvetan Todorov, La Peur des barbares. Au-delà du choc des civilisations, Éditions Robert Laffont, 2008, 320 p. En réponse à la thèse de Samuel Huntington sur le «choc des civilisations» ( ) Todorov redéfinit les notions de culture, de «barbarie» par opposition à «civilisation». Il montre que l existence «d identités collectives» n empêche pas celle d une pluralité des cultures. Thierry Verhelst, Cultures entre elles : dynamique ou dynamite? Vivre en paix dans un monde de diversité, 1994, 354 p. Pour certains, la culture n est qu une affaire manipulée par les puissants pour mieux dominer. Pour d autres, elle est moteur du développement, dynamisme qui donne sens profond et direction à toute action humaine. Des dialogues entre hommes et femmes de tous horizons, qui reflètent l ambiguïté du concept de culture et procèdent d un souci commun : élucider les malentendus interculturels, faciliter la parole des exclus, retisser des liens. François Julien, De l universel, de l uniforme, du commun et du dialogue entre les cultures, Fayard, 2008. Y a-t-il des valeurs universelles? Où situer le commun entre les hommes? Comment concevoir le dialogue entre les cultures? L auteur invite à repenser le dialogue des cultures en termes non d identité et de différence, mais d écart et de fécondité ; d envisager ainsi ces cultures comme autant de ressources à explorer, mais que l uniformisation du monde aujourd hui menace L ouvrage présente notamment une réflexion sur les «droits de l homme», notion dont l universalité peut être mise en question. Article Sophie Bessis, «Solidarité internationale et cultures plurielles», Bulletin de la Maison du Tiers-monde et de la solidarité internationale et du Centre de documentation Tiers-monde de Montpellier, 2003. L auteur définit les notions de «culture» et de «cultures plurielles» pour mieux cerner ce que les associations de solidarité veulent défendre. Elle souligne les deux écueils à éviter : l «injonction mimétique», volonté des gens du Nord à vouloir que les autres deviennent comme eux ; et l «assignation identitaire», qui consiste à les enfermer dans une identité figée. Ces deux dérives empêchent de penser l autre dans sa diversité et dans son devenir. Il faut souligner la dimension évolutive de toute culture et le danger de la figer dans une «posture essentialiste». «Les peuples ne sont pas seulement le produit de leur culture, ils produisent de la culture, ils la font évoluer». La priorité est de défendre la diversité culturelle hors des logiques marchandes, sans les figer dans une authenticité ambigüe. À ce titre, elle défend l idée d «exception culturelle». La question est de faire émerger des valeurs universelles fondant une culture universelle. > www.rinoceros.org/article1093.html Rapport Agustí Nicolau-Coll, Propositions pour une diversité culturelle et interculturelle à l époque de la globalisation, Alliance 21, collection Les Cahiers de proposition pour le XXI e siècle, 2001, 46 p. Un véritable dialogue culturel ne peut exister qu à la condition de respecter tous les aspects de cette réalité humaine qu est la culture : valeurs fondamentales, culture économique, politique, scientifique, éducative, écologique et religieuse. L auteur présente les principaux positionnements face à la diversité culturelle du monde : Une seule culture dominante imposée, Un seul monde où coexistent différentes cultures (vision UNESCO), La reconnaissance de valeurs supraculturelles et l importance du dialogue entre les cultures, positionnement que l auteur adopte pour formuler des propositions pour un dialogue interculturel. > www.alliance21.org/fr/proposals/ finals/final_intercul_fr.rtf Association ADTTIL Tours Danse tchadienne traditionnelle en Indre-et-Loire Si dans le concept du «cogito ergo sum», je pense donc je suis, l individu se révèle à lui-même par le seul fait de son existence, de sa conscience et de son acte de penser, l Africain pense qu il n est ce qu il est que parce l autre est ce qu il est. Autrement dit, une personne est ce qu elle est à travers les autres et par les autres. Cette conception change le modèle d identification et de prise en charge de la conscience humaine. Le solipsisme fondateur de l individualisme philosophique est, ici, substitué par une reconnaissance de l altérité. L individu, en effet, vient au monde pour lui et par les autres. Il a besoin de la reconnaissance de l autre pour exister et vice versa. C est l altérité et sa reconnaissance qui sont ainsi autant fondées que le sont l existence de l être comme individu social au monde. La relation entre le moi et les autres est ainsi étendue à celle du moi avec les ascendants, les ancêtres. Cette vision du monde pourrait concourir à produire des institutions inclusives, solidaires et coopératives en recherche de consensus et du dialogue des cultures en particulier. développer la tradition culturelle africaine, sans négliger celle du pays d accueil ADTTIL Tours est pour la protection de l individualité, ses particularités, son historicité, sans nier celles des autres. D où son souci de développer la tradition culturelle africaine, sans nier ni négliger celle du pays d accueil. Il s agit de mettre en valeur la double reconnaissance du lien double entre l individu et son environnement d accueil. En s appropriant cette approche culturelle, ADTTIL Tours entend développer des instruments de coopération et du dialogue approprié à des problématiques de résorption des conflits, de représentations des minorités, de modernité et du mieux vivre ensemble. Ce qui est non négligeable dans le contexte actuel de nos sociétés de plus en plus mondialisées et interdépendantes, où la rencontre des différences culturelles est pratiquement inévitable ; et où les références identitaires se croisent facilement en permanence. Il est donc nécessaire de développer, à travers la culture, une capacité de tolérance, de respect, de rencontres et de dialogue. Certes, les différences de cultures peuvent provoquer des frictions, mais elles peuvent être aussi sources de richesse pour toute société qui les reconnaît, les accepte et les valorise. Car la culture peut servir de liant au respect mutuel, à la compassion, mais aussi à la connaissance de soi. C est la démarche de ADTTIL Tours qui, ailleurs ou ici, croit en une société qui respecte la diversité tout en précisant clairement sur quels principes et valeurs elle se fonde. Toutes nos actions et activités socioculturelles s inscrivent dans cette démarche. Contribution modeste mais sincère et citoyenne à l édification de la société qui nous accueille. se comprendre ou faire silence devant l autre Nous en appelons à toutes les bonnes volontés, des acteurs du milieu associatif, des partenaires sociaux, des institutions et professionnels œuvrant dans les domaines du social, de la culture, de la religion, de la migration, de l intégration, de la santé, de la politique, de l économie et de la coopération qui se reconnaissent dans ce credo à y participer. Aller à la rencontre de la diversité, se découvrir, se laisser voir dans la déchirure de l autre, s entrelacer, débattre, palabrer ensemble, comprendre, se comprendre ou faire silence devant l autre et prendre un temps pour soi, celui de vider son compost, etc. Telle est la démarche que propose ADTTIL à tous et à chacun dans et avec son bain originel, celui de la culture. À travers nos différentes manifestations culturelles, nous offrons plusieurs activités à tous les âges : expositions d objet d art, contes et légendes, musique et danses d ici et d ailleurs, rythmes et identités culturelles, conférences-débats ou ateliers de causeries africaines, le tout agrémentées de la soupe aux cailloux, et bien sûr de la gastronomie culturelle! L objectif premier est de célébrer la diversité et de promouvoir le dialogue comme outil de promotion du respect et de la compréhension mutuels pour la paix. Tant il est vrai que les rencontres interculturelles Costume traditionnel France influencent indéniablement, souvent positivement, le traitement de l altérité. Enfin, par cet engagement, ADTTIL espère envoyer ainsi un signal d apaisement et de dialogue après tant d années de débats péremptoires et de violences de toutes sortes qui tendent, en ces temps de crise, à saper les bases de notre démocratie. C est aussi l occasion pour nous de reconnaître et de réaffirmer haut et fort le caractère multiculturel de notre Cité qui, comme la Région Centre, a fait le choix du difficile chemin de la citoyenneté partagée, à savoir être une société ouverte au sein de laquelle des gens de différentes cultures peuvent cohabiter dans un climat d ouverture, de tolérance et de respect mutuel. Lucie Minguerom, présidente du Comité ADTTIL Tours 13, rue Delpérier, 37000 Tours 02 34 36 40 69 adttil@hotmail.fr http://adttil.over-blog.com www.adttil.sitew.com 6 7

L engagement individuel pour aller à la rencontre de l Autre Le «dialogue de cultures» prend des sens différents selon qu il relève d une démarche individuelle (aller à la rencontre de l Autre), d une démarche collective (des actions collectives menées dans le cadre d une stratégie correspondant à l engagement d un groupe d individus), ou d une stratégie supranationale. L UNESCO définit la culture comme : «l ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.» (UNESCO, Déclaration de Mexico, p. 21) «Le Sud n est pas un vide à remplir mais une plénitude à découvrir» (Thierry Verhelst, cité dans le magazine n GO n 4 septembre 2012) Dominique Desjeux, Le Sens de l autre : stratégies, réseaux et cultures en situation interculturelle, Paris : UNESCO, 1991. 169 p. L objectif de ce livre est de sensibiliser les acteurs engagés dans une démarche interculturelle à la dimension culturelle de leur action. Traitant la notion même de culture, l auteur remarque que, prendre en compte la dimension culturelle, c est «constater qu il n y a pas d universaux, et que les rationalités sont relatives». En choisissant une approche situationnelle et «compréhensive», il démontre qu il faut prendre en compte le sens que «l autre» (par exemple, le paysan africain observé par un technicien européen) donne à ses actions. Cette démonstration est faite à l aide d une multitude d études de cas tirés de projets dans le «tiers-monde» et de recherches anthropologiques. Extrait Carmel Camilleri, «Cultures et stratégies, ou les mille manières de s adapter», L Identité, sous la direction de J.C Ruano- Borbalan, édition Sciences Humaines, 1999, pp 57 à 62. Carmel Camilieri (professeur de psychologie interculturelle) dresse dans ce texte une typologie des stratégies d adaptation des individus au contact d une culture étrangère en distinguant celles qui évitent le conflit par une attitude conservatrice ou opportuniste, et celles qui s efforcent d articuler les cultures en présence par une attitude syncrétique ou synthétique (interculturel) > http://rnrsms.ac-creteil.fr/spip/img/ esf/interculturalite/documents/ cultures_strategies.doc Paul Rasse, La Rencontre des mondes. Diversité culturelle et communication, Armand Colin, 2006, 330 p. Cet ouvrage croise le regard anthropologique et les sciences de l information et de la communication afin de comprendre la dynamique des civilisations, le développement des rapports sociaux, familiaux et professionnels ou encore de la culture, en regard de l évolution des modes de communication. L auteur développe dans cet ouvrage un plaidoyer pour l altérité. S appuyant aussi bien sur les apports du siècle des Lumières que sur ceux des anthropologues, il résume toutes les raisons que nous avons de favoriser l acceptation de la différence. Structure ressource RITIMO Voir notamment le dossier «Diversité culturelle» > www.ritimo.org/ dossiers_thematiques/diversite_culturelle/ diversite_culturelle_intro.html Magazine en ligne Magazine n GO L ONG belge Echos Communication édite un journal mensuel, qui traite de l importance des comportements, des attitudes et des relations humaines dans la coopération au développement. Chaque mois, il met en valeur une personnalité, une thématique, un outil ou une méthode. Le numéro 4 de l automne 2012 présente un portrait de Thierry Verhelst, cofondateur du réseau Sud-Nord Cultures et Développement, qui insiste du la nécessité de mettre l accent sur la culture dans les échanges entre le Nord et le Sud. L abonnement est entièrement gratuit. > http://echoscommunication.org Portrait La rencontre interculturelle se passe en dehors de la «zone de confort», parce qu il faut sortir de son milieu d habitude pour comprendre les autres cultures. De mon expérience, émerger dans un pays étranger signifie sortir de sa zone de confort quotidiennement. Mes habitudes personnelles changent et je m adapte aux diverses pratiques locales (la manière de parler, de réagir, de saluer, etc.). Cependant, chaque jour je dois passer de ma zone de confort à la zone d apprentissage pour apprendre «des règles de jeu». Vivre à l étranger signifie aussi comparer les deux façons de vie : la mienne et l autre. Les différences sont un atout qui m apprend des différentes façons de savoir-être et de savoir-faire. Finalement, Vivre l expérience interculturelle, témoignage d une Lettone en France Evita Eglite est lettone. Elle vit depuis deux ans à Tours et poursuit actuellement des études universitaires en sciences sociales. Elle a bénéficié de différents programmes de mobilité, dont le Service Volontaire Européen (SVE) grâce auquel elle a pu effectuer un an de volontariat au sein de l association STAJ. Cette expérience à STAJ a été suivie par un engagement en Service Civique. nous pouvons tirer de chaque culture tout ce qui nous convient le mieux. Dans mon cas, je n ai pas eu de choc culturel, mais plutôt vécu des réactions qui me semblaient incompréhensibles. Pourtant, ces situations m ont rendue plus tolérante, et je suis dorénavant d autant plus capable d accepter sans jugement. Les théories et méthodes qui sont utilisées dans l apprentissage interculturel, je les ai vécues d abord par ma propre expérience, et ensuite je les ai étudiées dans différentes formations à l interculturel. Par cette expérience personnelle, je me suis rendu compte que le concept d interculturel ne se valorise que dans des situations réelles. Pour comprendre ce qu est l interculturel, et pour transmettre la notion au public, il est nécessaire d aller jusqu au bout se plonger dans une culture inconnue. «Vous, les gens de l Est» est la phrase à laquelle je suis le plus souvent confrontée à l étranger lorsque quelqu un apprend ma nationalité. Pour moi, citoyenne d un pays de 2 millions d habitants, cette question est très sensible, parce que notre identité ne ressemble pas à l identité d autres pays de la même région. Aujourd hui notre identité est reconnue au niveau institutionnel, mais le manque d information ne permet pas de changer la vision des personnes. Extrait d une conversation typique entre une personne française et moi La personne - Vous avez une langue propre dans votre pays? Moi - Oui! La personne - Ah bon? Comment s appelle votre langue? Moi - Le letton La personne - Je ne savais pas qu elle existait Elle ressemble à quelles autres langues? Moi - La seule langue vivante du même groupe est le lituanien La personne - Hmm Dis-moi quelque chose dans ta langue! Moi - (un petit monologue en letton) La personne - Hmm Oui, la prononciation me rappelle les autres langues de l Europe de l Est Moi - Ce n est pas possible parce que ce n est pas une langue slave ou germanique La personne - Mais quand même elle ressemble à la langue russe Moi - Est-ce que tu maîtrises le russe? La personne - Non mais vous êtes tous des Européens de l Est! Selon le Conseil de l Europe et la Commission européenne, l interculturel est caractérisé par des relations ouvertes d interaction de différentes cultures et groupes ethniques et religieux. Souvent, si je rencontre une personne qui ne connaît pas mon pays, mais qui est curieuse de le connaître, je prends mon temps pour expliquer que nous ne partageons pas la même religion, la même langue ni la même mentalité avec la plupart des pays de l Est. Malheureusement, mes explications ne changent pas la vision incorrecte sur mon pays. À mon avis, cela ne peut changer qu après une visite en Lettonie et des rencontres avec des gens locaux, mais pas après une conversation rapide. Pour comprendre une culture, nous avons besoin de la connaître. Le plus souvent nous sommes familiers avec les représentations générales (dans des médias, débats, etc.), mais qu y a-t-il au-delà de ces images? Les rencontres et les histoires de vie permettent le dialogue entre les cultures. C est un outil qui nous offre une meilleure compréhension d un groupe de personnes inconnues, la communauté ou l ethnicité. D être à l étranger m offre une vision différente sur ma propre culture. En apprenant à en connaître d autres, je comprends mieux la mienne. L interculturel n est pas seulement la rencontre d une autre culture, mais aussi l analyse de sa propre culture. > Evita Eglite evita.eglite@gmail.com 8 9

dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier 10 Quand les cultures dialoguent Préparer les plus jeunes à la rencontre interculturelle avec les CEMÉA Les CEMÉA (Centres d entraînement aux méthodes d éducation active) sont un mouvement de personnes engagées dans des pratiques autour des valeurs et des principes de l Éducation nouvelle et des méthodes d éducation active. Les CEMÉA offrent une diversité de stages ancrés dans les réalités quotidiennes de l éducation, de l animation, de la santé et de l action sociale. Ils interviennent dans les champs de la jeunesse, de l éducation formelle et non formelle, de la culture et de l international. Association d éducation populaire, complémentaire de l enseignement public, les CEMÉA sont reconnus d utilité publique depuis 1966. Les sessions d accompagnements de la mobilité individuelle Coménius Le programme européen Coménius, petit frère d Erasmus, s adresse aux jeunes collégiens et lycéens de 17 pays européens et leur permet de vivre une expérience de mobilité de 3 à 10 mois dans un pays européen, en étant accueillis dans une famille d accueil et scolarisés dans un établissement partenaire du leur. En France, ce programme est coordonné par l agence Europe-Education-Formation-France (2E2F). Chaque jeune qui participe à ce programme reçoit une préparation avant son départ et est convié à une session «accueil» à son arrivée dans le pays. En France, ces Association d éducation populaire, KuriOz sensibilise, éduque et forme à la solidarité internationale, la paix et le développement durable. KuriOz encourage ainsi un engagement citoyen et solidaire, pour une société plus équitable et respectueuse de la planète. KuriOz 6 bis rue Albin Haller, 86000 Poitiers 05 49 41 49 11 www.kurioz.org www.comprendrepouragir.org sessions de préparation au départ des jeunes Français et d «accueil» à l arrivée des jeunes étrangers sont mises en œuvre par les CEMEA. Ces sessions sont des espaces d expression, d échange et de rencontre, où les jeunes peuvent exprimer leurs attentes, leurs craintes, où ils clarifient leur projet personnel, identifient le rôle des personnes qui les entourent, et abordent la notion de rencontre interculturelle. Les adultes référents des établissements d accueil et d envoi de ces jeunes reçoivent une formation en parallèle : ils réfléchissent à leur rôle d accompagnateur de cette mobilité. L enjeu est bien d identifier les conditions éducatives d une mobilité réussie, c est-à-dire qui soit émancipatrice pour le jeune. Depuis 2010, ce sont environ 200 jeunes Français et autant de jeunes Européens ainsi qu une centaine d adultes référents qui ont pu bénéficier de ces sessions en région, encadrées par les CEMèA Centre. > Source : «Formation Coménius», Vers l Education Nouvelle n 547, juillet 2012 Vous trouverez des articles sur la thématique de l interculturel et de la formation des jeunes sur le site des CEMÉA du Centre, dans le champ d intervention Europe et International. > Delphine Léger, chargée de mission du secteur école et responsable du pôle Europe et International, Ceméa Centre, 06 84 97 02 42 delphine.leger@cemeacentre.fr www.cemeacentre.org Éducation au développement et préparation à la rencontre interculturelle, des problématiques communes L interdépendance etle dialogue des cultures est au cœur de plusieurs activités : La formation au départ de groupes de jeunes KuriOz propose des stages de préparation au voyage interculturel. Deux jours en amont et une demi-journée au retour permettent notamment aux jeunes, au travers de mises en situation, de réfléchir au monde qui les entoure et de se préparer à la rencontre interculturelle. Les formations de bénévoles associatifs La formation «On part faire de l humanitaire?» vise en particulier à questionner le mythe de l humanitaire, à saisir les multiples facettes, enjeux et acteurs de la solidarité internationale. Comprendre pour Agir Ce site Internet propose un large choix de supports éducatifs, issus de l expérience d une dizaine d associations nationales et nourris de témoignages de partenaires du Sud. L interculturalité en est l un des thèmes centraux. L engagement des jeunes «Le volontariat est perçu comme une aventure utile à plusieurs titres : utile pour les autres que l on se propose d aider, utile pour soi en tant que citoyen prenant une part active dans la société. Il comble également un vide en donnant un sens à sa vie. Mais en définitive, qu en est-il de cette rencontre tant recherchée avec l autre?» Yala Amina Yala Amina, Volontaire en ONG, l aventure ambiguë, éditions Charles Léopold Mayer, 2005, 238 p. En s appuyant sur les témoignages de volontaires, l auteur analyse ce qu une telle démarche révèle des attentes et des images que nous projetons sur les pays que nous prétendons aider. Entre quête de l autre et quête de soi, le volontariat en ONG exprime ici toutes ses ambiguïtés et ses richesses. > http://docs.eclm.fr/pdf_livre/305.pdf Guide pratique Agir dans un contexte interculturel, co-édité par Étudiants et Développement, Animafac et Radio Campus France. Ce guide se veut un outil d aide à l engagement étudiant, pour les étudiants qui souhaitent monter un projet dans un contexte multiculturel, en France, en Europe ou dans le monde. Un condensé d expériences décliné en cinq fiches pratiques, pour vous aider à identifier votre partenaire, préparer votre rencontre ou encore faire financer votre projet. Comment prendre en compte au mieux les différences culturelles et en faire un atout pour que projet interculturel rime avec enrichissement personnel. > www.etudiantsetdeveloppement.org/ sites/default/files/guide_agir%20 dans%20un%20contexte%20 interculturel_bdef.pdf Article Matthieu Bohy, Sabine Gerin et Nathalie Guégnard, «Formation à l interculturel - Objectifs et enjeux», revue pédagogique Vers l Éducation nouvelle n 541. > www.cemeacentre.org ( «Europe et international») Guide pratique Conseil de l Europe et Commission européenne, T-Kit n 4 - L apprentissage interculturel, Strasbourg, 2001. Coréalisé par des formateurs de jeunesse, des responsables d ONG de jeunesse et des auteurs professionnels, ce guide propose des outils théoriques et pratiques pour travailler avec des jeunes ou les former à l interculturel. Cette publication présente le contexte et l importance de l apprentissage interculturel, des synthèses de quelques-unes des théories utiles à la compréhension des bases de l apprentissage interculturel, des conseils pour élaborer des méthodologies interculturelles, une sélection de diverses méthodes, des modèles d ateliers thématiques, des suggestions pour poursuivre le travail > http://youth-partnership-eu.coe. int/youth-partnership/documents/ Publications/T_kits/4/ French/tkit4_fr.pdf Fiche pratique Alain NOEL, La démarche interculturelle dans le champ de l éducation interulturelle, CEMEA, 2006, 5 p. > www.cemeacentre.org ( «Europe et international») Centre de formation L association Le Partenariat a développé un centre de formation et d éducation au développement et à la citoyenneté internationale, le Centre Gaïa. Il propose des ateliers d immersion pour les jeunes de 8 à 12 ans dans des décors reconstitués sur un espace de 600 m 2. Il met en place des passerelles avec l éducation au développement durable. L association crée un centre similaire à Saint Louis du Sénégal, en lien avec son partenaire local. > www.lepartenariat.org/ centre-gaia.html Pour partir Site Internet L espace «Agir» du site Ritimo : dédié à toutes les personnes qui souhaitent agir. Il les engage à réfléchir à leurs motivations et donne des pistes d action. Vous y trouverez aussi les adresses du centre Ritimo situé le plus près de chez vous. > www.ritimo.org Site Internet La page «Comment partir? Avec qui?» du Clong-Volontariat donne toute les informations importantes sur le volontariat de solidarité internationale > www.clong-volontariat.org Site Internet La page «Volontaire, pourquoi pas vous?» du site Internet de France Volontaires dirige vers les différents dispositifs de Volontariats internationaux d échange et de solidarité. > www.france-volontaires.org Centres d information Les centres d information jeunesse vous donneront des pistes pour faire du bénévolat ou du volontariat en Europe. > www.informationjeunesse-centre.fr Organisation internationale Youth For Understanding : présente dans plus de 50 pays, Youth For Understanding est une organisation internationale d échanges interculturels. Au-delà de simples séjours linguistiques, elle vise à mieux préparer la jeunesse aux responsabilités et aux opportunités d un monde interdépendant en constante évolution. YFU FRANCE - 18 place de la Résistance, 37000 Tours - 02 47 70 26 10 > www.yfu-france.org 11

dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier 12 Quand les cultures dialoguent Association La Saharienne Le tourisme solidaire, vecteur d échanges culturels Chacun d entre nous a une personnalité formée à partir d éléments personnels et culturels (langue, histoire, religion ). La rencontre avec l autre, dépositaire lui aussi d éléments différents, provoque un choc. C est ainsi que chacun se construit grâce au contact avec l autre en lui apportant sa façon de penser et d agir. Il est évident que les échanges culturels ne produisent pas toujours les mêmes effets mais c est à partir de ces contacts que des personnes différentes s enrichissent mutuellement. En ce qui me concerne, d origine Toubou (peuple nomade saharien), je pense avoir apporté ma culture, mon histoire, tout en m intégrant dans la société française. J ai engagé avec mes amis depuis plus de dix ans une action de solidarité visant à créer et développer une dynamique sur au moins deux axes : l un, la solidarité avec les Toubous, l autre mon implication dans la vie locale en développant des actions citoyennes permettant des échanges. Concrètement, le premier axe s est traduit par la création de l association de solidarité internationale Toubous du Sahara, dont l objectif principal est la scolarisation des enfants nomades au Niger et au Tchad, le forage de puits et la découverte en France de la culture des nomades. Les réalisations sont : création de trois écoles nomades au Niger, prise en charge des enfants nomades au collège et des lycéens, mise en place de l alphabétisation des adultes et participation à la construction d un puits cimenté. Les sources de financement sont variées, l association est soutenue par la Région Centre, le CMCAS d EDF, la Ville de Jouélès-Tours, les parrainages, les dons et les manifestations diverses (ventes d artisanat, repas, etc.) Issouf Elli Moussami, président de Toubous du Sahara et de La Saharienne lasaharienne@aliceadsl.fr www.tourisme-equitable.asso.fr Tente nomade traditionnelle installée par les femmes à l occasion du festival La création de La Saharienne (association loi 1901), association visant à développer le projet de tourisme équitable et solidaire, s inscrit dans la continuité des actions de développement de l association Toubous du Sahara. Elle accompagne les populations locales à s investir dans un projet d accueil touristique qui soit le reflet de leur culture, de leur mode de vie et de leurs aspirations au développement. À l origine, la proposition de La Saharienne de créer un festival des cultures sahariennes au cœur de l Ennedi, haut lieu touristique, a été acceptée par l Office du tourisme tchadien (OTT) et les ministères tchadiens du Tourisme et de la Culture. Sa mise en place a permis d offrir aux nomades une occasion de se rencontrer, et aux touristes européens de découvrir leur culture. Notre objectif était de répondre aux préoccupations des acteurs locaux au sujet de la valorisation du capital touristique et culturel du nord-tchad, dans une perspective de progrès économique. C est ainsi que nous avons créé un comité qui a travaillé sur le projet et son développement, en apportant un appui technique tout en réduisant les impacts environnementaux négatifs. L étude de faisabilité réalisée au cours de plusieurs missions sur le terrain a permis de prendre conscience du pro- Tchad La réalisation, en février 2012, de notre projet de «Festival des cultures Sahariennes au Tchad» est pour nous l illustration la plus parfaite d un projet interculturel permettant d offrir aux nomades une occasion de se rencontrer, et aux touristes européens de découvrir la culture des nomades. Les objectifs du festival sont clairs : valoriser cultures et patrimoines sahariens, promouvoir le tourisme responsable, et favoriser la création d activités économiques. Soutien d une association de solidarité internationale à la création d un festival des cultures sahariennes au Tchad jet, de rencontrer les acteurs locaux, et de s assurer que sa mise en œuvre était pertinente. L organisation du festival Selon un programme conçu par l équipe de la Saharienne, les groupements de femmes nomades ont construit le village des artisans, le village d accueil, celui d hébergement des touristes et des invités. Au total, plus de 300 tentes nomades équipées de mobilier traditionnel, de sanitaires écologiques, alimentées en électricité ont été mises en place. Les autorités locales se sont impliquées pour sensibiliser, informer et faciliter la venue sur site des nomades, ainsi que leur prise en charge. Les différentes sous-commissions (hébergement, accueil, logistique, sécurité, restauration) ont travaillé selon des directives bien précises pour que le festival soit une réussite. L impact de cette démarche est considérable, non seulement en termes économiques mais également comme facteur d ouverture vers l extérieur. Il s agira de mettre en place de nouvelles formes de coopération pouvant créer des activités génératrices de revenus et la découverte de la culture de l autre. Trois missions ont permis d épauler nos partenaires sur place et d attirer Point Afrique au Tchad. Point Afrique est une coopérative de voyageurs créée en 1996 autour de Maurice Freund, ancien fondateur du Point-Mulhouse, entreprise qui est à l origine de la création du «vol charter» en France. Ainsi, du 21 au 29 février 2012, plus de 200 Européens ont assisté à cet événement, les médias internationaux et locaux étaient présents (Rue 89, Africa 24, TV5, France 2, RFI, etc.), ainsi qu une trentaine de tours opérateurs. L organisation de ce festival a permis de jeter le pont entre la France et le Sahara au travers de l organisation de circuits touristiques et