Situation mathématique «les nombres trapézoïdaux»

Documents pareils
Synthèse «Le Plus Grand Produit»

Raisonnement par récurrence Suites numériques

I. Cas de l équiprobabilité

Compter à Babylone. L écriture des nombres

SOCLE COMMUN - La Compétence 3 Les principaux éléments de mathématiques et la culture scientifique et technologique

UNE EXPERIENCE, EN COURS PREPARATOIRE, POUR FAIRE ORGANISER DE L INFORMATION EN TABLEAU

Date : Tangram en carré page

Manuel d utilisation 26 juin Tâche à effectuer : écrire un algorithme 2

Représentation d un entier en base b

Calcul matriciel. Définition 1 Une matrice de format (m,n) est un tableau rectangulaire de mn éléments, rangés en m lignes et n colonnes.

La persistance des nombres

Exo7. Calculs de déterminants. Fiche corrigée par Arnaud Bodin. Exercice 1 Calculer les déterminants des matrices suivantes : Exercice 2.

Les nombres entiers. Durée suggérée: 3 semaines

La maison Ecole d ' Amortissement d un emprunt Classe de terminale ES. Ce qui est demandé. Les étapes du travail

LA BATTERIE DU PORTABLE

Suites numériques 3. 1 Convergence et limite d une suite

Chapitre 2. Eléments pour comprendre un énoncé

Logique. Plan du chapitre

Primaire. analyse a priori. Lucie Passaplan et Sébastien Toninato 1

Algorithmes récursifs

O b s e r v a t o i r e E V A P M. Taxonomie R. Gras - développée

Définition : On obtient les nombres entiers en ajoutant ou retranchant des unités à zéro.

6. Les différents types de démonstrations

b) Fiche élève - Qu est-ce qu une narration de recherche 2?

III- Raisonnement par récurrence

Groupe symétrique. Chapitre II. 1 Définitions et généralités

1 Définition et premières propriétés des congruences

Fluctuation d une fréquence selon les échantillons - Probabilités

NOM : Prénom : Date de naissance : Ecole : CM2 Palier 2

Indications pour une progression au CM1 et au CM2

Exercices - Polynômes : corrigé. Opérations sur les polynômes

Attestation de maîtrise des connaissances et compétences au cours moyen deuxième année

Tâche complexe produite par l académie de Clermont-Ferrand. Mai 2012 LE TIR A L ARC. (d après une idée du collège des Portes du Midi de Maurs)

Statistiques Descriptives à une dimension

Eteindre. les. lumières MATH EN JEAN Mme BACHOC. Elèves de seconde, première et terminale scientifiques :

Chapitre 2 Le problème de l unicité des solutions

Vous revisiterez tous les nombres rencontrés au collège, en commençant par les nombres entiers pour finir par les nombres réels.

Rappels sur les suites - Algorithme

De même, le périmètre P d un cercle de rayon 1 vaut P = 2π (par définition de π). Mais, on peut démontrer (difficilement!) que

Petit lexique de calcul à l usage des élèves de sixième et de cinquième par M. PARCABE, professeur au collège Alain FOURNIER de BORDEAUX, mars 2007

Quelques algorithmes simples dont l analyse n est pas si simple

avec des nombres entiers

AC AB. A B C x 1. x + 1. d où. Avec un calcul vu au lycée, on démontre que cette solution admet deux solutions dont une seule nous intéresse : x =

BACCALAURÉAT PROFESSIONNEL ÉPREUVE DE MATHEMATIQUES. EXEMPLE DE SUJET n 2

Le chiffre est le signe, le nombre est la valeur.

Texte Agrégation limitée par diffusion interne

EXPLOITATIONS PEDAGOGIQUES DU TABLEUR EN STG

IUT de Laval Année Universitaire 2008/2009. Fiche 1. - Logique -

Probabilités sur un univers fini

Glossaire des nombres

Spécialité auxiliaire en prothèse dentaire du brevet d études professionnelles. ANNEXE IIb DEFINITION DES EPREUVES

Définition 0,752 = 0,7 + 0,05 + 0,002 SYSTÈMES DE NUMÉRATION POSITIONNELS =

Le menu du jour, un outil au service de la mise en mémoire

Richard Abibon. «Le sujet reçoit de l Autre son propre message sous une forme inversée»

- Les êtres vivants dans leur environnement, rôle et place des êtres vivants - Lecture de textes documentaires

Licence Sciences et Technologies Examen janvier 2010

Probabilités. Une urne contient 3 billes vertes et 5 billes rouges toutes indiscernables au toucher.

