Une croissance modérée de l économie québécoise au premier trimestre APERÇU DE L ÉVOLUTION TRIMESTRIELLE L évolution favorable de plusieurs variables économiques clés depuis le début de 2004, dans le sillage d une accélération relative de l activité économique québécoise au dernier trimestre 2003, témoigne d une consolidation en cours de la croissance économique au Québec au premier trimestre, même si la faiblesse caractérisée ou la stagnation de certains indicateurs ne manque pas d inquiéter. Ainsi, du côté positif, se démarque la création d emplois à temps plein qui dépasse de plus du double et bien davantage celle des deux trimestres précédents, ce qui permet de contenir la dégradation du bilan trimestriel global de l emploi. Plus particulièrement, les augmentations les plus marquantes de l emploi viennent, en majeure partie, des industries du secteur tertiaire, à savoir celles du transport et de l entreposage, des finances et des affaires immobilières, des services professionnels et techniques, des services de santé, sans oublier l information, la culture et les loisirs. En outre, les mises en chantier de logements atteignent de nouveaux sommets quant au nombre enregistré, aussi bien dans l ensemble que dans les centres urbains, et spécialement dans les catégories des appartements et des maisons individuelles. La même fébrilité touche les permis de bâtir, essentiellement dans le secteur non résidentiel qui se reprend sur tous les plans, que ce soit institutionnel, commercial ou industriel. Autre indicateur positif, les expéditions manufacturières recommencent à monter et, de surcroît, au même rythme tant dans l ensemble que du côté des industries de biens durables et, surtout, des industries de biens non durables qui, elles, se relèvent de trois trimestres de baisse. De même, les ventes en gros et, encore mieux, les ventes au détail, d une part, reprennent dans certains secteurs tels que les pharmacies ou les concessionnaires de véhicules automobiles et récréatifs et, d autre part, se raffermissent dans d autres secteurs, notamment dans les magasins de pièces d auto, les magasins de vêtements et de chaussures, ainsi que dans les stations-service. À tout cela s ajoute une progression (quoique irrégulière) du revenu, dans un environnement marqué par une détente monétaire propice et des pressions inflationnistes sous contrôle. Par contre, toujours en ce début de 2004, se précisent quelques éléments défavorables. Citons d abord le fléchissement de la main-d œuvre et de l emploi (essentiellement à temps partiel) et les postes perdus dans les industries manufacturières, l agriculture, le commerce, l hébergement et la restauration, les administrations publiques, voire dans la construction. En outre, le tassement de la valeur des expéditions manufacturières de quelques biens non durables et de plusieurs biens durables constitue un autre facteur négatif. Il en va de même de la réduction, pourtant légère, des permis de bâtir du secteur résidentiel, dans la mesure où cette diminution se révèle l aboutissement de plusieurs fortes fluctuations. Enfin, au-delà de ces quelques mauvais résultats sectoriels, l incertitude quant à la force de la croissance économique au Québec en ce premier trimestre résulte de l inquiétude quant à un essoufflement de la demande des ménages et du secteur public. Par ailleurs, persiste la baisse des exportations internationales de biens, dont celles à destination des États-Unis, relativement fragilisées par l appréciation du dollar canadien, au moment où commencent à se matérialiser les anticipations d une reprise substantielle de l économie américaine. LA DEMANDE DE BIENS ET DE SERVICES Les comptes économiques au quatrième trimestre 2003 Les statistiques des comptes économiques pour le premier trimestre 2004 n étant pas encore consultables, cette section porte sur les résultats du quatrième trimestre 2003. Institut de la statistique du Québec Se distinguant des trois trimestres précédents caractérisés par des variations plutôt faibles ou nulles, voire négatives, de plusieurs composantes de la demande interne et du commerce extérieur, le quatrième trimestre, quant à lui, affiche une progression ferme (+ 0,7 %) du produit intérieur brut L Écostat, juin 2004 21
