09. ROQUEFIXADE Monument aux morts de la guerre de 1914-1918, de la guerre du Maroc (T. O. E.), de la guerre de 1939-1945. Patrick Roques, 2013 Étude Inscriptions Documents Sources Illustrations Étude Afin de "perpétuer la gloire et le souvenir des seize enfants de la commune de morts pour la France au cours de la grande guerre 1914-1918", le conseil municipal de ce village et son maire Ernest Baurès désignent le 17 janvier 1920 l adjoint au maire, monsieur Bastide, et le conseiller Castel qui seront chargés de recueillir la souscription publique. Ils décident d élever un monument aux morts sur une place publique. Le dossier concernant la construction de ce nouvel édifice est envoyé en juillet de la même année au préfet de l'ariège. La commission d'esthétique rend ses observations sur la forme jugeant du "manque d'unité" et de "profils trop saillants". En outre, les "plaques de marbre portant les noms des morts doivent être incrustées dans la pierre et faire corps avec le nom. La liste des morts doit constituer le motif principal de l'oeuvre et non le revêtement d'une face du piédestal par un simple placage. Les indications écrites sur le dessin portent que le projet doit être exécuté en granit et ciment. On ne sait pas quelle est la partie construite en ciment. Dans aucun cas, ce mode de construction ne peut être admis en parement". Le dossier est alors retourné au maire qui constate que ces changements induisent un coût beaucoup plus important. Le nouveau projet coûte 7 000 francs alors que l'ancien s'élevait à 2 500 francs, souscription de 700 francs comprise. Le décret présidentiel autorisant cette construction est signé le 23 avril 1921. Le 1er septembre 1921, le maire Région Midi-Pyrénées. Direction de la Culture et de l Audiovisuel, service Connaissance du Patrimoine 2013 1
Ernest Baurès traite de gré à gré avec Paul Raynaud, tailleur de pierre demeurant route de Foix dans la commune proche de Lavelanet. Ce dernier s'engage à "construire et édifier sur un emplacement à lui désigner, un monument aux morts conformément au plan présenté par la commission spéciale départementale". Le 15 septembre suivant, le procès verbal de réception est signé et le solde de 882 francs doit être payé à monsieur Raynaud. Le maire et l'instituteur monsieur Brunet, organisent rapidement la cérémonie d'inauguration pour la fin de cette année et une grille protégeant le monument est alors projetée. La subvention de 280 francs donnée par l'état est versée en juin 1922. Mais le 5 novembre 1923, le préfet demande au maire de lui faire parvenir des copies des devis et croquis du monument ainsi que toutes pièces relatives à cette construction. Puis, il adresse une lettre de mission à monsieur Laberty, agent-voyer du canton des Cabannes, l'invitant à enquêter sur une plainte déposée par Jean Darnaud qui soulève les problèmes liés à la construction du monument. Le projet, selon ce dernier, ne serait pas conforme à la réalisation. Il intente un procès au tribunal civil en mars 1924 et le préfet adresse au même moment par lettre, ses reproches au maire. En juin 1927, le nom d'hector Sicre sera inscrit sur la plaque. Puis, le 29 novembre 1931, le maire qui est alors Adolphe Canal, en conseil, expose les malfaçons sur monument : "la pierre n'est pas du granite mais du calcaire de qualité inférieure", "les caractéristiques diffèrent complètement de celles exigées par la Commission spéciale", "la hauteur et le volume ont été réduits de telle sorte que le préjudice causé intéresse autant l'esthétique de l'oeuvre que son prix de revient". Notons que le monument est construit en pierres locales et qu il présente actuellement une hauteur de 2,70 mètres, mesure identique à celle portée sur le document ci-joint, approuvé par le préfet le 29 avril 1921. En outre, le maire reproche "l'extrême complaisance