Les imperfections de concurrence dans l industrie bancaire : spécificités et conséquences Entretiens Enseignants Entreprises Jean-Paul POLLIN 30 août 2012 Laboratoire d Economie d Orléans (LEO) 1
Plan de l exposé Introduction : Les particularités des marchés bancaires I. L origine des imperfections de marchés dans l industrie bancaire Effets de taille et d envergure. La différenciation par la production o d information. o II. Les conséquences des imperfections de marchés dans la banque Sur l efficience. Sur la stabilité. Conclusion : Quelles régulations? 2
Introduction On ne peut traiter de la concurrence dans la banque comme on le fait pour les biens et services ordinaires (homogènes) Parce que : L existence des banques se justifie par l existence d asymétries d information, ce qui oblige à analyser différemment le fonctionnement de leurs marchés. Les systèmes de paiements et de crédit ont un caractère de service public. 3
I. L origine des imperfections de marché dans l industrie bancaire 1. Economies d échelle et d envergure a. Economies d échelle Les études empiriques ne mettent pas en évidence l existence d économies d échelle, au-delà d une certaine taille. Cette taille est très faible si on la compare à celle des établissements existants? Ces études sont sans doute discutables mais elles contredisent l idée d un système bancaire nécessairement concentré. 4
I. L origine des imperfections de marché dans l industrie bancaire (suite) Il existe certainement des fonctions pour lesquelles les coûts fixes sont importants, donc pour lesquelles existent des économies d échelle. Mais ces fonctions peuvent ent être externalisées et partagées? Il existe certainement des effets de club ou de réseaux attachés à certains services (les cartes de paiement par exemple). Mais la mise en compatibilité des réseaux permet de les résoudre au profit du consommateur. Et si l avantage de la taille était lié à un phénomène de «Too big to fail»? 5
I. L origine des imperfections de marché dans l industrie bancaire (Suite) 1. Economies d échelle et d envergure (suite) b. Economies d envergure Les travaux empiriques ne valident pas non plus l existence d économies d envergure (de variété ou de gamme) dans la banque. On peut à nouveau discuter ces résultats, qui contredisent les bienfaits supposés de la «banque universelle». Mais à vrai dire on peut se demander où suit les synergies entre les activités de marché et celles de la banque de détail. 6
b. Economies d envergure (suite) Il est vraisemblable que des synergies existent au niveau de la distribution, mais cela ne signifie pas que les banques doivent nécessairement produire ce qu elles distribuent. L argument de l utilité de la diversification des activités est également peu convaincant. 7
I. L origine des imperfections de marché dans l industrie bancaire (Suite) 2. La différenciation i Les services bancaires sont assez homogènes. Il n y ny a pas de brevets, licences ou copyrights concernant les innovations financières. Pourtant on observe que la fidélité des clients à leur banque est bien supérieure à celle qu ils accordent aux autres distributeurs. Ceci peut s expliquer par le fait que les offres de services bancaires sont souvent implicitement liées. 8
I. L origine des imperfections de marché dans l industrie bancaire (Suite) 2. La différenciation (suite) Plus encore c est cest le crédit qui joue le rôle principal dans la fidélisation bancaire. Ce qui explique qu il joue le rôle de produit d appel conduisant parfois à une sous tarification. Dès lors la concurrence va générer des péréquations intertemporelles que l existence d asymétries d information rend possibles. 9
II. Les conséquences des imperfections de marché dans la banque 1. Les conséquences sur l efficience i du secteur Les modèles «traditionnels» (Monti-Klein) montrent que la concentration accroit la marge bancaire et défavorise débiteurs et créditeurs. Mais c est là un résultat qui ne prend pas en considération les particularités de la banque. Il se peut qu une concurrence excessive (entre banques et intermédiation/marchés) conduise à une rupture des relations de long terme et à une moindre production d information. Mais il se peut au contraire que cela incite les banques à se différencier en approfondissant les relations de long terme. 10
II. Les conséquences des imperfections (suite) La concurrence peut être gênante si elle conduit à une sous-tarification du crédit. Mais la concentration peut avoir les mêmes effets si la subvention publique implicite qu elle génère se traduit par un coût du crédit artificiellement bas. Au total les travaux empiriques n apportent pas de réponse empirique claire sur le rôle de la concentration. En revanche diverses études montrent que la confusion des activités de marché et de banque de détail peut détruire de la valeur (problème de gouvernance, d informations). 11
II. Les conséquences des imperfections (suite) 2. Les conséquences sur la stabilité financière iè La concentration est favorable à la stabilité dans la mesure où elle favorise les marges bancaires. Alors qu uneune trop forte concurrence incite à la prise de risque pour accroître la rentabilité et gagner des parts de marché. Mais la protection implicite dont bénéficie un système bancaire concentré incite à la prise de risque. La diversification des activités, même si elle profite aux établissements pris individuellement, tend à accroître le risque systémique. La diversité des établissements est sans doute favorable à la stabilité du système financier. 12
Conclusion L analyse aussi bien que les travaux empiriques ii ne permettent t pas de définiri une structure optimale de l industrie bancaire. La réglementation de la concurrence bancaire est donc plutôt une affaire de cas particuliers et de circonstances. Il reste que la tendance à la concentration et à la «généralisation» des banques universelles, ne soit ni justifiées ni souhaitables. 13