La surveillance épidémiologique dans les armées en France

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Transcription:

La surveillance épidémiologique dans les armées en France Vincent Richard (1), Jacques Martin (1), André Spiegel (2), Jean-Paul Boutin (3), Jean-Etienne Touze (1) (1) Direction centrale service de santé des armées, (2) Département d épidémiologie et de santé publique Nord, (3) Département d épidémiologie et de santé publique Sud Mots-clés : surveillance épidémiologique, armées françaises Courriel : ast-tec2@dcssa.fr Points essentiels - Adaptation régulière du système de surveillance épidémiologique dans les armées pour répondre à la diversité des missions des militaires, notamment en dehors du territoire national, et des risques nouveaux auxquels ils sont soumis aussi bien infectieux, naturels ou provoqués, qu environnementaux. - La surveillance épidémiologique s appuie sur une procédure d alerte, un message épidémiologique hebdomadaire, des fiches spécifiques de déclaration et des enquêtes en relation avec une démarche d épidémiologie d intervention. - Les événements les plus préoccupants des trois dernières années concernent le paludisme et les expositions sexuelles qui traduisent des comportements à risque et une mauvaise adhésion aux messages d éducation et aux mesures de prévention qui sont proposées par le service de santé des armées. Introduction La surveillance épidémiologique dans les armées est articulée en un ensemble de procédures destiné à mesurer de manière systématique et continue certains indicateurs de la santé et de l environnement susceptibles d avoir un impact sur l état de santé des personnels militaires des armées. L analyse des données recueillies a pour but de conduire à la mise en place d action de santé publique au profit de la collectivité militaire. 1. Objectifs de la surveillance dans les armées La surveillance épidémiologique poursuit quatre objectifs spécifiques : - détecter, dans les délais les plus brefs, la survenue des maladies transmissibles à potentiel épidémique susceptibles de s étendre rapidement au sein de la collectivité ; - mesurer l importance épidémiologique des décès, des affections, des syndromes ou des conséquences d exposition à des facteurs de risques professionnels, en terme de limitation des capacités opérationnelles des forces et pour lesquelles des actions de prévention peuvent être menées ; - identifier les circonstances de survenue et les facteurs de risque de certaines de ces maladies ; - évaluer les actions de prévention entreprises.

2. Modalités et qualité de la surveillance Stratégies et procédures La surveillance épidémiologique dans les armées repose sur une stratégie exhaustive sur les formations et sélective sur les maladies. Elle ne prend en compte qu un nombre limité d affections (dont les maladies à déclaration obligatoire du code de la santé publique) ou d événements qui sont reportés dans une liste, appelée communément «liste des maladies sous surveillance épidémiologique». Cette liste est soumise à une révision périodique selon l évolution de la situation épidémiologique. Les procédures de mise en œuvre sont au nombre de quatre : le système d alerte, le message épidémiologique hebdomadaire, les fiches spécifiques de déclaration, les enquêtes épidémiologiques. Ces procédures sont complémentaires et non exclusives entre elles. Le système d alerte Toute constatation, d une maladie incluse dans le système d alerte ou d'un phénomène inhabituel ou épidémique inopiné, fait l objet d un compte rendu immédiat. Ce message d alerte répond au premier objectif et provoque la mise en œuvre, dans les plus brefs délais, de mesures immédiates vis-à-vis des malades et de leur entourage. Il déclenche obligatoirement la conduite d une enquête individuelle ou collective. Le message épidémiologique hebdomadaire L ensemble des cas observés appartenant à la liste des maladies sous surveillance fait l objet d une déclaration hebdomadaire. L analyse de la distribution de ces cas et le suivi des tendances permet l identification des actions prioritaires à entreprendre et l'évaluation des actions de prévention déjà menées. Les fiches spécifiques de déclaration Elles accompagnent obligatoirement la déclaration de certains cas. Elles intègrent l ensemble des maladies à déclaration obligatoire fixée par le ministère chargé de la Santé. Elles ont pour but de fournir un complément d informations, en particulier sur les circonstances de survenue et les facteurs de risque. L analyse de ces données permet l élaboration ou l adaptation des stratégies de lutte contre ces affections. Les enquêtes épidémiologiques Dans certaines circonstances, (groupement de cas, cas rare, exposition particulière) des enquêtes épidémiologiques complémentaires sont nécessaires pour mieux appréhender l importance et les facteurs de risques individuels, collectifs ou environnementaux de certains phénomènes (appartenant ou non à la liste des maladies sous surveillance épidémiologique). Elles sont soit déclenchées par le système d alerte, soit mise en place de manière ponctuelle pour étudier plus précisément un phénomène particulier ou suivre une population exposée. La population cible

