République Française NOUVELLE CALEDONIE GOUVERNEMENT DIRECTION DES AFFAIRES SANITAIRES ET SOCIALES SERVICE DE LA PROTECTION SOCIALE COMPTES DE LA SANTE EN NOUVELLE-CALEDONIE ANNEES 2008 / 2010
1 Présentation La délibération modifiée n 490 du 11 août 1994 portant plan de promotion de la santé et de maîtrise des dépenses de soins sur le territoire de Nouvelle Calédonie a prévu chaque année, la réalisation de «comptes de la santé». Ils sont présentés dans le présent document pour une série de 3 exercices (2008 à 2010). Les comptes de la santé permettent d évaluer le coût de la santé et d analyser son évolution. Ils permettent également d identifier l origine des ressources financières affectées à ces dépenses, et la répartition de l effort financier entre assurance maladie, ménages, assurance complémentaire et collectivités. Définition Le coût de la santé est, de façon standardisée, appréhendée au travers de deux agrégats : la consommation médicale totale, la dépense courante de santé. La consommation médicale totale correspond à la valeur des biens et services médicaux utilisés en Nouvelle-Calédonie pour la satisfaction directe des besoins individuels de santé. Elle est appréhendée par des masses financières globales qui sont la contrepartie des soins médicaux curatifs et des services de médecine préventive individuelle dispensés dans l année. La consommation de soins comprend l ensemble des soins hospitaliers et ambulatoires délivrés par les hôpitaux, les professionnels libéraux, les structures de circonscriptions médicales et les centres de soins des provinces et des organismes de protection sociale. Aux soins s ajoutent la consommation des médicaments et autres biens médicaux (optique, prothèse, petits matériels et pansements). L ensemble des soins et biens médicaux sont regroupés selon les postes suivants : hospitalisations, soins ambulatoires, évacuations sanitaires, honoraires des médecins, et coût de leurs prescriptions : auxiliaires médicaux, pharmacie, analyses, prothèses, transports sanitaires - auxquels s ajoutent les soins dentaires. Les dépenses relevant de la médecine préventive individuelle correspondent aux dépenses liées aux vaccinations, dépistages et surveillance médicale, ainsi que les dépenses dans le cadre de la médecine du travail. La dépense courante de santé correspond à l effort consacré au cours d une année au titre de la santé par l ensemble des personnes et institutions en Nouvelle-Calédonie. Elle correspond à la somme des dépenses qu engagent les financeurs du système : la Cafat, les provinces et la Nouvelle-Calédonie au titre de l aide médicale, les organismes de protection complémentaire (mutuelles, sociétés d assurances, institution de prévoyance) et les ménagées eux-mêmes. A la consommation médicale totale précédemment définie, s ajoutent les indemnités journalières, la recherche, la formation des professionnels de santé, les frais de gestion du système de santé et les dépenses de prévention collectives (campagnes d information et d éducation à la santé). Précautions : Les données qui suivent sont évaluatives pour la part relevant des ménages et des assurances privées, ces dernières n ayant pas communiqué leurs informations. Les dépenses sont évaluées par recoupement avec les recettes des établissements hospitaliers et, de manière forfaitaire, pour les dépenses de soins de ville (base SANESCO = 5 % de majoration des dépenses). De même, les données transmises par certains organismes ou collectivités étaient partielles, une note de bas de page indique par conséquent les données qui ont été estimées.