de manifestations culturelles. Exposition à Joué-lès-Tours La programmation Elle a été mise en place en lien avec le délégué du ministère de la Culture. Pendant trois jours se sont succédé : manifestations artistiques inédites (chants, danses, jeux agaras, etc.), courses de chameaux, avec attribution de prix par des jurys constitués de personnalités locales et étrangères, concours (le plus bel animal, harnachement, costume, etc.), conférences animées par des chercheurs et des personnalités venus de France. La culture étant le premier facteur d attractivité d un pays, l édition annuelle d un festival des cultures sahariennes, servira de vecteur de rencontre entre nomades et touristes. Dans le cadre du programme «tourisme et culture» de La Saharienne, l objectif est de travailler avec d autres partenaires afin d assurer la desserte aérienne et de mettre en place une stratégie de conquête sur les marchés européens. Le tourisme équitable, une forme d engagement? Comment passer d une simple expérience de voyage et de dépaysement, à une véritable rencontre interculturelle? La première rencontre avec une autre culture se fait le plus souvent à travers le voyage, mais pas n importe quel voyage. Le tourisme équitable et solidaire se démarque du tourisme traditionnel parce qu il prépare justement à la rencontre de l autre, à la confrontation à une culture différente. Association / site ressource L ATES (Association pour le tourisme équitable et solidaire) est le 1 er réseau national du tourisme équitable et solidaire. Il regroupe des voyagistes sélectionnés sur la base d une grille de critères éthiques rigoureux, qui travaillent dans une même démarche : mettre en place une activité touristique qui aide au développement local des régions d accueil, dans le cadre d un partenariat étroit avec les communautés locales et leurs représentants. Rassemblant aujourd hui 35 membres engagés autour d une charte commune, l ATES constitue le premier réseau national du tourisme équitable et solidaire. Pour les associations membres de l ATES, qui proposent des voyages équitables et solidaires, la question de la rencontre interculturelle est centrale. La préparation au voyage est une étape obligatoire, traitée avec des méthodes différentes selon les voyagistes. Article > www.tourismesolidaire.org Bernard Schéou, «La Problématique de l interculturalité dans la construction d une offre de tourisme équitable : plaidoyer pour une voie métisse», Destinations et territoires - volume 2 : Tourisme sans limites, sous la direction de Jean-Pierre Lemasson et Philippe Violier > www.tourismesolidaire.org/images/ documents/interculturalite_et_tourisme_equitable_version_actes.pdf Guide pratique Vacances, j oublie tout? Guide Ritimo, 52 p. Revue «Le Tourisme en quête de sens», Altermondes Hors-série n 7, printemps 2009. Lire en particulier l article de Myriam Merlant «Partir préparé, revenir solidaire» p. 43-44. Guide pratique Partir pour être solidaire, Guide Ritimo, 2007, 112 p. Un guide pratique qui propose de nombreuses adresses, contacts et ressources pour s engager dans un projet de solidarité. CD-ROM TRES (Tourisme responsable et solidaire), produit par le CADR (Collectif d Associations de Développement en Rhône- Alpes) et le réseau DéPart. Une excellente boîte à outils pour informer, sensibiliser, former, agir dans le domaine du tourisme responsable. En particulier, la partie I recèle des jeux et d activités de sensibilisation au tourisme responsable, tout à fait adaptés à la formation des voyageurs. La partie II, plus théorique, regroupe des données et informations sur les enjeux du tourisme. Disponible auprès de l ATES. > www.cadr.fr/outil_detail.php?id=2 Fiche pratique La Charte éthique du voyageur d ATR (plate -forme Agir pour un tourisme responsable). Elle regroupe l ensemble des recommandations et informations à fournir aux voyageurs. > www.tourisme-solidaire.org/ressource/pdf/g2%20charte%20ethique.pdf 13

dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier 14 Quand les cultures dialoguent Association CALIPAS International Art et solidarité avec la Colombie Colombie L organisation de solidarité internationale CALIPAS International a pour vocation d apporter soutien au peuple colombien, victime d un conflit armé interne de plus de 60 ans d existence, meurtrier et psychologiquement catastrophique. Nous souhaitions montrer qu il existe un autre pays, magnifique et prospère, loin de l image qui lui colle à la peau, faisant seule référence à la guérilla, aux enlèvements et à la drogue. Les 3 «S» Pour cela, nous avons mis en place trois axes d actions : La sensibilisation Faire découvrir à nos concitoyens les multiples richesses colombiennes et ce peuple si accueillant et digne, en corrigeant les inexactitudes trop souvent véhiculées. Les séjours Proposer des voyages équitables et solidaires venant compléter en partie notre travail de découverte de «l autre Colombie». En effet, rien ne peut remplacer une immersion dans le pays, à la rencontre des hommes et des femmes qui le composent, à travers ses richesses, son histoire et ses attentes. Le soutien S impliquer en Colombie auprès des populations fragilisées par le conflit, qui pour certaines cherchent à survivre, pour d autre à se reconstruire. évoquer les richesses culturelles pour retenir l attention Pour parfaire cette présentation, il nous faut tout de même revenir au cœur du problème colombien : la possession de la terre, enjeu de toutes les violences et d atteinte aux droits de l homme qui en découlent inévitablement. Pour une Exposition de poteries du Cher et de Colombie association, œuvrer dans ce contexte est loin d être facile. Pour notre part, nous avons choisi de susciter de l intérêt pour ce pays, en réalisant des actions ayant pour objectif la concrétisation de projets sur le terrain et en restant indépendant vis-à-vis du pouvoir en place, ce qui ne peut interdire d entretenir des relations avec celui-ci. Après avoir longuement réfléchi à la meilleure manière de s investir et connaissant l intérêt qu une large partie de nos concitoyens porte au monde de la culture, dont celui des arts et des lettres, nous avons décidé de retenir cet axe d intervention pour arriver à nos fins. La Colombie possède un nombre inimaginable de richesses culturelles et d hommes célèbres, qu il nous était assez facile d évoquer pour retenir l attention. Un grand nombre de manifestations ont ainsi été mises en place par notre fédération. Elles ont séduit le public. Mais au-delà, un certain nombre de rencontres fortuites ont accéléré le processus. À Bourges, siège de CALIPAS International, se trouve l École nationale supérieure d art dans laquelle, depuis plusieurs années, de jeunes artistes plasticiens colombiens viennent poursuivre leurs études. Tout naturellement, une certaine complicité s est instaurée entre eux, notre fédération et ses adhérents. Certains sont même devenus au fil du temps des parents «adoptifs», chez qui ces jeunes aiment venir se retrouver, se ressourcer. Associer des artistes français et colombiens À partir de cette situation, la mise en place de manifestations interculturelles coulait de source. Nous devions les aider à se faire connaître, donc y associer des artistes locaux et nationaux afin qu il y ait un échange de savoirs, mais aussi qu ils puissent parler de leur pays. Ce fut le cas par exemple lors d expositions où furent associés peintres locaux et Colombiens venus des quatre coins de France, mais aussi peintres Colombiens, berruyers et potiers du Cher. Bien d autres exemples pourraient être cités. Si ce n est la dernière manifestation qui vient d avoir lieu dans le Cher, au Prieuré d Allichamps. Elle a permis de réunir en un seul lieu 2 jeunes artistes plasticiens Colombiens et le père de l un d entre eux venu pendant un mois de Colombie pour voir son fils et, de ce fait, exposer ses œuvres pour la première fois en France. L exposition fut aussi l occasion, lors des journées du patrimoine, d une conférence animée par CALIPAS International où bien entendu les Colombiens présents ont pu transmettre au public les messages qu ils souhaitaient faire passer et répondre aux nombreuses questions. Cet aspect n est pas le seul mis en place par notre Fédération et l on ne peut terminer cet article sans évoquer la création en 2011 des Rencontres du film Colombien du Cher (du 26 novembre au 3 décembre 2012), où obligatoirement, à l issue de chaque séance, un échange a lieu avec la salle. Devant le succès qu elles ont remporté, elles ont été reconduites cette année. Oui, pour nous, coopération internationale est indissociable de dialogue des cultures! Jean-Claude Bourguignon, président de CALIPAS International www.calipas.org 06 12 42 80 88 colombiejcb@calipas.org La coopération internationale, un engagement collectif Pratiquer l interculturel pour donner sens et durabilité aux actions de coopération Le terme «interculturel» souligne l existence d une dimension interactive, qui dépasse la simple coexistence de plusieurs cultures («multiculturalisme») pour évoquer un dialogue constructif, l émergence de nouvelles formes culturelles à travers le dialogue. Guide pratique Un visa pour le voyage du CCFD-Terre Solidaire Ce guide propose un ensemble d activités visant à préparer des jeunes à vivre un projet de solidarité internationale dans un pays du Sud ou de l Est. Différents aspects sont abordés : la préparation au départ mais aussi celle du retour, et surtout la dimension concernant l éducation au développement d un tel projet. Chacun des 6 chapitres comprend des apports sur le fond, des outils d animation ou des fiches pédagogiques, des propositions de réflexion sur la dimension spirituelle et une bibliographie. > www.ccfd.asso.fr/ewb_pages/ o/outil_535.php Organisme de recherche Chaire UNESCO «Culture, Tourisme, Développement» de l Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne L Université Paris 1 a créé en 1998, en coopération avec l UNESCO et en étroite collaboration avec son Institut de Recherche et d Etudes Supérieures du Tourisme, une Chaire UNESCO dont l objectif est de promouvoir un système complet d activités de recherche, de formation, d information et de documentation pouvant contribuer à la formulation de stratégies de tourisme culturel, pour le développement durable, en assurant la conservation à long terme des sites, la participation des populations locales aux projets ainsi qu aux bénéfices du tourisme, tout en facilitant le dialogue entre les cultures. > www.univ-paris1.fr/ufr/irest/ chaire-unesco/ Revue / dossier «L Impossible Dialogue des cultures», Altermondes n 16, décembre 2008. / chapitre Jacques Demorgon, «Un modèle global dynamique des cultures et de l interculturel», Guide de l interculturel en formation, édition Retz, 1999, pp. 81-87. L auteur (professeur de philosophie et maître de conférences en psychologie sociale) met l accent sur les nuances et les différences qu il convient de poser entre «culturel, transculturel, multiculturel et interculturel». Le terme «interculturel» souligne une dimension interactive et dynamique et ne doit pas être confondu avec le «multiculturel» qui «signale simplement que des cultures différentes sont co-présentes dans un même ensemble humain». Chapitre téléchargeable sur > http://rnrsms.ac-creteil.fr/spip/ IMG/esf/interculturalite/documents/ guide5_partie1.doc Michel Sauquet, L Intelligence de l autre Prendre en compte les différences culturelles dans un monde à gérer en commun, éditions Charles Léopold Mayer, 2007, 330 p. À ceux qui sont amenés à travailler ou à vivre dans des cultures qui ne sont pas les leurs, ce livre apporte une réflexion sur la différence, les malentendus culturels, l enjeu de l identification de terrains d entente. Il propose à ces professionnels un réflexe de questionnement de la culture de l autre : a-t-il la même conception du temps, de l action, des méthodes de travail? Quels sont, dans la société, le poids et l influence du facteur religieux? Comment y gère-t-on le rapport entre tradition et modernité? Parlons-nous le même langage? Un mot est-il traduit une fois qu il est traduit? Toute communication n est-elle que verbale? Téléchargeable sur > http://docs.eclm.fr/pdf_ livre/325lintelligencedelautre.pdf Article Marion Harroff-Tavel, La Diversité culturelle et ses défis pour l acteur humanitaire, Cultures & Conflits, n 60, hiver 2005 ; pp. 63-102. L auteur décrit les défis que représente la diversité culturelle pour l action humanitaire, sur la base de l expérience du Comité international de la Croix-Rouge. Dictionnaire > http://conflits.revues.org/ index1919.html Gilles Ferréol et Guy Jucquois (dir.), Dictionnaire de l altérité et des relations interculturelles, Armand Colin, 2004, 354 p. Près de deux cents entrées visant à fournir des éclairages ou des points de repère, à la fois factuels et analytiques, sur les principaux débats relatifs à l altérité et aux relations interculturelles. Edith Sizoo, Ce que les mots ne disent pas - Quelques pistes pour réduire les malentendus interculturels : la singulière expérience des traductions de la plate-forme de l Alliance pour un monde responsable et solidaire, éditions Charles Léopold Mayer, 2000, 106 p. Chaque langue est le produit d une vision du monde, et des notions clés comme celles de solidarité ou de développement, évidentes pour des Occidentaux, le sont moins dans d autres contextes culturels. Ce dossier s appuie sur un cas spécifique de traduction et montre ce qu un travail sur les mots et les sous-entendus peut révéler des présupposés présents dans nombre de textes dits «internationaux». Une réflexion utile à tous. > http://docs.eclm.fr/pdf_livre/33.pdf 15

