SYNTHESE Santé mentale dans la communauté et citoyenneté

Documents pareils
Définition, finalités et organisation

Allocution d ouverture de Jean DEBEAUPUIS, Directeur Général de l Offre de soins

Equipe mobile SMES CH Sainte-Anne (Paris)

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

CAHIER DES CHARGES Pour la mise en œuvre d une maison de santé pluridisciplinaire En Lot-et-Garonne

Maisons de Santé Pluridisciplinaires. Conditions d éligibilité à des soutiens financiers

ARRÊTÉ du. relatif au cahier des charges de santé de la maison de santé mentionné à l article L du code de la santé publique.

Référentiel Officine

Pandémie grippale et réorganisation des soins primaires. Le travail de la Maison Médicale de Garde d Ambérieu

La prévention : caractéristique du positionnement de la Mutualité Française sur l ensemble de son offre

REFERENTIEL PROFESSIONNEL DES ASSISTANTS DE SERVICE SOCIAL

Organiser une permanence d accès aux soins de santé PASS

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

1 ère partie Amont de l'hôpital : organiser la permanence des soins une obligation médicale!

Protection Maternelle et Infantile Santé scolaire (33b) Professeur Dominique PLANTAZ Septembre 2004

Le point de vue d une administration hospitalière Inka Moritz, Secrétaire générale

Stratégie d intervention auprès des élèves présentant des comportements et attitudes scolaires inappropriés

Contribution de Médecins du Monde

La biologie médicale en France : présent et avenir. Académie Nationale de Pharmacie Mercredi 4 Février 2015

Domaine Santé. Plan d études cadre Modules complémentaires santé. HES-SO, les 5 et 6 mai PEC Modules complémentaires santé

P atients S anté T erritoires

ETUDIER À L ÉTRANGER BELGIQUE

d infirmières et d infirmiers Pour être admissible au répit spécialisé sur référence Des services spécialisés intégrés en

La Mutualité. Française. Rhône. dans le. Des services de soins et d accompagnement mutualistes pour une santé solidaire

Évaluation et recommandations

«La Mutualité Française ouvre de nouveaux chantiers innovants.»

3 ème plan autisme : Point d étape, un an après son annonce

Protocole. [anonyme et gratuit] Avec la Région, on en parle, on agit.

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

GHUPC Projet de transformation du site Hôtel Dieu. Pr S CHAUSSADE, Dr I. FERRAND

PROCEDURE SUR DEMANDE D UN TIERS OU EN CAS DE PERIL IMMINENT

REFERENTIEL D AUTO-EVALUATION DES PRATIQUES EN ODONTOLOGIE

Futur bâtiment des lits (Bdl 2) vision Gouvernance opérationnelle

ET DE LA STRATEGIE. Note de Synthèse. Domaine : Financement Version : 1 Mise à jour : 04/03/2012

Des solutions sur mesure, pour une médecine optimale.

Drug Misuse and Treatment in Morocco

COMPTE-RENDU D ACCREDITATION DE LA CLINIQUE LA LIRONDE. Saint-Clément-de-Rivière Saint-Gély-du-Fesc

Projet de santé. Nom du site : N Finess : (Sera prochainement attribué par les services de l ARS) Statut juridique : Raison Sociale :

DOSSIER DE PRESSE. Les dates clés de la Coddem

Etablissement S.A.S. / ARPADE. Services d Accueil et de Soins. - Livret d accueil -

CLUB PREVENTEURS. NOVOTEL 125, avenue de Palavas MONTPELLIER 15 MAI 2014

Une protection d assurance de premier choix et de qualité suisse. Notre offre pour les expatriés

PROJET VIVRE, HABITER ET TRAVAILLER DANS LYON ET LE GRAND LYON

SUPPLEMENT AU DIPLÔME

Médecin Responsable volet hospitalier - Koulikouro - MALI

Tableau : Réponse aux besoins en matière de santé sexuelle et reproductive des adolescents

Le niveau 3 - alerte canicule correspond à une vigilance météorologique orange pour le paramètre canicule.

