Note sur l extension de la couverture d assurance maladie au Rwanda



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Transcription:

Note sur l extension de la couverture d assurance maladie au Rwanda Alexandra Panis, BIT / STEP. Kigali, Janvier 2008 1) Contexte historique des mutuelles de santé au Rwanda En 1999, le gouvernement rwandais a initié les mutuelles de santé au niveau de 3 sites pilotes (Ancien district de Kabutare, hôpital de Gabgayi, Centre de santé de Bungwe). Cette expérience a été initiée pour concilier, dans un contexte de pauvreté, l amélioration de l accessibilité financière aux soins de santé et l équité dans le système de santé d une part et, la nécessité de mobiliser des ressources internes pour accroître la viabilité financière des services de santé d autre part. Suite à cette expérience, les mutuelles ont été un des sujets importants dans la politique du MINALOC (ministère de l administration locale) et du MINISANTE (ministère de la santé). En décembre 2004, le gouvernement a décidé d élaborer un document stratégique «Politique de développement des mutuelles de santé au Rwanda» afin d étendre sur tout le territoire la création de mutuelles de santé pour atteindre les populations rurales et le secteur informel. Depuis début 2005, une loi sur les mutuelles de santé est en cours d élaboration pour clarifier le rôle, le statut et l organisation de ces mutuelles. Entre-temps et avant que le processus d adoption de loi ne soit finalisé, le développement des mutuelles a été lancé dans 30 districts du pays depuis 2005. Au cours du mois d avril 2006, pour soutenir ce processus, trois instructions ministérielles du ministère de la Santé concernant directement les mutuelles de santé, ont été signées par le ministre de la Santé (cf. Annexe 5) : N 20/14 du 04/04/2006 portant création du Fonds de Solidarité Nationale pour la santé et le Fonds de Solidarité pour la Santé des Districts (Pooling Risk). N 20/15 du 04/04/2006 portant attributions des Instances Administratives des Mutuelles de Santé au Rwanda. N 20/17 du 24/04/2006 relative à la gestion des fonds octroyés par le projet Assuring Access to Quality Care/GF pour la mutuelle de santé des personnes vulnérables. Au cours de l année 2006, le gouvernement a décidé de retenir la formule de l adhésion familiale obligatoire pour toute la population Rwandaise. Les montants des cotisations n ont pas été imposés par le ministère de la santé et chaque district a pu déterminer lui-même le montant des cotisations familiales. Celles-ci ont varié de 3.000 Frw 1 (milieu rural) à 11.500 Frw par famille (ville de Kigali) et par an. Le montant des cotisations était fixe et inchangeable entre le 1 er janvier et le 31 décembre 2006, quelle que soit la période de paiement par les familles. A partir du mois de septembre 2006, un nouveau montant de la cotisation a été déterminé par le ministère de la Santé pour l année 2007 et celui-ci devait être versé 1 Taux de change Mai 2007 1$ = 550 Frw

au niveau des sections de mutuelle à partir du mois d octobre 2006 et au plus tard pour le 31 janvier 2007. Ce nouveau montant de cotisation a été fixé à 1.000 Frw par personne et par an. Seuls les nouveaux-nés peuvent bénéficier d une cotisation calculée au prorata du nombre de mois qu il reste depuis la date de leur naissance jusqu à la fin de l année en cours. Ce montant est faible par rapport aux coûts réels de la santé mais reste cependant élevé pour une moyenne de 6 personnes par famille ce qui représente un versement global de 6.000 Frw. L intégralité du montant de la cotisation pour toute la famille doit être versée afin que cette dernière puisse bénéficier des soins de santé couverts par la mutuelle. En plus de la cotisation, il y a un montant de copaiement individuel des soins à charge de chaque bénéficiaire. Pour l ensemble des mutuelles de santé, celui-ci a varié au cours de l année 2006 entre 100 Frw et 300 Frw au niveau des centres de santé et entre 10 % et 15 % du coût total au niveau des hôpitaux. Depuis le mois de janvier 2007, le ministère demande d appliquer un copaiement homogène dans tous les districts de 10% du montant total des prestations consommées au niveau des centres de santé comme au niveau de l hôpital. Cependant, cette uniformisation n est pas encore appliquée dans toutes les formations sanitaires. L adhésion à une assurance santé est obligatoire pour toute personne résidant sur le territoire rwandais. Les mutuelles de santé ne sont pas les seules assurances santé existantes au Rwanda mais elles sont les plus récentes et visent un public de très grande envergure puisqu elles visent principalement les personnes vivant de l économie informelle, ce qui représente plus de 85% de la population rwandaise. 2) Structuration et organisation des mutuelles de santé au Rwanda Il existe une mutuelle de santé dans chaque district du Rwanda (30). Ces mutuelles de district sont gérées par des fonctionnaires appelés «professionnels techniques chargés de la mutuelle de santé». Toutes les mutuelles de district sont composées chacune de plusieurs sections de mutuelle. Celles-ci sont établies dans chaque centre de santé du district c'est-à-dire dans chaque secteur (en moyenne 12 par district). Ces sections de mutuelle sont gérées par des gestionnaires. L organigramme ci-dessous illustre le schéma «théorique» de la structure «mutualiste» prévue au Rwanda :