Les références proposées ci-dessous sont des pistes pour vous aider à penser l interculturalité, mais aussi pour développer vos «compétences interculturelles» (à travers la formation ou l auto-formation). Guide pratique Compétence interculturelle dans la coopération internationale, Centre d information, de conseil et de formation pour les professions de la coopération internationale (Cinfo), 20 p. À partir d exemples concrets de difficultés interculturelles vécues par des acteurs de la coopération internationale, ce document montre la nécessité pour ces derniers d acquérir des «compétences interculturelles» pour effectuer un travail durable dans le domaine de la coopération internationale. > www.unite-ch.org/12archiv/ archiv06_training/competenceinterculturelle.pdf > www.cinfo.ch Fiche pratique Michel Sauquet, 62 questions pour aborder l interculturel : grille d identification des variables socio-culturelles susceptibles d expliquer les manières d être et d agir de l autre. Document d appui utilisé dans des cours ou des formations, cette grille propose un ensemble de questions à se poser pour résoudre les difficultés, les incompréhensions, les malentendus liés à l échange interculturel. > http://docs.eclm.fr/pdf_annexe/ IntelligenceDeLAutreNouvelleGrille ObservationJuillet2011.pdf Organisme de formation L association tourangelle Recherche et Formation propose des formations à l interculturel, notamment pour la préparation à la rencontre avec l étranger. 02 47 44 55 29 > www.retf.fr Se former à l interculturel L interculturalité, la compréhension des mécanismes en œuvre dans la rencontre interculturelle, sont des étapes obligées vers la réussite durable des actions de coopération internationale. L interculturalité est un outil nécessaire pour la pérennité des projets : de la solidité du partenariat noué avec les acteurs dépend la réussite des projets, la transformation d une rencontre interpersonnelle en projet collectif, la traduction de valeurs portées par des individus en programmes de développement. Emmanuel Jovelin (dir.), Le Travail social face à l interculturalité, L Harmattan, collection Le travail du social, 2006, pp. 17 à 30 Emmanuel Jovelin démontre l importance de réaliser une véritable prise de conscience de «l ethnocentrisme intrinsèque de son propre regard sur l autre en reconnaissant l étranger comme semblable et comme différent». Cette capacité à la décentration de soi constitue un préalable à l instauration d un pouvoir de communication interculturelle. Ce document s adresse aux travailleurs sociaux, mais les acteurs de la coopération internationale y trouveront aussi des pistes de réflexion et d action. Claude Clanet, L Interculturel : introduction aux approches interculturelles en éducation et en sciences humaines, Toulouse, PUM, 1990. Recueil d expériences CDTM (Centre de documentation Tiers- Monde), Se former à l interculturel - Expériences et propositions, Éditions-Diffusion Charles Léopold Mayer, 2000, 148 p. Ce dossier se fait l écho des pratiques de formation pour un apprentissage de l interculturel : formation des volontaires pour les interventions humanitaires, expériences dans les quartiers en difficulté, pédagogie pour le dialogue interreligieux au sein de l école Des cas de figure très variés montrant les acquis, les difficultés et les potentialités de ces formations : une urgence absolue dans les situations de conflit, une nécessité constante dans les sociétés européennes. > http://docs.eclm.fr/pdf_livre/271.pdf Guide Pratique Pierre Willaume, Comment les voyages forment la jeunesse, RETF Edition, 101 p. Construit sous forme de guide pratique, ce livre évoque le processus d apprentissage, de formation, inhérent à la rencontre interculturelle. Il donne des clés pour comprendre les processus en œuvre dans la rencontre interculturelle, et les pistes pour développer ses compétences interculturelles, savoir s ouvrir et travailler avec l Autre. Internet Le blog de Marc Bulteau Dans un monde de plus en plus marqué par la pluriculturalité et les relations internationales, une offre de conseils, accompagnement, développement, formation dans le cadre de démarches et projets interculturels, que ce soit en France ou en lien avec des partenaires à l étranger. > www.interculturel-et-solidaire. over-blog.fr Conférence (à venir) Dans le cadre du Festival des Langues 2012 Linguafest, Pierre Willaume donnera une conférence (suivie d un débat) intitulée «Comment les langues maternelles influencent-elles votre façon de penser?» Samedi 24 novembre, 16 h Salle 121 du Centre des Halles, place Gaston Paillhou à Tours Entrée libre Association Graines d Espérance & La Compagnie du Sens Commun En 2009 deux voyageuses en tourisme solidaire, Marie Peschard et Martine Mace se rencontrent au Bénin. La première est enseignante, la seconde, psychologue et conteuse. Leur envie commune d aider les villages dans un même objectif de développement durable les réunit : l association Graines d Espérance Bénin est née. Elle a pour objectif de scolariser tous les enfants dans 3 villages, de créer et développer des lieux et des manifestations culturels, mais aussi de soutenir activement le patrimoine culturel par la transmission orale et le travail sur les contes traditionnels. En parallèle Martine Mace, tout en participant aux actions de l association, se tourne plus activement vers les contes, se rapproche de la Compagnie du Sens Commun et initie son installation au Bénin avec la caravane des enfants conteurs. Mon conte roule, roule et roule La Compagnie du Sens Commun est une association à but non lucratif qui opère dans divers pays dont le Bénin. Ces objectifs sont de mettre en valeur les traditions des pays, le conte en particulier. Le projet de s installer au Bénin est né en mars 2010 dans le village de Bohicon. Les sages du village, interrogés par les initiateurs du projet, ont exprimé leur crainte de voir les contes de leurs ancêtres mourir avec eux. Leur patrimoine culturel oral est sur le point de disparaître, eclipsé par les technologies modernes ; pour eux il existe une véritable urgence : Comment imaginer un vecteur entre l ancienne et la nouvelle génération? Comment mettre en place une transmission de cette tradition? Le projet Mon conte roule, roule et roule vise à garder vivant le patrimoine oral et à le transmettre de village en village, de région en région, de pays en pays et surtout de génération en génération. Le volet éducatif est central dans ce projet, soutenu par l aspect ludique du jeu de scène des conteurs. Les objectifs du projet Utiliser le conte comme outil éducatif, thérapeutique et culturel, Offrir à l enfant un cadre de dialogue, de prise de parole, d ouverture et d épanouissement. Faire former des enfants par des conteurs professionnels grâce aux contes de leurs villages et de leurs ancêtres, Recueillir des contes dans les villages et les regrouper en recueils, Organiser des campagnes de valorisation à travers les spectacles et la diffusion des recueils de contes dans les écoles et autres lieux, Participer à des spectacles ou festivals nationaux et internationaux, Susciter chez l être l intérêt à s approprier ses valeurs culturelles, Contribuer à la sauvegarde et à la promotion des arts du Bénin, Renforcer les liens intergénérationnels en créant des journées de partage autour des valeurs culturelles et traditionnelles. Quelles sont les actions? Depuis mars 2010, les initiateurs du projet ont mis au point une collecte de contes dans deux villages : Gnidjazoun (Bohicon) et Avlékété (Ouidah). En attendant de les éditer, l équipe initiatrice, aidée par le partenariat actif de l école du patrimoine africain (EPA) et la Forêt des contes en Vocance, a décidé de se diriger vers les enfants et donc vers les écoles. Aidés par les inspecteurs d académie et par les instituteurs, des enfants ont été sélectionnés et ont formé des «caravanes d enfants conteurs». À ce jour, il en existe trois : Porto-Novo, Ouidah et Bohicon. Les enfants de ces caravanes reçoivent une formation (3 heures par semaine) donnée par des conteurs professionnels. Bénin Culture et traditions orales La Caravane des enfants conteurs du Bénin : un exemple d éducation à travers la culture Après la première session 2010-2011, 42 enfants ont été formés et ont démontré leurs acquis lors de diverses représentations au Bénin et en France. L équipe est attentive aux problèmes individuels de certains enfants et, si nécessaire, finance leurs fournitures scolaires, leur scolarité et même certains traitements médicaux. Les résultats scolaires de tous les enfants des caravanes sont suivis et étudiés ; si la moyenne baisse trop, un répétiteur est engagé afin d aider l enfant à relever le niveau. Ainsi, après deux ans de formation, tous les enfants sont passés en classe supérieure avec des moyennes entre 13 et 18 sur 20. Aujourd hui et demain? Aujourd hui, renforcer les acquis afin de pouvoir continuer dans la même dynamique. Ne jamais s écarter de l objectif premier qui est la sauvegarde du patrimoine culturel. Toute l équipe espère créer d autres caravanes et apporter sa contribution dans tout autre pays qui souhaiterait vivre cette expérience. Les enfants conteurs seront présents en France en juillet 2013, à Vendôme. Il s agit là surtout d une rencontre et d un partage entre deux associations attachées au conte, à Beaugency où un échange culturel se dessine à l horizon entre Beaugency et Bohicon au Bénin. Cette soirée avec les enfants conteurs initiera le lien culturel entre les deux villes et, en démontrant la réussite de l échange intergénérationnel, ouvrira le dialogue culturel que l association Graines d Espérance se chargera de développer. Marie Peschard, présidente de Graines d Espérance Bénin 25, rue Croix Nas, 45190 Beaugency pomonez@yahoo.fr / 06 87 89 62 09 www.graines-d-esperance-benin.com Compagnie du Sens Commun 01BP2205 Porto-Novo, Bénin lacscommun@yahoo.fr école du Patrimoine Africain Porto-Novo / www.epa-prema.net Forêt des contes en Vocance Ardèche http://laforetdescontes.free.fr 16 17

dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier 18 Quand les cultures dialoguent Association Bandia-Monnet Se rencontrer cinématographiquement En 2007, le thème choisi par l atelier Cinéma du lycée Jean Monnet était en lien avec le grand projet culturel mené au sein du lycée «Une année aux couleurs de l Afrique». un décalage entre la France rêvée et la France vécue Un travail de cinéma documentaire, Aller- (Retour), fut mené au premier semestre et a permis d aborder la question de ce que devenait le rêve de France pour des immigrés africains une fois ceux-ci arrivés en France. (..) 1 Lors d une visite privée à Bandiagara, la documentaliste de notre lycée, organisa une projection de ce documentaire Aller-(Retour). Le décalage et parfois la déception constatée dans le film entre la perception de la France rêvée là-bas et la France vécue ici créa un choc assez brutal pour certains élèves maliens, avec même parfois des réactions violentes du genre «Mais pourquoi faire un partenariat avec nous si vous voulez nous dégoûter de venir en France?». Nous étions accusés de casser leur rêve de France, les élèves français étant du coup suspects d être à la solde du gouvernement et de ses politiques anti-immigrés! Ce n était évidemment pas du tout l intention des élèves, et ces réactions révélaient une certaine forme d incompréhension ( ) nécessité d une rencontre cinématographique Il fallait absolument lever cette incompréhension concernant l intention, la signification de certains plans, de certaines images, de certains sons. Organiser réellement une rencontre cinématographique à Bandiagara entre des élèves français et des élèves maliens s imposa comme une suite logique à donner au film, d autant plus qu il y avait la volonté des deux côtés d aller plus loin dans le partenariat qui était en train de se mettre en place entre les deux lycées, notamment avec la création d une association Bandia-Monnet. Parler du sens des images, faire découvrir le langage cinématographique, casser certaines représentations stéréotypées des «toubabs français» et des «sans-papiers maliens», faire découvrir certaines œuvres cinématographiques maliennes, africaines et françaises et, enfin, faire partager l expérience de travailler ensemble autour d un projet artistique qui sera par la suite diffusé ici et là-bas : les grandes lignes de la Rencontre cinématographique de Bandiagara 2008 étaient tracées. ( ) le visionnage de films africains : un choc culturel pour les élèves français Les premiers visionnages de films africains en septembre perturbent les élèves français : la lenteur de certaines séquences, le jeu des comédiens, les thèmes traités, les symboles font apparaître un certain décalage culturel, des critiques sévères et peu à peu un certain découragement. La critique expéditive du film La Vie sur terre d Abderrahmane Cissako (1998), qualifié dès la fin de la projection de «c est nul», «c est lent», «Il ne se passe rien» ( ) La semaine suivante il est décidé de revisionner plan par plan ce film, et chaque élève est invité à essayer de comprendre le sens et l intention de chaque plan, chaque son, chaque image. D abord sceptiques, les élèves vont peu à peu percer les mystères de cette œuvre et accéder à sa beauté, qui repose justement sur la perception du temps ici et làbas (La Vie sur terre est une commande qu Arte a faite à 7 réalisateurs de différents continents pour traiter du thème du passage à l an 2000). Cissako a fait un film qui montre le décalage entre l Occident, qui impose au monde sa propre vision du temps, un temps accéléré par le progrès technique, un temps qui est rationalisé à l extrême afin de produire des richesses matérielles (la fameuse notion des gains de productivité), et l Afrique, où le temps est utilisé à produire principalement du lien social ou à transmettre des connaissances et des pratiques culturelles. ( ) Chaque élève français a dû, par la suite, visionner entre 6 et 10 films, présenter un extrait aux autres et le critiquer. L étape suivante consistait à construire la programmation, c est-à-dire à savoir quel film présenter à tel public et pourquoi. Mali Quelques commentaires autour de la Rencontre cinématographique de Bandiagara (Mali, février 2008) les temps forts des projections Incontestablement, les projections au Mali constituèrent les temps forts d une grande intensité. Environ 500 à 700 personnes à chaque fois lors des 5 projections en soirée dans la cour du lycée de Bandiagara et plus de 1 000 pour les deux projections au centre culturel! La dernière projection publique à Bandiagara datait de deux ans ( ) La première projection portait sur quelques-uns des films de l Atelier et notamment du fameux Aller-(Retour). Les discussions ont révélé des divergences d interprétation : là où les élèves français avaient voulu représenter la solitude des immigrés à leur arrivée en France, les élèves maliens ont vu les images types d une arrestation policière, interprétant le film à partir des plans «classiques» de films policiers et de l actualité des images de la télévision concernant les expulsions de sans-papiers africains. L échange permet de souligner la force des images dans nos représentations de la réalité, images qui proviennent exclusivement des pays du Nord d ailleurs. Les projections sur place étaient construites autours de différentes thématiques dont les principales furent : le cinéma et la politique avec le film Afrique 50 de René Vautier, qui dénonce violemment les excès de la colonisation française (très longtemps censuré 1 - Une version plus complète de cet article est accessible en ligne sur le site Internet de Centraider, rubrique Groupe de travail > Mali. en France et qui a valu à son réalisateur au moment du tournage de se cacher plusieurs semaines dans les falaises de Bandiagara). À la suite du film, beaucoup de commentaires et des réactions contrastées des élèves maliens. La prise de parole des élèves français, du professeur et du proviseur à permis d expliquer clairement la nécessité absolue de parler de ce passé douloureux entre les deux pays, de cette histoire commune encore taboue afin d envisager des relations présentes et futures sincères et solides. C était le sens de ce choix «risqué» fait par les élèves français de l atelier de programmation. Il est probable que cette projection aura été un des éléments importants qui a permis que la méfiance des élèves maliens vis-à-vis du projet cinématographique s estompe assez rapidement au fur et à mesure des séances et qu ils adhèrent pleinement par la suite au projet. ( ) le cinéma de Djibril Diop Mambéty avec Le Franc (1993) et La Petite Vendeuse de soleil (1994). Beaucoup de rires et d émotions face à ces deux courts métrages. Certaines scènes qui ne font pas rire les Français provoquent l hilarité des Maliens, notamment toutes les scènes où les personnages sont victimes de moqueries ou d humiliation. Certains spectateurs (enfants et autres que lycéens) manquent parfois de recul et ne reçoivent le film que par rapport à ce qu il se passe à l image au premier degré (quelqu un tombe, se fait battre) et évacuent la douleur ou l injustice. Inversement certaines séquences ennuient les Français (lenteur des plans, surjeu des comédiens, faible intensité de l intrigue), mais passionnent les Maliens. ( ) l atelier de réalisation à Bandiagara ( ) L atelier à Bandiagara présentait une dimension supplémentaire par rapport à un atelier «classique» puisqu il impliquait la collaboration de deux groupes d élèves culturellement très différents : quatorze élèves maliens provenant de classes différentes, plutôt de bons élèves faisant partie de la troupe de théâtre du lycée et issus majoritairement d une certaine élite locale et six élèves français (trois de l atelier cinéma et trois impliqués dans l association Bandia-Monnet). Le sujet du film qu ils allaient écrire et créer ensemble était de faire le portrait d un autre élève, français ou malien. Pour que l expérience fonctionne bien, il fallait absolument que la rencontre entre les élèves ait réellement lieu, qu ils puissent vivre certain moments ensemble ( ). Tournage du film Bandiagara, portraits croisés le film Bandiagara, portraits croisés 2 Des élèves maliens filment des élèves français, les questionnent sur la vie en France, font part de leur désir de France, se demandent à quoi les «toubabs» peuvent bien penser quand ils traversent Bandiagara. Des élèves maliens filment d autres élèves maliens et mettent en valeur des aspects de leur vie sociale, leur générosité, leur pratiques culturelles ou reparlent de la catastrophe de l inondation de juillet dernier encore dans toute les mémoires. Des élèves français filment des élèves maliens, montrent une certaine fascination pour la très grande richesse culturelle qu ils découvrent, les chants, les danses, les sculptures des différentes ethnies Dogon, Peul, Songhaî, Bozo, Touareg, rentrent dans les cours des maisons là où se prépare à manger, se prépare le thé, se tissent les coiffures. Certains tournages, grâce à de bons repérages et à une bonne complicité entre filmeurs et filmés, sont des moments exceptionnels que le film arrivera par moment à faire ressentir aux spectateurs. ( ) Chacun est initié aux grands principes du logiciel de montage et découvre la magie du cinéma à cette étape-là. Au dernier jour, chaque portrait est presque complètement monté et peut être projeté comme prévu lors de la dernière projection publique au lycée. Chaque équipe présente son film, son intention, ce qu elle a voulu raconter et témoigne du bilan de cette rencontre cinématographique. Des applaudissements, des rires, des remerciements viendront conclure chaque portrait montré et nous donner la certitude d avoir atteint les objectifs que nous nous étions fixés. 