L activité financière des sociétes d assurances



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Transcription:

L activité financière des sociétes d assurances L année 2002 est de nouveau marquée par une forte baisse des marchés financiers. Celle-ci entraîne une diminution des plus-values latentes et des produits financiers, qui contribuent moins que les années précédentes aux résultats techniques. Par ailleurs, la part relative des actions dans les nouveaux placements se réduit légèrement. 41

QUELQUES DONNÉES ÉCONOMIQUES FRANCE ZONE EURO ÉTATS-UNIS 2001 2002 2001 2002 2001 2002 Taux de croissance du PIB 1,8 1,2 1,5 0,8 1,2 2,4 Inflation 1,4 2,3 2,5 2,2 2,8 1,6 Taux d intérêt (moyenne annuelle) Emprunt d État à dix ans 4,9 4,9 5,0 4,8 5,0 4,6 Taux à trois mois Euribor Bons du Trésor 4,3 3,3 3,5 1,6 Cours des actions CAC 40 Stoxx 50 Dow Jones (variation en % en fin d année, en monnaie nationale) 33,7 37,3 16,8 Taux de change : 1 euro = 0,90 dollar fin 2001 1,00 dollar fin 2002 ÉVOLUTION DE L ENCOURS DES PLACEMENTS DES SOCIÉTÉS D ASSURANCES En milliards d euros 1000 800 600 400 200 0 861,0 788,5 73,6 718,4 74,9 787,4 85,6 713,6 632,8 1998 1999 Valeur de bilan Sources : Comptes de la nation, Ecowin. 893,7 54,0 839,7 2000 2001 Plus-values latentes ENCOURS DES PLACEMENTS DES SOCIÉTÉS D ASSURANCES1 926,1 46,0 880,1 2002 Source : FFSA. SITUATION EN 2002 ÉVOLUTION ENTRE 2001 ET 2002 MONTANT STRUCTURE MONTANT STRUCTURE VARIATION DES PLACEMENTS DES PLACEMENTS DES FLUX DES FLUX DE L ENCOURS EN MILLIARDS D EUROS EN % EN MILLIARDS D EUROS EN % EN % Obligations 601,6 68,4 41,4 102,5 + 7,4 Actions 209,4 23,8 3,4 8,4 1,6 Immobilier 35,7 4,1 1,5 3,7 + 4,4 Prêts et dépôts 24,8 2,8 2,2 5,2 8,1 Autres 8,6 0,9 3,0 7,4 + 53,5 Total général 880,1 100 40,4 100 + 4,8 Dont : Vie et capitalisation 778,8 88,5 37,2 92,1 + 5,0 Dommages 101,3 11,5 3,2 7,9 + 3,3 1. Valeur de bilan. Sources : Commission de contrôle des assurances, FFSA. PLACEMENTS DES SOCIÉTÉS D ASSURANCES EN EUROPE EN 2001 (en % du total des placements) PLACEMENTS ACTIONS ET TITRES TITRES PRÊTS AUTRES IMMOBILIERS ASSIMILÉS À REVENU FIXE ET DÉPÔTS Union européenne 4,7 38,5 36,1 13,5 7,1 France 4,8 27,2 64,9 2,0 1,1 Allemagne 2,8 37,8 8,5 50,6 0,3 Royaume-Uni 6,0 50,7 29,1 2,4 11,8 Source : Comité européen des assurances. Le contexte économique et financier : quelques chiffres Trois éléments du contexte économique et financier ont affecté le secteur de l assurance en 2002 : les baisses boursières, une activité économique atone et la revalorisation de l euro par rapport au dollar. Ainsi, le CAC 40 a chuté de 54 % entre fin août 2000 et fin décembre 2002, à l instar de l évolution des autres grands indices boursiers, touchés notamment par le krach des valeurs technologiques. Le renchérissement de l euro par rapport au dollar, passant de 0,85 dollar en juin 2002 à 1,00 en décembre, mouvement qui se poursuit en 2003, fait apparaître une diminution comptable du chiffre d affaires dans les activités fortement internationalisées, surtout aux États-Unis. C est le cas de la réassurance, mais aussi de l assurance transports, les garanties étant généralement souscrites en dollars. Les placements des sociétés d assurances Comme en 2001, et contrairement aux trois années précédentes, la part des placements en actions a baissé au profit des obligations. Par ailleurs, la faiblesse des marchés financiers conduit à une diminution des plus-values latentes, de 14,8 %. LES NOUVEAUX PLACEMENTS En 2002, le flux net de placements décroît par rapport à l année précédente du fait d une baisse de la collecte nette en assurance vie. Suivant la tendance de 2001, la part des obligations dans les nouveaux placements s accroît, passant de 79 à 103 %, alors que celle des actions diminue, passant de 14 à 8 %. Les souscripteurs d assurance vie privilégient en effet les contrats en euros aux contrats en unités de compte, majoritairement investis en actions et en OPCVM. La part des placements immobiliers augmente après avoir reculé les années précédentes. L ENCOURS DES PLACEMENTS Globalement, l encours des placements détenus par les sociétés d assurances progresse de 4,8 % en 2002, de 5 % en assurance vie et capitalisation, de 3,3 % en assurances de dommages. Cet ensemble d actifs financiers ou immobiliers correspond, pour la plus grande part, aux engagements pris envers les assurés, ainsi qu aux fonds propres, actifs dits «libres». Compte tenu de la chute des marchés boursiers, les plus-values latentes sur les actions baissent fortement en 2002 et passent en moins-values latentes de 3,3 milliards d euros. En revanche, les plus-values obligataires et immobilières augmentent. 42

