ECOLE DE BATELLERIE DE HUY NOUVEAU BATEAU-ECOLE «LIBERTAS II» Conférence de presse du 12 mars 2009
Larguons les amarres, en route vers le nouveau bateau
INTRODUCTION La navigation intérieure joue un rôle important pour le transport des marchandises en Europe. Plus de 35 000 km de voies d eau relient des centaines de villes et zones de concentration industrielle. La part du transport fluvial représente 7% du transport intérieur total dans l Union européenne (UE). En 2003, le transport de fret par voies navigables dans l UE s est élevé à 125 milliards de tonneskilomètres. Le transport fluvial joue un rôle primordial dans le transport à travers le nord-ouest européen. Dans l arrière-pays des grands ports maritimes de l UE, la part de la navigation intérieure peut atteindre jusqu à 43%. Avec le rail et le transport maritime à courte distance, la navigation intérieure peut contribuer au rééquilibrage entre les modes de transport préconisés par le Livre blanc sur la politique européenne des transports à l horizon 2010. QUELLES SONT CONCRETEMENT LES ACTIVITES DE FORMATIONS? De nos jours, les bateaux de navigation intérieure sont de véritables petites entreprises qui, à leur manière, sont pourvoyeuses de main-d oeuvre, c est-à-dire d emplois. Les différentes fonctions à bord peuvent être : homme de pont, matelot léger (mousse), matelot, matelot garde-moteur, maître-matelot, timonier, conducteur, mécanicien. Comme pour le transport routier et ses différents permis, certaines de ces fonctions exigent de disposer d une attestation, d un brevet, d une déclaration de matelot, etc. reconnus par le Service Public Fédéral/Mobilité transport (SPF/MT). D autres, à l instar de l aviation, exigent des heures de navigation. L ECOLE DE BATELLERIE DE HUY Active depuis plus de 25 ans et située à l Ecole Polytechnique de Huy, sur la rive gauche de la Meuse, seule notre école de batellerie est reconnue par le SPF/MT en région wallonne. FORMATIONS ACTUELLES Nous organisons actuellement les formations suivantes : Au CEFA (centre d éducation et de formation en alternance) : Deux formations y sont actuellement organisées et ce depuis de nombreuses années : matelot (2 années d études en navigation), batelier (4 années d études en navigation).
Les profils de formation de ces métiers sont bien établis et reconnus. Il faut néanmoins garder à l esprit que ces études comprennent, selon leur niveau, des formations au terme desquelles nos élèves peuvent recevoir différents titres tels que : le certificat de conduite de bateau de navigation intérieure (dès 18 ans), la patente du Rhin (dès 21 ans), le certificat restreint de radiotéléphoniste de station de navire, le brevet de radariste (préparation à la patente radar du Rhin), l attestation relative aux connaissances particulières de l ADNR, l attestation de secouriste (ou de premiers secours), le certificat de gestion et/ou l accès à la profession d entrepreneur en transport fluvial. Dans l Enseignement de Promotion Sociale : ADNR : formation continuée des bateliers permettant l octroi ou la prolongation du brevet nécessaire pour transporter des matières dangereuses ; préparation à la patente radar pour le Rhin : formation continuée pour bateliers désirant naviguer à l aide de radar sur les voies fluviales européennes ; matelot en navigation fluviale : formation de matelot (en collaboration avec le FOREM Logistique de Liège, cette formation pour demandeurs d emploi permet aux capitaines et armateurs de disposer du nombre d hommes d équipage exigé par les normes européennes) ; NTIC pour mariniers : formation continuée des bateliers permettant d intégrer les nouvelles technologies dans la gestion de leur entreprise. Cette formation tient compte du déplacement du bateau dans les connexions informatiques. L APPORT DU NOUVEAU BATEAU Vu l ancienneté du bâtiment actuel, le nouveau bateau permettra d abord de pérenniser les formations actuelles. Ensuite nous pourrons envisager les nouvelles formations suivantes (liste non exhaustive) : Au CEFA : une 7 e PB délivrant le CESS et donnant accès aux études supérieures. Durant cette année, les élèves se perfectionneraient en logistique : transport et techniques de chargement de matières sèches, de matières dangereuses, de matières liquides, etc. ; collaboration avec l IUT de Chalon-sur-Saône dans le cadre d échanges d élèves et de mise en place de stages de formations professionnelles spécifiques. Dans l Enseignement de Promotion Sociale : accès à la profession d entrepreneur en transport fluvial, permis de plaisance : - brevet de conduite restreint, - brevet de conduite général, formation des équipages de bateaux logements, formation en logistique fluviale (en partenariat avec l IUT de Chalon-sur-Saône), formation pratique à vocation applicative multimodale dans le transport international à dominante fluviale, transport international des marchandises, tourisme fluvial, formation du personnel éclusier, des pompiers, du personnel de la protection civile, nouvelles formations et formations continuées des équipages : évolution réglementaire. Au CEFA et dans l Enseignement de Promotion Sociale : formation pour les bateaux à passagers (expert en navigation à passagers, secouriste, porteur d appareil respiratoire),