C f tracée ci- contre est la représentation graphique d une

Initiation à l algorithmique

Proposition de programmes de calculs en mise en train

Continuité et dérivabilité d une fonction

Consigne : je remplis le tableau en tenant compte des informations de la ligne supérieure et de la colonne de gauche (droite pour les gauchers)

108y= 1 où x et y sont des entiers

MIS 102 Initiation à l Informatique

La fonction exponentielle

EXERCICES - ANALYSE GÉNÉRALE

Continuité d une fonction de plusieurs variables

Cours d arithmétique Première partie

Coefficients binomiaux

D'UN THÉORÈME NOUVEAU

I- Définitions des signaux.

Fonctions homographiques

Peut-on imiter le hasard?

Chaînes de Markov au lycée

Cours d algorithmique pour la classe de 2nde

La médiatrice d un segment

DEVOIR MAISON : THEME : LES CLES DE CONTROLE. I. La clé des codes barres

Technique opératoire de la division (1)

Deux disques dans un carré

UEO11 COURS/TD 1. nombres entiers et réels codés en mémoire centrale. Caractères alphabétiques et caractères spéciaux.

CORRIGE LES NOMBRES DECIMAUX RELATIFS. «Réfléchir avant d agir!»

Exercices sur le chapitre «Probabilités»

COURS EULER: PROGRAMME DE LA PREMIÈRE ANNÉE

Continuité en un point

MATHÉMATIQUES. Les préalables pour l algèbre MAT-P020-1 DÉFINITION DU DOMAINE D EXAMEN

TSTI 2D CH X : Exemples de lois à densité 1

INTRODUCTION. 1 k 2. k=1

Feuille d exercices 2 : Espaces probabilisés

Le système d évaluation par contrat de confiance (EPCC) *

Corrigé des TD 1 à 5

Quelques tests de primalité

Réaliser la fiche de lecture du document distribué en suivant les différentes étapes de la méthodologie (consulter le support du TD!

Sur certaines séries entières particulières

Leçon 01 Exercices d'entraînement

EVALUATION Nombres CM1

Section «Maturité fédérale» EXAMENS D'ADMISSION Session de février 2014 RÉCAPITULATIFS DES MATIÈRES EXAMINÉES. Formation visée

Distribution Uniforme Probabilité de Laplace Dénombrements Les Paris. Chapitre 2 Le calcul des probabilités

Limites finies en un point

CHAPITRE V SYSTEMES DIFFERENTIELS LINEAIRES A COEFFICIENTS CONSTANTS DU PREMIER ORDRE. EQUATIONS DIFFERENTIELLES.

Par combien de zéros se termine N!?

Transcription:

Situation mathématique «les nombres trapézoïdaux» Problème Trouver tous les nombres entiers qui sont la somme d au moins deux nombres entiers naturels 1. Analyse mathématique du problème La situation mathématique consiste à étudier quels sont les nombres qui sont sommes d entiers Eclairage historique : Elle fait partie des thèmes de recherche du grand mathématicien allemand Carl Fiedrich Gauss (1777 1855). Ce génie des mathématiques fut un enfant prodige (ce qui n est pas le cas de tous les grands mathématiciens!). Lui-même prétendait avoir su compter avant d avoir su parler. L anecdote qui illustre sa précocité est la suivante : A l âge de 10 ans, son maître pose le problème suivant : «quelle est la somme 1++3+ +100 de tous les nombres entiers de 1 à 100?» Le premier garçon ayant trouvé la solution devait poser son ardoise sur le bureau du maître. A peine celui-ci avait-il fini d exposer le problème, le jeune Gauss posa son ardoise sur le bureau. Pendant toute l heure qui suivit, les autres élèves peinaient sur cette immense addition, Gauss se tenait les bras croisés, le maître le regardant avec scepticisme. Au bout d une heure, le maître regarda l ardoise de Gauss, qui contenait le résultat exact. Il fut si impressionné qu il offrit un livre d arithmétique à Gauss. A 19 ans, il avait déjà démontré un théorème fondamental en théorie des nombres. Ses travaux portèrent non seulement sur l arithmétique, mais aussi sur la géométrie (construction des polygones réguliers à la règle et au compas), sur les nombres complexes et l analyse complexe. Il s intéressa aussi à la résolution de problèmes pratiques en astronomie, en magnétisme, en télégraphie. Il travailla aussi sur les géométries non euclidiennes. Ses travaux inspirent encore de nombreuses recherches contemporaines, ce qui prouve leur importance, et la fertilité de ses idées. Une dernière anecdote : le 10 juillet 1796, il nota dans son journal la phrase suivante : Euréka! num = + + Elle signifie «tout entier positif est somme de trois entiers triangulaires». Un entier triangulaire est un entier de la forme 1 + +... + n, soit n(n+1)/. Un nombre trapézoïdal est donc la différence de deux nombres triangulaires. Des méthodes de résolution Nous rédigeons les méthodes de la plus élémentaire à la plus experte. Certaines ne donnent qu une solution partielle au problème posé. Pour chacune nous présentons les savoirs mathématiques utilisés, ainsi que les compétences transversales mises en œuvre. méthodes Expérimentation numérique : En essayant des sommes de deux, ou trois ou quatre entiers consécutifs, on arrive assez vite à la conjecture que tous les entiers peuvent être décomposés en somme d'entiers consécutifs, sauf les puissances de (différentes de 1). Remarque : cette méthode est très féconde pour trouver la conjecture, mais il reste à la démontrer! On peut faire des essais inorganisés, et parvenir à la conjecture de façon assez difficile. On peut par contre mener une recherche très organisée. On se prête à une savoirs mathématiques utilisés Calcul de sommes d entiers, calcul mental et réfléchi. Ou bien utilisation de la calculatrice, éventuellement pour vérifier des calculs faits mentalement. compétences transversales mises en œuvre - expérimenter sur des valeurs numériques à la main, à la calculatrice - conjecturer - rédiger une conjecture

expérimentation numérique avec des sommes de deux entiers (0+1=1; 1+=3; +3=5; ), de trois entiers (0+1+=3; 1++3=6; +3+4=9; ) puis de quatre entiers consécutifs (0+1++3=6; 1++3+4=10; +3+4+5=14; ), etc. On remarque qu'en considérant une somme de deux entiers consécutifs, on trouve tous les entiers solutions en allant de deux en deux à partir du premier entier trouvé, c'est-à-dire 1. De même si on considère une somme de trois (respectivement quatre) entiers consécutifs, on trouve tous les entiers solutions en allant de trois en trois (respectivement quatre en quatre) à partir de 3 (respectivement 6). Ceci permet de trouver, de proche en proche, toutes les solutions et, à l'aide d'un crible, d'arriver à la conjecture que seuls 0 et les puissances de différentes de 1 ne conviennent pas: organiser des calculs et présenter les résultats sous forme de tableau 0 1 3 4 5 6 7 8 9 10 11 1 13 14 15 16 17 18 19 0 1 3 4 5 6 7 8 9 30 31 3 33 34 35 36 37 38 39 40 41 4 43 44 45 46 47 48 49 50 51 5 53 54 55 56 57 58 59 60 61 6 63 64 65 66 67 68 69 70 71 7 73 74 75 76 77 78 79 Résolution algébrique «à la recherche d une formule explicite pour les entiers cherchés»: on appelle n le plus petit de ces nombres entiers. On réduit l expression de la somme de deux entiers consécutifs, de trois entiers consécutifs, de 4,. Ceci donne lieu à la résolution de sous problèmes intéressants : «tous les entiers impairs conviennent». La démonstration utilise le calcul algébrique : Soit n un nombre entier naturel. n+ (n+1) = n +1, ce qui démontre que tout entier impair est la somme de deux entiers «Peut-on trouver une méthode par récurrence pour décrire les entiers cherchés?» n+ (n+1) = n +1 «les impairs» n+ (n+1) +(n+) = 3n +3 «les multiples de 3» n+ (n+1) +(n+)+(n+3) = 4n +6 n+ (n+1) +(n+)+(n+3)+(n+4)= 5n +10.. On trouve alors expérimentalement une façon de déterminer les coefficients «rouges» et les coefficients «bleus» : les rouges augmentent de 1 à chaque ligne ; les bleus sont égaux à la somme des deux coefficients (le rouge+ le bleu) de la ligne précédente. Ceci permet, en y mettant le prix, de trouver tous les entiers solutions. En raisonnant de manière plus astucieuse dans le cas de sommes "impaires" d'entiers consécutifs, on démontre que tous les multiples d'un nombre impair conviennent. En effet: Si au lieu d'écrire n + (n+1) + (n+), on pose N = n+1, la somme de trois entiers consécutifs s'écrit (N-1) + N + (N+1) ce qui est égal à 3N. Les - utilisation de la lettre pour désigner un nombre - nombres entiers naturels - entiers pairs, impairs (caractérisation «algébrique») - arithmétique : divisibilité (par, ici) - nombres entiers naturels - entiers pairs, impairs (caractérisation «algébrique») - dégager des sous problèmes, que l on s attache à démontrer - se poser le problème de la démonstration, de la preuve - observer des invariants et/ou des relations de récurrence