La structure de l ensemble des placements évolue peu en 2002 : la part des actions diminue légèrement au profit de celle des obligations. Dans la plupart des pays européens, la part des actions est sensiblement plus importante. La gestion financière des sociétés d assurances Les actifs des sociétés d assurances constituant la contrepartie de leurs engagements envers les assurés, la sécurité et la performance de leur gestion contribuent à la qualité des produits qu elles proposent. Les sociétés poursuivent deux objectifs : adapter les actifs, leur durée et leur rémunération à leurs engagements ; protéger leur marge de solvabilité et leurs fonds propres, pour garantir leurs résultats futurs. Les revenus financiers et les plus-values réalisées contribuant aux résultats des entreprises, la gestion financière doit répondre aux trois impératifs de sécurité, de liquidité et de rentabilité. Le Code des assurances prévoit des dispositions concernant aussi bien la représentation des engagements des sociétés d assurances par des actifs réglementés que leur solvabilité. L activité de gestion financière des sociétés d assurances est de plus en plus fréquemment exercée par des sociétés filiales spécialisées, auxquelles sont confiées la gestion des actifs des sociétés d assurances, mais aussi la gestion de fonds provenant de clients divers, individuels, institutionnels ou collectifs (gestion sous mandat, gestion pour compte de tiers, OPCVM). L assurance joue ainsi un rôle de premier plan dans l activité de gestion financière. DES ENGAGEMENTS DE LONGUE DURÉE Le plus souvent, les engagements pris par les assureurs sont de longue, voire de très longue durée, notamment pour les produits d assurance vie ou de retraite. La capacité à tenir des engagements financiers sur d aussi longues périodes constitue l une des fonctions essentielles de l assurance. Mais la durée des engagements n est pas le seul critère de choix des placements. Les caractéristiques des métiers d assureur vie et d assureur de dommages imposent par exemple des contraintes de gestion financière différentes. Ainsi, les entreprises d assurances vie, qui ont les engagements les plus longs, recherchent la stabilité du taux de rémunération servi chaque année aux assurés pour les contrats en euros. Les obligations, lorsqu elles sont détenues jusqu à leur échéance, répondent à ce besoin, d où leur prédominance dans leur portefeuille. Le développement des contrats en unités de DÉFINITIONS Flux net de placements Différence entre les encours de placements à la fin de deux exercices consécutifs. Cette différence correspond au flux de placements nouveaux diminué des désinvestissements et des amortissements ou dépréciations. Plus-value ou moins-value latente Écart, positif ou négatif, entre la valeur de réalisation et la valeur de bilan. Provision pour aléas financiers (PAF) Provision à constituer pour compenser une baisse de rendement des actifs par rapport à des engagements de taux garantis sur des contrats autres qu en unités de compte. Provision pour dépréciation durable (PDD) Provision à constituer lorsque l entreprise estime que la dépréciation d un actif est durable. Provision pour risque d exigibilité (PRE) Provision à constituer lorsque la valeur de réalisation du total des actions et de l immobilier est inférieure à leur valeur d inscription dans le bilan. Son montant est égal à la différence entre ces deux valeurs. Réserve de capitalisation Provision technique destinée à lisser les résultats financiers des placements obligataires