La surveillance épidémiologique dans les armées concerne tout le personnel militaire en activité, quels que soient son statut, son lieu d affectation, en métropole, outre mer, ou en opération extérieure (OPEX), l origine de sa prise en charge, milieu civil ou militaire. Elle ne concerne pas le personnel militaire en retraite, le personnel civil de la défense, et les familles de militaires. La liste des maladies sous surveillance épidémiologique La liste des cas à déclarer comprend des maladies parfaitement identifiées, des pathologies regroupant un ensemble d affections, des événements particuliers tels que des syndromes ou des expositions, et les décès. Dans la liste, il est précisé si la déclaration doit faire l objet d un message d alerte, d une fiche spécifique, d une déclaration à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales, dans le cadre des maladies à déclaration obligatoire (MDO). Au niveau national, cette liste est limitative. Les critères de déclaration propres à chaque cas prennent en compte des critères cliniques et / ou biologiques précis. Ils sont modifiables périodiquement sur proposition du comité de suivi de la surveillance épidémiologique dans les armées. Sa publication et les mises à jour sont précisées par circulaire ministérielle. Pour les maladies infectieuses, les critères de déclaration sont d une part ceux des maladies à déclaration obligatoire du code de la santé publique (MDO) et d autre part ceux spécifiques aux armées, pour les autres maladies suivies. Au niveau régional, et en opération extérieure (OPEX), elle n est pas limitative. Elle peut être complétée par d autres affections dont la surveillance est jugée utile dans le secteur épidémiologique concerné. Dans ce cas, les critères de déclaration sont fixés par les départements d épidémiologie et de santé publique. Les intervenants Le service médical d unité est le pivot de la surveillance épidémiologique dans les armées. Chaque unité ou formation est rattachée à l un des deux départements d épidémiologie et de santé publique (DESP) : l un implanté à Marseille au sein de l institut de médecine tropicale du service de santé des armées et l autre à St Mandé dans l enceinte de l hôpital Bégin. L organisation de la collecte des données et leur exploitation repose sur les DESP dont les limites géographiques sont définies par circulaire ministérielle. Le chef du DESP est responsable de la coordination, de la mise en œuvre et du suivi de la surveillance épidémiologique dans le secteur épidémiologique interarmées dont il a la responsabilité. Il est en outre chargé d'assurer la liaison avec les directions départementales des affaires sanitaires et sociales, les cellules interrégionales d épidémiologie et les centres nationaux de référence. La DCSSA (sous-direction action scientifique et technique (AST), bureau technique (TEC), section épidémiologie), coordonne l ensemble des activités de la surveillance épidémiologique dans les armées et s appuie sur le comité de suivi de la surveillance épidémiologique dans les armées qui a pour mission de donner son avis sur l ensemble des procédures de la surveillance épidémiologique dans les armées et de proposer les évolutions à mettre en place.

