Crise de l élevage : Causes conjoncturelles et structurelles Petit déjeuner OESTV La Roche sur Yon le 8 juillet 2016
Une dispersion et une dégradation de la rentabilité des entreprises agricoles 30% 25% 26% Evolution du résultat courant par UTA par tranche de résultat 2013 2014 20% 15% 10% 10% 13% 11% 17% 18% 16% 15% 14% 10% 10% 7% 7% 13% 10% 5% 4% 0% < 0 0-7500 7500-15000 15000-22500 22500-30000 30000-37500 37500-45000 > 45000 PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : Associations de Gestion et de Comptabilité 2
Les éléments conjoncturels Du contexte global aux marchés agricoles Pôle Economie et Prospective 3
Bovins viande Une crise structurelle ancienne accentuée par les prix déprimés en 2014 et 2015 Pôle Economie et Prospective 4
Un déséquilibre qualitatif offre-demande sur le marché national * hors veau Production et consommation française de viande bovine* en 2013 1,25 million de téc 1,33 million de téc Export dont 85 % de jeunes bovins 34% 47% Jeunes bovins + taureaux Vaches 16% 66% 13% Génisses 12% 6% Boeufs 7% Import dont plus de 90 % de vache Production Consommation Origine allaitante : production = 61 % / consommation = 43 % Femelles : production = 60% / consommation = 78% D'après GEB - Idèle 5
Evolution des habitudes alimentaires et progression du haché au détriment du piécé 120 110 100 90 80 70 60 50 Evolution de la consommation de viande de gros bovins par les ménages (base 100 : janvier 2005) 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Bœuf haché surgelé Viande hachée fraîche (essentiellement Bœuf haché frais) Total Bœuf (frais + surgelé) yc viande hachée Bœuf à griller rôtir Bœuf à bouillir braîser PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : FAM - Panel Kantar WorldPanel 6
Descente de gamme et concurrence low cost chez nos clients traditionnels du sud l UE 30 000 Exportations françaises de viande bovine (tec) vers Union européenne 25 000 20 000 15 000 10 000 5 000 0 Janv. Mars Mai Juil. Sept. Nov. Janv. Mars Mai Juil. Sept. Nov. Janv. Mars Mai Juil. Sept. Nov. Janv. Mars Mai Juil. Sept. Nov. Janv. Mars Mai Juil. Sept. Nov. Déc Janv. Mars Mai Juil. Sept. Nov. Déc Janv. Mars Mai Juil. Sept. Nov. Déc Janv. Mars Mai Juil. Sept. Nov. Déc Janv. Mars 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 PEP Chambres d'agriculture PdL d'après SSP 7
Les cours des JB toujours bas compte tenu d une demande morose sur les marchés-cibles de la France 4,2 4,1 4,0 3,9 Cotation régionale jeunes bovins classe "U" Entrée abattoir - Bassin Grand-Ouest ( /kg) 3,8 3,7 3,74 3,6 3,5 1 4 7 10 13 16 19 22 25 28 31 34 37 40 43 46 49 52 2013 2014 2015 2016 PEP Chambres d'agriculture des Pays de La Loire Semaines Source : FranceAgriMer 8
Les cours des femelles allaitantes dans le sillage des laitières 4,9 4,7 4,5 4,3 4,1 3,9 Cotation régionale vaches Charolaises classe "R + " Entrée abattoir - Bassin Grand-Ouest ( /kg) 3,7 3,72 3,5 3,3 1 4 7 10 13 16 19 22 25 28 31 34 37 40 43 46 49 52 2013 2014 2015 2016 Semaines PEP Chambres d'agriculture des Pays de La Loire Source : FranceAgriMer 9
Une baisse des prix de vente en viande bovine plus importante que le réajustement du coût des intrants depuis 2013 140 130 Evolution indicielle du prix de vente gros bovins et du coût de production en viande bovine IPAMPA-Viande bovine IPPAP-Gros bovins = prix intrants = prix production Base 100 = 2010 120 110 100 90 80 PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : IDELE et INSEE 10
Bovins Lait La demande mondiale notamment chinoise et russe recule L offre mondiale progresse moins mais la collecte européenne est dynamique Pôle Economie et Prospective 11
Les causes de la crise Dynamique de la collecte mondiale et européenne liée à la fin des quotas Baisse des importations chinoises de produits laitiers Embargo russe sur les produits laitiers européens Morosité de la consommation en France 12
Le recul de la collecte océanienne et le ralentissement aux Etats-Unis ne suffisent pas à compenser le dynamisme de la collecte UE 5 000 4 500 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 0 Cours mondiaux des produits laitiers ( /tonne) 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Beurre UE Poudre de lait écrémé UE Poudre grasse UE Beurre Océanie Poudre de lait écrémé Océanie Poudre grasse Océanie PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : USDA 13