2- Le film Bandiagara, portrait croisés est visionnable en ligne sur http://vimeo.com/27900897 en guise de conclusion 7 projections, 17 films, prés de 5 000 spectateurs à Bandiagara. 12 projections, 8 films, environ 1 200 spectateurs à Jouélès-Tours. Une réalisation de qualité diffusée dans les années à venir lors de chaque manifestation locale en lien avec l Afrique et le cinéma. Cette rencontre met en évidence le fait que le cinéma est bien un élément fondamental aujourd hui de l identité culturelle d un peuple et qu il permet en même temps de toucher à l Universel, à tous les hommes. Nous avons besoin des artistes africains pour mieux comprendre encore les valeurs de ce continent et nous les faire partager. Le peuple africain a besoin de voir des films de réalisateurs du monde entier pour mieux comprendre ce monde qui semble changer si vite. Le peuple africain a besoin de voir des films africains pour mieux se comprendre et tenter de résoudre ses propres difficultés. Dans des cultures marquées par la tradition orale, les cinéastes ont complètement leur place et sont des griots des temps modernes. À ce titre, la faible production et les problèmes de distribution des cinématographies africaines sont un problème majeur fondamental qui touche au développement même de ces pays-là. Cette rencontre à donc bien contribué à une meilleure compréhension de l Autre à une échelle locale et à amorcer un partenariat entre deux communautés scolaires, qui ont chacune à y gagner. Le cinéma a bien été le moyen idéal pour réaliser une telle rencontre. Il reste bien d autres films à montrer et à réaliser, ici et là bas Christophe Dupin, professeur de cinéma & audio-visuel au lycée Jean-Monnet de Joué-lès-Tours 19

dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier dossier 20 Quand les cultures dialoguent Association Yachachi La danse immémoriale des ciseaux, porteuse d une identité régionale et nationale Dès sa création en juillet 2007, l association YACHACHI pour les relations avec les Andes centrales du Pérou a souhaité appuyer sa politique de soutien aux populations défavorisées de cette région sur la promotion de leur culture, dont l une des manifestations les plus remarquables, la Danse des ciseaux, a été inscrite au Patrimoine mondial de l Humanité par l UNESCO en novembre 2010. L année 2011 a donc été ponctuée de deux manifestations culturelles autour de cette danse, en Indre-et-Loire. Expositions, conférences assorties de projections, concert, présentation musicale ont permis de faire connaître un des aspects les plus originaux de la culture des Andes centrales péruviennes. La danse des ciseaux, image traditionnelle de la culture andine Qualifiée d «immémoriale» au Pérou, ce qui repousse ses origines à la nuit des temps et lui prête une dimension mythique, la Danse des ciseaux doit être mise en relation avec les anciens cultes de la nature. Considérée à l origine comme une danse de résistance à l invasion de l envahisseur espagnol, elle coexiste à présent avec le catholicisme et est toujours vivace. Elle est pratiquée par les jeunes dans les Andes et au niveau national, à Lima. Dansée par des danseurs dont les maîtres sont des initiés, elle allie mysticisme et rituels à une dimension spectaculaire qui relève du prodige. La conservation de la Danse et les efforts des protagonistes culturels et politiques Symbole fort du Pérou, le maître-danseur de ciseaux, personnage présent dans la littérature notamment au travers de l œuvre de l écrivain José Maria Arguedas, a pu accompagner tel Président de la République en mission à l étranger. C est l image vivante de la magie des Andes, et les actuels protagonistes de la Danse ainsi que les responsables politiques et culturels souhaitent la conserver dans son authenticité. La Danse, dans un premier temps, a donc été inscrite au Patrimoine national du Pérou, qui répertorie toutes les formes d expression traditionnelles et artistiques du Pérou. L inscription au Patrimoine immatériel de l Humanité par l Unesco a encouragé l idée d une création de la Maison de la Danse des ciseaux. À l ordre du jour pour l année 2013, la sortie d un film à dimension internationale sur la biographie romancée du Grand Maître de la Danse de Huancavelica Ccarccaria, fresque épi- Pérou Les danseurs s affrontent en compétition au son du violon et de la harpe andine, ciseaux à la main que qui présente, autour du thème de la Danse comme hommage à la spiritualité andine, la double thématique de la lutte du Bien contre le Mal et la conservation de la Danse comme expression de cette spiritualité. Ce film, patronné par le Gouvernement régional de Huancavelica et la Municipalité provinciale, a reçu l aval du ministère de la Culture. Sous une forme stylisée et chorégraphiée à l instar des grands ballets folkloriques s inspirant du ballet classique, la Danse est exportée mondialement, notamment dans les festivals organisés par le CIOFF, organisme placé sous l égide de l Unesco. La Danse et l évolution du monde Cependant on peut s interroger sur la possibilité de maintenir dans sa dimension originelle cette manifestation culturelle dans un monde en pleine évolution. Pardelà les exhibitions de la danse comme spectacle avatar «folkorique» qui l affadit et ne rend pas toujours compte de sa dimension spirituelle - la question posée est celle de la permanence d une conception de la vie et du monde toujours en butte à l érosion d une autre vision de l existence, moins tournée vers le sacré ou inspirée par d autres formes de religiosité, plus éloignées de la vision andine du monde. Le collège Lucie et Raymond Aubrac de Luynes Dialogue avec les Andes centrales du Pérou L un des premiers contacts des élèves de classes européennes du collège de Luynes avec les Andes centrales du Pérou a été la visite de l exposition organisée à Semblançay autour de la Danse des ciseaux en novembre 2012. Les jeunes du collège ont entrepris une correspondance avec les enfants de l école d Antaccocha, province de Huancavelica, échange de lettres et envoi de cadeaux, avec pour objectif une meilleure connaissance de la vie des jeunes Péruviens et de leur culture. L attribution d un équipement Internet modeste à cette école et à celle de Huiñacc Centro alimente ce projet d échanges et de désenclavement, soutenu par la Ligue de l Enseignement. L idée d une connaissance mutuelle, d un parrainage des enfants de Huancavelica par ceux de Luynes, plus âgés, fait son chemin, d autant plus que les uns et les autres sont en processus d apprentissage de l espagnol, les enfants péruviens ayant pour langue maternelle le quechua. «Pérou : Les traditions andines sont valorisées au niveau national mais aussi mondial grâce à l Unesco» article en ligne sur le site Actu Latino www.actulatino.com/2011/12/13/ perou-les-traditions-andines-sontvalorisees-au-niveau-national-maisaussi-mondial-grace-a-l-unesco Elisabeth Aliaga, présidente Association YACHACHI pour les relations avec les Andes centrales du Pérou, Mairie de Semblançay, 7 place Jacques de Beaune, 37360 Semblançay Tél. : 02 47 56 66/ 06 18 21 51 59 elisabeth.aliaga@aliceadsl.fr http://associationyachachi.free.fr Dans quels cadres s articule la diversité culturelle au niveau international? La notion de «patrimoine culturel» selon l UNESCO Ce que l on entend par «patrimoine culturel» a changé de manière considérable au cours des dernières décennies, en partie du fait des instruments élaborés par l UNESCO. Le patrimoine culturel ne s arrête pas aux monuments et aux collections d objets. Il comprend également les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l artisanat traditionnel. Bien que fragile, le patrimoine culturel immatériel est un facteur important du maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation croissante. Avoir une idée du patrimoine culturel immatériel de différentes communautés est utile au dialogue interculturel et encourage le respect d autres modes de vie. Lire la suite sur le site de l UNESCO www.unesco.org/culture/ich/index.php?lg=fr&pg=00002 Conventions internationales Déclaration universelle de l UNESCO sur la diversité culturelle (2 novembre 2001) > http://unesdoc.unesco.org/ images/0012/001271/127160m.pdf Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (20 octobre 2005) > http://unesdoc.unesco.org/ images/0014/001429/142919f.pdf Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles, Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet - 6 août 1982. > http://portal.unesco.org Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (octobre 2003) > www.unesco.org/culture/ich/ index.php?lg=fr&pg=00022 Organisation internationale Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) L Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) est l institution des Nations Unies qui se consacre à l utilisation de la propriété intellectuelle (brevets, droit d auteur, marques, dessins et modèles industriels, etc.) au service de l innovation et de la créativité. Le programme Savoirs traditionnels, Ressources génétiques et Expressions culturelles traditionnelles/folklore de l OMPI traite du rôle que peuvent jouer les principes et les systèmes de propriété intellectuelle dans la protection des savoirs traditionnels et des expressions culturelles traditionnelles contre toute appropriation illicite, ainsi que dans la création et le partage équitable des avantages découlant de leur commercialisation, mais également du rôle de la propriété intellectuelle. > www.wipo.int/tk/fr Retrouvez sur le portail Culture du site Internet de l UNESCO les textes des diverses conventions internationales en lien avec la protection du patrimoine culturel. www.unesco.org/new/fr/culture 21

Rapport institutionnel UNESCO, Division des politiques culturelles et du dialogue interculturel, L UNESCO et la question de la diversité culturelle : Bilan et stratégies, 1945-2004, septembre 2004. L étude examine, au moyen de textes choisis, comment a évolué la façon dont l UNESCO envisage la diversité culturelle. Organisation interétatique Organisation internationale de la francophonie La Francophonie est le dispositif institutionnel qui organise les relations politiques et de coopération entre les États et gouvernements de l OIF (75 États et gouvernements), ayant en partage l usage de la langue française et le respect des valeurs universelles. Valoriser la production artistique est une priorité qui s inscrit dans l engagement de la Francophonie pour la promotion de la diversité culturelle et linguistique. Pour que les œuvres de création contribuent au développement économique des pays francophones, de véritables filières d industries culturelles du livre, de l image et du spectacle vivant doivent être développées. L OIF promeut également la lecture publique et œuvre au rapprochement des peuples à travers le dialogue des cultures. L OIF compte parmi ses interventions l aide au financement ou l appui à la réalisation de projets. Des appels publics à projets sont annoncés par l OIF une ou plusieurs fois par an, dans le cadre de fonds alimentés par le budget de l organisation et, quelquefois, par des contributions volontaires des États et gouvernements membres : Fonds d aide à la circulation des artistes Fonds d appui à la presse francophone du Sud Fonds francophone de production audiovisuelle du Sud (aide à la production cinématographique, aide à la production télévisuelle) Fonds francophone des inforoutes Fonds francophone d initiatives pour la démocratie, les droits de l Homme et la paix. Rapport PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2004 : la liberté culturelle dans un monde diversifié, Economica, 2004, 299 p. > http://hdr.undp.org/en/reports/ global/hdr2004/chapters/french Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l Homme L interculturalité est l une des notionsclés de la Fondation, qui soutient dans les domaines de la gouvernance, de l éthique et de la transition vers une société durable : des actions de constitution, renforcement, internationalisation de réseaux, des travaux favorisant l émergence de diagnostics et propositions, des actions de plaidoyer et de diffusion de ces propositions Pour la FPH, qui travaille à l émergence d une communauté mondiale, la notion d interculturel est essentielle. Comment écouter chacun, dans le respect de sa culture, sans tomber dans le communautarisme ni dans l indifférence? Dossier documentaire en ligne avec un certain nombre d ouvrages téléchargeable sur le site de la FPH : > http://www.eclm.fr/ bdf-motcle-eclm-51.html ONG Survival Le mouvement pour les peuples indigènes Survival est la seule organisation de cette envergure agissant dans le monde entier pour les droits des peuples indigènes. Survival aide les peuples indigènes à protéger leur vie, leurs terres et leurs droits fondamentaux. Elle combat les attitudes racistes qui pervertissent la façon de percevoir les peuples indigènes et et s efforce de mettre un terme aux traitements arbitraires et injustes qui leur sont généralement infligés. Survival œuvre pour un changement des attitudes intolérantes vis-à-vis des peuples indigènes et pour renverser les certitudes erronées à leur égard. L objectif est de contribuer au respect des droits des peuples indigènes ainsi qu à leur volonté de déterminer librement leur propre avenir. > www.survivalfrance.org ONG Traditions pour Demain Depuis 1986, Traditions pour Demain accompagne les initiatives d affirmation culturelle de dizaines de peuples et de minorités, autrement dit des centaines de communautés amérindiennes en Amérique centrale et en Amérique du Sud. L ONG intervient auprès d instances gouvernementales nationales et internationales, comme l UNESCO, l OMPI et l ONU, pour