INTRODUCTION 4. > Le saviez-vous? 5 LE SECTEUR: L INDUSTRIE HORLOGÈRE SUISSE 7



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Table des matières INTRODUCTION 4 > Le saviez-vous? 5 LE SECTEUR: L INDUSTRIE HORLOGÈRE SUISSE 7 > Un peu d histoire 8 > Une industrie aux caractéristiques spécifiques 14 LE PRODUIT: LA MONTRE SUISSE 23 > La montre et ses différences techniques 24 > Mouvement et habillage 28 > Réalisation de la montre 31 > Certifications, labels et poinçons 32 > Entre rationnel et émotionnel 35 LE PERSONNEL: FORMATION ET QUALIFICATION 37 > La qualification horlogère 38 > Métiers et écoles 40 > Perfectionnement et formation continue 42 L ORGANISATION SOCIALE 45 > Organisations patronales 46 > La Convention collective de travail (CCT) 49 > Santé et sécurité au travail 51 infos pratiques 53 ANNEXES 55 > Evolution des effectifs et maisons horlogères en Suisse 56 > Types de production 57 > Top ten des marques horlogères mondiales (2004) 58 GLOSSAIRE 59 > Les termes liés à la montre 60 > Les termes liés aux activités horlogères 62 03

INTRODUCTION Aborder le thème de l horlogerie par où commencer? Vous souhaitez en savoir plus sur l horlogerie parce que > vous occupez depuis peu un poste dans une entreprise active dans l industrie horlogère et microtechnique > vous envisagez d entreprendre l apprentissage d un métier de la montre > vous souhaitez mieux connaître cette branche et bien cette brochure vous est tout particulièrement destinée. Elle vous permettra de vous documenter sur ce vaste sujet qu est l industrie horlogère suisse, tout en vous donnant les clefs essentielles pour mieux comprendre ce monde complexe et fascinant. Un vade-mecum pour y voir plus clair L horlogerie est à la fois un monde d art et de création, mais aussi de technologie et d industrie. Il s agit donc d une branche qui a parfois recours à une terminologie technique et spécifique: pas facile de s y retrouver pour quelqu un qui entend ces termes pour la première fois. Ce petit guide pratique a justement pour objectif de donner un aperçu des ingrédients qui se cachent derrière le mot horlogerie, et ceci de la façon la plus simple possible! Bienvenue dans l horlogerie! Quels que soient vos intérêts ou votre motivation, nous espérons que vous trouverez du plaisir à parcourir les pages de cet ouvrage et que sa lecture achevée, vous aurez l impression d avoir (du moins en partie ) remis les pendules à l heure à ce sujet! LE SAVIEZ-VOUS? Voici quelques chiffres et réflexions diverses, juste pour commencer. A propos de l industrie horlogère suisse > Cette industrie emploie en Suisse 40 000 travailleurs actifs dans 589 entreprises (chiffres 2004) > Quelque 23 millions de montres à quartz sont produites chaque année contre presque 3 millions de montres mécaniques mais c est la montre mécanique qui réalise 60% du chiffre d affaires! > La Suisse est le premier exportateur mondial non pas en terme de quantité (on produit bien plus de pièces en Asie par exemple) mais en terme de valeur (les prix sont élevés puisque, de plus en plus, les produits horlogers suisses se situent dans le haut de gamme ou le luxe). > 95% des montres terminées suisses sont écoulées sur le marché étranger. > Victime de son succès: pour 26 millions de montres produites en Suisse chaque année, on dénombre 30 à 40 millions de contrefaçons! A propos de la montre suisse > Avez-vous déjà essayé de compter les tic-tac d une montre mécanique?! Ce petit bruit correspond aux oscillations du balancier qui va et vient 14 400 fois en 1 heure! > Le mouvement (mécanique ou électronique) d une montre courante comporte de 80 à 150 composants de nature et provenance diverses. > Aviez-vous déjà pensé que la montre est l un des rares objets qui est conçu pour fonctionner 24h/24 sans jamais s arrêter? (Votre voiture, par exemple, tiendrait-elle le coup longtemps si vous l utilisiez 24h/24?!) Bonne lecture! 04 05

et autres curiosités > Avec ses exigences de minutie et de précision, l industrie horlogère a incontestablement façonné les mentalités des lieux où elle s est implantée. Que l on songe à ce simple exemple: dans l Arc jurassien, une manifestation ou un concert ne peuvent débuter qu à 20h00 précises! > L industrie horlogère est à l origine d une tradition qui autrefois plongeait l ensemble de l Arc horloger dans une véritable léthargie estivale et ceci durant 3 semaines: les vacances horlogères. Cela tient au fait que les entreprises horlogères étaient étroitement dépendantes les unes des autres. La diversification ayant déployé ses effets, l Arc jurassien connaît aujourd hui une activité estivale. Toutefois, l horlogerie a gardé cette tradition dans une large mesure, non par conservatisme, mais parce que l interdépendance de ses activités est toujours forte. C est pourquoi, très souvent, seuls les secteurs commerciaux des entreprises restent ouverts pendant cette période. LE SECTEUR: L INDUSTRIE HORLOGERE SUISSE > Chaque année, au mois de mars ou d avril, la tension monte dans les milieux horlogers. C est à cette époque en effet qu ont lieu deux événements phares: la foire de Bâle (Baselworld), salon mondial de l horlogerie et de la bijouterie, et le Salon de la haute horlogerie de Genève (SIHH). Les deux manifestations se déroulent sur une semaine: la première accueille quelque 2 000 exposants provenant du monde entier, alors qu à Genève le choix des exposants est plus restreint puisqu une quinzaine de marques de prestige y sont représentées. Il s agit de rendez-vous importants pour la plupart des exposants puisqu ils y réalisent parfois le 80% de leur chiffre d affaires annuel. 06

UN PEU D HISTOIRE Ce chapitre présente les quatre périodes phares de l histoire de l horlogerie: quelques points essentiels du passé qui permettent ensuite de mieux comprendre l horlogerie suisse d aujourd hui. partie i xvi e siècle: naissance de l horlogerie suisse De l orfèvrerie à l horlogerie C est à Genève, au XVIe siècle, que tout a commencé: l horlogerie naît dans cette ville prospère, ouverte aux échanges, mais où la Réforme introduite par Calvin modère toutes les formes de plaisir. Les lois dites somptuaires prônent la simplicité et bannissent le luxe inutile. Le port des bijoux est donc proscrit et ceci condamne les orfèvres à réduire leur activité, voire à disparaître. Ces artisans vont donc se tourner vers un nouveau champ d activité: la confection de montres est la solution idéale pour continuer à déployer leurs talents de minutie et de bienfacture. C est ainsi qu au fil des années les villages agricoles ou petites villes de cette région voient naître les artisans ingénieux à l origine d une industrie de plus en plus performante: parmi eux nous trouvons les noms de Daniel JeanRichard, Abraham-Louis Breguet, Pierre Jaquet-Droz, ou encore Abraham-Louis Perrelet. Cet essor se poursuivra durant tout le XIXe siècle, de sorte que, très vite l ensemble de l arc jurassien vit de l horlogerie. Ayant supplanté tous ses rivaux sur les plans technique et commercial, la Suisse devient alors (et pour longtemps) le premier atelier d horlogerie du monde. C est à cette même époque que la demande de montres devient si importante qu il va falloir songer à mettre sur pied de nouvelles méthodes de fabrication: la production en série. C est Georges Auguste Leschot (1800-1884) qui invente les premières machines à fabriquer les diverses parties de la montre dans l intention d obtenir des pièces interchangeables. De l artisanat à l industrie Fidèle à ses origines, l horlogerie genevoise reste toujours attachée aux produits de luxe et à l artisanat d art. C est dans le Jura neuchâtelois que naît la forme industrielle de l horlogerie. Un forgeron de La Sagne, Daniel JeanRichard (1665-1741), introduit l établissage (la division du travail) dans une région prête à accueillir l activité horlogère. En effet, la pauvreté du sol et la rudesse du climat vont inciter les paysans à diversifier leurs activités rurales afin d augmenter leurs revenus. Bien vite les gains engendrés par l horlogerie seront supérieurs à ceux de l agriculture. Le Jura neuchâtelois bénéficie alors des mêmes atouts que les pays émergents d aujourd hui: > main-d œuvre nombreuse, qualifiée et bon marché > techniciens de valeur (certains d entre eux allant travailler à la Cour des rois de France) et vendeurs habiles > fabrication de produits de bonne qualité à des prix imbattables 08 09