à taux fixe en cas de variation des taux. Les plus-values réalisées en cas de cession d obligations lui sont affectées. Les moins-values réalisées sont compensées par un prélèvement sur cette réserve. La réserve de capitalisation fait partie des éléments constitutifs de la marge de solvabilité. Valeur de bilan Montant des placements figurant au bilan des sociétés d assurances, évalués à leur prix d achat ou de revient, diminué, le cas échéant, des amortissements et dépréciations. Valeur de réalisation Montant des placements évalués à leur valeur de marché : cours de Bourse pour les actifs cotés, ou valeur vénale, ou valeur résultant d une expertise pour les actifs immobiliers. INSTRUMENTS FINANCIERS À TERME : UNE POSSIBILITÉ DE COUVERTURE DÉSORMAIS AUTORISÉE Un décret du 4 juillet 2002 modifiant le Code des assurances définit les critères concernant l utilisation des produits dérivés (ou instruments financiers à terme) par les sociétés d assurances. Celles-ci ont obtenu l autorisation, longtemps différée, de couvrir ainsi la valeur de leurs actifs. Est reconnu leur droit à utiliser les produits dérivés pour couvrir les placements détenus ou à détenir, pour optimiser le prix d achat de placements prévus ou pour garantir le taux de rendement de placements réalisés. Le décret délimite les possibilités de vente d options. Enfin, des plafonds sont fixés pour les différentes catégories d instruments financiers à terme, souscrits de gré à gré ou dans le cadre d anticipations de placements. Le décret soumet l utilisation des produits dérivés à des règles de suivi et de contrôle interne. Il pose les principes de l intégration des produits dérivés dans les dispositifs prudentiels relatifs aux placements : représentation des engagements, réserve de capitalisation, provision pour risque d exigibilité. 43

Les provisions sur les placements Afin de donner plus de visibilité aux sociétés d assurances et d harmoniser leurs pratiques, la Commission de contrôle des assurances (CCA) et le Conseil national de la comptabilité (CNC) ont précisé, au dernier trimestre 2002, les conditions dans lesquelles la provision pour dépréciation durable et la provision pour risque d exigibilité devaient être dotées. La dotation de la provision pour dépréciation durable (PDD) Il existait une certaine disparité des pratiques des entreprises d assurances concernant à la fois le seuil de dépréciation à partir duquel la valeur des actifs devait faire l objet d un examen et le montant à provisionner si nécessaire. Une certaine flexibilité est justifiée et doit être préservée, en raison, notamment, des différences importantes d horizon temporel selon les risques souscrits. Mais la disparité observée résulte aussi de l absence d une harmonisation minimale des pratiques. La concertation entre la profession, les commissaires aux comptes et les autorités de régulation a permis de préciser les règles de constitution de la PDD pour les organismes d assurances. L avis du CNC spécifie, notamment, que le seuil de moins-values à partir duquel il convient de procéder obligatoirement à l examen d un titre afin de déterminer s il y a lieu de constituer une PDD est fixé à 20 % de la valeur comptable en temps normal et 30 % durant les périodes où la volatilité des marchés est élevée. Pour l appréciation du caractère durable de la dépréciation et pour la détermination de la valeur d inventaire, une approche prospective doit être retenue. De façon plus générale, le CNC souligne que la PDD a pour objet de couvrir l ensemble des risques identifiés sur les placements relevant de l article R. 332-20 actions et immobilier principalement en fonction des caractéristiques de l activité d assurance. La dotation de la provision pour risque d exigibilité (PRE) La PRE revient à comptabiliser les actifs concernés (actions et immobilier) à leur valeur de marché lorsqu ils sont globalement en moins-value. Elle présente un caractère «procyclique», qui accroît le coût en capitaux propres de la détention d actions lorsque celles-ci sont globalement en moins-value. Les sociétés d assurances sont