Planification stratégique

«Politique des ARS pour les seniors»

Energie - réseaux électriques intelligents transfrontaliers Cross-border Healthcare Networks

TRAVAUX DU GROUPE GUINEE/CONAKRY ET BISSAO

Mobiliser l épargne pour l investissement productif. Pistes de réflexion stratégique en matière de fiscalité de l épargne individuelle

1. Rappel des engagements - Roadmap actuelle (RM) Action 8

Cahier des charges des maisons de santé pluri-professionnelles pouvant bénéficier d un soutien financier

Comprendre les phénomènes biologiques et psychologiques du stress

TERRITOIRES ET SANTE

Contribution de la Mutualité Française Centre à la Stratégie Nationale de Santé. Tours

Procédure relative à la protection juridique des majeurs vulnérables

Nouveaux rôles infirmiers : une nécessité pour la santé publique et la sécurité des soins, un avenir pour la profession

NOVARTIS. L assurance-maladie Suisse Offre réservée au personnel de NOVARTIS. POUR LA MEILLEURE DES MéDECINES. AUJOURD HUI ET DEMAIN.

CONVENTION TRIENNALE D OBJECTIFS POUR LES QUARTIERS POPULAIRES 2013 / entre LA MINISTRE DES AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTÉ,

LES RÉFÉRENTIELS RELATIFS AUX ÉDUCATEURS SPÉCIALISÉS

Séquence 1 : La place du MSP et de l ISP

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

FINANCEMENT DE L OFFRE DE SOINS EN AFRIQUE. Prof DIE-KAKOU

LE FINANCEMENT. MSPD Eric Fretillere Conseil Régional de l Ordre des Médecins d Aquitaine CDOM 47Page 1

COMMUNIQUÉ DE PRESSE. Offre de santé : Le groupe Malakoff Médéric et le régime minier de Sécurité sociale signent un accord de partenariat

Nations Unies Haut Commissariat aux Droits de l Homme, réf: NVebU mes 2011

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Place des mutuelles dans le système de santé français Poids des services de soins et d accompagnement mutualistes

STAGE : TECHNICIEN EN INFORMATIQUE

Le début de l aventure

Action sociale. Nos actions dans le domaine du handicap. L Action sociale vous accompagne dans les moments importants de votre vie

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

Calendrier des formations INTER en 2011

les télésoins à domicile

L hôpital dans la société. L expérience du CHU de Paris, l AP HP. Pierre Lombrail, Jean-Yves Fagon

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

L agence fédérale des médicaments et des produits de santé fête son cinquième anniversaire

ORGANISATION ET FINANCEMENT DES SOINS DE SANTE MENTALE EN BELGIQUE

Tableau de recueil des données concernant l auto évaluation. Nom de la structure :

«Améliorer les parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d autonomie»

Se libérer de la drogue

SOMMAIRE COMMUNIQUÉ DE PRESSE. p. 3. p. 4 LE CESU. p. 5. Les outils. p. 6. Le centre de simulation. Quelques chiffres

Glossaire. de l assurance complémentaire santé(1) pour vous accompagner. Frais d accompagnement. CMU Tiers payant ...

Maison ou un Pôle de santé

ADDITIF AU RAPPORT DE CERTIFICATION V2010 CLINIQUE CHIRURGICALE DU LIBOURNAIS

CONTRAT DE MOBILITE POUR LES MOBILITES D ETUDES DU PROGRAMME ERASMUS+ dans les pays participant au programme (mobilités européennes)

LIGNE MÉTIER RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET BIOTECHNOLOGIE DES SERVICES POUR RÉPONDRE À VOS ENJEUX MÉTIER

CAHIER DES CHARGES INFIRMIER-ÈRE DIPLÔMÉ-E

"Formation et évaluation de la compétence du pharmacien clinicien expérience suisse"

Secrétariat médical et médico-social

Conférence mondiale sur les déterminants sociaux de la santé. Déclaration politique de Rio sur les déterminants sociaux de la santé

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

Fondation PremUp. Mieux naître pour mieux vivre

Déclarations européennes de la pharmacie hospitalière

Le case management de transition (CMT) Une illustration de pratique avancée en soins infirmiers

www Sécurité sociale en Suisse: > Thèmes > Aperçu > Données de base

De meilleurs soins :

TITRE : «Information et consentement du patient en réadaptation cardiovasculaire»

Transcription:

