Pathologies inflammatoires du bassin

Documents pareils
Anatomie. Le bassin inflammatoire. 3 grands cadres. 4 tableaux. Spondylarthrite ankylosante. Spondylarthrite ankylosante 26/10/13

Les formes cliniques. Maxime Breban

Le diagnostic de Spondylarthrite Ankylosante? Pr Erick Legrand, Service de Rhumatologie, CHU Angers

SYNTHÈSE DES RECOMMANDATIONS PROFESSIONNELLES. Spondylarthrites. Décembre 2008

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

Dr Pascale Vergne-Salle Service de Rhumatologie, CHU de Limoges. Membre enseignant chercheur EA 4021

Diagnostic différentiel des infections ostéoarticulaires

Lombalgie inflammatoire. François Couture Rhumatologue Hôpital Maisonneuve Rosemont Avril 2010

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

Que représentent les Spondyloarthrites Axiales Non Radiographiques? Pascal Claudepierre CHU Mondor - Créteil

Les rhumatismes inflammatoires. Arthrite Rhumatoïde, Arthrite psoriasique, Spondylarthrite ankylosante

Lombalgies inflammatoires de l homme jeune

Item 123. Psoriasis. Insérer les T1. Objectifs pédagogiques

Les Spondylarthrites

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 2 23 Octobre 2012

Trucs du métier. L arthrite psoriasique en l absence du psoriasis. clinicien@sta.ca. Avez-vous un truc? Son épidémiologie et son expression

Spondylarthrite juvénile. Dr Sandrine Lacassagne Hôpital Necker 25 Novembre 2010

Item 123 : Psoriasis

Diagnostic, prise en charge thérapeutique et suivi des spondylarthrites

Intérêt de l IRM dans le diagnostic précoce des atteintes psoriasiques des doigts et des orteils

I Identification du bénéficiaire (nom, prénom, N d affiliation à l O.A.) : II Eléments à attester par un médecin spécialiste en rhumatologie :

LES DOULEURS LOMBAIRES D R D U F A U R E T - L O M B A R D C A R I N E S E R V I C E R H U M A T O L O G I E, C H U L I M O G E S

Le syndrome SAPHO Ostéomyélite multifocale chronique récidivante Spondylarthrite hyperostosante pustulo-psoriasique

Spondylarthrite ankylosante

Douleurs des mains. Douleurs des mains les plus fréquentes: pertinence, causes, traitements. C.Zenklusen septembre 2013

SYNDROME DU TUNNEL CARPIEN, EPICONDYLITE ET TRAVAIL : POINT DE VUE DU RHUMATOLOGUE

Genou non traumatique

La prise en charge de votre spondylarthrite

Problèmes locomoteurs

Accidents des anticoagulants

Spondylarthrite ankylosante (Pelvispondylite rhumatismale) Etiologie, diagnostic, évolution, surveillance, principes de traitement

Vignette clinique 1. Femme, 26 ans; caissière. RC : Dorsalgie depuis 18 mois. ATCD : Tabagisme 20 paquets/année; pas de maladies chroniques HMA :

Item 182 : Accidents des anticoagulants

Spondylarthrite grave

LES SPONDYLARTHROPATHIES (SPONDYLARTHRITES) : APPROCHE DIAGNOSTIQUE ET THÉRAPEUTIQUE

La maladie de Still de l adulte

Les traumatismes et l arthrite inflammatoire

Quand penser à une pathologie inflammatoire osseuse ou articulaire

OSSIFICATION DU LIGAMENT VERTEBRAL COMMUN POSTERIEUR ET DU LIGT JAUNE: MYELOPATHIE CERVICALE SUBAIGUE

La polyarthrite rhumatoïde est-elle une maladie courante parmi la patientèle d'un rhumatologue?

Quel que soit le matériel d ostéosynthèse, un certain nombre de principes permettent de bien conduire le geste chirurgical

Faculté de Médecine de Marseille Université Aix Marseille II. Maître de stage : Dr BLANC Bernard. Récit authentique d une situation

PHYSIOTHERAPIE ET RHUMATISMES INFLAMMATOIRES

La prise en charge de votre polyarthrite rhumatoïde

LA SPONDYLARTHRITE ANKYLOSANTE

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 18 novembre 2009

L arthrose, ses maux si on en parlait!

Le pied des spondyloarthropathies

Fiche Produit Profils Médicalisés PHMEV

Cette intervention aura donc été décidée par votre chirurgien pour une indication bien précise.

