MP2013 : L'ÉVALUATION



Documents pareils
ACTION ESSENTIELS. Dans la même collection :

LES PRINCIPALES AIDES A LA CREATION ET A LA

Centre national de la danse Mesures en faveur de la formation, de l insertion, des conditions de vie et de la diversité des jeunes créateurs

Bureau D Accueil des Artistes et Professionnels Etrangers (BAAPE)

Appel à projets 5,2. Se déplacer Se nourrir Se loger Le reste

UN PROJET SCIENTIFIQUE ET CULTUREL POUR LA SOCIÉTÉ DE LA CONNAISSANCE

Aix-Marseille-Provence

Participation des habitants et contrats de ville Quels enjeux? Quelle mise en oeuvre?

L emploi lié au tourisme dans le Territoire de Belfort

MARSEILLE-PROVENCE 2013 une année CAPITALE!

Services à la Personne du Pays d Aix

Hôtel de Caumont. Centre d Art - Aix-en-Provence DOSSIER DE MÉCENAT

CHARTE BUDGET PARTICIPATIF

Renforcer la mobilisation du droit commun

Sécurisation de l hébergement et de la maintenance du plateau collaboratif d échange (PCE) du plan Loire III

Marseille. Entre Europe et Méditerranée le futur est à Marseille. Marseille-euroméditerranée

Ministère de la Culture et de la Communication

Emmanuel MACRON, ministre de l Economie, de l Industrie et du Numérique

direction de projets culturels

Compte rendu de la journée technique du mardi 23 septembre organisée par ODIT France à la Maison du Tourisme Paris

Introduction à l enquête 2012 «Organisation fonctionnelle des équipes». ADBU

Séminaire du 17 octobre 2014 «La gestion des milieux aquatiques dans la loi MAPTAM et le SAGE : quels enjeux pour la Baie de Saint Brieuc?

Projet pour la création de nouveaux ateliers d artistes à Marseille, Association ART 13. I Etat des lieux

FONDS UNIQUE INTERMINISTERIEL DE SOUTIEN AUX PROJETS DE RECHERCHE ET DEVELOPPEMENT COLLABORATIFS DES POLES DE COMPETITIVITE

STRUCTURES RESSOURCES. pour les acteurs de la COHÉSION SOCIALE en région PACA

L IMPACT DE LA MUTUALISATION SUR LES RESSOURCES HUMAINES

Master professionnel Communication des organisations Communication publique et politique

Contacts. Calendrier de l appel à projets

Chaire Attractivité et Nouveau Marketing Territorial

Présente. Un «réseau social cartographique» (Ouest France)

Avec près des deux tiers des

LES PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ : FAIRE CONVERGER PERFORMANCE ET DYNAMIQUE TERRITORIALE

Le guide du logement décent de la CAF et de l ADIL des Bouches-du-Rhône POUR LA DÉCENCE DES LOGEMENTS DANS LES BOUCHES-DU-RHÔNE

Le diagnostic Partagé,

L INITIATIVE «FRENCH TECH»

PARTIES COMMUNES RÔLE DU SYNDICAT, DU CONSEIL SYNDICAL ET DU SYNDIC

MASTER 1 MANAGEMENT PUBLIC ENVIRONNEMENTAL CONTENU DES ENSEIGNEMENTS

CAHIER DES CHARGES DE L APPEL A PROJETS REGIONAL «INNOVATION» SESSION PLENIERE DES 19 ET 20 JUIN 2014

Musées et paysages culturels

Projet de Portail des thèses. SYNTHESE DE L ENQUETE DESTINEE AUX DOCTORANTS août 2010

L IDEX DE TOULOUSE EN BREF

Enquête sur les ressources numériques en bibliothèque publique

ASSEMBLÉE DES COMMUNAUTÉS DE FRANCE

DE LA STRATEGIE LEADER. Appel d offres Novembre 2014

la pauvreté 33 ses lutte contre territorial. création.cette n ne doit pas d insertion. 1. UNE Accompagner la Participation travaux sont évidemment

Introduction : histoire et concept de l économie sociale Lucile Manoury

Le nouveau marketing urbain à l heure du numérique

DE MAI À OCTOBRE 2015 EN PICARDIE. Appel à partenaires. DIRCOM RÉGION PICARDIE - Photo : Ludovic Leleu / Région Picardie

La traduction des sites internet touristiques en langues étrangères comme outil de valorisation et de promotion des territoires aquitains

Avril 2013 DIAGNOSTIC NUMERIQUE. Réalisé par l Office de Tourisme Andernos-les-Bains

APPEL A PROJETS «ITINERAIRES DE DECOUVERTE DANS LE VIGNOBLE ALSACIEN»

Introduction Frédéric PETITBON Un contexte difficile Nicolas PERNOT

L EMPLOI INTERMITTENT DANS LE SPECTACLE AU COURS DE L ANNÉE 2013

Appel à projets. Portage et animation des «Forums Citoyens» Contrat de Ville de Narbonne

Plan Local de Développement de l Économie Sociale et Solidaire

Les grands centres ressources nationaux du spectacle vivant

Clément ALBRIEUX (69)

Préparation des contrats de ville. Réunions Chefs de projet Novembre 2014

«ELITE» «UNIVERSITE D AIX MARSEILLE»

Danseur / Danseuse. Les métiers du spectacle vivant

Note de contexte relative aux propositions de modifications du plan de développement Programme Leader Terres Romanes en Pays Catalan

COMMENT OBTENIR DES SUBVENTIONS EUROPEENNES

Agence du patrimoine immatériel de l État

FAQ appel à candidatures LEADER

Création d une plateforme mutualisée de soins associée à une offre touristique

«LA FRANCE EST CAPABLE DE GRANDS ÉVÉNEMENTS. LA FRANCE A BESOIN DE SE PROJETER»

Position de l ASTEE sur l innovation en matière de services d eau et de déchets

Cahier des charges des maisons de santé pluri-professionnelles pouvant bénéficier d un soutien financier

Intervenant : Séverin Poutrel, BURGEAP

TOUR DE FRANCE NOUVEAU DIALOGUE FORUM-DEBAT POITIERS

REFERENTIEL PROFESSIONNEL DES ASSISTANTS DE SERVICE SOCIAL

CONTRAT DE VILLE DE NOUVELLE GENERATION

ANNEXE 1 LA BASE DE DONNEES 1

NOTE DE PRESENTATION DU PROGRAMME STATISTIQUE DE L UEMOA

Showroom 2006 Journées Portes Ouvertes des Ateliers des Artistes Lyonnais DOSSIER DE

17DEPARTEMENT DES VOSGES

Programme national de numérisation. Ministère de la Culture et de la Communication. Appel à projets de numérisation 2010

Conférence de Presse jeudi 19 mars 2015 Salon Mondial du Tourisme

Stratégie locale en faveur du commerce, de l artisanat & des services

Les micro-entrepreneurs, les travailleurs non-salariés, la crise et l assurance

Principaux résultats du questionnaire «Les Villes-Santé : quels enjeux pour les politiques urbaines?»

MAÎTRISE DES ACHATS D INVESTISSEMENTS

LA LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS DANS LES CONTRATS DE VILLE DU LANGUEDOC-ROUSSILLON

Mise en œuvre d'un dispositif de vidéosurveillance nocturne du cœur de ville

Lettre de mission. Services de consultant pour une évaluation à mi-parcours de la Stratégie de l UIP

Investissements d avenir. Action : «Projets agricoles et agroalimentaires d avenir (P3A)»

INNOVATION ET HABITAT PARTICIPATIF :

Dernière mise à jour : 13/05/09 1

Parcours professionnel Médiation Culturelle de l Art

DISPOSITIF RÉGIONAL ET DEPARTEMENTAL EN FAVEUR DES PÉPINIÈRES D ENTREPRISES

Bilan de la concertation sur le PEDT

BREST LILLE LYON NICE ROUEN

BUDGET PARTICIPATIF ET DEMANDES DE SUBSIDES

Rapport d évaluation du master

BULLETIN OFFICIEL DE LA COMMUNE DE BESANÇON

Programme de formation des bénévoles et salariés de l ESS en Corse 2015

LES NOUVEAUX DISPOSITIFS POUR LE SPECTACLE VIVANT. Votés en avril 2015, en vigueur à partir de septembre 2015

Ci-après, la liste des masters proposés par les universités françaises pour se former, en 2 ans après la licence, à l un des métiers de la culture.

Le Conseil Général accompagne le déploiement de la société de l information en Gironde

Transcription:

ROGNONAS CHATEAURENARD BARBENTANE BOULBON NOVES SAINT-PIERRE- DE-MÉZOARGUES GRAVESON CABANNES VERQUIÈRES EYRARGUES SAINT-ANDIOL TARASCON MAILLANE MAS-BLANC- DES-ALPILLES SAINT-ÉTIENNE-DU-GRES SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE EYGALIÈRES LES BAUX-DE-PROVENCE FONTVIEILLE PARADOU MAUSSANE- LES-ALPILLES LA ROQUE-D'ANTHERON SAINT-ESTÈVE-JANSON PERTUIS SAINT-PAUL-LÈS-DURANCE MOURIÈS AUREILLE JOUQUES ROGNES LAMBESC LE PUY-SAINTE-RÉPARADE PEYROLLES-EN-PROVENCE SAINT-MARTIN-DE-CRAU MEYRARGUES SAINT-CANNAT VENELLES ÉGUILLES SAINT-MARC- JAUMEGARDE MIRAMAS VAUVENARGUES COUDOUX BEAURECUEIL PUYLOUBIER VENTABREN LE THOLONET SAINT-ANTONIN-SUR-BAYON MEYREUIL CHATEAUNEUF-LE-ROUGE ROUSSET FUVEAU SAINT-MITRE- LES-REMPARTS VITROLLES CABRIÈS BOUC-BEL-AIR PEYNIER TRETS MIMET BELCODÈNE PORT-DE-BOUC SAINT-VICTORET SIMIANE-COLLONGUE SAINT-SAVOURNIN MARIGNANE LES PENNES-MIRABEAU CADOLIVE LA BOUILLADISSE PORT-SAINT-LOUIS- DU-RHÔNE GIGNAC-LA-NERTHE SEPTÈMES-LES-VALLONS PEYPIN CHATEAUNEUF-LES-MARTIGUES PLAN-DE-CUQUES LA DESTROUSSE SAINT-ZACHARIE LE ROVE AURIOL CARRY-LE-ROUET SAUSSET-LES-PINS ENSUÈS-LA-REDONNE ALLAUCH ROQUEVAIRE GÉMENOS LA PENNE- SUR-HUVEAUNE CARNOUX- EN-PROVENCE CUGES-LES-PINS ROQUEFORT-LA-BÉDOULE CASSIS CEYRESTE LA CIOTAT MP2013 : L'ÉVALUATION Association MARSEILLE-PROVENCE 2013 / EURÉVAL / CCI MARSEILLE PROVENCE / BOUCHES-DU-RHÔNE TOURISME

PRÉFACE 2 MARSEILLE-PROVENCE 2013 PRÉFACE 3 Marseille-Provence 2013 : retour sur un événement capital Avant-propos de Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce et d industrie, président de l association Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture. Vous avez entre les mains un document en apparence austère qui est, en fait, le récit vivant d une véritable saga : celle qui depuis 10 ans, a amené le territoire des Bouches-du-Rhône à se mobiliser, à s organiser et à produire un événement culturel inédit. Un événement culturel fort et original, avec en toile de fond, l ambition de révéler un nouveau visage pour Marseille et son aire métropolitaine. D emblée cette construction s est faite dans la plus grande transparence, et les doutes, les polémiques ont fait partie intégrante d un processus où des divergences sur la méthode ont parfois occulté une très profonde unité d action. Le Conseil d administration et moi-même avons souhaité, dès l origine, qu une évaluation indépendante soit conduite et avons organisé un Comité d évaluation au sein de l association qui a créé très vite un groupe d experts de l évaluation émanant des collectivités territoriales partenaires et de la société civile. Un cabinet d évaluation a été choisi ensuite par appel d offres. C est le produit de cette évaluation sans complaisance et sans langue de bois qui est maintenant publié. C est bien la force de ce projet d être, à l heure des bilans, en mesure d avoir un regard critique et constructif sur l élan formidable qu a représenté l année 2013. Il permettra, je l espère, d éclairer l avenir et de nourrir à son tour d autres analyses, de chercheurs et d analystes des politiques publiques. Aussi, avons nous joint au rapport proprement dit des annexes factuelles citées dans le corps du texte mais que nous pensons utile de publier in extenso, notamment sur les chantiers culturels emblématiques, sur l impact économique de l événement, sur les données de fréquentation touristique. Que l abondance de chiffres ne nous éloigne pas pourtant de l essentiel. Il convient en effet de se rappeler de ce que, en déposant à l Union européenne notre dossier de candidature en 2007, coordonné par Bernard Latarjet, nous souhaitions notamment réaliser : un grand projet européen de dialogue interculturel et de mobilité pour les artistes. Le projet reposait en effet sur un véritable pari de géopolitique culturelle européenne, tourné vers ce que nous appelions «le partage des midis» un grand projet de territoire, passant notamment par la réalisation de grands chantiers d établissements culturels, un grand projet qui conjugue développement économique et développement culturel, soucieux de hisser Marseille parmi les 20 premières métropoles d Europe. Au-delà des données chiffrées qui figurent dans ce rapport et qui mesurent bien la véritable adhésion populaire et l attractivité spectaculaire de notre territoire, au delà des indicateurs de satisfaction, ce sont bien ces grands chantiers d avenir qui requièrent, plus que jamais, notre mobilisation. REMERCIEMENTs Ce travail d évaluation doit beaucoup à l ensemble des membres du Comité d évaluation, dont le rapporteur est Florian Salazar-Martin, adjoint au maire de Martigues. Il s est appuyé sur l expertise des membres du groupe «Ressources» : Magali Bencivenga, Jean-Pierre Perrin, Maud Favre, Aude Eisinger, Fabienne Evans, Thierry Delafontaine, Anne Peron. Au sein de l association, la démarche lancée par Isabelle Coustet a été menée à bien par Bertrand Collette et Jean-François Chougnet. Enfin qu il soit permis de remercier le cabinet Euréval, coordonné par Virginie Besrest et Thomas Delahais. Jacques Pfister