multiples de 3 s'écrivent donc comme la somme de trois entiers Exemple: 7 = 3 x 9 = (9-1) + 9 + (9+1) = 8 + 9 + 10 De la même façon, si au lieu d'écrire n + (n+1) + (n+) + (n+3) + (n+4), on pose N = n+, la somme de cinq entiers consécutifs devient (N-) + (N-1) + N + (N+1) + (N+) ce qui est égal à 5N. Les multiples de 5 s'écrivent donc comme la somme de cinq entiers Exemple: 35 = 5 x 7 = (7-) + (7-1) + 7 + (7+1) + (7+) = 5 + 6 + 7 + 8 + 9

Recherche d une preuve de la conjecture en utilisant des exemples que l on va «faire parler» 1 = 3+4+5 1 = 4+4+4 40 = 8+8+8+8+8 (5 fois 8) 40 = 6+7+8+9+10 Si l on essaye de généraliser cette idée issue de l expérimentation sur des exemples, on obtient : Si un nombre N s écrit (k+1)n, avec k et n entiers naturels, alors : N = (k+1)n N =n+ n+ +n+ +n+n (k+1) termes égaux à n N = (n-k)+(n-k+1)+ (n-1)+n+(n+1)+ +(n+k 1)+(n+k) Les termes se regroupent deux à deux, avec pour somme n : (n-k)+(n+k) = n (n-k+1)+(n+k 1)= n, etc. On obtient donc k fois n, auquel il faut ajouter n, le terme central, donc on retrouve bien N = (k+1)n La condition pour que les termes de la somme soient tous entiers naturels est : n k. Il semble donc, à cette étape, que cette démonstration ne marche pas dans tous les cas, par exemple : 10 = 5 = 0+1++3+4 correct, car ici n k 14 = 7 = 1+0+1++3+4+5 ne convient pas car il y a un nombre entier négatif! ici n < k Ce qui est très fort, c est que de la dernière égalité on peut tirer une autre égalité qui va convenir à notre problème, à savoir, comme 1+0+1 = 0, on obtient : 14 = +3+4+5. Mais là, il n est pas facile de rédiger une démonstration «générale». On comprend pourtant aisément que ce calcul va pouvoir être possible dans tous les cas où n < k. On peut parler d un exemple générique, qui à lui seul convainc. - nombres entiers naturels - distinguer conjecture et propriété démontrée - se poser le problème de la démonstration, de la preuve - revenir à des exemples pour en déduire une preuve (des exemples «génériques», qui ne donnent pas une démonstration) - expérimenter sur des valeurs numériques à la main, à la calculatrice, au tableur - observer des invariants - critiquer une démonstration, en percevoir les limites ; - analyser les conditions de validité d un calcul Démonstration de la conjecture : Elle utilise le résultat suivant : Si n est un entier naturel, 1++3+ +n =. On peut noter S n cette somme. (Cette démonstration permet de revoir ou d introduire ce résultat, comme outil de résolution de problème) N étant un entier naturel, on cherche s il existe deux entiers naturels a et p tels que N = a+(a+1) +(a+)+ +(a+n-1) N = S a+n-1 S a-1 N = (a+n 1)(a+n) (a 1)a Soit: N = (a+n) a n a +a N = n (a +n 1) ou N = n(a+n 1) On peut alors raisonner sur la parité de l entier n. Si n est pair : a+n-1 est impair Si n est impair : a+n-1 est pair - nombres entiers naturels - entiers pairs, impairs (caractérisation «algébrique») - somme des n premiers entiers naturels ( ou suite arithmétique) et à ce propos, anecdote sur Gauss - fonction de deux variables et tableau de valeurs de cette fonction sur un tableur - raisonnement par analyse-synthèse : partie «analyse» - raisonnement «par