2 Le coût de la santé en Nouvelle-Calédonie 2.1. Evolution de 2008 à 2010 Exercice Consommation médicale Dépense courante de santé totale en millions de FCFP 2008 62 348,58 68 862,22 2009 69 661,50 76 755,15 2010 75 362,89 82 186, 03 Entre 2008 et 2010, la consommation médicale totale a augmenté de 20,9 % et la dépense courante de santé de 19 %. Après la décélération observée entre 2006 et 2008 la consommation médicale totale comme la dépense courante de santé s accélèrent à nouveau, notamment en raison pour cette dernière d une importante progression des frais de gestion sur la période. 2.2. Comparaison L utilisation d agrégats standardisés autorise les comparaisons notamment avec la métropole en ramenant : - la consommation médicale totale ou la dépense courante de santé par habitant ; - la consommation médicale totale ou la dépense courante de santé par rapport au PIB Les données relatives à la population et au PIB en Nouvelle-Calédonie n étant pas disponibles pour 2010, la comparaison se limite aux années 2008 et 2009. A) Evolution de la consommation médicale totale par habitant et de la dépense courante de santé par habitant exercice 2008 2009 Population en NC (données 244 600* 245 580 ISEE) Consommation médicale 254 900 FCFP 283 661 FCFP totale par habitant en NC en France 317 221 FCFP 335 604 FCFP Dépense courante de 281 529 FCFP 312 546 FCFP santé par habitant en NC en France 400 015 FCFP 426 143 FCFP *population estimée La moindre consommation médicale par habitant en Nouvelle-Calédonie s explique notamment d une part par la structure en âge de la population, les jeunes proportionnellement plus nombreux en Nouvelle-Calédonie qu en métropole étant moins consommateurs de soins, et d autre part par l offre de soins encore limitée dans certains secteurs et certaines zones du territoire.
A cette moindre consommation médicale par habitant s ajoutent des dépenses de formation et de recherche beaucoup moins élevées en Nouvelle-Calédonie qu en métropole d où une dépense courante de santé elle aussi relativement moins importante. B) Evolution de la dépense courante de santé rapportée au PIB : En % 2008 2009 PIB Nouvelle-Calédonie 736,6 752,1 (milliards FCFP)* Dépenses courante de santé 9,34 % 10,2 % rapportée au PIB en NC en France 11 % 11,7 % *Sources réactualisées de l ISEE La chute de la croissance du PIB en 2008 (+ 0,6%) et 2009 (+2%) après plusieurs années de forte croissance (taux moyen de croissance annuel de 5,6%) se traduit par une part sensiblement plus importante des dépenses de santé. On retrouve la même évolution en métropole où la part des dépenses de santé augmente en raison de la baisse du PIB. La dépense nationale de santé dans les pays de l OCDE. L OCDE utilise un concept légèrement différent pour permettre des comparaisons entre ses membres : la dépense nationale de santé qui est évaluée à partir de la dépense courante de santé en défalquant les indemnités journalières, les dépenses de recherche et de formation médicale et en ajoutant la formation brute de capital fixe du secteur hospitalier public. En Nouvelle-Calédonie, cela correspond aux investissements dans les hôpitaux publics territoriaux CHT/CHN/CHS qui s élèvent à 479,77 millions en 2008 et 1, 386 milliards en 2009 La construction d un nouvel hôpital à Koutio destiné à remplacer l actuel CHT Gaston Bourret absorbe une très grande partie de ces investissements. La dépense nationale de santé calculée pour la Nouvelle-Calédonie en 2009 est de 9,9% du PIB alors que la France se situe à 11% de son PIB. En 2009, 76,7 milliards de FCFP ont été au total dépensés pour la santé en Nouvelle-Calédonie soit en moyenne 312 546 FCFP par habitant. Au sein de cette dépense, 69,6 milliards ont été directement affectés à la consommation de soins et de biens médicaux, soit 283 661 FCFP par habitant. La Nouvelle-Calédonie se place dans la moyenne des pays développés. 2.3 La consommation de soins Moins de 10 % des soins reçus en Nouvelle-Calédonie sont des soins dits non marchands, dispensés à titre gratuits ou bénéficiant de tarifs particuliers principalement au sein des dispensaires provinciaux ou des centres médico-sociaux des organismes de protection sociale (Cafat et mutuelles). La consommation de soins et biens médicaux marchands comprend les soins en établissements de santé, les soins ambulatoires (médecins, dentistes, auxiliaires médicaux, laboratoires d analyses), les transports, les médicaments et autres biens médicaux (optiques, prothèses petits matériels et pansements).
