Utilisation des protéagineux dans l'alimentation des ovins viande

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Transcription:

Utilisation des protéagineux dans l'alimentation des ovins viande La recherche d une plus grande autonomie alimentaire et d une meilleure maîtrise de l alimentation pose avec une acuité particulière le problème des ressources protéiques disponibles, cultivables, pour alimenter les différentes catégories animales présentes sur les exploitations. Lupin Les sources potentielles de protéines ne manquent toutefois pas et les solutions sont à adapter au type d animal. L herbe est de loin la principale source de protéines dont on peut disposer, mais avec des teneurs en matière azotée très différentes selon le mode de valorisation. Si l herbe verte, pâturée, est souvent riche, l herbe stockée utilisée seule, présente des teneurs en azote insuffisantes pour couvrir les besoins d agneaux en finition ou de brebis gestantes ou en lactation et cela quelle que soit la forme. Pois La culture de légumineuses permet de disposer de fourrages relativement riches en azote qui peuvent compléter de façon intéressante un foin de graminées ou de l ensilage de sorgho ou de maïs pendant une période d hivernage en bergerie. Elles peuvent être également pâturées en été ou en automne par des agneaux. Enfin, la diversification des sources azotées peut être également envisagée en utilisant des protéagineux. Dans tous les cas, alimenter au plus juste des recommandations alimentaires participe à limiter les besoins. Féverole

Les protéagineux : caractéristiques et valeurs alimentaires Les graines de pois, de féverole ou de lupin, sont des alternatives possibles à l emploi d un CAMV ou de tourteaux que ce soit pour l alimentation des brebis comme des agneaux. Leurs teneurs respectives en MAT sont relativement différentes. Lupin Le lupin est de loin le plus riche avec près de 35 % de MAT contre à peine 20 % pour le pois. Les valeurs PDIE, notamment pour le pois et la féverole, ne sont pas très élevées. Néanmoins de récents travaux concernant la dégradabilité des protéines dans le rumen, ont amené l UNIP ITCF à réévaluer les valeurs PDIE. Les valeurs en PDI des protéagineux proposées dans le tableau 1 par l'unipitcf nous paraissent plus adaptées que celles proposées par l INRA en 1988, puis en 2002. Févérole Ces sources de protéines présentent des valeurs énergétiques proches des céréales et, comme cellesci, ces graines sont riches en phosphore et pauvres en calcium. Le pois et la féverole sont également Pois riches en amidon, respectivement 45 et 38 %, alors que le lupin contient surtout des matières grasses ( % environ). L existence de composés antinutritionnels, tanins, alcaloïdes, facteurs antitrypsiques et autres glucosides, parfois évoquée, n entraîne pas de risques d apparition de troubles sanitaires ou de limitation de l ingestion et des performances. Ces composés ne sont présents qu à l état de traces notamment dans les nouvelles variétés d une part et le rumen a une action inhibitrice sur certains d entre eux d autre part. Composition et valeur alimentaire des principales graines protéagineuses Comparaison avec les céréales et le tourteau de soja Maïs Orge Blé Triticale Pois Féverole Lupin T. Soja 48 Teneur en MS (%) 86 87 87 87 86 87 89 88 Matières minérales (g/kg brut) 12 22 16 19 30 33 35 64 Matières grasses (g/kg brut) 37 18 15 14 13 84 19 MAT (g/kg brut) 81 1 5 96 207 254 341 453 Cellulose brute (g/kg brut) 22 46 22 19 52 79 114 60 Amidon (g/kg brut) 641 522 605 599 446 383 Phosphore absorbé (g/kg brut) 1,9 2,6 2,3 2,6 2,9 3,4 2,8 4,4 Phosphore total (g/kg brut) 2,6 3,4 3,2 3,5 4,0 4,6 3,8 6,2 Calcium (g/kg brut) 0,4 0,7 0,7 0,7 1,1 1,4 3,4 3,4 UFV ( / kg brut) 1,06 0,93 1,02 1,02 1,05 1,04 1,18 1,05 PDIN (g/kg brut) 64 69 70 63 142* 153* 200* 331 PDIE (g/kg brut) 84 87 89 84 112* 113* 139* 229 * Valeurs ITCF/UNIP (Sources : INRA 2002) Page 2 sur 8