Item 154 : Tumeurs des os primitives et secondaires (Évaluations)

ANDRIANJAFISON Francia

Communiqué. Abbott présente à Santé Canada une demande d homologation d HUMIRA pour le traitement du psoriasis POUR PUBLICATION IMMÉDIATE

Nouvelle option thérapeutique pour les enfants présentant cette forme rare et sévère d arthrite

Médecine Nucléaire : PET-scan et imagerie hybride

Qu est-ce qu un sarcome?

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

Recommandations régionales Prise en charge des carcinomes cutanés

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 10 mai 2006

La main traumatique: traumatismes ostéo- articulaires des doigts longs. DR Moughabghab

Qu'attend le rhumatologue de la Médecine Nucléaire?

Leucémies de l enfant et de l adolescent

. Arthritepsoriasique

Sujets présentés par le Professeur Olivier CUSSENOT

LA TUBERCULOSE Docteur ALAIN BERAUD

INDUCTION DES LYMPHOCYTES T- RÉGULATEURS PAR IL2 A TRÈS FAIBLE DOSE DANS LES PATHOLOGIES AUTO- IMMUNES ET INFLAMMATOIRES APPROCHE TRANSNOSOGRAPHIQUE

Migraine et Abus de Médicaments

1 ère Edition, septembre La Rhumatologie au Quotidien Dr RALANDISON D. Stéphane Page 1

Quoi de neuf dans la prise en charge du psoriasis?

PUBALGIES: ASPECT TYPIQUE ET ATYPIQUE EN IMAGERIE

L A L E T T R E. L E T T R E D I N F O R M A T I O N ( 3 n u m é r o s p a r a n ) m a i

Rapport de recommandations

DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

TYNDALL. 13 rue Dubrunfaut PARIS Tél. : >SIREN N APE N Bulletin d Informations. et d échanges N 24 MARS 2009

Humira Solution pour injection dans un injecteur prérempli

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

PRECISION ÉLIMINATION DE L INFLAMMATION. mensuel PRECISION

5. ASPECTS CLINIQUES ET ÉTIOLOGIQUES

SOIXANTE-SEPTIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ A67/18 Point 13.5 de l ordre du jour provisoire 21 mars Psoriasis. Rapport du Secrétariat

Actualités IRM dans la SEP Thomas Tourdias 1, 2

Mécanismes moléculaires à l origine des maladies autoimmunes

rhumatoïde DES de Biologie médicale Cours d immunologie Vincent Elsermans

RHUMATISMES INFLAMMATOIRES CHRONIQUES DE L ADULTE : diagnostic et prise en charge initiale par le généraliste. DOSSIER DOCUMENTAIRE

SPONDYLARTHROPATHIES. Dr L.Mathy Mont-Godinne Rhumatologie 10/03/2012 CH DINANT

LA PROTHESE TOTALE DE GENOU

Evaluer le risque fracturaire: l outil FRAX (Fracture Risk Assessment Tool)

CHAPITRE VI : L ARTHROSE

DENSITOMÉTRIE OSSEUSE : CE QUE LE RADIOLOGUE DOIT SAVOIR

Lombosciatalgie aigue et chronique Quelle prise en charge? Dr Azizi Fatima Rabat

Fit For Work? Les troubles musculosquelettiques et le marché du travail belge

Analyse pharmaco-économique des anti-tnf alpha dans le traitement de la Polyarthrite Rhumatoïde en France.

Polyarthrite rhumatoïde et biologie

ACTUALITES THERAPEUTIQUES. Dr Sophie PITTION (CHU Nancy) Metz, le 2 Juin 2012

I. TECHNIQUES DE RÉÉDUCATION ET DE RÉADAPTATION 1. KINÉSITHÉRAPIE PASSIVE : PAS D ACTION MUSCULAIRE VOLONTAIRE DU PATIENT

Ensemble aidons les patients souffrant d un mal de dos inflammatoire à identifier leurs douleurs.

GUIDE DE L ASSURE. I/ Quelles pièces fournir pour le remboursement de vos frais médicaux?