Part des différents postes de dépenses soins en établissements (hospitaliers ou médico sociaux) soins ambulatoires 19% 8% 38% Evasan et soins hors territoire 8% 27% soins non marchands médicaments, transports et autres biens médicaux Structure de la consommation de soins (hors part des ménages) En milliers de FCFP 2008 2009 2010 Soins en établissements 22 618 012 23 912 154 25 787 781 Hospitalisation - public - privé Forfait aux établissements médico-sociaux 22 496 405 18 977 215 3 519 190 121 607 23 820 243 20 154 450 3 665 793 91 911 25 675 943 21 708 858 3 967 085 111 838 Soins ambulatoires 14 791 710 17 144 925 18 570 416 - honoraires médicaux et actes dentaires - actes des sages femmes - auxiliaires médicaux - consultations externes - hémodialyses - analyses - divers 1 6 202 276 64 595 3 371 479 1 873 863 1 539 800 1 497 899 241 798 7 630 161 151 566 3 660 182 1 481 283 1 641 931 1 620 641 959 161 8 133 034 166 049 4 109 899 1 491 944 1 750 804 1 740 795 1 177 891 Evasan Soins hors territoire 3 616 808 371 175 4 419 773 297 835 5 270 296 342 045 Prescription - pharmacie - transport - optique et orthopédie 11 545 496 9 544 403 981 347 1 019 746 11 946 849 10 063 730 1 152 469 730 650 12 801 356 10 518 781 1 491 200 791 375 Soins non marchands 5 151 798 5 148 342 5 526 601 total 58 094 999 62 869 878 68 297 895 1 Cures thermales, insuffisant respiratoires, pédicures et autres soins.
Avec 25,78 Milliards de Francs, le secteur hospitalier (public et privé) représente près de 40% de la consommation de soins et biens médicaux marchands. Les établissements publics assurent la majeure partie des dépenses hospitalières (84,5 %). De par leur financement par dotation globale de fonctionnement, l évolution des dépenses hospitalières publiques est ainsi calibrée lors de la fixation par le congrès du taux directeur. Conformément au plan de maitrise voté en 2005, le congrès a jusqu en 2009 maintenu une évolution modérée de ce taux directeur (6,5 % pour 2008, 6,15 % pour 2009). A compter de 2010, le taux augmente en prévision de l ouverture du futur hôpital (7,5% en 2010). Le secteur privé représente quant à lui 16 % des dépenses hospitalières et connaît une évolution en valeurs de 12% entre 2008 et 2010. Cette évolution est due tant à une augmentation en volume (avec l augmentation du nombre d accouchements, le développement de la chirurgie ambulatoire et des soins palliatifs), qu à un effet prix, conséquence d une revalorisation substantielle en 2009 (+ 7%) et d une dotation exceptionnelle à l une des deux cliniques en difficulté. En 2010, la consommation de soins ambulatoires est de 18,5 Milliards dont 17 Milliards pour le secteur ambulatoire privé. La convention médicale de 2006 qui instaure des objectifs d activité et de prescription pour les médecins continue de produire ses effets sur le coût des honoraires médicaux (la modération de l activité des médecins permet d atténuer l impact de la revalorisation de leurs honoraires). D une manière générale, l effet prix sur les honoraires des professionnels de santé exerçant en libéral (médecins, dentistes, sages femmes, auxiliaires médicaux, et laboratoires) reste relatif puisqu il n explique que 1,5 % de l évolution observée entre 2008 et 2009 et 2 % de l évolution observée entre 2009 et 2010, évolutions qui restent toujours dues principalement à une augmentation en volumes d actes. Cette augmentation du volume d acte est elle-même davantage due à une augmentation du nombre de bénéficiaires des soins qu à une augmentation de la dépense par bénéficiaire. La dépense moyenne par bénéficiaire de soins infirmiers, d analyses ou d actes de kinésithérapie, est stable sur la période mais le nombre de personnes ayant recours à un infirmier, un kinésithérapeute ou à des analyses biologiques est en augmentation. Par ailleurs, il est à noter que la forte augmentation des dépenses relatives aux actes de sages femmes s explique par la modification de la nomenclature qui permet ainsi le remboursement de nouvelles