Par conséquent, des deux entiers n et a+n-1, l un est pair et l autre impair : leur produit étant égal à N, cela entraîne que N possède un facteur premier impair : N n est pas une puissance de. Autre raisonnement, par l absurde : si N = m alors on cherche a et n tels que m+1 = n (a +n 1), ceci est impossible car l un des deux facteurs du second membre est impair. Il reste encore à démontrer que tout nombre N qui n est pas une puissance de peut s écrire comme somme d entiers N est donc le produit d un nombre impair i par un nombre pair p. N = i p et N = n (a + n 1) si i < p alors il suffit de poser n = i et p = a+n 1, soit a = p n+1 si i > p alors il suffit de poser n = p et i = a+n 1, soit a = i n+1 La conjecture est ainsi complètement démontrée, et cette démonstration donne un procédé pratique pour déterminer a et n entiers naturels tels que N = a+(a+1) +(a+)+ +(a+n-1). - utiliser le tableur (adresses absolues et relatives) - arithmétique : divisibilité (par, ici) le pair, et l impair» : raisonnement par exhaustion - raisonnement par l absurde - raisonnement par analyse-synthèse : partie «synthèse» Exemple : N = 168 168 = 1 16. Or 1>16 donc on aura : n =16 et a = i n+1 = 1 16+1 =3. 168 = 3 + 4 + 5+ + 18 Par la méthode numérique donnée sur des exemples génériques, on obtient : 168 = 1 8 = 8+8+8+.+8 168 = (8-10) +(8-9) +( 8-8)+(8-7)+.+(8+7)+(8+8)+(8+9)+(8+10). 168 = 1 +0+1++3+ +15+16+17+18 168 = 3 + 4+.+ 18 On peut aussi remarquer que 168 est un multiple de 3, et 168 = 3 56, donc 168 = 55 + 56 + 57 En utilisant la méthode «par récurrence» : 168 est multiple de 7 ; or la somme a+a+1+a++.+a+6 = 7a + 1 7a+1 = 168 équivaut à a = 1, ce qui donne : 168 = 1++3+4+5+6+7. Remarque : La décomposition en somme d entiers consécutifs n est pas unique. Il semble que des méthodes différentes donnent des résultats différents, sauf la méthode «exemples génériques» et la démonstration par le pair et l impair, qui donnent la même décomposition en somme d entiers Expérimentation sur tableur, visant à obtenir toutes les décompositions pour un nombre entier donné (qui n est pas une puissance de ) On peut aussi envisager, dès lors que l on dispose de la formule N= n(a+n 1) envisager de construire une feuille de calcul sur tableur, pour y faire figurer les nombres entiers solutions, en fonction des entiers a (premier terme) et n (nombre de termes). - utiliser le tableur (adresses absolues et relatives) - penser à utiliser un tableur pour construire le tableau de valeurs d une fonction de deux variables entières