Le Rwanda dispose d une administration décentralisée dans les districts. Chaque district est une entité administrative «autonome» et le maire du district à une large autonomie administrative et de gestion. Néanmoins les liens avec les différentes autorités nationales sont encore bien présents. En ce qui concerne les mutuelles de santé de district, elles ne sont pas des structures totalement autonomes au sens conceptuel habituel des mutuelles de santé. En effet, au niveau du comité de gestion de la mutuelle du district, 3 personnes sur 5 sont des fonctionnaires de l Etat nommés d office (le directeur de santé du district, le vicemaire chargé des affaires sociales du district et le chargé de la mutuelle de district). Les 2 autres personnes sont élues par les comités des sections des mutuelles de santé. Actuellement seules les mutuelles de districts ont un statut juridique, et qualité de personne morale à but non lucratif. Dans les sections des mutuelles de santé, le comité de gestion de la section est élu par les adhérents de la section. Le titulaire du centre de santé est invité aux réunions mais celui-ci n a pas le droit de vote. Ces sections n ont pas de statut juridique clairement identifié. Elles ont l autorisation «d exister» en tant que telles, sur accord du maire de chaque district. Organisation administrative et financière des mutuelles de santé (district) Le professionnel technique chargé de la mutuelle de santé est un fonctionnaire de l Etat rémunéré par le district sur le financement du district ou sur le financement du Pooling Risk 2. Celui-ci est pris en charge au niveau social par l Etat c'est-à-dire au niveau des cotisations de la RAMA (Rwandaise des assurances maladies), de la caisse sociale... 2 Cfr paragraphe 3) sur le financement des mutuelles de santé au Rwanda

La rémunération des chargés de la mutuelle de santé n est pas fixée par le ministère mais elle est déterminée par le maire de chaque district. Le rôle principal du chargé de la mutuelle de santé est l appui technique dispensé aux sections de sa mutuelle et aussi, la vérification des factures de soins des hôpitaux de district. Toutes les décisions financières au niveau de la mutuelle de santé doivent être approuvées par le comité de gestion et l exécution de ces paiements est effectuée par les cosignataires du compte bancaire du district, c'est-à-dire, le secrétaire exécutif du district et le directeur du patrimoine du district. Le chargé de la mutuelle n est pas signataire du compte de la mutuelle de santé. En règle générale, les mutuelles de santé couvrent 90% de la population des districts. La population des districts varie de 200.000 à 400.000 personnes. Cette population est principalement rurale et travaille dans l économie informelle. Les sections de mutuelles de santé sont basées au niveau des centres de santé distants entre eux généralement de 10 km. La fréquence des réunions du comité de gestion est d une fois par mois minimum pour l approbation des factures reçues des hôpitaux de districts. Actuellement, tous les comités de gestion ne sont pas encore formés dans tous les districts. Dans les districts où le comité de gestion n existe pas, la décision est prise par les 3 fonctionnaires en charge de la mutuelle. Les conventions avec les hôpitaux de district sont signées entre les directeurs des hôpitaux et le maire de district. Organisation administrative et financière des sections de mutuelles de santé (secteurs) Les sections de mutuelles de santé sont gérées par des gestionnaires recrutés par le district. Actuellement dans la plupart des sections, un seul gestionnaire est engagé par section. Celui-ci n est pas un fonctionnaire de l Etat mais un agent de la section de la mutuelle de santé. Bien que n ayant pas une personnalité juridique clairement identifiée, toutes les sections de mutuelles ont ouvert à la demande des maires leurs propres comptes bancaires auprès des caisses populaires des secteurs. Le montant et la rémunération des gestionnaires se fait par la section de la mutuelle et il n est pas rare de constater un écart significatif entre les gestionnaires d un même district et/ou d un district différent. La rémunération des gestionnaires varie entre 30.000 Frw / mois (Gisagara) et 110.000 Frw / mois (Nyarugenge). Au cours de l année 2007, la Cellule Technique d Appui aux Mutuelles de Santé a demandé au district d uniformiser la rémunération de ces gestionnaires au sein de leur district mais aussi au niveau national. La section de la mutuelle se situe généralement au sein du centre de santé du secteur. Celle-ci vise généralement toute la population cible du centre de santé (excepté les adhérents d autres systèmes d assurance santé) c'est-à-dire entre 15.000 bénéficiaires (milieu rural) et 60.000 bénéficiaires (milieu urbain). Le comité de gestion de la section de la mutuelle est élu par et parmi les adhérents de la section. Ce comité se réunit au minimum une fois par mois pour l approbation et la signature des factures de soins des centres de santé. Les factures de soins sont envoyées au gestionnaire à la fin de chaque mois. Dans certaines sections, le comité