alors incitées à se dessaisir des titres en moins-value et à vendre lorsque le marché baisse au lieu de contribuer à le stabiliser, ce que leur perspective de long terme les autoriserait à faire. La PRE constitue de ce fait une source de risque systémique pour le marché des actions. La FFSA a depuis longtemps souligné les inconvénients d une provision qui assimile risque d exigibilité et dépréciation de certains actifs. Elle souhaite une modification des règles de constitution de cette provision afin de les rendre plus prévisibles. Cela permettrait aux sociétés d assurances d optimiser leur gestion financière et de répondre à l objectif affiché de la provision, qui est de couvrir un risque d exigibilité, lequel ne peut être apprécié qu à partir des cash-flows anticipés. Pour la clôture des comptes annuels, en 2002 tout comme en 2001, la CCA a précisé les dispositions du Code des assurances en fonction desquels elle apprécierait, au cas par cas, les demandes d ajournement de la PRE formulées par les sociétés et déterminerait la proportion pouvant être effectivement ajournée. Si ces précisions ont permis de réduire quelque peu les incertitudes entourant la dotation de la PRE, elles restent néanmoins très en deçà de ce que la FFSA estime nécessaire pour améliorer de façon significative la visibilité des sociétés en la matière et pour leur permettre d optimiser la gestion d actifs. La dotation de la provision pour aléas financiers (PAF) La PDD vient en déduction du rendement des actifs qui sert de base au calcul de la PAF : elle accroît ainsi mécaniquement la dotation nécessaire à la PAF. Les entreprises constituant cette provision sont donc contraintes de provisionner deux fois la même dépréciation durable de leurs actifs, une première fois au titre de la PDD, une seconde fois au titre de la PAF. Ce dispositif devrait être corrigé en conséquence. 44

compte et des contrats en euros avec la seule garantie de maintien du capital lève une partie de ces contraintes et explique la part accrue des actions dans les placements des assureurs vie, même si elle reste en deçà de celle des assureurs de dommages. À l inverse, les sociétés d assurances de dommages détiennent une part plus importante d actions et d immobilier, qui délivrent leur valeur à plus long terme. La duration (durée moyenne pondérée des flux financiers) de leur actif dépasse celle des sociétés d assurances vie, pour une durée d engagements généralement plus courte. POUR ATTÉNUER LES FLUCTUATIONS DES MARCHÉS FINANCIERS : LA GESTION ACTIF-PASSIF Les bilans des sociétés d assurances subissent, à l actif comme au passif, l incidence des variations des taux d intérêt ou des valorisations boursières. À l actif, le portefeuille obligataire est affecté par les mouvements des taux d intérêt. Comme de nombreux produits d assurance vie comportent des clauses de taux garanti, de participation aux bénéfices et de possibilité de sortie anticipée, le passif est également exposé au risque de taux. Pour se protéger contre ces risques, les assureurs ont développé des techniques élaborées de gestion coordonnée de leur actif et de leur passif. Ils doivent d ailleurs, depuis le premier trimestre 2001, effectuer des simulations afin de vérifier périodiquement l adéquation de leur actif et de leur passif en fonction des évolutions des marchés financiers. Les sociétés d assurances font appel à des instruments sophistiqués, notamment aux produits dérivés, dont elles sont devenues des experts. Appelés également «instruments financiers à terme», ces produits permettent de se couvrir contre les variations futures des marchés financiers. LE CADRE COMPTABLE ET LES DISPOSITIONS PRUDENTIELLES Dans le domaine comptable, des dispositions imposent une évaluation prudente des actifs gérés par les sociétés d assurances (voir ci-contre). Sur le plan prudentiel, les placements sont soumis à des règles de répartition et de dispersion devant éviter la concentration des risques (voir ci-contre). Ils doivent couvrir à tout moment, à l actif, les engagements pris envers les assurés, dont le montant est représenté, au