L'extrusion du lupin Le lupin, protéagineux à plus forte teneur en MAT, est intéressant à utiliser dans des rations exigeantes en protéines complémentaires ou pour des animaux à forte production. Sa forte teneur en protéines dégradables dans le rumen, liée à une solubilité élevée de l'azote, l'empêche d'être utilisé comme source unique substituable aux tourteaux d'oléagineux. Le procédé technologique de l'extrusion permet de réduire la dégradation protéique dans le rumen. Il consiste en une cuisson préalable (de 50 à 150 C sur une durée de quelques minutes à plus d'une heure) suivie de l'application d'une pression mécanique par vis caractérisée par une température (1 à 195 C sur une durée de l'ordre de la minute à une hygrométrie définie) et une énergie mécanique spécifique. Il y a autant de "traitements" d'extrusion que de combinaisons entre ces différents facteurs les définissant. L'aliment extrudé est ensuite éventuellement broyé, séché et aggloméré. La valeur nutritive du lupin extrudé issue de plusieurs essais en in vitro et in vivo, évaluée après différents types de "traitements", est rassemblée ciaprès. Selon la température, l'extrusion améliore de à 32 % la valeur PDIN et de 25 à 194 % la valeur PDIE par rapport à celles du lupin cru utilisé dans chaque essai : lupin extrudé 120 C 1, UFL 216 g PDIN 118 g PDIE, lupin extrudé 150 C 1, UFL 233 g PDIN 152 g PDIE, lupin extrudé 162 C 1, UFL 217 g PDIN 156 g PDIE, lupin extrudé 195 C 1, UFL 260 g PDIN 217 g PDIE. En pratique, les fabricants d'aliments appliquent une extrusion à température modérée (1 120 C) pour des raisons économiques. Sur agneaux : des performances analogues au tourteau de soja Des essais réalisés dans les années 19701980 et plus récemment dans le cadre du réseau des fermes expérimentales de l Institut de l Élevage, ont montré que le remplacement du tourteau de soja par l un des 3 protéagineux, dans une conduite à, se traduit généralement par une diminution de la vitesse de croissance des agneaux en finition. Celleci est faible lorsque le protéagineux est incorporé dans un granulé ou distribué concassé, inférieure à 5 %, un peu plus importante de l ordre de % lorsqu il est distribué entier en complément d une céréale. Ce résultat s explique en grande partie par des consommations plus faibles. On observe toutefois une grande variabilité des résultats au demeurant peu nombreux pour la féverole et le lupin. Les essais réalisés en 2000 et 2001 montrent que l utilisation d un protéagineux en substitution d un CAMV dans un mélange fermier se traduit par une légère détérioration de l indice de consommation. Par contre, la distribution d un mélange fermier associant une céréale à un protéagineux en remplacement d un granulé du commerce moins énergétique n a pas d effet sur ce critère. L utilisation de protéagineux en grains entiers a sensiblement amélioré la couleur des gras de couverture des carcasses, les résultats sur la tenue étant plus contrastés. Cet effet améliorateur de la qualité peut s expliquer par la diminution des vitesses de croissance mais surtout par le mode de présentation, grains entiers, dont on connaît depuis longtemps l influence dans le cas des céréales. Page 3 sur 8

