L INDUSTRIELLE ALLIANCE ET LE RENOUVEAU DU SECTEUR DES SERVICES FINANCIERS



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Transcription:

Chambre de commerce et d industrie du Québec métropolitain L INDUSTRIELLE ALLIANCE ET LE RENOUVEAU DU SECTEUR DES SERVICES FINANCIERS Notes pour une allocution de Yvon Charest Président et chef de la direction Industrielle Alliance, Assurance et services financiers Château Frontenac, Québec Le mardi 18 décembre 2001

2 J aimerais commencer en remerciant la Chambre de commerce et ses partenaires pour avoir sélectionné l Industrielle Alliance à titre d entreprise visionnaire de l année 2001, dans le cadre des Trophées Vision. Tous les employés et tous les représentants de la compagnie sont fiers de ce trophée, qui vient en quelque sorte couronner des années remarquables à l Industrielle Alliance. J aimerais toutefois également souligner que la Chambre de commerce a eu un certain flair en invitant, il y a déjà plusieurs mois, le président d une société d assurance à venir prononcer une allocution le lendemain même de l annonce de l une des plus importantes transactions dans le monde de l assurance au Canada. Vous avez en effet probablement vu que Sun Life a annoncé, hier, son intention de se porter acquéreur de Clarica, pour former la plus grande compagnie d assurance au Canada. Cette annonce s inscrit dans cette conjoncture qui marque depuis quelques années le monde de l assurance et des services financiers. Je pense notamment :! aux projets avortés de fusions bancaires;! à la transformation des cinq grands assureurs canadiens, de sociétés mutuelles en sociétés à capital-actions;! aux changements qui seront apportés, à compter du 1 er janvier prochain, aux règles de propriété qui touchent les institutions financières;! et bien sûr aux nombreuses rumeurs de fusions et d acquisitions de sociétés d assurance ou de banques. Un observateur averti est aujourd hui en droit de se demander : À quel genre d évolution continuera-t-on d assister dans le secteur des services financiers? L acquisition de Clarica par Sun Life marque-t-elle le début d une nouvelle vague de consolidation? Et, plus près de nous : Quel avenir est réservé aux institutions de taille moyenne, et notamment à l Industrielle Alliance? Malgré tout ce qu on peut lire dans les journaux, j ai l habitude de dire que si vous ne vous fiez qu aux grands titres pour suivre l évolution d un marché, vous manquez probablement 90 % de ce qui se passe.

3 Je vais donc tenter, aujourd hui, de présenter ma vision du secteur des services financiers et le rôle qu entend y jouer l Industrielle Alliance. Mais comme toujours, puisque pour savoir où aller il vaut mieux savoir d où l on vient, permettez-moi de tracer un bref portrait de l histoire récente de l Industrielle Alliance. Sans faire de bruit Quand j ai commencé à écrire ce discours, j ai eu le goût de l intituler «Sans faire de bruit». Un peu comme des êtres humains, chaque organisation possède sa personnalité. Dans le cas de l Industrielle Alliance, cette personnalité s est forgée, au fil de ses 100 ans d existence, autour de deux grandes valeurs : la discrétion et l efficacité. Sans faire de bruit, nous sommes devenus la septième plus importante société d assurance vie au Canada. Dans le secteur névralgique de l assurance individuelle, qui constitue notre force, nous sommes premiers au Canada au chapitre des ventes. Depuis quatre ans, nous vendons plus de contrats d assurance individuelle que Sun Life, Manulife, Great-West, Clarica ou Canada Life, ou même que Sun Life et Clarica réunies. Nous avons développé le plus important réseau de distribution de produits d assurance au Québec, avec plus de 1 200 représentants. Sans faire de bruit, nous avons mis en place, il y a une quinzaine d années, une stratégie d expansion pancanadienne qui a débouché sur l acquisition de trois sociétés d assurance majeures. Actuellement, la moitié de nos revenus sont générés à l extérieur du Québec. Sans trop nous en rendre compte nous-mêmes, nous sommes sans doute aujourd hui l institution financière québécoise dont les activités sont les plus diversifiées géographiquement au Canada. Sans faire de bruit et vous serez sans doute surpris de l apprendre la moitié de nos activités n ont rien à voir avec l assurance. Depuis maintenant quelques années, 50 % des revenus et des profits de l Industrielle Alliance proviennent des produits d épargne et d investissement. La logique est très simple. Nous cherchons à offrir la gamme de produits financiers la plus complète possible afin d aider les gens à atteindre une plus grande autonomie financière. Et qui dit «autonomie financière» dit non seulement produits de protection, comme ceux d assurance, mais aussi produits d épargne et d investissement.

