Maladie de Parkinson du sujet âgé

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Transcription:

Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille Maladie de Parkinson du sujet âgé PrLucDefebvre Service de Neurologie et Pathologie du Mouvement DU de médecine des personnes âgées, Mai 2005

Epidémiologie 2è rang des maladies dégénératives Prévalence : 150 / 100 000 Hbet 1,6% > 65 ans Débute en moyenne entre 55 et 60 ans, rare après 75 ans (iatrogène), 10 % avant 40 ans MP du sujet âgé > 70 ans Prévalence augmente avec l âge : 1,6% > 65 ans 2,3% pour SP 3,5% et 5% après 80 ans 200 00 cas en France

MP du sujet âgé MP débutante MP connue de longue date

Problème de diagnostic Diagnostic de MP porté en excès chez le sujet âgé ++ Cause iatrogène Tremblement essentiel Etat lacunaire Hydrocéphalie à pression normale Syndromes parkinsoniens plus : AMS, PSP «Marche sénile» Intérêt de l anamnèse, examen neurologique, et général, IRM

MP à début tardif (1) Présentation clinique est variable + Formes akinéto-rigides sans tremblement et forme trémulente sont possibles Prépondérance des formes mixtes avec akinésie plus invalidante Evolution plus rapide de la maladie avec l âge Dopasensibilité plus réduite (les lésions dopaminergiques ne sont pas pures) Fluctuation set dyskinésies plus tardives et moins intenses Signes axiaux plus précoces

MP à début tardif (2) Attitude voûtée, instabilité posturale, troubles de la marche avec freezing, fréquence des chutes variable, dysarthrie, troubles de déglutition Fréquence et précocité des troubles psychiques : Troubles de l humeur, du sommeil Déficit des fonctions cognitives : trouble de la mémoire, d attention, de concentration, voire démence (maladie des corps de Lewy) Psychose halucinatoireou délirante Polypathologie constituant des facteurs aggravants (lésions vasculaires, atteinte sensorielle, arthrose, ostéoporose)

MP évoluée après 70 ans Cas de figure courant car augmentation de la longévité Après 10 à 20 ans d évolution Présentation initiale classique avec complications motrices précoces Troubles de la marche, chutes par rétropulsion Dysarthrie, troubles de déglutition (pneumopathies) Troubles neurovégétatifs : incontinence urinaire, hypotension Déformations articulaires Troubles psychiques et troubles cognitifs (30 % de démence)

Les troubles cognitifs Troubles cognitifs spécifiques parfois précoces (tests) Difficultés d évocation, troubles visuospatiaux Altération des fonctions exécutives (alterner plusieurs stratégies, mener plusieurs tâches en même temps) Troubles de l attention, apathie, syndrome frontal (fluences verbales) Démence sous-cortico-frontale Absence de troubles phasiques, praxiques et gnosiques Fréquence des hallucinations et des idées délirantes Corrélation avec l âge, l âge de début de la maladie (début tardif), les signes axiaux

Prise en charge thérapeutique

Stratégie du traitement initial MP à début tardif Tenir compte des symptômes, du niveau de handicap et des fonctions cognitives Posologie minimale efficace et bien tolérée Eviter les anticholinergiques (tremblement) et l amantadine(akinésie) Utiliser la L-Dopa si gêne significative (rappel des règles de prescription) Seront utiliser avec précaution : les agonistes et les inhibiteurs enzymatiques (IMAOB et ICOMT) Si détérioration intellectuelle : monothérapiepar L-Dopa ++

Stratégie du traitement MP ancienne Il n y a pas de règles absolues ++ Tenir compte de l histoire thérapeutique, de l efficacité de chaque traitement et de la tolérance Avec l âge simplification des schémas thérapeutiques Intérêt d un suivi régulier ++ Dans certains cas les agonistes sont poursuivis (ex de l apomorphine) ou l amantadine (contrôle des dyskinésies) Les signes axiaux sont peu dopasensibles ++ Mesures non médicamenteuses ++

Mesures thérapeutiques non médicamenteuses (1) Maintien d une activité physique régulière Aide à la marche : canne ou déambulateur (au cas par cas) Kinésithérapie adaptée Orthophonie (voix et déglutition) Prévention des blessures liées aux chutes : protection Mesures ergonomiques (ustensiles pour repas, lit médicalisé, fauteuil adapté) Soins infirmiers (toilette, médicaments)

Mesures thérapeutiques non médicamenteues (2) Prise en charge des troubles de déglutition : Adaptation de la texture de l alimentation, préparationhâchée, mixée, eau gélifiée Gastrostomie Forme de L-dopa dispersible Soulagement du conjoint, aides à domiciles (APA) Admission en long séjour

Cas particulier de la stimulation cérébrale profonde En général pas d indication de stimulation du noyau subthalamique après 70 ans Rappel des indications ++

Traitement des troubles psychiques Traitement de la dépression, de l anxiété avec prudence Tendance à réduire le traitement (prévention) Eviter forte dose le soir (risque d hallucinations nocturnes) Contrôle des facteurs de décompensation : infection, troubles, métaboliques, intervention chirurgicale (éviter anesthésie générale si possible), changement de traitement trop rapide Contrôle des troubles cognitifs : indication prochaine des anticholinestérasiques

Troubles psychiques Signes cliniques variés : agitation nocturne, cauchemars, terreurs nocturnes hallucinations visuelles, auditives agressivité, hypomanie,hypersexualité syndrome délirant avec interprétation syndrome confusionnel Psychose Dopaminergique Facteurs favorisants : âge, durée d'évolution, troubles cognitifs préexistants polythérapie

Conduite à tenir Rechercher systématiquement : Troubles métaboliques, facteurs infectieux, traumatisme Changement de traitement trop rapide (auto-médication) CAT diminution progressive et successive : Anticholinergiques - Amantadine - Agonistes - IMAOB - ICOMT - L-Dopa Eviterarrêt complet L-dopa Hydratation, sédation Neuroleptique atypique Clozapine (Leponex ), AMM, 12,5 à 50 mg progressivement, surveillance NFS hebdomadaire 18 semaines