SOMMAIRE 4 MARSEILLE-PROVENCE 2013 SOMMAIRE 5 Évaluation des impacts de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture Juillet 2014 / Eureval Introduction 10 Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la culture 11 Rappel des objectifs de l évaluation 12 Méthode mise en place 13 Approche de la question de causalité 13 Principales limites Q1 : Dans quelle mesure la Capitale Européenne de la Culture Marseille-Provence 2013 a-t-elle induit un changement dans la pratique des acteurs culturels du territoire? 18 Tous les acteurs culturels, en particulier locaux, ont-ils eu accès à Marseille-Provence 2013? 26 Les acteurs culturels locaux ont-ils amélioré leurs pratiques professionnelles grâce à la Capitale Européenne de la Culture Marseille-Provence 2013? 34 Les opérateurs culturels ont-ils réussi à attirer un public plus nombreux et plus diversifié grâce à Marseille-Provence 2013? 44 Les pratiques des acteurs culturels locaux sont-elles modifiées durablement? 48 Conclusion : quels impacts sur la pratique des acteurs culturels? Analyse des retombées économiques de la Capitale Impact économique Marseille-Provence 2013 Capitale Européenne de la Culture CCI Marseille Provence / Bouches-du-Rhône Tourisme 104 Contexte 104 Synthèse 105 Impact direct 105 Fréquentation touristique MP2013 105 Impact touristique MP2013 106 Enquête sur la clientèle touristique en 2013 116 Investissements MP2013 119 Annexes méthodologiques Annexes 128 Fréquentation des évènements de Marseille-Provence 2013 129 Chantiers culturels emblématiques Q2 : Dans quelle mesure la Capitale Européenne de la Culture Marseille-Provence 2013 a-t-elle influencé l attractivité et l image du territoire? 54 Les acteurs du territoire se sont-ils suffisamment investis dans la Capitale Européenne de la Culture Marseille-Provence 2013? 62 Les touristes sont-ils venus plus nombreux sur le territoire à l occasion de la Capitale Européenne de la Culture Marseille-Provence 2013? 69 Les habitants et les entreprises ont-ils bénéficié d un meilleur cadre de vie grâce à la Capitale Européenne de la Culture Marseille-Provence 2013? 78 Les acteurs du territoire ont-ils bénéficié des retombées économiques des commandes et de la fréquentation de la capitale? 83 Des talents créatifs et artistiques ont-ils été attirés durablement sur le territoire? 85 Les habitants et les visiteurs ont-ils acquis une meilleure image du territoire? 90 Conclusion : l attractivité du territoire a-t-elle été durablement renforcée? Conclusion synthèse 92 Réponses aux questions évaluatives 100 Et demain?

le territoire 6 MARSEILLE-PROVENCE 2013 le territoire 7 ROGNONAS BOULBON BARBENTANE CHATEAURENARD NOVES SAINT-PIERRE- DE-MÉZOARGUES GRAVESON EYRARGUES VERQUIÈRES CABANNES TARASCON MAILLANE SAINT-ANDIOL MAS-BLANC- DES-ALPILLES SAINT-ÉTIENNE-DU-GRES SAINT-RÉMY-DE-PROVENCE EYGALIÈRES LES BAUX-DE-PROVENCE FONTVIEILLE PARADOU MAUSSANE- LES-ALPILLES LA ROQUE-D'ANTHERON SAINT-ESTÈVE-JANSON PERTUIS SAINT-PAUL-LÈS-DURANCE MOURIÈS AUREILLE JOUQUES ROGNES LAMBESC LE PUY-SAINTE-RÉPARADE PEYROLLES-EN-PROVENCE SAINT-MARTIN-DE-CRAU MEYRARGUES SAINT-CANNAT MIRAMAS ÉGUILLES VENELLES SAINT-MARC- JAUMEGARDE VAUVENARGUES COUDOUX VENTABREN LE THOLONET BEAURECUEIL PUYLOUBIER SAINT-ANTONIN-SUR-BAYON MEYREUIL CHATEAUNEUF-LE-ROUGE ROUSSET FUVEAU SAINT-MITRE- LES-REMPARTS VITROLLES CABRIÈS BOUC-BEL-AIR PEYNIER TRETS MIMET BELCODÈNE PORT-DE-BOUC SAINT-VICTORET SIMIANE-COLLONGUE SAINT-SAVOURNIN PORT-SAINT-LOUIS- DU-RHÔNE MARIGNANE GIGNAC-LA-NERTHE CHATEAUNEUF-LES-MARTIGUES LES PENNES-MIRABEAU SEPTÈMES-LES-VALLONS PLAN-DE-CUQUES CADOLIVE LA BOUILLADISSE PEYPIN LA DESTROUSSE SAINT-ZACHARIE LE ROVE AURIOL CARRY-LE-ROUET SAUSSET-LES-PINS ENSUÈS-LA-REDONNE ALLAUCH ROQUEVAIRE GÉMENOS LA PENNE- SUR-HUVEAUNE CARNOUX- EN-PROVENCE ROQUEFORT-LA-BÉDOULE CUGES-LES-PINS CASSIS CEYRESTE LA CIOTAT Le territoire de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture.

8 MARSEILLE-PROVENCE 2013 9 Évaluation des impacts de Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture Juillet 2014 / Eureval

10 MARSEILLE-PROVENCE 2013 11 Introduction Marseille-Provence 2013, Capitale européenne de la culture Rappel des objectifs de l évaluation Le titre de Capitale européenne de la culture Ce titre a été créé en 1985 par les États membres de l Union européenne, puis repris par l Union européenne en 1999. À ce jour, il a été accordé à plus de 40 villes sur la base d un programme annuel d évènements culturels dont l objectif est de «mettre en valeur la richesse, la diversité et les traits caractéristiques communs des cultures européennes et contribuer à améliorer la compréhension mutuelle entre citoyens européens» 1. À cet objectif général se sont progressivement ajoutés d autres objectifs qui varient selon le contexte et les aspirations des villes titulaires du titre comme le «développement des activités culturelles», la «promotion de la dimension européenne de la culture et par la culture» et le «développement économique et social par la culture». La procédure de sélection, qui a été renforcée en 2006 pour les capitales à partir de l année 2013, prévoit trois phases, l avis d un panel européen d experts, une recommandation de la Commission européenne et l attribution du titre par le Conseil des ministres de l Union européenne. Cette phase de préparation et sélection commence 6 ans avant l évènement. Marseille Provence a été désignée Capitale européenne de la culture pour l année 2013, en même temps que Košice en Slovaquie, en septembre 2008 par le panel d experts, puis formellement en mai 2009 par le Conseil. Marseille-Provence 2013 (MP2013) a présenté un projet euroméditerranéen à mener sur un territoire très vaste correspondant «à la fois à la réalité de la mobilité et des pratiques des publics et à la complémentarité des offres culturelles» 2. Les objectifs de Marseille -Provence 2013 Les objectifs spécifiques de MP2013 Capitale européenne de la culture étaient les suivants : 1. Soutenir la création et la diffusion d œuvres ambitieuses en travaillant avec des artistes issus des pays de la Méditerranée et d Europe. 2. Valoriser le potentiel culturel et artistique du territoire de la capitale et contribuer à accroître à long terme le rayonnement international. 3. Innover en matière d intégration de la culture dans l espace public et de relations entre culture et société. 4. Impliquer les citoyen(ne)s du territoire Marseille-Provence 2013, à travers une approche participative et par un accès favorisé aux évènements. 5. Créer avec le projet Marseille-Provence 2013 un évènement exemplaire en matière de gouvernance collective. 6. Augmenter significativement la fréquentation touristique du territoire impliqué en 2013 et contribuer à pérenniser cette augmentation. 7. Donner du territoire de la capitale une image internationale, créative et accueillante. 1 Article 151 TUE et décision du Parlement européen et du Conseil de l UE du 25 mai 1999. 2 Voir dossier complet de candidature disponible sur le site de l association Marseille-Provence 2013 : http://www.mp2013.fr/pro/espace-pro/espace-presse/ dossier-de-candidature-et-resume/ La présente évaluation Marseille-Provence 2013 s est engagée dans son dossier de candidature à favoriser une approche d évaluation des impacts répondant aux orientations des Institutions européennes. Ces orientations ont été identifiées dans le rapport Palmer (2004) 3 et récemment développées dans le cadre des échanges d expériences entre les capitales européennes de la culture 4. Conformément à ces recommandations, Marseille-Provence 2013 a engagé avec ses partenaires une démarche d évaluation validée par son conseil d administration : un groupe de travail a été mis en place le 31 mai 2010, remplacé par un comité d évaluation le 23 novembre 2011, composé de représentants des partenaires financiers, de parties prenantes et d experts. Le comité d évaluation a défini, lors de sa réunion du 23 février 2012, les questions indiquées ci-après, qui ont été validées par le Conseil d administration de Marseille-Provence 2013 lors de sa réunion du 19 mars 2012 : Deux questions d évaluation : «Dans quelle mesure la capitale européenne de la culture (CEC) MP2013 a-t-elle induit un changement dans la pratique des acteurs culturels du territoire?» «Dans quelle mesure la CEC MP2013 a-t-elle influencé l attractivité et l image du territoire?» Et une question méthodologique : «Comment évaluer les impacts sociaux de la CEC MP2013, notamment concernant l accès à la culture et la participation?» Le rôle de la présente évaluation est donc d évaluer la valeur ajoutée du projet de Capitale européenne de la Culture et de capturer les impacts globaux et transversaux induits par un tel projet culturel collectif. Les autres travaux D autres travaux d étude et d évaluation ont été menés en parallèle, portant sur d autres aspects ou attendus de la Capitale. Peuvent notamment être cités : L évaluation des capitales commanditée chaque année par la Commission européenne, qui rend compte de l atteinte des objectifs fixés et s appuie notamment sur les rapports d évaluation parfois commandités par les capitales elles-mêmes ; L étude «Marseille-Provence 2013 : leçons d une expérience», Rapport rédigé par des élèves administrateurs de l INET ; L étude «Publics et pratiques culturelles», coordonnée par Sylvia Girel, Maitre de conférences-hdr/chercheuse associée au Laboratoire méditerranéen de Sociologie (LAMES)/Aix Marseille uni-versité ; L étude «Marseille-Provence 2013 : analyse des grands évènements en espace public» de l AGAM (Agence d urbanisme de l agglomération marseillaise). Tous ces travaux seront accessibles sur le site internet MP2013 dès leur parution. 3 Le Rapport Palmer est une étude commandée par la Commission Européenne portant sur les villes ayant été Capitales européennes de la culture entre 1995 et 2004. Il est disponible à l adresse suivante : http://ec.europa.eu/culture/tools/actions/documents/ecoc/ cap-part1_en.pdf 4 Le rapport du groupe de travail européen est accessible sur : http://ecocpolicygroup.wordpress.com/members/

12 MARSEILLE-PROVENCE 2013 13 Méthode mise en place Dans le cadre d une procédure de marché public 5, le Cabinet Euréval, spécialiste de l évaluation de politiques publiques, a été retenu pour mener la présente évaluation. Il s est adjoint l expertise de James Rampton, consultant réalisant les évaluations de capitales européennes de la culture depuis 2009 pour la Commission européenne, et de la société Occurrence, cabinet d études et conseil en communication. Cette évaluation a démarré en décembre 2012 et s est achevée en juillet 2014. La phase de cadrage a permis d opérationnaliser les deux premières questions évaluatives en 11 sous-questions, qui forment le plan du présent rapport. Pour chacune de ces questions, un certain nombre de critères de jugement («pour que la CEC soit un succès, il faudrait que») ont été formulés, et ont guidé la collecte et l analyse réalisées. La troisième question, plus méthodologique, a fait l objet d un rapport séparé, délivré, pour sa version finale, en octobre 2013. La collecte de données a été réalisée en deux phases : Une première phase («amont»), allant de fin 2012 à juin 2013, visait d une part à répondre à la question des impacts sociaux, et d autre part à dresser un état de la Capitale avant son déroulement proprement dit : opinions et attentes des acteurs, premiers résultats nés de la préparation de la Capitale, identification des hypothèses à tester en fin d année. Cette phase a donné lieu à l élaboration d un rapport intermédiaire, disponible dans les annexes techniques ; La seconde phase («aval»), allant de décembre 2013 à juin 2014, visait à faire le bilan de l année, à partir des données collectées et de l abondante documentation disponible, et en comparaison des résultats de la première phase. Les outils suivants ont été mobilisés par l équipe au cours de cette évaluation. Au-delà de l analyse documentaire, ils ont permis d obtenir le point de vue de plus de 1 500 acteurs : L analyse de plus de 150 documents : articles de presse, rapports, études, recherches, etc. ; Une note d expertise rédigée par James Rampton, et portant sur les impacts potentiels des capitales européennes ; Deux ateliers avec les acteurs du territoire sur la thématique des impacts sociaux (14 personnes) ; Deux séries d entretiens individuels avec les acteurs culturels, institutionnels, économiques et sociaux du territoire, l une en amont, l autre en aval de l année (53 personnes) ; Deux observations in situ, réalisées lors de la cérémonie d ouverture, et à l ouverture du MuCEM ; Deux enquêtes électroniques auprès des dirigeants de TPE/PME (530 répondants en 1 re phase, 263 en 2 e phase) ; Deux focus groups avec des responsables de grandes entreprises, l un en amont, l autre en aval de l année (10 personnes) ; Une enquête électronique auprès des porteurs de projet cofinancés (75 porteurs ont répondu pour 100 projets) et labellisés (59 opérateurs pour 80 projets), réalisée en aval 6 ; Une enquête électronique auprès de 506 résidents de Marseille et des Bouches-du- Rhône, réalisée en janvier 2014 ; Une analyse des retombées média, réalisée par Occurrence, portant sur un échantillon de 403 retombées de presse parues entre janvier 2012 et janvier 2014. 5 Le présent marché a fait l objet d une publicité sur le profil acheteur de Marseille Provence 2013 et sur les sites www.marchesonline.com et www.achatpublic.com 6 L enquête a été envoyée à 180 structures pour 320 projets cofinancés (adresse électronique disponible, hors projets produits par MP2013 et Ateliers de l Euroméditerranée). 75 de ces structures ont répondu au moins partiellement pour 100 de leurs projets, soit un taux de réponse de 41% des structures et 31% des projets. Du côté des labellisés, l enquête a été transmise à 485 contacts pour 382 projets (adresse électronique disponible) et 373 structures. 59 structures ont répondu au moins partiellement pour 80 de leurs projets, soit 15% des structures et 21% des projets. Approche de la question de causalité L évaluation vise à estimer le rôle de la capitale européenne de la culture dans les pratiques des acteurs culturels du territoire, sa gouvernance, son image, son attractivité. Autant de changements de fond, «systémiques», pour lesquels la CEC ne peut être qu un facteur parmi d autres. En conséquence, notre approche a été la suivante : Nous avons d abord élaboré pour chacune des deux questions évaluatives une théorie du changement, c est-à-dire un modèle montrant, étape par étape, de quelle façon la CEC était susceptible de contribuer aux changements attendus. Nous avons ensuite visé à collecter des informations à chacune de ces étapes (ces théories du changement sont disponibles dans le corps du rapport) ; Nous avons également explicité quels étaient les mécanismes principaux par lesquels Marseille-Provence 2013 était susceptible d obtenir des effets. Ces mécanismes ont été systématiquement étudiés pour vérifier les effets de la CEC (voir encadré p.14) ; Enfin, nous avons rédigé le présent rapport en distinguant systématiquement le changement («Que s est-il passé? Le changement observé est-il conforme à ce qui était attendu?») et les facteurs expliquant ce changement («En quoi la CEC a-t-elle contribué à ces changements? Quels sont les autres facteurs décisifs?»). Principales limites Les principales limites suivantes peuvent être évoquées : L évaluation, bien que démarrée en amont de l année proprement dite, n a pas été intégrée au projet dès le démarrage ; en conséquence, nous n avons pas pu exploiter totalement les données de MP2013, et nous nous appuyons ici sur les exploitations réalisées par l association ainsi que, dans une moindre mesure, par les étudiants de l INET ; Les acteurs interrogés, de même que les documents consultés, parlent plus souvent de Marseille que du reste du territoire. En conséquence, l analyse croisée s appuie sur un nombre d informations moindre pour les autres villes concernées ; La collecte de données s est confrontée, en 2014, à une certaine lassitude des acteurs, très sollicités en 2013, ce qui s est traduit par des taux de réponse en baisse. C est particulièrement visible pour l enquête auprès des entreprises, réalisée dans les mêmes conditions à un an d intervalle ; c est également le cas pour l enquête auprès des porteurs de projet réalisée en 2014.