Partie II XX e siècle: l horlogerie s organise Période d après-guerre difficile A l issue de la Première Guerre mondiale, la production horlogère s effondre de 50% et dès 1920 un taux de chômage élevé frappe l économie. L horlogerie suisse s engage dans une voie extrêmement périlleuse: d une part la surproduction et la mévente provoquent des liquidations importantes; d autre part le patrimoine horloger est menacé par l exportation de ses activités productrices, que ce soit par le chablonnage (l exportation de pièces détachées, incorporées dans les montres de ses concurrents étrangers) ou par l assemblage des montres à l étranger. Organisations horlogères > 1934, instauration du statut horloger. Constitué d une série de dispositions très restrictives et très dirigistes, le statut vise à empêcher le développement exagéré de l appareil de production et à régulariser les prix. Le chablonnage est interdit, les marges bénéficiaires imposées, les exportations de produits terminés soumises à autorisation et celles de savoir-faire proscrites, la création de nouvelles entreprises sévèrement réglementée. Le statut horloger impose à la branche les règles de fonctionnement qui lui font défaut et permet de tempérer la concurrence féroce qui empêche les entreprises de constituer des réserves financières. Ces mesures ont incontestablement permis de maintenir le secteur horloger en Suisse; elles ont disparu depuis. En effet le statut horloger sera progressivement démantelé et dissout dans les années soixante et quant à l ASUAG, elle fusionnera avec la SSIH (Société suisse pour l industrie horlogère) en 1983 (voir aussi Phénomène de regroupements et naissance du Swatch Group p. 13). L horlogerie va essayer de maîtriser cette situation difficile et ceci se traduit par la cartellisation, le regroupement d intérêts et la création de monopoles. C est en effet durant la quinzaine d années qui vont du milieu de la Première Guerre mondiale au début de la crise des années trente que sont nées la plupart des organisations professionnelles régionales, sectorielles ou du produit fini (comme par exemple la Fédération de l industrie horlogère suisse en 1924). Ces structures nouvelles vont permettre à l horlogerie de mieux fonctionner en prenant des mesures touchant la production et les exportations, ou encore en tentant d éliminer le chablonnage. Fin de l individualisme Dès 1929, après l effondrement de Wall Street, de nouvelles répercussions néfastes atteignent l horlogerie. La crise des années trente frappe avec une vigueur jamais vue jusqu alors et la branche ne peut maintenir l autodiscipline qu elle s est imposée. On assiste alors à un véritable bradage des stocks et c est ainsi que la Confédération décide d intervenir pour éviter une catastrophe économique majeure. Cela se traduit par deux mesures qui marquent la fin du libéralisme absolu dans l horlogerie: > 1931, création de la Société générale de l horlogerie suisse SA (ASUAG). L objectif est de donner une structure à l industrie horlogère qui jusqu alors est désorganisée (à cause notamment du nombre considérable d entreprises ou plus simplement de l individualisme du patron). L ASUAG va réunir sous le même toit les principaux fabricants des parties constitutives de la montre (ébauches, balanciers, spiraux et assortiments). 10 11

Partie III 1975-1980: Crise économique et technologique Partie IV de 1985 à aujourd hui: croissance continue L âge d or horloger De 1945 à 1974, on peut dire que l industrie horlogère suisse a vécu au rythme des Trente glorieuses: le nom donné à ces trois décennies illustre parfaitement cette période de croissance économique soutenue. Il s agit de l âge d or horloger auquel deux phénomènes distincts vont mettre fin: une crise économique accompagnée d une révolution technologique. L arrivée du quartz L horlogerie est confrontée à un véritable tremblement de terre: naguère, le prix d une montre était fonction de sa précision. Or, la technologie du quartz va tout bouleverser: elle permet de fabriquer des montres très précises et peu chères. La détention du savoir-faire traditionnel devient dès lors moins importante, ce qui explique que des pays comme Hong-Kong ou le Japon ont pu devenir les plus grands producteurs mondiaux d horlogerie. Contrairement à une idée reçue, la Suisse n a pas raté le virage technologique (la première montre à quartz du monde, Bêta 21, a été construite en 1967 par le CEH, Centre électronique horloger à Neuchâtel). En revanche, il est exact que la Suisse a tardé à industrialiser cette technologie. La crise économique L arrivée de la technologie du quartz est survenue au pire moment pour l industrie horlogère. En effet, de 1974 à 1983, elle vit au rythme d une crise économique très vive. Dans un tel contexte, la montre, produit de deuxième nécessité, est bien évidemment la première à en faire les frais. Processus de désindustrialisation Ces deux phénomènes amènent un processus de désindustrialisation étendu: le personnel de l industrie horlogère, qui culmine en 1970 avec 90 000 employés, chute de deux tiers tandis qu un nombre considérable d entreprises disparaissent. Les fabricants suisses engagent un processus de rationalisation et d automation: les coûts de production diminuent et la productivité prend l ascenseur. Après la crise, la lente reprise Dès la première moitié des années 80, l horlogerie suisse va se redresser peu à peu grâce à plusieurs facteurs: d une part le capital industriel (souvent familial) fait place au capital financier, ce qui permet de dégager les moyens nécessaires pour dynamiser les marques. D autre part, le marketing, comprenant que la vulgarisation du quartz a fait disparaître la qualité rationnelle de la montre (une montre à quartz est moins chère et plus précise qu une montre mécanique), va dès lors en exploiter la dimension émotionnelle (une montre mécanique demande plus de savoir-faire et reste un objet fascinant par sa complexité). Et finalement dès 1983, le succès inattendu et extraordinaire de la Swatch (la montre en plastique économique et originale) agit en véritable dopant psychologique pour l ensemble de la branche. Phénomène de regroupements et naissance du Swatch Group Comme évoqué plus haut, la crise des années septante va diminuer le nombre d entreprises horlogères et entraîner leur regroupement. De ce phénomène est né le Swatch Group, avec siège à Bienne, l un des plus important groupes horlogers de nos jours et dont dépend un tiers du personnel de l industrie horlogère suisse. Appelé SMH (Société suisse de Microélectronique et d Horlogerie) jusqu en 1998, le Swatch Group est né en 1983 de la fusion de deux principaux groupements horlogers de l époque, l ASUAG (Société générale de l horlogerie suisse SA) et la SSIH (Société suisse pour l industrie horlogère). Cette dernière va apporter ses produits finis (Omega et Tissot, principalement) alors que l ASUAG (FAR, Nivarox, plusieurs marques horlogères, mais surtout Ebauches SA) ses pièces détachées et ses capacités industrielles. Cette fusion a permis de concentrer des moyens et des capitaux dans une proportion inconnue jusqu alors. Le Swatch Group réunit aujourd hui sous un même toit plusieurs maisons du produit terminé, le fabricant de mouvements numéro un, ainsi que des activités non horlogères, mais dont le caractère de haute technologie (circuits intégrés notamment) est utile à cette dernière. On peut dire que la grande mutation horlogère est accomplie dès 1985. Depuis lors, la branche a connu une croissance régulière et soutenue, alors que ses effectifs se caractérisent par une remarquable stabilité, s inscrivant dans une légère hausse. 12 13

