Fiche 27 : SEMIOLOGIE NEURORADIOLOGIQUE

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UE8 : Neuro Fiche 27 : SEMIOLOGIE NEURORADIOLOGIQUE I. Anomalies cérébrales A) Hyperdensités spontanées au scanner 1) Calcifications Hyperdensité très marquée, proche de celle de l os. - Physiologiques : extra-parenchymateuses : siègent dans la dure mère (faux et tente du cervelet), dans les plexus choroïdes (à l intérieur des ventricules) ou dans l épiphyse (à la partie postérieure du 3ème ventricule). - Pathologiques : à l intérieur du parenchyme cérébral 2) Sang coagulé Hyperdensité plus modérée que ds la clacification (+ 8O UH) Siège variable selon la cause: soit intravasculaire, soit dans le parenchyme, dans les espaces sous-arachnoïdiens ou dans les espaces péri-méningés 3) Corps étranger D origine iatrogène, accidentelle ou criminelle Tous les implants sont radio-opaques. B) Collections interposées entre os et parenchyme (hémorragies extracérébrales) 1) Hématome extra-dural Image : lentille biconvexe spontanément hyperdense interposée entre l os et le parenchyme cérébral Contexte : traumatisme crânien (TC) direct, le plus souvent chez le sujet jeune 2) Hématome sous-dural Croissant concave en dedans, interposé entre l os et le parenchyme cérébral. Aigu : hyperdense ; apparaît chez le sujet jeune à la suite d un TC grave. Chronique : hypodense ou de densité mixte ; TC mineur ou méconnu et se constituant lentement à partir d un petit saignement veineux, le plus souvent chez le patient de plus de 50 ans traité par anticoagulant ou antiagrégant plaquettaire. C) Hémorragies sous-arachnoïdiennes (HSA) ou méningées Hyperdensité spontanée (forme d étoile blanche) des espaces sous-arachnoïdiens de la base du crâne (=citernes de la base). Ces espaces sous-arachnoïdiens entourent les pédoncules latéraux (partie terminale du tronc cérébral) qui forment alors une tige centrale.

D) Hémorragies intra-parenchymateuses ou cérébrales Hyperdensité spontanée localisée siégeant dans le parenchyme cérébral. Le siège de l hémorragie oriente vers la cause du saignement : - lobaire (au niveau du cortex et la substance blanche d un lobe) doit faire rechercher une malformation vasculaire ; - profonde : habituellement la conséquence chronique d une HTA négligée. E) Syndrome de masse = Conséquences de l apparition d une masse intracrânienne (sans distinction de l origine du trouble : tumeur, hématome, œdème) sur les structures intracrâniennes de voisinnage. Critères sémio (dans l ordre chronologique d apparition) : - Effacement des espaces sous-arachnoïdiens - Diminution de taille et refoulement d un ventricule latéral - Refoulement du IIIème ou IVème ventricule - Refoulement des structures centrales du cerveau (noyaux gris centraux) F) Syndrome de dilatation ventriculaire =augmentation de volume d un ou plusieurs ventricules. 2 causes possibles : 1) Atrophie cérébrale Pas de syndrome de masse. 2) Hydrocéphalie S accompagne alors d un syndrome de masse (visible par un effacement des sillons corticaux). L hydrocéphalie reconnaît deux mécanismes : - Obstructive : obstacle visible (tumeur, hématome, rétrécissement) et dilatation ventriculaire en amont. - Non obstructive : les 4 ventricules identiquement dilatés et pas d obstacle visible. G) Anomalies parenchymateuses (hypodensités) non hémorragiques Etiologies : L hypodensité est un signe non spécifique qui peut se rencontrer dans un ensemble de pathologies vasculaires, tumorales, infectieuses, inflammatoires à la phase aigüe ou séquellaire. Devant une hypodensité ou une isodensité, le premier diagnostic à évoquer est celui d infarctus cérébral (première cause d atteinte du SNC) Eléments radiologiques distinctifs : - Siège de l hypodensité dans un territoire artériel ou non - Importance de l effet de masse - Séquences IRM spécifiques - Aspect de prise de contraste