de gestion appuie le gestionnaire dans son travail quotidien surtout lors de la période d adhésion. Les conventions entre les sections de mutuelles de santé et les centres de santé sont signées par le président du comité de gestion de la section et le titulaire du centre de santé. Organisation et rôle de la Cellule Technique d Appui aux Mutuelles de Santé (CTAMS) La CTAMS est une cellule qui dépend directement du MINISANTE. Elle travaille en étroite collaboration avec les structures mutualistes, les districts et les provinces dans la mise en œuvre du développement des mutuelles de santé. Le rôle de cette cellule est d apporter un appui au développement des mutuelles de santé en contribuant à l élaboration des stratégies, la formulation de politiques, le suivi et l évaluation des mutuelles de santé. Celle-ci, outre le cadre juridique, est responsable du développement des mutuelles de santé, de la diffusion des outils de gestion et des formations techniques. La CTAMS est composée de 3 personnes financées par le ministère de la Santé (un coordinateur, un responsable planification, formation et recherche et un responsable du suivi-évaluation). Depuis le financement du projet Global Fund (GF), 3 personnes supplémentaires ont été ajoutées, un chef du projet GF, un informaticien et une chargée de la communication mais cela reste très insuffisant vue l ampleur des tâches à réaliser. Pour renforcer cette cellule technique et augmenter son efficacité, il est prévu le recrutement de 4 nouveaux agents de la fonction publique. 3) Couverture des soins et financement des mutuelles de santé Couverture des soins offerte par les mutuelles de santé La couverture des soins par la mutuelle comprend tous les services et médicaments offerts par les centres de santé (paquet minimum d activités «PMA» 3 ) et tous les services et actes au niveau de l hôpital (paquet complémentaire d activités «PCA» 4 ) excepté la chirurgie esthétique (hors accident) et les prothèses. Comme énoncé dans le point 2, depuis septembre 2006, le ministère de la Santé a fixé la cotisation obligatoire à 1.000 Frw par personne et par an (sauf pour les nouveauxnés) avec une adhésion familiale obligatoire depuis le mois de janvier 2007. Le calcul de la prime de cotisations a été fait lors de l élaboration du document «Politique de Développement des Mutuelles de santé au Rwanda» sur la base des informations statistiques obtenues par le Système National d Information Sanitaire (SIS) en 2003. 3 PMA : Consultation prénatale, consultation postnatale, vaccination, planification familiale, service nutritionnel, consultations curatives, soins infirmiers, hospitalisation, accouchement simples, médicament essentiels et génériques, analyse de laboratoire, intervention chirurgicales mineures, information, éducation et communication en matière de santé, transport du malade à l hôpital de district 4 PCA : Soins offerts dans les hôpitaux de districts et référence à l exception de la chirurgie esthétique et des prothèses