UNE INDUSTRIE AUX CARACTéRISTIQUES SPéCIFIQUES Les paragraphes ci-dessous tentent de dresser l inventaire de données nouvelles et anciennes qui sont les caractéristiques du domaine complexe de l horlogerie suisse. Certains de ces éléments expliquent en partie les origines et les raisons de la suprématie de la Suisse sur ce secteur. Partie I Caractéristiques générales Localisation géographique L industrie horlogère se développe d abord dans les régions francophones et protestantes du pays. Son champ d action a bientôt débordé ce cadre, mais il reste localisé sur l arc horloger, soit dans les régions jurassiennes allant de Genève à Schaffhouse avec quelques implantations isolées en plaine, en Valais et au Tessin. Ce regroupement est dû à l interdépendance étroite des activités horlogères et à une tradition industrielle ancienne dans ces régions. Il est également intéressant de constater que des régions se sont spécialisées dans certaines activités, parfois pour des raisons historiques (voir aussi chapitre Un peu d histoire, p. 8). A la fois une science, une industrie et un art Pourquoi une science? L horlogerie suisse a produit le seul objet emmené sur la lune, mais non conçu spécifiquement pour la recherche spatiale. De même, elle livre des produits à des secteurs aussi pointus que l aéronautique, le secteur technico-médical, les senseurs, etc. En ce sens, on peut définir le produit horloger comme un produit technologique. Pourquoi une industrie? Il s agit aussi d un secteur de production de masse et d une industrie manufacturière qui fabrique et assemble 200 000 montres par jour. Enfin, l horlogerie est également un domaine artistique qui, sur un thème a priori limité (quelques centimètres carrés de matière), se renouvelle constamment depuis plus de trois siècles. Des produits très diversifiés En 2004, l industrie horlogère suisse a fabriqué plus de 25 millions de montres. Dans cette production, on y trouve de tout puisqu il en faut pour tous les goûts, pour toutes les bourses et pour tous les pays du globe: > Différentes gammes de prix: de la montre bijou à celle de bas de gamme > Différents type d habillement et de matières: des montres en or, en platine, en plastique, en céramique, en acier, etc. > Différents styles: de la montre vintage au style classique à la montre avant-gardiste au design le plus fou > Différents degrés de complication: les cadrans peuvent simplement afficher l heure, mais aussi la date, le mois, les phases de lunes, la réserve de marche, etc. > Différents publics: des montres conçues pour séduire l acheteur en Europe, mais aussi et surtout pour celui qui vit en Asie, au Moyen-Orient ou encore aux Etats-Unis. Région Genève Vallée de Joux Jura Bienne Neuchâtel Régions alémaniques Tessin Spécialités traditionnelles Montre de luxe et montre bijou Mouvements et montres mécaniques à complications Habillage (boîtes, verres) et machines horlogères Montres, mouvements haut de gamme et machines horlogères Canton horloger par excellence: la montre lui procurait jadis un emploi sur deux. Proportion réduite aujourd hui, mais le canton abrite encore toutes les formes d activités horlogères (montres toutes gammes, boîtes, cadrans, aiguilles, verres, etc) Mouvements de toutes qualités, montres milieu et haut de gamme et montres bas de gamme en grande série, mouvements non assemblés Terminage 14 15

Partie II Aspects économiques et commerciaux Un rôle important dans l économie suisse Classification Gamme économique Description > Montres en plastique ou en métal > Marques de notoriété faible En moyenne, 95% de montres terminées suisses sont destinées au marché étranger; quant à la production vendue en Suisse, elle est souvent acquise par des touristes de passage. En 2004, les exportations horlogères ont atteint 11 milliards de francs. Plus de 25 millions de montres ont été fabriquées pour une valeur de 10,2 milliards de francs. Ces chiffres font de l horlogerie la troisième industrie d exportation du pays après les machines et la chimie et devant la métallurgie. Plus de 7,8% des exportations suisses proviennent de l industrie horlogère. En outre, la masse salariale de l ensemble du secteur, en 2004, a dépassé 2,7 milliards de francs. Forte valeur ajoutée En nombre de pièces, la Suisse n est plus le premier fabricant mondial de produits horlogers: Hong-Kong et le Japon, qui fabriquent d énormes séries de pièces bon marché, lui ont ravi cette place. Elle demeure toutefois le premier exportateur mondial en terme de valeur. A ce titre la Suisse assure plus de 50% des exportations horlogères (en terme de valeur) car elle se positionne de plus en plus vers les produits de moyen et de haut de gamme, voire de luxe (la plupart des fabricants étrangers se cantonnent quant à eux dans les segments inférieurs du marché). Il en résulte des prix unitaires élevés pour les produits suisses: en 2004, une montre à quartz suisse valait 186 francs en moyenne, une montre mécanique 2 000 francs. A noter que la production de montres mécaniques est bien inférieure à celle des montres à quartz puisqu elle correspond à environ 12% du nombre de pièces produites en Suisse mais par contre les montres mécaniques constituent 60% du chiffre d affaires! Les gammes de prix Autrefois, le recours à une mécanique de précision et à des compétences pointues destinaient les produits horlogers à des privilégiés. Avec les progrès de la technique et surtout avec l arrivée des montres à quartz, il a ensuite été possible de fabriquer en grande quantité des montres économiques et fiables. Aujourd hui, l horlogerie est donc à la fois une industrie de précision et de luxe proche de la joaillerie ainsi qu une industrie de produits courants (presque tout le monde possède au moins une montre). Les produits peuvent dès lors être classés en plusieurs gammes de prix: même si cette classification reste floue et varie très souvent, elle permet d opérer des distinctions entre les montres. Milieu de gamme Haut de gamme Gamme prestige ou luxe > Montres en plastique ou en métal > Marques de notoriété considérable Le prix d une montre de luxe peut se justifier par le fait que certaines parties du cadran ou du mouvement sont décorées à la main, selon des techniques traditionnelles. Prenons comme exemple l anglage : cette technique de biseautage permet d obtenir un fini esthétique remarquable aux reflets lumineux. La plupart des opérations peuvent être effectuées à l aide de machines mais la main de l homme reste toutefois indispensable: en effet, aucune machine n est actuellement capable de réaliser des coins rentrants (point de rencontre lorsque deux angles se joignent à l intérieur). C est en observant ce détail d un œil avisé que l on découvre des angles parfaits et harmonieux réalisés par des artisans. Il s agit d une démarche purement esthétique qui demande beaucoup de temps et d habilité mais qui confère à la montre une plus-value quant à la finition de ses composants. Pour plus de renseignements quant aux chiffres et statistiques relevés dans le chapitre Partie II: Aspects économiques et commerciaux : > Evolution des exportations selon les branches en 2004 Administration fédérale des douanes, www.zoll.admin.ch > L industrie horlogère suisse en 2004 Fédération de l industrie horlogère suisse, www.fhs.ch > Métaux nobles > Complications techniques > Marques à forte notoriété et forte présence > Montres de finition soignée en métaux nobles, de marques réputées > Montres compliquées avec les mêmes caractéristiques ci-dessus auxquelles s ajoute une plus-value technique > Montres bijoux avec plus-value au niveau de l habillage 16 17