faire avancer dans les normes internationales et les politiques nationales, notamment : les droits culturels des peuples autochtones, la sauvegarde du patrimoine culturel vivant, la défense de la diversité culturelle. Documentaire > www.tradi.info Peuples Indigènes : Humanité et environnement durables, film de Pierre Beaudouin et Anne-Cécile Fouvet de 45 minutes, témoignage des propositions des Peuples Indigènes au Sommet Mondial du Développement Durable de Johannesbourg en 2002. À travers des témoignages exclusifs et des déclarations officielles, ils nous confient dans ce documentaire leur inquiétude face aux menaces qui pèsent sur la diversité biologique et culturelle du monde. Documentaire La terre est notre vie, film de Cesar Galindo réalisé en mai 2009 lors de l événement «À la rencontre des peuples autochtones» organisé par le Musée des Confluences sur le thème «Terres, terroirs, territoires». Dans le cadre des événements Paroles d autochtones proposés par le Musée des Confluences en 2008 et 2009 et conçus en collaboration avec le Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l Homme et Survival International (France) se sont rencontrés à Lyon des représentants de peuples innu, algonquin, quechua, touareg, mapuche, aborigène > http://www.gitpa.org/qui%20 sommes%20nous%20gitpa%20100/ GITPA%20100-4DVD.htm Ville de Tours Une nourriture bonne, propre et juste pour tous Le projet 4Cities4Dev, cofinancé par le programme EuropeAid de l Union Européenne, est issu de la collaboration de quatre villes européennes (Turin, chef de file du projet, Tours, Bilbao, Riga) et de l association Slow Food. Le projet associe le rôle des villes - actrices efficaces des politiques locales et de la coopération décentralisée en Afrique - à l approche de Slow Food, basée sur l implication des «communautés de la nourriture», des citoyens et des consommateurs. Soutenu par l expertise scientifique de l Université de Turin en matière d agronomie et d aide au développement, le réseau SlowFood compte sur l appui technique de chargés de missions, avec la collaboration directe des communautés africaines, et ce, depuis plus de 10 ans. 4Cities4Dev est construit autour des communautés de la nourriture : concept développé par Slow Food, la communauté, ensemble structuré d individus, est fondée sur la nourriture où la collaboration est une nécessité. Les communautés de la nourriture sont à la base du réseau Slow Food. Elles produisent, La Fondation Slow Food et l Afrique La Fondation Slow Food pour la Biodiversité coordonne des projets en proposant une expertise technique et une aide financière auprès des communautés de la nourriture africaines. La Fondation œuvre dans plus de 50 pays aux cotés de 10 000 petits producteurs, en promouvant une agriculture durable, respectueuse de l environnement et des traditions culturelles des peuples. Son engagement principal est en faveur des pays du Sud de la planète, en Afrique notamment, où les actions de défense de la biodiversité alimentaire ne signifient pas seulement améliorer la qualité de vie des citoyens mais aussi garantir la survie même des communautés locales. transforment et distribuent une nourriture de qualité, de manière durable et fortement liée à un territoire d un point de vue historique, social et culturel. Pêcheurs, éleveurs, artisans, transformateurs, producteurs, chefs-cuisiniers, consommateurs, élus et institutions locales sont les acteurs qui composent ces communautés de la nourriture en œuvrant à la défense et à la transmission de la culture d une nourriture bonne, propre et juste. Les quatre villes partenaires européennes ont adopté 7 communautés de la nourriture situées en Afrique : Madagascar, Sénégal, Kenya, Mali, Mauritanie, Ethiopie, Côte d Ivoire. La Ville de Tours s est attachée à soutenir les projets des communautés de la nourriture mauritaniennes et ivoiriennes. Le projet a permis la mise en place de deux laboratoires de transformation du poisson et d une saline en Mauritanie. La communauté de la Poutargue, groupe de femmes Imraguen qui habite la côte mauritanienne entre Nouakchott et Nouadhibou, a ainsi pu profiter d une amélioration de ses conditions de vie, d éducation et de santé par ces aides structurelles relatives à la sécurité alimentaire et à l auto production. 4Cities4Dev a également aidé des communautés de femmes en Côte d Ivoire pour la création de jardins partagés. Ces financements ont accéléré la mise en place de circuits courts et l émergence de micro-projets pour revendre les Multi-pays L expérience des communautés de la nourriture dans le projet 4Cities4Dev (Four Cities For Dev) Femmes Imraguen de la communauté de la Poutargue excédents de productions. Ces cercles vertueux ont permis à la Ville de Tours de développer sa stratégie de coopération décentralisée, avec comme clef d entrée celle de l alimentation. Des rapports institutionnels se sont créés et une réflexion est en cours avec l ensemble des partenaires pour pérenniser les actuelles coopérations, dans une optique de développement durable. Parallèlement, le soutien aux communautés de la nourriture a aussi pour but de favoriser la prise de conscience des citoyens européens sur la possible consommation responsable et l impact de leurs propres habitudes alimentaires. Le projet a mis en valeur ce travail de coopération auprès des Tourangeaux, notamment lors de la manifestation Euro Gusto - biennale européenne du goût, de la biodiversité et des cultures alimentaires, mais aussi avec la contribution de nombreuses écoles primaires et associations locales. David Armellini Ville de Tours, direction des Relations internationales et de la Coopération décentralisée d.armellini@ville-tours.fr Slow Food France Lucia Penazzi lucia@slowfood.fr Slow Food : www.slowfood.fr Fondation Slow Food pour la Biodiversité www.slowfoodfoundation.com/ Euro Gusto : www.eurogusto.org EuropeAid : http://ec.europa.eu/ europeaid/index_fr.htm 4Cities4Dev : www.4cities4dev.eu/ welcome_fr.lasso 22 23 Paola Viesi

Restaurant Parfum Culture Association Culture Sud Cameroun Rapport UNESCO, Rapport mondial sur la culture 2000 : diversité culturelle, conflit et pluralisme, Paris, 2001, 432 p. Ce troisième rapport mondial sur la culture s intéresse à l interaction entre la mondialisation et l identité culturelle, aux politiques culturelles menées par différents pays pour préserver leur patrimoine, au rôle joué par les nouveaux médias dans la diffusion de la culture et enfin aux moyens mis en œuvre pour étudier la culture d un pays à l échelle nationale et internationale. Entretien «Nous allons perdre la moitié du patrimoine culturel de l humanité», interview de l anthropologue canadien Wade Davis par Agnès Rousseaux, octobre 2011. Des 7 000 langues parlées dans le monde, la moitié vont disparaître d ici une ou deux générations. Emportés par le paradigme de «développement», nous perdons une grande partie de notre patrimoine culturel, affirme Wade Davis, anthropologue canadien. Au nom de la modernité, des populations sont assujetties, les ressources pillées et les cultures anéanties. La diversité de notre patrimoine culturel est pourtant indispensable pour répondre aux défis auxquels nous serons confrontés, en tant qu espèce, dans les siècles à venir. > www.bastamag.net/ article1758.html Sophie Bessis (dir.), Mille et unes bouches, cuisines et identités culturelles, Autrement, 1995. L internationalisation des échanges a beau avoir aboli les frontières, l urbanisation planétaire et l uniformisation des modes de vie ont beau gommer les différences entre les nations et les continents, en cette fin du XX e siècle, l alimentation demeure un des principaux marqueurs des identités culturelles Guide pratique Sophie Ekoué, Julien Autran, Ousmane Sow, Cuisine et traditions, Recettes d Afrique, Edition Cauris, 1985, 167 p. Se nourrir, une histoire de l humanité, une histoire de responsabilité J ai passé toute mon enfance à Taïwan, où mon grand-père faisait pousser des choux chinois délicieux en pleine campagne. Plus tard, mon père a planté ces choux chinois dans son potager en Californie puis, à l âge de douze ans, mon fils a récolté ses premiers choux chinois dans notre jardin de Joué-lès-Tours. Aujourd hui, la Coop Nature me livre des choux chinois cultivés en Touraine, qui sont aussi délicieux que ceux de mon enfance. Conférence au restaurant Parfum Culture À travers le temps et l espace, je cuisine souvent les mêmes variétés de légumes poussés dans différents endroits de notre planète. Pour moi le chemin raccourci pour découvrir un pays, une culture ou une civilisation est dans l assiette. Il y a quatre ans, avec mon mari, nous avons créé le restaurant Parfum Culture, d une part dans le but de servir comme lieu d échanges culturels ; d autre part, pour servir une cuisine saine et innovante tout en respectant la nature de chaque aliment. Aujourd hui, reconnu par le guide de gastronomie Gault & Millau pour notre qualité et notre sérieux, Parfum Culture travaille avec une vingtaine de partenaires comme l Alliance française-touraine, des associations de solidarité internationale comme Touraine sans Frontières ou Aide à l Enfance Tibétaine, l ensemble instrumental Doulce Mémoire, le Festival de cinéma asiatique de Tours, etc. et répond à la demande des associations qui souhaitent organiser des activités culturelles autour d un repas et participe à des actions éducatives. Ici ou là partout dans le monde, le moment où on se trouve ensemble pour partager un morceau de pain, un bol de riz ou un plat de choux chinois, pensons à nos enfants, pensons à l avenir, pensons à notre terre qui nous nourrit. Céline Martin, propriétaire du restaurant Parfum Culture, chef-cuisinière www.parfumculture.fr La culture, qui enrichit nos cultures Les hommes reconnaissent au mot «culture» le sens de transmission de ce qui, de leurs productions, est le plus significatif. Elle désigne non seulement ces productions humaines, mais aussi leur mode de propagation qu on nomme «échanges». C est de ce double aspect que s inspire l association d échanges qu est Culture Sud. Nous voulons présenter une forme valorisante de pratiques agricoles existant dans les villages du centre du Cameroun, et proposer aux enfants de ces mêmes villages une transmission livresque de ces pratiques. L association Culture Sud est née des causeries entre un Camerounais enseignant à Tours et un agriculteur biologique de Betz-le-Château, près de Tours. Au vu des pratiques agricoles restées au stade ancestral dans la plupart des régions rurales du Cameroun, et l importance considérable que les populations françaises accordent à l agriculture biologique, il nous a paru qu il était possible de formuler le vœu d une exigence de pédagogie pour une nouvelle approche de l agriculture vis-à-vis des enfants des écoles rurales de Monatélé au Cameroun, et de proposer aux élèves des écoles partenaires à Tours les expériences venues d un monde pour eux très lointain, et dont les échos qu en font les médias sont parfois critiquables. L idée étant que si ces élèves sont sensibilisées assez tôt à l existence de ces mondes lointains qu on leur présente dans une démarche instructive, nous en ferons des citoyens ouverts aux autres, tolérants, instruits, bref humains. C est ainsi que naît l association Culture Sud. Soutenir l agriculture par la culture L intuition que nous avions eue est que, le monde étant celui de nos représentations, si vous voulions entreprendre quoi que ce soit, la première chose était de nous adresser aux représentations de ce que nous voulions changer. L agriculture dans les villages en Afrique, du fait d une certaine vision des choses, qui est la plus répandue sans être la plus conciliante, souffre d une représenta- tion négative. Dans l imaginaire populaire, ceux qui vont au champ sont ceux qui n ont pas pu aller à l école. Mais il se trouve qu aujourd hui, ceux qui sont allés à l école sont tout aussi démunis face aux exigences de la vie quotidienne. Se loger, s habiller, se soigner, se nourrir, accessoirement se cultiver. Il nous a donc paru nécessaire de cibler cette représentation négative de l agriculture auprès des élèves des zones rurales, pour leur en proposer une autre, plus valorisante. Il faudrait qu à terme, pour ses enfants, le village ne soit plus le lieu qu il faille absolument déserter pour réussir, s émanciper, accéder à tous ces scintillements qu exerce sur eux l attrait de la ville. C est ainsi que nous avons déjà édité deux albums sur le monde agricole. Ces albums sont réalisés par le biais d un concours d écriture et d illustrations organisé au Cameroun. En même temps que l association contribue à faire émerger les talents, elle promeut aussi la production éditoriale locale, car les albums sont imprimés au Cameroun. En 2010 l association a remis 1 500 exemplaires de La Fête de l arachide, et en 2011, nous avons distribué environ 1 000 exemplaires de Djou et son épouvantail magique aux élèves des écoles primaires de Monatélé. Les retours en région Centre Des exemplaires des albums édités sont mis à la disposition de la médiathèque de Joué-lès-Tours, pour permettre aux enfants d ici de partager cet imaginaire avec ceux du Cameroun. L association est aussi sollicitée par certaines écoles, pour partager avec les élèves, leur expliquer ce que nous faisons, leur montrer des photos, des films de nos voyages au Cameroun. C est l un des moments les plus fructueux, lorsque nous nous apercevons que, par leurs questions, les petits Tourangeaux sont avides de connaissance : que mangent les enfants au Cameroun? Comment sont leurs salles de classes? À combien sont-ils dans chaque classe? Fait-il aussi froid là -bas? Comment se fait-il qu il ne neige pas au Cameroun? Pour l année 2012, nous avons rencontré les élèves de CM1 et CM2, ainsi que ceux de 5 e de l institution Saint Grégoire à Tours. C est une expérience à renouveler et à étendre à d autres écoles désireuses de ce genre d échanges. Le partenariat avec les autres Nous travaillons avec le Groupement des éducateurs retraités sans frontières (GREF) sur un autre volet du projet, qu est la construction de jardins pédagogiques au sein des écoles au Cameroun. Ces jardins, qui seraient des lieux protégés de la divagation des animaux, permettraient aux élèves d allier connaissance et pratique de l activité agricole. Le GREF se chargerait de former des formateurs à l exploitation pédagogique de ce nouvel outil. Les projets de Culture Sud sont proposés et discutés par l ensemble de ses adhérents, nous bénéficions de l aide de la Mairie de Joué-lès-Tours, de la Région Centre, et de la contribution des donateurs. Pour soutenir notre troisième album, l Institution Saint Grégoire a reversé à Culture Sud une partie des bénéfices de son opération «bol de riz 2012». Laurent Awono, président de Culture sud culturesud_asscociation@yahoo.fr www.culturesud.org 24 25