Chirurgie articulaire secondaire Pr. Philippe PELISSIER

Transcription:

Pathologies inflammatoires du bassin M.S. Stoenoiu, A. Nzeusseu Toukap, A. Durnez, T. Kirchgesner, B. Vande Berg INTRODUCTION Parmi les pathologies inflammatoires du bassin et de la hanche, nous décrivons dans ce chapitre la sacro-illite et la coxite. La sacroiliite peut être isolée ou associée à une série de signes et symptômes rentrant dans le cadre des spondylarthropathies (SpA), parfois appelés rhumatismes séro-négatifs. L arthrite de l articulation coxo-fémorale peut quant à elle être le signe d appel ou la manifestation tardive d une spondylarthropathie, d une arthrite indifférenciée (undifferentiated arthritis, UA) ou encore d une polyarthrite rhumatoïde (PR). Ce manuel est réalisé par le Service d orthopédie des Cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles-Woluwe) à destination des étudiants du master complémementaire en chirurgie orthopédique de l Université catholique de Louvain. C 2013-UCL-Faculté de médecine et de médecine dentaire - 50, Avenue E Mounier - B-1200 Bruxelles IMAGES CLEFS Figure 1 - Sacro-iliite gauche chez un homme de 37 ans atteint de SpA. Coupes coronales T1 (A) et DPFS (B) montrant une infiltration œdémateuse étendue sur toute la hauteur des berges articulaires gauche en hyposignal T1 hypersignal DPFS (inflammation active flèches). A noter, une transformation graisseuse de la portion inférieure des berges articulaires droites en hypersignal T1 hyposignal DPFS en rapport avec un foyer probablement éteint (têtes de flèches). A B Cet article est diffusé sous licence Creative Commons : Attribution - Pas d utilisation commerciale - Partage dans les mêmes conditions (CC BY-NC-SA) 1 HANCHE

ORTHOPÉDIE PRATIQUE La sémiologie clinique est difficile car une douleur de la région sacro-iliaque et de la hanche peut correspondre à plusieurs pathologies. L anamnèse, l examen de la marche, les tests dynamiques et l examen clinique orientent vers une origine inflammatoire. La douleur d origine sacro-iliaque ou fessalgie est un motif fréquent de consultation. L expression symptomatique peut parfois prendre l allure d une sciatique. À côté des SpA (FIG. 1), qui représentent l étiologie habituelle de la sacro-iliite (unilatérale, bilatérale ou à bascule), la possibilité d une infection de l articulation sacro-iliaque doit être gardée à l esprit devant toute sacro-iliite unilatérale (FIG. 2). Parfois, la fessalgie peut également être due à une atteinte dorso-lombaire. En effet, les tissus cutanés et sous-cutanés de la région fessière supérieure et rétro-sacrée (dont la région sacro-iliaque) reçoivent leur innervation des branches postérieures des nerfs rachidiens de la jonction dorsolombaire. Les articulaires postérieures L4-L5 et L5-S1 peuvent aussi être à l origine de douleurs fessières, comme peut l être une sciatique tronquée (tableau 1). De plus, la fessalgie peut parfois correspondre à une arthrite de hanche. Tableau 1 - Origine des douleurs des articulations sacro-iliaques et coxo-fémorales. Diagnostic différentiel Figure 2 - Sacro-iliite septique gauche chez patient immunodéprimé. Coupe transverse STIR montrant une volumineuse masse hétérogène de la fosse iliaque gauche (astérisques) compatible avec un abcès. Arthrite sacro-iliaque gauche avec contenu articulaire de type liquidien (tête de flèche) et infiltration œdémateuse des berges articulaires (flèches). CLINIQUE ETHIOLOGIE SACRO-ILIAQUE Origine mécanique Origine inflammatoire (rhumatismale) Origine infectieuse Origine microcristalline Origine à distance (douleur référée) Origine tumorale Autres causes PATHOLOGIE Arthrose (ostéo-arthrite sacro-iliaque) Fractures (sacrum, bassin) Spondyloarthropathies spondylarthrite avec atteinte axiale et/ ou périphérique sacro-iliite isolée rhumatisme psoriasique Arthrite infectieuses (staphylocoque, streptocoque, brucellose, tuberculose) Goutte (rare) Pathologie dorso-lombaire Arthrose postérieure L4-L5 Pathologie coxo-fémorale Pathologie viscérale Pathologie musculaire (syndrome du pyriforme) Pathologie neurologique Lymphome, leucémie. Sarcome. Métastases. Ostéose iliaque condensante. Maladie de Paget 2