14 MARSEILLE-PROVENCE 2013 15 les mécanismes d impact L impact de la CEC passe essentiellement : soit par l intervention directe de l association MP2013, ou des financeurs de l association via cette dernière, dans les différents domaines d intervention de la structure : organisation de l année, construction du programme, projets portés en propre, mais également mise en relation entre acteurs, arbitrages financiers, etc. soit par des projets financés ou labellisés par MP2013. Dans ce cas, la contribution de la CEC est potentiellement la plus élevée lorsque le projet a été rendu possible par MP2013 (et n aurait pas eu lieu autrement) ; plus réduite si le projet a été financé par MP2013, mais aurait pu exister tel quel par ailleurs ; et la plus faible lorsqu il existait déjà et a été labellisé (donc non financé) tel quel par MP2013 pour l année 2013 uniquement ; soit par les modalités de projet favorisées par MP2013. C est particulier vrai pour tout ce qui concerne l accès aux projets (tenue d évènements sur l espace public), l implication d habitants dans des projets, la communication supplémentaire dont bénéficient les projets, etc. La contribution est la plus forte lorsque les porteurs de projet n avaient pas déjà cette approche précédemment ; soit par la dynamique enclenchée par MP2013 auprès des parties prenantes ou des relais de l action culturelle, sociale, économique. Le terme «dynamique» désigne ici à la fois le mouvement dans lequel toutes les parties prenantes s impliquent plus fortement dans les activités culturelles et leurs conséquences, et le moment d opportunité dans lequel les activités ont une plus forte visibilité, les publics sont plus enclins à sortir de leurs pratiques culturelles habituelles, etc. Dans ce cas, la contribution est potentiellement la plus élevée lorsque les comportements des parties prenantes sont exceptionnels au regard de leurs comportements habituels (par exemple : présence massive dans les rues des villes pour la journée d ouverture, ou capacité des publics à se rendre dans des lieux qu ils ne fréquentent pas d habitude pour un évènement itinérant). enfin, dernier mécanisme possible, celui des équipements culturels et des infrastructures accompagnant MP2013, et leurs effets sur les pratiques culturelles, mais aussi les comportements en général et sur l évolution des territoires où ils s inscrivent. Aucun équipement ne faisant à proprement parler du programme de MP2013 (à l exception de l utilisation du hangar J1), la contribution de MP2013 est potentiellement la plus importante lorsque la capitale européenne de la culture a catalysé ou accéléré la réalisation de projets généralement déjà avancés, au moins au stade de la conception. Q1 : dans quelle mesure la Capitale européenne de la culture MP2013 a-t-elle induit un changement dans la pratique des acteurs culturels du territoire? Dans cette partie, nous répondons aux 4 questions suivantes : Tous les acteurs culturels, en particulier locaux, ont-ils eu accès à MP2013? Les acteurs culturels locaux ont-ils amélioré leurs pratiques professionnelles grâce à la CEC MP2013? Les opérateurs culturels ont-ils réussi à attirer un public plus nombreux et plus diversifié grâce à MP2013? Les pratiques des acteurs culturels locaux sont-elles modifiées durablement? Nous définissons ici les acteurs culturels comme l ensemble des individus ou organisations dont une partie au moins de l activité consiste dans le financement, la conception et la mise en œuvre de l action, de l animation et de la médiation culturelles, que ces actions soient directement engagées en direction du public (spectacle vivant, exposition, cinéma, etc.), ou non (résidences d artiste, échanges, séminaires). Les opérateurs culturels sont les structures réalisant des projets ou des missions à caractère culturel, et qui sont financées à ce titre par une autre structure, une collectivité par exemple. La logique d intervention de la page suivante a été construite avec le groupe ressources de l évaluation. Elle présente de façon synthétique la façon dont la CEC est susceptible d obtenir des effets en termes de changement de pratique des acteurs culturels, avant, pendant et après l année.

16 MARSEILLE-PROVENCE 2013 17 2006 2008 2011 2013 2014... 01 Les acteurs du territoire s impliquent dans la candidature et obtiennent la CEC. 02 Les acteurs institutionnels locaux sont motivés par la CEC... En partagent les objectifs... Créent des structures de gouvernance. 03 Les acteurs institutionnels du territoire, les grandes entreprises, investissent financièrement dans la CEC, mais aussi indépendamment dans les infrastructures culturelles ainsi que dans des projets 04 L association MP2013 lance un appel à projets... Engage une dynamique. 09 L association MP2013 finance les projets retenus. 10 Les opérateurs culturels retenus acquièrent des connaissances et des compétences nouvelles dans la préparation de leur projet... apprennent à travailler avec des partenaires non culturels... Et en particulier avec les habitants... - Les opérateurs culturels présentent des projets sur tout le territoire, et sur tous les champs culturels. 12 Les opérateurs culturels disposent de lieux nouveaux ou rénovés et d infrastructures adaptées pour leur activité. 11 Les opérateurs culturels peuvent se maintenir sur le territoire... utilisent Les opérateurs culturels présentent les compétences acquises pour de leur projet au public... prennent en nouveaux projets... poursuivent les compte leurs attentes et réussissent partenariats engagés, y compris à l attirer... y compris dans des lieux euroméditerranéen... Leurs projets originaux... créent avec le public ont les caractéristiques de ceux résident une relation durable. de MP2013 : innovation, usage de - l espace public, participation des Les projets attirent des publics habitants, audience internationale. nouveaux, extérieurs ou éloignés des activités culturelles institutionnelles. 13 Les acteurs institutionnels développent une gouvernance adaptée pour un «espace culturel commun»... Se dotent d une stratégie culturelle partagée... développent des processus adaptés pour soutenir la création culturelle... Maintiennent leur engagement financier (y compris les grandes entreprises). 14 05 08 Les opérateurs culturels (y compris nouveaux, alternatifs) proposent des projets... en partenariat (y compris avec des nouveaux venus)... Potentiellement innovants... intégrant le thème euroméditerranéen... 06 Les opérateurs culturels non retenus tirent de leur participation des compétences nouvelles... des partenariats nouveaux... des idées nouvelles... Un projet bien avancé à faire financer... Les opérateurs culturels non retenus trouvent d autres moyens de mener à bien leur projet ou une partie de celui-ci. 07 D autres opérateurs du territoire développent une activité culturelle supplémentaire, non financée par MP2013, en réaction à MP2013. Figure 1 : Logique d intervention présentant la façon dont la CEC est susceptible d avoir des effets sur les acteurs culturels

18 MARSEILLE-PROVENCE 2013 19 Tous les acteurs culturels, en particulier locaux, ont-ils eu accès à MP2013? La participation des acteurs culturels locaux à Marseille-Provence 2013 varie selon les phases, de la candidature puis l appel à projets, jusqu à l année proprement dite. Après avoir présenté les principales caractéristiques des acteurs culturels du territoire, cette section passe en revue ces différentes étapes, puis fait le bilan des acteurs culturels ayant effectivement participé à la CEC. Ce qui s est passé Acteurs culturels du territoire Les acteurs culturels sont nombreux sur le territoire de Marseille-Provence 2013. Selon l Agence des arts du spectacle de Provence-Alpes-Côte d Azur (ARCADE), il y avait en 2012 un peu plus de 2 300 opérateurs installés dans le périmètre de la capitale et soutenus par des crédits de fonctionnement par 24 communes de plus de 10 000 habitants, 7 EPCI, le Département, la Région et l État 7. C est un nombre stable ou en augmentation 8, qui recouvre probablement la plus grande partie des structures semi-professionnelles ou professionnelles du territoire, mais pas les acteurs amateurs financés ou non par les petites communes, ni les acteurs éventuellement financés uniquement sur fonds privés. La très grande majorité de ces structures est de petite taille. Si les crédits publics peuvent être un indice de cela, il est possible de noter que 80 % touchent moins de 10 000 (ce qui est insuffisant pour, par exemple, financer un salarié à temps plein), et un peu moins de 3 % (65) plus de 1 million d euros. Les plus grands équipements sont concentrés dans les villes centres des EPCI du territoire, et dans ces villes, dans les hyper-centres, comme c est le cas à Marseille : La culture, plus que tout autre secteur d activité, se nourrit de centralité, et il n est donc pas étonnant de retrouver les principaux équipements culturels à l intérieur de l hypercentre [ ] Toutefois, de manière plus inattendue, on voit que d autres arrondissements situés au nord de l hypercentre, notamment le 3 e, très populaire, disposent aussi de nombreux équipements [ ] Les quartiers Sud, bourgeois et résidentiels, restent bien lotis [ ]. À l inverse, les arrondissements périphériques [de l est de Marseille] sont très mal équipés. [ ] Enfin, les fameux quartiers nord [ ], dont on parle beaucoup et souvent en mal, s en tirent mieux que prévu 9. Le territoire dispose également depuis longtemps de nombreux équipements et manifestations à dimension régionale, nationale ou internationale, auxquels viennent s ajouter ceux développés dans le cadre de l année. Ces équipements doivent à la politique d équipement de l État (centres chorégraphiques nationaux, scènes nationales), à l engagement dans la durée d opérateurs privés (Actes Sud à Arles, par exemple) et à l activisme des communes, premier financeur de la culture sur le territoire, et premier opérateur en gestion directe également. En termes sectoriels, le spectacle vivant (et surtout la musique) est sur le territoire de Marseille-Provence 2013 le premier bénéficiaire des financements publics de fonctionnement (142 M sur 377 M, soit 38 % des fonds) ; suivent les projets pluridisciplinaires, le livre, le patrimoine muséographique (entre 10 % et 13 %), puis les arts plastiques et visuels et le patrimoine et l architecture (environ 5 %). 7 Financements publics de la culture, édition 2012, Monographie de territoires : Territoire Marseille-Provence 2013, p.11. 8 Une étude similaire de l Arcade réalisée en 2008 avait identifié 2 101 structures dans les Bouches-du-Rhône (Financements publics de la culture en PACA, 2008, p.12). Nous ne savons pas si l évolution est liée à la plus grande précision de l enquête, à la plus grande proportion de structures accédant au financement public, ou à une évolution du nombre de structures en général. 9 Source : «Marseille-Provence 2013, analyse multiscalaire d une Capitale européenne de la culture», Boris Grésillon, Géoconfluences, 4 novembre 2013. Ainsi, en septembre 2005, la Ville de Marseille passe commande à un cabinet-conseil d ingénierie culturelle d une étude auprès d une centaine d acteurs culturels portant sur les thèmes possibles de la CEC. C était aussi, pour la Ville, un moyen d effectuer un premier contact et de les sensibiliser. Les acteurs institutionnels ont ensuite organisé, en 2007-2008, des commissions thématiques réunissant des opérateurs culturels pour mener la réflexion autour du projet de capitale européenne de la culture. Les acteurs culturels ont également été mobilisés en appui du projet, en particulier pour présenter la candidature à Bruxelles et pour accueillir la délégation de la Commission européenne sur le territoire. Ainsi, le Directeur du Festival international d Art lyrique d Aix a fortement appuyé la candidature auprès de ses contacts à Bruxelles 10. Lieux Publics a fait appel à son réseau «in situ» pour mobiliser le directeur de Metropolis à Copenhague en soutien à la candidature. En 2008, enfin, le jury a rencontré tous les acteurs du territoire engagés dans le projet, à la Friche Belle de Mai et à la Cité des Arts de la Rue, et a pu constater le travail déjà lancé par une dizaine d acteurs (voir les ateliers du projet «FRONTIÈRES dedans/dehors» de Lieux fictifs 11 à la Prison des Baumettes). Cette visite a été considérée comme déterminante dans le choix de Marseille comme CEC. Sélection des projets L association Marseille-Provence 2013, créée en décembre 2006, commence le processus de sélection des projets en suivant trois processus parallèles : un travail en direct avec des opérateurs culturels, démarré dès 2009, avec parfois même un soutien financier de projets très en amont, et qui se poursuit jusqu en 2012, par exemple avec le lancement des Quartiers créatifs ; un appel à projets ouvert en 2010 ; la production et le portage de projets par l association MP2013, par exemple les Ateliers de l Euroméditerranée. C est un choix propre à MP2013, chaque CEC ayant développé ses propres modalités, comprenant ou non un appel à projets. Dans tous les cas, c est bien cette dernière modalité qui mobilise le plus, avec environ 2 500 candidatures. La plupart des projets étaient présentés par des opérateurs du territoire, en collaboration dans certains cas avec des opérateurs ou des artistes venus d ailleurs, et notamment du pourtour méditerranéen (voir plus bas). Les structures les plus importantes (collectivités, principaux opérateurs culturels) ont souvent présenté plusieurs projets : ainsi, dans notre enquête auprès des porteurs de projets, la moitié des structures avait présenté plusieurs projets, et 20 % plus de trois projets 12. Cette participation massive a provoqué un fort embouteillage. Près d un an après l ouverture de l appel à projets, 500 courriers de refus ont été envoyés, et 400 projets environ sélectionnés 13. Certaines structures candidates seront recontactées pour être labellisées ou participer à des projets plus larges, tels que Cirque en capitales. D autres n ont jamais reçu de réponse formelle. Fin 2011 est un moment de flottement pour le projet, et des opérateurs font part de leur amertume sur le mode de fonctionnement de MP2013 14. Des collectifs et des figures locales protestent aussi contre l évènement. Ils protestent en particulier contre «l omniprésence d une culture jugée élitiste» ou «[dénoncent] la culture comme un outil d aménagement du territoire mis au service du monde économique 15.» En 2012, l association contacte les porteurs d un certain nombre de projets qu elle avait catégorisés comme labellisables, et leur propose le label «Marseille-Provence 2013», sans apport financier. Beaucoup acceptent, une minorité refuse, selon l association. 10 Bernard Foccroule avait été chargé par Bruxelles, en 1996, de la préparation d un avant-projet pour la CEC BXL 2000. Source: Archives de l a.s.b.l. Bruxelles 2000, http://www.bruxelles.be/artdet.cfm/4475 11 http://www.lieuxfictifs.org/presentation/ 12 41 % de ces structures «multi-proposantes» ont finalement abandonné au moins un de leurs projets concernés. Les autres les ont soit menés à bien sans cofinancement de MP2013, avec labellisation (41 % des structures) ou sans (28 %). Source: enquête auprès des porteurs de projet. 13 Rapport d activités 2011 de l association Marseille-Provence 2013. 14 Voir notamment les témoignages d acteurs dans l enquête du Ravi, «2013, la capitale désenchantée», http://www.leravi.org/spip.php?article1210 15 Source: «Le collectif Le Fric s attaque à Marseille 2013, Capitale européenne de la culture», Les Inrockuptibles, 9 janvier 2013. Les étapes de la CEC Candidature de Marseille La Ville de Marseille se porte candidate le 9 mars 2004 à l organisation de la CEC. Entre cette date et la désignation de Marseille Provence, le 16 septembre 2008 par le jury français et 12 mai 2009 par le Conseil européen, les acteurs culturels locaux sont consultés et mobilisés à plusieurs reprises : Création de nouvelles structures Plusieurs nouvelles structures à vocation culturelle ont été créées ou relancées à l occasion de l année 2013. Il s agit notamment du MuCEM, de la Villa Méditerranée, de Regards de Provence, du Théâtre Eden de La Ciotat et du Musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode à Marseille. Le musée des Beaux- Arts de Marseille avait quant à lui fermé en 2005 pour rénovation, et a réouvert en 2013.

