L évaluation en maternelle L évaluation est un acte pédagogique mais relevant de la démarche pédagogique ET didactique de l enseignant. La loi du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République a souligné la place fondamentale de l école maternelle comme première étape pour garantir la réussite de tous les élèves au sein d'une école juste pour tous et exigeante pour chacun. Les élèves de l école maternelle suivent désormais un cycle d enseignement à part entière, le cycle des apprentissages premiers, pour lequel un nouveau programme, publié le 26 mars 2015, est entré en vigueur à la rentrée 2015. Le cycle des apprentissages premiers a une identité propre : centré sur le développement affectif, social, sensoriel, moteur et cognitif de l enfant, il établit les fondements éducatifs et pédagogiques sur lesquels s'appuient et se développent les apprentissages de l élève pour l'ensemble de sa scolarité. Il vise à prévenir les difficultés, réduire les inégalités et inscrire chaque enfant dans un parcours de réussite. De manière générale, nous évaluons parce que c est la seule façon de placer l élève au cœur du système d apprentissage, en mettant notre attention et nos compétences pédagogiques à son service. Lorsqu il est question d évaluation à l école maternelle, c est bien l observation qui est première. L usage du papier/crayon n est pas toujours indispensable pour évaluer. Observer signifie prendre des informations en continu, pour s assurer que les enfants progressent, que chaque enfant progresse. C est quand un enfant ne progresse pas qu on va utiliser des outils plus précis, plus affinés. Il n est pas question d envahissement par l évaluation, mais plutôt de s attarder à observer quelques enfants en particulier, à des moments donnés, et notamment les enfants «transparents», qui se font discrets, qui donnent peu à voir dans le temps ordinaire de la classe. 1
L évaluation est l une des missions des maitres inscrite dans le Code de l Education. Elle repose, à l école maternelle, sur des modalités spécifiques pour rendre compte des progrès des enfants. L évaluation, avant d être une mesure, est une confrontation entre un ensemble d actions pédagogiques et les effets produits sur les élèves. Chaque enseignant doit pouvoir apprécier ce que chaque élève sait et quels sont les obstacles qu il rencontre dans les apprentissages, afin d apporter les aides et les étayages nécessaires pour le faire progresser. Concertation nécessaire sur les modalités d évaluation afin d aboutir à une harmonisation et cohérence des pratiques. L évaluation est appréhendée comme un régulateur des enseignements de manière dynamique et positive = composante de la démarche pédagogique. Pourquoi faut-il évaluer si ce n est pour mieux aider les élèves à apprendre? 1 LES OUTILS D EVALUATION PRECONISES EN MATERNELLE En quelques lignes : En maternelle, il est recommandé de s appuyer sur des outils de type «objets», des exercices de manipulation plutôt que des supports papier (fiches). L évaluation implique une longue préparation avec de nombreux exercices d entrainements pratiquement identiques à ceux proposés pour l évaluation. L évaluation positive est mise en avant : par l observation => observation spontanée ou préparée voire instrumentée + intentions explicites = qu est-ce qu on repère? La gestion de la classe est un élément clé de l évaluation réussie : se mettre en position d observateur, laisser les élèves évoluer et constater les acquis selon des objectifs bien définis, se retirer d une position d animateur. 2
Les modalités d évaluation des apprentissages définis par les enseignants en conseil de cycle. Elles sont définies par chaque école et adaptées à l enseignement spécifique de la maternelle. Evaluation formatrice : l enseignant évalue les acquis pour permettre à l élève de progresser. La pluralité des supports est permise dans ce but. Approfondissement : Pour faciliter la continuité du parcours scolaire des élèves lors du passage à l école élémentaire, il est nécessaire que les enseignants du cycle des apprentissages premiers puissent transmettre aux enseignants du cycle suivant, cycle des apprentissages fondamentaux, un état des acquis de leurs élèves à l issue de la scolarité à l école maternelle. A l école maternelle, le suivi des apprentissages et la communication autour des progrès des élèves passent par deux outils : - Un carnet de suivi des apprentissages, renseigné tout au long du cycle ; - Une synthèse des acquis de l élève, établie à la fin de la dernière année du cycle 1. Quelques pistes particulièrement opératoires Avec les enfants dans leur première année de scolarisation. Plus les enfants sont jeunes et plus on se sent démuni pour saisir et rendre compte des apprentissages qu ils accumulent au cours de leur première année d école. - Ainsi la photographie ou le film vidéo sont des outils de mémoire, de visualisation des acquis qui permettent de saisir les attitudes et les comportements. Ils sont de pertinents supports de rencontres avec les familles. 3