premier terme : a sur la ligne 1 nombre de termes de la somme : n dans la colonne A Ce extrait de tableur permet de conjecturer quels sont les entiers solutions du problème et aussi de déterminer, pour un nombre donné N du tableau, quels sont les sommes d entiers qui lui sont égales. Il peut permettre de travailler expérimentalement sur le problème suivant : pour un entier N qui n est pas une puissance de, trouver toutes les décompositions de N en sommes d entiers - conjecturer - se poser un nouveau problème On «voit» en augmentant à droite la taille de ce tableau que 135 = 67+68 135 = 44+45+46 135 = 5+6+7+8+9 135 = 0+1++3+4+5 135 = 11+1+ +19 135 = 9+10+ +18 135 = +3+4+ +16 Et c est tout! sept sommes possibles pour N = 135.. Éléments didactiques pour la mise en œuvre en classe Énoncés Trouver tous les nombres entiers qui sont la somme d au moins deux nombres entiers naturels Ou Quels sont les nombres entiers naturels qui sont somme d au moins deux nombres entiers naturels consécutifs? Les séances en collège et lycée durent deux heures : une heure pour la recherche, une heure pour la mise en commun. Il faut prévoir des calculatrices et aussi la possibilité d accès à un tableur (sur ordinateur, ou sur calculatrice) 3. Exemples de mises en œuvre Au collège :

Durée de la séance : une heure de recherche. Lecture de l énoncé par le professeur. Demander s il y a des termes qui posent problème. Le terme «nombres entiers consécutifs» doit souvent être précisé (donner un exemple, et un contreexemple). Travail individuel : 10 minutes Travail en petits groupes : 45 minutes 10 minutes avant la fin, distribution d un transparent pour les conclusions dans chaque groupe. Séance suivante : résumé des comptes-rendus, correction des erreurs et quelques pistes de solutions partielles. La démonstration de la conjecture ne peut être abordée. Celles de sous problèmes peuvent l être : tous les entiers impairs sont solutions du problème, tous les multiples de 3 aussi. Voici des conjectures émises au collège : - N = n +1 = 3n +3 = 4n +6 = 5n +10 = 6n+15 - Tous les multiples d un nombre premier impair conviennent - Tous les nombres, sauf ceux qui sont seulement multiples de 4 - Tous les entiers, sauf les x, x = 1,,3, - Tous les entiers, sauf 0 et les n, n 0. - Les entiers impossibles sont 0 et tous les entiers pairs, multiples à la fois uniquement de et de 4 - Tous les entiers, sauf les puissances de et le nombre 136 - Des écritures algébriques, suivies d une vérification sur un ou des exemples numériques Un sous problème souvent énoncé au collège : Le sous problème suivant est en général émis par de nombreux groupes : «tous les entiers impairs conviennent». sa démonstration utilise le calcul algébrique : Soit n un entier naturel. n+ (n+1) = n +1, ce qui démontre que tout entier impair est la somme de deux entiers Au lycée : Il faut deux séances d une heure. Durée de la séance : une heure de recherche. Lecture de l énoncé par le professeur. Demander s il y a des termes qui posent problème. Le terme «entiers consécutifs» doit parfois être précisé (donner un exemple, et un contre-exemple). Le matériel dont peuvent disposer les élèves est : la calculatrice, et le tableur. Il est à disposition, mais ne doit pas être imposé aux élèves. Travail individuel : 10 minutes Travail en petits groupes : 45 minutes 10 minutes avant la fin, distribution d un transparent pour les conclusions dans chaque groupe. Pour relancer la recherche dans les groupes qui ont trouvé la conjecture, mais n arrivent pas (ou ne cherchent pas à ) la démontrer, on peut poser la question : «d après votre conjecture, 40 et 5