4 Quel genre de produits d épargne et d investissement offrons-nous? Laissez-moi vous donner quatre exemples.! Nous offrons des fonds communs de placement, que les sociétés d assurance appellent fonds distincts. Les fonds distincts n existaient pas en 1994 à l Industrielle Alliance. Aujourd hui, nous en gérons pour plus de 3 milliards de dollars. Notre famille de fonds comprend une quarantaine de fonds de placement. Les deux tiers des montants investis par nos clients sont gérés à l interne, par nos propres gestionnaires, la plupart d entre eux travaillant ici, à Québec, à notre siège social. Au cours de la dernière année, plus de 80 % de nos fonds ont connu une performance supérieure à la médiane.! Nous distribuons aussi, en plus des fonds distincts, des fonds mutuels, par le biais de notre filiale Investia. Grâce à l achat, plus tôt cette année, du Groupe Financier Concorde, une entreprise de Québec, l actif d Investia a triplé. Il atteint maintenant 300 millions de dollars. Près de la moitié de nos représentants d assurance possèdent aujourd hui leur permis pour distribuer des fonds mutuels.! Toujours dans la famille des produits d épargne et d investissement, nous offrons, comme les banques, des régimes enregistrés d épargne-retraite, des REER. Je dis «comme les banques» parce que si la grande majorité des Québécois savent que les banques offrent des REER, seulement un Québécois sur deux environ sait que les sociétés d assurance offrent aussi des REER. Nous gérons actuellement, à l Industrielle Alliance, plus de 6 milliards de dollars de REER.! Nous offrons également deux versions d un régime enregistré d épargne-études. Vous avez d ailleurs peut-être vu dernièrement à la télé ou entendu à la radio notre pub portant sur notre régime enregistré d épargne-études. Afin de refléter cette vocation élargie, nous avons décidé de modifier notre nom commercial l année dernière, qui est maintenant «Industrielle Alliance, Assurance et services financiers». Comme vous le voyez, au fil des ans, la distinction entre société d assurance et banque est devenue bien ténue. Si c est sans faire de bruit que nous nous sommes développés, c est avec un certain fracas que nous nous sommes démutualisés il y a maintenant près de deux ans. Près

5 de 700 000 assurés, presque tous du Québec, se sont partagé un montant de quelque 550 millions de dollars, sous forme d argent ou d actions de l Industrielle Alliance, selon leur choix. Mais c est sans faire de bruit que notre titre a grimpé depuis notre démutualisation, passant de 15,75 $ lors de notre première inscription à la Bourse à plus de 44,00 $ à la fermeture des marchés hier. Le titre de l Industrielle Alliance fait maintenant partie des prestigieux indices TSE 300 et TSE 100. Notre capitalisation boursière nous place parmi les 100 plus importantes sociétés publiques au Canada, parmi les 20 plus importantes au Québec et au premier rang dans la région de Québec. Et nos multiples boursiers sont aujourd hui supérieurs à ceux des banques canadiennes. Voilà donc là où en est l Industrielle Alliance aujourd hui. De société essentiellement québécoise, elle est devenue une société pancanadienne. De société d assurance, elle est devenue une institution financière. Et de société mutuelle, elle est devenue une société à capital-actions. La réussite de l Industrielle Alliance, nous la devons à tous ceux et celles qui nous ont précédés au sein de la compagnie, au premier chef ceux qui l ont dirigée, dont monsieur Raymond Garneau, qui est avec nous aujourd hui et que je voudrais saluer. Monsieur Garneau a été aux commandes de la compagnie au cours des années 90, et plus particulièrement pendant la délicate opération de démutualisation. La preuve la plus tangible du succès de l Industrielle Alliance et de notre enracinement à Québec c est l agrandissement de notre siège social. En raison de la croissance passée et de celle anticipée, nous avons décidé, l année dernière, d agrandir notre siège social, sur le chemin Saint-Louis. Ce projet d envergure pour la région on me dit que c est le deuxième chantier de construction en importance dans la région de Québec, après celui du CHUL devrait être terminé au début de l année prochaine. Que nous réserve l avenir : «megadeals» ou «piecemeal»? Retournons maintenant à l objet premier de cette présentation, soit l avenir des institutions financières. Serons-nous témoins d une nouvelle vague de consolidation dans le secteur des services financiers? Les grandes institutions, et tout particulièrement les grandes banques, continueront-elles d acheter tout ce qui bouge? Et quel sort sera réservé à l Industrielle Alliance?