Le circuit épidémiologique La circulation des informations épidémiologiques est résumée dans la figure n 1. La rétro-information Périodiquement une rétro-information de la situation épidémiologique hebdomadaire est effectuée par les DESP à l attention des médecins participant à la surveillance épidémiologique et des directeurs et des chefs du service de santé concernés. Une rétro-information de la situation épidémiologique nationale est réalisée par la direction centrale du service de santé des armées à l attention des autorités militaires et civiles concernées et des acteurs de la surveillance épidémiologique dans les armées. Elle comporte la synthèse des données recueillies par l ensemble des secteurs, souligne les points particuliers de l analyse et fait connaître toute information épidémiologique jugée utile. La participation des armées dans la surveillance épidémiologique nationale En sus des informations échangées dans le cadre de cette surveillance épidémiologique, les médecins militaires des unités et des hôpitaux des armées participent à plusieurs réseaux de surveillance nationale : grippe (réseau sentinelle GROG), infections nosocomiales, VIH, paludisme, etc. 3. Résultats de la surveillance épidémiologique dans les armées Données de population La professionnalisation des armées a débuté à partir de 1997. Elle a conduit depuis l année 2000 à une certaine stabilité des effectifs. Le recrutement des personnels militaires en augmentation constante au cours des précédente années, s est stabilisé en fin de loi de programmation, le nouveau format des armées professionnalisées étant atteint. 34 268 militaires ont été recrutés en 2002, mais sur la même période, 29 784 militaires ont quitté la Défense. L âge moyen est actuellement de 32,9 ans chez les hommes et 28,5 ans chez les femmes, avec des variations importantes selon le statut des personnels. Mortalité Le taux de mortalité globale demeure stable depuis 1996, voisin de 1 pour 1000 hommes par an. Tableau 1 - Mortalité toute cause dans les armées de 2001 à 2003 2001 2002 2003 Décès toutes causes 334 355 345 Population cible 347036 339884 354227 Mortalité p 1000 0,96 1,04 0,97 Maladies transmissibles Les maladies transmissibles (tableau 2) ont été regroupées en cinq sous groupes selon leur mode principal de transmission : maladies du péril fécal et à transmission hydrique, maladies (ou exposition)

à transmission sexuelle et/ou sanguine, maladies à transmission par vecteurs, maladies à transmission aérogène, autres maladies transmissibles. On constate en 2003 une augmentation des cas déclarés de paludisme, de leishmaniose et de conduites sexuelles à risque de transmission du VIH. L augmentation de l incidence de la grippe en 2003 est probablement en rapport avec le glissement antigénique du virus grippal responsable de l épidémie survenue au cours du dernier trimestre 2003. Maladies non transmissibles Les pathologies non transmissibles ont été regroupées en deux sous groupes afin d identifier à part les pathologies accidentelles des autres pathologies non transmissibles (tableau n 3). Les conduites auto-agressives et les conduites toxicophiles sont en nette diminution en 2003. Les pathologies accidentelles et en particulier les accidents liés au métier militaire (accident par arme à feu, traumatisme sonore aiguë) ne connaissent pas la même évolution 4. Discussion La période de profonde modification de la structure des effectifs qui a suivi la politique de professionnalisation des armées est maintenant terminée. On note une relative stabilité d un point de vue global des effectifs sur la période 2001-2003. Mais il ne faut pas ignorer pour autant les nombreuses missions hors du territoire national, sources de mouvements de personnels, qui rendent nécessaire l adaptation et l évolution du système de surveillance épidémiologique dans les armées françaises afin de prendre en compte les différents risques auxquels sont soumis les militaires projetés hors du territoire national. Ces changements permanents dans la répartition des personnels au cours de ces dernières années, incite à une analyse prudente des tendances observées et dans tous les cas conduit à éviter de comparer des taux d incidence annuelle (populations différentes, exposition à des risques différents selon le contexte épidémiologique et/ou opérationnel). Concernant l évaluation de la sous déclaration, son appréciation exacte est inconnue. Elle est faible lorsque les personnels n ont pas d autre choix que le recours au service de santé des armées (exemple des personnels en opérations extérieures ou en mer). Elle est sans nul doute bien plus importante actuellement en métropole en raison de la professionnalisation et d un recours plus fréquent aux soins en milieu civil. Par contre, la gravité de certaines maladies et les conséquences médico-administratives qu elles entraînent conduisent à une meilleure déclaration de ces pathologies.

