25/06/2014. La discopathie active. Francois Rannou, MD, PhD. 1) Analyse biochimique, cellulaire et moléculaire du DIV. 2) Inflammation et DIV

Documents pareils
LA LOMBALGIE CHRONIQUE : Facteurs de risque, diagnostic, prise en charge thérapeutique

Qu avez-vous appris pendant cet exposé?

LES DOULEURS LOMBAIRES D R D U F A U R E T - L O M B A R D C A R I N E S E R V I C E R H U M A T O L O G I E, C H U L I M O G E S

dmt Lombalgies et travail : Pour une stratégie consensuelle La lombalgie en chiffres Paris, 18 janvier 2002 notes de congrès La fréquence

HERNIE DISCALE LOMBAIRE

HERNIE DISCALE LOMBAIRE

Quel apport de l imagerie dans les traitements anti-angiogéniques?

Appareil Thérapeutique pour le Soin du Dos

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

Études. Coût de la chirurgie d une hernie discale

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 2 23 Octobre 2012

Lombosciatalgie aigue et chronique Quelle prise en charge? Dr Azizi Fatima Rabat

Le diagnostic de Spondylarthrite Ankylosante? Pr Erick Legrand, Service de Rhumatologie, CHU Angers

N oubliez pas de sauvegarder après avoir intégré ce fichier dans votre espace extranet!

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 10 mai 2006

Jérôme OSTALIER Gabor SAGI INSTITUT McKENZIE FRANCE

Accidents des anticoagulants

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

OSSIFICATION DU LIGAMENT VERTEBRAL COMMUN POSTERIEUR ET DU LIGT JAUNE: MYELOPATHIE CERVICALE SUBAIGUE

ACTUALITES THERAPEUTIQUES. Dr Sophie PITTION (CHU Nancy) Metz, le 2 Juin 2012

Athénée Royal d Evere

DIAGNOSTIC, PRISE EN CHARGE ET SUIVI DES MALADES ATTEINTS DE LOMBALGIE CHRONIQUE

Item 182 : Accidents des anticoagulants

Master en Biochimie et Biologie moléculaire et cellulaire (BBMC)

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

TMS les données belges relatives à la lombalgie

CHAPITRE 9 LES LOMBALGIES STRATEGIE D EVALUATION ET PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE. Bénédicte Jamard Arnaud Constantin et Yolande Esquirol

Pharmacovigilance des nouveaux anticoagulants oraux

LA HERNIE DISCALE LOMBAIRE

Transgene accorde une option de licence exclusive pour le développement et la commercialisation de son produit d immunothérapie TG4010

Consolidation osseuse et biotechnologies État des lieux. Prof. L. GALOIS Centre Hospitalier Universitaire de NANCY

La sciatique par hernie discale : traitement conservateur ou traitement radical? Disk herniation-induced sciatica: medical or surgical treatment?

Dr Pascale Vergne-Salle Service de Rhumatologie, CHU de Limoges. Membre enseignant chercheur EA 4021

Dr Ottaviani Service de Rhumatologie Hôpital Bichat Staff du 23 Mai 2014

TYNDALL. 13 rue Dubrunfaut PARIS Tél. : >SIREN N APE N Bulletin d Informations. et d échanges N 24 MARS 2009

Service de Biothérapies

DIAGNOSTIC, PRISE EN CHARGE ET SUIVI DES MALADES ATTEINTS DE LOMBALGIE CHRONIQUE

I Identification du bénéficiaire (nom, prénom, N d affiliation à l O.A.) : II Eléments à attester par un médecin spécialiste en rhumatologie :

Pierre OLIVIER - Médecine Nucléaire

des banques pour la recherche

Les OGM. 5 décembre Nicole Mounier

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 18 novembre 2009

Exemple 1: Entorse cheville. ÉVALUATION INITIALE: entorse cheville

Anatomie. Le bassin inflammatoire. 3 grands cadres. 4 tableaux. Spondylarthrite ankylosante. Spondylarthrite ankylosante 26/10/13

Respiration abdominale d effort encore appelée respiration abdominale inversée

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

La sciatique par hernie discale Description médicale :