Partie III Entreprises et effectifs D importants effectifs Les effectifs de l industrie horlogère sont stables puisqu ils oscillent depuis plusieurs années autour des 40 000 collaborateurs (voir tableau Evolution des effectifs et maisons horlogères en Suisse, p. 56). Cela représente un petit peu plus de 1% de la population active du pays. Environ trois quarts de cet effectif sont liés à la production, un quart au secteur commercial de la branche. La proportion de main-d œuvre féminine est très élevée, puisqu elle atteint 45%. En outre l horlogerie génère de nombreux emplois dans d autres domaines tels que les services et les biens d équipement. Les entreprises: travail très compartimenté L industrie de la montre est actuellement composée de 589 entreprises (2004) alors qu elle en a compté jusqu à 2000 avant la crise des années septante! On trouve des fabriques comptant plusieurs milliers d employés et parallèlement, des ateliers où l effectif du personnel, patron compris, se compte sur les doigts d une main. Mais l industrie horlogère est composée principalement de petites entreprises. Seuls une dizaine d établissements emploient plus de 500 personnes. La plupart des autres comptent moins de 50 employés. Cela s explique par la technicité élevée des disciplines nécessaires à la fabrication d une montre et par la difficulté, pour une seule entreprise, de les maîtriser toutes. Nombre nombre total de travailleurs d établissements des emplois jusqu à 4 154 241 5 à 9 89 629 10 à 24 131 2 032 25 à 49 88 3 040 50 à 99 82 5 833 100 à 249 61 9 310 250 à 499 23 7 678 500 et plus 9 11 235 Total 637 39 998 Source: Recensement du personnel et des entreprises des industries horlogère et microtechnique suisse, au 30 septembre 2004, Convention patronale de l industrie horlogère suisse, www.cpih.ch Partie IV La production Différents types d activités Aujourd hui les entreprises et les différents groupes agissent selon une logique de concentration. Toutes les activités de production peuvent dès lors se retrouver au sein d un groupe selon une stratégie dite de verticalisation (voir aussi Grands pôles horlogers, p. 22). Dès lors, nous avons répertorié les activités de production de l horlogerie suisse actuelle, que nous avons ensuite divisées selon quatre groupes principaux. Fabricants de produits terminés: (env. 24%*) Les manufactures ne sont plus qu une poignée et sont très souvent actives dans le haut de gamme, voire le luxe. Les autres entreprises exercent soit l activité autrefois nommée l établissage, soit le terminage (voir les définitions des termes en italique dans le glossaire, p. 62) Fabricants de pièces constitutives: (env. 30%*) Parallèlement aux fabricants du produit terminé, nous trouvons les fabricants de parties constitutives, c est-à-dire les aiguilles, les boîtes, les cadrans, les couronnes, les bracelets, etc. Fabricants de mouvements: (env. 8%*) Enfin, un nombre restreint d entreprises fabriquent les mouvements mécaniques ou à quartz, assemblés ou non, livrés aux fabricants de montres suisses et étrangers. Fournisseurs de prestations: (env. 14%*) Nous trouvons aussi des fabricants qui fournissent des prestations et travaillent à façon: il s agit des galvanoplastes, plaqueurs, polisseurs, etc. *Pourcentage des établissements exerçant ces activités au sein de l industrie horlogère suisse (source: Recensement 2004, CP). Les 40% dont nous n avons pas tenu compte dans ce tableau consistent en des activités commerciales, de la microtechnique non horlogère, la fabrication de machines ou autres. 18 19

En d autres termes, actuellement la production de montres s oriente de différentes façons et les entreprises horlogères suisses peuvent: > Fabriquer leur mouvement de A à Z, acheter l habillage, assembler la montre et la vendre sous leur marque (manufacture) > Fabriquer leur mouvement elles-mêmes, à l exception de pièces spéciales, acheter l habillage, assembler la montre et la vendre sous leur marque (manufacture) > Acheter toutes les pièces nécessaires à l ensemble de la fabrication de la montre, assembler et vendre celles-ci sous leur marque (établisseur) > Travailler en sous-traitance pour une marque (termineur) > S occuper uniquement de vente et de distribution en confiant à d autres le soin de fabriquer leurs montres > Produire des montres pour le compte d une marque de distributeur (private label). Partie V Tendance aux regroupements Concentration des effectifs Comme nous l avons déjà évoqué, les nombreux bouleversements technologiques, conjoncturels et structurels subis par l horlogerie ont provoqué une nette contraction des dimensions de la branche. Le tableau ci-dessous illustre bien la radicale diminution d entreprises et de personnel observée depuis les années 70. Année Entreprises Personnel Total en usine à domicile 1970 1 618 76 045 13 403 89 448 1 1975 1 169 55 954 6 613 62 567 1980 861 44 173 2 825 46 998 1985 634 31 960 944 32 904 1987 568 29 122 687 29 809 2 1990 572 33 062 861 33 923 2000 575 36 650 684 37 334 2001 570 39 378 676 40 054 2003 587 39 968 570 40 538 Différents types de stratégies Malgré leurs vastes réseaux, même les géants horlogers d aujourd hui ne peuvent s approvisionner de tous les composants dont ils ont besoin auprès de leurs propres entreprises. Ils sont donc parfois contraints à faire fabriquer ailleurs une partie de leur production. C est pourquoi, depuis les années 90, la mode est à la verticalisation de la production: les groupes, petits et grands, cherchent à racheter des marques, des fournisseurs de cadrans, boîtes, aiguilles et autres pièces constitutives de la montre. Cette stratégie leur permet d atteindre un but bien précis: mieux contrôler leur production en amont et alléger leur dépendance par rapport aux fournisseurs. Ce genre de regroupement naît donc du besoin d allier les forces et d élargir les dimensions des entreprises en vue d accroître leur efficacité ainsi que leur compétitivité. Nous pouvons distinguer plusieurs types d alliances, qui suivent différentes stratégies. Concentration horizontale C est le terme que l on utilise pour définir le regroupement d entreprises aux activités similaires. L avantage de ce genre de concentration est la maîtrise du prix de vente et des économies d échelle. Elle débouche parfois sur une position de monopole. Un autre objectif est celui d atteindre un positionnement sur de nouveaux segments de marché. Concentration verticale Très en vogue dans le domaine de l horlogerie, il s agit de réunir des entreprises qui effectuent des activités différentes sur le produit. C est une stratégie qui permet de résoudre des problèmes de production et de vente en amont (fournisseurs) ou en aval (distributeurs). Par ce genre de concentration, l entreprise vise aussi à comprimer ses prix de revient. Diversification Il s agit d un regroupement d activités économiques différentes, dans le but de répartir les risques et optimiser les points de vente. Les activités et différentes marques ainsi réunies sous une même direction sont parfois sans rapport les unes avec les autres. Le fil conducteur est un concept de base qui décide, par exemple, de sélectionner uniquement des produits de luxe (parfums, joaillerie, montres, maroquinerie, habillement, accessoires, etc.) 1. Effectif maximum 2. Effectif minimum 20 21