Les primes de cotisation annuelle pour le PMA et pour le PCA ont été arrondies à 1.000 Frw par personne et par an pour chacun des niveaux de soins. Il en résulte une cotisation annuelle de 2.000 Frw par personne pour la couverture des soins proposée par les mutuelles de santé. Dans l objectif d appuyer le processus de développement des mutuelles de santé afin d augmenter l accessibilité financière à un maximum de la population rwandaise, le gouvernement rwandais a décidé d élaborer un Fonds de Solidarité de la santé au niveau des districts (Pooling Risk district) et un Fonds de Solidarité de la santé au niveau national (Pooling Risk national). Ces 2 fonds doivent suppléer le montant de la cotisation requise par habitant pour avoir accès au PMA et au PCA. Compte tenu de la faiblesse des revenus, la cotisation demandée à la population a été fixée à 1.000 Frw pour couvrir les coûts des soins du PMA. Les coûts des soins du PCA doivent être pris en charge par les Pooling Risk (subventions nationales et internationales). Répartition des financements La cotisation individuelle de 1.000 Frw est versée par la section de la mutuelle de santé. Cette cotisation est répartie en 2 comptes séparés : 90% reste au niveau de la section (900 Frw). 10% sont envoyés au niveau de la mutuelle de santé (100 Frw) en vue de constituer un Fonds de Solidarité pour la santé (Pooling Risk) district. Les 90% de la cotisation sont utilisés pour les prestations des soins de santé pour les centres de santé (PMA) et pour les frais de fonctionnement des sections (salaires des gestionnaires, frais de location, électricité, déplacements..) 5. Le compte bancaire de la section est géré par le gestionnaire et le comité de gestion de la section mais ceux-ci sont liés implicitement aux autorités du district. Pour le financement du PCA dans les hôpitaux de districts et dans les hôpitaux de référence, un Pooling Risk district et un Pooling Risk national ont été envisagés. «Pooling Risk» au niveau du district Selon l instruction ministérielle N 20/14, le directeur ayant la santé dans ses attributions dans le district est spécialement chargé du suivi quotidien de la gestion du Pooling Risk du district. Les factures des hôpitaux de districts sont signées par deux personnes parmi les personnalités suivantes : Le secrétaire exécutif du district. 5 La répartition entre les frais de fonctionnement et les prestations des soins de santé n est pas toujours correctement suivie par le district ou par la CTAMS lors de la réception des rapports mensuels envoyés par les mutuelles de santé de district. Un exemple de rapport mensuel est en annexe du rapport. Il a été constaté que dans certaines sections, les frais administratifs sont supérieurs aux frais des prestations des soins de santé. Cette situation qui ne semble pas conforme à une bonne pratique assurantielle en matière de protection sociale mériterait une attention particulière. Il semble également que certains gestionnaires n ont pas conscience du rôle important qu ils ont à jouer en matière de contrôle des prestations. Ils acceptent parfois trop facilement de payer les factures demandées par les prestataires sans vérification de celles-ci.

Le directeur de la santé. Le comptable du district. Toujours selon l instruction ministérielle N 20/14, le Pooling Risk du district peut être utilisé pour : Recouvrir tous les soins de santé, couverts par la mutuelle de santé, dispensés aux bénéficiaires par les hôpitaux de district. Assurer les salaires du gestionnaire 6, du fonctionnaire en charge de la mutuelle de santé du district. Assurer les jetons de présences des membres du conseil d administration (5 personnes) de la mutuelle de santé de district quand il se réunit. Le Pooling Risk au niveau du district doit être constitué par : La contribution du Pooling Risk national. La contribution du district. Les subventions des bailleurs. La contribution de la mutuelle de santé de district. Le Pooling Risk au niveau du district est actuellement constitué par les 10% du montant des cotisations perçues au niveau des sections de la mutuelle (pas encore d application dans toutes les mutuelles) et des apports extérieurs (principalement le Global Fund via son projet Assuring Access to Quality Care/GF 7 pour la mutuelle de santé des personnes vulnérables). «Pooling Risk» au niveau national Selon l instruction ministérielle N 20/14, le Fonds de Solidarité Nationale pour la santé est basé au niveau du Ministère de la Santé, Cellule Technique d Appui aux Mutuelles de santé. Les factures des hôpitaux de référence sont signées par deux personnes des personnalités suivantes : Le secrétaire général du ministère de la Santé. Le directeur des Finances et Gestion des ressources internes du MINISANTE. Le coordinateur de la CTAMS. Toujours selon l instruction ministérielle N 20/14, le Pooling Risk national peut être utilisé pour : Recouvrir tous les soins de santé, couverts par la mutuelle de santé, donnés aux mutualistes par les hôpitaux de référence du pays. Venir en aide aux mutuelles de santé qui ne sont pas parvenues à couvrir les soins à ses bénéficiaires à cause des raisons diverses autres que la mauvaise gestion financière de la part des gestionnaires de ces mutuelles de santé. Assurer les jetons de présences des membres du Conseil d Administration (7 personnes) quand il se réunit. Le Pooling Risk au niveau national doit être constitué par : La contribution des salariés du secteur public et privé versée par la RAMA. 6 Pas appliqué dans tous les districts 7 Projet assuring access to quality care/gf expliqué plus bas

