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La leishmaniose à Leishmania braziliensis en Guyane Française Mémoire de Capacité de Médecine Tropicale soutenu le 9 Décembre 2008 à Bordeaux par Emmanuelle Papot INTRODUCTION La Guyane Française est située en zone équatoriale au Nord du continent Sud Américain La leishmaniose cutanée y est endémique L agent le plus souvent retrouvé est L. guyanensis Hors, il n est plus rare de rencontrer des leishmanioses à L. braziliensis Ce qui est important à définir car le pronostic est plus grave : atteinte cutanéo-muqueuse

La Guyane Française Carte de la Guyane Situation géographique RAPPELS (1) : La Guyane Département français d Amérique 96% de forêt vierge équatoriale Population de plus en plus présente dans la forêt : professionnels, orpailleurs, éco-tourisme Structure sanitaire : Deux Centres Hospitaliers, une clinique Centres de Santé

RAPPELS (2) : La Leishmaniose Plusieurs espèces se divisent entre le Nouveau et l Ancien Monde Suivant la géographie les agents et la clinique diffèrent : leishmanioses cutanées (LC), cutanéo-muqueuses (LCM) ou viscérales Le vecteur : phlébotomes Le réservoir : mammifères RAPPELS (3) : La Leishmaniose (LC & LCM) Clinique : Ulcère indolore des zones découvertes selon l agent métastases vers les muqueuses Papules, nodules / unique ou diffus Adénopathies satellites / rares surinfections Diagnostic biologique : Frottis de la lésion Culture, PCR Traitement : Pentacarinat, Glucantime

RAPPELS (4) : LC & LCM en Guyane Reconnue endémique pour les LC, principalement à L. guyanensis Vecteurs et réservoirs sont présents Consultation au Centre Hospitalier de Cayenne, service de Dermatologie : clinique, examen microscopique direct Laboratoire Hospitalo-Universitaire de Parasitologie Mycologie de Cayenne : relecture des lames, culture, PCR-RFLP Traitement minute par Pentacarinat RAPPELS (5) : L. braziliensis Agent des leishmanioses cutanéomuqueuses du Nouveau Monde Se présente comme une lésion cutanée simple des zones découvertes, spontanément résolutive Mais métastase muqueuse secondaire faciale destructrice possible toute la vie Existence de résistances aux traitements usuels

La Leishmaniose Phlébotome Mouton Paresseux Ulcération chez un militaire consultant au CdS de Maripasoula Résultat du frottis de cette lésion en MO Ulcère dû à L. braziliensis Frottis correspondant Avec l aimable autorisation du Pr P Couppié Etude de la leishmaniose à L. braziliensis en Guyane Objectifs : Principal : bilan des cas de L. braziliensis diagnostiqués en Guyane Française Secondaire : profil des patients, lieu de contage supposé, réponse au traitement, existence de lésions muqueuses Matériel et Méthode : Analyse descriptive des patients vus dans le service de Dermatologie ou en Centre de Santé, ayant bénéficié d une identification de souche au LHUPM de Cayenne par PCR-RFLP Entre Janvier 1994 et Décembre 2007

RESULTATS (1) 17 patients testés : Effectif Années Nombre de cas testés L. braziliensis + 16 hommes pour 1 femme Moyenne d âge 33,3 ans Profession : orpailleur & militaire > guide > autre Origine : Métropole > Europe & Amérique du Sud > Guyane Lieu supposé de contamination : Guyane (6), reste du plateau des Guyanes (2), inconnu (9) RESULTATS (2) Temps d incubation moyen : 3 mois (9) De 1 lésion (8) à 227 (1)! Ulcère cutané (10) Lésions muqueuses (cloison nasale) :1 d emblée, 1 rechute Localisation : membre supérieur (6), membre inférieur (4), dos (3), cou (1) 3 lymphangites, 1 surinfection

RESULTATS (3) 5 frottis / 7 positifs Traitement de première intention : Pentacarinat Echec thérapeutique 7 / 7 dossiers complets, puis 4 patients «chroniques» Traitement secondaire : Pentacarinat, Glucantime, Ambisome, (Sporanox ) 1 contexte d immunodépression : VIH Leishmanioses à L. braziliensis diagnostiquée en Guyane Forme papulo-croûteuse diffuse Récidive sous forme de nodules Forme cutanéo-muqueuse TDM d une ulcération nasale (avec l aimable autorisation du Pr P Couppié)

DISCUSSION (1) Fréquence en augmentation de LCM à L. braziliensis en Guyane Française [Racurt et al, Dedet et al, Carme et al] : 8,2% (2 ème après L. guyanensis : 84,8%) Technique d identification par PCR-RFLP sensible et faite sur place [Rotureau, Simon, Carme et al ; Volpini et al], rentabilité inférieure pour l étalement par rapport à la biopsie Biais de sélection DISCUSSION (2) Profil : jeune homme travaillant en forêt avec une lésion unique ulcérée sur une zone découverte du corps Activité diurne du phlébotome dérangé sur tout le plateau des Guyanes Pression sur le milieu par les orpailleurs, éco-tourisme Rares lésions muqueuses, toujours nasales Répartition géographique hétérogène en Guyane Française

DISCUSSION (3) Patients VIH : présentation atypique, polymorphe et disséminée (prévalence : environ 1/an en Guyane) OMS] [Couppié et al, rapport Touristes, «expatriés» jouent un nouveau rôle, sujet non immuns, ne pas passer à côté du diagnostic Traitement de 1 ère intention avant typage non efficace, constatation générale pour L. braziliensis DISCUSSION (4) Une fois L. braziliensis diagnostiquée, traitement long par Pentacarinat ou Glucantime en systémique, nouvel intérêt de l AmBisome, protocoles varient suivant publications Pas de traitements locaux seuls Importance de la prévention, malheureusement difficilement applicable selon les populations visées

CONCLUSION Fréquence des diagnostics et présence en augmentation de L. braziliensis en Guyane Française Modification des complexes pathogènes, pression écologique sur la forêt Utilité de l identification : présentation banale de la lésion cutanée primitive, risque d ulcération muqueuse tardive délabrante Prévention primaire primordiale Instaurer une «prévention secondaire» : détermination systématique d espèce des patients consultant venant de Guyane, éducation & surveillance prolongée, adaptation du protocole thérapeutique, information aux médecins Merci de votre attention!