M. S. Stoenoiu, A. Nzeusseu Toukap, A. Durnez, T. Kirchgesner, B. Vande Berg PATHOLOGIES INFLAMMATOIRES DU BASSIN HANCHE Origine mécanique Origine inflammatoire (rhumatismale) Origine infectieuse Origine microcristalline Origine à distance (douleur référée) Origine tumorale Autres causes Arthrose (coxarthrose) Fractures (hanche, bassin) Spondyloarthropathies spondylarthrite avec atteinte axiale et périphérique spondylarthrite avec atteinte périphérique rhumatisme psoriasique Polyarthrite rhumatoïde Arthrite infectieuses Goutte (rare), chondrocalcinose Pathologie dorso-lombaire Pathologie péri-articulaire(tendineuse) Pathologie viscérale Pathologie neurologique Lymphome, leucémie. Sarcome. Métastases. Ostéoporose transitoire de la hanche (Algdystrophie). Ostéose iliaque condensante. Maladie de Paget. Sarcoïdose. C est la recherche systématique des caractéristiques typiques d une douleur inflammatoire à l anamnèse qui oriente le clinicien vers une possible pathologie inflammatoire. La douleur articulaire de type inflammatoire est une douleur qui augmente ou qui resurgit au milieu ou dans la deuxième partie de la nuit obligeant souvent le malade à se lever. Elle est améliorée par l activité en fin de matinée mais elle est le plus souvent majorée le soir. La raideur («le dérouillage») matinale est supérieure à 45 minutes. 3 Hanche

ORTHOPÉDIE PRATIQUE SPONDYLARTHROPATHIES INFORMATIONS CLEFS Les SpA comprennent plusieurs maladies inflammatoires chroniques caractérisées par une atteinte du squelette (axiale et/ou périphérique), associée le plus souvent à des manifestations extra-articulaires (cutanées, digestives, oculaires). Ces rhumatismes très hétérogènes peuvent occasionner des dégâts structurels et un handicap fonctionnel important, avec réduction de la qualité de vie. L imagerie (radiographie, échographie, IRM) occupe une place importante dans la démarche diagnostique des atteintes des articulations sacro-iliaques et de la hanche et le monitoring du traitement. Les agents biologiques bloquant le TNF ont montré leur efficacité dans le traitement des SpA. Plusieurs traitements biologiques sont actuellement testés dans des essais cliniques randomisées. INTRODUCTION Les spondyloarthropathies (SpA) constituent un groupe de pathologies inflammatoires à médiation immunitaire, qui partagent des caractéristiques cliniques, génétiques et pathogéniques communes (Dougados, 2011). Le tableau 2 reprend l ensemble des affections concernées. La pathogénèse de la SpA est fortement liée à l axe IL23 / IL17. Le point de départ de la maladie est l enthèse - l insertion osseuse des tendons et ligaments. L enthésite est un élément important dans la pathogénèse de la SpA, et contribue à l atteinte axiale et périphérique, même si la synovite fait également partie des manifestations cliniques (Dougados, 2011). C est surtout le complexe enthéso-synovial qui est le siège des hostilités en présence d une prédisposition génétique. CLINIQUE Les présentations cliniques des SpA peuvent être très différentes selon la maladie sous-jacente (tableau 2). Les symptômes sont multiples et hétérogènes (tableau 3). En présence d une fessalgie ou d une coxalgie dont l origine inflammatoire est établie (voir tableau 1 pour les causes possible de la douleur), commence la recherche systématique de symptômes ou signes évocateurs. Chez un patient souffrant d une arthrite coxo-fémorale ou sacro-iliite, il n est pas rare de retrouver une histoire familiale, des plaintes digestives (diarrhées), ophtalmologiques (uvéite) ou cutanées (psoriasis) (tableau 3). L'uvéite antérieure est la complication extra-articulaire la plus fréquente de la SpA. Tableau 2 - Pathologies inclues dans le groupe des SpA PATHOLOGIES DU GROUPE DES SpA SpA axiale incluant la spondylarthrite ankylosante SpA périphérique Arthrite psoriasique Arthrite réactionnelle Arthrite associée à une maladie inflammatoire intestinale : rectocolite, ulcéro-hémorragique, maladie de Crohn Spondylarthrite juvénile SAPHO (acronyme pour synovite, pustulose, acné et hyperostose) ÉPIDÉMIOLOGIE Parmi les SpA, le rhumatisme psoriasique est la pathologie la plus fréquente. La SpA avec atteinte axiale atteint environ 0.5 à 1 % de la population. 4