6 Lorsque l on parle de l avenir du secteur des services financiers, on parle surtout de la propriété des institutions financières. Or, vous savez sans doute que le gouvernement fédéral a adopté, plus tôt cette année, un projet de loi établissant un nouveau cadre réglementaire pour le secteur des services financiers. Ce projet de loi modifie en profondeur les règles de propriété régissant les institutions à charte fédérale. Ainsi, à compter du 1 er janvier prochain, soit dans deux semaines très exactement, un actionnaire pourra se porter acquéreur jusqu à 65 % et parfois même jusqu à 100 % des actions d une société de taille moyenne. Quatre sociétés sont touchées par cette mesure, deux sociétés d assurance, Clarica et Canada Life, et deux banques, toutes deux québécoises, la Banque Nationale et la Banque Laurentienne. L annonce de l achat de Clarica par Sun Life s inscrit dans le cadre de ces nouvelles règles. Comme vous le voyez, je n ai pas mentionné l Industrielle Alliance parmi les institutions touchées par le projet de loi. En effet, l Industrielle Alliance n est pas touchée puisqu elle n exerce pas ses activités en vertu d une charte fédérale, mais en vertu d une charte québécoise. Les règles de propriété qui régissent l Industrielle Alliance sont définies par un projet de loi privé, spécifique à l Industrielle Alliance, qui a été adopté par l Assemblée nationale au moment de la démutualisation de la compagnie. Et cette loi stipule qu aucun actionnaire ne peut détenir plus de 10 % des actions de la compagnie, et ce, sans limite de temps. Pour amender un projet de loi privé, ce qui est possible, il faut suivre un processus légèrement différent de celui pour un projet de loi public. Tout amendement d un projet de loi privé doit, en effet, franchir cinq étapes :! obtenir l accord du conseil d administration de la compagnie;! obtenir l adhésion des actionnaires;! obtenir l approbation des autorités réglementaires en matière d assurance;! obtenir l assentiment du ministère des Finances; et! obtenir le consentement de l Assemblée nationale. Notre plan d action, que nous avons répété inlassablement depuis février 2000 à tous nos actionnaires, est de poursuivre le développement de l entreprise. Par ailleurs, la

7 règle de propriété qui est contenue dans notre projet de loi nous procure, en tout temps, la flexibilité de décider de notre propre avenir, dans le meilleur intérêt de nos actionnaires. Voilà pour le sort de l Industrielle Alliance. Qu en est-il maintenant du sort des autres institutions financières visées par les nouvelles règles de propriété du gouvernement fédéral? Évidemment, personne ne sait ce que l avenir leur réserve sauf bien sûr pour Clarica et il ne serait pas sage pour ma part d alimenter les rumeurs à leur égard. Mais je tiens cependant à vous mettre en garde contre les scénarios catastrophes qui verraient toutes les institutions de taille moyenne disparaître. Bien que nous aimions tous les scénarios «hollywoodiens», les règles du marché font en sorte que les entreprises finissent bien souvent par trouver, pour se développer, des solutions nouvelles et originales, auxquelles personne n avait songé. Et c est un peu ce qui se passe actuellement dans le monde de l assurance et des services financiers. Laissez-moi vous donner deux exemples. Premièrement, sur le plan des acquisitions, au Canada, depuis 1999, et en faisant exception de l annonce d hier, six sociétés d assurance de taille moyenne ont été acquises. Or, alors que l on se serait attendu à ce que les cinq assureurs «dominants» ou même à ce que les banques se partagent le butin, sur les six transactions, une seule a été réalisée par un assureur majeur. À la surprise de tous, quatre des acquisitions ont été réalisées par des assureurs dits du «groupe 2» soit des assureurs qui se situent entre le 6 e et le 10 e rang et une a été réalisée par un assureur américain qui a décidé de déployer une partie de son capital au Canada. L Industrielle Alliance, pour sa part, n a pas fait que regarder passer le train. Nous avons déposé des offres d achat pour quatre des six institutions acquises. Nous avons ainsi réussi à mettre la main sur Seaboard Life, une importante société d assurance vie de Vancouver, que nous avons fusionnée à notre autre filiale de Vancouver, pour former aujourd hui l Industrielle Alliance Pacifique. Il s agissait d une transaction de 257 millions de dollars. Pour les trois autres institutions pour lesquelles nous avons déposé des offres, nous avons été coiffés au fil d arrivée dans un cas, et, dans les deux autres cas, après vérification diligente, nous avons décidé de miser modestement, notre décision étant de conserver nos sous pour les prochaines occasions.