SYNTHESE Santé mentale dans la communauté et citoyenneté Président de séance : Professeur Gabriel Ivbijaro, président de la fédération mondiale en santé mentale (WFMH).Alberto Minoletti, Professeur à l'unité santé mentale de l École de santé publique, Faculté de médecine, Université du Chili : la réforme de la santé mentale au Chili.Bernard Jacob, chef de projet et coordinateur fédéral de la réforme des soins en santé mentale : la réforme en Belgique.Roberto Mezzina, directeur du CCOMS de Trieste, Italie : créer des services de santé mentale sans exclusion, avec les portes ouvertes et sans contention.christine Bronnec, adjointe à la sous-direction de la régulation de l'offre de soins, Direction générale de l offre de soins, France : service territorial de santé mentale en France L EXEMPLE CHILIEN : LA REFORME DE SANTE MENTALE AU CHILI Prof. Alberto Minoletti, Unité Santé Mentale de l Ecole de Santé Publique, Faculté de Médecine, Université du Chili Avant 1990, le système de soins en santé mentale suivait un modèle institutionnel, centré autour de quatre principaux hôpitaux psychiatriques situés au centre du pays. Cette centralisation avait pour conséquence un accès aux soins très difficile pour une grande partie de la population, une surpopulation hospitalière, de la négligence et des abus dans ces grandes institutions. Le 1 er plan national de santé mentale a été initié en 1991 sur la base d expériences innovantes locales, à petite échelle. Il était alors important de pouvoir tester le fonctionnement de nouveautés proposées, et former les managers en charge de développer et coordonner les services de santé mentale dans chaque district. Ce plan a permis l émergence de nouveaux services (Centres Communautaires de Santé Mentale, Hôpitaux de jour et Sheltered homes) et programmes (Santé mentale

intégrée dans le soin primaire, psychiatrie en hôpitaux généraux, réhabilitation psychosociale). Le second plan national de santé mentale, plus ambitieux, a débuté en 2000. Ses valeurs fondatrices étaient : - L approche communautaire : Promouvoir les capacités des individus et des groupes - Participation actives des usagers et des familles - Vision globale de l individu : biologique, psychologique et sociale - Accessibilité et qualité du soin - Actions globales : promotion, prévention, traitement et réhabilitation Ce second plan a été implémenté au niveau national, avec la création d un réseau de services en santé mentale dans chaque district permettant le développement et la diffusion des lignes directrices cliniques. Le travail inter-secteurs a été promu ainsi que le développement des groupes d usagers et de familles. Cette ambition nationale avait également comme but de pouvoir réduire les écarts d accès aux soins au sein du pays. Le modèle de réseau de santé mental est centré sur des centres de soins primaires et des centres communautaires de santé mentale. Ces deux entités occupent un territoire sectorisé. Les centres communautaires fournissement la majorité des soins destinés aux personnes souffrant de maladie mentale, soutenus par un nombre important de partenaires (Hôpitaux psychiatriques, hôpitaux de jour, unités de séjours de moyenne durée, réseau judiciaire, services d urgences, réseaux des drogues et de l alcool, ainsi que de nombreux groupes de familles, d usagers, des résidences communautaires et des associations pour le travail assisté et la réhabilitation). Le but de ce réseau est de promouvoir l éducation, le travail, l intégration dans la communauté et la préservation de l individu et de sa citoyenneté. L évolution du système de soins suite à ces 2 réformes a été objectivée sur différents indicateurs : - Au niveau national : o Augmentation de la part du budget santé alloué à la santé mentale, de la part du budget santé mentale alloué aux services communautaires de santé mentale au détriment des services hospitaliers o Attribution majoritaire du budget de santé mentale aux services ambulatoires (36 %) et aux soins de santé primaire (26 %) o Augmentation du taux de consultations en santé mentale chez les médecins généralistes, du nombre des services ambulatoires o Diminution des places / lits en hôpitaux psychiatriques au profit des hôpitaux généraux et hôpitaux de jour - Au niveau des districts, différents indicateurs indiquent des disparités interdistricts. Tous n ont pas atteint le même niveau d accomplissement des objectifs.