Pour les brebis : un intérêt variable selon le protéagineux Les besoins azotés des brebis en gestation puis en lactation sont très élevés, y compris dans le cas de brebis simples. De 60 g PDI/j à l entretien, ces besoins passent à près de 180 g PDI/j en fin de gestation et 240 g/j en début de lactation dans le cas de brebis doubles. Couvrir ces besoins requiert des quantités importantes de protéagineux, tout particulièrement dans le cas du pois et de la féverole. En début de lactation, la distribution de ces protéagineux seuls, complétés d une céréale ne suffit pas à couvrir les besoins azotés de la brebis. L équilibre de la ration n est obtenu qu en apportant un peu de tourteau de soja. Les nouvelles valeurs proposées pour le lupin le rendent beaucoup plus intéressant, mais elles n ont pas à ce jour fait l objet d une validation. POIS FÉVEROLE LUPIN AGNEAUX Envisageable Envisageable Envisageable BREBIS EN FIN DE GESTATION Peu intéressant Nécessite la distribution de quantités importantes de concentré : 0,9 à 1,2 kg dans les 3 dernières semaines Peu intéressant L utilisation de tourteau de soja au cours du premier mois est indispensable pour des doubles. Pour des brebis allaitant un agneau, le pois suffit. Dans les deux cas les quantités de concentrés à distribuer sont très élevées. Peu intéressant Nécessite la distribution de quantités importantes de concentré : 0,9 à 1,1 kg dans les 3 dernières semaines Peu intéressant L utilisation de tourteau de soja au cours du premier mois est indispensable pour des doubles. Pour des brebis allaitant un agneau, la féverole suffit. Envisageable BREBIS EN LACTATION Envisageable Valoriser la paille de pois La paille de pois a une digestibilité de la matière organique supérieure de 26 % à celle d une paille de blé et une teneur en MAT de près du double. Ces valeurs nutritives (UFL : 0,5 PDIN : 42 g PDIE : 66 g par kg de MS) et son ingestibilité de 1,64 la rendent intéressante pour des animaux à besoins modérés, les agnelles de renouvellement ou les brebis à l entretien. Il est toutefois indispensable d apporter en complément une céréale dans des quantités qui varient de 300 à 500 g/j ainsi qu un CMV. Son utilisation pour des brebis gestantes ou allaitantes est peu intéressante. Dans tous les cas, les conditions de récolte et de stockage auront été irréprochables. Page 4 sur 8

Conditions d utilisation et précautions Forme de présentation : entier ou concassé Dans la plupart des situations, le protéagineux peut être distribué entier. Dans le cas des agneaux jeunes uniquement, il peut être préférable de présenter le protéagineux sous une forme concassée grossièrement pour ne pas trop pénaliser l ingestion et peutêtre limiter les problèmes de tri. Cela est surtout vrai avec la féverole. Avec des agneaux âgés de plus de 1 à 2 mois, les protéagineux peuvent être distribués entiers. Pour des agneaux : en mélange fermier L utilisation de mélanges fermiers nécessite quelques précautions : 1/ les céréales sont distribuées entières 2/ le mélange peut être distribué très tôt, à 2 ou 3 semaines d âge, ce qui évite le problème de la transition. Dans ce cas, il faut surveiller le niveau des consommations. Il peut être avantageux de distribuer un granulé démarrage. Il faut alors réaliser une transition qui peut être d autant plus rapide qu elle intervient tôt, dès la 4 ème semaine 3/ il est nécessaire d apporter un CMV, pauvre en phosphore et plutôt de type 0/20, contenant du ClNH 4 (Chlorure d ammonium) pour éviter les problèmes de lithiase urinaire qui pourraient survenir sur les mâles. Il est conseillé d opter pour CMV semoulette plutôt que farine pour éviter les problèmes d écoulement dans les trémies 4/ compte tenu du pouvoir acidogène des rations à base de pois et de féverole, on peut également sécuriser la ration par un apport de bicarbonate à raison de g par kg d aliment, mélangé au CMV 5/ il faut toujours s assurer que le fourrage soit appétible pour favoriser sa consommation. Pour cela il faut le renouveler régulièrement, le remuer quotidiennement. 6/ en cas de problème de qualité du gras, il est conseillé de rationner en finition. Pour des brebis : ne pas oublier le CMV (de type 0/20) L utilisation de graines de protéagineux ne pose pas de problème et n exige pas des précautions particulières importantes. Le pouvoir acidogène de rations à base de pois ou de féverole nécessite de réaliser des transitions d une durée suffisante surtout en fin de gestation. Le CMV utilisé doit être adapté, riche en calcium. Comment mélanger? Dans tous les cas, ce n est pas l homogénéité du mélange qui évite complètement un comportement de tri. Un mélange simple suffit, en prenant la précaution de bien répartir le CMV. Pour simplifier la distribution, on peut essayer de mettre le CMV à disposition à part dans un seau par petite quantité. Souvent appétant, il est bien consommé par les agneaux. Des essais de simplification de la préparation, par une distribution séparée des aliments, sont actuellement en cours dans le réseau des fermes expérimentales de l Institut de l Élevage. Les premiers résultats montrent 1/ des comportements très différents entre les lots, certains consommant préférentiellement des pois (78% de la ration), d autres équilibrant relativement bien leur consommation 2/ une grande variabilité quotidienne et individuelle des consommations de protéagineux sans pénalisation ni des performances ni de la qualité et d apparition de problèmes sanitaires. Page 5 sur 8