M. S. Stoenoiu, A. Nzeusseu Toukap, A. Durnez, T. Kirchgesner, B. Vande Berg PATHOLOGIES INFLAMMATOIRES DU BASSIN Tableau 3 - Présentation clinique des SpA MANIFESTATIONS CLINIQUES MANIFESTATIONS RHUMATOLOGIQUES Atteinte axiale : atteinte inflammatoire du rachis et des articulations sacro-iliaques (arthrite, enthésite, œdème osseux) Atteinte périphérique : arthrite localisée au niveau du squelette appendiculaire, dactylite Enthésopathie MANIFESTATIONS EXTRA-ARTICULAIRES Uvéite antérieure Cardiaques (insuffisance aortique, etc.) TERRAIN GÉNÉTIQUE HLA B27 positif Antécédents familiaux positifs : SpA, psoriasis, etc. MANIFESTATIONS SPÉCIFIQUES Psoriasis Maladies inflammatoires intestinales DIAGNOSTIC ET IMAGERIE Le diagnostic de la sacro-iliite inflammatoire repose sur une convergence d'arguments qui sont repris dans les anciens critères de New-York et dans les critères ASAS plus récents où l'imagerie tient une place déterminante malgré les difficultés bien connues de l'analyse radiologique des articulations sacro-iliaques. En 2009, des critères ASAS (Assessment of SpondyloArthritis international Society) de classification des SpA ont été établis (www.asas-group.org/), incluant l IRM dans la démarche diagnostique (Tubergen, 2015). Actuellement, l'irm (FIG. 1 à 4) est une technique de choix pour l'exploration des sacro-iliaques (Vande Berg, 2014). En revanche, le CT et la scintigraphie osseuse n'ont une place qu'anecdotique. La scintigraphie osseuse n a aucune place dans la démarche diagnostique des SpA car les articulations sacro-iliaques se prêtent mal à l examen scintigraphique (erreurs fréquentes de diagnostic, faux positifs). La tomodensitométrie des articulations sacro-iliaques est utilisée avec parcimonie en raison de l irradiation, et ce surtout dans le cadre du diagnostic différentiel, par exemple avec l ostéose iliaque condensante (FIG. 5). Une forme particulièrement condensante de remaniement mécanique des articulations sacro-iliaques, l ostéose iliaque condensante (FIG. 5) affecte les femmes âgées de 35 à 55 ans. Figure 3 - Fracture par insuffisance de l aileron sacré gauche chez une jeune femme de 23 ans en attente de greffe hépatique. Coupe transverse DPFS montrant un foyer d infiltration osseuse en hypersignal (têtes de flèches) avec petite zone linéaire de bas signal (flèche) suggestive d une fracture trabéculaire. 5 Hanche

ORTHOPÉDIE PRATIQUE Figure 5 - Ostéose iliaque condensante bilatérale chez une femme de 31 ans, G2P2. Hyperostose très compacte du versant iliaque des articulations sacro-iliaques avec zone de transition étroite avec l os adjacent. Versant sacré quasiment normal. Figure 4 - Ankylose sacro-iliaque bilatérale chez un homme de 33 ans atteint de SpA. A - Effacement des interlignes articulaires à la radiographie (flèches). B - Séquence T1 dans le plan coronal avec hypersignal graisseux autour des interlignes articulaires témoignant de remaniements inflammatoires anciens (flèches). noter la présence de graisse dans les articulations sacro-iliaques compatible avec ankylose (têtes de flèches) Les lésions radiologiques élémentaires observées en cas de sacro-iliite inflammatoire comportent une destruction (érosion) de la lame osseuse sous-chondrale, une sclérose trabéculaire adjacente et des foyers d'ankylose. La distribution de ces foyers est disparate dans l espace articulaire et des stades différents de l'affection (actifs ou quiescents) sont généralement présents aux deux articulations (FIG. 1); des territoires normaux alterneront avec des zones d'érosion hyperostosantes et des foyers d'ankylose. Au stade terminal, l'ankylose articulaire est associée à un effacement complet des lames sous-chondrales (FIG. 4). L'IRM répond parfaitement aux limites de la radiographie : premièrement, l'irm permet d'explorer les secteurs postérieurs, ligamentaires et les enthèses de voisinage alors que la radiographie n explore que la composante articulaire. Deuxièmement, l'irm permet de détecter les stades de début de la pathologie inflammatoire sous la forme de foyers d'infiltration osseuse médullaire de type œdémateux (en signal faible en SE T1 et élevé en DP sans graisse) en territoire sous-chondral voire en regard 6