Grands pôles horlogers La tendance au regroupement trouve son origine dans les années 80, avec comme premier signe tangible la naissance du Swatch Group en 1983 qui a ensuite été suivi par d autres pôles horlogers d importance. Rappelons que ces pôles ne sont pas sont pas uniquement composés de grands groupes multimarques (Bulgari, LVMH, Richemont, etc.) mais aussi d indépendants mono marques de renommée mondiale comme Audemars Piguet, Breitling, Chopard, Parmigiani, Patek Philippe, Rolex, etc. LE PRODUIT: LA MONTRE SUISSE Pour plus de détails, le site Internet de la Fédération de l industrie horlogère suisse www.fhs.ch présente de nombreux liens vers les sites officiels des marques et des groupes horlogers. 22

LA MONTRE ET SES DIFFéRENCES TECHNIQUES Le terme de montre désigne une infinité de modèles recourant à des techniques de mesure du temps variées. Ce chapitre n a pas pour but de les énumérer tous mais d en évoquer les points essentiels. Lorsque l on parle de montres, les termes techniques compliqués ne manquent pas, surtout pour les personnes qui découvrent l horlogerie. C est pourquoi, à la fin de la brochure, vous trouverez un glossaire qui répertorie de nombreuses définitions, notamment celles des termes suivis d un astérisque (*) dans le texte. Montre mécanique ou montre à quartz? La principale différence entre une montre à quartz* et une montre mécanique tient au moteur situé à l intérieur de celle-ci. On l appellera mouvement* dans le cas d une montre mécanique et module* dans le cas d une montre à quartz. Un mouvement mécanique est composé d un grand nombre de pièces dont une part non négligeable est mobile, comme le ressort ou le balancier, véritable cœur de la montre qui palpite avec elle, ou comme les nombreux petits rouages* qui s engrènent les uns dans les autres. La montre à quartz comporte quant à elle infiniment moins de pièces mobiles. Elles se limitent au rouage des aiguilles. Dans le cas d une montre à affichage digital, il n y aura même que des pièces fixes. Un indice pour les distinguer: le tic-tac! Il est possible de distinguer déjà extérieurement une montre à quartz d une montre mécanique. En effet, dans une montre mécanique, l avancement des aiguilles des secondes est régulier et coulant, alors que dans une montre à quartz, l aiguille des secondes avance par saccades. La différence est aussi auditive: on entendra un régulier tic-tac en portant une montre mécanique à son oreille, alors que l on ne percevra que le tac de l aiguille des secondes dans la montre à quartz ou aucun bruit du tout, si cette montre n est munie que des aiguilles des heures et minutes. Le quartz ou la précision accrue La qualité principale des montres à quartz, par rapport aux montres mécaniques, est d assurer une précision de marche supérieure. Or il faut savoir que pour calculer le temps qui passe, l horloger se base sur la division d un phénomène vibratoire. Et plus les divisions successives sont nombreuses, plus la précision s accroît. Dans une montre mécanique, l ensemble balancier-spiral* oscille environ 10 fois par seconde alors que dans une montre à quartz, la pièce de quartz vibre plus de 32 000 fois dans la même seconde! Le quartz est, par conséquent, beaucoup plus précis. Montre mécanique: automatique ou manuelle? Il s agit là d une différence à observer lorsque l on parle de montre mécanique. Elle se réfère à la manière utilisée pour armer le ressort qui fournit son énergie à la montre. Dans le cas d une montre automatique, ce ressort se remonte par les mouvements du bras. Un rotor, appelé aussi masse oscillante*, réagit à l attraction terrestre selon la position du bras et tourne, puis transmet cette énergie au ressort. Dans une montre à remontage manuel, l armage du ressort se fait en tournant la couronne de remontoir* (une opération qu il faut faire régulièrement pour éviter que la montre ne s arrête). Autoquartz: une montre hybride Contrairement à une montre mécanique, il n est pas nécessaire de remonter une montre à quartz: celle-ci n a pas de ressort, puisque son énergie lui est fournie par une pile! Seule exception: l autoquartz. Cette montre marie la précision du quartz à un système de remontage automatique. On y trouve une masse oscillante* qui, au lieu d armer un ressort*, fait fonctionner une minuscule génératrice de courant électrique qui charge un condensateur. Ce dernier peut stocker de l énergie pour plusieurs jours. Pas besoin de pile, l énergie est gratuite et indéfiniment renouvelable: il suffit de bouger le bras! Quoique très innovante, cette technologie n a pas toujours reçu l accueil espéré et elle reste marginale. Chronographe ou chronomètre? Une confusion fréquente s établit entre ces deux termes presque homonymes, mais qui désignent des instruments bien différents. 24 25