de l'ancien maire à l'égard de monsieur Raynaud". Aussi, le conseil refuse de payer au tailleur de pierre le solde de 750 francs consignés à la caisse municipale. Après avoir décidé en 1932 d'engager une instance devant le Conseil de préfecture, la municipalité de règle à monsieur Raynaud le solde qui s'élève alors à 525 francs. La plaque en granite actuellement fixée contre le monument aux morts a été réalisée au cours des années 1980 et porte les noms de ceux morts en 1914-1918, au Maroc (sur le théâtre des opérations extérieures T. O. E.) et en 1939-1945. Puis, un maquis s installe près de au cours de la Seconde Guerre mondiale. Attaqué les 6 et 7 juillet 1944 par la milice, les GMR et des troupes allemandes, 17 de ses membres trouvent la mort. Un premier monument le conseil général de l Ariège organise une souscription publique est érigé dès 1945 à 800 mètres environ à la sortie du village. Mais les résistants constatent alors que cet édifice est placé à l'endroit où des miliciens ont été tués et "sous le sommet d'où les Allemands ont mitraillé le groupe Gaby" comme l écrit Jean-Jacques Pétris dans «Le maquis de, juillet 1944», ouvrage fort bien documenté. Les travaux sont aussitôt arrêtés et le monument abandonné. Un nouveau monument est construit au lieudit Rambert et inauguré le 10 juillet 1946. Le 13 juillet 1947, le journal "Le Patriote" décrit ce monument "rustique, composé de rocs posés les uns sur les autres, encadré par deux mâts au bout desquels flottent les trois couleurs". Plus tard, parce que ce dernier monument est difficile d accès, un autre est construit à proximité, en bordure du chemin, et inauguré le dimanche 1er juillet 1973. Région Midi-Pyrénées. Direction de la Culture et de l Audiovisuel, service Connaissance du Patrimoine 2013 2
Inscriptions Les listes suivantes sont établies à partir du relevé des noms et prénoms portés sur la plaque fixée sur le monument aux morts de. Les informations complémentaires (dates et lieux de décès, de naissance, grade et régiment) en bleu proviennent du site «memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr» et celles portées en rouge du centre des archives contemporaines (Archives Nationales) à Fontainebleau (77). Les archives contemporaines (CAC) détiennent les listes par départements et communes des soldats «Morts pour la France» au cours de la Grande Guerre. La loi du 25 octobre 1919 prescrit, en effet, qu un Livre d Or sera déposé au Panthéon et que chaque commune en recevra un extrait. Il renfermera les noms des combattants des armées de terre et de mer 1 et ceux des «non-combattants ayant succombé à la suite d actes de violences commis par l ennemi, soit dans l exercice de fonctions publiques, soit dans l accomplissement de leur devoir de citoyen» morts entre le 2 août 1914 et le 24 octobre 1919 date officielle de la cessation des hostilités. Ce Livre d Or n a jamais été versé au Panthéon et les listes se trouvent aux archives à Fontainebleau. Le conseil régional Midi-Pyrénées en détient une copie. Pour l armée de terre, le service de l État civil et des Sépultures Militaires du ministère des Pensions dresse ces listes documents historiques vers la fin des années 1920. Le 12 septembre 1929, le ministère des Pensions reçoit les observations communiquées par le maire de concernant le Livre d Or de la commune. Ce dernier adresse la liste des noms des morts gravée sur le monument. À part Célestin Clanet décédé le 4 octobre 1918 à Brignoles (Var) dont la situation ne répond pas aux exigences des lois du 25 octobre 1919 et du 28 février 1922, les autres noms sont portés sur le Livre d Or. Sont, de plus, ajoutés les noms de Léon Astrié et Louis Authié. Le Livre d Or établi en 1930 par les services de l État comporte 16 noms., au recensement de 1911, comptait 383 habitants. Les 14 noms portés