20 MARSEILLE-PROVENCE 2013 21 Certaines structures ont également été profondément rénovées, telles que le musée d histoire de Marseille ou le musée départemental Arles antique (qui a fait l objet d une extension). État des lieux des structures participantes Figure 2 : Nombre de projets par type et budget affecté (source : MP2013) Expositions Specacle vivant Autres projets Labellisés 70 Nombre de projets 80% 160 16% 4% < 150 000 150 000 < x < 500 000 > 500 000 29% Montants dédiés 25% 350 46% 370 Moins de 1 % de ces projets ont été annulés ou abandonnés, par exemple quand les associations participantes se sont retirées, comme dans le projet «Jardins possibles» prévu dans le cadre des Quartiers créatifs, ou pour d autres raisons : c est le cas par exemple l exposition Albert Camus à Aix-en-Provence, qui aurait initialement dû être bien plus ambitieuse 20. Structures nouvelles Pour un certain nombre d acteurs culturels, l objectif de faire apparaître des structures nouvelles faisait débat. Le tissu culturel marseillais, en particulier, est réputé composé de très nombreuses structures dynamiques, mais fragiles. Pour certains, «l important n [était] pas que des nouveaux opérateurs émergent, mais que ceux qui [existaient] déjà puissent monter en puissance», comme le dit un responsable de l action culturelle d une collectivité du territoire. D autres en revanche espéraient que la capitale puisse élargir le champ des structures financées. Dans les faits, les structures retenues sont pour la plupart des opérateurs existants et installés. Par exemple, parmi les 31 structures financées par MP2013 à hauteur de 200 000 euros ou plus 21 : 22 sont des opérateurs mentionnées par l étude Arcade, et donc financées par les collectivités du territoire et l État 22 ; 6 sont des collectivités (Pays d Aix, Pays d Aubagne et de l Étoile, Ville de Marseille, ) ou des structures en gestion directe (Régie culturelle), et le Fonds régional d action culturelle (État). Reste Groupe F, société spécialisée dans la pyrotechnie, localisée dans le département et en charge de Révélations. C est la seule structure qui n était pas financée précédemment sur fonds publics culturels. De même, selon notre enquête, plus de 90 % des structures étaient déjà financées sur fonds publics en 2009, soit pour leur fonctionnement, soit pour la réalisation de projets (n=75). 7 % des structures n avaient jamais perçu de financement public avant leur participation à la CEC. 20 Voir par exemple : «Exposition Albert Camus, tout ça pour ça», marsactu.fr, http://www.marsactu.fr/culture-2013/ exposition-albert-camus-tout-ca-pour-ca-30287.html 21 Source : MP2013, exploitation : Euréval. Hors association MP2013, dont les projets sont financés à hauteur de 18 M environ. 22 2 structures (Bureau des compétences et des désirs, La compagnie) ne sont pas mentionnées, mais sont bien locales et financées sur fonds publics locaux. 23 Source : Marseille-Provence 2013 : Leçons d une expérience, Rapport rédigé par des élèves administrateurs territoriaux de l INET, pp. 24, 29 pour l ensemble de cette section. 24 Le terme de «quartier relégué» désigne ici les quartiers territorialement relégués, c est-à-dire difficilement accessibles et généralement loin des centres-villes ; et socialement relégués, c est-à-dire dont la population connaît des niveaux de pauvreté et de chômage, notamment, particulièrement élevés. Il ne préjuge ni de la situation sécuritaire («quartier sensible»), ni de l urbanisme («grands ensembles»), ni encore du zonage de la politique de la ville (CUCS, ZFU, etc.). Les structures retenues Selon l association MP2013, «la programmation produite et coproduite par l association, entamée les années précédentes a concerné 70 expositions et 370 projets de spectacle vivant et grands évènements sur l espace public. [ ] Au total, près de 600 projets ont été en tout ou partie financés. [ ] Les projets dont le financement de MP2013 a été inférieur à 150 000 euros ont représenté un peu plus de 80 % du nombre total de projets pour un quart du financement de l association destiné aux projets, tandis que les projets dont le financement a été supérieur à 500 000 euros ont représenté 4,2 % du nombre total de projets [18 projets] et 45,6 % du budget total des projets 16.» Par ailleurs, environ 350 projets ont été labellisés «Marseille-Provence 2013». Les labellisés comme les porteurs de projet cofinancés sont à plus de 90 % des structures issues du territoire, ou de territoires proches (Hérault, Var, par exemple). En revanche, les typologies diffèrent : parmi les 362 porteurs de projet cofinancés 17, un peu plus de 80 % sont des opérateurs culturels ou des artistes individuels (dont 15 % de lieux : théâtres, musées notamment), et un peu moins de 10 % des structures publiques ou parapubliques (collectivités principalement 18 ). Parmi les 10 % restants : des établissements éducatifs ou universitaires, des entreprises et des opérateurs sociaux, notamment. Les 393 labellisés 19 sont à plus de 95 % des acteurs locaux ou ayant un établissement dans le territoire. Les opérateurs culturels sont proportionnellement moins nombreux cette fois-ci, mais représentent toujours plus de la moitié des structures, avec une part non négligeable d artistes indépendants, ainsi que de nombreuses compagnies et lieux culturels ; les structures publiques et parapubliques (y compris les opérateurs en gestion directe) comptent pour un quart des retenus, et les associations (hors opérateurs culturels), environ 10 %. Dans les autres structures : des entreprises, des syndicats, des institutions éducatives privées, notamment. Qu est-ce qu un projet? Le nombre de projets financés ou labellisés n est pas évident à calculer et dépend du périmètre retenu pour chacun, ce qui explique que des chiffres divers ont circulé. Par exemple, près de 2 000 évènements correspondant à un lieu et une date étaient répertoriés sur le site de la CEC ; et les Ateliers de l Euroméditerranée doivent-ils compter pour un ou 60 projets, qui est le nombre de résidences d artistes permises par cette action? Nous nous appuyons ci-dessus sur le décompte réalisé par l association et qui a été validé par le Conseil d administration, mais les autres analyses présentées ci-dessous peuvent s appuyer sur un nombre différent de projets ou de structures, selon la méthode de calcul initialement retenue. 16 Rapport d activité 2013, p. 5. 17 Source : base de données fournie par MP2013. Exploitation : Euréval. Une structure peut porter plusieurs projets. 18 Les ateliers résidence territoire ont été comptés avec pour opérateur le CG13. Les 60 ateliers de l Euroméditerranée ont été classés avec un porteur de projet «opérateur culturel», bien qu ils soient hébergés dans des entreprises. 19 Source : base de données fournie par MP2013. Exploitation : Euréval. Au final, ni l appel à projets ni les autres moyens de programmation mis en œuvre ne paraissent avoir permis de faire émerger beaucoup de nouveaux opérateurs culturels, même s il en existe des exemples : Red Plexus, Cabaret Aléatoire, Under kontrol. En revanche, certains opérateurs ont réussi à intégrer la démarche en partenariat avec des structures plus installées : l Association Asphodèle, Par les villages, etc. Enfin, de nombreux artistes sont présents, via notamment les Ateliers de l Euroméditerranée. Localisation des projets Parmi les projets, un certain nombre couvrait une grande partie du territoire : TransHumance, Révélations, le GR 2013, les itinéraires d art contemporain Ulysses, Chasse au 13 Or, les Grandes carrioles de la Friche, écrans Voyageurs, mais aussi les Ateliers de l Euroméditerranée, Cirque en capitales, Festins de la Méditerranée et Quartiers créatifs, notamment. Ces actions représentent près de 40 % de la somme dévolue aux projets. Les 60 % restants financent essentiellement des projets territorialisés. Toujours budgétairement parlant, les projets produits ou coproduits ont touché l ensemble du territoire de la CEC, et en particulier les villes-centres des agglomérations : [Les villes-centres des EPCI] apparaissent en effet comme les principales bénéficiaires de la CEC MP2013 sur le plan financier en ayant concentré une très grande majorité des projets en dépit de la volonté affichée par certains élus de veiller à ce que «chaque ville ait son moment fort de l année capitale 23». Il convient d ajouter que, dans ces villes-centres, ce sont les quartiers les plus équipés qui concentrent à leur tour les projets. Certains projets se déroulent néanmoins en zone rurale, ainsi que dans les quartiers «relégués» des grandes villes 24, soit que la structure porteuse y soit implantée (le Merlan, la Belle de Mai), soit via le programme des Quartiers créatifs ou un programme tel qu Hôtel du Nord.

