Le médecin du travail et l usage du chiffre Age et TMS De la clinique aux indicateurs La santé perçue Santé Psychique Santé Physique 70% 65% 65% 64% Géricots 2000 60% 54% 57% Répondants 50% 43% 46% Le groupe projet et le constat collectif 40% 33% 30% 20% 10% 0% Fatigue 31% 28% 26% 19% Epuisement Isolement Sommeil Douleur Mobilité émotionnel 6 0 % 5 0 % 4 0 % 3 0 % 2 0 % 10 % KARASEK par catégories P a ssi f Te ndu Ca l me Ac t i f 0 % C a t A Ca t B C a t C Docteur Claude BUISSET Médecin du travail IPRP technique et organisationnel
Phase 1 = Les salariés, le médecin et le travail ALERTE La clinique révèle des plaintes liées au travail + + La connaissance du travail sur le terrain donne corps aux plaintes Dans les réunions (CHSCT), les plaintes s expriment
En santé au travail nous sommes en préventif = il faut se donner les moyens d alerter le plus en amont possible les acteurs de l entreprise (recherche de signes infra pathologiques) dès que les plaintes sont exprimées et bien avant que les pathologies n apparaissent
Identification des plaintes par l équipe santé travail Sentiment de ne plus remplir sa mission, de manquer de temps, d être moins reconnu. Sentiment qu il existe des inégalités (anciens / nouveaux, hommes / femmes.) Exclusion de ceux qui ne peuvent tenir Fatigue, difficulté à récupérer Signes infrapathologiques : variations de poids, douleurs, troubles du sommeil. Pathologies : TMS, HTA, Infarctus, Dépression, Suicide.
3 situations pour l usage du chiffre 1 ère situation = L équipe santé travail veut quantifier la problématique et valider ce qu elle perçoit. 2 ème situation = L équipe santé travail doit convaincre. Les acteurs de l entreprise, même si certains sont convaincus, ne le sont pas suffisamment pour entamer une démarche d amélioration des conditions de travail = mise en place d indicateurs 3 ème situation = Les acteurs de l entreprise sont tous d accord pour entamer une démarche collective = L équipe santé travail apporte son expertise et conduit la phase de constat collectif avec l aide éventuelle d IPRP
1 ère et 2 ème situation : L équipe santé travail veut COMPRENDRE et une fois sa perception confirmée, elle veut CONVAINCRE les acteurs de l entreprise MISE EN PLACE D INDICATEURS
Phase 2 = Le service santé travail CONSTRUCTION DE LA PROBLEMATIQUE Du point de vue qualitatif ENTRETIEN MEDICOPROFESSIONNEL Objectifs : à partir des entretiens cliniques centrés sur le travail, comprendre et transmettre les processus qui se jouent entre la santé et le travail via les règles fixées par l entreprise Donner des clés qualitatives de compréhension de la relation santé travail C est parfois la seule façon d agir (cas individuel, petits effectifs.) C est aussi une source d information pour construire des indicateurs de santé pertinents dans une situation complexe (grands effectifs, multisites ) Du point de vue quantitatif INDICATEURS DE SANTE Objectifs : à partir de ce que le médecin comprend de la situation, Passer de la santé individuelle à la santé collective en mettant la santé en chiffre Partager le concept de santé et ne plus laisser le médecin du travail seul acteur à en porter la responsabilité Le chiffre n est pas une fin en soi mais un indicateur que l on peut suivre et qui sert de support de discussion dans l entreprise
Phase 3 : le médecin, les partenaires sociaux APPROPRIATION DE LA PROBLEMATIQUE PAR LES ACTEURS DE L ENTREPRISE Du point de vue qualitatif ENTRETIEN MEDICOPROFESSIONNEL Il ne s agit pas de simples difficultés de relations interpersonnelles autrement dit «ce n est pas à cause du chef qui., ce n est pas à cause du salarié qui.» C est le travail qu il faut requestionner et mettre au cœur du débat Du point de vue quantitatif INDICATEURS DE SANTE Des notions claires Des chiffres oui mais uniquement ceux qui apportent un éclairage Des résultats précis sous forme de tableaux ou de graphiques Accompagnés d une interprétation et de propositions de pistes de réflexion, pas de solutions AVEC UNE TRANSMISSION ARGUMENTEE DE L INFORMATION PAR LE MEDECIN