La cohabitation des cultures, la manière dont elles se rencontrent et échangent se pose à toutes les échelles, de l individu à l échelle mondiale, et dans tous les domaines de la vie humaine. Coopération décentralisée Collectif Savoirs du Sud, Connaissances scientifiques et pratiques sociales : ce que nous devons aux pays du Sud, 2000, 134 p. Les pays du Sud n ont pas seulement des besoins et des attentes. La reconnaissance de leurs savoirs décolonise les esprits et fait reculer les barrières du racisme. Un dossier qui bouscule quelques idées reçues sur ce que doit, ce que peut être la coopération internationale. > www.eclm.fr/ouvrage-267.html Sophie Bessis, L Occident et les autres, histoire d une suprématie, La Découverte, 2001. Après une synthèse historique des relations de l Occident avec les «autres», depuis la Renaissance, et des contenus successifs donnés à l universel, l auteur propose un état des lieux des rapports de forces actuels - notamment économiques - entre ce qu on appelle communément le Nord et le Sud. Elle étudie les formes nouvelles d hégémonie des puissances mondiales, les réactions qu elles suscitent dans les Suds, et les mutations en cours, peut-être porteuses d un changement de l ordre du monde. Et elle propose, sur cette base, des réponses stimulantes à tous ceux qui se posent des questions sur le cours actuel et sur les sens multiples de la mondialisation. Marie-France Caïs, Marie-José Del Rey, Jean-Pierre Ribaut, L Eau et la vie. Enjeux, perspectives et visions interculturelles, 1999, 155 p. Quelles ressources en eau pour l humanité? Quelle valeur lui accordent les différentes cultures? Quelles sont les conditions d une gestion équitable au niveau mondial? De l approche scientifique à la symbolique de l eau dans différentes cultures et religions du monde, des problématiques environnementales aux questions éthiques et socio-économiques, ces échanges apportent un éclairage novateur sur une ressource décidément vitale. Étude CETRI, Souveraineté alimentaire plutôt que sécurité alimentaire. Le concept de souveraineté alimentaire a une dimension beaucoup plus large que celui de sécurité alimentaire. Si la sécurité alimentaire consiste à prévoir des situations d urgence et à se prémunir par des mesures appropriées, espérer atteindre la souveraineté alimentaire pour un pays ou pour une région géographique donnée consiste à produire ce dont il (ou elle) a besoin pour l alimentation de base de sa population. La souveraineté alimentaire débouche sur des pratiques concrètes comme par exemple, choisir la diversification des cultures pour préserver l environnement tout en augmentant la productivité agricole. Mais c est surtout l expression d une philosophie, celle «de remettre l être humain au centre des préoccupations, de renverser l ordre des valeurs dans la définition même de l économie, de réorienter le rapport à la nature le faisant passer de l exploitation au respect». Conférence internationale Dialogue des cultures et résolution des conflits. Les horizons de la paix, Presses de l Université Saint-Joseph, janvier 2004. La, Dialogue des cultures et résolution des conflits : Les horizons de la paix, qui s est tenue à Beyrouth en octobre 2003, s est organisée autour de trois thèmes, dont chacun a été développé en une conférence et une table ronde : Mondialisation, paix et dialogue des cultures, le rôle de l Europe dans la résolution des conflits, développements économiques et résolution des conflits : les voies de la coopération. > http://classiques.uqac.ca/ contemporains/abou_selim/ dialogue_des_cultures/ dialogue_des_cultures.html Conférence Patrick Denoux, «La monoculture conduit à l appauvrissement. Psychologie interculturelle et agriculture», intervention lors de la 10e université d été de Marciac organisée par la Mission Agrobiosciences de la Région Midi-Pyrénées, août 2004. Un éclairage par la psychologie interculturelle de la question agricole au niveau mondial. Avec les outils d analyse de la psychologie interculturelle, l auteur explique comment la manière d appréhender la différence culturelle conditionne le destin des individus et applique sa démonstration aux univers agricoles. Selon lui, il faut avoir une posture «hétéronomique», qui consiste à reconnaître mais aussi à prendre en compte l autre dans sa différence. C est là qu intervient l interculturation, c est à dire la constitution de compromis originaux, le dépassement des cultures en présence. Il ne s agit pas de s adapter à la culture de l autre mais d opérer des concessions, des transformations des pratiques culturelles, des emprunts à d autres cultures. Dans cette optique l agriculture doit concevoir des coopérations internationales sous l angle d une co-construction en réponse aux «effets dévastateurs» de la standardisation. Comme pour la culture, en matière d agriculture, «la monoculture conduit à l appauvrissement». > www.agrobiosciences.org/article. php3?id_article=1227 > www.agrobiosciences.org Les références ci-contre renvoient à des réflexions plus générales sur les liens entre cultures et développement. Elles indiquent aussi des pistes de réflexion plus thématiques, déclinant quelques grand enjeux de l aide au développement abordés sous l angle du dialogue culturel. Actions en cours Conseil général d Indre-et-Loire Le Conseil général d Indre-et-Loire (37) participera aux Assisses de la coopération décentralisée française en Amérique centrale et à Cuba qui se dérouleront au Nicaragua du 28 au 30 novembre 2012. Organisées par l Ambassade de France au Nicaragua, le réseau Cités Unies France (CUF), le Ministère des Affaires étrangères nicaraguayen et la municipalité d Estelí notamment, il sera question d améliorer la visibilité de ces partenariats et de faciliter la collaboration entre les organismes de coopération. Le Conseil général d Indre-et-Loire, engagé aux côtés de la ville de Granada au Nicaragua travaille, conformément à ses compétences, à valoriser et protéger le patrimoine de cette ville candidate au patrimoine mondial de l UNESCO. > Elodie Berthault-Vallée eberthault@cg37.fr Pour communiquer vous aussi sur l actualité de vos projets de coopération décentralisée, contactez Morgane Olivier à Centraider morgane.olivier@centraider Rapport du sénateur Peyronnet La délégation du Sénat aux collectivités territoriales et à la décentralisation a chargé M. Jean-Claude Peyronnet, sénateur de la Haute-Vienne, d un rapport sur la coopération décentralisée. Centraider et l ensemble des réseaux régionaux ont contribué à cette enquête, qui sera rendue publique dans les semaines à venir. Ville de Vendôme La Ville de Vendôme tisse depuis plus de deux ans des liens de coopération avec la Ville de Mopti au Mali. Aux côtés de deux autres collectivités locales françaises (Mortagne-au-Perche et Maurepas), Vendôme appuie la maîtrise d ouvrage de la ville de Mopti autour d un projet d assainissement d un quartier démuni. Le syndicat mixte de collecte, de traitement et de valorisation des déchets du Vendômois, Val Dem, situé à Vendôme, travaille quant à lui depuis 2008 au renforcement des capacités de gestion des déchets ménagers. C est dans le cadre de ces deux coopérations institutionnelles que seront accueillis du 19 au 22 novembre 2012 trois techniciens de la Ville de Mopti. Les échanges entre services français et services maliens sont au cœur de ces partenariats. La délégation aura l opportunité de suivre des formations techniques à Maurepas et à Vendôme. > Frédéric Tricot frederic.tricot@vendome.eu Ville de Blois Dans le cadre de l accord de coopération signé avec la commune urbaine d Azrou, dans la région de Meknès-Tafilalet, quatre jeunes Marocains ont participé à un chantier international du 11 septembre au 4 octobre 2012 dans le cadre du Forum Jeunesse organisé par la ville de Blois. Intégrés dans un groupe d une vingtaine de jeunes de 8 nationalités différentes, ils ont déambulé en char sur le thème de l engagement volontaire. Une exposition a aussi permis de valoriser auprès du grand public leur expérience, qui sera par la suite réutilisée par le service Jeunesse auprès des établissements scolaires, des structures de jeunesse Du 11 au 18 novembre 2012, une délégation plus importante est attendue pour participer à Blois à une formation-action franco-marocaine. Dix porteurs de projets azraoui rencontreront dix porteurs de projets blésois afin d appréhender ensemble la coopération à venir. > Emmanuelle Davignon emmanuelle.davignon@ville-blois.fr Mission d André Laignel, secrétaire général de l Association des Maires de France (AMF) Le ministre des Affaires étrangères, M. Fabius, a confié une mission au secrétaire général de l AMF, M. Laignel, sur l état de la coopération décentralisée en France et comment renforcer l action extérieure des collectivités. Dans ce cadre, le président de Centraider, M. Ben Lahoucine, et sa directrice Mme Chapuis, ont été auditionnés par la délégation à l Action extérieure des collectivités le 11 octobre 2012. Le rapport de cette étude sera disponible au mois de janvier 2013. 26 27

Vie du réseau vie du réseau vie du réseau vie du réseau vie du réseau Une réponse collective à la crise malienne coordination en région Centre d une aide alimentaire Le réseau Centraider compte plus de 70 structures en région Centre qui mettent en œuvre des projets d aide au développement au Mali. Des échanges privilégiés entre associations, villes et établissements scolaires ont lieu notamment dans le cadre du groupe de travail Mali et Mopti. La crise malienne Les évènements politiques que connaît le Mali inquiètent tout particulièrement les acteurs de la solidarité internationale. La prise des villes du nord du pays par le Mouvement national de libération de l Azawad (MNLA) marque le début d une sombre période pour le pays. La population malienne, et en particulier les militaires, reprochent de nombreux faits au président Amadou Toumani Touré (ATT). Les militaires, auteurs du putsch, considéraient l intégrité du territoire national menacée par la rébellion touarègue (population nomade en conflit avec l administration centrale depuis l indépendance du Mali, il y a plus de cinquante ans), organisée au sein du MNLA), dont les revendications sont à la fois territoriales et identitaires. Les militaires jugent les moyens insuffisants pour lutter contre l avancée du MNLA. L intégrité nationale du territoire est menacée depuis fin janvier, le nord étant aux mains des rebelles, sans que le président ATT fasse de la question touarègue l une de ses priorités d action politique. De plus, la présence avérée d AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) sur le territoire inquiète profondément la population. AQMI, qui enrôle des Touaregs chassés de Libye, représente une menace réelle depuis plusieurs mois au nord-mali. Peu de moyens ont été déployés pour limiter son influence dans le nord du pays. Cette crise politique s aggrave d une crise alimentaire qui touche plus de 3,6 millions de personnes. Dès janvier 2012, à la prise des 3 régions du nord Mali (Kidal, Gao, Tombouctou), les populations fuient pour se réfugier dans les pays frontaliers (Mauritanie, Niger, Algérie, Burkina Faso) ou au sud du Mali (régions de Bamako, Ségou, Mopti). En août on dénombre 400 000 à 450 000 déplacés ou réfugiés. Coordonner l aide alimentaire d urgence Face à la gravité de la situation, Centraider a proposé aux membres du réseau, en juillet 2012, de coordonner une aide alimentaire d urgence. Après de nombreux échanges avec l association Afrique Verte, dont les activités visent à renforcer la sécurité alimentaire par la filière céréalière, il a été proposé aux structures qui travaillaient avec un partenaire local basé dans la région de Mopti, de procéder à une distribution de céréales dans un lieu défini. Les structures qui le souhaitaient ont pu faire un don en désignant précisément le bénéficiaire. Centraider a centralisé l ensemble des dons pour les transmettre à Afrique Verte, qui organisa la distribution des céréales au Mali (voir ci-contre). > Morgane Olivier, chargée de mission 02 54 80 23 09 / morgane.olivier@centraider.org La contribution du Conseil régional du Centre La Région malienne de Mopti, partenaire de la Région Centre depuis 2005, accueille plus de 30 000 réfugiés. Suite à l attribution d une subvention du Conseil régional du Centre de 70 000 le 6 juillet 2012, l ONG Afrique Verte et l Assemblée régionale de Mopti (Mali) ont distribué, au cours du mois d août 2012, 41 tonnes de mil et 9 tonnes de farines enrichies à 410 foyers déplacés et 1 200 enfants de moins de 5 ans. En complément, 70 tonnes de mil seront données aux banques de céréales des communes les plus affectées par l insécurité alimentaire dans la région de Mopti, afin de reconstituer les stocks et de vendre des céréales à prix social. > Aurélie Milhavet, chargée de mission Afrique à la DCI / 02 38 70 30 32 aurelie.milhavet@regioncentre.fr Le rôle d Afrique Verte En raison des mauvaises récoltes de fin 2011, certaines populations de la région de Mopti ont rencontré des difficultés alimentaires importantes, notamment sur le plateau Dogon. La situation s est aggravée depuis février 2012 avec l arrivée massive de populations fuyant le nord aux mains des rebelles. En outre, les populations du plateau Dogon trouvaient des revenus complémentaires dans des activités liées au tourisme, activité qui s est considérablement ralentie depuis fin 2010 (date des premiers enlèvements de Français au Niger), pour être totalement asphyxiée début 2011, avec l instauration de «zones rouges», par le ministère des Affaires étrangères. Ainsi, les populations se sont trouvées de plus en plus démunies. Afrique Verte a alors proposé de réaliser des aides alimentaires d urgence et de se mettre au service de groupements français souhaitant aider ces populations, mais n ayant pas la logistique nécessaire. Les fonds reçus sur le compte de l association Afrique Verte en France ont été rapidement transférés à l équipe malienne qui a immédiatement réalisé des achats de mil, sur le marché local. Pour cela, Afrique Verte a utilisé sa fine connaissance du marché céréalier régional et a pu rassembler rapidement des stocks de mil de qualité à un prix très concurrentiel. Les achats ont été stockés dans un magasin sécurisé loué pour cette opération, à Mopti, où Afrique Verte dispose d un bureau et d une équipe de 3 salariés. Les bénéficiaires maliens ont été contactés par leur correspondant en France, et mis en relation avec l équipe Afrique Verte de Mopti, afin de venir récupérer les stocks ainsi mis à leur disposition. Après vérification de l identité des bénéficiaires, les stocks leur ont été remis (contre signature d un reçu), ainsi qu une petite enveloppe financière pour contribuer au transport des sacs de 100 kg de mil, qui nécessitent un minimum de manutention. Afin de réaliser ce travail, Afrique Verte a dû mobiliser son personnel très rapidement et organiser la logistique. Pour cela, elle a demandé aux groupes de donateurs français de prélever 10 % du montant octroyé, afin de participer aux différents frais. Aujourd hui, les bénéficiaires ont reçu leur mil et nous remercions tous les acteurs du Centre qui se sont mobilisés. > Caroline Bah, directrice d Afrique Verte 01 42 87 06 67 / caroline.bah@libertysurf.fr www.afriqueverte.org Dialogue entre Nicole Bondeau de l association Ma Idiane Nicole Bondeau Association Ma Idiane Dans la région de Gao, au nord du Mali, nous participions à la mise en maraîchage agro-écologique d un jardin communautaire et à la formation en artisanat de 30 adultes handicapés. Nos actions n ont malheureusement pas pu se poursuivre : malgré l opposition ferme de ses habitants, la ville de Gao est occupée par les rebelles (Mouvement national de libération de l Azawad composé de Al Tamasheq - nom exact des Touaregs - et Ansar-Dine, une branche du groupe terroriste d AQMI, parfois nommé narcoislamistes par les habitants et certains média maliens). Gao a été prise par le MNLA le 30 mars 2012, le lendemain Ansar Dine était là. Tout a été saccagé dans la ville en commençant par l hôpital. Il n y a plus d accès à l eau potable. La population est contrainte de boire l eau souillée du fleuve ce qui entraîne des épidémies de choléra. Les gens fuient. Oumar Maïga Ami et référent de Ma Idiane Certains ne pouvaient partir faute d argent pour le transport. Ma famille et moi sommes partis pour Mopti, et Ma Idiane nous a aidés financièrement pour évacuer des familles de Gao. Malheureusement, à partir de juin, c est devenu impossible. Nicole C est là