(PIB) réel du Québec aux prix du marché, favorisée par la demande intérieure totale et, surtout, par l investissement en capital fixe et la reconstitution des stocks. De fait, au chapitre de la demande finale, les dépenses personnelles en biens et en services de consommation, en hausse au troisième trimestre, ne parviennent à croître, même légèrement, au quatrième trimestre (+ 0,1 %) que grâce aux dépenses en services dont le vingt-troisième accroissement trimestriel d affilée (+ 1,0 %) compense la première décroissance ( 1,0 %) en neuf trimestres des dépenses en biens. Dans le même temps, les dépenses publiques courantes en biens et en services décroissent ( 0,3 %) un deuxième trimestre consécutif, tandis que l investissement total en capital fixe connaît sa deuxième augmentation trimestrielle de suite (+ 2,7 %) et la plus élevée en sept trimestres. Conséquemment, la demande intérieure finale s accroît un quatorzième trimestre consécutif, mais sans accélération (+ 0,5 %) en regard du troisième trimestre (+ 0,7 %), contrairement à la demande intérieure totale qui, non seulement se relève d une contraction notable au troisième trimestre, mais qui progresse aussi (+ 1,7 %) au moins trois fois plus que la demande finale et deux fois plus que le PIB, en raison d un niveau reconstitué des stocks bien supérieur aux moyennes annuelles d investissement en stocks enregistrées en 2001, en 2002 et en 2003. Plus particulièrement, en ce qui a trait aux dépenses personnelles en biens ( 1,0 %), deux des trois catégories de biens participent de leur diminution en ce dernier trimestre 2003. En effet, les dépenses en biens non durables qui représentent la moitié (précisément 49,1 %) de la consommation de biens stagnent, après avoir subi un recul au troisième trimestre. À cela s ajoutent les dépenses en biens durables, c est-à-dire près du tiers (32,4 %) des dépenses en biens, qui accusent une réduction ( 3,0 %), la deuxième de l année 2003 et la plus marquée en 12 trimestres. Par contre, les dépenses en biens semi-durables affichent une sixième augmentation de suite (+ 0,2 %). De manière plus détaillée, contrairement aux deuxième et troisième trimestres durant lesquels tous les groupes qui composent la demande personnelle de biens et de services enregistrent une croissance, deux groupes se trouvent dans le négatif au quatrième trimestre, à savoir les transports et les communications ( 3,5 %), ainsi que les vêtements et les chaussures ( 1,2 %). À l opposé, tous les autres groupes même les dépenses nettes à l étranger évoluent vers le haut. Citons notamment les meubles, les accessoires d ameublement, l équipement ménager et l entretien du ménage (+ 2,0 %), les soins médicaux et les services de santé (+ 1,4 %), les biens et les services personnels (+ 1,1 %), les loisirs, le divertissement, la formation et la culture (+ 0,8 %), les aliments, les boissons et les produits du tabac (+ 0,3 %), de même que les loyers bruts, le combustible et l énergie (+ 0,2 %). Les indicateurs économiques disponibles pour l analyse conjoncturelle du premier trimestre 2004 Les ventes totales au détail se redressent au premier trimestre 2004 (+ 3,4 %), après la réduction de 0,5 % au quatrième trimestre 2003, et elles affichent ainsi le taux de croissance trimestriel le plus élevé depuis le deuxième trimestre 2001. Cependant, si l on exclut la valeur des ventes de véhicules