- Dans l album personnel et concernant les traces du travail effectué, il est important de penser le rôle des consignes et de dater les évaluations. - On ne peut admettre qu il soit trop tôt pour évaluer en PS. Noter des évolutions, garder la mémoire des conquêtes progressives du jeune enfant, intervenir pour proposer à bon escient telle ou telle situation stimulante sont des attitudes professionnelles à développer chez les enseignants. Leurs toutjeunes élèves ont besoin d être encouragés et aidés pour grandir et être mis en réussite, à partir d étayages pensés en amont qui prendront appui sur l observation et l évaluation des capacités réelles de chacun. Avec les enfants de moyenne section La classe de MS offre d autres possibilités : «je fais, je parle de mon travail, je compare consigne et production». Après le savoir-faire, le savoir dire ce que l on a fait est une étape essentielle de la construction et de l évaluation des apprentissages. Les équipes d enseignants s appuient sur les programmations de cycles pour composer des grilles d observations sur les compétences qu elles veulent évaluer. Avec les enfants de grande section Chez les plus grands, on pourra diversifier, complexifier les différents types de situations d évaluation pour tendre vers des procédures contractuelles. Pour l élève, la place de l évaluation dans la prise de conscience de ses propres acquis et besoins, l introduction de la démarche dans les critères de réussite font partie des compétences préalables à l entrée dans un apprentissage systématique. Autres outils de cycle 1 L observation renforcée : L enseignant observe l enfant dans toutes les activités et note périodiquement ses observations sur un tableau organisé a priori. Il rédige périodiquement une synthèse communicable : livret d évaluation et/ou monographies. Le cahier de progrès (ou de réussite) : Il permet de noter périodiquement les progrès de l enfant dans le cadre d un dialogue avec l adulte. Il est à la fois outil 4
d évaluation et support d apprentissage au moins au niveau de la manipulation des symboles et au niveau du langage. Il peut se concrétiser sous des formes plus visuelles du type «arbres de progrès (ou de réussites)». 2 LE CARNET DE SUIVI Obligatoire depuis la rentrée 2016. Format à l initiative de l équipe pédagogique. En quelques lignes : Il permet de rendre compte des progrès des élèves, renseigné par l enseignant, le suivi de l élève au cours du cycle 1 et l accompagnement si changement d école en cours de cycle 1. Synthèse des acquis à la fin du cycle 1 et transmission à l école élémentaire et aux parents. Il assure la continuité des apprentissages si chère à la refondation de l école : synthèse des acquis et points à travailler pour chaque élève basé sur les 5 grands domaines Il doit être transmis aux responsables légaux 2 fois par année scolaire au minimum. Seule la synthèse des acquis scolaires de fin de cycle fait l objet d un modèle national et transmise à l école élémentaire de l élève. 5
Approfondissement : Contrairement à l école élémentaire, les pratiques d évaluation à l école maternelle sont récentes. Elles apparaissent dans le 1 er programme de 1995, faisant suite à l organisation de l école en cycles. La place charnière occupée à l époque de la GS, à la fois inscrite dans le cycle 1 et dans le cycle 2, oriente les pratiques des enseignants pour concevoir des outils spécifiques d évaluation. L utilisation d un livret d évaluation est adoptée jusqu en 2015, pour vérifier les acquis avant l entrée au CP. Le carnet de suivi permet d apprécier la progression des apprentissages sur l ensemble du cycle. Il s agit d une sorte de portfolio individuel rassemblant un échantillon des productions des enfants, il sert à mesurer leurs progrès, en les associant à la prise de conscience de leurs réussites. Elaboré en équipe, il regroupe les 5 domaines d apprentissage, mais pas forcément tous les attendus de fin de cycle. Les équipes identifient les attendus les plus pertinents à viser à la fin de chaque niveau de classe pour que, sur l ensemble du cycle, l enfant ait pu suivre un parcours cohérent des apprentissages. Sur chaque feuille-support comportant des photos, des écrits des dessins, des productions graphiques ou plastiques, sont indiqués : le domaine, l objectif, la consigne et le contexte. 6