8 Deuxièmement, si les fusions et les acquisitions sont, par nature, sensationnelles, la consolidation a pris une forme nouvelle au cours des dernières années dans le secteur des services financiers, soit celle d «ententes stratégiques». En effet, au cours des derniers mois, un nombre sans précédent d ententes de distribution ont été conclues entre institutions financières. Ces ententes prennent ou bien la forme de vente directe des produits d une institution par une autre ou bien celle de «références de clients» entre institutions financières. À titre d exemple, le Groupe Investors, la Great-West et la London Life distribuent des produits et des services bancaires et de courtage de la Banque CIBC. Clarica et TD Waterhouse ont conclu une entente qui permet à Clarica de référer à TD Waterhouse des clients désireux d acheter ou de vendre des valeurs mobilières. Manuvie et Zurich ont conclu une entente qui permet à Manuvie de fournir un éventail de produits d assurance et de rentes collectives aux distributeurs de Zurich, et à Zurich de fournir des produits d assurance auto, habitation et commerciale aux distributeurs de Manuvie. L Industrielle Alliance n est pas restée à l écart de ce mouvement. Par exemple, c est nous qui manufacturons et administrons, par le biais de notre filiale de Toronto, les produits d assurance vie de la Banque TD. C est nous également qui manufacturons et administrons l assurance sur les prêts hypothécaires de la Banque Laurentienne. Nous avons aussi signé des ententes pour permettre à deux sociétés d assurance de distribuer notre produit vedette notre police d assurance vie universelle. Et pas plus tard qu hier, nous avons annoncé une importante entente avec la Banque Nationale, entente en vertu de laquelle nous administrerons les régimes de retraite collectifs distribués par le Trust Banque Nationale. Nous administrerons ainsi, pour le compte du Trust Banque Nationale, quelque 1 400 régimes collectifs, d une valeur de plus de 430 millions de dollars, au nom de quelque 33 000 participants. Comme un analyste financier le disait récemment : «[ ] alors que la croyance populaire voulait, jusqu à maintenant, que le mouvement de consolidation [ ] prenne nécessairement la forme de fusions entre les fournisseurs de services financiers, (les ententes de distribution qui ont été annoncées au cours des derniers mois) indiquent plutôt qu il peut y avoir des alternatives moins coûteuses, du moins à moyen terme, qui

pourraient prendre la forme d ententes de partenariat.» Je souscris entièrement à cette analyse. 9 Comme vous le voyez, alors que plusieurs s attendent à des «mégafusions» et à la disparition des institutions de taille moyenne, il ne faudrait pas être surpris si l on voyait plutôt apparaître ou également apparaître des «ententes de partenariat». Et je ne cache pas ma préférence, quant à moi, pour cette approche «piecemeal» plutôt que pour l approche «megadeal». Ces ententes stratégiques répondent à mon avis à un besoin d efficacité. Les entreprises ne peuvent pas, aujourd hui, exceller dans tous les domaines. Pour réussir, elles doivent chercher à se spécialiser. C est pour cette raison qu elles n hésitent plus à offrir les produits de leurs compétiteurs, si ces produits répondent mieux que les leurs à la demande de leurs propres clients. On entend souvent dire que, dans le contexte actuel de mondialisation des marchés, les grandes institutions financières détiennent un avantage par rapport aux petites. S il est vrai qu il faut avoir une certaine taille pour servir les grandes entreprises qui exercent leurs activités sur plusieurs continents, je ne crois pas que les grandes institutions financières possèdent un avantage sur les petites lorsqu il s agit de servir le marché de détail. La compétitivité n est pas qu affaire de taille; elle est également affaire de stratégie et de culture. Pour le marché local, le succès se mesure davantage au dynamisme et à la capacité d innover et de s adapter qu à la taille. Je crois que le consommateur bénéficiera d une concurrence beaucoup plus saine si le marché est composé d un grand nombre d institutions, de tailles diverses, ayant chacune des stratégies qui leur sont propres. Une stratégie de croissance pour l Industrielle Alliance Dans ce monde en perpétuel renouvellement, à quoi ressemblera l Industrielle Alliance dans trois ou cinq ans? Au moment de la démutualisation, le conseil d administration a confié un mandat clair à l Industrielle Alliance : poursuivre, voire accélérer, sa croissance, tant sur le plan interne