automobiles et récréatifs, les ventes au détail s accroissent (+ 2,4 %) un troisième trimestre consécutif, mais il s agit de l augmentation la plus importante depuis le quatrième trimestre 2001. Dans les faits, durant ces trois premiers mois de l année, les concessionnaires de véhicules automobiles et récréatifs se ressaisissent, en enregistrant une poussée de leurs ventes de 5,9 %, stimulées par la valeur des ventes de véhicules automobiles neufs qui se gonfle de 2,3 %, par suite de la croissance de 1,5 % du nombre d autos neuves vendues; au dernier trimestre 2003, les véhicules neufs vendus subissaient une perte de 12,4 % en valeur et de 11,8 % en quantité. Précisément, en matière d autos neuves vendues fabriquées en Amérique du Nord, leur nombre remonte de 0,8 % en 2004, après avoir chuté de 14,3 % au dernier trimestre 2003. En ce qui concerne les autos qui sont fabriquées outre-mer, le nombre rebondit de 3,0 %, particulièrement de 24,8 % quant à celles qui sont fabriquées au Japon. Parallèlement, en ce début de 2004, la valeur des ventes d autos neuves fabriquées en Amérique du Nord gagne 2,3 % et celle des autos fabriquées outre-mer, 2,2 %, grâce au bond de 24,3 % de la valeur de celles qui sont fabriquées au Japon. De leur côté, les ventes des magasins à rayons (excluant les concessions) s accroissent de 2,6 % et celles des magasins de meubles et d appareils ménagers, de 1,4 %. Tandis que fléchissent ( 1,6 %) les ventes des magasins d articles d ameublement autres que les meubles et les appareils ménagers, la croissance reste faible pour ce qui est des ventes des supermarchés (+ 0,2 %) et modérée en ce qui regarde celles des magasins d aliments autres que les supermarchés (+ 1,0 %) et des autres magasins de vêtements (+ 3,6 %). Elle se révèle rapide concernant les ventes des pharmacies et des magasins de médicaments brevetés (+ 5,0 %), des magasins de chaussures (+ 5,1 %), des stations-service (+ 5,4 %), des magasins de pièces et d accessoires d auto (+ 6,1 %), des magasins de vêtements de femmes (+ 6,7 %), de même que les magasins de vêtements d hommes (+ 12,7 %). Dans le domaine de la construction, la valeur totale des permis de bâtir, après désaisonnalisation, bondit de 14,4 % durant les trois premiers mois de l année 2004, après une réduction de 5,0 % au trimestre précédent. Pourtant, la valeur des permis émis à des fins résidentielles diminue de 0,4 % après deux augmentations de suite, dont un saut de 9,9 % au trimestre précédent. Néanmoins, le nombre total de logements mis en chantier connaît une poussée de 29,6 % par rapport aux quatre premiers mois de l année 2003, dont 5,0 % au premier trimestre. Dans les villes de 10 000 habitants et plus, le nombre de logements mis en chantier, en données non 22 L Écostat, juin 2004 Institut de la statistique du Québec
désaisonnalisées, grimpe de 32,5 % en moyenne au premier trimestre, c est-à-dire environ 2,5 fois plus rapidement qu au même trimestre de 2003, grâce à la croissance exceptionnelle observable dans trois des quatre grandes catégories de logements. En effet, les mises en chantier de logements en rangée grimpent de 63,0 % en ce premier trimestre, celles d appartements, de 55,7 %, et celles de logements jumelés, de 55,4 %, tandis que les mises en chantier de maisons individuelles ne bougent que de 6,1 %. Quant aux permis de bâtir dans le secteur non résidentiel, contrairement au secteur résidentiel ( 0,4 %), leur valeur totale s élève de 54,2 %, portée par une reprise accentuée enregistrée, en ce premier trimestre 2004, à la fois sur les plans industriel (+ 89,7 %), institutionnel et gouvernemental (+ 70,9 %) ainsi que commercial (+ 34,6 %). En ce qui concerne les échanges internationaux de biens, en dollars courants, les exportations du Québec sont évaluées à 10,4 milliards durant les deux premiers