sont décomposables en sommes d entiers consécutifs : quelles sont les sommes d entiers consécutifs égales à 40? à 136?» Puis une autre relance : «en s inspirant des deux exemples précédents, trouver une méthode pour décomposer un entier convenable en sommes d entiers consécutifs» Remarque : 40 = 3 5 et 5 = 13 Séance suivante : résumé des comptes-rendus, correction des erreurs et quelques pistes de solutions partielles. - La démonstration de la conjecture ne peut être abordée qu en Première S ou terminale S. - Celles de sous problèmes peuvent l être : tous les entiers impairs sont solutions du problème, tous les multiples de 3 aussi. Forme algorithmique des entiers solutions : n+ (n+1) = n +1 «les impairs» n+ (n+1) +(n+) = 3n +3 «les multiples de 3» n+ (n+1) +(n+)+(n+3) = 4n +6 n+ (n+1) +(n+)+(n+3)+(n+4)= 5n +10.. et mise en place de deux suites donnant les coefficients a et b de an+b. Lors des séances suivantes, on peut aborder la démonstration de la conjecture, de sous problèmes, l aspect tableur, le prolongement sur le nombre de décompositions possibles pour un entier donné. La gestion peut se faire soit par des recherches en groupes en classe, soit en devoir à la maison individuel, en groupe, sur un temps long, avec des bilans intermédiaires. La démonstration experte peut être abordée par des élèves de Première ou de Terminale scientifique, mais pas en seconde. Si la formule N = n(a+n 1) est trouvée, on peut, au lycée, envisager de construire une feuille de calcul sur tableur, pour y faire figurer les nombres entiers solutions, en fonction des entiers a (premier terme) et n (nombre de termes). Dans la mise en commun, dans les bilans intermédiaires, un gros travail sur le raisonnement peut être fait : La réfutation de certaines conjectures erronées nécessite l utilisation de contre-exemples La reconnaissance de conjectures équivalentes nécessite d utiliser un raisonnement par analyse-synthèse, (ou double inclusion). Un travail algébrique est aussi conduit : - Reconnaissance d expressions algébriques différentes pour un même résultat. - Reconnaissance des différences et des rapports entre deux expressions : utilisation des lettres et leurs sens dans la situation Avec des étudiants qui préparent le concours de professeurs d école (PE1) L organisation de la classe et les consignes sont les mêmes qu au lycée. Les procédures dépendent souvent de la culture mathématique de l étudiant, suivant qu il a une licence de mathématiques ou qu il n a pas fait de mathématiques depuis la terminale. Voici les conjectures émises couramment dans les sections de PE1 : - les entiers cherchés s écrivent X = a+(a+1)+(a+)+ +(a+n) avec n entier naturel - N = n +1 = 3n + 3 = 4n + 6 = 5n +10 = 6n +15 - Tous les multiples d un nombre premier impair conviennent

- Tous les nombres, sauf ceux qui sont seulement multiples de 4 - Tous les entiers, sauf les x, x = 1,,3, - Tous les entiers, sauf 0 et les n, n 0. - Les entiers impossibles sont 0 et tous les entiers pairs, multiples à la fois uniquement de et de 4 - Tous les entiers, sauf les puissances de et le nombre 136 - Des écritures algébriques non réduites, comme par exemple a n + (a-1)a/ ou (n+1)a + n(n+1)/ - Des écritures algébriques, suivies d une vérification sur un ou des exemples numériques - Avec des stagiaires PLC de mathématiques Ce problème peut être utilisé (comme tous les autres!) dans la formation initiale, pour mettre les stagiaires en situation de recherche au début d un module de formation consacré aux problèmes. Voici des conjectures émises en PCL : - Tous les entiers, sauf 0 et les n, n 0. - N = n + 1 = 3n + 3 = 4n + 6 = 5n +10 = 6n +15 - Des écritures algébriques non réduites, comme par exemple a n + (a-1)a/ ou (n+1)a + n(n+1)/ - Beaucoup d utilisations du symbole Σ, sans qu il apporte rien à la caractérisation - Des écritures algébriques réduites, comme par exemple n x (a +(n-1)/ ) - Tous les impairs, tous les multiples de 3, sauf 0. - Essai de preuve utilisant la parité du nombre de termes de la somme - S il existe p entier premier qui divise N, alors il existe p entiers consécutifs de somme N.