22 MARSEILLE-PROVENCE 2013 23 Diversité des disciplines La programmation retenue touche un large spectre de champs culturels et artistiques, et même au-delà avec une place importante donnée à la gastronomie. Les acteurs culturels et la presse ont généralement considéré que certains champs artistiques étaient absents ou mal représentés : c est le cas en particulier, selon les points de vue : des musiques actuelles et du monde, de la culture rap locale, du cinéma, du design, de la littérature, des activités culturelles dédiées au jeune public, de la danse, et de la tauromachie. Il faut noter que la CEC a bien financé des projets relatifs aux cultures urbaines et même au rap (notamment un concert d IAM, lors de la Fiesta des Suds). Néanmoins, ces projets faisaient surtout appel à des artistes venant de l extérieur du territoire, et restaient limités en regard de l importance de cette discipline localement : Les artistes emblématiques marseillais comme Keny Arkana ou encore IAM n ont pas attendu la fin de l année pour émettre leurs critiques, dénonçant notamment le manque de visibilité donné aux cultures urbaines, alors que le projet 2013 a été retenu en partie grâce à ça 25. Le Off et les projets indépendants qu il portait n ont pas véritablement complété la programmation de MP2013 en termes de champs culturels et artistiques. Néanmoins, le positionnement du Off, sur le registre de l «impertinence... à l image de la ville de Marseille», en faisant appel aux artistes locaux et par son caractère populaire, a bien permis d élargir le périmètre de l année. Yes we camp (proposé par Marseille 2013 Off avec le soutien de la CEC) est emblématique de ces projets décalés, avec son camping «alternatif et expérimental» situé dans le quartier de l Estaque à Marseille 26. D autres projets indépendants, tels que le ptit M (exposition gratuite d artistes locaux inconnus du grand public, organisée par l association Tête de l art au Pavillon M) ont donné un espace de visibilité aux artistes locaux non programmés. Le Outof2013 a quant à lui permis de débattre de la CEC 27. Enfin, certains artistes et collectifs se sont servis de l occasion pour s exprimer et se faire connaître, en particulier fin 2012 et tout début 2013, tels que le collectif Le Fric 28 ou l artiste local Marc Boucherot 29. Nous ne disposons pas de données globales concernant le nombre d artistes et d intermittents du spectacle ayant travaillé dans le cadre de la capitale européenne de la culture. L association MP2013 a comptabilisé 53 732 heures d intermittents pour 553 salariés (artistes et techniciens) pour les projets qu elle a produits en propre, soit 354 équivalents temps plein mensuels (ETP) 30. Il est difficile cependant d extrapoler cette somme aux projets coproduits et labellisés, qui disposent de leur propre personnel, mais sur des hypothèses purement budgétaires, l année pourrait avoir fait travailler un nombre équivalent à, au maximum, 40 % des intermittents indemnisés du territoire 31. Le cas particulier des non retenus Nous ne disposons pas du nombre d acteurs culturels non retenus, mais il est possible d aboutir à quelques approximations : environ 2 500 projets ont été présentés à l appel à projets. Le périmètre géographique de l appel à projets différait cependant du périmètre final : il comprenait Toulon, qui a ensuite quitté le projet, mais pas Martigues ; 600 projets ont été financés, ce qui mène à 1 900 projets non retenus au terme de l appel à projets, mais cela ne signifie pas que 1 900 opérateurs n ont pas été retenus, d une part parce que tous les projets ne sont pas issus de l appel à projets, et d autre part parce qu un projet peut réunir plusieurs opérateurs candidats à la CEC ; parmi ceux-là, environ 350 projets (pour environ 400 porteurs) ont été labellisés. Une petite partie de ces projets est également allée dans le Off, mais celui-ci comprenait essentiellement une programmation originale. Sur ces structures, nous ne disposons pas réellement d informations, faute d enquête spécifique. Selon les observateurs, il est probable que leurs projets n ont pas été menés, sauf dans le cas où ils préexistaient à MP2013 ou étaient financés par des fonds propres. Nous savons cependant, grâce à l enquête, qu un peu moins de 30 % des structures coproduites 32 ont réussi à mener au moins un projet non retenu avec un autre financement. 25 Source : «Champagne et Gueule de bois», article paru dans Le Ravi, janvier 2014. 26 Le projet se poursuit en 2014. Voir le site du collectif : http://www.yeswecamp.org 27 http://www.outof2013.org 28 Source : Le collectif Le Fric s attaque à Marseille 2013, Capitale européenne de la culture, Les Inrockuptibles, 9 janvier 2013. 29 Source : Jordanna Matlon, Culture, attack: art, identity and MP2013, disponible sur le blog de Mme Matlon : http://blog.jordannamatlon.com/post/47050290254/cultureattack-marseille-mp2013 30 Sur la base de 35 heures de travail par semaine. 31 Soit environ 1 500 personnes, sur la base des 553 comptabilisés pour les actions menées en direct par MP2013 (17 M pour 69 M dédié aux manifestations au total). Ce chiffre doit être pris comme un ordre de grandeur et n est pas une estimation des emplois créés par la CEC. Celle-ci a été réalisées dans le cadre de l évaluation des retombées économiques de la Capitale, voir plus bas. Il y a environ 10 000 personnes travaillant pour les entreprises du spectacle vivant dans les Bouches-du-Rhône, et 3 800 intermittents indemnisés. Source: Marsactu, http://www.marsactu.fr/ culture-2013/en-annee-capitale-les-artistes-galerenttoujours-pour-trouver-du-boulot-32121.html 32 Selon notre enquête, 1/3 des porteurs ont présenté deux projets et 20 % plus de 3. La contribution de MP2013 et des autres facteurs Contribution de MP2013 Dynamique de l année capitale La dynamique de MP2013 a d abord eu un rôle très important dans l accès des acteurs culturels à la CEC : elle a permis de déclencher ou d accélérer un certain nombre de projets d équipements culturels, et a donc favorisé l émergence de nouveaux acteurs, tels que les musées du J4 (dont le MuCEM) ; elle a favorisé, en particulier les premières années, la sensibilisation puis la mobilisation des acteurs culturels locaux autour de l année. Les collectivités en particulier ont été impliquées précocement dans un espace de dialogue avec l association. La durée de la phase de préparation, amplifiée par les problèmes rencontrés avec l appel à projets (voir ci-dessous), a néanmoins fini par créer une dynamique inverse, qui aboutit au flottement de 2012. Ce n est qu avec le succès progressif de l année, en 2013, que les acteurs culturels reprennent une dynamique positive. Critères de choix de l association L association a dès le départ affiché les critères qui présidaient à ses choix de programmation, qui expliquent assez largement la typologie des structures effectivement retenues. Ainsi, la capacité à pouvoir mener à bien des projets parfois complexes explique que, dès le départ, l association Marseille-Provence 2013 a privilégié des opérateurs existants, et en particulier les opérateurs phares du territoire. Il faut d ailleurs rappeler que des doutes s exprimaient à cette époque sur la capacité de Marseille à mener à bien sa CEC, et il est probable que ces considérations ont joué dans les choix effectués. Selon notre enquête, les porteurs de projet cofinancés sont ainsi 36 % seulement à considérer que la CEC a «permis à des opérateurs rarement ou jamais financés par les pouvoirs publics d obtenir un financement» (32 % parmi les labellisés). De même, la nécessité de pouvoir assurer à chaque collectivité finançant l année qu elle en «aurait pour son argent», c est-à-dire que les projets se déroulant sur leur territoire seraient financés à hauteur de leur contribution, explique également largement la répartition des actions sur tout le département et dans les collectivités associées. Enfin, les choix thématiques ou artistiques réalisés correspondent également à des choix de l association et de ses instances de gouvernance, ainsi qu à des opportunités, parfois déçues. Ainsi, les contacts menés très en amont avec la communauté rap locale n ont pas abouti à un projet phare, amenant à l une des plus importantes polémiques du début de la CEC. Pour autant, selon notre enquête, 57 % des porteurs de projet cofinancés considèrent au final que MP2013 a «permis à des disciplines alternatives, nouvelles et émergentes du territoire d obtenir un financement». Méthode de l appel à projets Le dossier de candidature avait préfiguré une année ramassée autour de programmes thématiques conséquents, ceux-ci pouvant être ensuite subdivisés en projets portés par des artistes. L appel à projets lancé en 2011 a fait évoluer ces choix initiaux. La méthode de l appel à projets mise en place, critiquée par les acteurs culturels et sur laquelle les responsables de l association portent eux-mêmes un jugement nuancé, a posé de nombreux problèmes, en particulier une charge de travail immense pour les partenaires («un an de perdu», pour un responsable de l association), et la génération de frustrations parmi les répondants. Comme l indique un responsable de l association, «L erreur, c était de faire croire aux gens qu on pouvait faire de la démocratie participative sur de la programmation culturelle». Les acteurs culturels candidats ne connaissaient pas les critères de choix et ont déploré la présence dans le jury d opérateurs présentant des projets par ailleurs. De plus, ils étaient rarement au courant que l appel à projets n était qu une modalité parmi d autres de la programmation : «On a joué le jeu sans connaître les règles», dit une structure interrogée.

24 MARSEILLE-PROVENCE 2013 25 Certains acteurs ont ainsi considéré que l appel à projets a amené de la suspicion envers l association avec laquelle ils travaillaient en direct, poussant in fine à un fort ralentissement du travail de coconstruction entamé depuis plus de 2 ans. Il a également attisé des rivalités entre acteurs culturels du territoire, s accusant mutuellement dans certains cas de favoritisme. Enfin, certaines collectivités ont regretté de ne pas avoir suffisamment été impliquées dans les choix, découvrant tardivement quels projets se dérouleraient sur leur territoire et ne disposant pas du temps nécessaire pour les coordonner avec leur propre action. Il est en revanche probable que cet épisode a contribué à élargir le nombre de projets coproduits et labellisés par Marseille-Provence 2013. Après l appel à projets, le nombre de projets pour lesquels une contribution limitée de l association est prévue (pour la plus faible, 5 000 euros) augmente largement. De même, il ne devait y avoir à l origine qu un petit nombre de projets labellisés : ils seront finalement 350 33. Mesures spécifiques L appel à projets n a pas permis par ailleurs de combler tous les besoins de l association pour la programmation. En particulier, les structures du spectacle vivant (déjà premier bénéficiaire des financements publics sur le territoire) étaient fortement surreprésentées dans les candidats, contrairement aux arts plastiques, par exemple. L association, en collaboration avec les collectivités, a donc dû susciter certains de ces projets, ou trouver des méthodes pour les héberger (voir par exemple les Ateliers de l Euroméditerranée). De même, l association et les collectivités ont pris des mesures spécifiques pour s assurer que des projets touchaient les quartiers relégués du territoire. Quartiers créatifs, lancé fin 2011, visait ainsi à organiser en amont la participation, pour que des projets menés avec les habitants puissent avoir lieu en 2013. Avec Quartiers créatifs, il s agissait, comme le formulait Jean-François Chougnet, directeur général de Marseille-Provence 2013, «à partir d une forte dimension participative des habitants, de réaliser des présences artistiques inscrites dans la durée, provenant d horizons très diversifiés (arts plastiques, spectacle vivant, architecture, écriture, paysage, design, arts visuels )» 34. Figure 3 : Le budget de MP2013 et le budget des collectivités du territoire de Marseille-Provence 2013 sur une année Budget de l association MP2013 (1) Total 2013 55M Financement des structures 2013 38M Budget des collectivités et de l État sur le territoire de MP2013 (2) ~15% 377M (3) ~20% (fonctionnement 2012) dont gestion déléguée 189M (4) 33 Voir notamment La Zibeline: ce que finance la Capitale culturelle, http://www.journalzibeline.fr/ce-que-finance-lacapitale-culturelle/ 34 Source : Le sens des quartiers créatifs, Cahier spécial mouvement, MP2013, page 5. 35 Source: Financements publics de la culture. L effort culturel en PACA, ARCADE, 2008. 36 Sur le territoire de Marseille-Provence 2013, étude Arcade 2012, déjà citée. 37 Source : «Marseille 2013 Off : l institutionnalisation d une critique?», Nicolas Maisetti, Faire savoirs n 11, à paraître Décembre 2014. 38 Source: ARCADE, 2008. Ces montants comprennent également les charges de fonctionnement des services culture des opérateurs localisés sur la commune, par exemple à Marseille la Région et le CG13, ce qui explique également la disproportion entre les territoires. Attentes vis-à-vis de la CEC Un dernier point important à noter est celui de la capacité effective de la CEC à financer toute la diversité des acteurs existants sur le territoire. Les acteurs culturels qui se sont exprimés en 2012 et 2013 ont en effet souvent manifesté leur crainte que le financement de la CEC se substitue aux financements publics dont ils bénéficiaient. C est aussi une des raisons pour lesquelles la CEC, et l appel à projets en particulier, ont suscité de telles attentes. Le budget total de l association pour 2013 était de 55 M et l ensemble du budget dédié aux projets de 53 M (2009-2013). Or, le budget culturel annuel des collectivités et de l État dans les Bouches-du-Rhône était en fonctionnement de 342 M en 2008 35 et 377 M en 2012 36, dont 37 % en gestion déléguée en 2008 et 49 % en 2012. Ainsi, le budget de la CEC représentait en réalité entre 15 % et 20 %, selon les modes de calcul, du financement de la culture dans le département pour l année 2013 (Figure 3, 18). Les autres facteurs à prendre en compte Deux autres facteurs sont intéressants à prendre en compte par rapport à la question de l accès des structures à la programmation de la CEC. Barrières à l entrée L organisation de l année par l association, et en particulier le choix de recourir à un appel à projets, n était pas adaptée pour les plus petits acteurs culturels, non professionnalisés (qui n étaient d ailleurs pas particulièrement visés, voir plus haut). En effet, répondre à un appel à projets nécessite de formuler un projet, des objectifs, des moyens, de répondre dans un cadre précis et de se projeter dans l avenir. Cela demande des compétences et des ressources spécifiques dont ne disposent généralement pas ces structures, ce que le chercheur Nicolas Maisetti exprime de la façon suivante : Au moins trois facteurs ont concouru à marginaliser les acteurs culturels locaux : les entreprises politiques de réification et d homogénéisation des opérateurs culturels ; la soumission de leur intégration au respect de procédures bureaucratiques ; et le coût d entrée que représente «l exigence internationale» posée par MP2013 37. Au final, il semble que les plus petites structures culturelles n ont généralement pas répondu à l appel à projets, ou n ont répondu qu avec un seul projet, quand les plus importantes, plus familières de ces procédures auxquelles elles sont soumises au niveau national, ont présenté un portefeuille de projets, maximisant leurs chances d être retenues au moins une fois. Il est par ailleurs à noter que, lorsque l association cherche à créer ex nihilo les partenariats dont elle a besoin avec de petites structures locales non professionnalisées, cela peut aboutir à des conflits ou à des échecs, comme dans le cadre de «Quartiers créatifs» (voir ci-dessous). Plusieurs acteurs ont ainsi regretté que l association ait trop souvent voulu être producteur ou coproducteur, au lieu de laisser ce rôle à des structures locales, qui auraient pu à leur tour impliquer des acteurs culturels non professionnels. Poids des structures culturelles régionales La programmation de la CEC reflète finalement dans une certaine mesure la structuration culturelle du territoire, riche de très nombreuses structures professionnelles ou semi-professionnalisées (plus de 2 100 opérateurs financés sur fonds publics selon Arcade), et essentiellement localisées dans les villes centres des EPCI du territoire. Une conséquence est que MP2013 n avait pas à susciter ou à pousser la création de nouveaux opérateurs pour assurer la programmation, dans la mesure où le vivier était déjà important. Principaux constats sur l accès des acteurs culturels à la CEC Les acteurs culturels sont nombreux sur le territoire de MP2013. Cela a permis à l association de puiser dans un vivier de structures existantes, capables de mener à bien les projets qui leur étaient confiés. Les structures cofinancées ou labellisées sont ainsi pour la plus grande part issue du territoire, mais il s agit d acteurs qui préexistaient et étaient souvent déjà financées sur fonds publics. Le recours à l appel à projets pour définir une partie de la programmation a eu de nombreuses conséquences négatives, paralysant l association pendant de nombreux mois et provoquant la frustration de nombreux acteurs. In fine, cependant, la nécessité de faire une plus grande place aux projets présentés à l appel à projets a fait que la programmation en a été élargie à un plus grand nombre d actions et à des structures plus petites que ce qui était initialement prévu. En revanche, ce n était pas une modalité adaptée pour intégrer les plus petits acteurs culturels, qui n ont apparemment généralement pas répondu. Les projets financés sont localisés sur tout le département, notamment grâce à l existence de projets couvrant tout le territoire et à la volonté de chaque collectivité «d en avoir pour son argent». Les projets touchent néanmoins surtout les villes-centres (et les centres-villes) des agglomérations, car c est là que sont situés les opérateurs culturels financés. La programmation retenue touche un large spectre de champs culturels et artistiques, correspondant aux critères de choix de l association. Certains champs tels que la culture rap locale sont néanmoins absents ou mal représentés. Par ailleurs, faute de projets en nombre suffisant, l association a dû prendre des mesures spécifiques pour que les territoires relégués soient présents, et pour que les arts plastiques notamment soient représentés. Le Off et les projets indépendants n ont pas vraiment élargi la programmation en termes de champ, mais ont ouvert des espaces souvent décalés qui complètent bien la CEC. (1) Au total (2007-2013) : 101M, source : MP2013 / (2) Source : ARCADE, 2012 / (3) Le fonctionnement comprend toutes les dépenses hors investissement (4) La gestion déléguée comprend toutes les subventions à des structures extérieures aux collectivités L autre conséquence est que si les financements de MP2013 sont allés sur les territoires riches en équipements et en opérateurs culturels (hypercentres des villes-centres du département), c est que c est là que sont les structures capables de porter des projets. Au final, entre 40 % et 60 % des budgets sont allés sur les quatre communes de Marseille, Aix-en-Provence, Istres (SAN Ouest Provence) et Arles. À titre de comparaison, 80 % des financements des collectivités et de l État allaient en 2008 sur ces 4 villes 38.