mois de 2004, soit 6,9 % de moins qu à la même période de 2003. La valeur des exportations aux États-Unis, qui représentent 81,5 % des exportations internationales de marchandises du Québec, décroît de 9,4 % dans le sillage de cinq trimestres successifs de repli. Par contre, la valeur des exportations à destination de la Communauté économique européenne amorce l année 2004 par un redressement de 4,6 % durant ces deux mois, tandis qu elle reculait au cours des trois derniers trimestres 2003, notamment de 16,6 % au quatrième trimestre et de 13,2 % au cours de toute l année 2003. De fait, la valeur des exportations québécoises de la majorité des 25 principaux produits pointe vers le bas en ce début de 2004, notamment les avions entiers avec moteurs, premier produit exporté ( 28,2 %), l aluminium et ses alliages, deuxième produit exporté ( 5,0 %), le papier journal (quatrième, 4,0 %), les outils et autre matériel (cinquième, 5,5 %), les moteurs d avion et leurs pièces (sixième, 3,8 %), les vêtements (septième, 12,9 %), les ouvrages de base en métal ( 8,7 %), les effets ménagers ( 2,5 %), les instruments de mesure ( 44,3 %), les imprimés ( 8,3 %), les formes de base en matière plastique ( 1,4 %), le groupe «autre papier» ( 11,7 %), l électricité ( 47,9 %), les pièces de véhicule autres que les moteurs ( 5,8 %), les groupes «autres produits chimiques» ( 14,2 %) et «autres véhicules moteurs» ( 41,6 %), ainsi que les camions et les tracteurs routiers ( 27,9 %). À l opposé, les exportations de quelques produits d importance sont en hausse, entre autres le matériel de télécommunication et autre équipement, troisième produit exporté (+ 7,2 %), les produits semi-ouvrés en bois (huitième, + 30,2 %), le bois d œuvre (neuvième, + 3,0 %), les viandes fraîches, réfrigérées et congelées (dixième, + 4,4 %), les pâtes de bois (+ 6,8 %), les récipients (+ 1,4 %), les machines et le matériel de bureau (+ 5,5 %), de même que les pièces d avion autres que les moteurs (+ 16,0 %). De leur côté, les importations internationales de biens décroissent de 9,0 % en ce début de 2004 et elles s établissent à 9,2 milliards de dollars. La valeur des importations en provenance des États-Unis qui comptent pour 37,8 % des importations internationales du Québec chute de 10,3 %, tandis que la valeur de celles qui proviennent de la Communauté économique européenne régresse de 9,2 %. Outre le repli des importations de pièces de véhicule automobile autres que les moteurs ( 10,0 %), celles de 20 sur 25 produits d importance décroissent, particulièrement le pétrole brut ( 21,7 %), les automobiles et les châssis ( 22,3 %), les ordinateurs ( 1,0 %), l équipement et le matériel de télécommunication ( 2,4 %), les camions, les tracteurs routiers et les châssis ( 15,7 %), les médicaments et les produits pharmaceutiques ( 16,8 %), les produits chimiques organiques ( 15,1 %), les pièces d avion autres que les moteurs ( 9,9 %), les concentrés et autres minerais métallifères ( 1,9 %), les vêtements non tricotés ( 11,1 %) et tricotés ( 7,2 %), les matières plastiques non façonnées ( 1,4 %), les chaussures ( 17,3 %), le papier et le carton ( 0,5 %), ainsi que le matériel téléphonique ( 11,7 %). Néanmoins, on remarque une hausse de la valeur des importations des tubes électroniques et des semi-conducteurs (+ 71,5 %), des produits chimiques inorganiques (+ 0,8 %), des téléviseurs et des radios (+ 2,1 %), sans oublier celles du groupe «autres dérivés du pétrole et du charbon» qui font plus que doubler (+ 124,2 %). LA PRODUCTION DE BIENS La valeur totale des expéditions manufacturières québécoises, après désaisonnalisation, estimée à 33,2 milliards de dollars au cours des trois premiers mois de 2004, se reprend sensiblement (+ 3,8 %), après une légère baisse ( 0,1 %) au dernier trimestre 2003. Il s agit de la plus