La contribution de l assurance maladie des militaires (MMI). Les subventions de l Etat. La contribution des différents bailleurs. Le Pooling Risk national est actuellement constitué par les subventions de l Etat (400 millions de Frw (juin 2007). Subvention des personnes vulnérables et des indigents Certaines initiatives locales des districts et des organisations non gouvernementales (ONG) utilisent les mutuelles de santé pour véhiculer des subsides publiques et/ou les subventions des bailleurs afin d aider les groupes vulnérables et les indigents à adhérer aux mutuelles de santé. Actuellement plusieurs ONG et/ou associations (Croix rouge, AFXB, Caritas, Projet San Francisco, Oxfam, confessions religieuses.) prennent en charge les soins de santé de leurs bénéficiaires au niveau du PMA et du PCA. Le pourcentage des personnes prises en charge par ces différentes organisations n est pas connu actuellement par le gouvernement mais une étude envisagée par le programme STEP est en cours afin de collecter ces informations. Les premiers résultats sont présentés au point II.2 de la partie II du rapport. En plus des apports des organismes publics et privés, le Rwanda bénéficie depuis le début de l année 2006 du projet Assuring Access to Quality Care/GF pour la mutuelle de santé des personnes vulnérables financé par le Global Fund. Les financements obtenus pour la 1 ère phase 2006-2007 et les prévisions pour la 2 ème phase (2008-2010) sont les suivants : Nombre de très pauvres (indigents) pour le PMA et le PCA (3,65 $/personne/an) Nombre de pauvres uniquement la cotisation le PCA (1,82 $/personne/an) Nombre d orphelin pour le PMA et le PCA Nombre de PVV Pour le PMA et le PCA PHASE I PHASE II 2006 2007 2008 2009 2010 Nombre Budget Budget Budget Budget Budget Nombre en $ en $ en $ en $ en $ 782.938 3.019.970 714.816 2.901.430 2.787.542 2.678.125 2.573.002 591.494 989.972 722.680 1.315.277 1.768.055 2.090.195 2.471.029 79.361 277.764 79.361 266.862 256.387 246.323 236.654 38.037 513.500 38.037 490.470 468.468 447.453 427.380 *PVV : Personne vivant avec le VIH/SIDA La répartition par district du nombre d indigents et de pauvres est déterminée aléatoirement en fonction du nombre d habitants du district et de la pauvreté de celuici. Lorsque le nombre est déterminé, l identification des bénéficiaires est réalisée au niveau des agglomérations (Imidugudu) par la population elle-même.

Les listes sont validées au niveau des districts et ensuite envoyées au niveau des gestionnaires des sections des mutuelles afin d enregistrer ces bénéficiaires et d établir les cartes d affiliation et autres documents de gestion. L application de ce processus est lent surtout vu le manque de ressources humaines en charge de ce projet. Les fonds reçus de la part du projet Assuring Access to Quality Care/GF doivent couvrir pour les indigents, le PMA et le PCA. Les fonds sont répartis de la même manière que pour les personnes non assistées c'est-à-dire un montant de 900 Frw reste au niveau des sections pour la gestion des soins primaires et du fonctionnement de celles-ci et, 1.100 Frw sont mis à la disposition du Pooling Risk district pour le PCA au niveau des hôpitaux de district. Concernant les pauvres, les fonds doivent couvrir uniquement le PCA au niveau des hôpitaux de district. La contribution pour le PMA des pauvres est prise en charge par eux-mêmes au niveau des sections de la mutuelle.