M. S. Stoenoiu, A. Nzeusseu Toukap, A. Durnez, T. Kirchgesner, B. Vande Berg PATHOLOGIES INFLAMMATOIRES DU BASSIN des enthèses. Les stades tardifs prendront souvent l'aspect de foyers d'infiltration médullaires de type graisseux (en signal élevé en T1). De nouveau, l'élément le plus suggestif de la sacro-iliite sera l'association des foyers de type œdémateux avec des foyers graisseux. Figure 6 - Ossifications ligamentaires sacro-iliaques antérieures bilatérales prédominant à gauche (têtes de flèches) chez un homme de 72 ans rentrant dans le cadre d une tendance aux ossifications ligamentaires (maladie de Forestier) Le diagnostic différentiel doit se faire avec les ossifications ligamentaires sacro-iliaques (FIG. 6) de topographie antéro-supérieure (isolées ou en association avec une maladie de Forestier). Dans ce cas, les ossifications ligamentaires ne sont pas associées à des destructions des surfaces articulaires. La pathologie dégénérative des articulations sacro-iliaques est très fréquente et comporte des érosions, une sclérose osseuse et une ostéophytose. la différence de la pathologie inflammatoire, les lésions mécaniques n affectent que les zones de contraintes maximales, soit le secteur antérieur (dans le plan transverse) et moyen (dans le plan caudo-cranial) des articulations. La radiographie et surtout l IRM permet le diagnostic différentiel d atteintes articulaires de causes infectieuses (FIG. 1) ou mécaniques inhabituelles comme l osteose iliaque condensante, sans oublier les pathologies osseuses comme les métastases, les fractures de fatigue (FIG. 3) et le SAPHO (FIG. 7). La présence d un syndrome inflammatoire est la seule anomalie biologique significative dans les SpA, hormis la positivité du HLA B27. Ce dernier ne doit être demandé que dans un contexte clinique pertinent. Le HLA B27 ne constitue en aucun cas - à lui seul - un argument diagnostique, même chez un patient douloureux. La découverte d une arthrite de l articulation coxo-fémorale (coxite) et/ ou d enthésite à l imagerie (IRM, échographie) apporte des éléments utiles au diagnostic des SpA. Mais, avant de poser un diagnostic de SpA devant une enthésite des moyens fessiers, d une coxite ou d une sacro-iliite, il convient d exclure au préalable les autres causes pouvant être associées à ces manifestations (www. asas-group.org/). Figure 7 - Ostéo-arthrite sacro-iliaque droite dans le cadre d un SAPHO. Radiographies du bassin et des articulations sacro-iliaques de face montrant une ostéocondensation sacro-iliaque droite prédominant sur le versant iliaque (ostéite - flèches) avec élargissement et érosions floues de l interligne articulaire (arthrite - astérisques) TRAITEMENT Le traitement de la SpA repose essentiellement sur l'utilisation prolongée d'ains en première ligne et les traitements biologiques en deuxième ligne. Parmi les traitements biologiques, les agents bloquant le TNF ont transformé de manière remarquable le quotidien des patients atteints de SpA résistants ou intolérants 7 Hanche

