Le consentement éclairé à l anesthésie

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Transcription:

Le consentement éclairé à l anesthésie Des référentiels à la pratique quotidienne Leclerc Charles Service de Chirurgie et d Anesthésie ambulatoire Fondation de la Miséricorde, Caen

Introduction Le consentement à l anesthésie semble évident dès lors que l opération est acceptée, alors que : La technique anesthésique n est pas déterminée Le risque anesthésique n a pas été évoqué Le médecin anesthésiste n a pas été choisi par le patient Le médecin qui réalise les soins anesthésiques peut être différent de celui vu en consultation

Les Référentiels La réglementation Loi n 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé Décret n 94-1050 du 5 décembre 1994 relatif aux conditions techniques de fonctionnement des établissements de santé en ce qui concerne la pratique de l anesthésie Les recommandations professionnelles ANAES SFAR CNOM

Loi n 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé Art. L. 1111-2 Le droit d être informé État de santé, investigations, traitements proposés L utilité L urgence éventuelle Les conséquences des soins Les risques fréquents ou graves normalement prévisibles Les alternatives possibles L évolution spontanée en cas de refus.. S applique à tout professionnel de santé dans le cadre de ses compétences. La preuve que l information a été délivrée revient au professionnel, cette preuve peut être apportée par tout moyen..»

Loi n 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé Art. L. 1111-2 Le mineur et le majeur sous tutelle Reçoit lui aussi l information Adaptée Participe à la prise de décision Consentement systématiquement recherché

Loi n 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé Art. L 1111-4 C est le patient qui décide «Consentement (libre et) éclairé» Il peut le retirer à tout moment Il peut refuser les soins

Décret n 94-1050 du 5 décembre 1994 relatif aux conditions techniques de fonctionnement des établissements de santé en ce qui concerne la pratique de l anesthésie La consultation d anesthésie est faite par le médecin anesthésiste réanimateur, hors cas d urgence, plusieurs jours avant l acte chirurgical.

ANAES Information des patients : recommandations destinées aux médecins. Mars 2000. Primauté de l information orale Adaptée au cas de chaque personne Support écrit possible Pas d obligation à signer le consentement

SFAR Recommandations concernant la période pré-anesthésique. Septembre 1994. Seul le médecin anesthésiste est habilité à informer AG, ALR ou sédation Techniques d anesthésie et d analgésie post- opératoire Risques prévisibles Echec possible de l ALR AG Changement de technique imposé par la stratégie opératoire Possibilité de transfusion sanguine si chirurgie +/- hémorragique Techniques d épargne transfusionnelle

SFAR L information du patient avant l anesthésie. Texte rédigé par le comité vie professionnelle de la SFAR, janvier 1998. A propos de l AG: «Des complications imprévisibles comportant un risque vital comme une allergie grave, un arrêt cardiaque, une asphyxie,sont extrêmement rares. Pour donner un ordre de grandeur, des complications sérieuses ne surviennent que sur plusieurs centaines de milliers d anesthésies.»

SFAR (SUITE) A propos de l ALR : «Des complications plus graves comme des convulsions, un arrêt cardiaque, une paralysie permanente ou une perte plus ou moins étendue des sensations sont extrêmement rares. Quelques cas sont décrits, alors que des centaines de milliers d anesthésies de ce type sont réalisées en France chaque année.»

SFAR Fiche d information aux parents avant l anesthésie de l enfant. Texte co-écrit par ADARPEF et SFAR, septembre 1999. Fiche d information sur la transfusion adaptée de la circulaire DGS/SQ4 n 98/231 du 9 avril 1998

CNOM Recommandations concernant les relations entre anesthésistes réanimateurs et chirurgiens, autres spécialistes ou professionnels de santé. Décembre 2001. Chirurgien: la maladie, son évolution sans traitement, le motif et les modalités de l intervention, ses avantages, ses conséquences, ses inconvénients et ses risques, ses alternatives si il y en a..

CNOM (suite) Anesthésiste réanimateur: la technique anesthésique, ses avantages, ses inconvénients et ses risques, ses alternatives si il y en a, le terrain, les risques que celui-ci fait courir. Chacun limitant l information à son domaine Chevauchement inéluctable

En résumé L anesthésiste informe le patient pour son domaine Il évoque le rapport bénéfice / risque Il n omet pas de signaler les risques graves «normalement prévisibles» Il le fait oralement Et par écrit : exhaustif et apporte la preuve que l information à bien été donnée. Sauf cas particuliers, le consentement écrit n est pas demandé au patient

La pratique quotidienne:

Qui donne l information? Le médecin anesthésiste réanimateur

Où et quand? Lors de la consultation d anesthésie +++ «plusieurs jours avant» Eventuellement lors de la visite pré-anesthésique «..dans les heures qui précèdent» A éviter au bloc opératoire.

Comment? Orale +++ Ecrite : fiche SFAR Pas de signature du patient A la sortie, si il y a eu un problème ou si on en redoutait et qu il n y en a pas eu remettre une carte d anesthésie. Dans l avenir: CR d anesthésie?

Quel contenu? Les soins anesthésiques envisagés La préparation, les précautions Les consignes : jeûne, médicaments L organisation. Les problèmes attendus : IT difficile, INT, ALR difficile

Quel contenu? (suite) Les risques, ou mieux le rapport bénéfice / risque Divers : transfusion, prise en charge de la douleur. Anesthésiste différent le jour de l intervention, voire technique différente

Conclusion Aborder systématiquement l éventualité d une complication grave liée à l anesthésie est difficile et n est pas réaliste. IL FAUT INFORMER SANS FAIRE PEUR En pratique seul un risque probabiliste est évoqué si le patient n en demande pas plus. Une information standardisée écrite vient compléter l information orale. L écrit constitue une preuve que cette information à été donnée Une «bonne information» est de nature à réduire les litiges