Un chronographe est une montre qui donne l heure, mais qui peut simultanément enregistrer des temps courts. Des compteurs de secondes, de minutes, voire d heures sont enclenchés et arrêtés sur commande. Ils permettent de mesurer la durée précise d un phénomène (une épreuve sportive en premier lieu). Extérieurement, le chronographe se distingue par les deux poussoirs situés en-dessus et en-dessous de la couronne de remontoir et par deux ou trois petits cadrans supplémentaires placés sur le cadran. Le chronomètre est quant à lui un appareil de haute précision qui doit avoir passé dans les bureaux officiels du COSC pour un contrôle de marche portant sur sa précision: la montre est testée pendant deux semaines à des températures et dans des positions différentes (voir aussi chapitre Contrôle officiel suisse des chronomètres (COSC), p. 32). Toute montre ayant obtenu un bulletin officiel de marche délivré par cet organe acquiert ainsi la dénomination de chronomètre. A noter qu un chronographe n est pas forcément un chronomètre et qu à l inverse un chronomètre n est pas nécessairement un chronographe! Digital ou analogique? Ces deux termes se réfèrent au type d affichage de l heure d une montre. L affichage analogique est le système traditionnel: l heure y est indiquée par deux aiguilles, tandis que l affichage digital désigne l heure indiquée par la formation de chiffres au moyen de segments. Lorsqu il a été lancé dans les années 70, l affichage digital était synonyme de haute technologie. Aujourd hui, il équipe essentiellement les horloges de gare ou d aéroport et les innombrables gadgets ou objets utilitaires (appareils ménagers par exemple) munis d un système de comptage de temps. Cette désaffection de l affichage digital s explique pour deux raisons: d une part, le mouvement et la forme des aiguilles permettent des combinaisons esthétiques étendues, ce qu exclut la disposition géométrique figée des quatre chiffres de l affichage digital. D autre part, et contre toute attente, il semblerait que la lecture de l angle des aiguilles est plus rapide que celle des 4 chiffres. L affichage analogique a ainsi gardé sa primauté. Montres simples ou compliquées? Les montres dites simples sont celles qui indiquent uniquement l heure, la minute et la seconde. Par contre, si des indications supplémentaires sont fournies, on leur attribue alors le nom de montres compliquées. Vous trouverez ci-contre quelques exemples de complications ou mécanismes (liste bien évidemment non exhaustive par rapport à tout ce qui existe dans la branche horlogère et à tout ce que l on invente chaque année). Nous les avons classés en trois groupes. En plus de l heure Le calendrier Le calendrier simple: le jour et la date s affichent sur le cadran. Le quantième perpétuel: il s agit d un calendrier mécanique qui tient compte des mois de 28, 30 ou 31 jours et en plus un 29 février pour les années bissextiles. La phase de lune: indique l état de la lune, pleine, croissante ou décroissante, etc. En plus de l heure quelques fonctions utiles Le réveil: le porteur peut programmer l heure à laquelle il veut se réveiller. Le chronographe à rattrapante: chronographe avec deux aiguilles trotteuses, la première étant l aiguille habituelle des secondes et l autre la rattrapante. Il sert à chronométrer plusieurs actions initiées en même temps, mais n ayant pas la même durée. La réserve de marche: indique combien de temps la montre mécanique va fonctionner avant que l on doive la remonter. Le fuseau horaire ou double fuseau horaire: la montre idéale pour les voyageurs: elle indique à la fois l heure locale et celle d un deuxième lieu dans le monde. Le tourbillon: ce dispositif figure parmi les plus ingénieuses inventions des horlogers: imaginé par A.-L. Breguet en 1801, le tourbillon parvient, par la constante rotation de sa cage, à diminuer les effets de la gravité terrestre. Très utile lorsque les montres de poche étaient en vogue (la montre restait très longtemps dans la même position, ce qui provoquait des écarts de marche), le tourbillon est actuellement très à la mode dans le haut de gamme, surtout pour des raisons esthétiques. En plus de l heure Le son La répétition minutes: cette fonction permet d entendre l heure par le jeu d un mécanisme sonore actionné à la demande. Autrefois la répétition minutes permettait de savoir l heure qu il était même si l obscurité empêchait de voir le cadran. Aujourd hui cette complication (tout comme le tourbillon par exemple) est essentiellement appréciée pour sa prouesse technique, car avec les aiguilles luminescentes, le problème ne se pose plus. 26 27

MOUVEMENT ET HABILLAGE Montre Montre mécanique électronique Anatomiquement, la montre est composée de deux parties: le mouvement et l habillage. Si nous comparons la montre à une voiture, le mouvement correspond au moteur et l habillage à la carrosserie. 1 > Source d énergie Barillet Pile Le moteur : cinq éléments de fonctionnement Qu ils soient à quartz ou mécaniques, les garde-temps comportent cinq éléments fondamentaux: 1 > Une source d énergie: dans le cas d une montre mécanique, l énergie est fournie par un barillet qui contient lui-même un ressort; dans une montre à quartz c est une pile miniature qui fait office de source d énergie. 2 > Organe de transmission et diviseur Rouage Circuit intégré 2 > Un système de transmission: le rouage de la montre mécanique est formé par l ensemble de roues dont le mouvement de l une provoque le mouvement des autres. Le rouage transmet ainsi la force motrice à l échappement et actionne les aiguilles. Pour la montre à quartz c est simplement le courant électrique (une pile) qui agit comme transmetteur. 3 > Organe récepteur et distributeur Echappement Moteur pas à pas 3 > Un système de distributeurs d impulsions: l échappement a pour fonction d entretenir les oscillations de l organe régulateur (balancier ou pendule). Pour la montre à quartz il s agit d un circuit intégré. 4 > Un organe régulateur avec un oscillateur: l oscillateur de la montre mécanique se nomme balancier spiral: c est la partie de la montre qui divise le temps, ou autrement dit, qui produit ou entretient les oscillations mécaniques (ou vibrations électriques dans le cas d une montre à quartz avec justement un oscillateur nommé cristal de quartz) 4 > Organe régulateur Balancier et spiral Quartz 5 > Un affichage: composé du cadran et des aiguilles, ou encore de cristaux liquides dans le cas d une montre digitale. 5 > Organe d affichage Cadran et aiguilles Cadran et aiguilles ou cristaux liquides (affichage digital) 28 29

L habillage: la carrosserie de la montre On appelle habillage l ensemble des pièces ajoutées au mouvement (n 13) et qui, consistant en la partie visible de la montre, contribue à son aspect esthétique. Il assume en outre la protection du mouvement et des pièces constitutives. Il permet aussi la commande des fonctions (grâce à la couronne, les correcteurs). 1. la glace ou le verre 2. les joints 3. la lunette 4. la carrure 5. la couronne 6. les correcteurs 7. le cadran 8. les aiguilles 9. le cercle d emboîtage 10. le fond 11. les barrettes 12. le bracelet 13. le mouvement Source: Théorie de l horlogerie, Editions de la Fédération des Ecoles Techniques (FET), 1998, Le Brassus (CH) Bien évidemment les matériaux, les formes et les couleurs de chacune de ces parties varient d un produit à l autre et constituent un critère primordial lors du choix d une montre par un acheteur. RéALISATION DE LA MONTRE Les étapes de réalisation La création. Une montre naît avant tout grâce à la créativité d un designer (qui a probablement lui-même reçu des indications de la part d un service marketing: tendances du marché, couleurs, matières, etc.). Les plans détaillés de la montre sont ainsi produits (aujourd hui cette activité se fait par DAO dessin assisté par ordinateur). La conception. Des ingénieurs et des techniciens en microtechnique ou construction horlogère conçoivent ensuite l habillage et le mouvement de la montre. Toutes les pièces constitutives de la montre et les indications sur la manière de les fabriquer font l objet de plans précis. La fabrication des pièces. A partir des plans fournis par le bureau technique, les professionnels de la mécanique fabriquent et usinent les pièces de la montre (techniques utilisées: micromécanique, étampage, décolletage, etc.) La finition des pièces. Pour que les différentes pièces usinées atteignent la perfection esthétique désirée, des spécialistes polissent, meulent, décorent ou encore gravent les parties constitutives. Cette étape nécessite souvent d habiles artisans comme des guillocheurs, graveurs, émailleurs, polisseurs, angleurs, etc L assemblage et l emboîtage. Une fois toutes les parties fabriquées et terminées, il reste à assembler les composants du mouvement et à procéder au réglage. L emboîtage consiste à poser les aiguilles et le cadran sur le mouvement, l introduire ensuite dans la boîte et finalement fixer le bracelet. Recherche et développement Secteur industriel en constante évolution, l horlogerie fait de plus en plus appel à des technologies de pointe afin de fabriquer des pièces d une précision extrême et de très petite dimension. Dans le domaine de la montre mécanique notamment, la technique de l électroformage par exemple remplace la technique traditionnelle de l usinage: elle permet en effet d obtenir des pièces miniatures d une précision géométrique inégalée. Du côté des matériaux, le silicium fait actuellement l objet de recherches très poussées car, comparé au métal, ses propriétés lui offrent une plus grande résistance à l usure et au frottement. 30 31