- Au niveau des services, on constate également d importantes disparités sur un certain nombre d indicateurs (adhérence thérapeutique, observance des droits humains dans le service). De même, il a été constaté un écart de perception entre les soignants d une part et les usagers, familles de l autre notamment en termes de respect de la capacité juridique de l usager, d absence d abus et d inclusion dans la communauté. En conclusion, les 2 plans nationaux de santé mentale ont permis une réorientation de l offre des hôpitaux psychiatrique vers les services communautaires, favorisante l accessibilité et la qualité des soins. Des challenges restent à relever tels que l augmentation du budget santé mentale, les inégalités constatées entre les services, la promotion de l inclusion sociale et du respect des droits humaines. Pour cela, une loi spécifique à la santé mentale et un organisme indépendant d évaluation sont proposés. L EXEMPLE ITALIEN : CREER DES SERVICES DE SANTE MENTALE SANS EXCLUSION, AVEC LES PORTES OUVERTES ET SANS CONTENTION Roberto Mezzina, Directeur du CCOMS de Trieste, Italie La réforme du système de soins en santé mentale a été initiée en 1978 préconisant l arrêt des admissions en hôpitaux psychiatriques au profit du développement du soin communautaire, intégré dans la cité pour en favoriser l accès. L accent a été mis sur le rétablissement, le respect des droits humains et citoyens et ainsi le traitement sans consentement a été réduit. La réforme a donné lieu à des départements de santé mentale, organisés en un réseau global coût-efficace, touchant chacun environ 300 000 personnes et incluant différentes composantes : une unité d urgence en hôpital général, des centres communautaires de santé mentale, des foyers offrant un service continu et des centres de jour. Les départements doivent lutter contre la stigmatisation, la discrimination et l exclusion des personnes souffrant de maladie mentale. Les principes d une pratique communautaire reposent sur ; - La responsabilité de la communauté : point d entrée unique et référence - Présence active et mobilité pour s adapter aux besoins - Continuité du soin - Réponse à la crise intégrée dans la communauté - Réponse globale permettant un soin clinique et social avec des ressources intégrées - Equipe de travail multidisciplinaire et créative Trieste est un site exemplaire, sans hôpital psychiatrique depuis 30 ans. La pratique est centrée sur la personne, axée vers le plus haut degré de liberté de l usager et de

respect de son pouvoir de négociation. Tout est mis en place pour apporter une réponse adaptée aux besoins de la personne, pour lui permettre d intégrer ses soins à sa vie et à ses aspirations et de participer lui-même au développement du service de soins. Les services présents à Trieste s organisent autour de 4 Centres communautaires de santé mentale, 1 unité d urgence en hôpital général, 1 service de réhabilitation et de support résidentiel, 2 centres de jour, des coopératives sociales, foyers, clubs, associations de familles et d usagers. L EXEMPLE BELGE : VERS LA MISE EN PLACE DE MEILLEURS SOINS EN SANTE MENTALE PAR LA REALISATION DE CIRCUITS ET RESEAUX DE SOINS Bernard Jacob, Chef de projet et coordinateur fédéral de la réforme des soins en santé mentale La vision de la place de l usager date du début des années 2000 en Belgique, aboutissant sur l article de loi 107 («Le Roi peut prévoir des modalités spécifiques de financement afin de permettre, sur une base expérimentale et pour une durée limitée, un financement prospectif des circuits et des réseaux de soins, axé sur les programmes.») en 2002 et sur des concertations en 2007 pour réfléchir à la place et au rôle de l usager dans sa prise en charge. En 2010, le modèle a été défini suite à une réflexion conjointe des autorités politiques, experts, usagers et familles. Il s agit d un plan stratégique qui propose une approche globale et intégrée avec une implémentation locale, mais coordonnée par la construction d un réseau opérationnel. Sa finalité est la continuité des soins, l amélioration de l offre et de la qualité de la prise en charge via la construction d une réponse adaptée aux besoins de chaque usager. Cinq types de ressources dans un territoire sont nécessaires pour offrir une réponse adaptée et centrée sur besoin des personnes - Activités de prévention et de promotion des Soins en Santé Mentale, détection précoce, et dépistage - Equipes de réhabilitation travaillant à la réinsertion et à l inclusion sociale - Unités intensives de traitement résidentiel, aussi bien pour les problèmes de Soins en Santé Mentale aigus que chroniques, lorsqu une hospitalisation s avère indispensable. Il ne s agit donc pas de fermer les hôpitaux mais d en transformer une partie en une offre communautaire - Formules résidentielles spécifiques permettant l offre de soins lorsque l organisation des soins nécessaires à domicile ou en milieu substitutif du domicile est impossible. Cette ressource existait déjà grâce à un travail extraordinaire du secteur associatif notamment. L article 107 a permis de