1) Infarctus cérébral territorial Sémio : œdème bien limité : - cortico-sous-cortical (c est-à-dire atteignant le cortex et la substance blanche sousjacente) - quadrilatère, - exerçant un effet de masse modéré, - dans un territoire parenchymateux artériel. Territoires vasculaires : - Artère cérébrale moyenne (ou a. sylvienne): vascularise les 2/3 externes d un hémisphère cérébral. - Artère cérébrale antérieure : vascularise la face interne des hémisphères cérébraux jusqu au lobe occipital. - Artère cérébrale postérieure : Vascularise la face interne du lobe occipital et la face inférieure des lobes temporaux. - Tronc basilaire : Vascularise toute la fosse postérieure (tronc cérébral et cervelet). Valeur des examens dans le diagnostic de l infarctus cérébral : Phase suraiguë : premières heures - Scanner : normal - IRM en FLAIR, T1, T2 : normale (après 3h, l IRM en T2 détecte la lésion). - IRM en diffusion : hypersignal dès la 1ère heure dans la zone de nécrose. Phase d état : après 12 heures et pendant 3 premières semaines - Scanner : hypodensité - IRM FLAIR : hypersignal - IRM en diffusion : hyposignal 2) Autres causes d hypodensité parenchymateuse : infectieuse et tumorale - Contours irréguliers (contrairement à l infarctus qui est bien limité) - Sous-corticales (l infarctus est cortico-sous-cortical) - Effet de masse plus marqué que celui d un infarctus - Pas dans un territoire artériel - Prise de contraste : annulaire ou hétérogène Abcès cérébral à pyogènes Hypodensité liquidienne délimitée par une prise de contraste annulaire (correspondant à l inflammation), elle-même entourée par une hypodensité parenchymateuse (œdème périlésionnel). Peut être unique ou multiple. Tumeurs intra-parenchymateuses = intra-axiales - Les tumeurs primitives : En général unique, présente un aspect hétérogène comportant une portion charnue prenant le contraste et des zones kystiques et est entourées d un œdème périlésionnel, l ensemble exerçant un effet de masse sur les structures adjacentes. La prise de contraste est un témoin de gravité histologique.

- Les tumeurs secondaires : métastases d un cancer primitif connu on non. Elles se présentent sous forme d images unique ou multiples, hétérogènes, avec une portion kystique plus ou moins importante et une portion charnues prenant le contraste. Tumeurs extra-parenchymateuses=extra-axiales Sémio : - large base d implantation sur une structure extra-parenchymateuse (dans l os ou la dure mère) - refoulent le parenchyme cérébral. - isodenses au scanner et isosignal en IRM - se rehaussent intensément après injection de contraste (sauf les micro-adénomes de l hypophyse). Les trois plus fréquentes : - méningiomes (développés à partir des cellules arachnoïdiennes, dans la convexité) - adénomes de l hypophyse (dans la selle turcique du sphénoïde, sous la citerne optochiasmatique) - neurinomes du VIII (dans l angle ponto-cérébelleux). II. Imagerie des vaisseaux cérébraux Demandée après l exploration du parenchyme cérébral pour rechercher la cause d un infarctus cérébral ou d une hémorragie cérébrale ou méningée. A) Les différents examens d exploration Examens non invasifs : l angioscanner (qui est l examen de première intention) et l angioirm qui consistent en une acquisition rapide (<10 secondes) d images en coupes pour suivre le bolus de produit de contraste dans les vaisseaux puis reconstruction 3D de ceux-ci par informatique. Examen invasif : l angiographie cérébrale conventionnelle (pour lesquels on introduit un KT par l artère fémorale jusqu aux différentes artères cérébrales qu on opacifie en injectant un produit de contraste). On réserve cette dernière pour la pathologie des petits vaisseaux (ex : pathologie malformative quand l angioscanner est non concluant) ou pour le bilan préthérapeutique. B) Rétrécissement de la lumière vasculaire Thrombose : occlusion d une artère Sténose : due à un dépôt de cholestérol dans la paroi artérielle formant la plaque d athérome (essentiellement au niveau de la bifurcation des carotides externes et internes) C) Malformations (difformités) vasculaires Anévrysme cérébraux : image d addition artérielle en forme de sac Le diagnostic se fait maintenant par angioscanner complété par angiographie avant ttt Malformations artério-veineuses cérébrales = MAVc = Communications entre des artères et des veines cérébrales distales. En angiographie : amas de vaisseaux anormaux associé à un retour veineux précoce et à une dilatation de l artère nourricière et de la veine de drainage.

III) Examen de la moelle épinière Bien étudiée que par IRM. Un scanner est parfois demandé pour analyser l os vertébral mais ne permet pas l étude du parenchyme médullaire. A) Compression de la moelle Effacement des espaces sous-arachnoidiens. Compression par un processus extra-médullaire : la moelle est refoulée de dehors en dedans par un processus extra-dural (vertèbre, disque, espace épidural) ou intradural mais extra-médullaire (dure-mère (méningiome) ou racine (neurinome). Compression par un processus Intra-médullaire : la moelle n est pas refoulée mais élargie par une tumeur médullaire (épendymome, astrocytome). B) Atteinte non compressive de la moelle Les espaces sous arachnoïdiens sont normaux mais la moelle présente une anomalie de signal. Pathologie inflammatoire ou vasculaire.