forte augmentation trimestrielle des années 2000 et ce taux de croissance se révèle le même, à la fois dans les industries de biens non durables qui se relèvent ainsi de trois trimestres négatifs et dans les industries de bien durables qui, elles, affichent un troisième trimestre positif d affilée. À Institut de la statistique du Québec l exception des boissons et des produits du tabac ( 5,2 %), des textiles ( 2,6 %) et des produits textiles ( 1,6 %), toutes les variations des expéditions de biens non durables se révèlent positives. C est le cas des aliments (+ 3,2 %), du papier (+ 3,2 %), des produits du pétrole et du charbon (+ 16,3 %), des produits chimiques (+ 3,1 %), des produits en caoutchouc et en plastique (+ 1,2 %), des activités d impression (+ 2,3 %) et des produits en cuir (+ 1,3 %). L Écostat, juin 2004 23
Pour ce qui est des expéditions de biens durables, d un côté, les accroissements vont de 1,4 % (appareils et composants électriques) à 11,9 % (métaux de première transformation), sans oublier les vêtements (+ 1,8 %), le matériel de transport (+ 4,4 %), les produits minéraux non métalliques (+ 7,3 %), de même que les produits informatiques et électroniques (+ 8,1 %). De l autre côté, les baisses frappent les meubles et les produits connexes ( 0,2 %), les produits en bois ( 0,4 %), les produits métalliques ( 2,5 %) et les machines ( 4,9 %). LE MARCHÉ DU TRAVAIL Par rapport aux quatre premiers mois de 2003 au cours desquels il variait de 2,7 %, l emploi au Québec progresse deux fois moins vite en 2004, soit de 1,4 %. Ainsi, le nombre d emplois s accroît de 50 100 environ durant cette période, en comparaison de 95 700 au cours des mois correspondants de 2003. Pendant la même période, la population active croît de 51 400 individus en 2004 et de 100 900 en 2003. Conséquemment, le nombre de personnes en chômage même en hausse de 1 300 en 2004 augmente quatre fois plus lentement qu au cours de la même période de 2003, quand il montait de 5 200. Cela représente un taux de chômage de 8,7 % en moyenne en 2004, en regard de 8,8 % au cours des quatre premiers mois de 2003. Cette fébrilité du marché du travail en ce début d année 2004 se répercute inégalement sur les hommes et les femmes. En effet, chez les femmes, au cours des quatre premiers mois de 2004, l emploi progresse de 49 500 et la population active, d environ 45 200 par rapport aux mêmes mois de 2003, d où une baisse de 4 300 chômeuses, ce qui fait glisser le taux de chômage à 8,1 %. En comparaison, les quatre premiers mois de 2003 enregistraient une augmentation de 12 200 chômeuses et un taux de chômage qui montait à 8,5 %. Chez les hommes, et durant cette même période de 2003, l emploi n avance que de 700 environ en 2004, mais la population active grimpe de 6 200, d où une hausse de 5 500 chômeurs et un taux de chômage porté à 9,3 %, par comparaison avec une diminution de 7 000 chômeurs et un taux de chômage qui descend à 9,1 % durant les quatre premiers mois de 2003. Analysée à partir des résultats des divers secteurs d activité économique, toute la création nette d emplois en 2004 provient du seul secteur tertiaire. En effet, au cours de ces quatre mois de 2004, le secteur primaire perd 4 900 emplois et le secteur secondaire, 16 300, tandis que le secteur tertiaire en gagne 71 300. Ainsi, l agriculture enregistre 4 900 emplois de moins et la variation est nulle dans les autres industries primaires. Les industries manufacturières ont 19 200 emplois de moins, mais la construction, 2 900 de plus. Enfin, du côté tertiaire, l emploi s accroît dans la santé et l assistance sociale (+ 36 200), le transport et l entreposage (+ 15 400), l information, la culture et les loisirs (+ 13 700), les finances et les affaires immobilières (+ 11 200), le commerce (+ 4 700), les administrations publiques (+ 3 