CERTIFICATIONS, LABELS ET POINÇONS Certifier l origine, la précision ou encore la qualité de l exécution: la haute horlogerie suisse s arme de labels et de poinçons afin de certifier l authenticité et la qualité de ses produits. Ce sont précisément ces critères techniques, liés à une main d œuvre hautement qualifiée qui font sa réputation et son prestige. Contrôle officiel suisse des chronomètres (COSC) Fondé en 1973, le COSC est le seul organisme officiel neutre en Suisse à décerner le titre de chronomètre : synonyme de qualité et d exclusivité, ce certificat est décerné aux mouvements ayant répondu aux plus hauts standards de précision et de fiabilité. Créé par cinq cantons suisses horlogers (Berne, Genève, Neuchâtel, Soleure et Vaud) avec la Fédération de l industrie horlogère suisse (FH), le COSC dispose de trois laboratoires situés à Bienne, Genève et Le Locle. Les fabricants soumettent des mouvements (assemblés avec des composants de très haute qualité et selon les critères de réglage les plus pointus) au COSC afin d en faire certifier la précision. Pour mériter le titre de chronomètre, un mouvement est mis à rude épreuve en affrontant quinze jours de tests: il doit notamment subir une série de chocs violents, être soumis à différentes températures et rotations. La marche diurne moyenne, la différence de marche entre positions horizontales et verticales et la précision face aux variations thermiques font partie des critères éliminatoires. Chaque chronomètre ayant passé toutes les épreuves est alors identifié par un numéro gravé sur le mouvement ainsi que par un numéro de certificat. En 2004, le COSC a délivré 1,090 million de certificats de conformité dont plus du 96% pour la catégorie des montres mécaniques (le quartz compte quelque 33 025 pièces certifiées). Du côté des marques, c est traditionnellement Rolex (avec 628 556 pièces en 2004) qui est en tête du classement des marques ayant soumis des mouvements au COSC. Toujours pour l année 2004, Omega arrive en deuxième position (226 796 unités), suivi par Breitling qui certifie 100% de sa production (135 423). Le Swiss made Cette indication de provenance jouit d une grande renommée dans le monde entier car elle incarne la notion de qualité suisse qui s est forgée au cours des siècles. L horlogerie helvétique a bâti sa réputation sur sa qualité technique et esthétique, sa bienfacture traditionnelle ou encore l utilisation des technologies de pointe, et surtout sur son savoir-faire: des caractéristiques que les marques et les horlogers suisses défendent avec ferveur. L ordonnance du Conseil fédéral sur le Swiss made (OSM) repose sur la conception selon laquelle la qualité d une montre suisse dépend du travail effectué en Suisse (même s il est parfois inévitable que certains composants étrangers soient utilisés). L ordonnance fixe donc les critères minimums pour pouvoir utiliser ce label d origine tant convoité. Les éléments fondamentaux de cette réglementation sont les suivants: a) Une montre ne peut porter à l extérieur les indications Swiss made, Suisse ou toute autre expression comprenant le mot Suisse ou sa traduction uniquement si elle est suisse. Selon l art. 1a OSM, une montre est considérée comme suisse si elle réunit les trois critères suivants: > le mouvement est suisse > le mouvement est emboîté en Suisse > le contrôle final effectué par le fabricant a lieu en Suisse b) Comme indiqué ci-dessus, pour être suisse, une montre doit comprendre un mouvement suisse. Selon l art. 2 OSM, est considéré comme suisse le mouvement qui répond aux critères suivants: > qui a été assemblé en Suisse > qui a été contrôlé par le fabricant en Suisse > qui est de fabrication suisse pour 50% au moins de la valeur de toutes les pièces constitutives, mais sans le coût d assemblage c) Si le mouvement remplit ces conditions, mais que la montre n est pas assemblée en Suisse, l indication Suisse pourra alors être apposée sur l une des composantes du mouvement. Sur l extérieur de la montre ne pourra figurer que l inscription mouvement suisse ou Swiss movement. L art. 3 al. 3 OSM exige que le mot mouvement figure en toutes lettres et que ces dernières soient identiques dans leurs types, dimensions et couleurs à celles de la dénomination suisse. 32 33

Le Swiss made étant synonyme de qualité et savoir-faire helvétique, il n est dès lors pas surprenant que ce label soit fréquemment sujet à la contrefaçon. La Fédération de l industrie horlogère suisse (FH) se charge de la protection du label Swiss made dans le cadre de son programme anticontrefaçon. Le poinçon de Genève L industrie horlogère suisse s efforce de maintenir l intégrité du Swiss made tout comme celles d autres régions de Suisse. Le poinçon de Genève permet ainsi à des montres mécaniques montées et réglées sur le territoire genevois d arborer l indication Genève. Cette marque distinctive est apposée sur le mouvement et s obtient uniquement pour les mouvements répondant à une série de critères très précis quant à la qualité et à la finition. Chaque mouvement doit être numéroté et la bienfacture de toutes les fournitures du calibre, y compris celles des mécanismes additionnels, doit être conforme aux exigences du Bureau de contrôle facultatif des montres de Genève. Comme le Swiss made, cette dénomination est très prisée des contrefacteurs et bénéficie d une protection continue dans le cadre du programme anticontrefaçon de la FH. Le label Qualité Fleurier Le dernier né parmi les certifications horlogères est le label Qualité Fleurier : lancé en 2004 à Fleurier (Canton de Neuchâtel), il n atteste pas d une origine géographique mais de critères de qualité globaux qui viennent s ajouter à ceux du COSC (qui n est réalisé que pour les mouvements). Il se double de critères esthétiques. Après examen, un rapport de conformité est établi avant l apposition du poinçon Qualité Fleurier sur le mouvement ou la tête de montre. ENTRE RATIONNEL ET émotionnel La montre est pour certains consommateurs un produit rationnel et pour d autres, un produit émotionnel. Il s agit d un objet complexe qui fait à la fois appel à une technologie parfois très évoluée (dont le consommateur n a souvent pas conscience) mais aussi à des aspects esthétiques plus subjectifs. De par son aspect extérieur, la montre est parfois un signe distinctif pour le porteur, un symbole de l image que celui-ci veut se donner dans son environnement. Pour d autres consommateurs encore, une montre doit simplement répondre à des exigences de précision: portée en permanence, la montre doit fonctionner 24h sur 24 sans jamais donner signe de faiblesse. Dimension rationnelle Jusque dans les années 70, la montre est un produit de dimension rationnelle plutôt qu émotionnelle. Le consommateur a comme souci principal de posséder un garde-temps qui soit le plus fiable possible. Les qualités demandées sont en effet la précision et la durabilité. Avec l arrivée de la technologie du quartz et de l électronique, la mécanique est devancée par la précision du quartz. Ces nouvelles montres produisent une véritable révolution sur plusieurs plans: > une production à plus bas prix > les montres à quartz sont plus fiables et précises que les mécaniques > elles sont en outre plus compactes et plus esthétiques > l électronique offre la possibilité d ajouter de nouvelles fonctions (affichage digital, altimètre, baromètre, boussole, etc.) Vers 1975, la Suisse perd ses avantages de précision, le Japon prend une longueur d avance grâce à sa maîtrise de l électronique et sa capacité de production orientée vers la grande série à bas prix. 34 35