Un exemple d utilisation d indicateurs santé travail par le dispositif EVREST et au-delà des simples dénombrements Dans une entreprise de 700 salariés, 3 maladies professionnelles sont déclarées le même mois La question est posée en CHSCT par les représentants du personnel Le médecin peut faire un état des lieux de la situation et la partager avec les acteurs de l entreprise
Facteurs de risque des TMS Individu Individu STRESS Travail Travail Organisation du travail Temps, facteurs physiques, management. Facteurs de de risque risque indirects Equation personnelle sexe, âge, pathologie, mode de vie.. Facteurs biomécaniques Répétitivit titivité, effort, postures, vibrations Facteurs de de risque risque directs directs TMS TMS
EVREST et TMS Analyses faites au 30/09/07 Population étudiée = 470 salariés 1/3 d hommes 2/3 femmes Pyramide des âges :
Définition et prévalence des TMS A partir d EVREST nous approcherons la définition de TMS membre supérieur par: toute douleur déclarée par le salarié Siégeant au niveau de l épaule ou du coude ou du poignet Cette douleur pourra constituer ou non une gêne dans le travail La prévalence des TMS ainsi définis est de 18% dans l entreprise (référence = 31% Pays de Loire)
Répartition des douleurs Par sexe : Par catégorie d âge Hommes Femmes % Nb % Nb Epaule 7% 11 6% 18 Coude 3% 4 3% 10 Poignet 6% 9 9% 26 Total 24 54
Répartition des douleurs Par départements 13% dans les départements recherche 15% dans les départements administratifs 16% dans les départements expertises
Liens avec le travail TMS et gestes répétés : TMS et facteurs psychosociaux : Stress, mal être, souffrance, burn out.. Approche par le modèle épidémiologique de Karasek Siegrist
Approche des RPS par le modèle de Karasek
Phase 1 = ALERTE RECAPITULATIF Phase 2 = CONSTRUCTION DE LA PROBLEMATIQUE Phase 3 = APPROPRIATION PAR LES ACTEURS DE L ENTREPRISE GRACE AUX SEANCES DE FORMATION, INFORMATION NON = STOP OUI = Conduite de projet menée par l entreprise
2 ème situation Les acteurs de l entreprise sont convaincus et souhaitent entreprendre une démarche d amélioration des conditions de travail
Phase 4 = Le projet d entreprise Les acteurs de l entreprise se sont appropriés la problématique et montrent une volonté manifeste de vouloir remédier au problème Conduite de projet par l entreprise Définir les objectifs avec précisions +++ et en concertation Etudier la faisabilité : Risques techniques Risques calendaires Risques budgétaires Contractualiser le projet : qui fait quoi où quand comment Identifier clairement le chef de projet Définir le groupe projet Définir le groupe de pilotage Définir le groupe de travail Organiser les phases de travail avec possibilité de faire appel à des experts : exemple = ergonome du SST ou d un cabinet d expertise Construire le système d information
Dans sa conduite de projet, l entreprise souhaite réaliser un constat collectif: La première étape du projet = Constat collectif pour mieux cerner le problème, évaluer les situations, poser des hypothèses, en discuter et construire en concertation un plan de prévention La deuxième étape concomitante = la campagne de communication autour du constat collectif = dont l objectif est de faire participer au projet l ensemble des acteurs de l entreprise
Un exemple d Enquête Santé Travail réalisée dans une association d aides à domicile Merci à tous ceux qui ont accepté de répondre Docteur Claude BUISSET IPRP AMEST Epidémiologie Mlle Karine WLOCH Statisticienne Docteurs BEUTIN, COISNE, FAYE, HIBON, KEPHALIANOS, LABOURIE, LAURENT, MICHEL.
Des préoccupations différentes. Qui convergent De nombreuses inaptitudes inquiètent les médecins du travail (9 pour cette association de 452 salariées) dont les consultations sont lourdes de souffrance exprimée Au CHSCT, l incompréhension est totale entre les différents acteurs de l entreprise Les médecins proposent au CHSCT de les aider à évaluer les risques psychosociaux dans le cadre du décret d évaluation des risques en réalisant un constat collectif Tous les acteurs souhaitent que cela change Un projet se construit..