10 que sur le plan externe, par le biais d acquisitions, et continuer à étendre ses activités de services financiers, connexes à celles d assurance de personnes. Sur le plan des acquisitions, nous avons fait belle figure au cours des trois dernières années en achetant et j en ai glissé un mot plus tôt, Seaboard Life, une société d assurance vie, le Groupe Financier Concorde, un courtier en épargne collective, Mécagroupe, un fournisseur d assurance crédit auprès des concessionnaires d automobiles au Québec, et Aegis, une société d assurance de la Saskatchewan œuvrant également dans le secteur de l assurance crédit auprès des concessionnaires d automobiles. Nous entendons également continuer à élargir la gamme de produits financiers offerts par nos représentants. C est dans cet esprit que nous nous sommes lancés l année dernière dans la distribution de fonds mutuels et que nous avons créé une société de fiducie, qui vient d ailleurs tout juste d obtenir un permis d exploitation dans toutes les provinces canadiennes. Et, fait nouveau, le conseil d administration vient de donner son aval pour que la compagnie développe une opération de courtage de plein exercice en valeurs mobilières. Sur le plan des produits, nous entendons également profiter de l autorisation faite récemment aux assureurs, par le gouvernement fédéral, de participer à l Association canadienne des paiements. Cette participation permettra aux clients des sociétés d assurance d accéder à leurs fonds par le biais des guichets automatiques grâce à une carte de débit. Il s agit d un besoin réel pour tous les assurés, puisque, dans notre industrie, 90 % des prestations sont versées aux assurés de leur vivant et seulement 10 % à leur décès. Conclusion Voilà donc où nous en sommes. Et voilà ce que les valeurs de discrétion et d efficacité ont réussi à faire : une entreprise énergique et tournée vers l avenir. L Industrielle Alliance est une institution importante pour la région. Et elle compte bien le rester. Nous employons plus de 1 000 personnes dans la région, sans compter quelques centaines de représentants. Bien que nous ne soyons pas étiquetés comme

11 une entreprise de la «nouvelle économie», plus de 150 personnes, la plupart des jeunes, travaillent, à notre siège social, dans le secteur des technologies. Nous sommes également propriétaire d un actif immobilier de plus de 400 millions de dollars. Dans la région de Québec, nous occupons le 3 e rang parmi les propriétaires d immeubles à bureaux. Nous sommes notamment propriétaire de l édifice du ministère du Revenu, à Pointe Sainte-Foy, malheureusement pour vous, payeurs de taxes, un ministère toujours en croissance! À Montréal, nous avons contribué à la relance du centre-ville en achetant et en rénovant l ancien édifice Simpson, qui abrite notamment la très populaire Maison Simons. Mon objectif pour les prochaines années est de garder le cap sur notre orientation initiale, soit de devenir un joueur majeur au Canada dans les secteurs de l assurance et des services financiers. Je compte y consacrer toute ma volonté et toute mon énergie. J ai travaillé toute ma vie à l Industrielle Alliance et je ferai tout en mon possible pour poursuivre la marche en avant que nous ont dictée mes prédécesseurs, en mettant l accent sur les valeurs qui ont fait notre succès. Sans faire de bruit, et dans la tradition de l Industrielle Alliance, je compte rester fidèle à la maxime qui dit : «Ne cherchez pas à être remarqué, mais travaillez à faire quelque chose de remarquable.» Merci.