sur le monument aux morts correspondent à 3,7 % de la population de ce village. Militaires morts en 1914-1918 NOM PRENOM Date décès Lieu décès Date et lieu de naissance FONTANEAU Louis 25 août 1914 Cinvaux 27 fév 1892 (Meurthe-et- Pereille Moselle) CASTEL Louis 1 er sept 1914 Consenvoye 13 août 1884 LANTA Etienne Aimé Eliacin Dominique (Meuse) 18 sept 1914 Perthes (Marne) FONQUERNIE Gabriel 24 sept 1914 Bois Hazelle (Meurthe-et- Moselle) SICRE Célestin 2 nov 1914 Wytschaete (Belgique) SAUREL Frédéric 5 jan 1915 Chalons-sur- Marne (Marne) GUILHEMAL Antoine Philémon Honoré 23 juin 1915 La Fontenelle (Vosges) SICRE Florentin 14 déc 1915 Sallonique (Grèce) 20 juin 1890 22 avr 1892 16 nov 1892 23 fév 1893 Bélesta 22 fév 1880 10 juin 1895 Grade Régiment soldat 53 e R. I. soldat 259 e R. I. soldat 59 e R. I. soldat 53 e R. I. soldat 143 e R. I. soldat 14 e R. I. soldat 37 e R. I. Col. soldat 45 e R. I. 1 L armée de l air française, dépendant de l Armée de terre depuis 1909 est une arme à part entière depuis 1934. Région Midi-Pyrénées. Direction de la Culture et de l Audiovisuel, service Connaissance du Patrimoine 2013 3
CASTEL Antoine Zéphirin 11 déc 1915 Roclincourt (Pas-de- Calais) BAUDRU Joseph Noel 31 juil 1916 Marcelcaveles-Buttes (Somme) BRU Jean Baptiste Alexis 21 oct 1915 Ville-sur- Tourbe (Marne) 1 er oct 1887 Fougax 22 déc 1879 24 juil 1876 Villeneuved Olmes 23 déc 1897 AUTHIE Noel Baptiste 11 mars 1917 Bezonvaux (Meuse) CLANET Célestin GUITARD Antoine 8 mai 1918 Mont Kemmel 22 nov 1892 (Belgique) ASTRIE Léon 11 mars 1916 Esnes (Meuse) 8 avr 1884 AUTHIE Louis 15 oct 1914 Bois des 4 oct 1884 Chevaliers (Marne) soldat 88 e R. I. soldat 37 e R. I. Col. soldat 134 e R. I. T. soldat 12 e R. I. sergent 80 e R. I. sous 3 e R. Tirailleurs lieutenant clairon 259 e R. I. Militaires morts en Maroc NOM PRENOM Date décès Lieu décès Date et lieu de naissance SICRE Hector Maroc Statut Régiment Militaires morts en 1939-1945 NOM PRENOM Date décès Lieu décès Date et lieu de naissance CLANET Antoine dit 19 juin 1941 Westermarsh 24 fév 1907 Marius (Allemagne) MAURY René Statut Régiment militaire 214 e R. I. Région Midi-Pyrénées. Direction de la Culture et de l Audiovisuel, service Connaissance du Patrimoine 2013 4
Documents Localisation du monument aux morts cadastré 2012 B2 742 à. Région Midi-Pyrénées. Direction de la Culture et de l Audiovisuel, service Connaissance du Patrimoine 2013 5
09. Document 1 monument aux morts de la guerre de 1914-1918, de la guerre du Maroc (T. O. E.) et de la guerre de 1939-1945 Reproduction de l élévation du monument aux morts, dessin présenté à la préfecture de Foix qui l a approuvé le 29 avril 1921. Région Midi-Pyrénées. Direction de la Culture et de l Audiovisuel, service Connaissance du Patrimoine 2013 6
09. Document 2 monument aux morts de la guerre de 1914-1918, de la guerre du Maroc (T. O. E.) et de la guerre de 1939-1945 Reproduction du dessin du plan du monument aux morts, document participant probablement au dossier envoyé à la préfecture de l Ariège. Sources Archives départementales de l'ariège : série 2 o 1323. Archives privées, La Dépêche du Midi : années 1920 à 1990. Archives contemporaines de Fontainebleau (77) : 19860711-046-F9-3946 Site internet du Ministère de la Défense : www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/ Région Midi-Pyrénées. Direction de la Culture et de l Audiovisuel, service Connaissance du Patrimoine 2013 7
Illustrations 09. Figure unique monument aux morts de la guerre de 1914-1918, de la guerre du Maroc (T. O. E.) et de la guerre de 1939-1945 Vue d'ensemble depuis le sud-ouest du monument Phot. Région Midi-Pyrénées aux morts inauguré à la fin de l'année 1921. J.-F. Peiré 2004 09 00239 NUCA Région Midi-Pyrénées. Direction de la Culture et de l Audiovisuel, service Connaissance du Patrimoine 2013 8