Le projet Objectifs = faire un état des lieux pour mettre en place un plan de prévention Méthode : Un groupe de pilotage est constitué à partir du CHSCT Chef du projet = cadre administratif Aides à domicile Médecins du travail (9) IPRP en épidémio Assistante de projet = Stagiaire L état des lieux se fera à partir d un questionnaire sur la santé et le vécu des aides à domicile puis du personnel administratif Un calendrier d actions programmées et concertées dans lequel figure une information de tous les salariés
La campagne de communication autour du projet Réalisée par le groupe de pilotage et à destination de tous les salariés Association Médecine Et Santé au Travail 118 rue Solférino 59000 Lille
Parlons le même langage! La définition du STRESS la plus communément admise par les médecins et les spécialistes est... un état de tension d une personne qui perçoit un déséquilibre entre Les horaires Le planning La quantité de travail Le travail répétitif Notre état de santé Notre formation Notre vécu Nos marges de manoeuvre Les contraintes imposées par l environnement Les Ressources pour y faire face Documents d information extraits de l Intranet d une entreprise
Le déséquilibre peut être contrebalancé par des relations sociales d excellente qualité : Soutien social = encouragements mutuels des collègues, aide des supérieurs, etc. Contraintes imposées par l environnement reconnaissance = respect, estime des supérieurs et collègues, salaire, perspectives de promotion Soutien social Reconnaissance, Documents d information extraits de l Intranet d une entreprise Ressources pour y faire face
Conséquences du Stress dans la durée Les contraintes imposées par l environnement Les Ressources pour y faire face Temps Réactions psy Et comportementales Pathologies réversibles Atteintes irréversibles Documents d information extraits de l Intranet d une entreprise
Calendrier du projet 2003-2004 2005 2006 2010 Nov 2003 : colloque de l ARACT Début 2004 : restitution du colloque en COSTRAT Mai 2004 : validation de la structure «gestion du stress» (Comité de Pilotage) Juin 2004 : constitution du COPIL 18/10/04 : COPIL n 1 22/11/04 : COPIL n 2 10/01/05 : COPIL n 3 03 mars 2005 : validation et diffusion de la note de Direction Envoi mars 2005 : informer l ensemble de nos médecins du travail 14/03/05 : COPIL n 4 préparation des réunions groupe de travail 21/03/05 : réunion n 1 du groupe de travail 05/04/05 : réunion n 2 du groupe de travail 25/04/05 : réunion n 3 du groupe de travail avril 2005 : consolidation du questionnaire (X.Pourart etdc Villers) 09/05/05 : COPIL n 5 validation du questionnaire + COM Juin 05 : COPIL n 6 validation définitive du questionnaire + COM + COMEX 13 sept 2005 : lancement du questionnaire 7 oct 2005 : retour des questionnaires Fév 2006 : résultats de l étude 15 Nov : COPIL n 8 À/c de mai 2005 : campagne de COM Plan d action et inscription au plan de prévention (mesures concrètes) 05 sept : COPIL n 7 13 déc : COPIL n 9 31/01/06 : COPIL n 10 E V A L U A T I O N
Les actions menées Création du questionnaire Validation par test du questionnaire Phase d enquête Autoquestionnaire distribué par les médecins lors des réunions mensuelles de plan de travail avec force explications A renvoyer dans une enveloppe T adressée au Service Santé Travail afin de garantir volontariat et anonymat Information de l avancée du projet Résultats aux partenaires sociaux Mise en œuvre d un plan de prévention validé par les partenaires sociaux (CE-CHSCT) où les médecins du travail accompagneront les acteurs de l entreprise dans toutes les phases Association Médecine Et Santé au Travail 118 rue Solférino 59000 Lille
Les résultats de l enquête Chapitre I Le travail et la santé - Généralités
Essentiel Mental Intellectuel Les besoins fondamentaux de l être humain Esprit Tête Besoin de sens, de cohérence de valeurs, de direction, de but, de sacré Besoin de comprendre, d adhérer Besoin de progrès, de créativité, d évolution, d apprendre, de technicité Emotionnel Relationnel Physique Concret Coeur Corps Besoin d autonomie, de responsabilité, d indépendance Besoin sociaux et d échanges : être reconnu, respecté, accepté, considéré Besoin de sécurité, de stabilité, de repères, de cadre, de permanence Besoins physiologiques de survie : respirer, se nourrir, dormir, se protéger des excès, des intempéries Des dangers, des nuisances environnementales Besoin d argent et de «boulot»