prestations (consultations pré et post natales). Enfin, la forte augmentation du coût des transports est en partie due à une revalorisation importante du tarif des ambulanciers en 2009 pour répondre aux nouvelles règles applicables à la profession. La progression des dépenses pharmaceutiques reste très importante sur la période (+10%) mais en relative décélération par rapport à 2006-2008, résultat de la politique volontariste de la caisse sur les génériques avec notamment la mise en place des délégués santé et une augmentation plus modérée du coût moyen par boite. Ce poste reste cependant important dans l ensemble des dépenses de santé (15%) et nécessite une attention constante. Il est en effet très dépendant de l évolution du nombre de personnes reconnues en longue maladie responsables de 82% des dépenses pharmaceutiques. Or ce nombre connaît une croissance soutenue ces dernières années (+7% en 2008 et +13% en 2009). Les dépenses liées aux évacuations sanitaires hors du territoire représentent plus de 8% des dépenses de santé. Après une reprise du nombre d Evasan entre 2008 et 2009, le nombre reste stable entre 2009 et 2010, mais les dépenses continuent, elles, de progresser (+ 45%). Cette
évolution s explique en partie par l envolée du dollar qui renchérie le coût des évacuations vers l Australie. Les cancers et les cardiopathies restent les deux principales causes d Evasan. Ils génèrent chacun plus d un tiers des dépenses du poste. 2.4 Les prestations en espèces (Indemnités journalières de maladie et de maternité) Les prestations en espèces versées par les organismes de protection sociale représentent, en 2010, 2,5 % des dépenses de santé, leur poids est donc moins important qu en métropole où il atteint 5% des dépenses de santé. Cette différence s explique notamment par l intervention plus importante des employeurs dans les arrêts de courte durée sur la base d un accord interprofessionnel. 2.5 Les dépenses de prévention Malgré une forte augmentation sur la période, les dépenses de prévention (collective et individuelle) représentent seulement 4% des dépenses de santé contre 6% en métropole. Cependant, ce montant est très variable d une année sur l autre en fonction des campagnes initiées par le gouvernement (dépistage du cancer du sein et prévention de la surcharge pondérale) ou imposées par les épidémies (dépistage de la grippe A ou de la dengue). Une grande partie des dépenses repose sur l Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie, les organismes de protections sociale n intervenant qu à hauteur de 30% et principalement par le remboursement des vaccins et de certains tests de dépistages (VIH, cancer du col de l utérus, tuberculose) à travers le fond autonome de compensation des dépistages en santé publique créé en 2004. 3 Le financement des dépenses de santé Part des différents financeurs ménages 4,5% organismes complémentaires 8% pouvoirs publics 25% sécurité sociale (CAFAT) 62,5% La part de la sécurité sociale dans le financement des dépenses de santé représente 62,5% (de 10 point inférieure à la part de la sécurité sociale en métropole). Cette différence s explique en partie par la moindre intervention du régime de base (RUAMM) sur le petit risque en Nouvelle-Calédonie qu en métropole (40% contre 60%). Excédentaire en 2008 et 2009, le RUAMM, qui compte 241 888 assurés, redevient déficitaire en 2010 impliquant un nouveau plan de maitrise dès 2011.
La part des organismes complémentaires (mutuelles), qui couvrent, en 2010, 147 455 de ces assurés, représente 8% des dépenses de santé. La part des pouvoirs publics à travers notamment la couverture des plus démunis (service de l aide médicale) et la prévention représente 25% des dépenses de santé. Le reste à charge des ménages représente 4,5% de la dépense de santé. Couverture maladie de la population en 2010 Assurés RUAMM CAFAT résidant 241 888 en NC Bénéficiaire d une aide médicale 56 440 (base + complémentaire ou complémentaire uniquement) Adhérent d une mutuelle 147 455