Dimension émotionnelle Vers 1980, la montre devient un produit de grande consommation, au cycle de vie de plus en plus court. Le changement le plus important a lieu chez le consommateur: il s oriente alors vers une montre qui exprime sa personnalité. Le marketing doit donc utiliser des éléments de nature émotionnelle. Ce changement d attitude redonne de nombreuses possibilités à l industrie helvétique, car, en plus de donner l heure, la montre a acquis différentes fonctions supplémentaires, comme celle d indicateur économique, culturel et social de celui ou celle qui la porte. Son rôle est beaucoup plus complexe qu auparavant. LE PERSONNEL: FORMATION ET QUALIFICATION Dans le domaine de l horlogerie de luxe et de la montre mécanique plus particulièrement, cette notion émotionnelle prend toute son importance: en effet, vendre une montre mécanique, de nos jours, signifie vendre avant tout une part de rêve que l on crée autour de l objet. Marketing et publicité: créer une part de rêve La publicité est un outil essentiel dans la conception d arguments émotionnels susceptibles d attirer le public visé. Des publicités sur lesquelles apparaissent des bateaux sur des océans agités évoquent le caractère aventurier de celui qui la porte. L étanchéité suggère les plaisirs de la mer; l antichoc évoque la montre sportive. Une ambiance feutrée et romantique visera l acheteur potentiel d une montre de luxe élégante. L achat d une montre ne répond plus à des critères économiques ou utilitaires, mais bel et bien à des émotions aléatoires. 36

LA QUALIFICATION HORLOGèRE Qualification de production Evolution et importance des travailleurs qualifiés Sur l ensemble des travailleurs de l horlogerie (près de 40 000 en 2004), 75% des effectifs sont affectés à la production. Et sur l ensemble des travailleurs de la production, environ 52% du personnel est dit qualifié, c est-à-dire porteur d un titre sanctionnant l apprentissage d un métier reconnu. On peut ainsi estimer à plus de 15 600 le nombre de collaborateurs techniques de l horlogerie, titulaires d un CFC, d un diplôme d ingénieur ou de technicien. Il est important de noter que le pourcentage du personnel qualifié est constamment en hausse ces dernières années, en corrélation avec les besoins de l industrie horlogère suisse. En effet celle-ci nécessite une main d œuvre hautement qualifiée pour la production de ses montres de plus en plus placées dans la catégorie haut de gamme. Horlogers et autres professions Lorsque l on parle de personnel qualifié, il ne faut toutefois pas imaginer que tous ces travailleurs sont des horlogers complets (qui connaissent toutes les parties de la montre). Le langage commun est trompeur puisque l on appelle fréquemment horloger tout travailleur de la branche. Or les horlogers proprement dits ne constituent que 5 à 8% du nombre des collaborateurs de l industrie horlogère. Actuellement, si l industrie de la montre emploie une quarantaine de professions différentes, les métiers typiquement horlogers sont peu nombreux car beaucoup d activités connexes à l horlogerie, comme la microtechnique, le décolletage ou la galvanoplastie, trouvent des applications dans d autres secteurs industriels. Sans qualification 48.6% répartition du personnel Personnel de production 73.3% Diplôme de métier 42% Apprentis 1.8% Formation supérieure 7.6% Personnel à domicile 1.2% Personnel de direction 3.5% Personnel administratif 22.0% (source: recensement CP, 2004) 38 39

MéTIERS ET écoles Le secteur de l industrie horlogère est synonyme de travail artisanal mais aussi d utilisation de technologies de pointe: des caractéristiques qui expliquent une panoplie de métiers très vaste et qui sont à l origine d un système de formation varié, flexible et à l écoute des besoins spécifiques de la branche. La panoplie de métiers Les métiers de l horlogerie, à l image du produit lui-même, sont extrêmement contrastés. On trouvera aussi bien des ingénieurs en électronique quotidiennement en prise avec de la technologie de pointe, que des décorateurs de mouvements ou des bijoutiers utilisant des techniques et des outils conçus il y a plus d un siècle. En outre, l activité horlogère, par la minutie et le soin qu elle exige, confère à ceux qui s y adonnent une polyvalence certaine et un goût du travail bien fait reconnu loin à la ronde. Les métiers de la branche peuvent être scindés en 3 catégories. Métiers de la montre ou du mouvement > horlogers praticiens > horlogers dans le domaine professionnel de l industrie > horlogers dans le domaine professionnel du rhabillage > ingénieurs et dessinateurs en microtechnique > opérateurs en horlogerie > etc. Métiers de l habillage > termineurs en habillage > polisseurs > cadranographes > électroplastes > bijoutiers > graveurs > etc. Les écoles d horlogerie et autres acteurs de la formation La formation dans la branche horlogère est gérée par trois différents pôles. Nous trouvons d abord les 6 écoles d horlogerie et techniques, réparties sur tout l Arc jurassien: Bienne, Genève, Le Locle, Le Sentier, Porrentruy et Granges (jadis Soleure) auxquelles vient s ajouter le Lycée Technique Baptiste-Savoye à St-Imier qui dispense uniquement les formations de micromécanicien et dessinateurconstructeur en microtechnique. Les grandes entreprises de l industrie horlogère jouent également un rôle important puisque très souvent elles disposent de centres de formation à l interne. La Convention patronale de l industrie horlogère suisse (CP) à la Chaux-de-Fonds représente le troisième acteur: chaque année plusieurs actions de formation sont organisées par son service Formation professionnelle en fonction des besoins exprimés par les industriels. Formation de base et apprentissage Les jeunes intéressés par les métiers horlogers entament leur carrière par un apprentissage en entreprise ou dans une école à plein temps. Six orientations sont possibles: > horloger praticien > horloger dans le domaine professionnel de l industrie > horloger dans le domaine professionnel du rhabillage > micromécanicien > dessinateur-constructeur en microtechnique > termineur en habillage horloger Ces études sont couronnées par l obtention d un CFC (194 personnes ont reçu un certificat de capacité d un métier horloger en 2004) et, une fois l apprentissage terminé, les diplômés ont la possibilité de poursuivre leur formation et d obtenir ainsi le titre de technicien ET, d ingénieur ou encore une maîtrise fédérale. Les métiers de la mécanique > polymécaniciens > micromécaniciens > décolleteurs > mécaniciens faiseurs d étampes > etc. 40 41