Exemples de rations pour les agneaux en fonction de la complémentation azotée A base de maïs grain A base de triticale Composition + + + + T. soja (%) lupin pois féverole 48 Céréales 70 50 55 80 Composition + + + + T. (%) lupin pois féverole soja 48 Céréales 67 50 55 82 Lupin Blanc 27 Pois 47 Féverole 42 T. soja 48 17 CMV 0.25.2 3 3 3 3 Valeur alimentaire (/kg brut) UFV 1.09 1.04 1.04 1.07 PDIN (g) 99 0 4 7 PDIE (g) 97 95 97 6 P/CA (g) 3.7/7.9 4.1/7.9 3.9/7.7 3.5/6.7 Lupin Blanc 30 Pois 47 Féverole 42 T. soja 48 15 CMV 0.25.2 3 3 3 3 Valeur alimentaire (kg brut) UFV 1.05 1.01 1.01 1.03 PDIN (g) 2 99 3 1 PDIE (g) 98 96 98 3 P/CA (g) 4.5/7.8 4.8/7.8 4.6/7.6 4.8/7.8 Remarques : 1/ L utilisation de mélanges fermiers permet de moduler les apports azotés en fonction de l âge des agneaux. Les régimes proposés cidessus correspondent aux besoins d agneaux en finition avec des teneurs en MAT de l ordre de 16 %. Pour des agneaux plus jeunes, les proportions de protéagineux peuvent être adaptées de façon à augmenter les apports de PDI de %. 2/ Pour les rations à base d orge, on peut utiliser comme références celles du maïs, dans le cas d un blé on utilisera celles du triticale. 3/ Avec l utilisation de mélanges fermiers, il faut compter environ 65 kg de concentré pour un agneau de bergerie issu d allaitement maternel. Choix de la céréale Toutes les céréales peuvent être utilisées pour alimenter les agneaux. A l exclusion de l utilisation d avoine, la nature de la céréale n a pas d effet ni sur la couleur, ni sur la tenue des gras de couverture. Le choix doit avant tout se raisonner en fonction soit du prix d achat, soit du prix de revient de la culture en tenant compte des indices de consommation. Par rapport au blé ou au triticale, il faut compter % de céréales en plus avec l orge et inversement, % de céréales en moins avec le maïs. Page 6 sur 8

Exemples de rations pour des brebis PRÉALABLE Brebis de référence : Poids vif : 70 kg En bon état /30 : 500 g/j Une mobilisation des réserves corporelles de 0,5 à 1 point en début de lactation Céréale de référence : le blé ou tricicale (avec le maïs grain, il faut diminuer les apports énergétiques de %) Brebis en gestation Foin de PP moyen (UFL : 0.6 PDI : 6070) Prolificité 1 2 Semaines avant Mise bas 6 à 4 3 à 1 6 à 4 3 à 1 Fourrage à (kg brut) 1,3 1,2 1,2 0,9 Céréales (g brut) 0 0 500 Pois (g brut) 300 400 400 200 Tourteau de soja 48 (g brut) CMV 020 (g brut) 0 0 15 150 25 200 45 Céréales (g brut) 0 200 250 500 Lupin (g brut) 150 300 400 400 CMV 020 (g brut) 15 45 50 Prolificité 1 2 Semaines avant Mise bas 6 à 4 3 à 1 6 à 4 3 à 1 Fourrage (kg MS) 1,31 1,0 1,11 0,9 Céréales (g brut) 0 Pois (g brut) 0 400 300 500 Tourteau de soja 48 (g brut) CMV 525 (g brut) 20 0 20 300 40 Céréales (g brut) 0 0 0 200 Lupin (g brut) 200 200 500 CMV 525 (g brut) 20 30 25 40 1 Estimation Enrubannage (MS < 60% UFL : 0.8 PDIE : 6570) Par précaution on peut conseiller l utilisation de CMV enrichi en vit. B1 Ensilage de maïs (MS : 30% UFL : 0.9 PDIE : 65) Par précaution on peut conseiller l utilisation de CMV enrichi en vit. B1 Distribuer du foin de qualité moyenne ou de la paille Prolificité 1 2 Semaines avant Mise bas 6 à 4 3 à 1 6 à 4 3 à 1 Fourrage (kg MS) 1,31 1.0 1,31 1.0 Céréales (g brut) Pois (g brut) 300 200 200 Tourteau de soja 48 (g brut) 150 0 150 350 CMV 525 (g brut) 40 20 45 Céréales (g brut) Lupin (g brut) 0 350 350 600 CMV 525 (g brut) 20 30 30 50 1 Estimation Prolificité du troupeau 1 2 Semaines avant Mise bas 6 à 4 3 à 1 6 à 4 3 à 1 Fourrage (kg MS) 1,3 1,2 1,3 1,2 Céréales (g brut) 200 Pois (g brut) 250 400 400 Tourteau de soja 48 (g brut) CMV 820 (g brut) 20 200 Céréales (g brut) 250 150 500 Lupin (g brut) 150 250 CMV 820 (g brut) Foin Dactyle (50 %) Luzerne (50 %) Les apports de CMV ne sont pas nécessaires sur le plan du calcium et du phosphore. Si la proportion de luzerne est moins importante, il faut apporter plus de protéagineux. Page 7 sur 8