26 MARSEILLE-PROVENCE 2013 27 Les acteurs culturels locaux ont-ils amélioré leurs pratiques professionnelles grâce à la CEC MP2013? Figure 5 : Pour contribuer à la dimension européenne de votre projet, lesquelles de ces mesures avez-vous prises? (n=76) Présentation du projet traduite dans une langue étrangère 54% Prise en compte des habitudes et des sensibilités des publics européens Partenariat avec une autre structure européenne pour la réalisation du projet Bénéficie d un financement européen 13% 18% 22% Ce qui s est passé Dans cette partie, nous présentons d abord les projets financés au regard des attentes de la CEC, avant de discuter en quoi et dans quels cas leurs capacités et leurs partenariats se sont renforcés. Projet présenté dans une autre ville que Košice Partenariat avec une structure de Košice / présente à Košice Une autre mesure 7% 3% 9% Caractérisation des projets Aucune mesure particulière 34% Les objectifs suivants de la CEC touchent directement les projets financés : 0% 15% 30% 45% 60% 1. Soutenir la création et la diffusion d œuvres ambitieuses en travaillant avec des artistes issus des pays de la Méditerranée et d Europe. 2. Valoriser le potentiel culturel et artistique du territoire de la capitale et contribuer à accroître à long terme le rayonnement international. 3. Innover en matière d intégration de la culture dans l espace public et de relations entre culture et société. 4. Impliquer les citoyen (ne) s du territoire Marseille-Provence 2013, à travers une approche participative et par un accès favorisé aux évènements. Pour cette partie, le rapport s appuie, sauf mention contraire, sur notre enquête réalisée auprès des porteurs de projet 39. Thème euroméditerranéen Plus de 80 % des projets s inscrivent, selon leurs porteurs, dans le thème euroméditerranéen. Les façons de s inscrire sont multiples, la principale (53 %) étant de faire venir des artistes venus du pourtour méditerranéen. Ce thème était inhabituel pour 36 % des structures cette fois-ci ; régulier pour 42 % et habituel pour 22 %. 39 Les modalités de prise en compte de cet outil sont précisées dans le rapport d enquête. Il est néanmoins important de préciser ici que les structures concernées étaient généralement anciennes (plus de 10 ans), professionnelles, comptant de 0 à 10 ETP pour 70% d entre elles et financées sur fonds publics à 90%, ce qui est probablement assez représentatif des structures cofinancées, mais pas de l ensemble du tissu culturel local. Dimension européenne Les structures interrogées ont généralement pris des mesures pour donner une dimension européenne à leur projet (voir Figure 5) ; seuls 35 % indiquent n avoir pris «aucune mesure particulière». Dans plus de la moitié des projets, les porteurs ont ainsi présenté leur projet dans une langue étrangère, et 18 % indiquent avoir travaillé en partenariat avec une autre structure européenne. Ouvert à tous les publics La très grande majorité des projets concernés ont visé, selon les répondants, des publics pas habituellement présents dans les lieux culturels de la ville, ainsi que les habitants des quartiers relégués et les publics empêchés. Ils ont aussi visé les visiteurs : d ailleurs dans le département, français, et dans une moindre mesure étrangers. Figure 6 : Avez-vous recherché, avec votre projet, à toucher un des publics suivants? (n=73 40 ) Publics pas habituellement présents dans les lieux culturels de votre ville 85% Habitants des quartiers relégués oui non 78% 40 Les chiffres sont proches pour les labellisés. Voir rapport d enquête. Figure 4 : Dans quelle mesure votre projet s inscrivait-il dans le thème euroméditerranéen de Marseille-Provence 2013? (n=77) Le public «empêchés» 37% Faire intervenir des artistes du pourtour méditerranéen 53,2% Habitants d autres villes que la votre dans le département 80% Implique des habitants venus du pourtour méditerranéen 27,3% Visteurs français 80% Intègre des structures de diffusion culturelle du pourtour méditerranéen 26% Visiteurs étrangers 67% Confronte culture française/occidentale et culture méditerranéenne 24,7% 0% 25% 50% 75% 100% S inscrit dans le thème européen, plutôt que euro-méditerranéen 18,2% Figure 7 : Quel type d action avez-vous engagée pour toucher ces publics? (n=73) D une autre façon 15,6% Projet réalisé avec des partenaires sociaux qui accompagnent ces publices 62% Fait connaître les cultures traditionnelles du pourtout méditerranéen 13% Déroulement du projet dans un lieu fréquenté par ces publics 57% 0% 15% 30% 45% 60% Accès au public était gratuit 55% Tarif fixé de façon à faciliter l accès au public 52% Projet conçu de façon à favoriser l accès par ces publics 45% Impliqués dans la conception, la préparation ou la réalisation d un projet 29% Une autre façon 25% 0% 18% 35% 53% 70%

28 MARSEILLE-PROVENCE 2013 29 Les près de 90 % de projets qui ont visé les publics qui fréquentent peu ou pas les lieux culturels ou les habitants des quartiers relégués l ont fait généralement de plusieurs façons différentes (voir Figure 7), soit via un accompagnement des partenaires sociaux (62 %), soit en visant la meilleure accessibilité physique, financière ou symbolique, et dans une moindre mesure par l implication des publics dans la conception, la préparation ou la réalisation du projet (29 %). La démarche participative n est nouvelle que dans un quart des cas environ. Néanmoins, l année capitale a permis d aller parfois plus loin dans cette approche pour certains. C est le cas par exemple du Théâtre d Arles avec «la brigade de magiciens» ou «Le sacre du printemps» ou avec la mobilisation de plus d une centaine de bénévoles sur trois projets de Karwan. Les résultats de ces approches sont discutés dans la partie suivante. Les compétences renforcées sont en particulier la gestion de partenariats institutionnels (50 %), la gestion de projet (49 %) et la conception de projets culturels (47 %). L utilisation de l espace public est un cas particulier, seules 30 % des structures étant concernées. Parmi elles, 44 % indiquent avoir acquis ou renforcé leurs compétences. En revanche, il y a moins de porteurs qui expliquent avoir acquis des compétences relatives à la dimension technique de leurs projets. L écoresponsabilité (qui était un objectif de la CEC) est la compétence la moins citée par les répondants (18 % de réponses positives). Figure 9 : Diriez-vous que, dans le cadre de ce projet, vous avez acquis des compétences nouvelles relatives à... (en %, n=74) Gestion de partenariats institutionnels oui, tout à fait oui, plutôt non, pas vraiment non, pas du tout Présence dans l espace public 70 % des projets se déroulaient dans un établissement culturel, contre 40 % dans l espace public ou sur la voirie 41 (soit environ 30 % des structures). 41 Un projet pouvant se dérouler dans plusieurs espaces. Gestion de projet Conception de projets culturels Figure 8 : Où votre projet se déroulait-il? (n=77) oui, tout à fait oui, plutôt non, pas vraiment non, pas du tout Relation aux publics Communication Dans un établissement culturel recevant du public 70,1% Implication de public Dans l espace public ou sur la voirie 39% Recherche de financement Dans un espace privé habituellement ouvert au public Dans un espace privé habituellement fermé au public 10,4% 18,2% Utilisation de l espace public Dimension technique des projets 0% 20% 40% 60% 80% Eco-responsabilité Certains opérateurs ont proposé des projets dans des lieux inhabituels, par initiative propre ou suite à la demande de MP2013. C est le cas par exemple du Théâtre d Arles qui a investi une église et un chapiteau. 0% Figure 10 : Réutilisation des compétences nouvellement acquises [en %, n=59] 25% 50% 75% 100% Enfin, les plus grands évènements se déroulaient sur l espace public : cérémonie d ouverture, Révélations, Entre Flammes et flots, TransHumance, Métamorphoses, par exemple. 60 Partenariat Gestion Conception Renforcement des capacités Il y a essentiellement trois façons de renforcer ses capacités pour une structure : par le recrutement, par la formation, et par l expérience. Acquisition de compétences Les entretiens avec les opérateurs culturels ont montré que ces derniers ne considéraient pas spontanément avoir acquis des compétences dans le cadre de l année. Seules quelques structures mentionnaient la formation de leurs équipes : par exemple, Karwan a formé son administrateur à la contractualisation avec les pays étrangers, et a formé ses équipes à l anglais ; Voyonsvoir a suivi une formation au mécénat culturel. La Ville de Vitrolles a internalisé sa production culturelle, et pour cela s est dotée de compétences en relation avec le mécénat. % des répondants indiquant avoir acquis cette compétence 50 40 30 Utilisation de l'espace public Relation au public Financement Implication des publics Technique Communication En revanche, devant une liste de compétences, 72 % des porteurs ayant répondu à notre enquête indiquent avoir acquis au moins une compétence nouvelle. Cependant : aucune compétence spécifique ne ressort comme nouvellement acquise par plus de la moitié des opérateurs ; il s agit plutôt de renforcement de compétences existantes que d acquisition (les «oui, tout à fait» se situent généralement entre 4 % et 14 %). 20 Eco-responsabilité 40 60 % de ceux qui ont acquis et réutilisé cette compétence 80 100

30 MARSEILLE-PROVENCE 2013 31 Les répondants qui ont acquis de nouvelles compétences les réutilisent largement, en particulier les trois principales compétences acquises mentionnées plus haut, mais également la communication, qui est la plus réutilisée (voir Figure 10). Ces chiffres sont comparables, quoiqu un peu inférieurs, à ceux constatés à Turku 42 : Over three quarters (78%) of organisations involved in the delivery of the Turku 2011 programme felt that their operational capacities had increased as a result of involvement in the ECoC year, with 86% stating that they had learnt new things (Hakala and Lemmetyinen, 2013: 9-10) 43. Recrutement 42 % des porteurs de projet interrogés ont indiqué avoir recruté spécifiquement pour leurs projets cofinancés par MP2013. Ces recrutements restent mesurés : pour les deux tiers des structures, ils représentent moins de 10 % de leurs salariés début 2014. Par ailleurs, il semble que la plupart d entre eux sont des contrats à durée déterminée, ou ont été conclus sous le régime de l intermittence. La principale raison avancée à ces recrutements est la nécessité de faire face à l augmentation de la charge de travail, pour 34 % des répondants 44 (61 % pour les labellisés), l acquisition de compétences supplémentaires étant un motif réel, mais mineur de recrutement. Figure 11 : Après 2013, pensez-vous pouvoir maintenir au moins en partie les emplois que vous avez créés dans le cadre de la capitale européenne de la culture? (en %, n=72) 54% 42 Turku est la seule capitale européenne pour laquelle nous disposons d une mesure similaire. D autres capitales européennes ont cherché à savoir si la CEC favorisait l acquisition de compétences, mais elles s appuient généralement uniquement sur des entretiens pour cela. 43 Source : European Capitals of Culture: Success strategies and long-term effects, Directorate-General for Internal Policies, European Parliament, 2013, page 121. 44 50% des répondants ont répondu «une autre raison», souvent en complément d une autre réponse, ce qui peut s expliquer de deux façons: soit le questionnaire ne permettait pas de rendre compte des raisons de ces recrutements, soit ce chiffre reflète au moins en partie des recrutements non liés à MP2013, en cas de mauvaise compréhension de la question posée. 45 Source: CEREQ, 2013, à partir de l exploitation du volet français de l enquête CVTS de 2010. Par ailleurs, le secteur d activité n est apparemment pas discriminant sur ce domaine. http://www.cereq.fr/index.php/articles/focus/60- des-petites-entreprises-ne-s-engagent-pas-ou-tres-peudans-la-formation-continue Figure 12 : Vous ou d autres membres de votre équipe ont-ils suivi dans les deux dernières années des formations destinées en particulier à vous permettre de gérer ou réaliser le projet pour lequel vous avez bénéficié d un cofinancement? (en %, n=64) 42% 6% 6% 45% Un ou plusieurs membres de l'équipe ont suivi des formations, mais pas spécifiquement pour la gestion ou la réalisation du projet Un ou plusieurs membres de l'équipe ont suivi des formations utiles pour la gestion ou la réalisation du projet cofinancé, mais pas exclusivement Oui, un ou plusieurs membres de l'équipe ont suivi des formations en ce sens Personne n'a suivi de formation dans mon équipe dans les deux dernières années Renforcement des partenariats Selon les observateurs du territoire, un enjeu majeur de développement des structures culturelles locales est leur capacité à construire des partenariats avec des acteurs institutionnels, tant pour le financement que dans la conception et la mise en œuvre des projets, de façon à favoriser la structuration et la pérennité de leur action. Nouveaux partenariats Pour rappel, les opérateurs retenus étaient déjà souvent financés sur fonds publics et certains ont une longue tradition de démarche partenariale (la Friche La Belle de Mai, par exemple). Cela n a pas empêché la création de nouveaux partenariats à l occasion de la CEC. Les opérateurs ont en effet développé des collaborations nouvelles et renforcé des collaborations anciennes, pour la conception et la production de projets communs. Des partenariats inédits sont même apparus, comme entre le Festival d Art Lyrique et le Bois de l Aune, ou entre Marsatac et les acteurs de la musique classique. 11% 13% 14% 18% oui, grâce à de nouveaux projets oui, grâce à la pérennisation de ce projet oui, pour une autre raison oui, sur mon budget habituel non, c'est peu probable Près de la moitié des structures espèrent pérenniser les postes concernés, de diverses façons (c est également le cas pour les labellisés). L autre moitié considère que c est peu probable. À noter que 70 % des structures ont également fait appel à des bénévoles, en particulier pour la réalisation des actions (44 %), et 25 % tout au long de la phase de préparation. Formation Enfin, plus de la moitié des répondants ayant répondu à l enquête ont formé leurs salariés dans les deux dernières années, mais pour les trois quarts de ceux-ci, ces formations n étaient pas spécifiques à la gestion ou à la réalisation du projet cofinancé. Il n existe pas de données sur les entreprises de moins de 10 salariés en termes de formation (les organismes de moins de 10 salariés représentent 70 % des répondants). À titre de comparaison, cependant, 35 % des entreprises de 10 à 20 salariés n ont organisé aucune formation en 2010, et le taux d entreprises formant leurs salariés baisse avec la taille 45. Par ailleurs, les entreprises peu formatrices engagent essentiellement des formations obligatoires, par exemple d adaptation au poste de travail. Ces chiffres correspondent ainsi globalement aux tendances nationales en ce domaine, et ne montrent en tout cas pas un taux de formation supérieur à ce qui pourrait être attendu. Selon notre enquête, près des trois quarts des structures indiquent avoir construit un nouveau partenariat à l occasion des projets montés dans le cadre de l année, dont 39 % avec des partenaires financiers et 51 % avec des partenaires inscrits dans la conception et la réalisation du projet. Ces chiffres s inscrivent dans le haut de la fourchette des autres capitales culturelles : à Cork (2005), «28 % des organisations examinées ont déclaré que leur engagement durant l année où elles étaient Capitale de la culture a mené à la formation de nouveaux liens avec d autres organisations, le plus souvent dans les environs de Cork, mais également ailleurs en Irlande et à l étranger» 46 ; à Turku, «93 % des projets [ ] ont développé de nouveaux contacts et réseaux à travers leur expérience [de la CEC] 47. Diversité des partenariats Les résultats de notre enquête montrent que les partenaires sont de plusieurs types : opérateurs culturels, mais aussi associations et collectivités, principalement. Ces dernières sont plus souvent des partenaires financiers (59 %). En revanche, les opérateurs sociaux sont plus souvent cités comme partenaires dans la conception et la réalisation plutôt que financiers. Figure 13 : Avez-vous développé ce projet en partenariat avec d autres structures? (N=73) Parmi ces partenaires financiers nouveaux, y a-t-il un [e] ou des...? (n=29, 38) Oui, de nouveaux partenaires financiers Oui, de nouveaux partenaires pour la conception et la réalisation du projet Non 27% 39% 51% 46 Source : Capitales européennes de la culture, Labforculture.org, p.7. http://live.labforculture.org/2009/01/ culturalcapitals/cultural%20capitals_fr.pdf 47 Source : European Capitals of Culture, déjà cité, p.30. 0% 15% 30% 45% 60%