compléter le panel des moyens pour avoir une offre globale sur un territoire donné. - Équipes mobiles ou ambulatoires de traitement intensif, pour les situations de crise ET Équipes mobiles ou ambulatoires pour les personnes qui nécessitent des suivis de longue durée. Il s agit donc d un gel (et non fermeture) de lits et d une transformation des ressources vers les équipes mobiles. Il s agit d un changement de culture important, un mouvement lent et progressif, sur base volontaire des hôpitaux. Ce changement s accompagne de la formation des différentes parties prenantes (professionnels, usagers, familles, politiques ). Le modèle n est pas top down mais doit prendre en compte la réalité de chaque territoire. Ainsi, des efforts ont été engagés pour favoriser la participation active des associations d usagers et de proches à tous les niveaux. Les recommandations des usagers et familles sont des éléments prioritaires. A ce jour, 1 058 lits ont été gelés. Cela a permis de créer 22 équipes mobiles ou ambulatoires de traitement intensif, pour les situations de crise (5 477 usagers) et 35 équipes mobiles ou ambulatoires pour les personnes qui nécessitent des suivis de longue durée (2 039 usagers). Les mêmes principes et valeurs sont aujourd hui appliqués dans la réflexion d une politique pour les enfants et adolescents. Les seniors seront également visés par une nouvelle politique directement implémentée afin que toute la population puisse bénéficier d un système de soins en santé mentale adéquate et équitable. EXEMPLE FRANÇAIS : SERVICE TERRITORIAL DE SANTE MENTALE EN France Christine Bronnec, adjointe à la sous-direction de la régulation de l offre de soins, Direction générale de l offre de soins, France Le Projet territorial de santé mentale part de la volonté de partir de l existant. L évolution sera progressive car elle nécessite l évolution des pratiques, des changements importants et communs. Le PTSM souhaite garantir des outils de coordination mais vise à laisser les acteurs locaux s emparer et formaliser les engagements qui leur sont demandés. Les états des lieux sur la diversité de l offre de soins sont plutôt favorables en France et il est donc important de valoriser l existant, de s appuyer sur cette tradition pour évoluer positivement. Cependant, cette diversité et l organisation actuelle des soins amènent un problème de visibilité et d hétérogénéité territoriale. C est tout l enjeu de la réforme 2016. Les enjeux sont notamment - Améliorer le dépistage et les délais de première consultation grâce notamment à une meilleure coordination entre les différents acteurs de la santé (psychiatrie, médecine générale, médecine scolaire ).

- Favoriser l insertion par une politique de désinstitutionnalisation et améliorer le taux d insertion des personnes souffrant de maladie mentale - Réduire les inégalités territoriales : le taux de recours à l hospitalisation varie aujourd hui d environ 30% entre les territoires sans données épidémiologiques pour justifier ces différentes ; le taux de financement est également variable Les valeurs et objectifs du Projet territorial de santé mentale sont : - Conserver les acquis de la politique de secteur : accessibilité, continuité et proximité - Garantir l égal accès aux services grâce à la mise en place d un panier de services commun comprenant les aspects sanitaire, prévention et insertion - Organiser les projets sur les savoirs acquis : les pratiques et l initiative professionnelle sont au cœur de la réforme - Organiser la démocratie sanitaire o Impliquer et responsabiliser l ensemble des acteurs sanitaires, médicosociaux, sociaux et élus concernés par la santé mentale o Appuyer le rôle des CLSM La mise en place concrète du PTSM passera en premier lieu par une démarcheprojet fondée sur un diagnostic partagé, définissant un panier de soins et de services pour un territoire défini et des cibles spécifiques. La réponse organise la coopération de second niveau au service de la qualité des parcours de soins, que ce soit au niveau de la prévention, de la prise en charge ou encore de l insertion. Le projet sera alors élaborée dans le cadre du respect de la démocratie sanitaire et donc de l implication des acteurs locaux (CTS avec sous section santé mentale, CLS de proximité). Un arrêté par le DG d ARS permettra d éditer le contrat territorial de santé mentale qui définit les actions et engagements des différents acteurs, lisibles pour les usagers et acteurs. Les offres et services de proximité seront enfin déclinés pour chaque patient, garantissant un accès coordonné et adapté à ses besoins.