Brebis en lactation Nb d agneaux allaités 1 2 Semaines de lactation 1 à 6 7 à 1 à 6 7 à Fourrage à (kg brut) 2,0 1,8 2,5 2,0 Céréales (g brut) 0 0 300 300 Pois (g brut) 300 350 400 500 Tourteau de soja 48 (g brut) 200 250 CMV 020 (g brut) 25 20 45 20 Céréales (g brut) 0 200 350 300 Lupin (g brut) 400 200 500 400 CMV 020 (g brut) 25 20 40 25 Foin de PP moyen (UFL : 0.6 PDI : 6070) Enrubannage (MS < 60% UFL : 0.8 PDIE : 6570) Par précaution on peut conseiller l utilisation de CMV enrichi en vit. B1 Nb d agneaux allaités 1 2 Semaines de lactation 1 à 6 7 à 1 à 6 7 à Fourrage (kg MS) 2,0 1,5 2,5 1,8 Céréales (g brut) 0 Pois (g brut) 300 200 300 300 Tourteau de soja 48 (g brut) 0 300 150 CMV 525 (g brut) 25 30 15 Céréales (g brut) 0 Lupin (g brut) 400 150 600 400 CMV 525 (g brut) 30 30 15 Nb d agneaux allaités 1 2 Semaines de lactation 1 à 6 7 à 1 à 6 7 à Fourrage (kg MS) 2.0 1.5 2.2 1.5 Céréales (g brut) Pois (g brut) 500 300 400 350 Tourteau de soja 48 (g brut) 300 150 CMV 525 (g brut) 20 35 30 Céréales (g brut) Lupin (g brut) 250 200 700 500 CMV 525 (g brut) 30 15 35 20 Ensilage de maïs (MS : 30% UFL : 0.9 PDIE : 65) Par précaution on peut conseiller l utilisation de CMV enrichi en vit. B1. Mettre de la paille à disposition Foin Dactyle (50 %) Luzerne (50 %) Nb d agneaux allaités 1 2 Semaines de lactation 1 à 6 7 à 1 à 6 7 à Fourrage (kg brut) 2,5 2,0 2,5 2,0 Céréales (g brut) 200 500 250 Pois (g brut) Tourteau de soja 48 (g brut) CMV 820 (g brut) 20 15 30 15 Céréales (g brut) 200 500 250 Lupin (g brut) CMV 820 (g brut) 20 15 30 15 Synthèse réalisée par l Institut de l'élevage dans le cadre du programme régional «Utilisation des protéagineux en élevage», coordonné par la Chambre Régionale d Agriculture de MidiPyrénées et financé par l ONIOL Rédacteur : E. POTTIER Coordination / Relecture : J. SEEGERS G. CAZALOT Mise en page : F. BENOIT Décembre 2002