Déséquilibre et lourdeur du marché : Effet baissier sur le prix à la production en Pays de la Loire 450 Evolution mensuelle du prix* du lait ( /1000 L) en Pays de la Loire 400 350 300 292 250 200 * Prix moyen des livraisons perçu par le producteur, taxes et cotisations déduites, toutes qualités confondues. 2013/2014 2014/2015 2015/2016 2016/2017 Depuis janvier 2014, le mode de calcul du prix moyen évolue. Il est désormais calculé à partir du prix payé aux producteurs de la région (prix de livraison), Il était auparavant calculé à partir du prix moyen payé par les collecteurs de la région (prix de collecte), Les prix moyens calculés depuis janvier 2014 ne sont donc pas directement comparables avec ceux des mois précédents. PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source Agreste 14
Ciseau de prix très défavorable aux exploitations laitières 140 130 Evolution indicielle du prix de vente lait de vache et du coût de production en bovins lait IPAMPA-lait de vache IPPAP-Lait de vache Base 100 = 2010 120 110 100 90 80 70 PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : IDELE et INSEE 15
Porcins La progression de la production européenne et l embargo russe pèsent sur les cours Pôle Economie et Prospective 16
Dynamiques de production porcine en UE : Allemagne et Espagne en tête 150 Evolution des abattages de porc dans l'union européenne (indice 100 = 2000) 140 130 120 110 100 90 80 70 60 Danemark Allemagne Espagne France Pologne 50 PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : Commission Européenne, Euronext, FranceAgriMer 17
Poursuite du recul du prix du porc en 2015 après une baisse déjà importante en 2014 /kg 1,80 Cotations du porc cadran breton 1,70 1,60 1,50 1,40 1,347 1,30 1,20 1,10 1,00 Janv Fev Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Dec 2013 2014 2015 2016 PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : IFIP d'après MPB 18
Ciseau de prix très défavorable aux exploitations porcines 160 150 Evolution indicielle du prix de vente porcs et du prix de l'aliment porcs IPAMPA-Aliment porcs IPPAP-Porc Base 100 = 2010 140 130 120 110 100 90 80 PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : INSEE 19
Volaille de chair La production de poulets est dynamique mais les importations en provenance de l UE poursuivent leur hausse Pôle Economie et Prospective 20
Abattages ligériens soutenus par le dynamisme en poulet 60 000 Abattages de volailles en Pays de la Loire (en tonnes) 50 000 40 000 30 000 20 000 10 000 0 Janv. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc. 2013 2014 2015 2016 PEP Chambres d'agriculture PdL Source : Agreste - Enquête auprès des abattoirs de volailles 21
Dynamiques de production de volaille en UE : Pologne et Allemagne en tête 350 Evolution de la production de viande de volaille dans l'union européenne (indice 100 = 2000) 300 250 200 150 100 50 Allemagne Espagne France Royaume-Uni Pologne PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : FranceAgriMer 22
La concurrence intra européenne sur le marché intérieur français en viande de poulet Echanges français de volailles avec l'ue et les Pays tiers en 2015 (en 1 000 tec) 500 450 469 Importations Exportations 400 350 300 304 250 200 150 100 50 0 147 64 32 42 38 20 18 3 1 11 UE PT UE PT UE PT Poulet Dinde Canard PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : Agreste
Une économie contractuelle qui limite les ciseaux de prix en filière volaille 150 140 130 120 110 100 90 80 70 Evolution indicielle du prix de vente poulet standard et du prix de l'aliment IPAMPA- Aliment poulet standard IPPAP-Poulet standard Base 100 = 2010 PEP Chambres d'agriculture des Pays de la Loire Source : INSEE 24
Les autres causes de la crise Un manque de cohésion et de compétitivité des filières Pôle Economie et Prospective 25