32 MARSEILLE-PROVENCE 2013 33 Opérateurs culturels Associations Collectivités locales (ou Etat) Établissements d'enseignement 29% ou de formation 28% Autres structures Opérateurs sociaux Entreprises Établissement carcéral 0% partenaires pour la conception et la réalisation (n=38) 3% 3% 14% 14% 21% 24% 24% 20% 28% 34% 38% 40% partenaires financiers (n=29) Des partenariats avec des acteurs privés ont également été développés. Les acteurs concernés expriment d ailleurs le souhait de les pérenniser et d en développer davantage. Selon eux, cependant, une nouvelle forme de concurrence est apparue entre opérateurs culturels et acteurs institutionnels pour obtenir ces financements privés. La contribution de MP2013 et des autres facteurs Critères de la CEC Les critères posés au choix des actions sont généralement considérés par les parties prenantes comme étant peu contraignants. Beaucoup d opérateurs culturels ont adapté leur projet au contexte dans lequel il s inscrivait, en alignant par exemple leur programmation aux temps forts de MP2013. Pour autant, selon notre enquête, plus de 6 porteurs de projet sur 10 considèrent que le financement de projets par Marseille-Provence 2013 a favorisé : la prise en compte du thème euroméditerranéen : parmi les acteurs culturels, beaucoup indiquent par exemple avoir adapté leurs approches ou leur projet en cours sans problème pour se situer dans le thème euroméditerranéen de l année. la conception de projets différents de l habituel, notamment pour se démarquer, mais aussi pour l opportunité que représentait l année de faire plus grand et plus ambitieux (voir ci-dessous) ; la meilleure intégration de l accès de tous les publics, avec en particulier deux orientations : l usage de l espace public 48, et l usage de mesures spécifiques pour permettre l accès de personnes ne se rendant pas habituellement dans les lieux culturels 49. Figure 14 : Au final, pour chacune des affirmations suivantes relatives au financement de projets par Marseille-Provence 2013, diriez-vous que vous êtes...? (N=72) 50% 59% 60% 66% 74% 80% 48 Parmi les structures cofinancées dont le projet se déroulait au moins partiellement dans l espace public, cette démarche était habituelle pour 36 %, régulière pour 40 % et inhabituelle pour 23 %. 49 Cette volonté d implication n étant nouvelle que pour 5% des structures, selon notre enquête. Les mesures ellesmêmes, et en particulier les partenariats avec les acteurs sociaux, peuvent être nouvelles en revanche. Organisation des partenariats Marseille-Provence 2013 a eu une influence directe sur les partenariats lorsqu elle les a mis en place directement, soit dans ses productions (Ateliers de l Euroméditerranée, Quartiers créatifs), soit dans des coproductions pour lesquelles elle a contribué à mettre en relation des acteurs et des artistes. Le rôle d opérateur de MP2013 a été jugé diversement par les parties prenantes, y compris, avec le recul, au sein de l institution et parmi ses financeurs. S il a permis de s assurer qu un certain nombre de projets clés aurait bien lieu, il a aussi poussé les acteurs culturels à renforcer leur partenariat financier, technique, conceptuel avec un acteur éphémère, plutôt qu avec des acteurs pérennes (voir la section consacrée à la modification durable des pratiques). La procédure d appel à projets mise en place n a pas eu quant à elle de rôle direct dans le renforcement des relations entre acteurs. Ceux-ci ne pouvaient pas rencontrer les salariés de l association, par exemple, pour se porter candidats à des partenariats, ou être accompagnés dans ce sens. Par contre, l association a puisé dans le vivier de structures pour organiser certains partenariats lorsqu elle le jugeait pertinent. Il est possible enfin que la CEC ait au contraire nui à certains partenariats existants, en particulier avec des mécènes privés. L association MP2013 aura en effet, au total, réuni plus de 14 M en parrainage (voir plus bas). Marsatac, Les Suds d Arles, la Friche La Belle de Mai, parmi d autres, ont rapporté s être trouvés en concurrence avec l association lorsqu ils ont contacté, en 2012 et en 2013, leurs partenaires privés habituels. Fonctionnement du projet Les autres changements constatés, notamment en termes d acquisition de compétences ou de recrutement et de partenariat, semblent essentiellement liés au fonctionnement normal du projet. La contribution de la CEC passe alors par deux mécanismes : D une part, la volonté des porteurs de projet de se saisir de l occasion de la CEC pour accroître l importance et la visibilité de leurs actions, qui a probablement été un facteur majeur de renforcement des partenariats. D autre part, le financement proprement dit, qui dans un certain nombre de cas rend les projets possibles ou les renforce. Les porteurs de projet interrogés considèrent d ailleurs assez spontanément que la CEC a surtout accru l importance et la visibilité de leurs actions, plus qu elle n en a changé la nature. La faible différence constatée dans les réponses données par les porteurs labellisés et cofinancés plaide également pour des effets liés à la réalisation de projets et à une dynamique particulière, plutôt qu au financement de MP2013. En revanche, les financements peuvent avoir contribué à des effets spécifiques, tels que les recrutements pour la durée du projet. Principaux constats sur l amélioration des pratiques professionnelles Les opérateurs cofinancés ou labellisés ont généralement bien contribué aux principaux objectifs de l année : leurs projets s inscrivent dans le thème euroméditerranéen, les deux tiers intègrent une dimension européenne, près de 9 sur 10 visent des publics pas habituellement présents dans les lieux culturels et ont pris des mesures pour les toucher (partenariat avec des opérateurs sociaux ou présence dans l espace public). Les opérateurs cofinancés ou labellisés ont acquis ou renforcé des compétences en menant à bien leurs projets : gestion de partenariats institutionnels, gestion de projet et conception de projets culturels notamment. Surtout, ils sont nombreux à les réutiliser. Les recrutements comme les formations qu elles ont réalisés visaient surtout à faire face à la charge de travail plutôt qu à acquérir des compétences. La grande majorité a également développé des collaborations nouvelles avec de nouveaux types d acteurs et renforcé des coopérations anciennes à l occasion de l année ; surtout, une grande part de ces coopérations porte sur la conception et la réalisation des projets, et pas uniquement leur financement. Ces changements de pratiques ont surtout été acquis «sur le tas», dans la réalisation des actions elles-mêmes. Les critères de la CEC étaient peu contraignants, mais ont poussé les opérateurs à aller plus loin, en particulier sur l accès des publics. La CEC a également poussé les opérateurs à présenter des projets ambitieux et à se projeter dans l avenir, et a facilité un certain nombre de partenariats. Mécaniquement, avec l extinction de l association, tous les partenariats qu elle avait engagés sont quant à eux restés éphémères. tout à fait d'accord plutôt d'accord plutôt pas d'accord pas d'accord du tout Les opérateurs culturels ont mmieux pris en compte le thème euroméditerranéen dans leurs actions 18,1% 8,3% Les opérateurs culturels ont conçu des projets différents de ce qu'ils font habituellement Les opérateurs culturels ont mieux pris en compte dans leurs actions l'accès de tous les publics Permis à des disciplines alternatives, nouvelles et émergentes du territoire d'obtenir un financement Permis à des opérateurs rarement ou jamais financés par les pouvoirs publics d'obtenir un finnacement 15,3% 6,9% 11,1% 8,3% 11,1% 13,9% 18,1% 26,4% 0% 25% 50% 75% 100%

34 MARSEILLE-PROVENCE 2013 35 Les opérateurs culturels ont-ils réussi à attirer un public plus nombreux et plus diversifié grâce à MP2013? Figure 15 : La participation aux manifestations de Marseille-Provence 2013 2 résidents sur 3 ont participé à au moins une manifestation de la CEC, en tant que spectateurs À l exception des grandes fêtes dans l espace public citées précédemment, avez-vous assisté à des manifestations ou visité des installations proposées dans le cadre de MP2013? Base : 506 participants Question fermée Ce qui s est passé Les chiffres de participation, à l issue de l année 2013, sont élevés. Certains évènements, notamment ceux se déroulant dans l espace public, ont été des succès au-delà des espérances, d autres ont été des échecs de fréquentation. Certains publics, cependant, ont moins participé que d autres ; et la nature de cette participation peut varier également. Oui Base : 337 participants Non 33% Oui 67% Au global Des CSP+ qui assistent plus que les autres (76% vs 67% au global) Des habitants de Marseille qui assistent plus que les autres (74% vs 60%) Des répondants ayant des pratiques culturelles très régulières (1 fois par mois ou plus) et régulières (5 à 11 fois par an) qui ont davantage assisté que ceux ayant moins de 5 activités culturelles par an (respectivement 88% et 72% vs 51%) Non Base : 169 non-participants Au global La fréquentation La fréquentation effective des manifestations se déroulant dans le cadre de la CEC MP2013 est importante, quelle que soit la façon de l appréhender. Méthodes de calcul Il est difficile d estimer précisément la fréquentation d un évènement tel que Marseille-Provence 2013, qui se déroule sur un vaste territoire et sur une année complète. Plusieurs indicateurs permettent néanmoins de la cerner : D abord, l association MP2013 a estimé le nombre de visites, en additionnant la fréquentation des évènements ou des équipements inclus dans la CEC. Un même visiteur peut effectuer plusieurs visites. Il peut également être présent à l occasion de l évènement sans visiter spécifiquement un projet. Au total, l association a comptabilisé 11,015 millions de visites 50. Le succès du Musée National des Civilisations de l Europe et de la Méditerranée (MuCEM) a un rôle important dans ce décompte, avec 1,8 million de visites sur la période. Ensuite, il est possible de considérer le nombre de visiteurs : 1,9 million de visiteurs supplémentaires ont été accueillis sur le territoire 51. Enfin, deux enquêtes (BDR Tourisme, Occurrence pour Euréval) ont été réalisées sur la fréquentation de la CEC par les résidents du territoire. La première, réalisée au 4 e trimestre, aboutissait à deux tiers de résidents ayant assisté à au moins une manifestation, et parmi le tiers restant, environ 40 % souhaitant y assister ; la seconde, réalisée début 2014, arrive à un total de 74 % de résidents ayant participé à une manifestation (67 % du total) ou à une grande fête (52 %) 52. À titre de comparaison, 66 % des Liverpudliens se sont rendus à au moins un évènement lors de la CEC de 2008. Le MuCEM apparaît dans les deux cas comme une locomotive de participation : la moitié des résidents s y est rendue (dans 9 cas sur 10 pour le lieu, sans visiter les expositions), et parmi l autre moitié, 90 % envisagent de s y rendre. Rapporté à la population du département, environ 1,45 million de Buccorhodaniens auraient participé à au moins un des évènements de l année 53. 50 Source: rapport moral et financier de l association présenté à l assemblée générale du 17 mars 2014. 51 Source : BDR Tourisme. Ces chiffres sont présentés plus en détail en réponse à la question 2. 52 L étude de BDR Tourisme aboutissait à environ 20 % «d irréductibles, qui ne participeront à aucun évènement de l année». 53 Soit 74 % de la population du département (1,96 million d habitants). En tant que spectateur ou visiteur En tant que contributeur 4% 98% Occurrence pour MP2013 - Enquête résidents mars 2014 Grand Atelier du Midi (462) Expositions (5784) Ulysses (223) MuCEM (1824 dont expos 600) Villa Méd. (256) J1 (toute l'année 307) Voyages en Méditerranée* (373) 65% 3% Autres manifestations (2352) Friche Belle de Mai (ts publics, 380) Festivals d'été (285) J'aurais souhaité mais je ne l'ai pas fait 75% Je ne pense pas ou je ne sais pas 14% 25% 5% Je ne le souhaitais pas 11% 5% Fréquentation des évènements La CEC a pu compter sur un certain nombre de locomotives : 12 évènements ou lieux totalisent plus de 50 % de l ensemble des visites décomptées (hors pavillon M). Le MuCEM à lui seul en représente près de 20 %, et le week-end d ouverture, 6 % (Figure 16). Figure 16 : La fréquentation des évènements de la CEC (Source : MP2013, en milliers de visites. Seuls les évènements ayant réuni plus de 200 000 participants sont mentionnés) Pavillon M (1210) Grands évènements (1711) WE ouverture (511) * projet labellisé Autres (2339) Autres (1687) Entre flammes et flots (484) TransHumance (330) Révélations 1 à 8 (266) Métamorphoses (120)