ORTHOPÉDIE PRATIQUE aux AINS. Cependant, malgré leur efficacité clinique, les anti-tnf n ont pas beaucoup d effet sur l ankylose, principale cause de la limitation fonctionnelle dans la SpA avec atteinte axiale. De nouvelles molécules susceptibles d augmenter la probabilité de rémission et peut-être de limiter les lésions structurelles sont ou seront prochainement disponibles. Il s agit essentiellement de l Aprémilast (inhibiteur des phosphodiestérases 4) et des anticorps anti-il23 et anti-il17. La kinésithérapie occupe une place importante dans la prise en charge fonctionnelle de ces patients. Enfin, les coxites destructrices exigent parfois le recours à une arthroplastie totale de hanche. POLYARTHRITE RHUMATOIDE ET ARTHRITE INDIFFÉRENCIÉE INFORMATIONS CLEFS Le diagnostic de la PR reste difficile surtout dans les formes débutantes Le dosage d ACPA est plus spécifique que le dosage du facteur rhumatoïde L échographie articulaire et l IRM sont utiles pour confirmer la synovite. Le méthotrexate reste le traitement initial de référence Les traitements biologiques sont indiqués chez les patients n ayant pas répondu aux DMARDs classiques INTRODUCTION La polyarthrite rhumatoïde (PR) et une maladie inflammatoire chronique qui atteint typiquement les petites et les grosses articulations. La lésion primaire est la synovite. La persistance de celle-ci, avec ce qu on appelle habituellement le pannus inflammatoire, aboutit à la destruction de l os (érosions) et du cartilage (chondrolyse) avec, au stade terminal, perte de mobilité de l articulation concernée. L arthrite indifférenciée (UA) a un cours variable: près de la moitié des patients entrent dans un état de rémission, un tiers des patients évoluent vers une PR et les autres vont rester dans la catégorie d arthrite indifférenciée (van Aken et al, 2006). Plusieurs algorithmes ont été proposés afin de prédire quels sont les patients qui développeront une PR mais ils ne sont pas utilisés en pratique courante. ÉPIDÉMIOLOGIE La PR est la maladie inflammatoire la plus fréquente (1 %). La prévalence et l incidence est 2 à 4 fois plus grande chez les femmes. Le rapport femme/homme diminue toutefois avec l âge. 8

M. S. Stoenoiu, A. Nzeusseu Toukap, A. Durnez, T. Kirchgesner, B. Vande Berg PATHOLOGIES INFLAMMATOIRES DU BASSIN CLINIQUE Le diagnostic de PR débutante est parfois difficile car les plaintes sont souvent insidieuses et/ou intermittentes. Dans la majorité des cas, on observe une polyou oligo-arthrite distale symétrique atteignant les poignets, les MCP, les IPP, les chevilles et les MTP. l heure actuelle, la présentation sur le mode d une monoarthrite d'une grosse articulation évoluant sur un mode subaigu n est plus rencontré qu exceptionnellement dans la polyarthrite rhumatoïde, mais reste plus fréquent dans l arthrite indifférenciée. L arthrite de l articulation coxo-fémorale constitue une manifestation tardive de la polyarthrite rhumatoïde, essentiellement observée dans les formes sévères ou dans les arthrites à début juvénile. Chez le sujet âgé, le mode de présentation le plus fréquent est celui d une polyarthrite à début rhizomélique (atteignant les racines des membres). Les plaintes douloureuses inflammatoires se situent au niveau de la ceinture scapulaire et pelvienne, conduisant au diagnostic différentiel avec la pseudopolyarthrite rhizomélique. La douleur est inflammatoire, plus marquée au réveil, accompagnée d'une raideur matinale prolongée, et s'atténue quelque peu pendant la journée pour réapparaître le soir et la nuit. Les articulations sont sensibles au toucher, gonflées et leur mobilité est diminuée. Figure 8 - Coxite droite chez une femme de 23 ans atteinte de polyarthrite rhumatoïde et se plaignant de douleur de la hanche droite depuis 3 mois. Pincement de l interligne articulaire coxo-fémoral droit prédominant dans sa portion supéromédiale (tête de flèche) sans évidence d autre anomalie. DIAGNOSTIC ET IMAGERIE Le diagnostic est fondé sur une constellation de signes cliniques, biologiques et d imagerie. Il n existe pas de test diagnostic permettant à soi seul de poser le diagnostic. La prise de sang peut révéler un syndrome inflammatoire biologique, souvent absent en cas d arthrite débutante. La découverte des anticorps anti-peptides cycliques citrullinés (ACPA) a véritablement changé notre approche et a largement surclassé le facteur rhumatoïde. Dans le cas d un rhumatisme articulaire séro-négatif, les auto-anticorps (ACPA) sont absents et le facteur rhumatoïde est négatif. L imagerie (échographie, IRM) permet de confirmer la présence de l arthrite et constitue une aide précieuse pour le clinicien surtout chez les patients souffrant de rhumatisme séro-négatif. Il n'est pas rare que l'imagerie permette d orienter le diagnostic clinique initial d une UA vers une PR ou vers une SpA. Figure 9 - Coxarthrose droite secondaire chez une femme de 35 ans atteinte de polyarthrite rhumatoïde. Radiographie du bassin montrant un pincement complet et global de l interligne articulaire coxo-fémoral droit (têtes de flèches) avec petites géodes sous-chondrales et ostéophytose péri-capitale (flèches). Prothèse totale de hanche gauche également pour arthrose secondaire à une coxite. 9 Hanche