Cohésion des filières : quelques mots-clés Adéquation du produit à la demande Création d une chaîne de valeur entre offre et demande via la contractualisation (qui devrait intégrer tous les acteurs de la production à la distribution) en précisant volume, caractéristiques qualitatives et prix Gestion de cette contractualisation dans le cadre d une régulation publique minimale et d une organisation offrant plus de pouvoir de marché à la production (renforcer l organisation) et via des outils de transformation plus compétitifs 26
La répartition de la valeur ajoutée : viande bovine Composition du prix moyen annuel au détail en GMS de la carcasse reconstituée de vache moyenne Sources : OFPM d après FranceAgriMer, Culture Viande, FNICGV, Kantar Worldpanel 27
La répartition de la valeur ajoutée : produits laitiers Composition du prix moyen annuel au détail en GMS du lait UHT ½ écrémé moyen Sources : OFPM d après FranceAgriMer d après SSP, Insee, Atla, Kantar Worldpanel, Nielsen et enquêtes FranceAgriMer 28
La répartition de la valeur ajoutée : viande porcine Composition du prix moyen annuel au détail en GMS de la longe UVCM Sources : OFPM d après FranceAgriMer-RNM, Kantar Worldpanel 29
La répartition de la valeur ajoutée : volaille de chair Composition du prix moyen annuel au détail en GMS du poulet PAC standard Sources : OFPM d après FranceAgriMer, SSP, INSEE, Kantar Worldpanel 30
La compétitivité à l échelle de l exploitation agricole : l exemple de la dispersion du prix de revient en production laitière 31
Une compétitivité insuffisante en France : Des entraves réglementaires environnementales, fiscales et sociales Une perte de compétitivité avérée : perte de parts de marché allant de 20 à 50 % selon les secteurs agricoles en 10 ans (2003-2013) Le coût du travail dans les abattoirs «plombe» la compétitivité française Viandes de boucherie : 2 ème plus forte augmentation du coût du travail en UE depuis 2008 (+14,2 %), loin devant l Allemagne (+2,1 %) Situation analogue en viande de volaille Selon le rapport, l analyse de ces coûts salariaux établit une causalité avec la perte de compétitivité du secteur De nombreuses autres distorsions réglementaires au sein de l UE Source : étude CGAAER et inspection générale des affaires sociales 32
Une compétitivité insuffisante en France : L investissement insuffisant des entreprises agroalimentaires Tassement de la rentabilité amorcé en 2012 et poursuivi en 2014 Facteurs conjoncturels et volatilité des marchés Mais aussi surcapacités industrielles et faible niveau de compétitivité Ralentissement de l investissement depuis 3 ans En moyenne, 18 % de la VA contre 31 % en 2009-11 Des conséquences sur la capacité à valoriser la production agricole : perte de marché, innovation insuffisante (pourtant une nécessité pour rester dans la course), etc Source : Observatoire financier des EAA, Crédit agricole 33
Etre offensifs sur les marchés La reconquête et la fidélisation du marché intérieur Etre présents sur tous les segments de marché Poursuivre et accentuer les actions de communication sur les produits et leurs modes de production Imposer l étiquetage de l origine Le développement et la pérennisation des débouchés extérieurs Se positionner sur les segments qualitatifs Aborder ces nouveaux marchés collectivement pour être en capacité de répondre quantitativement à ces nouveaux débouchés Favoriser un lobbying actif auprès des différentes instances décisionnelles 34
La PAC post 2020 Vers un système plus efficace et plus pragmatique? Pôle Economie et Prospective 35
Revenir aux fondamentaux de la PAC Plusieurs scénarios d évolution possibles selon les objectifs assignés à la PAC Une vraie politique agricole, alimentaire, mais également rurale (génératrice de valeur ajoutée et d emplois dans les territoires ruraux) suppose de revenir à quelques fondamentaux : La régulation des marchés Une orientation des productions et une organisation de la mise en marché des productions Des dispositifs de gestion des risque de prix et de production Des mesures accompagnant la création et la compétitivité des exploitations agricoles et des entreprises agroalimentaires 36
Conclusion Des mesures d urgence pour la production et des actions structurelles à tous les niveaux des filières Pôle Economie et Prospective 37