passif, par les provisions techniques. À ces règles s ajoute le mécanisme spécifique de la réserve de capitalisation (voir les définitions page 43). LA RÉGLEMENTATION DES PLACEMENTS Les provisions techniques, évaluées selon les règles fixées par le Code des assurances, doivent être à tout moment représentées par des actifs soumis à une réglementation très stricte. Les actifs autorisés En premier lieu, le code précise la liste des actifs pouvant être admis en représentation des engagements d assurance, classés en grandes catégories : obligations et autres titres de taux ; actions et assimilés ; actifs immobiliers ; prêts et dépôts. Des limitations par catégories répondent par ailleurs au souci de limiter l incidence du risque de marché et du risque de liquidité. Au sein des actifs admis, la valeur au bilan des actions ne peut dépasser 65 %, celle de l immobilier 40 % et celle des prêts 10 %. Enfin, les actifs doivent satisfaire à une dispersion suffisante des contreparties : les entreprises ne peuvent placer plus de 5 % de leurs actifs auprès d une même contrepartie, 10 % sous certaines conditions. Le ratio de dispersion est de 0,5 % pour les actions non cotées, de 10 % pour un immeuble. Une approche qualitative Au-delà de cette réglementation quantitative, les réflexions s orientent dans deux directions : la prise en compte de la qualité des actifs, qui doit constituer un complément important à l approche quantitative ; la nécessité pour les entreprises de justifier de l existence en leur sein de dispositifs de contrôle interne et de structures traduisant la stricte distinction des responsabilités des différents intervenants. Des dispositions en ce sens ont été prises par les autorités de tutelle françaises, avec l obligation d élaborer chaque année un rapport de solvabilité et d effectuer une gestion actif-passif. LES RÈGLES D ÉVALUATION DES ACTIFS DES SOCIÉTÉS D ASSURANCES Les textes communautaires prévoient une double évaluation des actifs, à leur valeur historique et à leur valeur de réalisation. Ces deux évaluations doivent être publiées par les sociétés d assurances, mais le choix est offert pour l inscription au bilan : c est ainsi qu au Royaume-Uni les actifs sont comptabilisés à leur valeur de réalisation, tandis qu en Allemagne ils sont inscrits à leur valeur d acquisition. La situation en France est la suivante : Le principe général Les actifs des sociétés d assurances sont comptabilisés au bilan à leur valeur d acquisition ou à leur prix de revient, après déduction d éventuels amortissements et dépréciations. Cela concerne tous les actifs, ceux qui garantissent les engagements pris envers les assurés (provisions techniques) comme ceux qui représentent les fonds propres. La publication extracomptable des valeurs de réalisation Les actifs sont également évalués à leur valeur de réalisation : cours de Bourse du jour de l inventaire ; prix de rachat pour les OPCVM ; pour les actifs immobiliers, évaluation par un expert agréé par la Commission de contrôle des assurances. La valeur de réalisation est publiée chaque année dans une annexe. Les provisions pour dépréciation Les valeurs amortissables (obligations, titres participatifs, titres de créances négociables) ne font normalement pas l objet d une provision en cas de moins-value latente (valeur de réalisation éventuelle inférieure à la valeur nette d amortissement ou de dépréciation). En revanche, pour l ensemble des autres actifs, une provision doit être inscrite au bilan dès lors que le total des valeurs de réalisation fait apparaître une moins-value globale. 45