que la proposition de Centraider d acheter des céréales pour les réfugiés de Mopti arrive, comme une suite logique de notre action. Distribution de céréales Oumar et Oumar Maïga référent à Mopti de Ma Idiane C était le calvaire, les déplacés sont arrivés sans ressources, sans vivres, apeurés. Les familles d accueil du sud ont elles aussi des difficultés pour vivre. À travers Centraider, Ma Idiane a fait un don de 500 à Afrique Verte. Par M. Pé. Ballo, chef de zone d Afrique Verte, nous avons reçu une tonne de mil ainsi que 20 000 francs CFA soit 30 pour contribuer aux frais de transport des sacs de 100 kg. En collaboration avec un «Vieux» (sage reconnu par tous) soigneusement choisi parmi les déplacés, nous avons établi une liste de 31 familles bénéficiaires - 7 membres en moyenne par famille, auxquels s ajoutent ceux de la famille d accueil d au moins 10 personnes. Une fois cette liste établie, nous faisons immédiatement le tour des bénéficiaires, les prévenant par les émissions journalières de la radio de Sévaré du lieu de la distribution. L intervention de Ma Idiane a été un geste symbolique, qui vaut mieux que rien. La liste était nécessaire : quelques autochtones de Mopti prenaient la place des déplacés pour bénéficier des vivres. Nicole Est-ce que cette petite aide vous a permis de «souffler»? Oumar Cette aide a bien répondu à une partie des besoins existants, surtout pour ceux qui, faute de logement, sont dans les camps mis en place par les organisations internationales telles que le HCR, la Croix Rouge, ou qui sont chez des parents trop pauvres pour subvenir aux besoins de tous, d autant qu il y a toujours de nouveaux arrivants. Nicole Qui a bénéficié des 20 000 FCFA? Oumar 2 000 FCFA ont été remis à chacun de ceux qui ont effectué le transport de Sévaré, lieu de distribution, à destination. Nicole Comment vois- tu les jours prochains? Oumar Nous ne pouvons survivre sans votre aide, non seulement pour les besoins de nourriture et de soins mais aussi de kits scolaires pour les 1 700 enfants déplacés, de moustiquaires imprégnées car le palu fait des ravages, etc. Je dirais que la situation en sa version politique, ne va pas seulement toucher les nordistes mais l ensemble du pays car pour une situation qui dure depuis plus de 6 mois aujourd hui, il est difficile de les chasser en un seul moment. Nous savons le terrain pris par ces narcoislamistes. La fin de cette situation sera pour certains l abandon du foyer et pour d autres l abandon de son pays natal. Vous savez qu au Mali l hospitalité est très grande. Nous l appelons le «djattiguiya». Cette solidarité permet aux gens de manger, donc ça va, et jusque-là nous n avons pas appris la mort de quelqu un due à la famine ; l hôpital toutefois est rempli de malades paludéens. À titre personnel, en plus de ma participation bénévole à des émissions de radio locale, je cherche à organiser à Sévaré un jardin communautaire en agro-écologie, comme celui de Gao, mais il manque de quoi acheter les semences. La situation ici, à Mopti, est calme, mais ça n empêche que la population est toujours sur les oreilles. Au moment de l attaque de Gao, Mopti était vide, tout le monde a fui vers le sud (Ségou, Bamako, Sikasso, etc.). Maintenant la ville commence à se remplir. Et chacun cherche à s en sortir par du petit commerce ou autre moyen qui lui semble bénéfique. Les denrées de première nécessité sont extrêmement chères. Il est vraiment dur d être un réfugié dans son propre pays. 28 29

Vie du réseau vie du réseau vie du réseau vie du réseau vie du réseau Mission de Centraider au Burkina Faso Dans le cadre du programme de recherche pluridisciplinaire BIOSOL, dont la thématique centrale est l agro-écologie, Centraider participera à une mission au Burkina Faso en février 2013. À cette occasion, Centraider organisera sur place à Ouagadougou, le 15 février 2013, une «réunion délocalisée» de son groupe de travail Burkina Faso, animé par Bertrand Sajaloli. L objectif est de réunir les acteurs du réseau Centraider et, éventuellement, d autres réseaux multi-acteurs, intervenant dans le monde rural, en présence de scientifiques et de partenaires burkinabés. Plus largement, en se rapprochant de l Ambassade de France (SCAC), cette rencontre sera l occasion d échanger avec les acteurs de l aide au développement intervenant au Burkina Faso. > Elodie Baritaux : elodie.baritaux@centraider.org / 02 54 80 23 09 Réseaux régionaux multi-acteurs Deux nouveaux réseaux ont vu le jour en 2012, Bourgogne Coopération en Bourgogne et Territoires Solidaires en région Provence-Alpes-Côte d Azur. Homologues de Centraider, ils assurent sur leur territoire les mêmes missions d identification, formation, information, mise en réseau et accompagnement des porteurs de projet. Ces 9 réseaux régionaux se réunissent une fois par an, afin d échanger sur leurs missions et des problématiques communes, et ils mettent leurs expériences à la disposition des acteurs des autres régions. Aquitaine (2008) : CAP COOPERATION www.capcooperation.org Auvergne (2001) : CERAPCOOP www.cerapcoop.org Basse Normandie (1994) : HORIZONS SOLIDAIRES www.horizons-solidaires.org Bourgogne (2012) : BOURGOGNE COOPERATION www.bourgognecooperation.org Centre (2000) : CENTRAIDER www.centraider.org Franche-Comté (1997) : CERCOOP www.cercoop.org Nord-Pas de Calais (1999) : LIANES COOPERATION www.lianescooperation.org Rhône-Alpes (1994) : RESACOOP www.resacoop.org PACA (2012) : TERRITOIRES SOLIDAIRES www.territoires-solidaires.com Rencontre du groupe Tourisme équitable et solidaire Échange de pratiques autour de l organisation d un festival culturel au Tchad, de l idée à la réalisation photographies à l appui. Samedi 15 septembre à Joué-lès-Tours, le groupe de travail se réunissait à l occasion du vernissage de l exposition de La Saharienne : «Un festival des cultures sahariennes au Tchad». Nominations/Départs Ét a t Pascal Canfin est l actuel ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé du Développement Collec tivités te r r i to r i a l e s Conseil régional du Centre Dispositif financier d appui aux acteurs régionaux : Nadine Thébault a remplacé Tiffanie Rousseau > nadine.thebault@regioncentre.fr 02 38 70 27 18 Volontaires de Solidarité Internationale dans les Zones Prioritaires de Coopération Etat du Tamil Nadu (Inde) Eswar Radjarame remplace Cécile Champilou Province du Hunan (Chine) Estelle Lacadée remplace Marilyne Potel Province de Luang Prabang (Laos) Nina Bigot Région de Meknès-Tafilalet (Maroc) Jeanne Bigot remplace Paul Daulny Ville de Blois Emmanuelle Davignon est une nouvelle chargée de mission au sein de la cellule Appui aux projets, financements extérieurs et coopération > emmanuelle.davignon@ville-blois.fr 02 54 44 50 98 Ville de Joué -lès-tours Brigitte Lefebvre est chargée du Protocole, des Relations Internationales et du Partenariat depuis septembre 2012 > adm.malraux@ville-jouelestours.fr 02 47 73 73 31 Etablissements publics Délégation académique aux relations européennes, internationales et à la coopération (DAREIC) : Pascale Berthault, enseignante en histoire géographie et coordinatrice UNESCO au collège Jean Rostand (45) remplace Claire Lopin. > pascale.berthault@laposte.net 02 38 79 42 55 (le vendredi matin) / 06 50 37 61 00 As s o c i a t i o n s SEVES Anne-Charlotte Beaugrand remplace Laurence Philippe : > acbeaugrand@asso-seves.org Me d i n a 07 70 72 53 40 Le contrat de Magali Lavirotte, coordinatrice de programme, a pris fin vendredi 21 septembre. Un recrutement est en cours. Vie Associative L équipe de Centraider Le 15 mai, Centraider a eu le plaisir d accueillir un nouvel arrivant au sein de l équipe salariée : Corentin Cesbron est en charge de l animation de la commission Afrique, de la coordination de la Semaine de la solidarité internationale et des actions d éducation au développement. Pour toute question sur ces activités, n hésitez pas à le contacter! > corentin.cesbron@centraider.org / 02 54 80 23 09 Élection du conseil d administration À l occasion de l assemblée générale du 6 octobre à Tours, le conseil d administration a été renouvelé. Collège des collectivités locales Frédéric Tricot, ville de Vendôme réélu Collège des associations affiliées Georges Rondeau, CID-MAHT réélu Agnès Riffonneau, GREF - réélue Collège des associations locales non affiliées Jean-Jacques Ondet, Africamitié nouveau membre Marielle Anguis, SIERRA nouveau membre Roberto Martinez, Touraine Nicaragua Solidarité nouveau membre Issouf Elli Moussami, La Saharienne - réélu Hélène Mignot, ASEB (Aide à la Santé des Enfants Burkinabé) - réélue Le conseil d administration a élu le bureau Tony Ben Lahoucine, président Jean-Michel Henriet, trésorier Hélène Mignot, vice-présidente / ressources humaines Issouf Elli Moussami, vice-président / commission Tourisme Thiedel Camara, vice-président Georges Rondeau, secrétaire Prochaines formations Vendredi 30 novembre, à Chartes (28) Montage de projet de solidarité internationale Février 2013, à Chinon (37) Montage de projet de solidarité internationale Jeudi 13 décembre, à Tours Projet santé En partenariat avec Humatem, une journée de formation est proposée sur le don de matériel médical dans les projets d appui à l équipement de structures de santé. ---------- L équipe de Centraider est à votre écoute pour vous accompagner dans la mise en œuvre de votre projet. Des modules de formation méthodologique au montage de projet sont régulièrement proposés et peuvent être réalisés «à la carte». Un nouvel espace de travail Le groupe Agriculture vivrière et souveraineté alimentaire Dans un contexte où la pression sur les terres agricoles et leur dégradation prennent de plus en plus d ampleur, la question agricole et notamment l accès à une nourriture suffisante et de qualité sont des enjeux majeurs. L importante représentation de la problématique agricole dans les actions menées par les acteurs du réseau (au moins une centaines d acteurs référencés qui interviennent dans ce domaine) et l actualité forte sur ces questions nous conduisent à placer cette thématique au cœur des activités du réseau. Les objectifs du groupe de travail Sensibiliser et former les acteurs de la région Centre aux thématiques, techniques et modalités d intervention dans le domaine agricole, Permettre des échanges d expériences et la réciprocité entre les porteurs de projets et avec leurs partenaires du Sud, Réfléchir à des pistes d actions communes Le groupe de travail s inscrira dans la continuité de travaux et événements déjà organisés par Centraider Au mois de mai 2011, une rencontre du groupe Burkina Faso était organisée sur l agro-écologie en Afrique de l ouest, dans le cadre du programme de recherche RADICEL-K avec l Université d Orléans. Cette rencontre avait mobilisé un nombre important d acteurs et révélé un grand intérêt pour cette problématique ; La collaboration avec l Université d Orléans continue à travers le programme de recherche pluridisciplinaire Biosol, dont l un des objectifs est de diffuser des connaissances sur l agro-écologie auprès des acteurs de la coopération internationale ; Organisation, le 19 octobre 2012, d une table ronde sur les «mobilisations paysannes et la solidarité internationale dans la lutte contre l accaparement des terres», aux Rendez-vous de l histoire de Blois. L exploration de cet axe de travail permet à Centraider de se rapprocher d autres réseaux Projection de La Era del buen vivir, dans le cadre du festival de films ALIMENTERRE, organisée par la FCPE 37, la Ville de Tours, INPACT37, Biocoop - Organisation d une conférence de Pierre Rabhi au printemps 2013 - Relais de manifestations (conférence de Marc Dufumier organisée par Inpact37 le 25 septembre 2012 ). > Elodie Baritaux : elodie.baritaux@centraider.org / 02 47 34 99 47 > Administrateurs référents : Marielle Anguis, coordinatrice des projets de l association SIERRA et nouvelle administratrice de Centraider, et Joël Dine, représentant d AVSF dans le Loiret. La mission de Centraider au Burkina Faso s inscrit dans cette dynamique (voir p. 30) Première rencontre de ce groupe de travail mercredi 30 janvier 2013 afin de discuter des attentes et des besoins des uns et des autres. 30 31

www.centraider.org Retrouvez les informations concernant les activités du réseau, les acteurs et les différents groupes de travail thématiques et géographiques Centraider 59 bis, faubourg Chartrain, 41100 Vendôme Tél./Fax : 02 54 80 23 09 contact@centraider.org www. centraider.org Direction de la Coopération internationale Délégation générale Stratégies, Europe, Partenariat, Transversalité 02 38 70 32 66 cooperation-internationale@regioncentre.fr Conseil régional du Centre 9 rue Saint Pierre Lentin, 45041 ORLEANS CEDEX 1 02 38 70 30 30 www.regioncentre.fr Centraider est un réseau régional au service des acteurs de la coopération internationale basés en région Centre, un espace d échanges, de rencontres et de concertation pour les collectivités territoriales, associations et établissements publics engagés dans la coopération décentralisée et la solidarité internationale. Les 5 grandes missions du réseau identifier les acteurs de la coopération internationale en région Centre, les informer (lettres d information, bulletin de liaison, site Internet), les former, les accompagner (appui conseil personnalisé), les représenter, les mettre en réseau (groupes de travail thématiques et géographiques). Centraider est une association régionale loi 1901, dirigée par un conseil d administration regroupant une vingtaine d administrateurs, répartis en 5 collèges : Associations affiliées Peuples Solidaires 41- Jean-Michel Henriet, trésorier et groupe EAD CID-MAHT - Centre Ritimo - Georges Rondeau, secrétaire CCFD-Terre Solidaire - Pierre Ropars GREF - Agnès Riffonneau AVSF - Joël Dine AGIR abcd - Jean-Claude Lézier, groupe eau et assainissement Ambulanciers sans Frontières - Jean-Luc Guery Associations locales La Saharienne - Issouf Elli Moussami, vice-président en charge de la commission tourisme équitable et solidaire ASEB - Hélène Mignot, vice-présidente en charge des ressources humaines Dunia Solidarité Internationale - Thiedel Camara, vice-président Africamitié - Jean-Jacques Ondet SIERRA Marielle Anguis Touraine Nicaragua Solidarité - Roberto Martinez Collectivités locales Ville de Vendôme, Frédéric Tricot, en charge de la SSI Ville de Saint Jean-de-Braye - Franck Fradin, groupe eau et assainissement Ville de Semoy - Noëlle Charpentier Cercle des Amis de Fana - Chantal Millo, groupe Mali Comité jumelage St Jean-de-la-Ruelle - Tony Ben Lahoucine, président Établissement public Université d Orléans - Bertrand Sajaloli, groupe Burkina Faso Réseau départemental Réseau Afrique 37 - Gabriel Moussanang, commission Afrique Membre associé Fédération Université sans Frontières - Abdoulaye Keita, commission Mopti Pour mener à bien ces missions, Centraider reçoit le soutien financier du Conseil régional du Centre et du ministère des Affaires étrangères. Centraider est une association loi 1901 soutenue par la Région Centre et l État Bulletin de liaison semestriel, édition spéciale de 32 pages tirée à 1 500 exemplaires sur papier recyclé Directeur de publication Tony Ben Lahoucine Comité de rédaction Élodie Baritaux et l équipe Dossier documentaire Élodie Baritaux Création graphique Éléonore Linais Imprimeur Centr Imprim Photo de couverture Conseil régional du Centre Crédits photographiques Merci aux contributeurs de ce bulletin de liaison pour leurs photographies : Collectif La Semaine de Saint Jean-de-Braye, Jean-Luc Raharimanana, réseau Afrique 37, ADTTIL, Evita Eglite, Ceméa Centre, La Saharienne, CALIPAS International, Graines d Espérance Bénin, Bandia-Monnet, Yachachi, Parfum Culture, Culture Sud, Ma Idiane.