DENSITOMÉTRIE OSSEUSE : CE QUE LE RADIOLOGUE DOIT SAVOIR

Les nouveaux traitements du psoriasis

DISCECTOMIE ENDOSCOPIQUE SELECTIVE ET THERMO-ANNULOPLASTIE

La prise en charge des lombalgiques

Pathologie Lombaire Mécanique

Approche par groupe de gènes pour les données longitudinales d expression génique avec une application dans un essai vaccinal contre le VIH

Christian TREPO, MD, PhD

Les rhumatismes inflammatoires. Arthrite Rhumatoïde, Arthrite psoriasique, Spondylarthrite ankylosante

Rôle des acides biliaires dans la régulation de l homéostasie du glucose : implication de FXR dans la cellule bêta-pancréatique

MON DOS AU QUOTIDIEN COMPRENDRE, ÉVITER ET SOULAGER LE MAL DE DOS

Cure de Hernie discale lombaire

Les lésions musculosquelettiques chez les éboueurs : des pistes de prévention à la gestion du retour au travail

DIAPOSITIVE 1 Cette présentation a trait à la réglementation sur les thérapies cellulaires.

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

LE RACHIS : UNE ENTITE COMPLEXE IMPORTANTE A PRESERVER

«Les lombalgies chroniques communes à la consultation de rhumatologie du CHU de Fès»

RAZAFINDRABE Rovasoa Harivony REEDUCATION FONCTIONNELLE ET PRISE EN CHARGE DES HERNIES DISCALES NON OPEREES. Thèse de Doctorat en Médecine

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

Obésité et psoriasis Données actuelles et questions au spécialiste en nutrition

Marquage CE et dispositifs médicaux

IRM du Cancer du Rectum

Transplantation hépatique à donneur vivant apparenté. Olivier Scatton, Olivier Soubrane, Service de chirurgie Cochin

Laurence LEGOUT, Michel VALETTE, Henri MIGAUD, Luc DUBREUIL, Yazdan YAZDANPANAH et Eric SENNEVILLE

Les formes cliniques. Maxime Breban

Les nouveaux anticoagulants oraux sont arrivé! Faut il une surveillance biologique?

Sujets présentés par le Professeur Olivier CUSSENOT

PLACE DES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS ORAUX CHEZ LE SUJET AGE

Ozonothérapie dans le traitement des atteintes musculosquelettiques d origine spinale

Diplôme de Docteur en chirurgie dentaire ORGANISATION DES ENSEIGNEMENTS

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

CRITERES DE REMPLACEMENT

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE

Tableau des garanties Contrats collectifs

Les soins des douleurs chroniques dans les TMS Les échecs thérapeutiques

Fondation PremUp. Mieux naître pour mieux vivre

La Responsabilité Civile De L anesthésiste

Quoi de neuf dans la prise en charge du psoriasis?

Les nouveaux anticoagulants ont ils une place aux Urgences?

Ensemble aidons les patients souffrant d un mal de dos inflammatoire à identifier leurs douleurs.

CEPHALEES POST-BRECHE DURALE. Post Dural Puncture Headache (PDPH)

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

PRADO, le programme de retour à domicile

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

Traitement des Pseudarthroses des Os Longs par Greffe Percutanée de Moelle Osseuse Autologue Concentrée

INDUCTION DES LYMPHOCYTES T- RÉGULATEURS PAR IL2 A TRÈS FAIBLE DOSE DANS LES PATHOLOGIES AUTO- IMMUNES ET INFLAMMATOIRES APPROCHE TRANSNOSOGRAPHIQUE

La Méthode McKenzie. Dossier paru dans la Revue de Médecine Orthopédique, n 60, Mars Sommaire. Introduction Jean-Yves Maigne

Peut-on ne pas reprendre des marges «insuffisantes» en cas de Carcinome canalaire infiltrant

Les Spondylarthrites

disque intervertébral

Lombalgies inflammatoires de l homme jeune

Prise en charge de l embolie pulmonaire

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

SUAREZ VALENCIA Juan MARCHAND dmdpost.com Résumé Hélène Caillault

Transcription:

AGENDA La discopathie active Francois Rannou, MD, PhD Service de MPR Hopital Cochin, AP-HP INSERM U747 Université Paris Descartes 1) Analyse biochimique, cellulaire et moléculaire du DIV 2) Inflammation et DIV 3) Apoptose et DIV 4) Ca sert à quoi? AGENDA Anatomie 1) Analyse biochimique, cellulaire et moléculaire du DIV 2) Inflammation et DIV 3) Apoptose et DIV 4) Ca sert à quoi? Inserm U747, équipe 2, F Rannou, MT Corvol 1

AR AF Biologie du DIV Biologie du DIV Les deux évènements cellulaires et moléculaires de la dégénérescence discale sont : - l apoptose - l inflammation = Mort cellulaire, diminution de la production de protéines matricielles Dégénérescence = dégradation et diminution de la production de coll II et aggrécanes Poiraudeau et al., Spine 1999 = Dégradation des protéines matricielles AGENDA 1) Analyse cellulaire et moléculaire du DIV L inflammation discale Régulation? 2) Inflammation et DIV 3) Apoptose et DIV 4) Ca sert à quoi? Catabolisme Présence de facteurs de l inflammation : MMPs, PGE2, NO Anabolisme Présence de facteurs antiinflammatoires : IL- 10, IL-1ra, facteurs de croissance 2

Réponse des cellules discales à l IL-1 MMP AF AR Rôle bénéfique de l inflammation dans la hernie exclue +IL-1 - résorption naturelle des hernies exclues - phénomènes TNF-α dépendant Rôle bénéfique ou délétère de l inflammation??? 3

Interaction cellules discales/macrophages Inflammation Infiltration de macrophages Rôle délétère de l inflammation discale TNF-α VEGF Néoangiogenèse MMPs + MMPs activées Résorption herniaire Induction de lésions radiculaires inflammatoires : granulome et NP Haro et al, J Clin Invest 2000a; Haro et al, J Clin Invest 2000b; Kato et al, J Orthop Res 2004.!Cas particulier de la hernie exclue! Intérêt des anti-tnf? Sciatique et anti-tnf-α : une étude controlée publiée 20X2 patients, sciatique>lombalgie Indication chirurgicale posée Infliximab: 5mg/kg Critère principal: douleur à un an Sciatique et anti-tnf-α : une étude controlée publiée, résultats Pas de différence à un an sur la douleur, p=0.72) Modic I et conflit L3-L4, L4-L5 facteurs de meilleure réponse à l Infliximab qu au placebo 4

Sciatique et anti-tnf-α : deuxième étude controlée, Sciatique et anti-tnf-α : deuxième étude controlée, Sciatique et anti-tnf-α : deuxième étude controlée, CONCLUSION INFLAMMATION Inflammation locale : oui Origine : disque Rôle : à la fois bénéfique et délétère TNF-α : cytokine régulatrice Anti-TNF-α : non mais Changement d attitude thérapeutique : non mais 5

PERSPECTIVES AGENDA Hernie discale exclue Conflit mécanique discal prédominant Conflit mécanique discal discret ou absent + Modic I 1) Analyse cellulaire et moléculaire du DIV Infiltration de corticostéroïdes Oui mais Oui Oui 2) Inflammation et DIV Chirurgie Patience Oui Non 3) Apoptose et DIV Biothérapie Contre-indiquée ou pro-tnf Non Un jour peutêtre 4) Ca sert à quoi? Rachis humain Modèle murin in vivo Modèle in vitro - 11 doneurs - 33 disques 1.3 MPa, 24 heures Stress mécanique 15%, 24 heures IRM sequence T2 Apoptose (TUNEL, DAPI) Imunocytochimie (cytochrome-c) Apoptose (TUNEL, DAPI) Imunocytochimie (cytochrome-c) Apoptose (PCR, PI, DAPI) Cytométrie (DiOC 6, PI) Activité caspase 6