La lutte contre les maladies transmissibles s appuie pour une grande part sur des mesures de prévention individuelle (vaccination, chimioprophylaxie ). Le renforcement de l éducation sanitaire et des messages de prévention à l attention des militaires visent à obtenir un changement de comportement. Dans le cas des maladies non transmissibles, il semble plus difficile de mettre en place des moyens d interventions. La multiplication des opérations extérieures au cours des dernières années et les situations à risque dans lesquelles évoluent les personnels militaires peuvent expliquer ces résultats mitigés. 5. Conclusion Initialement, la surveillance épidémiologique dans les armées a porté principalement sur le suivi des maladies transmissibles. Les changements liés au passage à la professionnalisation, et la diversité géographique des missions extérieures conduisent le service de santé des armées à adapter régulièrement son système de surveillance. L élargissement de la zone d intervention des militaires français amène à développer le champ des évènements à surveiller en intégrant des risques nouveaux (tels les risques industriels et environnementaux) et d autres affections non transmissibles (cancers, pathologie cardiaque, état de stress post-traumatique ). Pour une meilleure réactivité de la surveillance épidémiologique le service de santé des armées étudie la possibilité de s appuyer sur une déclaration en temps réel afin de mieux répondre aux problématiques émergentes, représentées notamment par les risques provoqués ou intentionnels.

Figure 1: Circuit de l information épidémiologique dans les armées françaises M.E.H FICHES S.M.U ALER TE H.I.A ALER TE DESP (2) M.D.O D.D.A.S.S D.S.S D.C.S.S.A Organismes civils Régionaux Déclaration Rétro-information Etats Majors Organismes civils SM U : serv ice m édical d unité HIA : hôpital d instruction des arm ées M EH : message ép idémiologique hebdomadaire M DO : maladie à déclaration hebdomadaire DDASS : direction départementale des affaires san itaires et sociales DESP : Département d ép idémio lo gie et de santé p ubliqu e DCSSA : direction centrale du service d e santé des arm ées DSS : direction du service de santé

Tableau 2 - Nombre de cas de maladies transmissibles 2001-2003 Maladies du péril fécal ou à transmission digestive 2001 2002 2003 n n n botulisme 0 0 0 choléra 0 0 0 polio 0 0 0 brucellose 1 0 0 listériose 0 0 0 fièvre typhoïde 5 0 1 hépatite A 6 1 2 amibiase 16 5 13 shigellose 34 37 13 foyer Tiac 37 11 11 Maladies à transmission ou exposition sexuelle et/ou sanguine IST 100 73 51 infection VIH 13 15 11 sida 2 4 0 hépatite B 15 6 12 hépatite C 4 17 2 Maladies à transmission vectorielle fièvre jaune 0 0 0 fièvre hémor.virale 0 1 0 autres arboviroses 9 1 1 leishmaniose 16 20 40 dengue 215 30 89 paludisme 192 206 768 Maladies transmises par voie aérogène diphtérie 0 0 0 méningite 4 1 5 légionellose 2 2 6 rougeole 51 3 2 varicelle ] 114 87 oreillons 2 1 4 tuberculose 22 8 12 rubéole 131 56 36 grippe 78 167 220 Autres maladies transmissibles tétanos 0 0 0 Creutzfeld-Jacob 0 0 0 leptospirose 9 1 1 suspic. expos. rage 33 19 9 gale 69 49 58 ] Données non recueillies

Tableau 3 - Nombre de cas de maladies non transmissibles 2001-2003 2001 2002 2003 n n n Accidents de plongée 94 51 58 Accidents de montagne ] 114 106 Accidents par arme à feu 320 137 36 Traumatismes sonores 893 728 821 Autres pathologies non transmissibles Acc. cardio-vasculaires 28 43 Cancers et hémopathies 62 86 Hyperthermies malignes 135 102 128 Affect. psychiatriques 195 ] ] Conduites toxicophiles 126 122 164 Eff. adverses des vaccins 123 64 49 Conduites auto-agressives 239 155 171 ] données non recueillies