3 «L EVALUATION POSITIVE» En quelques lignes : L évaluation est un outil de régulation pour les enseignants. Ne sert pas à «sélectionner» les élèves. L évaluation positive se manifeste sur une observation attentive ainsi qu une interprétation des paroles et gestes de chaque enfant. Elle consiste en la mise en valeur des progrès de l enfant par rapport à lui-même (réussites et leur évolution). Pas de terme ou attitudes négatives employés. L évaluation positive est censée maintenir la motivation des élèves, elle se veut bienveillante et s appuie sur des indicateurs de progrès explicites. Théorie du sentiment personnel d efficacité : l enfant en situation de réussite = conscience et constat (cf sujet sur la motivation scolaire) Approfondissement : S inscrivant dans la perspective curriculaire de la loi pour la refondation de l Ecole du 8 juillet 2013, l évaluation constitue un enjeu fort, permettant de repenser le parcours individualisé de l élève. L évaluation positive, dans les programmes de 2015, repose sur une observation attentive des enfants, à partir des indicateurs de son développement psychoaffectif, cognitif, moteur. Elle favorise une mise en valeur du cheminement de l enfant, en se démarquant d une vision de vérification des acquis pour mieux s intéresser au processus d apprentissage de chacun. L évaluation s appuie sur une interprétation de ce que chaque enfant dit ou fait, en lui permettant d identifier ses réussites par l intermédiaire des traces conservées et d en percevoir l évolution. L évaluation positive à l école maternelle impose une conception de l apprentissage où les procédures sont tout aussi importantes à faire identifier par les enfants que les résultats. 7
4 LES PROGRAMMES DE 2015 ET LA PRIMARISATION DENONCEE DES ENSEIGNEMENTS En quelques lignes : Lien affectif entre l élève et l enseignant est primordial : essentiel pour le développement de l enfant. Importance que l enfant soit en mode «bien être» constamment car favorise le développement des fonctions affectives et cognitives. Formation des enseignants à la communication non violente et à la pédagogie positive = pertinence et permet de comprendre ce qui facilite l apprentissage des élèves. Approfondissement : Une des différences majeures du programme de la maternelle avec ceux de 2008 est que ce programme s inscrit dans un cycle unique, celui des «apprentissages premiers», et non plus dans un cycle comprenant également le cours préparatoire. La philosophie globale du nouveau programme diffère également de la précédente. Un mot la définit : bienveillance. «En maternelle, il ne faut pas brusquer les enfants et ne pas avoir le fantasme d en faire des pré-élèves.» Faire apprendre trop tôt, c est faire apprendre mal et créer de mauvaises conditions dans l apprentissage futur. L important n est pas la rapidité de l apprentissage mais sa solidité. Il s agit de laisser plus de temps à l enfant, de suivre son rythme. Certains dénoncent alors un manque d ambition couplé à un abaissement du niveau. «L ambition que l on porte est que les élèves, au sortir de la maternelle, doivent être aptes à apprendre. Quelle autre ambition peut-on espérer pour des enfants de moins de 5 ans? Les programmes de maternelle sont davantage axés sur des activités en situation, des jeux, plutôt que sur des exercices formels, sur fiches par exemple. De nombreuses recherches montrent que le jeu est essentiel pour apprendre. Le jeu amène de la motivation, de la confiance en soi. 8
En jouant, il y a un échange avec l enseignant, ce n est pas magistral. On apprend des choses sans s en rendre compte. Il y a du plaisir, du vivre-ensemble, on apprend à coopérer, on se socialise, ce qui n est pas le cas seul derrière sa table. Conclusion La pratique de l évaluation est non seulement légitime mais aussi indispensable, en maternelle comme ailleurs. Il faut simplement faire la distinction entre l évaluation-bilan et une évaluation que l on souhaite formative, conçue comme une aide aux apprentissages. Signifier la réussite ou les échecs à l aide de marques concrètes n a de sens que si ces informations sont l aboutissement d un travail collectif sur l activité des élèves, en prenant garde toutefois à la dimension affective si prégnante chez le jeune enfant. Ce qu il faut, c est repenser les relations entre pédagogie et développement, entre apprentissage et évaluation, dans des situations interactives. Sources http://cache.media.education.gouv.fr/file/ce1/14/8/sujet_25_cse_l_evaluation_ en_maternelle_678148.pdf http://eduscol.education.fr/cid97131/suivi-et-evaluation-a-l-ecolematernelle.html 9