ORTHOPÉDIE PRATIQUE A B La radiographie (FIG. 8 et 9) participe au diagnostic de l'arthrite inflammatoire rhumatismale de la hanche de façon relativement tardive car elle ne montre ni l'anomalie synoviale ni l'œdème osseux associé au pannus. Un pincement global de l'interligne radiologique coxo-fémoral et des érosions marginales sont des signes très évocateurs de l'arthrite. L absence d ostéophytose marginale permettra d évoquer une arthrite de type rhumatoïde tandis qu une ostéophytose marginale chronique isolée sera parfois le signe d un rhumatisme séro-négatif. La synovite sera mieux analysée par l'échographie mais malheureusement sans grande spécificité; elle contribuera au guidage de la ponction articulaire (analyse de liquide articulaire), voire d une biopsie synoviale. L'IRM contribue à l analyse de la synoviale (attention aux chondromatoses primitives et à la synovite villo-nodulaire pigmentée); elle permet de détecter les érosions et réactions osseuses. L'analyse du cartilage par IRM reste délicate et il est recommandé de disposer d'une radiographie récente pour comparer l'épaisseur des interlignes. L'IRM contribue surtout au diagnostic différentiel en détectant les pathologies épiphysaires comme une nécrose, une fracture ou une algodystrophie («ostéoporose transitoire de la hanche») (FIG. 10). La scintigraphie osseuse et le CT ne tiennent aucune place dans l'exploration de ces affections de la hanche en dehors de la recherche d'un ostéome ostéoïde, non exceptionnel dans cette articulation. TRAITEMENT Figure 10 - Ostéoporose transitoire de la hanche gauche chez une femme de 52 ans. A - chographie dans le plan sagittal montrant un épanchement articulaire coxofémoral (flèche) B - Coupe coronale T2 avec suppression de la graisse montrant un hypersignal de l extrémité proximale du fémur gauche (astérisque) avec un épanchement articulaire (têtes de flèches) Plusieurs traitements inducteurs de rémission (disease-modifying anti-rheumatic drugs ou DMARDs) existent. Le qualificatif de «disease modifying» est donné aux médicaments dont l administration a un impact positif sur les lésions radiologiques structurelles (érosions et chondrolyse). Les DMARDs doivent être introduits précocement dès que le diagnostic de PR est posé. Parmi les DMARDs classiques (sulphasalazine, leflunomide, etc.), le méthotrexate est le plus fréquemment utilisé en raison d un rapport risque/bénéfice favorable et d un taux de réponse de 70 à 80 %. A côté de ces DMARDs classiques, les nouveaux traitements biologiques sont prescrits dans les cas de polyarthrite réfractaire. Plusieurs molécules sont disponibles actuellement : les agents bloquant le TNF, le rituximab, l abatacept, le tocilizumab, etc. Le coût des biothérapies (environ 10.000 /an) doit être pris en considération, d autant plus que ces nouvelles molécules ne sont efficaces que 10

M. S. Stoenoiu, A. Nzeusseu Toukap, A. Durnez, T. Kirchgesner, B. Vande Berg PATHOLOGIES INFLAMMATOIRES DU BASSIN tant qu elles sont administrées régulièrement! L arrivée des biosimilaires pourrait diminuer le coût pour le patient et pour la société. Les arthropathies destructrices avancées des hanches nécessitent des arthroplasties totales dont les résultats à moyen et long terme sont excellents. RÉFÉRENCES 1. DOUGADOS M, BAETEN D. Spondyloarthritis. Lancet. 2011; 377(9783):2127-2137 2. VAN TUBERGEN A. The changing clinical picture and epidemiology of spondyloarthritis. Nat Rev Rheumatol 2015; 11(2):110-8. 3. VANDE BERG BC, OMOUMI P, LARBI A, LECOUVET F, MALGHEM J. Update on MRI of spondyloarthritis. part one: the sacro-iliac joint. JBR-BTR. 2014;97(4):222-7 4. VAN AKEN J, VAN DONGEN H, LE CESSIE S, ET AL. Comparison of long term outcome of patients with rheumatoid arthritis presenting with undifferentiated arthritis or with rheumatoid arthritis: an observational cohort study. Ann Rheum Dis 2006;65:20 5. 11 Hanche