Le travail Chef Société globale Marché Organisation Service Collègues Poste Part Humaine Subordonnés Tiers Part non humaine
Les résultats de l enquête Chapitre II Période du 1/10/2006 au 30/11/2006 287 (63,5%) questionnaires recueillis Echantillon comparable à la population totale notamment par secteur, âge, CSP Traitement des données effectué par EPI INFO et SPSS par une statisticienne de l équipe pluridisciplinaire du service santé travail
LA SANTE Comparée aux résultats en terme de santé de la population de la cohorte Géricots (2000)
La santé globale : en général, vous diriez de votre santé qu elle est : Passable 9% Mauvaise 3% Excellente 5% Moyenne 45% Bonne 38% 12% des salariés enquêtés estiment être en mauvais état de santé contre 11% des salariés dans la cohorte régionale Géricots
La santé perçue à partir du NHP Santé Psychique Santé Physique 70% 65% 65% 64% Géricots 2000 60% 54% 57% Répondants 50% 43% 46% 40% 30% 33% 28% 31% 26% 20% 19% 10% 0% Fatigue Epuisement émotionnel Isolement Sommeil Douleur Mobilité
Prenez-vous de façon régulière des médicaments? 50% 46% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 20% 16% 15% 15% 10% 15% 10% 5% 9% 7% 7% 2% 3% 0% 21% TTTstimulant Géricots Répondants TTTdouleurs TTTcoeur TTTHTA TTTMétabol TTTsomnifère TTTantidépresseur
Les situations de travail Modèle de Karasek DEMANDE PSYCHOLOGIQUE FAIBLE FORTE LATITUDE DECISIONNELLE FORTE Faible Situation de travail calme 19% Situation de travail passive 33% Situation de travail active 12% Situation de travail tendue 36%
KARASEK par catégories 6 0 % P a ssi f Te ndu C a l me A c t i f 5 0 % 4 0 % 3 0 % 2 0 % 10 % 0 % C a t A C a t B C a t C
Contraintes physiques et psychologiques et leurs cumuls 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Niphynipsy Phy psy phypsy Calme Actif Passif Tendu
Rapport avec la santé Pas de travail physiquement exigeant, ni de travail psychologique -ment difficile Un travail physiquement exigeant Un travail psychologiquement difficile Un travail physiquement exigeant et un travail psychologique -ment difficile EFECTIF 73 30 42 135 Mon travail a un mauvais effet sur ma santé 8% 11% 15% 66%
Le soutien social 60% 50% 40% 33% 36% 30% 20% 19% 12% 10% 65% 0% 35% Calmes Passifs Actifs Te ndus Avec soutien social Sans soutien social 60% 60% 57% 50% 40% 30% 27% 35% 24% 50% 40% 30% 27% 20% 10% 14% 20% 10% 5% 11% 0% Calmes Passifs Actifs Tendus 0% Calmes Passifs Actifs Tendus
La reconnaissance 50% 40% 30% 20% 10% 60% 40% 0% 36% 33% 19% 12% Calmes Passifs Actifs Tendus 50% Avec reconnaissance 50% Sans reconnaissance 50% 40% 30% 28% 32% 26% 40% 30% 33% 20% 10% 14% 20% 10% 6% 11% 0% Calmes Passifs Actifs Tendus 0% Calmes Passifs Actifs Tendus
Plan d action décidé suite aux résultats Le stress est une réalité. Il influe nettement sur la santé des salariés. Il faut maintenant mettre tout en œuvre pour remédier aux causes identifiées Le collectif de travail Améliorer le soutien social = Réunions de travail payées = Entretiens basés sur le travail réel = Avances frais arrêt maladie Les 4 axes du plan de prévention 2008 L organisation du travail = Fiche de missions +++ = Réorganisation administrative plannings, sectorisation, responsables de secteur = Amélioration du système de télégestion La formation professionnelle = Poursuite des VAE = Adéquation mission/qualification Le travail réel = Fiche de dysfonctionnement = Analyse après AT = Permanence téléphonique = Passage du responsable de secteur
CONCLUSION Le médecin du travail joue un rôle capital dans la veille en santé mentale. Par sa clinique, il est à la source de la compréhension des processus en œuvre pour chaque individu La mise en chiffre de la santé mentale complète cette activité clinique doit être réfléchie et intégrée Dans un suivi prospectif de suivi des relation santé travail par la mise en œuvre d indicateurs Dans un constat collectif, étape d un plus vaste projet de transformation des situations de travail dans lequel les partenaires sociaux doivent être acteurs Le chiffre permet d alimenter un débat de façon constructive s il est accompagné Association Médecine Et Santé au Travail 118 rue Solférino 59000 Lille
Plus que les outils et les résultats, c est la place et l investissement que chaque acteur prend dans le processus qui est le garant de la réussite de telles démarches Association Médecine Et Santé au Travail 118 rue Solférino 59000 Lille
Ce n est pas parce que les choses sont difficiles que nous n osons pas, c est parce que nous n osons pas qu elles sont difficiles Sénèque