conseiller à la sécurité (matières dangereuses multimodales), formation de sécurité sur les bateaux citernes, manutentions portuaires : formation pour le personnel de quai, manutention de conteneurs (Trilogiport), procédures de chargement/déchargement (ex. Biowanze/Prayon), formation sur les économies de carburant (cleanest ship); formation à l AIS (Système d Identification Automatique), formation au RADAR overlay, formation au DGPS (Differential Global Positioning System), formation au RIS (River Information Services), modules de formation spécifiques en langue (néerlandais, allemand et anglais) pour le transport et la navigation, utilisation du détecteur de gaz et du matériel de sécurité, GMDSS de base, expert jaugeur en navigation intérieure, sécurité opérationnelle à bord des bateaux citernes, communication standardisée (vocabulaire, communication, etc.). L INVESTISSEMENT EST-IL JUSTIFIE? Qu on le veuille ou non, notre économie moderne se caractérise par une mondialisation des marchés qui se traduit par une forte croissance des échanges et, partant, du transport des marchandises. Dans cette optique, la voie d eau et tout particulièrement, pour la Wallonie, la Meuse et son accès au port d Anvers via le Canal Albert constitue un atout indéniable et une réponse au défi de la croissance du transport terrestre des marchandises. Contrairement aux autres modes de transport, souvent confrontés à des difficultés de congestion et de capacité, la navigation intérieure se distingue par sa fiabilité et dispose d une grande capacité inexploitée. Au cours des 15 dernières années, la flotte a été continuellement modernisée. Non saturée, la voie d eau offre un acheminement sûr, ponctuel, de grande capacité qui, de plus, entre sans bruit et sans nuisance au cœur même des agglomérations les plus encombrées. De plus, elle garantit dans ces mêmes agglomérations un degré élevé de sécurité, en particulier pour le transport de marchandises dangereuses. Évidemment, le développement de la voie d eau passe par une augmentation du nombre de bateaux, de leur tonnage et par un trafic fluvial plus intense. La batellerie ne se développera que pour autant que l on trouve suffisamment de capitaines, de matelots et d hommes de pont. Cet apport en hommes ne peut plus se fonder sur la seule tradition familiale, la pyramide des âges des bateliers encore en fonction le montre clairement. La Wallonie a besoin d augmenter le nombre de professionnels formés et compétents. Par ailleurs, un transport fluvial n est rien d autre qu une entreprise de transport utilisant la voie d eau. Comme toute entreprise, elle doit être et rester compétitive face à la concurrence européenne. Pour cela, elle doit intégrer à bord toutes les innovations technologiques. Sauf à laisser notre transport être repris à terme par des bateaux néerlandais, luxembourgeois, allemands ou français, la prise de conscience de cet intérêt économique est vitale pour la Wallonie : former de futurs capitaines, de futurs matelots, assurer la formation continuée des bateliers aux nouvelles technologies (radar, GPS), aux nouvelles techniques de logistiques (ex. les containers), aux normes de sécurités, aux opérations de chargements et de déchargements, aux transports des matières dangereuses (biocarburant, gaz) seront autant de missions de formations qu une école moderne de batellerie devra prendre en charge.
En termes d apprentissage, l infrastructure actuelle doit être rénovée et équiper cette école d un bateau disposant d un équipement moderne est incontournable pour les raisons suivantes : au niveau de la timonerie, les nouvelles constructions possèdent un cockpit où les aides à la navigation sont intégrées ; au niveau des locaux techniques, les salles des machines doivent être agréées par les instances européennes, danubiennes et rhénanes (salles des machines propres). La puissance des moteurs doit être suffisante pour effectuer des formations de qualité (jouer sur la puissance pour simuler un bateau chargé/vide, etc.). L installation de groupes électrogènes permettra une autonomie complète en toute saison. Ces locaux seront disposés de manière à ce que les apprenants puissent travailler autour des moteurs, pompes, etc. ; au niveau des locaux de vie, la cuisine répondra aux normes d hygiène les plus strictes. La formation étant mixte, on prévoira des dortoirs séparés ; les normes techniques évoluent et elles sont de plus en plus strictes (il en va notamment des normes anti-pollution : rejet de gaz d échappement, de lubrifiant dans l eau, etc.). L actuel Libertas ne pourra jamais y répondre. Le nouveau bateau se doit d être un exemple environnemental vis-à-vis du public et de la profession ; la nouvelle construction respectera les normes de sécurité, stabilité, incendie, etc. relatives au transport des passagers puisque nous transportons des classes pendant l année scolaire et le mois de juillet. CONCLUSION Un outil de cette importance doit servir les intérêts de tous. La recherche et le développement pour le secteur, l université et les hautes écoles, la formation des demandeurs d emplois ou des travailleurs par les Centres de Compétence (voir en ce domaine la synergie IPEPS Huy- Waremme-FOREM Logistique de Liège). De façon éclatante, un tel outil témoignera, à l instar de nos aéroports, de l importance stratégique du secteur logistique en Wallonie, et ce en relation avec le Plan Marshall. Dans cette optique, ce bateau sera une exceptionnelle vitrine technologique lors de ses déplacements à travers les agglomérations situées au bord des voies d eau wallonnes (Liège, Namur, Charleroi, Bruxelles), voire même en Flandre ou à l étranger ; il traduira clairement la volonté de la Région de soutenir le transport par voie d eau en tant qu alternative durable et compétitive au transport routier et ferroviaire. A sa manière, le bateau mettra aussi indirectement en évidence les principales réalisations prévues dans ce secteur : Trilogiport, mise au gabarit de 4500 T de la Lys mitoyenne, travaux au pont de Comines, réfection des barrages de Kain et Hérinnes, suppression du goulet du Pont des trous, travaux concernant le canal de Pommeroeul à Condé et les écluses d Ampsin-Neuville, Yvoz-Ramet, Hensies, Pommeroeul, mais aussi réintégration du réseau wallon au cœur des projets transeuropéens. L achat d un bateau école technologiquement performant est certes un investissement important mais il importe de mesurer à sa juste valeur son impact sur l économie de la Région wallonne (en terme d emplois notamment, le taux d insertion des étudiants étant de 100% ces trois dernières années) et de prendre en compte que la durée de vie d un tel outil va bien au delà de 50 ans (le bateau actuel a plus de 80 ans).