400), les services professionnels, scientifiques et techniques (+ 3 300), le groupe «autres services» (+ 1 400) et les services publics (+ 1 000). Par contre, la décroissance de l emploi frappe les services de l enseignement ( 3 400), la gestion d entreprises ( 5 800), ainsi que l hébergement et la restauration ( 9 700). LES PRIX, LES SALAIRES ET LES REVENUS En ce début de 2004, l indice général des prix à la consommation (IPC) au Québec poursuit sa décélération, en n avançant que de 0,9 %, c est-à-dire environ quatre fois plus lentement que le rythme de l IPC durant les quatre premiers mois de 2003 (+ 3,9 %). Plus particulièrement, le secteur de l habillement et des chaussures connaît un mouvement encore plus prononcé et affiche une baisse de 0,2 %. Le secteur de l énergie, dont l indice a grandement remonté depuis le dernier trimestre 2002 à la suite de fluctuations fort inégales, ne bouge que de 0,1 % en 2004, alors qu il grimpait de 13,3 % au cours des quatre mêmes mois de 2003. Quant au secteur du logement, l évolution de son indice quoique la plus rapide parmi tous les secteurs reflète celle de l IPC général en indiquant, durant ces quatre mois de 2004, une variation (+ 2,1 %) moitié moindre que durant les quatre mois correspondants de 2003 (+ 4,0 %). De même, au chapitre des aliments, la croissance des prix en 2004 (+ 1,5 %) se trouve au-dessus de la moyenne d ensemble (+ 0,9 %) et du taux observé à la même époque en 2003 (+ 1,2 %). Tout de même, sans les aliments, l IPC québécois n avance que de 0,9 % en 2004 (+ 4,6 % durant les mêmes mois de 2003), tandis que, sans l énergie, il s élève de 1,0 % (+ 3,1 % au cours de la période correspondante de 2003). 24 L Écostat, juin 2004 Institut de la statistique du Québec
À ce rythme, l IPC général québécois (+ 0,9 %) varie à peine moins rapidement que son équivalent canadien (+ 1,1 %) en ce début d année, contrairement à la situation observée durant certains trimestres, par exemple au quatrième trimestre 2001 durant lequel cet indice monte de 1,3 % au Québec contre 1,1 % au Canada. Par ailleurs, après une tendance marquée à la hausse d août 2002 jusqu au premier trimestre 2003, l indice canadien des prix des produits industriels connaît des diminutions, mois après mois depuis avril, attribuables en partie à la hausse du dollar canadien, de sorte qu il recule une troisième fois consécutive, soit de 2,3 % au premier trimestre 2004. En ce qui concerne le revenu, en attendant les données du premier trimestre 2004, le quatrième trimestre 2003 indique une dixième augmentation trimestrielle consécutive (+ 0,9 %) du revenu personnel au Québec, exprimé en dollars courants, soit le même rythme qu au troisième trimestre et le deuxième plus important en sept trimestres. Dans le même temps, affichant un taux de croissance de 0,6 %, la variation du revenu personnel disponible, également la dixième de suite, est pour ainsi dire similaire à celle que l on enregistrait au troisième trimestre. Pour sa part, en hausse durant les trois derniers trimestres de l année 2003, dont 0,4 % au quatrième trimestre, la rémunération hebdomadaire moyenne des salariés du Québec décroît au même rythme ( 0,4 %) au premier trimestre 2004 durant lequel elle s établit à 658,09 $. Quant aux salaires et aux traitements versés au Québec, ils totalisent 117,8 milliards de dollars en 2003, soit une augmentation de 3,9 %, dont 1,1 % au quatrième trimestre. Dans le cas des revenus de transfert versés au Québec, la décroissance amorcée au deuxième trimestre 1996 se trouve inversée depuis le début de 2002 et elle continue ainsi en 2004. En effet, les déboursements totaux en prestations de la sécurité du revenu s élèvent à 939,8 millions de dollars de janvier à avril 2004, c est-à-dire une troisième hausse consécutive (+ 0,2%) pour cette période des quatre