Les normes comptables internationales et l assurance Le 7 juin 2002, le Conseil des ministres de l Union européenne a adopté un règlement qui impose aux sociétés de l Union européenne faisant appel public à l épargne d élaborer leurs états financiers consolidés conformément aux normes comptables internationales (International Accounting Standards IAS). L échéance est fixée à 2005 pour les entreprises cotées. Comme tout règlement, son application ne demandera aucune transposition. Les directives comptables européennes viennent d être rendues compatibles avec les normes internationales. Les entreprises d assurances seront, bien entendu, soumises à cette obligation. La profession de l assurance suit de très près l élaboration de la norme comptable assurance par le comité (Board) de l IAS. Elle souhaite que les nouvelles normes reflètent la réalité économique du secteur et les spécificités françaises. L application des normes actuelles Pendant une phase transitoire (phase I) jusqu à l établissement de règles définitives, il n y a pas de norme adaptée aux activités spécifiques des sociétés d assurances, c'est-à-dire pour les contrats comportant, selon la définition comptable, un risque significatif d assurance. Dans l attente d une norme spécifique en cours d élaboration, les normes locales resteront applicables. Les contrats dont la part de risque financier est considérée comme largement prédominante (bons de capitalisation, certaines assurances en cas de vie) relèveront, en revanche, de la norme IAS 39 (instruments financiers). Cependant, celle-ci ne permettant pas aujourd hui d appréhender correctement la participation aux bénéfices, les normes locales devraient être utilisées pour valoriser les contrats concernés durant la phase I, à la condition que la valeur correspondante soit supérieure à leur valeur en coût amorti. Quant aux actifs acquis en couverture des passifs d assurance, ils devraient être comptabilisés dans le cadre de la norme IAS 39. Cela conduirait à l application aux actifs, durant la phase I, de principes comptables radicalement différents de ceux qui sont retenus pour les passifs. Les écarts d origine comptable devraient être expliqués pour clarifier les comptes. 46

L apport des résultats financiers Le plan comptable applicable aux sociétés d assurances met en évidence l apport des résultats financiers au résultat technique de l activité d assurance. Globalement, en 2002, les résultats financiers s élèvent à 33,5 milliards d euros ( 11,6 % par rapport à 2001), dont 30,8 milliards de revenus financiers nets et 2,7 milliards de profits de réalisation des placements ; ceux-ci correspondent à 5,9 % du montant moyen des plus-values latentes de l exercice. LES SOCIÉTÉS D ASSURANCES VIE Pour les sociétés d assurances vie, de capitalisation et mixtes (sociétés d assurances vie autorisées à pratiquer les risques accidents corporels et maladie), où les actifs gérés correspondent pour l essentiel aux engagements envers les assurés, le résultat technique incorpore les revenus financiers et les plus-values réalisées, à l exception de la part correspondant aux fonds propres. Le résultat technique prend en compte l ensemble des ressources cotisations et résultats financiers permettant de financer les sommes affectées ou réglées aux assurés. Au total, la gestion financière des sociétés d assurances vie dégage en 2002 des ressources d un montant de 29,9 milliards d euros ( 6,9 %), dont 28,5 milliards ( 1,7 % par rapport à 2001) de revenus financiers nets et 1,4 milliard de profits de réalisation des placements ( 54,8 %). LES SOCIÉTÉS D ASSURANCES DE DOMMAGES Pour les sociétés d assurances de dommages (couvrant les risques de dommages aux biens, de responsabilité, d accidents corporels et de maladie), les revenus et plus-values de cession figurent dans le compte non technique, à l exception de la part correspondant aux provisions techniques. Les résultats financiers ainsi inclus dans le résultat technique dommages s élèvent en 2002 à 2,7 milliards d euros, en baisse de 40 % par rapport à 2001. Au compte non technique, les produits financiers nets atteignent 0,9 milliard d euros, contre 1,3 milliard l année précédente. ÉVOLUTION DES REVENUS FINANCIERS ET DES PLUS-VALUES RÉALISÉES, sociétés d assurances vie, de capitalisation et mixtes En milliards d euros 35 32,6 30 30,4 25 20 15 10 5 0 1998 1999 34,6 2000 32,1 2001 29,9 2002 Source : FFSA. ÉVOLUTION DES REVENUS FINANCIERS ET DES PLUS-VALUES RÉALISÉES, sociétés d assurances de dommages En milliards d euros 8 7 6 5 4 3 2 1 0 5,1 1998 7,1 7,1 1999 2000 5,8 2001 3,6 2002 Source : FFSA. 47