Correlation positive entre la sévérité de la dégénérescence discale appréciée par l IRM et l importance de la mort cellulaire dans le disque intervertébral humain dégénéré. Question : quelle mort, nécrose ou apoptose? APOPTOSE! Le stress mécanique induit l apoptose des cellules discales dans un modèle murin de dégénérescence discale via l apoptosome mitochondrial cytosol Apoptose : signalisation CD95/TNF FADD Stress mécanique Mitochondrie Induction par le stress mécanique de l apoptose des cellules discales via l apoptosome mitochondrial Caspase 8 Caspase 3 Caspase 9 Cytochrome-C noyau Fragmentation du DNA Mort cellulaire par apoptose 7

AGENDA 1) Analyse cellulaire et moléculaire du DIV 2) Inflammation et DIV 3) Apoptose et DIV 4) Ca sert à quoi? Biothérapie locale de la dégénérescence discale par une modulation spécifique de l inflammation et de l apoptose Signification de ce signal IRM? REVENONS A LA LESION!!! 1) Limite du modèle biopsychosocial : oublier la lésion 2) Limite du concept de l inutilité de l imagerie dans la lombalgie commune : IRM non spécifique IRM d une population asymptomatique Ce signal IRM : hypo T1 et hyper T2 (Modic I) n'est 1) Quasiment jamais observé chez les sujets asymptomatiques 2) Présent chez 5 à 20% des lombalgiques Chroniques 3) Facteur prédictif de bonne réponse à la chirurgie Donc probablement prédictif d un disque symptomatique Vital et al, Spine 2003; Weishaupt et al, Radiology 1998 8

Signification de ce signal IRM? - IL-6 - PGE2 - NO Noir en T1 Activité inflammatoire locale!!! Blanc en T2 9

RESUME 1) Rationnel clinique, une nouvelle lésion, la discopathie active lombaire CONCLUSION : la discopathie active (Modic) est le reflet 1) d une souffrance discale qui parait cliniquement pertinente 2) inflammation locale : infiltration intradiscale? 3) évolution spécifique 10

11

Conclusions Propositions de prise en charge Les patients lombalgiques chroniques Modic I semblent avoir un profil clinique et biologique individualisable Utilité de l IRM dans la lombalgie chronique: premier biomarqueur Les anomalies de signal Modic I semblent correspondre à une inflammation locale discopathie active rationnel thérapeutique de l infiltration intradiscale dans des conditions de sécurité optimale Explication claire et précise: information du patient sur sa pathologie, sur la lésion et son évolution AINS le soir au coucher + corset + antalgiques Cure courte de corticoïdes après évaluation de la balance bénéfice/risque avec le patient Infiltration épidurale En milieu spécialisé : infiltration intradiscale (25 mg hydrocortisone) Chirurgie : arthrodèse 12

Traitements du futur Adaptés au type de discopathie et au stade de dégénérescence INJECTIONS DANS LE DISQUE Facteurs de croissance (Howard 2003) TIMP s, Anti TNF, IL1 Ra (Maeda 2000) THERAPIE GENIQUE CHIRURGIE ADAPTEE La discopathie active serait une maladie infectieuse? Signification du signal Modic I? Ce signal IRM : hypo T1 et hyper T2 (Modic I) n'est 1) Rarement observé chez les sujets asymptomatiques 2) Présent chez 5 à 20% des lombalgiques Chroniques 3) Facteur prédictif de bonne réponse à la chirurgie : pas de sur risque d infection post-op! (argument contre) Argument pour Vital et al, Spine 2003; Weishaupt et al, Radiology 1998 13

Argument contre Fayad et al, Eur Spine J Rannou et al, Arthritis Rheum Argument pour 14

Argumentations 2 études indépendantes l une de l autre Antécédent de chirurgie discale chez 50% des patients, pas d analyse des deux sous groupes Pas d amélioration franche de l imagerie Amélioration au bout de 6 à 7 semaines alors que ce n est pas un critère d évaluation Aucune amélioration du groupe contrôle Conflit d intérêt Conclusion La seule explication logique est que ca n était pas une étude en double aveugle notamment l évaluation Essai sur une trentaine de patients dans le service: aucune réponse + Pas d étude bactério dans l étude clinique en fait! 15