36 MARSEILLE-PROVENCE 2013 37 Les 98 % des projets restants ont recueilli l autre moitié des visites comptabilisées dans le cadre de l année. Les porteurs de ces projets sont dans leur grande majorité satisfaits de la fréquentation (80 % selon notre enquête), y compris hors Aix et Marseille, comme en témoignent des opérateurs à Istres, à Martigues, à Au-bagne et à Châteaurenard. Pour ces acteurs, la progression est la plus forte à Marseille, mais parce que ce territoire partait de plus loin en termes de fréquentation. Il est intéressant de constater que l enquête menée au dernier trimestre auprès des résidents par BDR Tourisme présentait des résultats moins positifs, avec des taux de satisfaction oscillant entre 39 % pour la politique tarifaire et 66 % pour la gratuité des évènements. Un certain nombre d éléments tendent en effet à montrer que la satisfaction a grimpé depuis que l année est terminée et que le consensus, dans la population, est qu il s agit d un succès. Selon l association, la fréquentation a révélé une appétence du public pour des manifestations hors normes. En témoignent les bonnes surprises du GR 2013 (120 000 visites), Yes We Camp (49 000 visites dont 15 000 nuitées) et Champ Harmonique (40 000). La Nuit industrielle à Martigues et Port-de-Bouc, avec 14 000 spectateurs, est également un succès remarquable étant donné le thème et l accessibilité réduite des lieux. Le Musée d histoire de la Ville de Marseille et le Musée des arts décoratifs (Château Borely) ont également enregistré un nombre de visites très satisfaisant pour leur réouverture 54. D autres succès ont été appréciés, mais étaient plus attendus, tels que la Folle histoire des arts de la rue et Cirques en Capitales. Parmi ces réussites, certains lieux étaient pourtant peu accessibles : la Friche La Belle de Mai et le Château Borely sont assez difficiles d accès depuis le centre-ville touristique de Marseille, sans parler de Champ Har-monique, aux Goudes. Parmi les échecs de fréquentation : TransHumance, qui a séduit en ville, mais moins à la campagne, et dont la logistique s est avérée beaucoup plus compliquée que prévu. Le Grand Atelier du Midi, quant à lui, a tout de même réuni 462 000 visiteurs, mais 600 000 étaient attendus. 54 Source : «Marseille : clap de fin», Le Journal des Arts, janvier 2014. 55 Cela est également confirmé par l enquête menée par BDR Tourisme, voir plus bas. Les évènements ou les équipements, quant à eux, satisfont les résidents, en particulier «Raoul Dufy, de Martigues à l Estaque» (93 % de satisfaits, 20 000 visites), le MuCEM (93 %), Cirque en capitale (92 %) et Le grand atelier du midi (91 %) 56. L évènement pour lequel la satisfaction est la plus basse dans la liste est «Mon île de Montmajour» (71 %, 65 000 visites). Cette appréciation générale est confirmée par les enquêtes de l AGAM) : La perception des évènements par les Marseillais est très positive. L organisation, le contenu des manifestations et l ambiance ont été très appréciés. Sur ce dernier point, les enquêtés mentionnent souvent le caractère convivial, familial et «bon enfant» qui a régné lors de la plupart des évènements. Le constat qu aucun incident notable n ait entaché les spectacles corrobore le sentiment exprimé par les participants. L appropriation (ou la réappropriation) des espaces publics comme le Vieux-Port (dans sa nouvelle configuration) et l Esplanade J4 par des habitants qui avaient perdu l habitude de fréquenter le centre ancien est palpable 57. Qui sont les publics? Il n existe pas d étude globale quantitative permettant de définir quels ont été les publics de la CEC, mais certains éléments permettent d en avoir une idée. 56 Source: José-Pierre Cholvy Consultant / BVA / Bouches-du-Rhône Tourisme - 2013. 57 Source : AGAM, étude MAGE 2013, Bilan des grands évènements. 58 Source : Sylvia Girel in «Une forme d appropriation de MP2013 a eu lieu, même à travers la contestation», Elodie Crézé, Marsactu, 30 décembre 2013. 59 Source : Enquête 2013 auprès des touristes, CCIMP. Ces chiffres incluent les retraités. Retraités mis à part, les «CSP+» représentent 45 % des touristes en 2013. Ces touristes ne venaient pas forcément pour la CEC, mais ils étaient plus de 80 % à savoir qu elle se déroulait. 60 Source : European Cities and Capitals of Culture, Part I, Palmer-Rae Associates for the European Commission, 2004, pp. 120-121. 61 Source : Luxembourg and Greater Region, European Capital of Culture 2007, Final Report, p. 40. Satisfaction des publics Les publics de la CEC sont par ailleurs satisfaits de leur participation, comme le montrent plusieurs sources concordantes. Types de publics Sylvia Girel, chercheuse associée au Laboratoire méditerranéen de Sociologie (LAMES), a coordonné des études de terrain sur les publics des évènements : Parmi les résidents, d abord. Selon notre enquête, ils sont 88 % à donner une note supérieure à la moyenne, et 70 % plus de 7. Surtout, la satisfaction augmente avec la participation : ceux qui ont assisté à au moins une manifestation donnent une note bien supérieure (7 vs. 5,4) que ceux n ayant pas participé. Les plus de 60 ans, les Marseillais, les résidents anciens, les publics ayant des pratiques culturelles régulières sont aussi plus satisfaits 55. Dans le détail, il n y a pas vraiment de point d insatisfaction ; la qualité de la programmation est le premier point de satisfaction (80 % des répondants, 90 % parmi ceux qui ont participé). Là aussi, plus les répondants ont des pratiques culturelles fréquentes, et plus ils sont âgés, plus ils sont satisfaits (Figure 17). Figure 17 : Scores de satisfaction significativement corrélés aux pratiques culturelles et à l âge. 90% 67,5% Pratiques culturelles* Si l on prend l ensemble des lieux et des évènements de l année 2013, on retrouve toutes les catégories de publics analysées par les sociologues : les publics des habitués, ceux qui fréquentent habituellement les lieux de diffusion des arts et de la culture et qui ont trouvé grâce à l année capitale une offre démultipliée ; des publics que l on qualifie d «univores». On retrouve également des publics spécifiques, scolaires, touristes, comités d entreprise, etc. qui viennent chacun avec des motifs et attentes différentes ; des publics inattendus, qui ont découvert et se sont convertis à certaines formes de création, on pourra citer des bénévoles de MP2013 pour les arts de la rue ou l art contemporain, des familles découvrant la diversité du cirque actuel. Il y aussi eu des publics résistants ou réfractaires ; des indifférents, etc. 58. CSP et pratiques culturelles L enquête auprès des résidents montre que les cadres et professions intellectuelles supérieures se sont plus rendus que les autres aux manifestations ou sur les lieux emblématiques de l année (76 % contre 67 %). Plus encore, les gens ayant les pratiques culturelles les plus fréquentes sont également ceux qui se sont rendus le plus souvent à des manifestations de la CEC (1 fois par mois ou plus : 88 % ; 5 à 11 fois par an : 72 %, contre 51 % pour les autres). Ces écarts se retrouvent pour le MuCEM, les répondants ayant des pratiques culturelles une fois par mois ou plus sont ainsi 77 % à s y être rendus, contre 52 % au global. 45% 22,5% 0% 1 fois par mois ou plus entre 5 et 11 fois moins de 5 fois 2 fois par an ou moins Nous ne disposons pas, faute d enquête spécifique, de données sur la catégorie socioprofessionnelle des visiteurs de Marseille-Provence 2013. En revanche, l enquête réalisée par la CCIMP auprès des touristes visitant le territoire montre que 62 % des visiteurs sont des cadres ou professions libérales (28 %), des employés ou des professions intermédiaires («CSP+») 59. La programmation culturelle était de qualité / Le tarif des manifestations était suffisamment accessible Il était facile de se rendre aux manifestations ou dans les installations créées pour l'occasion Vous vous êtes senti bien informé sur le programme de Marseille-Provence 2013 Il y avait suffisamment de manifestations proposées à proximité de votre domicile * en réponse à la question : En 2012, à quelle fréquence avez-vous eu au moins l'une des pratiques culturelles suivantes : aller au cinéma, assister à un concert, un spectacle de théâtre ou de danse, se rendre à une exposition dans un musée ou ailleurs? 90% 67,5% Âge Des constats similaires ont été faits pour d autres CEC en Europe. Bien que les outils de mesure diffèrent, ils ont tendance à montrer une part des cadres et professions intellectuelles supérieures très importante, selon les cas supérieure ou inférieure à celle constatée à Marseille : À Porto (2001), une enquête réalisée sur 5 000 visiteurs concluait à 47 % de cadres ; À Bruges (2002), 87 % des touristes visitant la ville étaient de «classes sociales supérieures» 60 ; À Luxembourg (2007), les cadres étaient les plus représentés également 61. 45% 22,5% 0% 60 ans et plus 45-59 ans 30-44 ans 15-29 ans

38 MARSEILLE-PROVENCE 2013 39 Pour autant, les porteurs de projet interrogés sont 50 % environ à considérer que le public était plus diversifié socialement que d habitude, et plus largement composé de publics pas habituellement présents dans les lieux culturels de la ville, l autre moitié considérant qu il n y avait pas de différence par rapport à d habitude. Les bénévoles Les 3 000 bénévoles de Marseille, enfin, ont également constitué un public spécifique. Hors étude spécifique les concernant, il est difficile de savoir dans quelle mesure les bénévoles ont apprécié les spectacles auxquels ils ont assisté. Néanmoins, les observations menées notamment par des chercheurs d Aix-Marseille Université ont permis de mettre en évidence un certain nombre de cas allant dans ce sens. Figure 18 : Et en termes de fréquentation, diriez-vous que le public de votre projet était...? (n=73) Modes de participation Plusieurs acteurs ont tenu à se démarquer des chiffres de fréquentation de la CEC, pour mettre en avant l approfondissement de la relation avec les spectateurs, l empreinte que laissent les projets sur ces derniers, ou leur degré de participation : Plus diversifié socialement que d'habitude Plus largement composé de public pas habituellement présents dans les lieux culturels de votre ville Plus largement composé d'habitants d'autres villes du département Plus largement composé de visiteurs français Plus largement composé de visiteurs étrangers 0% 1% 3% 3% non, au contraire 5% 4% 25% non, comme d'habitude oui, plutôt oui, tout à fait 47% 45% 50% 62% 59% 63% 27% 29% 16% 11% 18% 75% 25% 21% 18% 22% 22% 100% C est important qu il y ait du public, que le monde culturel ne reste pas dans un entre-soi. Mais une espèce de «nombrisme» est en train de se mettre en place. À moins de 400 000 spectateurs, tu n existes pas. Les questions de la qualité, du sens, sont dépassées par une guerre d images qui met au premier plan les foules pacifiques du Vieux-Port. J adore les foules pacifiques du Vieux-Port, mais le jour de la fête d ouverture, si j étais ravi de l acte social, je n étais pas enthousiasmé par ce que je voyais. Embarquer les gens dans quelque chose qui va les émouvoir, pas simplement les laisser spectateur, ce n est pas évident. Et, pour l instant, c est rare 66. 66 Source : Pierre Sauvageot, in «L espace public se doit d être critique», Olivier Bertrand, Libération, 19 septembre 2013. 67 Source : «Marseille-Provence 2013 : Marseille attend toujours d être bluffée par sa capitale», Télérama, 13 mai 2013. 68 Source : Sylvia Girel in «Une forme d appropriation de MP2013 a eu lieu, même à travers la contestation», Elodie Crézé, Marsactu, 30 décembre 2013. Habitants des quartiers relégués Nous ne disposons pas de données spécifiques concernant ces publics, qui sont généralement peu mobiles. Comme indiqué précédemment, les évènements de l année, quoique répartis sur tout le territoire, étaient plutôt concentrés dans les villes centres où se situent les équipements culturels, mais un certain nombre d actions spécifiques permettaient de toucher néanmoins ces publics (voir plus bas). Il convient également de distinguer les villes moyennes (Martigues, Istres, Aubagne ) où les quartiers relevant de la politique de la ville sont souvent proches du centreville, et Marseille. Dans les premières, il semble que les évènements se déroulant sur l espace public ont également touché les habitants des quartiers relégués. À Marseille, les enquêtes menées par l AGAM 62 montrent que les habitants des quartiers nord ont comparativement moins rejoint le centre-ville lors des grands évènements sur l espace public, alors que ceux des quartiers est 63, quartiers résidentiels disposant de peu d équipements culturels, et sud semblent l avoir fait plus massivement, et avoir investi les secteurs rénovés de la ville (J4, notamment). De même pour les territoires ruraux, en particulier ceux de l est du département, peu touchés en évènements, mais dont les habitants semblent s être impliqués. Les jeunes, les scolaires Certains observateurs considèrent que les jeunes, et les étudiants notamment se sont moins investis qu ils l auraient pu. L enquête auprès des résidents montre que l âge est un facteur de satisfaction (les jeunes sont moins satisfaits que les plus âgés), mais la participation n est pas corrélée à l âge. Toujours faute de données, il n est pas vraiment possible de vérifier cela. En revanche, les scolaires ont été mobilisés de façon assez massive, avec à mi-parcours 236 000 élèves mobilisés 64 : 86 000 élèves du second degré investis dans un projet spécifique initié par MP2013 ; 60 000 élèves du premier cycle investis dans une sortie ou un projet en lien avec un projet en lien avec MP2013 dans les Bouches-du-Rhône. 20 000 étudiants investis dans une sortie ou un projet en lien avec MP2013 dans les Bouches-du-Rhône 65. 62 AGAM, Étude MAGE (Marseille-Provence, Analyse des Grands Évènements en espace public). 63 Selon Flux Vision, mais pas selon l AGAM. 64 Il y a environ 540 000 élèves dans l académie de Marseille (premier et second degré). Les chiffres à fin d année ne sont néanmoins pas disponibles pour vérifier le degré total d implication. 65 Source: Marseille-Provence 2013, Relations avec le milieu scolaire, Bilan à mi-parcours. Les remarques faites en ce sens sont généralement de deux ordres : Les évènements sur l espace public ont rassemblé un large public, mais ils n apportaient pas suffisamment de contenu : [ ] Mais passée la surprise de la découverte, la nuit tombant et la foule se densifiant, la folie de la compagnie Carabosse s est gentiment éteinte, noyée à la fois par l immensité du territoire qu elle était censée couvrir et par le flot continu de visiteurs. [ ] Dans ces conditions, difficiles si vous n aviez pas le privilège d être invité à une soirée VIP/partenaires/ corporate dans un des sites surplombant l évènement, d apprécier la poésie d une balade, qui, sur certains tronçons, tournait au piétinement ou à la traversée du désert 67. Certaines actions réalisées concernaient peu de personnes, mais avec un fort degré d implication et des effets importants sur les personnes concernées. C est notamment la remarque faite par des acteurs sociaux, en particulier liés au Conseil général, qui mettent en avant leurs projets visant les quartiers relégués, notamment : Ce qui s est passé autour de certains quartiers créatifs, ou avec le Merlan, etc. dans des projets de proximité, des projets qui ont créé des liens entre des habitants et des artistes, monde de la vie quotidienne et monde de l art, mais dont les effets ne se mesurent pas quantitativement 68. Il est ainsi intéressant de constater que 4 % des résidents ayant participé à au moins une manifestation de la CEC disent l avoir fait «en tant que contributeur» (3 % de l ensemble des résidents). En rapportant cette proportion à la population de 15 ans et plus du département, environ 50 000 personnes auraient été concernées. Les élèves ont surtout visité des expositions (Ulysses, expositions liées à la thématique des cultures scientifiques notamment), des lieux ou participé à des manifestations de l année (TransHumance), mais il y avait également des actions spécifiques : par exemple, le projet Archimed a invité 60 classes d établissements généraux et techniques hors Marseille à découvrir des lieux culturels de Marseille ; les nouveaux collectionneurs proposait à des collégiens «de se mettre en capacité au sein de leur collège, de construire leur regard et d exprimer leur goût face à la création artistique» ; le Zine 2013, enfin, était un journal en ligne réalisé par des collégiens et des lycéens du département.