premiers mois de l année. Pourtant, le nombre de prestataires, estimé à 531 463 en moyenne en ce début de 2004, continue à décroître ( 2,1 %). Pour leur part, les prestations d assurance-emploi versées au Québec, durant les deux premiers mois de 2004, s élèvent à 922,3 millions de dollars; elles enregistrent un bond (+ 9,4 %), sans commune mesure avec la progression que l on constatait au cours des mêmes mois de l an dernier (+ 1,3 %). Par contre, le nombre de demandes d assurance-emploi initiales acceptées décroît de 2,1 %, tandis qu il s élevait de 0,4 % à la même époque l an dernier. LE SECTEUR FINANCIER Dans son cheminement vers le bas amorcé depuis son sommet annuel (1,02 $ US en moyenne) atteint en 1974, le dollar canadien a crevé le plancher de 70,00 US au début de 1998, descendant même au-dessous de 65,00 US durant les trois derniers mois de 1998. S étant repris sensiblement au point d avoisiner 70,00 US durant les premiers mois de l année 2000, il repart cependant à la baisse en 2001 ( 4,1 %) et durant l année 2002 au cours de laquelle il se déprécie de 1,4 %, en se fixant à 63,68 US. Cependant, en 2003, c est le retournement manifeste, à un point tel que la devise gagne 12,1 % et vaut en moyenne 71,35 US. Elle continue à se hisser en 2004 et, malgré les fluctuations des quatre premiers mois, elle équivaut à 75,53 US contre 66,80 US à la même période de 2003. De même, face à quelques autres devises d importance, le dollar canadien varie à la hausse, à deux exceptions près. En effet, il s échange en moyenne contre 0,6103 euro ( 1,7 %), 0,4128 livre sterling ( 1,4 %), 0,9552 franc suisse (+ 4,5 %) et 81,0249 yens (+ 1,8 %). Par ailleurs, de moins de 4 % enregistré en moyenne en janvier 1994, le taux d escompte de la Banque du Canada s élève à plus de 8 % un an plus tard. Il varie ensuite rapidement avec des hauts et des bas, jusqu à 6,00 % à la fin de 2000, puis redescend à 2,25 % en mars 2002, à partir de quoi il remonte peu à peu jusqu à 3,50 % au deuxième trimestre 2003, ensuite glisse graduellement à 2,75 % en janvier 2004, à 2,50 % en mars et à 2,25 % en avril. Parallèlement, le taux cible du financement à un jour, Institut de la statistique du Québec qui remplace effectivement le taux d escompte comme taux directeur de la Banque du Canada, descend à 2,00 % depuis la mi-avril 2004. Pour sa part, de 5,25 % où il se situait en février 1995, le taux d escompte de la Réserve fédérale américaine a reculé jusqu à 4,50 % durant la majeure partie de 1999, et il est revenu progressivement à 6,00 % au cours de l année 2000; il est ensuite descendu à 1,25 % à la fin de 2001 et à 0,75 % à la fin de 2002, tandis que le taux directeur passe de 1,25 % en novembre 2002 à 1,00 % depuis juin 2003. De son côté, après s être hissé jusqu à 9,75 % en avril 1995, le taux de base canadien amorce l année 2003 à 4,50 %, se trouve en avril à 5,00 % et, après quelques fluctuations, passe de 4,25 % en janvier 2004 à 3,75 % en avril, tandis que celui des États-Unis va de 9,00 % en avril 1995 à 4,25 % durant la première moitié de 2003 et à 4,00 % encore en avril 2004. Ainsi, après avoir compté, en octobre 2002, 89 mois successifs au cours desquels le taux de base américain dépassait le taux canadien, c est l inverse qui se produit jusqu en février 2004. Après une égalité en mars, le taux canadien retourne en deçà du taux américain. Conséquemment, par rapport à avril 2003, ce taux baisse de 125 points de base au Canada et de 25 points aux États-Unis en avril 2004. Par ailleurs, le taux de rendement sur les obligations à long terme des sociétés (Scotia Capital inc.), estimé à plus de 6 % aux premiers jours de 2004, varie semaine après semaine, tantôt à la hausse tantôt à la baisse, et il s établit à 6,31 % au cours de la troisième semaine de mai 2004. L Écostat, juin 2004 25